Le Pub de l'Amérique Latine
- 1 136 réponses
- 45 participants
- 50 769 vues
- 30 followers

Anonyme

Si comme moi vous adorez ce continent, êtes fascinés par ses cultures, sa géographie. Son football, sa musique, sa littérature, sa politique actuelle ou passée. Que vous la connaissiez ou non, que vous l'aimiez ou la détestiez.
N'hésitez pas à poster, même si c'est pour en dire pis que pendre...
Venez nous faire partager vos expériences de voyage, du Rio Grande au Cap Horn, en passant par le Sertao brésilien ou les cordillères.
Des sierras mexicaines au canal de Panama. Le sujet est aussi vaste que ce continent, et peut être aussi passionnant.
Si ça vous chante d'y aller, il se trouvera bien un Afien pour vous filer quelques tuyaux...
Bienvenue.

Anonyme


J'ai vécu Todos Santos à Zunil en 96...
J'ai souvenir des concours de cerfs volants, des tombes croulant sous les feuilles, des mecs ivres jusqu'au coma...
Edit, je suis en train de finir le bouquin de Rigoberta Menchù, tu l'as lu, si oui, t'en penses quoi ?
Pour les diapos t'as aussi les petites visionneuses. Pratique. J'ai encore des centaines de diapos de voyage, merci pour le tuyau de la numérisation.
Vicki, j'aime bien la vue du Corcovado.
[ Dernière édition du message le 04/02/2017 à 22:44:21 ]

Dr Pouet



El Migo

Tex > Non, pas lu le bouquin de Rigoberta Menchù, en fait j'ai pas lu grand chose sur l'Amérique latine, à part quelques classiques.

Vickibaum

Pour les diapos t'as aussi les petites visionneuses. Pratique. J'ai encore des centaines de diapos de voyage, merci pour le tuyau de la numérisation.
Vicki, j'aime bien la vue du Corcovado.
Tu passes à la maison prendre le scan avec le porte diapos, on boit une mousse et tu repars avec, tu me le rapportes quand t'as fini.
Un guitariste et sa guitare c'est parfois la rencontre de deux manches.
Quand on a rien a dire on peut toujours le dire en chantant !

Anonyme

Une de mes photos préférées. Une des 10 dont je suis assez fier, et c'est au Guatemala. Mais je suis le seul à la trouver bien. De mémoire, à Chichi.
Retour à Zunil, Todos Santos:
Faudra que je scanne le tirage 30x40.
Le Peten, à part Tikal et Flores/San Benito je ne connais que la frontière fluviale depuis Palenque jusqu'à Flores. Je suis preneur pour les découvertes.

Edit, le temps que j'écrive mon post et Y'a Vicki qu'en rajoute, c'est plus animé ici que sur "dénigre"...

Merci Vicki, c'est pas tombé sous le regard d'un muet.

Pour l'instant je me consacre en priorité à l'Amérique Latine mais je n'oublie pas quand j'attaque les diapos.

En allant sur le Pub de la photo, je ressors l'APN, ici, je me remets à scanner... Et si j'étais vraiment courageux je mettrais ici une partie d'un très long texte écrit entre Mexico et Guatemala. A l'origine une grosse trentaine de pages, je n'en retrouve plus que 8 ou 9 pages, un trajet en bus entre La Mesilla (frontière Guatemala-Mexico) et Huehuetenango. Merde... ça me donne aussi envie de me remettre à l'écriture.
Et si je passais plus de temps sur les fofos basse...


stratvinc

j'adore cette photo
quand je suis allé sur Taquile j'ai également fait une photo (enfin mon épouse en fait) ou je suis avec une petite fille qui avait ce genre de regard face à l'objectif
bon comme je suis sur la photo j'suis pas trop chaud pour la poster

je regrette souvent de ne pas faire comme toi Tex
noter mes impressions et mes voyages au fur et à mesure
en fait je profite à 200% quand je suis sur place et après il me reste mes souvenirs
comme les photos passent en permanence en écran de veille sur mon Pc ils restent très vivaces
mais il est vrai que les souvenirs ont tendance avec le temps à s'éloigner de la réalité en bien ou en mal d'ailleurs
Guitariste un jour ,Guitariste toujours
je confirme il avait bien une putain de strat avec un putain de son !
[ Dernière édition du message le 05/02/2017 à 10:45:53 ]

Vickibaum

Un guitariste et sa guitare c'est parfois la rencontre de deux manches.
Quand on a rien a dire on peut toujours le dire en chantant !

Anonyme



Anonyme


El Migo, quand tu étais au Guatemala, c'était pour bosser ? Tu veux pas nous raconter un peu ? Vers 78-80 et un peu plus tard (sous la présidence du psychopathe Rios Montt), le pays traverse la période la plus sanguinaire de son histoire post-coloniale. Ce qui m'a toujours étonné c'est que dans les 70's on parlait souvent du Salvador (assassinat de Mgr Romero, l'archevêque rouge de San Salvador), du Nicaragua et de la guerre entre somozistes et Sandinistes, du Chili et de Pinochet, de l'Argentine de Videla et des Mères de la place de Mai mais jamais du Guatemala, alors que la répression y a fait beaucoup plus de morts que dans tous les autres pays déjà cités réunis... Là bas la répression y a été si féroce que pas mal de militaires sont passés pas loin de l'inculpation de génocide. C'est triste mais je pense que l'origine ethnique des victimes, pour la plupart indigènes, n'est pas pour rien dans ce silence de la presse de l'époque. Je n'ai su qu'il y a 20 ans qu'en 79 l'ambassade d'Espagne après avoir été envahie pacifiquement par des paysans indigènes (dont le père de Menchù) fut rasée incendiée par l'armée guatémaltèque, pas de survivants ou alors exécutés après torture suite à l'assaut... L'Espagne était prête à accueillir les manifestants, et elle n'a jamais demandé l'intervention de l'armée... Pas souvenir de cet évènement à la radio ou à la télé et pas grand chose dans la presse écrite, du moins pas en une.
[ Dernière édition du message le 05/02/2017 à 17:47:12 ]

Vickibaum

Tu prends une cuite et hop te revoilà parti redescendant le Rio Parana. "Matelot Hénault Lucien, veuillez armer la jonque, on appareille dans cinq minutes..."

Un guitariste et sa guitare c'est parfois la rencontre de deux manches.
Quand on a rien a dire on peut toujours le dire en chantant !

El Migo

L'époque était violente, on retrouvait des cadavres d'opposants tous les matins dans les rues. En tant qu'étranger je n'ai jamais été inquiété ni menacé. L'ambassade de France jouait un rôle assez trouble dont je n'ai jamais compris les rouages, mais c'était pas très sain on va dire. Les principales victimes étaient les indiens. Dès qu'ils s'organisaient en coopérative avec l'aide d'une guérilla plus idéologique que militaire, les villages étaient attaqués et les habitants massacrés. J'avais un pote qui aidait à la coopérative de Xiquin Sanai dont tous les habitants ont été assassinés, plus de 1000 ont dit les journaux. Mon pote a quitté le pays juste après et je ne l'ai jamais revu. Bien entendu tout ça était sponsorisé en sous-main par les USA qui soutenaient Lucas et avaient d'autres projets agricoles pour le pays.
J'ai passé l'essentiel de mon temps dans le Petén où mon pote et moi nous sommes liés d'amitié avec des "chicleros" , les habitants de la forêt qui saignent les sapotilliers pour en recueillir la gomme base pendant la saison humide, et se transforment en "ruineros" à la saison sèche, pillant les sépultures précolombiennes qui grouillent dans la forêt que les gars connaissent comme leur poche. J'ai des photos assez chouettes de tout ça, faut juste que je remette la main dessus !
D'autres souvenirs me reviendront quand je pourrai visionner mes vieilles photos.

Anonyme

Comme touriste j'ai plus des impressions que des analyses... Une séparation invisible mais très présente entre indiens et ladinos ou blancs. Dans les bus, rares étaient les indiens qui osaient s'asseoir à côté de nous. Apartheid invisible, non dit ? Il fallait qu'à chaque fois nous leur disions que ça ne nous gênait pas. Je n'ai jamais ressenti ça au Pérou, en Bolivie ou en Equateur, les autres pays très indianisés. Dans une église d'un des villages du lac Atitlan non recommandés aux touristes, une stèle à la mémoire d'un prêtre américain assassiné par l'armée... son tort, avoir voulu protéger les populations indiennes, bref, encore un coco...
Sinon, je viens de finir le bouquin de Rigoberta Menchù. La première partie explique les coutumes et traditions des Quiches. Très intéressant. La deuxième partie se focalise sirtout sur les combats politiques menés par sa famille, les massacres de ses parents et d'un de ses frères. Beaucoup plus politique. Pas mal de "contradictions" dans ses propos. A la fois elle refuse en partie l'éducation "espagnole" pour ne pas se faire voler ses traditions et secrets et se plaint aussi que cet isolement éducatif laisse les indiens en dehors de la vie publique du pays... Tout ça n'a fait que confirmer ce que j'avais pu ressentir en tant que touriste.
Une phrase m'a beaucoup marqué dans son livre. Elle parle de la défaite de 1954... Le mot défaite. Pour signifier le coup d'état réussi contre Jacobo Arbenz Guzman. Pour tous les indiens, les progressistes, les paysans 1954 est la fin du rêve, de la démocratie. 1954, c'est vraiment une cassure. Comme les chiliens, 1973 et Pinochet.
L'histoire du Guatemala, si on n'est pas d'extrême droite, c'est d'un déprimant, de la colonisation à nos jours.
Allez pour se détendre un peu.
Lac Atitlan, les porteuses d'eau, pour bien comprendre, reculez un peu...


Anonyme


1. Mexique
2. Mexique. C'est pas la tête d'un conquistador au bout d'une pique...

3. Mexique
4. Guatemala
Edit, suite à une très grosse MàJ de mon ordi et à l'achat d'un logiciel de retouche performant, je scanne des vieilleries que j'avais laissé de côté. Je dis pas que l'intérêt est saisissant mais bon, c'est fait là bas...

[ Dernière édition du message le 08/04/2017 à 18:27:57 ]

Anonyme

1. Guatemala. Noël 96 à la plage, ambiance popu locale.
2. Guatemala, au même endroit que la 4 du post précédent.
3. Guatemala
4. Guatemala
5. Guatemala
La 4, j'exposais cette photo sur mon lieu de travail, une cafétéria d'hôpital. Un type arrive, regarde les photos, me montre la 4 et me dit "c'est où en Amérique Latine ?". "Guatemala, à Flores". "Elles sont sympas vos photos, elles me plaisent bien. Je suis argentin... et photographe, ça me cause". Il s'appelait Jorge, c'est devenu un ami, hélas il est mort quelques années plus tard. Longues discussions avec lui, la rencontre de Benigno, compagnon de légende du Che.
La 5, je voulais absolument faire un cliché du bordel poussiéreux citadin au Guatemala, avec le bus qui passe, toussa... Je me promène à San Benito, à côté de Flores, le bus passe, la poussière, le cycliste, les enseignes déglinguées, j'ai shooté, dans la boite. Voilà, c'est juste la vie ordinaire d'une ville là bas. Comme j'aime.
[ Dernière édition du message le 09/04/2017 à 10:02:46 ]

dana12


Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

Anonyme


Gros plaiz'auto, je viens de retrouver une bonne partie des textes écrits au cours de mes voyages en Amérique Latine... Je pensais avoir perdu la moitié de celui consacré à un trajet entre Mexico et le Guatemala, retrouvé entier, j'en sais encore rien. Y'a plus qu'à trier des dizaines de feuilles non numérotées...
Je crois que je vais vraiment m'y mettre.


Fanou83

Merci Dana.
Gros plaiz'auto, je viens de retrouver une bonne partie des textes écrits au cours de mes voyages en Amérique Latine... Je pensais avoir perdu la moitié de celui consacré à un trajet entre Mexico et le Guatemala, retrouvé entier, j'en sais encore rien. Y'a plus qu'à trier des dizaines de feuilles non numérotées...
Je crois que je vais vraiment m'y mettre.
Fait un livre

Anonyme

Je sais bien qu'aujourd'hui n'importe quel crétin, animateur obscur de TV, footeux, comique de troisième zone, écrit ses mémoires mais quand même... J'aime trop la littérature pour oser prétendre "écrire" un "livre". Je me contente d'AF, ça plait aux potes forumeurs comme ça a plu à ceux à qui j'envoyais des mails. Ça vous fait marrer, c'est sans prétention, ça suffit à ma modestie. Voilà.
Et ce que j'ai en tête pour être à peu près correct est tellement énorme que je ne sais par quel bout commencer.
Mélange de photos, histoire perso de voyages et anecdotes historiques.

Fanou83

Montre et Raconte tout ça à un ecrivain public qui saura mettre ça en valeur. Tu en fais un livre avec joli texte et jolis photos, en 5 exemplaires, que tu donneras à tes enfants et petits enfants en leur disant : voila une partie de ma vie.
C'est le genre de livre qui peut rester des générations entieres dans la famille. L'image d'un homme, témoin d'une vie, d'un pays, d'une époque, ...
Ça peut être très interressant

Anonyme

C'est mon 2ème voyage en Amérique Latine, accompagné d'un pote (possesseur d'une sublime TeleCaster St Blues...), notre but, Mexico-Guatemala Ciudad, en 4 semaines.
Je recopie brut de brut. Je n'ai aujourd'hui changé que quelques virgules. Tout ça fut écrit au fur et à mesure du voyage. C'est pas terrible mais ça me donne une bonne matière brute, y'aurait plein de choses à rajouter, à retirer, ça me fait remonter la souvenance de recopier ça.
Je vous mets le texte d'origine en HS, pour le dissocier clairement. Pages 1 à 7 du manuscrit qui en compte 30.
J'ai battu oryjen là, non ?

Bon courage...

"Salut,
Mexico, 8h45.
Ça fait 7 heures de plus à Paris. 11h d'avion. A se tortiller dans tous les sens parce que les compagnies rentabilisent en resserrant les sièges... en zone non fumeur. 2 clopes en 11 heures. L'exploit de l'année. Et je gigote. Impossible de trouver une position confortable. Le torticolis n'arrange rien. J'enrage tout seul. De mon siège, vue imprenable sur les chiottes de l'avion. Dés le premier repas fini c'est la ruée. On fait la queue aux chiottes. Tant mieux, je passe le temps en observant ce petit monde. Touristique, familial. On reconnait les Mexicains... métissage, tronches bronzées. Habillés endimanchés avec la croix en évidence. Et le temps passe lentement... Sur les écrans de l'avion on suit notre progression, les noms commencent à sentir l'exotisme. New York, Miami, Santiago de Cuba, Cancun. Mexico. Il est temps qu'on arrive, 11h assis... Je ne dors que par épisodes d'un 1/4 d'heure. J'ai le bide explosé. Envie de chier chronique, et dire que c'est même pas encore la turista. On a eu droit à 2 heures de divertissement. Independance Day, navet américain. J'ai pas mis le casque pour écouter. Mais tout compris. Nationalisme, grands sentiments, héroïsme, envoyez la musique.
Arrivée imminente sur Mexico. De nuit. Des lumières partout, j'impatiente. 11 mois d'attente, j'y suis presque. On atterrit. Gros coup de frein. Et gros coup de gueule de l'hôtesse, si mignonne, devant le refus des passagers d'attendre "l'immobilisation complète de l'appareil"...
Putain, j'y suis. On débarque. Formalités douanières, fouille partielle des bagages. Aucune angoisse, j'ai plutôt l'impression de revenir à la maison. Ambiance bordélique, bruyante. Je me dirige comme si j'étais un habitué des lieux, sortie de la douane, direction le bureau de change. Je fais tout sans hésitation. On chope un taxi, un vieil engin japonais, déglingué, aux amortisseurs en deuil. Mexico la nuit, larges avenues, publicités murales, gyrophares des flics, circulation bordélique et fluide. La nuit cache la misère. Quelques lumières ça et là, le chauffeur engage la conversation.
- C'est la première fois que vous venez ?
- Non la deuxième.
-Vous venez d'où ?
-Paris, France.
Rien ne nous semble étranger. Y compris cette sale odeur d'essence mal raffinée. Hôtel 4 étoiles. Pas loin du centre ville. Faut ce qu'il faut, et le tacos va toucher sa com pour nous avoir envoyé ici... Il doit être 20h heure locale. Bonne nuit les petits.
1ère journée à Mexico. Ah... la bonne odeur de pollution, obligé de cracher, tousser, c'est pour quand l'asphyxie ? Paseo de la Reforma. Les Champs Elysées locaux. Mélange de buildings flambants neufs. Tout acier et verre. Sièges sociaux des principales banques mexicaines. Au pied de chaque immeuble, des gardes armés. Fusils à pompe, pistolets, mitraillettes, tout l'arsenal des armes de poing y passe. Pauvres gardes, certains sont presque plus petits que leurs flingues. Tut, tut, ça klaxonne. Les minibus sont pleins à craquer. Les bagnoles, des épaves, le dernier modèle de chez Ford, çui là connait pas la crise. Des ricaines des 70's. A chaque feu des gosses en guenilles proposent de laver les pare brises. Ou jonglent. Avec sur la tête le masque de l'ancien président Salinas de Gortari, aujourd'hui en fuite en Irlande, avec quelques milliards en poche...
Les parents regardent leurs gosses, le mirage de la ville. Qu'espèrent-ils encore ? 10 pesos ? La fortune ? Et le dernier modèle de chez Ford s'enfonce dans les entrailles d'un building, verre et acier, salué par un minuscule garde armé d'un énorme fusil. Entre chaque building, les restes de "vieux" immeubles des 70's, abandonnés après le séisme de 1985. Tut Tut, ça klaxonne, et ça pue toujours. Après quelques kilomètres sur le Paseo de la Reforma, le parc de Chapultepec. Enfin, un peu de vert. Ras le bol de cracher mes poumons. Crachats de gasoil. On va s'instructer. Musée archéologique. Tout de la naissance de l'homme jusqu'aux civilisations précolombiennes. On est là aussi pour apprendre, non ? Un masque de jade, putain, fabuleux. Des tronches sculptées, toltèques, olmèques, zapotèques, Teotihuacan. Pis les aztèques, les mayas... ah, les mayas, les plus raffinés, un sens de la sculpture... Le musée ? Bien pour mon égo. Avec mes yeux bleus, j'fais pire que Bruel. C'est plein de groupes scolaires, toutes les ados craquent pour ma gueule. Qui l'eut crû ? Pas possible, 100 fois 1000 fois je dis holà, hello. J'avais jamais remarqué que j'étais si beau... Vite je chope un rayon de soleil dans la cour du musée, oh les filles, matez un peu ce que ça donne. Ça vous impressionne, hein ? Et si je m'installais à Mexico pour donner des cours de langue, en français ou fourrée...
Mexico by night.
Sur le trottoir, des échoppes éclairées d'une simple loupiote. Rêves de consommation. Sur chaque stand chacun à son poste de radio, à fond. Ca gueule. Une musique mexicaine passée à la moulinette synthé-batterie. Paroles au choix, romances bidons, joyeux noël. Presque on les sent prêts à éclater les postes, le son à fond, distorsion. Faut attirer le chaland, bric à brac. Tout au made in Hong Kong, China... La société de consommation pour quelques pesos. Guirlandes lumineuses, briquets, jouets à la con, petites voitures, presses purée à pédale, clopes, cassettes audio-vidéo, authentiques fausses Ray Ban, attirail de rockers locaux, ceintures cloutées. Photos de pin-up connasses ou stars à la con. Calendrier de la pétasse locale pour 97. Gonflée au silicone. Les baraques en face des échoppes, bouffe. Huiles grasses, ça frit, ça bouillonne, ça pue le graillon. Tortillas, tapas. Quincaillerie, peinture, jantes, tout pour la voiture. Tas de casseroles, cocottes, poêles à frire.
Sur le trottoir un vendeur propose sa dernière cocotte, 40 pesos. Une mex flashe dessus, elle agrippe son Julio. Emballé, c'est pesé. C'était la dernière cocotte. Partie en 10 secondes, joyeux noël, chérie. J'achète, je vends, ça grouille de partout. Ca regarde, se laisse éblouir par le clinquant, c'est bientôt Noël...
Une salle de billard. Populaire. Eclairée à fond par des rangées de néons. Ici pas de bonnes femmes. Je jette un oeil, on se ferait bien un billard. Ca n'a pas l'air de plaire, pas bienvenus les gringos, 50 paires d'yeux tendance mitraillette braquées sur nos tronches... On se casse, dodo.
Manif à Mexico.
Une rue perpendiculaire au Paseo. J'aperçois un attroupement. Drapeaux rouges, slogans. Réflexe, je fonce. Une rue sale, odeurs mélangées de bouffe, pourriture, gasoil.Des centaines de femmes, quelques hommes, et des banderoles. Qui réclament la fin de la répression au Chiapas. Chouette, ça sent la révolution. Je sortirais bien mon appareil mais avec ma gueule de Yankee, j'ose pas. A peine arrivé, ça y est, me v'là embringué dans la politique locale. Au début de la manif, le grand classique, une rangée de flics, casqués, armés et boucliés. Alors, ça va péter ou pas ? Non, y'a trop de femmes et d'enfants. J'entame la discussion avec un mexicain, le triste baratin habituel. Ils crèvent la dalle, se ramassent les balles, et ça leur plait pas aux pauvres... J'apprends quand même que leur salaire journalier est de 20 pesos, soit 14 francs... Le litre de lait à 4 pesos, le kil de bidoche à 40, faites le calcul. Un hélico tourne au dessus de nos têtes, les infos de 21h me dit mon pote mexicain. Boum... des coups de feu claquent. Charge des flics ? Un p'tit assassinat dans une ruelle ? Quedale, quelques étudiants lancent des pétards, ce soir y'a la grande finale de foot américain universitaire, retransmise après les infos de 21h...
Et les femmes et les enfants continuent d'entonner leurs slogans. Des phrases entières reprises en choeur. Avec le sourire, toujours le sourire. Ainsi vont les manifestations dans cette dictature molle qu'est le Mexique.
Fanou, non, j'aime trop écrire pour confier ces pages à quelqu'un en vue d'une ré-écriture. Je finirai peut être à 90 piges mais je le ferai moi même.

Anonyme

Je ne mets pas en HS, trop chiant le jaune sur fond bleu.
Chapitre 2
Los murales.
Ca c'est une spécialité mexicaine. Les fresques. Avec ses chefs de file, Rivera, Orozco, Siqueiros, et le moins connu Tamayo. On les trouve même au musée d'art moderne de New York. Ça consiste en quoi ? Raconter l'histoire du Mexique, des civilisations précolombiennes à nos jours. Avec une nette préférence pour la révolution de 1910, la Conquista et la politique, pourvu que ce soit de gauche... A chacun son style, Rivera en naïf. Orozco et Siqueiros, ça pète de tous les côtés, explosions de couleurs. Des corps déchiquetés, des curés aux gueules de porcs, des capitalistes baveux, des conquistadores sanguinaires. Et toujours Zapata, très digne. Ici pas une mairie, pas un bâtiment public qui n'ait pas sa fresque. Ca se lit, regarde, admire comme une BD. Un coup d'oeil en haut, un aztèque se fait découper en rondelles par Cortes. L'assassinat de Cuautemoc, dernier empereur Aztèque, l'expédition dans les Hibueras à la recherche du traitre Cristobal de Olid. Un peu plus bas, même fresque, Zapata lit sa réforme agraire. Ah si... y'a toujours aussi Benito Juarez quelque part. Le promoteur de la constitution de 1857, école publique obligatoire, victoire contre les français envoyés par Napoléon III pour soutenir Maximilien d'Autriche dans son envie de conquête du Mexique. Renversé trop tôt Benito mais toujours une idole du peuple mexicain. Il était indien de surcroît. Les fresques, des machines broyeuses d'hommes, ça c'est Orozco, élève de Fernand Léger. Coup d'oeil à gauche, Marx, Trotski et Lénine. Qu'est ce qu'il fout là le camarade Léon ? Buté à Mexico en 40 par Ramon Mercader, agent de Staline. Qu'était un pote de Rivera. Trotski, pas Staline. Et aussi peut être un peu l'amant de Frida Kahlo, Trotski...
Faut regarder partout. Et ça ? Ça y est, j'y suis, pompé sur la marseillaise de Rude. En plus pulpeuse. A la place du drapeau la dame tient une énorme mitrailleuse. Autour d'elle, des corps déchiquetés. C'est ça la révolution, pis les couleurs qui pètent, toujours. Je suis éclaboussé, rouge, vert, jaune. Merci Orozco. Je retourne faire un tour chez Rivera, images idylliques, à part quelques sacrifices et guerres fleuries, d'avant les espagnols. Après ce sera les maladies et le catholicisme...
L'avenue se vide. Plus que quelques sirènes de flics qui font Starsky et Hutch. Juste une centaine de cars garés sur l'avenue. Des vieux trucs rouillés, polluants, rebuts des 60's amerloques. Que se passe t'il ? Au loin des drapeaux rouges, encore une manif... J'attends, ils arrivent. Je me fous au milieu de l'avenue, je mitraille, pacifiquement, merci Kodak. Et soudain, là, comme ça, ils replient les banderoles, les drapeaux, remontent dans les vieux cars. Ils démarrent. Je me prends un gros nuage de fumée noire dans la gueule. Pas grave, pis c'était la même manif qu'hier.
Un p'tit tour au Zocalo. Le Zocalo, au Mexique, c'est la place principale d'un patelin. Là qu'y a l'église, la mairie, tout ça. C'est rectangulaire et souvent de style colonial. Çui de Mexico est du 16ème siècle. Ce soir c'est fête. Joyeuse ambiance, c'est familial, y'a des orchestres. Musiques et costumes espagnols du 16ème siècle. Les mômes jouent. Avec des ballons, des pétards, mangent des barbapapas. J'reviens ici demain.
Le Zocalo, de jour.
Devant les grilles de la cathédrale, les partis de l'opposition... et même l'EZLN de Marcos. Chouette, des révolutionnaires. J'entame la parlotte. Que je suis français, que les p'tits franchouillards aiment bien Marcos et sa clique d'indiens.
-Mais, dis moi, camarade Zapatiste, c'est qui le guignol à côté de ton stand ?
Ça pue la connerie et l'antisémitisme de seconde zone, le stand nazi local. "Hitler avait raison", "Dehors les juifs".
-T'inquiète pas me dit le militant de l'EZLN, c'est un allumé. Pis c'est pas la couleur ou la religion d'un homme qui fait sa qualité, juste ses actes.
Ah, bien... T'y crois encore, hein papy... Avec ses 50 piges bien sonnées, ses rides, sa dentition en deuil. On le sent un peu pauvre et bien malin. Avec l'envie d'une révolution, au moins des esprits. Que ça change un peu. Toujours la rage. Et combien d'années de militantisme, de syndicalisme derrière toi ? Tu désespères pas malgré les désillusions... L'EZLN, ça te botte, y'a pas de marxisme. Pas trop d'idéologie. Juste le p'tit plus d'intelligence. Et des babioles, éducation, santé...
Pendant ce temps là le Mexique s'enfonce dans la crise.
Boum Boum Tam Tam...
Assourdissant. Une troupe d'indiens de Veracruz danse. 20 minutes. Ça c'est du sport. Avec des clochettes aux pieds et d'énormes coiffes en plumes sur la tronche. 10, 15 kilos les costumes ? Et Boum boum. Un énorme tambour rythme la danse. En avant, en arrière. Lever la jambe gauche. On recule. Lever la jambe droite. Le buste en avant. Les bras en cadence. Le tout sous 30°. Ça sue, transpire. En costume typique. Les touristes sont aux anges, du typique, y'a que ça de vrai... Y'a 2 indiennes, avec des jambes... musclées, bronzées... et les tronches qui vont bien avec les jambes.
Attends. Là je te fais une petite pause... Jusqu'à maintenant j'ai écrit de chambres d'hôtels. Mexico, Huehuetenango, dans les hautes terres guatémaltèques et Ciudad Guatemala. Aujourd'hui, samedi 21 décembre 96. Plage d'Iztapa, à 50 bornes de la frontière du Salvador. Je suis à une table d'hôtel, en plein soleil. Vent chaud, océan aussi. Tu saisis ? Allez, je reprends mon périple. T'as tout suivi ?
Zocalo de Mexico, EZLN, danseuses...
21h30.
On prend un tacot, direction le TAPO... Quoi ? Le terminal des bus pour le sud et l'orient. Broum, Bam, Pouet. Tape cul. Coccinelle jaune. Feux grillés, piétons presque écrasés. 10 pesos. Le TAPO, une grosse soucoupe volante en béton gris. Retournée. On prend un souterrain, et hop, au milieu de la soucoupe. Restos, boutiques de cadeaux. Toujours le made in Hong Kong, China. Choisir sa compagnie de bus. Comme d'hab', la Cristobal Colon. Bus Mercedes, Servicio Plus. Plus cher mais moins de monde. On peut squatter 2 sièges. Départ 23 heures.
Je me colle 2 hamburgers locaux dans le bide. Miam Miam. Pas du Mc Do, du local ! Et je mate, ambiance départ. Un bon paquet de péones rentre. Chargés de cadeaux pour Noël. Sapins en plastique. Guirlandes électriques clignotantes multicolores. Et le rêve, la technologie. Magnétoscopes, chaines Hi-Fi japonaises, le tout emballé dans des cartons, avec écrits dessus oeufs frais, Pepsi. Valises en carton, balluchons saucissonnés à la ficelle. La TV gueule dans la salle d'attente, y passent la tour infernale. Saucissonnée entre les pubs. Les mexicains regardent, étonnés ou septiques ? On annonce le bus d'Oaxaca. Quelques adieux ici et là. Les mêmes sous toutes les latitudes. Bisous, recommandations d'usage. Le bonjour à la famille et aux amis. On est en terre catholique, quelques "dieu vous garde ou bénisse" et autres bondieuseries.

Anonyme


Vickibaum

Décembre 1996.
Fanou, non, j'aime trop écrire pour confier ces pages à quelqu'un en vue d'une ré-écriture. Je finirai peut être à 90 piges mais je le ferai moi même.

Yep, je m'était dis la même chose qu'un jour j'écrirais une histoire fondée sur mon vécu en 10 ans de marine.
Au rythme ou j'écris mes chansons de 20 lignes

90 piges me paraissent raisonnables comme deadline ...

En attendant je te lis et c'est bon.
Un guitariste et sa guitare c'est parfois la rencontre de deux manches.
Quand on a rien a dire on peut toujours le dire en chantant !
[ Dernière édition du message le 10/04/2017 à 19:45:11 ]

Anonyme


Je suis bien content d'avoir commencé à trier, ça me laisse voir où des rajouts d'autres expériences aux mêmes endroits sont bienvenus, les passages à supprimer, toussa... Je vais finir par mixer les écrits de voyages, pour n'en faire qu'un, qui correspond à ce qu'était devenu mon but, la Panaméricaine, de Mexico à la Terre de Feu.

Vickibaum

Le récit vécu intéresse, si on le romance un peu, il fait rêver ...
Un guitariste et sa guitare c'est parfois la rencontre de deux manches.
Quand on a rien a dire on peut toujours le dire en chantant !
- < Liste des sujets
- Charte