Quand notre coeur fait Boum ! La voilà enfin, la nouvelle petite interface d'Apogee, qui va voir du côté du minimalisme (c'est la tendance...) mais en gardant les grands traits (et les qualités ?) qui rendent leurs produits si reconnaissables. Alors, cette BOOM, explosive ?
Et quand on dit minimalisme, on ne rigole pas : trois entrées, trois sorties. Et même plus exactement deux entrées seulement, on précisera pourquoi au moment du déballage… Bref la BOOM d’Apogee, annoncée en septembre dernier, joue vraiment à fond le jeu de la simplicité, mais comme la marque nous a déjà habitués à des interfaces au design minimal mais à la signature sonore de grande qualité, on sait déjà qu’il ne faut pas se fier aux apparences : il est fort possible que cette BOOM, qui tient dans le creux de la main, nous réserve une bonne surprise au moment des mesures.
En attendant, procédons au déballage.
SHEBAM !
Commençons par les mesures objectives : la BOOM est une petite interface (164 × 117 × 51 mm), on s’en doute, et son poids est à l’avenant (731 g). Elle est d’un violet brillant assez surprenant, la marque nous ayant plutôt habitués à des gris argentés et des surfaces en verre noir. Une bonne partie de l’interface est en plastique (toute la façade avant par exemple), mais la partie inférieure, détachée du châssis, ce qui peut surprendre au début, est en métal.
Lorsque vous nous avions annoncé la sortie de cette interface, plusieurs d’entre vous s’étaient posé la question de l’utilité de cette petite cache. Personnellement, ayant tendance à grignoter en travaillant (mauvaise tendance !), j’ai tout de suite pensé à une cachette à cookie… Les informations qui nous sont parvenues indiquent qu’il s’agit en vérité d’un radiateur, permettant une meilleure dissipation de la chaleur produite par divers composants, en particulier le gros DSP. Y cacher quoi que ce soit contenant du chocolat serait donc une mauvaise idée…
La répartition E/S est très rationnelle : à l’avant on trouve les deux entrées, la première sur combo XLR jack TRS 6,35 mm, la seconde seulement sur jack TRS 6,35 mm. Sur le côté droit de la façade avant, on trouve l’habituel encodeur cliquable qui permet de sélectionner l’une ou l’autre des entrées, la sortie monitoring, l’un ou l’autre des effets embarqués. On peut ainsi régler le gain des entrées et le niveau de sortie, un très petit VUmètre à LED (5 segments seulement) permettant à la fois de voir, momentanément, le niveau sélectionné et, le reste du temps, de contrôler le niveau du signal.
Sur la face arrière, on trouve les deux sorties droite et gauche (sur jack TRS 6,35 mm) pour les enceintes de monitoring, ainsi que la sortie casque, sur jack 6,35 mm également. On retrouve, bien évidemment, la connectique USB-C permettant de connecter l’interface à l’ordinateur, et de l’auto-alimenter. On notera au passage que, de notre point de vue, une deuxième sortie casque aurait été la bienvenue, surtout pour une interface qui cible les podcasteurs, vlogeurs, etc.
Nous n’ignorons pas que le design de cette interface a fait couler un peu d’encre dans les pages des forums d’AF. Les goûts et les couleurs étant indiscutables, si l’on en croit l’adage, nous laisserons chacun juger des choix esthétiques d’Apogee. En revanche, nous noterons que, dans l’optique d’un appareil grand public/créateur de contenu numérique, Apogee a clairement fait le choix de matériaux un peu légers, et n’a utilisé aucune connectique fixée sur le châssis. Vous savez que c’est un point auquel nous tenons dans ces colonnes.
Cela mis à part, l’interface étant d’une incroyable simplicité, pas grand-chose à souligner à ce stade de notre découverte de l’objet, ni positivement ni négativement… On attend de voir ce que donneront le logiciel et les mesures.
POW !
Pour ceux qui connaissent la Duet 3, la Boom reprend le même logiciel de contrôle, l’Apogee Control 2, qui permet en plus l’utilisation de l’ECS Channel Strip, DSP oblige !
Le control center se présente sous la forme d’un mixeur (partie principale) avec en plus un menu repliable sur le côté gauche, permettant le paramétrage du système. Comme nous l’avions écrit précédemment, le logiciel est, à notre avis, très ergonomique et facile à prendre en main, avec un beau look sobre (cohérent avec l’interface).
Par le minimalisme de l’interface, une grande partie des contrôles sont redirigés vers l’environnement numérique : sélection des sensibilités d’entrée (micro, ligne – deux niveaux différents-, instrument), la commutation des 48 volts pour les entrées micro et, bien sûr, la commutation des traitements à la prise se font toutes depuis le logiciel. De même pour les sorties : différentes options (mute, dim…) ne sont sélectionnables que depuis le contrôleur.
Comme la Duet 3, la Boom est accompagnée des traitements Symphony ECS Channel Strip : un EQ trois bandes (plus un filtre passe-haut), une compression (EQ et Compression peuvent être chainés dans n’importe quel ordre) et un préampli qui permet une légère saturation du signal d’entrée, avec de nombreux presets proposés. L’utilisateur obtient aussi accès à Ableton Live Lite et un essai gratuit (de 60 jours) du plugin de simulation d’ampli de guitare Tone King Mk II (par Neural DSP).
BLOP !
Précisons-le d’abord, la BOOM travaille dans une résolution max de 24 bits/192 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :
En mettant le buffer sur 256 samples en 44 kHz, le logiciel remonte une latence de 17.438 ms.
En mettant le buffer sur 256 samples en 48 kHz, le logiciel remonte une latence de 16.854 ms.
En mettant le buffer sur 256 samples en 96 kHz, le logiciel remonte une latence de 10.094 ms.
En mettant le buffer sur 256 samples en 192 kHz, le logiciel remonte une latence de 6.380 ms.
En mettant le buffer sur 128 samples en 44 kHz, le logiciel remonte une latence de 11.542 ms.
En mettant le buffer sur 128 samples en 48 kHz, le logiciel remonte une latence de 10.854 ms.
En mettant le buffer sur 128 samples en 96 kHz, le logiciel remonte une latence de 6.760 ms.
En mettant le buffer sur 64 samples en 44 kHz, le logiciel remonte une latence de 8.073 ms.
En mettant le buffer sur 64 samples en 48 kHz, le logiciel remonte une latence de 7.667 ms.
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision (lien). Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Gain max : 61,78 dB, comme annoncé par Apogee.
La BOOM, comme la Duet 3 d’ailleurs, n’a pas d’entrée « ligne » avec gain réglable : son entrée 1 a trois sensibilités d’entrée différentes : une avec un gain réglable (idéal pour un micro) et deux autres avec des gains fixes, notés +4dBu (niveau ligne « pro ») et –10dBV (niveau ligne « consumer »). Commençons par l’entrée à gain variable :
Déviation : ±0,116 dB
THD : toujours sous 0,002%
Rapport signal/bruit : 95,197 dB.
Soyons clair, c’est très bon !
Passons à la sensibilité + 4dBu :
Déviation : ±0,309 dB.
THD : 0,0015 %
Rapport signal/bruit : 102,765 dB, très bien !
Cette sensibilité peut encaisser jusqu’à 5V RMS en entrée sans broncher.
À –10dBV :
Déviation : ±0,108 dB.
THD : 0,0018 %
Rapport signal/bruit : 101,134 dB
Bref, peu importe le réglage d’entrée, c’est excellent.
Qu’en est-il de l’entrée instrument ?
Déviation : ±0,113 dB
THD : 0,0035%
Rapport signal/bruit : 96,830 dB
Avec un circuit haute impédance en plus sur le trajet du signal, on reste encore sur des résultats très bons. En conclusion, on est très convaincu par les mesures, qui montrent qu’Apogee n’a pas lésiné sur la qualité des composants ou des circuits.
WIZZZZZ !
Finalement, de cette BOOM, on est bien obligé de dire qu’elle ressemble assez fortement à la Duet 3 que nous avions testé il y a maintenant un an.
Ceux qui sont habitués à l’environnement Apogee, aussi bien au niveau du hardware (toujours très sobre) que du logiciel de contrôle et des effets sur DSP, ne seront pas particulièrement surpris avec cette nouvelle interface qui a le mérite, par rapport à la Duet, de revenir à une connectique plus simple que le fameux épanoui (qui, certes, peut-être remplacé par un dock) choisi par le constructeur. En revanche, aussi bien au niveau de la qualité des matériaux de construction, que du nombre d’entrées et de sorties, les utilisateurs de la BOOM seront un peu plus restreints dans leurs choix… Mais à presque la moitié du prix de la Duet, force est de remarquer que la BOOM propose une interface de grande qualité. Assez pour concurrencer la Revelator io24 ? Il est certain que l’interface de PreSonus bénéficie de plus d’effets, d’E/S MIDI et de l’accès à un grand nombre de contrôles directement depuis le hardware (et cela pour la moitié du prix de la BOOM) mais, indubitablement, la qualité sonore ne sera pas tout à fait au même niveau et, donc, ce que la Boom perd en options, elle le regagne au niveau de la clarté de ses préamplis.