Pour ceux qui ont entendu le loup et le renard chanter, mais surtout pour ceux qui veulent une bonne interface de mixage pour gérer des sources aussi diverses que possible durant leur streams, vlogs, podcasts, etc. Mackie propose désormais cette petite M Caster Live. Passage en revue !
Cette semaine, on teste la M Caster Live de chez Mackie, une interface de mix qui va vous permettre de mélanger plusieurs signaux de sources assez diverses (micro, entrée instrument, communication téléphonique, lecteur audio portable, casque-micro, ordinateur…) et de les ressortir à la fois sous la forme d’un signal numérique vers votre STAN, et d’un signal analogique vers une sortie casque et une sortie enceintes.
Allez, c’est parti pour le déballage !
Déballage
On a été immédiatement surpris par le nombre important de câbles fournis avec la M Caster Live : quatre en tout. Un câble jack 3,5 mm TRS-TRS, un autre au même format mais TRRS-TRRS, ainsi que deux câbles USB A – USB C. Pourquoi ce doublon ? Totu simplement parce que la M Caster Live n’est pas alimentée par son port de raccordement à l’ordinateur.
Alors bien sûr rien n’empêche de l’alimenter via une prise USB sur votre ordi. Mackie fournit également un petit transformateur 5 volts 0,3 ampères, et précise que l’on peut également alimenter le mixeur grâce à une batterie externe USB : un très bon point !
Tant que nous en sommes à traiter des entrées, vous remarquerez sur la photo ci-dessus, à côté du port de connexion à l’ordinateur, une entrée-sortie jack 3,5 mm pour brancher un casque-micro, une entrée au même format pour brancher un instrument de musique à niveau ligne (potentiellement un clavier, mais en vérité cette entrée ligne acceptera n’importe quel signal adapté). Viens ensuite une entrée-sortie, toujours au même format jack 3,5 mm, pour raccorder un téléphone portable ou une tablette : ce port à la particularité d’être en fait un mix-minus, c’est-à-dire qu’il contient un retour qui renvoie à la personne qui appelle l’intégralité du mix, sauf sa propre voix. Voilà à nouveau une bonne idée.
Attention cependant, les ports d’entrée et de sortie ne sont pas regroupés selon les voies auxquelles ils sont assignés : la première entrée (STAN) est gérée par la voie 2, le port d’à côté par la voie 1, le suivant la voie 2, et celui qui la suit la voie 3, etc. Étrange arrangement !
Viennent ensuite deux sorties : une sortie casque, et une sortie niveau ligne, indiquée comme pouvant alimenter des enceintes, mais bien sûr adaptée à l’entrée ligne de n’importe quelle interface.
Sur le côté droit du mixeur (voir photo ci-contre) on trouve une entrée micro au format XLR, accompagnée d’un bouton de sélection de l’alimentation fantôme.
Passons maintenant à la façade supérieure qui contient tous les contrôles de la M Caster Live. Une première chose qui nous a frappés, c’est l’absence d’identification des voies et, de façon générale, l’absence de marquage clair de la fonction des boutons et des potentiomètres.
Sur ce point, Mackie fait un choix assez radical, et à notre avis problématique : certes la communication par pictogramme a l’intérêt d’éliminer les problèmes de traduction, et l’on comprend bien que l’idée est de réaliser un objet qui ne s’adresse pas seulement aux connaisseurs et aux techniciens. Toutefois comment expliquer que certains boutons, qui ont des fonctions identiques, soit identifiés par des pictogrammes différents ? Que certaines fonctions ne soient pas indiquées ? Pour que vous compreniez bien de quoi il retourne, nous allons vous décrire la fonction de chaque contrôle.
Tout en bas, on remarque une ligne de 3 potentiomètres, identifiés par un pictogramme « haut-parleur » : il s’agit des volumes des trois voies. Les voies ne sont pas numérotées, et on se rend rapidement compte qu’aucun indicateur visuel de gain n’existe non plus. Les niveaux doivent donc être gérés à l’oreille et au niveau de la STAN. Au-dessus de chacun de ces potards, on trouve un bouton rétroéclairé qui permet de sélectionner la source : micro-casque ou micro, retour USB ou entrée ligne. Quant au troisième bouton, il permet de sélectionner, non pas une source, mais la couleur du rétroéclairage de l’appareil. Alors qu’est-ce que gère la troisième voie ? Elle est dédiée à la seule entrée dont le pictogramme ne se retrouve pas sur les contrôles – l’entrée dédiée aux téléphones, tablettes et lecteurs audio portables.
Naturellement, on comprend que certaines de ces sources ne peuvent pas être mixées entre elles : par exemple un instrument et les sons gérés par la STAN. C’est dommage !
Au-dessus des deux voies de gauche, on trouve quatre potentiomètres dont les pictogrammes peuvent au premier abord créer une certaine confusion. Sur le potard inférieur, un picto qui représente des tranches sur une console ; sur le potard supérieur, un picto qui semble représenter une onde sinusoïdale dont l’amplitude est modulée. On pourrait donc penser, logiquement, que le contrôle inférieur est un contrôle de mix, et le contrôle supérieur un contrôle de gain. On aurait tort : en effet, on retrouve ces mêmes pictogrammes, mais cerclés de blanc, à côté des deux sélecteurs rotatifs verts qui ont pour fonctions : pour le sélecteur inférieur la commutation des effets « ContourFX » (effets d’égalisation pour la voix), pour le sélecteur supérieur les effets « StreamFX » (réverbe, écho, modification de hauteur…). On comprend alors que les quatre potentiomètres de gauche agissent en fait comme des blend dry/wet : tout à gauche, on a le signal de la piste sans effet, tout à droite on n’a plus que l’effet. La voie numéro 3 (à droite) n’est pas affectée par ces effets.
Tout en haut, dans une zone séparée, on trouve un potentiomètre affublé du pictogramme « casque ». Bien sûr, il contrôle le niveau de la sortie casque mais nous avons découvert à l’usage qu’il contrôle également la sortie haut-parleur (dont nous soupçonnons donc qu’elle soit simplement montée en parallèle avec la sortie casque – donc elles auraient la même impédance). On découvre aussi à l’usage, malgré l’absence de pictogramme l’expliquant, que ce potard contrôle également l’écoute par le casque-micro.
Bref, l’appareil demande clairement un temps de prise en main, et il fournit à l’utilisateur une interaction visuelle limitée : les indications par pictogramme ne sont pas si clairs que cela, l’assignation des sources n’est pas indiquée sur toutes les voies, et les options sélectionnées (48 volts, effet d’égalisation ou de modulation sur la voie) ne sont pas indiquées par des rétro-éclairages ou des LEDs.
Sur la route
Avec sa poignée, la M Caster Live affiche clairement le fait qu’elle a été conçue pour être portable. Quelques remarques à ce sujet :
- Le mixeur est vraiment léger, ce qui est un plus indéniable (544 g)
- La coque de l’appareil nous a paru d’une solidité adéquate, si ce n’est le fait que ni les potentiomètres, ni les entrées et sorties (à l’exception de l’entrée micro), ne sont vissées sur le châssis.
- Les indications par pictogramme seulement imprimées (et non pas gravées, par exemple) risquent potentiellement de s’effacer dans le temps.
- Les trois potentiomètre de volume tournent en résistant un peu (ce qui est bien), en revanche les potentiomètres de réglage des effets sont très « mous », et risquent de bouger avec les mouvements de l’utilisateurs.
- Aucun sac de transport n’est fourni avec l’interface.
Pour finir notre présentation de l’appareil précisons que nous avons fait le déballage et la première prise en main de l’appareil sans nous être référé au guide d’utilisation. Était une erreur ? Pas tant que ça : en effet, on remarque dans le guide d’utilisateur qu’une partie des omissions que vous nous avons notées (par exemple le fait que le potentiomètre casque gère aussi la sortie casque-micro) sont également présentes dans le manuel. CQFD.
Benchmark
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision. Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
On commence par l’entrée micro, dans laquelle on injecte 100 mV RMS, et on analyse le signal à la sortie ligne (sortie « haut-parleurs ») :
Déviation : ±1,426 dB (référence : 0 dB à 1 kHz) – ce n’est pas horrible, mais ce n’est pas excellent. On dirait le profil que nous obtenons généralement avec une sortie casque, ce qu’est en vérité cette sortie HP.
THD : Là non plus, rien de trop problématique : on oscille autour de 0,05%. C’est un peu élevé, mais il faut garder en tête la catégorie de produit sur laquelle on se trouve. et de toute façon, à ce taux, ont est encore bien en-deçà de l’audible.
Signal/bruit : 67,86 dB, rien d’étonnant vu les résultats ci-dessus.
Pour s’amuser, on a passé le même signal, avec la même configuration, et avec chaque effets ContourFX (effets d’égalisation). Voici les résultats en déviation.
Passons à l’entrée ligne, dans laquelle on entre 1 V RMS, même sortie que précédemment.
Déviation : ±0,952 dB, c’est un peu mieux que l’entrée micro.
THD : Là aussi, on note un mieux : au plus bas, on est à 0,002%, 0,03% au plus élevé. C’est bien.
Signal/bruit : 84,644 dB, pareil, c’est un résultat tout à fait correct !
Les résultats donnés par la sortie casque sont en tous points comparables à ceux de la sortie haut-parleurs, semblant confirmer que les deux sorties seraient en parallèles.
Pour finir l’entrée « téléphone/tablette » nous a donné de bons résultats en déviation :
Mais un peu plus décevant en THD :
Conclusion
La M Caster Live de Mackie regroupe diverses idées intéressantes, qui devraient certainement séduire leur cible. Toutefois, comme nous l’avons souligné plusieurs fois, nous avons aussi trouvé qu’elle souffre d’une réalisation un peu confuse. Si les performances sonores sont tout à fait acceptables pour un appareil axé vers la création de contenu en ligne, l’idée première (très intéressante en théorie) de privilégier une prise-en-main instinctive, pas trop technique, donne lieu à une interface dont les fonctionnalités au contraire ne tombent pas sous le sens (du moins, c’est notre ressenti). De plus, même si les entrées et sorties sont nombreuses, on peut regretter que le nombre limité de voies ne donne finalement pas accès à toutes les options en même temps. La M Caster Live est donc un objet au design assez élégant, aux performances audio plus que correctes, avec le double intérêt d’être facile à transporter et d’embarquer des effets… mais qui demandera à l’utilisateur un temps assez long d’adaptation pour être utilisé au mieux. Pour finir, le prix de 259,99 € (prix constructeur) nous paraît un peu élevé à la fois en regard des performances sonores, et de nos réserves sur son ergonomie.