Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
Anonyme
Je pense que le vrai problème est de considérer "la littérature classique", comme un tout, monobloc, homogène, et sacré. À mon avis il y a des trucs réputés qui sont réellement chiants ; et d'autres qui n'ont de chances de plaire qu'à un public assez restreint. Faudrait éviter ces deux catégories.
Là je te rejoins. J'ai peu tenté la littérature "classique", en dehors des russes, que j'adore. Flaubert, Balzac, jamais eu envie.
Pourtant, au sommet des bouquins qui m'ont marqué, 2 classiques.
L'un chinois, Au bord de l'eau de Shi Nai An, 1600 pages... roman du 14ème siècle, issu de la tradition orale. Du sexe, de la baston, de la magie. Phénoménal. Parait-il un des grands classiques chinois avec "le rêve dans le pavillon rouge", qui n'est hélas trouvable qu'à un prix prohibitif en occaze.
L'autre espagnol, Histoire véridique de la conquête de la nouvelle Espagne de Bernal Diaz del Castillo, écrit au 16ème siècle. C'est LE témoignage sur la conquête du Mexique par les Espagnols. Ça se lit comme un roman d'aventures mais où tout est vrai, ça oscille entre l'érudition avec des citations des grecs et latins et le langage fleuri du conquistador. Et le pire est qu'il est impossible à un historien de ne pas utiliser cette source d'exception pour l'étude de la période Cortesienne...
Dans les 2 cas le travail de traduction est extraordinaire. Un vrai style littéraire se dégage de ces oeuvres.
oryjen
Par ailleurs, donner le goût de la lecture, et faire connaître les classiques de notre culture française, sont deux objectifs différents, pas forcément très compatibles.
+1
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Will Zégal
Question que je me suis toujours posé, faut-il ou non faire lire les classiques au lycée ou au collège ou comment donner le goût de la lecture aux nouvelles générations ?
J'adhère à la réponse ci-dessus.
J'ajoute qu'il faut commencer par faire lire aux mômes "comme un roman" de Pennac et notamment ses droits du lecteur, dont :
- le droit de ne pas aimer un livre
- le droit de ne pas lire un livre
Donc, forcer des mômes à lire certains bouquins est le meilleur moyen de les en dégoutter. Ce qui ne veut pas dire ne pas étudier les livres, mais on peut travailler sur un ou des passages, par exemple. Si ceux-ci accrochent les mômes, ils liront le livre.
Ensuite, il faut faire descendre les auteurs de leur piédestal. En musique classique, c'est ce que faisait très bien Frédéric Lodéon dans son émission d'après-midi sur France Inter. Les compositeurs classiques ont souvent eu des vies chaotiques, voire rock'n'roll et lui savait bien le faire ressortir là où à l'école, on nous les présentait comme des espèces de génies désincarnés, des êtres parfaits planant au dessus de la vulgaire humanité.
Un môme, un ado se sentira bien plus proche d'un Mozart si on le lui présente comme un fêtard qui avait des problèmes avec l'autorité, y compris paternelle ou d'un Villon, bandit de grand chemin, ou Poe, alcoolique drogué... Bref, des hommes comme les autres, avec leurs travers, leurs faiblesses... qui ne les ont pas empêcher de faire des oeuvres magistrales. Donc, toi, l'ado mal dans ta peau, en difficulté avec ta famille, en délicatesse avec le monde, ne sachant pas trop où tu vas mener ta vie, tu es l'égal de ces gens et non un ver de terre qui doit admirer des sur-humains qui te font te sentir encore plus petit.
Et puis, clairement, il ne faut pas se cantonner aux classiques.
Mais surtout, je pense que comme pour toute transmission, il faut que ça soit fait avec passion. On a tous eu des profs passionnés qui nous ont fait nous intéresser à des matières ou des sujets dont on avait à priori rien à battre. La passion est communicative, ou au moins, elle éveille l'intérêt.
Car le truc essentiel, c'est de transmettre aux mômes le plaisir de la lecture, comment elle nous ouvre des univers, comment elle nous fait voyager, comment elle nous sort de notre quotidien, etc.
Pour ça aussi, il faut sortir de la vision scolaire, c'est à dire qu'il y a UN savoir qui te vaut une bonne note s'il est acquis et une mauvaise sinon.
Par exemple, quand un prof demande "que veut dire le personnage quand il déclare telle chose à Untel", qu'un môme répond et que le prof dit "non, c'est pas ça, la bonne réponse est", c'est une négation de la littérature et de l'art en général qui implique l'interprétation propre à chaque lecteur. Le prof doit alors demander au lecteur d'expliquer sa perception, puis peut donner d'autres interprétations possibles, d'autres "lectures" qui existent sans pour autant spécifier qu'il y en a une "juste" et une "fausse". Le môme sera assez intelligent pour faire le tri.
cyar
que veut dire le personnage quand il déclare telle chose à Untel", qu'un môme répond et que le prof dit "non, c'est pas ça, la bonne réponse est",
Tiens, tu as eu le même prof de Philo que moi?
[ Dernière édition du message le 13/06/2017 à 11:21:09 ]
oryjen
Plus que l'interprétation d'un texte littéraire, qui vit de l'impact qu'il provoque sur diverses subjectivités, la philo est une sorte de démarche "scientifique" dans laquelle l'articulation correcte et ordonnée des concepts est difficilement négociable.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
cyar
oryjen
= bourrage de crânes inutile.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
quantat
Citation de : oryjen
Tu as raison. Cependant le débat philosophique repose sur un ensemble de techniques que les élèves devraient acquérir en premier lieu. Or on constate hélas que l'enseignement de la philo se confond quasiment, la plupart du temps, avec l'histoire de la philosophie.
= bourrage de crânes inutile.
même pas (c'est d'ailleurs interdit par les inspecteurs) ...: la plupart du temps chaque chapitre est juste une dissertation personnelle (?) sur une notion du programme ... sans les explications nécessaires
= bourrage de crâne néfaste
oryjen
Tu fais bien de me le dire, Fiston passe le bac dans 2 ans... S'agirait pas que je l'enduise d'erreurs....
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
cyar
Tu as raison. Cependant le débat philosophique repose sur un ensemble de techniques que les élèves devraient acquérir en premier lieu. Or on constate hélas que l'enseignement de la philo se confond quasiment, la plupart du temps, avec l'histoire de la philosophie.
= bourrage de crânes inutile.
+1, je l'ai vécu exactement comme ça. Je sais pas comment c'est maintenant, vu que c'était il y a 25 ans pour moi.
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