C'est la tendance actuelle : le petit, le portable, le facile à aborder... C'est également la recette avec laquelle Focusrite tente de toucher le public des podcasteurs et affiliés. Voici donc venue la Vocaster Two (et la One, plus petite), mini interface qui mérite bien son petit test !
Cette semaine, on teste la nouvelle interface Vocaster Two de Focusrite, une interface consacrée (c’est la grande tendance actuelle) à la création de contenu audio et vidéo numérique : podcast, vlog, stream… On parle donc d’un équipement petit, portable, simple à prendre en main et avec des préréglages d’EQ embarqués : une interface à comparer avec la M Caster Live de Mackie ou la Revelator io24 de PreSonus, pour se remettre dans le contexte !
Commençons par le déballage.
Déballage
La première chose qui nous a frappés en déballant la Vocaster Two c’est son poids particulièrement léger (420 gr). La coque externe a l’air plutôt solide, même si on regrette que son revêtement mat marque beaucoup sous les doigts (voir photo ci-contre)…
En revanche, un bon point, et très étonnant pour une interface autoalimentée : c’est la présence sur la face arrière d’un bouton marche-arrêt, que l’on trouve rarement sur ce genre d’appareil. On trouve que c’est une très bonne idée, puisque cela permettra de désactiver l’interface hors utilisation, sans pour autant avoir à toucher le câblage, et donc à jouer sur la longévité des connectiques.
Tant qu’on est à décrire la face arrière : on y trouve toutes les entrées, c’est-à-dire deux entrées micro au format XLR, et une entrée auxiliaire (niveau ligne) au format jack TRS 3,5 mm. Depuis cette face arrière, on peut également contrôler la mise en marche de l’alimentation fantôme +48 V DC, et la connexion de l’interface en Bluetooth à un téléphone ou un ordinateur. À l’arrière toujours, on trouve également deux sorties sur prise jack TRS au format 6,35 mm pour connecter deux enceintes de monitoring, ainsi qu’une sortie au format jack TRS 3,5 mm pour envoyer le mix général à une caméra.
À ce stade du déballage, formulons une première critique, qui nous paraît importante : alors que Focusrite a tenté d’inclure un maximum d’entrées et de sorties sur une interface de très petite taille, il aurait été intéressant d’installer deux entrées combo XLR-Jack (plutôt que seulement XLR) pour permettre l’inclusion de deux entrées au niveau ligne, et potentiellement de deux entrées instruments. Étant donné que le monde de la production de contenu numérique est très diversifié, et que de nombreux podcasteurs sont aussi des musiciens, ce choix nous a paru étonnant, et assez peu concurrentiel.
On notera également qu’aucune des entrées ni sorties n’est fixées sur le châssis de l’appareil, ce qui est toujours un point négatif quant à la durée de vie du produit.
La face avant ne demande pas de description longue. On y trouve seulement les sorties casque, sur connecteur Jack 6,35 mm TRS.
La face supérieure de l’appareil, en revanche, est bien fournie !
En effet, elle accueille tous les contrôles (sauf l’alimentation + 48 volts, et la commutation de l’antenne Bluetooth, comme nous l’avons déjà signalé) : l’habituel « gros bouton », qui permet de contrôler un encodeur dédié aux gains des deux entrées, sélectionnables indépendamment grâce aux boutons « Host » et « Guest » situés juste en dessous. De chaque côté de cet encodeur on trouve un vumètre par mix (vumètre de gauche pour Host, de droite pour Guest), avec indicateur de saturation. Attention cependant : on remarque tout de suite que ces vumètres sont de simples bandes lumineuses colorées sans aucune indication d’échelle. Difficile donc de mesurer le niveau objectif du signal, par rapport à un niveau de référence. À droite et à gauche de ce contrôle de gain, deux potentiomètres permettent de régler les niveaux de sortie casque et/ou monitoring. Face à l’utilisateur en bas de la face supérieure se trouve un bandeau avec deux fois trois boutons, permettant de contrôler pour chaque voie le mute, la sélection du gain (avec une option de réglage automatique du gain) et un bouton pour activer quatre présélections d’égalisation.
Comme on le comprend bien dans cette description, l’interface est très simple et on remarquera d’ailleurs que, comme sur la M Caster Live de Mackie, l’utilisateur visé n’est clairement pas un « technicien » chevronné… ou en tout cas pas nécessairement : par exemple, les deux voies micro ne sont pas numérotés 1 et 2, mais plutôt nommé « Guest » et « Host ». Pareil pour les sorties casque… Cela ne constitue pas une critique (il existe des marchés différents et des produits différents doivent s’adapter à leur clientèle principale), mais il est intéressant de garder en tête le type de produit que nous avons entre les mains, pour savoir les attentes que nous pouvons avoir. Passons maintenant au software.
Le logiciel
Le logiciel fourni avec la Vocaster Two constitue une plateforme de mixage très complète, permettant de contrôler toutes les options de l’interface, et de régler facilement tous les gains et les effets du mix. Elle inclut en plus, dans le coin en haut à droite, un bouton permettant de muter les enceintes de monitoring, fonction qui est absente de l’interface physique.
Sur la partie supérieure, on trouve les contrôles de gain des deux entrées micro, avec toutes les options similaires à celles accessibles depuis l’interface (égalisation et mute). On peut aussi y régler le gain automatiquement (bouton « Auto Gain ») et on découvre au passage, grâce à un menu déroulant, que le bouton d’égalisation peut être programmé pour commuter quatre préréglages spécifiques : clean, warm, bright et radio.
La partie inférieure permet de régler le mix entre les deux entrées micro, l’entrée auxiliaire, l’entrée Bluetooth, et deux boucles de retour depuis l’ordinateur, la première étant la boucle par défaut de sortie audio numérique, la seconde étant les sorties 13 et 14 de la STAN. Le logiciel comprend également le réglage du niveau de master.
Comme sur l’interface physique, on remarque la simplicité, très « non-technique », des contrôles de ce logiciel, et l’absence là encore d’échelle sur les vumètres. Cela nous a paru être un potentiel problème, puisque non seulement on ne connaît pas précisément l’échelle objective utilisée, mais en plus, cela rend plus difficile la mémorisation des niveaux, par exemple pour l’utilisation de différents micros.
Ce software est complété par un bundle pleinement axé « création de contenu » : l’utilisateur reçoit le logiciel Hindenburg LITE, trois mois d’utilisation de SquadCast Pro Video, et six mois d’abonnement à Acast Influencer, plateforme de publication en ligne.
Passons maintenant au benchmark.
Benchmark
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision. Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Il n’y a pas beaucoup d’entrées sur cette interface ni beaucoup de sorties. Nous avons commencé par l’entrée micro, en injectant un signal de 100 mV, et en ressortant sur la sortie monitoring, sans atténuation. Réglage du gain au maximum, juste avant saturation.
La déviation est minime, de ±0,379 dB. La THD est très correcte avec une moyenne de 0,01% jusqu’à 3 kHz, puis une montée assez importante, jusqu’à 0,1% à partir de 5 kHz.
Sur la sortie casque, on trouve des résultats similaires :
Ce qui est plutôt une bonne mesure, étant donné que l’ampli casque n’ajoute que peu de distorsion. D’ailleurs, le rapport signal bruit est similaire : 84,833 dB.
Selon nos mesures, on peut obtenir un gain maximum de 68,8 dB, mais à ce niveau la réponse ne fréquence et la THD sont nettement moins remarquables :
Pour finir nous avons testé l’entrée micro avec le préréglage d’égalisation « radio », qui donne une réponse en fréquence comme ceci :
Conclusion
La plus grande qualité de cette Vocaster Two c’est, bien entendu, la qualité de ses préamplis micro, ce qui ne nous étonne pas de la part de Focusrite : déviation imperceptible et THD plutôt très bonne pour une interface de ce type. Le logiciel, très facile à prendre en main, nous a paru également tout à fait intéressant. Pour finir, chose finalement assez rare, il est intéressant de pouvoir accéder à toutes les options (ou presque, mais ça reste quelques détails) depuis soit le logiciel, soit l’interface, de façon égale. Ainsi chaque utilisateur pourra facilement trouver ses marques, selon ses préférences d’usage.
Les deux points négatifs principaux demeurent toujours notables à la fin de ce test. En premier lieu, l’absence d’échelle sur toutes les visualisations de niveau, ce qui ne facilite pas la mémorisation des réglages. Et en deuxième, et pas des moindres, l’absence d’entrée instrument, qui fait que cette interface ne vise clairement pas les musiciens, se coupant ainsi de toute une part du marché de l’audio.
De ce point de vue, donc, même si l’interface nous a paru offrir un certain nombre d’options intéressantes, un bundle plutôt généreux, et une ergonomie générale bien pensée, nous trouvons malgré tout qu’elle ne sera pas pleinement adaptée aux attentes de chacun, et l’acheteur doit en être conscient avant de faire son choix. Avec la Vocaster Two, Focusrite réalise finalement un objet qui ne fait pas tout, mais qui fait bien ce qu’il propose, et c’est peut-être cela le meilleur point.