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Test de ProjectSAM Swing! Vers le jazzy et au-delà

8/10

Grand spécialiste de la banque orchestrale aussi symphonique que hollywoodienne, ProjectSAM sort de son domaine de prédilection avec Swing! Au programme : du jazz, mais pas que...

D’Orches­tral Brass à Sympho­bia en passant par True Strike, Project­SAM s’est, en bien­tôt 15 ans, imposé comme une valeur sûre de la banque orches­trale pensée pour la musique de film, télé ou jeu vidéo. Toute­fois, si ce petit marché était autre­fois occupé par peu d’ac­teurs (East­West, VSL, Garri­tan, etc.), l’ar­ri­vée de quan­tité de nouveaux chal­len­gers (Audio­bro, Spit­fire, 8dio, Cine­Samples, Orches­tra Tools, Native Instru­ments, Impact Sound­works, etc.) fait qu’il est aujour­d’hui autre­ment plus disputé. Il ne s’agit plus seule­ment de propo­ser d’ex­cel­lents produits, mais il faut encore que ces produits soient origi­naux, qu’ils se démarquent et apportent quelque chose de neuf.

C’est sans doute pour cela que Project­SAM en est venu à réali­ser Swing! qui, comme son nom le suggère, s’at­taque à un genre éton­nam­ment peu repré­senté sur le marché des banques de samples en regard de l’im­por­tance du genre dans l’his­toire de la musique et de son usage dans les musiques de film. On trouve bien sûr un certain nombre de collec­tions de boucles dédiées au jazz mais il faut alors se conten­ter de phra­sés tous faits, tandis qu’au rayon des banques multi­sam­plées, l’offre se réduit à peau de chagrin. En dehors d’ins­tru­ments solos qui peuvent évidem­ment être utili­sés dans le genre (batte­ries, contre­basses, pianos, cuivres, orgues), les collec­tions d’ins­tru­ments se résument pour l’es­sen­tiel au Jazz & Big Band de Garri­tan (orchestre complet), au Broad­way Big Band de Fable Sound (section cuivre) et au Jazzis­tic et au Gypsy Jazzy d’UVI (petites forma­tions Jazz). Mention­nons d’ailleurs que Gypsy Jazzy est, à ma connais­sance, la seule banque qui se soit inté­res­sée au jazz manouche jusqu’à l’ar­ri­vée du Swing! qui nous occupe.

ProjectSAM Swing!

Le jazz est au programme donc, et plus géné­ra­le­ment la musique jazzy (c’est le mot préci­sé­ment employé par l’édi­teur) utili­sée pour les BO de films. Il est impor­tant de souli­gner la nuance car vous ne trou­ve­rez pas ici une banque couvrant tous les courants et sono­ri­tés du jazz, mais une collec­tion d’ins­tru­ments et de multis vous permet­tant de retrou­ver les couleurs de styles bien parti­cu­liers. Ne pensez donc pas au Out to Lunch d’Eric Dolphy mais plutôt à la Panthère Rose de Mancini, ni même au Take Five de Dave Brubeck ou aux solis de Char­lie Chris­tian mais à la guitare manouche de Django Rein­hart, et, de manière géné­rale, à toute la musique qu’on utilise dès qu’on veut évoquer les années 30 et 40 à l’écran… Ça et bien d’autres choses comme on s’en rend compte après avoir installé et auto­risé la banque de 18 Go, utili­sable dans Kontakt comme dans Kontakt Player.

Quand le jazz est là… la java aussi !

Comme de coutume avec Project­SAM, la banque propose d’un côté une collec­tion d’ins­tru­ments rangés par caté­go­ries, et de l’autre des multis assem­blés et program­més avec soin pour être immé­dia­te­ment jouables en live.

ProjectSAM Swing!

Ces derniers portent des noms plus ou moins évoca­teurs et permettent de se faire une idée du péri­mètre stylis­tique de la banque. Or, en jouant avec eux, on se rend compte que Swing! voit beau­coup plus large que son nom ne le lais­sait suppo­ser.

Si West Side et Trench Coat lorgnent ainsi ouver­te­ment vers le big band et si Django nous renvoie effec­ti­ve­ment à la musique du célèbre guita­riste, Aloha s’aven­ture vers les ambiances hawaïennes avec son ukulele et son Lap Steel, tandis que Place du Tertre nous sert de la musette à grands coups d’ac­cor­déon et de piano jouet façon Yann Tier­sen, et que les sifflets de Sunny Sunday évoquent la folk mini­ma­liste qu’on utilise aujour­d’hui dans nombre de publi­ci­tés ciblant les hips­ters.

Bref, un joyeux bric-à-brac qu’il convient d’exa­mi­ner en détail en délais­sant le réper­toire Multis pour celui des instru­ments.

L’ar­se­nal

Une bonne quaran­taine de patches nous sont propo­sés dans 7 caté­go­ries dont voici le détail :

  • LEAD INSTRU­MENTS: Big Band Legato / Trum­pet Harmon Legato / Trum­pet Harmon Cup Legato / Nylon Guitar (full range) / Manouche Guitar (gypsy-style, melo­dic range) / Accor­dion 8-Stop / Accor­dion Musette / Harmo­nica / Toy Piano / Whistle Ensemble
  • BIG BAND ENSEMBLE: Big Band Unison / Big Band Tutti / Big Band Tutti Wide Octaves / Big Band Chords (set of 3) / Big Band Gestures / Big Band Bonus Mate­rial
  • SAX SECTION : Sax Ensemble Unison / Sax Ensemble Chords (set of 5) / Sax Ensemble Gestures / Sax Ensemble Bonus Mate­rial
  • BRASS SECTION: Trum­pet Section Mutes / Trum­pet Section High / Trum­pet Solo Harmon / Trum­pet Solo Harmon Cup / Trom­bone Solo
  • RHYTHM SECTION: Strum Chords Manouche Guitar / Strum Chords Nylon Guitar / Strum Chords Ukelele / Double Bass (newly recor­ded, different from Lumina) / Fender Preci­sion Bass / Jazz Drums (brushes) / Finger Snaps
  • OTHER INSTRU­MENTS: Lap Steel Single Notes / Lap Steel Maj6 Chords / Pedal Steel Maj Chords / Pedal Steel Phrases / Low Ensemble featu­ring Trom­bone / Low Ensemble featu­ring Contra Bassoon
  • TEMPO SYNC GROOVES: Jazz Drums Grooves (3 tempo sets) / Manouche Guitar Grooves (4 tempo sets) / Nylon Guitar Grooves (3 tempo sets) / Ukelele Grooves (1 tempo set)

Comme on le voit, ce sont les vents qui prédo­minent, avec une orien­ta­tion Big Band, ainsi que les guitares et assi­mi­lés. Et en marge de choses atten­dues (contre­basse, batte­rie jouée aux balais), les surprises sont nombreuses, confor­mé­ment à ce que lais­saient penser les multis : Pedal Steel et Lap Steel, ensemble de siffleurs, harmo­nica, accor­déons, piano jouet.

ProjectSAM Swing!

À l’in­verse, on pourra s’éton­ner de certaines absences, à commen­cer par celle du piano, pour­tant si impor­tant dans tant de musiques jazzy et dans le jazz tout court. Dans la mesure où l’ins­tru­ment pour­rait à lui seul faire l’objet d’une banque dédiée, on peut comprendre le choix de Project­SAM, d’au­tant qu’il existe déjà une offre consé­quente en la matière, que ce soit en piano jazz ou honky tonk.

En vis-à-vis d’un Ukulele ou des Lap Steel/Pedal Steel un peu hors-cadre de mon point de vue, on déplo­rera en revanche l’ab­sence de pas mal d’ins­tru­ments qui auraient pour­tant mérité leur place dans cette optique jazzy. Swing! ne propose ainsi pas de flûte traver­sière (pour la musique du Saint, vous repas­se­rez), ni de vibra­phone, et on ne peut pas dire qu’il offre de quoi abor­der serei­ne­ment le style Nouvelle Orléans (pas de fanfare ni de banjo). Dans le contexte de la musique jazzy pour l’écran, il manque aussi une batte­rie frap­pée aux baguettes ainsi qu’un assor­ti­ment de percus­sions typique du genre (vibras­lap, triangle, timbales, claves, etc.), et plus encore, un violon et une clari­nette. Car si Swing! a convoqué Django sur la partie guitare, Stéphane Grap­pelli comme Hubert Rostaing restent aux abon­nés absents : impos­sible donc de partir dans les Nuages du Hot Club de Fran­ce… C’est d’au­tant plus dommage qu’il n’existe pas, sur le marché, de banque de violon perti­nente pour ce style parti­cu­lier et que le Gypsy Jazzy d’UVI demeure très limité de ce côté.

Ne nous foca­li­sons pas toute­fois sur ce qui manque pour nous concen­trer sur ce qu’on nous propose et sur les choix qui ont été faits par Project­SAM en matière de mapping et de scripts.

Let’s swing!

ProjectSAM Swing!

On sent très clai­re­ment à l’usage de chacun des instru­ments que Project­SAM a cher­ché la simpli­cité et l’ef­fi­ca­cité plutôt que l’ex­haus­ti­vité. Les guitares propo­sées sont ainsi loin d’of­frir toutes les nuances des instru­ments Efimov ou Acous­tic­Samples, que ce soit en termes de vélo­ci­tés ou d’ar­ti­cu­la­tions. Quant à la section Big Band, pour­tant la plus déve­lop­pée, elle sera loin de faire de l’ombre à la Broad­way Big Band de Fable Sounds (autre­ment plus chère il est vrai) ou des instru­ments de Sample Mode­ling. Plutôt que de repro­duire des instru­ments en inté­gra­lité, Project­SAM a en effet pris le parti de ne garder que les arti­cu­la­tions emblé­ma­tiques du genre et de recou­rir au besoin à des boucles (grooves de batte­ries et ryth­miques de Ukulele ou de guitare prêts à l’em­ploi), ce qui permet d’abor­der des tech­niques carac­té­ris­tiques et de gran­de­ment simpli­fier la prise en main comme la program­ma­tion.

De fait, les inter­faces graphiques sont toujours très épurées tandis qu’au­cune banque ne fait appel au moindre keys­witch. Pour gérer les diffé­rentes arti­cu­la­tions, l’édi­teur a préféré miser soit sur des splits de clavier (on accède à tel type d’ar­ti­cu­la­tion sur telle ou telle octave), soit sur la molette de modu­la­tion, soit sur les splits de vélo­cité : suivant qu’on joue piano, normal ou forte, on accède à tel ou tel type d’ar­ti­cu­la­tion.

Ce dernier système ravira sans doute les pianistes accom­plis dispo­sant d’un clavier de contrôle de qualité. Toute­fois, pour les mauvais clavié­ristes (dont je fais partie) ou ceux dont le clavier n’est pas un modèle de préci­sion (dont je fais partie aussi), inutile de dire que la chose est moins enthou­sias­mante et rend le jeu diffi­cile. Elle l’est d’au­tant moins que certains mappings suivent une logique étrange. Sur l’har­mo­nica, on dispose ainsi des arti­cu­la­tions suivantes à mesure que la vélo­cité augmente : Stac­cato Piano, Swell, Long Normal et Saccato Forte, ce qui s’avère assez compliqué à jouer et oblige à faire beau­coup de choses à la souris. Enfin, on regret­tera un manque de cohé­rence dans le sampling de certains instru­ments : c’est ainsi que la guitare nylon dispose inex­pli­ca­ble­ment de plus de décli­nai­sons d’ac­cords que la guitare manouche, ce qui est agaçant lorsqu’on voudrait doubler l’une avec l’autre.

Ces cas sont toute­fois rela­ti­ve­ment rares et il faut admettre qu’on prend dans l’en­semble beau­coup de plai­sir avec ces instru­ments vu que tout sonne merveilleu­se­ment bien. Non seule­ment l’édi­tion des samples comme leur bouclage est des plus propres, mais les instru­ments propo­sés témoignent d’une excel­lente direc­tion artis­tique.

Les cuivres sont pêchus et brillants comme il se doit tandis que les guitares font montre d’un carac­tère qui fait défaut à pas mal de guitares virtuelles : l’usage de boucles est une vraie bonne idée de ce point de vue pour préser­ver le groove du musi­cien, et il ne s’avère pas trop limi­ta­tif vu que ces dernières sont décli­nées, du moins sur le modèle nylon, en majeur/mineur, septième majeur/mineur, dimi­nué/septième dimi­nué et sixième mineur. Du coup, sans trop se fati­guer, on parvient vite à assem­bler des choses crédibles, à plus forte raison quand Project­SAM a parsemé ses instru­ments de petites arti­cu­la­tions qui, au détour d’une mesure et à peu de frais, font leur petit effet : runs, swells, trilles, falls, etc.

Enre­gis­trés soit dans la même salle de concert que Sympho­bia, soit en studio, tous les instru­ments proposent un réglage permet­tant de jouer sur le mixage des micros pour doser la quan­tité de 'pièce’, tandis qu’il est possible d’ajus­ter l’en­ve­loppe comme la vitesse de lecture du sample, ce qui sera utile pour exacer­ber ou atté­nuer l’at­taque de certains instru­ments.

À titre d’exemple, voici quelques bidouilles que j’ai pu faire, sans avoir à suer des heures sur la program­ma­tion MIDI comme sur le mixage.

On commence avec une ambiance très holly­woo­dienne, qui donne l’oc­ca­sion d’en­tendre la contre­basse, la batte­rie et la trom­pette bouchée mais aussi les ensembles de cuivres dont les pêches sont plutôt convain­cantes :

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Chan­ge­ment d’am­biance avec cette valse qui fleure bon la cari­ca­ture de Mont­martre : accor­déon musette, piano jouet et siffle­ments. On senti­rait presque le vin blanc sur le zinc…

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ProjectSAM Swing!

Ukulele, LapS­teel et Pedal­Steel permettent évidem­ment de gagner en exotisme pour évoquer, c’est selon, un Hawai de carte postale ou la campagne profonde améri­caine.

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Finis­sons enfin avec du jazz manouche qui met bien en avant les guitares ryth­mique et solo et montre que la banque peut tout à fait servir dans des contextes plus contem­po­rains, façon musique « manHouse ».

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Conclu­sion

Dur de ne pas être emballé par ce Swing! qui répond à une attente éton­nam­ment peu consi­dé­rée par les éditeurs du marché en dehors d’UVI, Garri­tan ou Fable Sound et qui, sans tomber dans le piège rigide de la boucle, propose un excellent rapport qualité/simpli­cité avec un son irré­pro­chable. Sans trop d’ef­forts, on parvient ainsi à produire des choses très convain­cantes, à la lisière des clichés que les réali­sa­teurs adorent convoquer lorsqu’il s’agit de poser une atmo­sphère en très peu de temps.

Que ce soit pour évoquer la belle époque, le jazz de l’âge d’or holly­woo­dien, dres­ser des ambiances améli­pou­li­nesque ou encore faire des balades qui ravi­ront les hips­ters, Swing! se révèle fort utile, ce qui ne l’em­pêche pas toute­fois de présen­ter certains défauts.

Sans même parler du choix de mappings parfois un peu dérou­tants, on a ce senti­ment que la banque part un peu dans tous les sens au risque de survo­ler les genres qu’elle aborde. Pouvoir faire des ambiances hawaïennes grâce au ukulele et au laps­teel n’est certes pas désa­gréable, mais on aurait préféré dispo­ser d’un violon manouche pour faire honneur au titre.

Quant au rapport qualité/prix, il me semble ni bon ni mauvais en regard du nombre d’ins­tru­ments embarqués, de leurs limites, du rapport simpli­cité/résul­tats et des services que pourra donc rendre cette banque au compo­si­teur. Quitte à ce que ce soit plus cher, on espère d’ailleurs que Project­SAM aura la bonne idée de pour­suivre dans cette voie et de nous propo­ser un Swing! Plus Plus encore plus exhaus­tif, car il y a vrai­ment de quoi faire.

  • ProjectSAM Swing!
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  • ProjectSAM Swing!

 

Notre avis : 8/10

  • Rareté des styles abordés
  • Qualité sonore
  • Direction artistique
  • La simplicité de mise en oeuvre
  • Les multis prêts à l’emploi
  • Lacunes dans les instruments présentés par rapport à ce que laisse supposer le mot Swing, alors que des choses plus dispensables sont présentes
  • Pourquoi diable la guitare manouche et la guitare nylon ne proposent-elles pas les mêmes accords ?
  • Choix de mapping discutables

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