Pour ceux qui défendent la démocratie et ceux qui la questionnent.
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anton.
Sujet qui découle du sujet sur Dieudonné. Il faut entendre ici démocratie au sens moderne avec ses corollaires: libéralisme, laïcité, capitalisme, etc...
J'ajouterai d'ici peu quelques citations issu de La crise du monde moderne de Guénon qui aborde cette question.
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Rifki
Il y a bien des sociétés dites "primitives" qui vivent en parfaite harmonie sans se carrer du texte sacré.
anton.
Quelques citations issues de La crise du monde moderne de René Guénon. Je te le conseille fortement Rifki.
Citation :
Il est trop évident que le peuple ne peut conférer un pouvoir qu’il ne possède pas lui-même ; le pouvoir véritable ne peut venir que d’en haut, et c’est pourquoi, disons-le en passant, il ne peut être légitimé que par la sanction de quelque chose de supérieur à l’ordre social, c’est-à-dire d’une autorité spirituelle ; s’il en est autrement, ce n’est plus qu’une contrefaçon de pouvoir, un état de fait qui est injustifiable par défaut de principe, et où il ne peut y avoir que désordre et confusion. Ce renversement de toute hiérarchie commence dès que le pouvoir temporel veut se rendre indépendant de l’autorité spirituelle, puis se la subordonner en prétendant la faire servir à des fins politiques ; il y a là une première usurpation qui ouvre la voie à toutes les autres, et l’on pourrait ainsi montrer que, par exemple, la royauté française, depuis le XIVe siècle, a travaillé elle-même inconsciemment à préparer la Révolution qui devait la renverser
Citation :
Si l’on définit la « démocratie » comme le gouvernement du peuple par lui-même, c’est là une véritable impossibilité, une chose qui ne peut pas même avoir une simple existence de fait, pas plus à notre époque qu’à n’importe quelle autre ; il ne faut pas se laisser duper par les mots, et il est contradictoire d’admettre que les mêmes hommes puissent être à la fois gouvernants et gouvernés, parce que, pour employer le langage aristotélicien, un même être ne peut être « en acte » et « en puissance » en même temps et sous le même rapport. Il y a là une relation qui suppose nécessairement deux termes en présence : il ne pourrait y avoir de gouvernés s’il n’y avait aussi des gouvernants, fussent-ils illégitimes et sans autre droit au
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pouvoir que celui qu’ils se sont attribué eux-mêmes ; mais la grande habileté des dirigeants, dans le monde moderne, est de faire croire au peuple qu’il se gouverne lui-même ; et le peuple se laisse persuader d’autant plus volontiers qu’il en est flatté et que d’ailleurs il est incapable de réfléchir assez pour voir ce qu’il y a là d’impossible. C’est pour créer cette illusion qu’on a inventé le « suffrage universel » : c’est l’opinion de la majorité qui est supposée faire la loi ; mais ce dont on ne s’aperçoit pas, c’est que l’opinion est quelque chose que l’on peut très facilement diriger et modifier ; on peut toujours, à l’aide de suggestions appropriées, y provoquer des courants allant dans tel ou tel sens déterminé ; nous ne savons plus qui a parlé de « fabriquer l’opinion », et cette expression est tout à fait juste, bien qu’il faille dire, d’ailleurs, que ce ne sont pas toujours les dirigeants apparents qui ont en réalité à leur disposition les moyens nécessaires pour obtenir ce résultat. Cette dernière remarque donne sans doute la raison pour laquelle l’incompétence des politiciens les plus « en vue » semble n’avoir qu’une importance très relative ; mais, comme il ne s’agit pas ici de démonter les rouages de ce qu’on pourrait appeler la « machine à gouverner », nous nous bornerons à signaler que cette incompétence même offre l’avantage d’entretenir l’illusion dont nous venons de parler : c’est seulement dans ces conditions, en effet, que les politiciens en question peuvent apparaître comme l’émanation de la majorité, étant ainsi à son image, car la majorité, sur n’importe quel sujet qu’elle soit appelée à donner son avis, est toujours constituée par les incompétents, dont le nombre est incomparablement plus grand que celui des hommes qui sont capables de se prononcer en parfaite connaissance de cause.
Citation :
Le défaut le plus visible, c’est celui-là même que nous indiquions à l’instant : l’avis de la majorité ne peut être que l’expression de l’incompétence, que celle-ci résulte d’ailleurs du manque d’intelligence ou de l’ignorance pure et simple ; on pourrait faire intervenir à ce propos certaines observations de « psychologie collective », et rappeler notamment ce fait assez connu que, dans une foule, l’ensemble des réactions mentales qui se produisent entre les individus composants aboutit à la formation d’une sorte de résultante qui est, non pas même au niveau de la moyenne, mais à celui des éléments les plus inférieurs. Il y aurait lieu aussi de faire remarquer, d’autre part, comment certains philosophes modernes ont voulu transporter dans l’ordre intellectuel la théorie « démocratique » qui fait prévaloir l’avis de la majorité, en faisant de ce qu’ils appellent le « consentement universel » un prétendu « critérium de la vérité » : en supposant même qu’il y ait effectivement une question sur laquelle tous les hommes soient d’accord, cet accord ne prouverait rien par lui-même ; mais, en outre, si cette unanimité existait vraiment, ce qui est d’autant plus douteux qu’il y a toujours beaucoup d’hommes qui n’ont aucune opinion sur une question quelconque et qui ne se la sont même jamais posée, il serait en tout cas impossible de la constater en fait, de sorte que ce qu’on invoque en faveur
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d’une opinion et comme signe de sa vérité se réduit à n’être que le consentement du plus grand nombre, et encore en se bornant à un milieu forcément très limité dans l’espace et dans le temps. Dans ce domaine, il apparaît encore plus clairement que la théorie manque de base, parce qu’il est plus facile de s’y soustraire à l’influence du sentiment, qui au contraire entre en jeu presque inévitablement lorsqu’il s’agit du domaine politique ; et c’est cette influence qui est un des principaux obstacles à la compréhension de certaines choses, même chez ceux qui auraient par ailleurs une capacité intellectuelle très largement suffisante pour parvenir sans peine à cette compréhension ; les impulsions émotives empêchent la réflexion, et c’est une des plus vulgaires habiletés de la politique que celle qui consiste à tirer parti de cette incompatibilité.
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[ Dernière édition du message le 04/12/2013 à 22:10:39 ]
El Migo
Je tire la chasse et déflague. On ne va nulle part.
Tcho
anton.
Non du tout, lis bien tu verras que c'est loin de ce que tu en dis.
J'ai d'autres citations si tu veux.
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oryjen
A mon avis le problème actuel n'est pas le gouvernement plus ou moins possible du peuple par lui-même, mais le gouvernement de tous par quelques-uns.
Ces quelques-uns là ne sont pas désignés par la communauté selon leur capacité connue à résoudre les problèmes collectifs, ils sont candidats. Ils sont donc élus sur la base de professions de foi, promesses et déclarations d'intention que, selon le code électoral lui-même, ils ne sont pas tenus de respecter.
D'ailleurs l'histoire des 40 dernières années aurait dû nous montrer depuis longtemps qu'aucun des problèmes importants dont la société souffre n'a été résolu par ces sempiternels candidats.
Il nous faut donc nous demander à quoi ils sont tous si fortement candidats.
Comment ont-ils acquis le privilège exorbitant de parler à la place de leurs semblables?
Par quel tour de passe-passe amène-t-on un individu à accepter de renoncer à la parole par le biais d'un acte qui ne doit qu'au mutisme?
On aura peut-être ici diverses réponses à ces trois questions... Pour moi, celles que j'envisage dessinent un régime qui doit bien davantage à des restes tenaces de monarchie que ne serait-ce qu'au texte même de la constitution républicaine dans ce qu'il a de plus fondateur.
Où est la fraternité (quand les manoeuvres des partis pour conquérir le pouvoir ne font rien d'autre que mettre en scène de façon permanente la défiance de chacun envers tous)?
Où est l'égalité (quand seule une aristocratie oligarchique issue des partis constitués dispose de la possibilité d'expression dans les instances décisionnelles)?
J'ai le sentiment que nous attendons toujours cette fameuse démocratie, dont la Constituante devait soi-disant accoucher en 93, et qui est pourtant décrite en principe dans nos textes "sacrés".
Le régime actuel est plutôt une sorte d'oligarchie balbutiante.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 04/12/2013 à 22:40:35 ]
Rifki
Quelques citations issues de La crise du monde moderne de René Guénon. Je te le conseille Rifki
Désolé de te vexer mais ça me fait penser à des propos de témoins de Jéhovah du genre on ne fait pas de transfusion sanguine pour ses propres enfants car le sang des autres est impur. En gros il faut obéir à l'au delà sans trop se poser de questions. Mais alors pourquoi sommes nous dotés d'une conscience et d'un esprit d'analyse.
Je préfère me confronter à la réalité que d'être initié par des livres. Je t'encourage sincèrement à voyager, faire des rencontres et surtout contempler la beauté du monde
anton.
Citation :
On aura peut-être ici diverses réponses à ces trois questions... Pour moi, celles que j'envisage dessinent un régime qui doit bien davantage à des restes tenaces de monarchie que ne serait-ce qu'au texte même de la constitution républicaine dans ce qu'il a de plus fondateur.
Tout à fait. Pour moi c'est clair une caste encore plus décadente en a simplement remplacé une autre.
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Anonyme
j'ai plus simple : la démocratie existe t-elle en France (ou n'importe où ailleurs, finalement), quand des milliers de gens sont à la rue ?
anton.
Rifki> Je comprends pas trop le rapport, ces citations sont très rationnelles. Et Guénon est de ceux qui a fermement condamné toute parodie religieuse dans deux de ses livres. Enfin. Merci quand même de tes conseils quoique condescendants.
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