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Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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Budapest. Il n'est pas facile de définir à quelle époque l'action se déroule, mais ça doit être dans les années 60/70. Une romancière et son mari s'installent dans leur nouveau quartier. N'ayant pas nécessairement le temps de s'occuper des choses du quotidien ils se mettent à la recherche d'une femme du ménage, concierge, bonne à tout faire. On leur conseille Emerence Szeredas. Bien que déjà âgée elle est pleine d'énergie, mais elle a également un caractère bien trempé. Elle habite un petit appartement au rez-de-chaussée juste en face. Personne n'est autorisé à y entrer. Qui est Emerence? Qu'y a-t-il derrière cette porte?



Le personnage d'Emerence est fascinant et particulièrement bien construit. Son caractère est un mélange de Traumax, Empism, Duch et Bernadette mais sans aucun humour par contre.

Issue de la petite bourgeoisie rurale elle a une réflexion pragmatique de bon sens paysan, mais est également dotée d'une intelligence et une lucidité désarmante, le tout conjugué à une certaine expérience de la vie. Face à cela, la romancière et son mari, tout blindés de culture qu'ils soient, finissent plutôt décontenancés. Elle les renvoie dans leurs derniers retranchements par mille manières inattendues, par sa vision très personnelle des choses, acquise au fil du temps.

En fait c'est surtout la relation entre Emerence et la romancière qui est mise en lumière ici et le moins qu'on puisse dire c'est que cette dernière en voit de toutes les couleurs. L'ascenseur émotionnel est à plein régime. D'un regard, d'une silence, d'un mot ou de mille, Emerence peut la clouer sur place et la laisser en larme, mais elle peut aussi faire preuve d'une attention et d'une douceur qu'elle n'aura accordé à personne d'autre auparavant.

En lisant ce livre vous serez surpris par l'histoire d'Emerence (il y a des passages vraiment impressionnants, terrifiants et inattendus) et vous saurez mieux qui elle est et ce qu'il se cache derrière sa porte. Rien que pour ça le livre tient ses promesses et vaut le coup d'être lu. Toutefois, quelque chose ne m'a pas totalement convaincu au point de trouver le livre vraiment génial, mais je ne sais pas exactement quoi.








[ Dernière édition du message le 01/06/2017 à 09:27:40 ]

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J'ai terminé "Manger est un acte citoyen" d'Alain Ducasse.

Un plaidoyer pour une alimentation plus saine et locale, ainsi que pour une gastronomie formeuse de changements sociétaux.

Loin d'être inintéressant en soi si on a jamais lu de bouquins sur le sujet du manger local penser global, sinon c'est un peu déjà vu. D'autant plus que le dernier chapitre de son livre résume ce qu'il s'est acharné à nous décrire en détail tout au long de son livre avec force exemples.

Donc au pire on peut lire que ce dernier chapitre, en forme de déclaration d'une gastronomie citoyenne en 5 articles.
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La papesse Jeanne de Donna Cross.

Bouquin pioché par ma douce dans un Emmaus. Ben ça valait carrément le coup. L'histoire (légende) d'une jeune fille douée au IX ème siècle qui se fait passer pour un garçon pour accéder à l'éducation à une époque ou l'église en a le monopole, devient moine, puis prêtre, puis pape pendant quelques mois.

Très bon.

Pour l'anecdote, l'existence réelle de cette papesse est controversée. Wikipedia la classe directement comme légende, relevant des incohérences et anachronismes dans sa soi-disant histoire. Donna Cross, à la fin du bouquin, tout en n'affirmant rien, donne des arguments en faveur de son existence et note de nombreux cas de falsifications historiques par l'Eglise pour coller à sa doctrine. Si la dite papesse a effectivement existé, on peut imaginer que l'Eglise ait tout fait à certaines époques pour en effacer les traces. Ce qui devait être d'autant plus facile que le IX ème siècle, après la disparition du Saint Empire Romain (Charlemagne), est une période avec fort peu de documents écrits. Dans une tradition essentiellement orale renforcée par une volonté de destruction des traces, rien d'étonnant que de nombreuses versions de son histoire aient vu le jour, donnant des incohérences.

OSEF, quoi qu'il en soit : le bouquin ne se prétend pas livre d'histoire, mais roman, et il est bon.
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J'ai oui-dire que suite à ce scandale, pour tester la masculinité de tout nouveau prétendant au saint trône, on le faisait assoir sur une chaise percée et que l'on regardait dessous pour voir si les attributs du genre désiré étaient bien présents, attirés à travers le trou par la gravité.:-D

 

 

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On touche, monsieur. On touche. :-D

(ce qui doit permettre de gruger, je pense)

Lu aussi : Réussir le développement d'un projet musical professionnel. Critique directement dans le lien.
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Il est plutôt difficile de résumer ce livre puisqu'il s'agit d'un mélange de réalité, rêves et hallucinations du personnage prénommé Mircea que l'on retrouve enfant, adolescent et adulte. Il y a donc de récits/passages qui semblent bien réalistes qui se voient soudain colorés par ses hallucinations ou servant de plongeoirs pour le monde des rêves.

C'est très imagé et l'auteur réussi le tour de force de nous imprimer des images étonnantes, des flashs/visions de rêves éveillés pour le lecteur. L'univers est assez organique, sensuel et érotique c'est bourré de termes relatifs à l'anatomie du cerveau. Il y a beaucoup de translucide, du filandreux, du gluant, du gélatineux. Il y a aussi des insectes récurrents (papillon, araignée) ou des méduses. La couleur jaune revient souvent.
On se trouve dans un mix de Jérôme Bosch, Goya et H.R.Giger illustrant une prose riche dans laquelle il ne faut pas toujours chercher un "sens", mais se laisser porter. Certains délires métaphysiques peuvent rappeler Philip K.Dick mais c'est toutefois moins "bordélique" et plus poétique/onirique.
C'est à la fois très dense et très léger, mais il est certain que ça n'est pas le genre de livre qu'on lit juste comme ça. C'est une lecture exigeante qui nécessite de l'attention tout au long des 400 pages aux paragraphes compactes contenant peu de dialogues. On aime ou pas, mais si on aime on est embarqué.

Il faut saluer Alain Paruit pour un traduction rendant parfaitement les sensations, les ambiances, les images et les termes très précis. J'avais déjà beaucoup aimé Le Rêve du même auteur et c'est ce qui m'a poussé à lire Orbitor. Par contre, bien que certaines scènes ou histoires lorgnent du côté du fantastique, ça n'est pas vraiment de la SF et je ne sais pas pourquoi c'est classé dans cette collection de Folio. Quoi qu'il en soit, si vous souhaitez lire quelque chose de déroutant n'hésitez pas, ça n'est pas souvent qu'on peut faire de tels trips les yeux grands ouverts.

Un court extrait. Pour contextualiser brièvement, dans une des histoires des ancêtres de Mircea ces derniers habitaient dans un village. Tous les habitants achetèrent un jour du pavot à des tziganes. Ils finirent drogués et accros, se perdant dans d'interminables partouzes géantes et incestueuses, négligeant alors leurs morts. Ces derniers, blessés par ce manque de respect et d'attention sortirent alors de terre et se mirent à dévorer les habitants hagards. Sauvés par un pope, les villageois ressuscitèrent alors et leurs corps reprirent leur apparence normale. Voici la description d'une régénération:

Citation :
Il apparut qu'un enfant, le plus joufflu de tous, celui qui avait les yeux les plus grands et les plus bleus, abritait dans sa tête, en guise de tendre cervelle, une énorme araignée aux pattes ramassées sous l'abdomen. La vision ne dura qu'un instant, car ensuite une buée laiteuse rendit de nouveau opaques les os et la peau.


Mince ! On a juste envie de dessiner ça au fusain ou d'imaginer comment H.R.Giger aurait mit ça en image.

[ Dernière édition du message le 08/06/2017 à 21:27:33 ]

5597
J'aurais dit Odilon Redon...:bave:

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

5598
J'y avais pensé aussi :bravo:
5599
Citation de Livingroom :
J'ai terminé "Manger est un acte citoyen" d'Alain Ducasse.

Un plaidoyer pour une alimentation plus saine et locale, ainsi que pour une gastronomie formeuse de changements sociétaux.


Venant d'un monsieur qui a quitté il y a 2 ans le n°2 mondial de la restauration collective pour le n°3... Sodexo pour Elior... Mouais, ça me fait penser aux grands élans écolos de Hulot à l'époque où il était sponsorisé par Total. Y'a un truc qui m'échappe. :oops2:
5600
Citation :
Y'a un truc qui m'échappe.


Un truc en centaines de milliers d'euros peut-être ? :fache2: