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Les psys et les entonnoirs

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Sujet de la discussion Les psys et les entonnoirs
(Sur une idée de maître Jäggi)

Donc pour les infos, débats, questions sur la psychanalyse, psychiatrie, psychologie... C'est ici !
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41
le seul qui n'a pas l'air fou est le patient :oops2:

"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus

42
merci pour cette découverte !
en lien avec la vidéo sur l'errance, je vous propose le bouquin de Declerck : les naufragés - avec les clochards de Paris. on y découvre les pathologies physiques (attention les yeux !) et surtout psychologiques des sans-abri. je recommande très fortement.

[ Dernière édition du message le 14/10/2018 à 17:51:26 ]

43
https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/psychiatrie-en-france-ca-tourne-pas-rond
Bon, les manques de moyens matériels et humains, normalement on connaît/sait.

On entend beaucoup moins parler du fait que les personnes souffrants de troubles psy soufrent également de nombreuses comorbidités, ou encore sont la cible de violences extérieures (de mémoire un schizophrène est 7 fois plus touché par les agressions) sans même parler, "évidemment" d’auto agression.

La psy comme enfant pauvre de la santé : "aujourd'hui on soigne les troubles psy comme on soignait le cancer il y a 20 ans". C'est sévère mais oui : errance diagnostique, connaissances fondamentales imparfaites et thérapeutiques approximatifs comme résultat d'un cruel manque d'investissement ?

- Vous êtes contre tout ce qui a été fait depuis la dernière guerre...
- Vous vous trompez de date. Je suis contre tout ce qui a été fait depuis Adam

44
Citation de Nick :
Citation :
La psychologie ne progresse pas.


Faut pas confondre la psychologie, qui est une science et qui progresse, et la psychanalyse, qui n'est pas une science, qui progresse aussi mais pas toujours dans le bon sens, et qui peut dériver dans le grand n'importe quoi.

Le commun des mortel a tendance à confondre les deux, regroupé sous l'appellation générique "psy". Cette confusion a deux causes:
- une vulgarisation à 0.30 euros, dans des magasines et des sites internet qui mélangent allègrement psychologie, psychanalyse, recherche du bien-être, développement personnel, zénitude d'extrême-orient et jus de litchi bio.
- une origine commune, au tournant du 19ème et du 20ème siècle, suivie d'une séparation lente mais bien réelle.

Même à l'université les deux se mélangent encore. Les guéguerres psycho / psycha se retrouvent dans les discours des profs, suivant leur obédience. Mais, d'après ce que m'ont dit les divers étudiant en psycho de mon entourage, la séparation ne cesse de s'affirmer. Dans l'enseignement, la psychanalyse est en perte de vitesse, parce que ce n'est qu'une pseudo-science.

Ca ne veut pas dire qu'on n'a jamais écrit de conneries en psychologie, mais c'est une activité qui confronte les théories à l'expérience mesurable, on peut en tirer des connaissances solides. En psychanalyse, on ne sera jamais sûr de rien. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut rien en tirer d'intéressant: l'inconscient, les actes manqués par exemple, ça vient de la psychanalyse. Mais on ne peut pas démontrer leur existence, simplement l'accepter communément.
45
Citation de Traumax :
Citation :
simplement l'accepter communément.


Ou pas, hein. :oops2:


Citation de Nick :
Tu as le droit de nier les actes manqués. Tu as le droit de considérer que quand un politique te dit "mon programme, c'est moins de technocratie et plus de bureaucratie", alors qu'il avait écrit dans son speech "moins de technocratie et plus de démocratie", ça n'est révélateur de rien du tout.
En psychanalyse, il n'y a aucune preuve qui permette de dire "OK, les trucs sur l'autisme c'est de la merde, par contre les lapsus révélateurs ça c'est vrai".
46
Citation de kumo :
Il semblerait que l'enseignement universitaire soit en cause selon ce chercheur:

[ Dernière édition du message le 14/05/2019 à 11:23:54 ]

47
Citation :
Ca ne veut pas dire qu'on n'a jamais écrit de conneries en psychologie, mais c'est une activité qui confronte les théories à l'expérience mesurable, on peut en tirer des connaissances solides. En psychanalyse, on ne sera jamais sûr de rien. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut rien en tirer d'intéressant: l'inconscient, les actes manqués par exemple, ça vient de la psychanalyse.


J’ai l’impression que c’est une différence due à un choix de méthode : en psychologie on essaie de faire des expériences pour confirmer ou invalider des hypothèses, en psychanalyse on n’a pas la volonté de faire ces expériences.

Du coup la psychologie relève d’une démarche scientifique, et pas la psychanalyse. La première a donc beaucoup plus de chances de fournir des connaissances fiables.
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Il me semble qu’il y a un truc qui complique les choses : on voit souvent des psychiatres psychanalystes, et plus rarement des psychiatres psychologues.

C’est un peu paradoxal vu que les deux « domaines » qui suivent une méthode scientifique sont la psychiatrie et la psychologie. Ça ne doit pas aider à clarifier la situation.
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Pas eu le temps de tout lire alors flag .... sujet passionnant Mr pouet :bravo:
50
La psychanalyse, ce n'est pas un machin monolithique (Freud, Lacan, Winnicot, Klein, et j'en passe, se différencient sur bien des points, sans compter la neuropsychanalyse, l'ethnopsychanalyse, la psychothérapie institutionnelle, et j'en passe aussi) tout comme la psychologie ne l'est pas non plus (clinique, cognitiviste, béhavioriste, humaniste, expérimentale, sociale, et j'en passe encore).

Au sujet de l'autisme, ce truc sur les mères et l'autisme vient surtout d'un américain, Bruno Bettleheim, aux méthodes et à l'appartenance controversées vis-à-vis de la psychanalyse. De plus, le discours en terme de "faute" ne fait pas partie du vocabulaire psychanalytique, qui n'a que faire de la morale. Soit les psychanalystes qui ont véhiculé ça étaient mauvais, soit c'est aussi quelque chose de véhiculé à dessein par ceux qui prônent d'autres méthodes. Et sur l'autisme, je vois une grande confusion, les critères diagnostiques sont loin d'être stabilisés, pendant longtemps la revendication a été de le reconnaître comme un handicap et maintenant certains en sont à le revendiquer comme une identité. Des recherches historiques récentes et sérieuses ont montré qu'Asperger, qui a donné son nom à un type d'autisme, était nazi et visait à distinguer les autistes récupérables des autres. Et d'ailleurs, à ce sujet, j'ai une copine qui bosse en IMP et qui me confirme que les structures spécialisées pour autistes en grande difficulté se font de plus en plus rares tandis qu'un mouvement au sein de l'autisme prône la désinstitutionnalisation, c'est à dire la fermeture des unités de soin spécialisées (évidemment l'état de la psychiatrie en France et dans le monde n'aide pas...). L'origine génétique de l'autisme est sans doute de nature à rassurer les parents mais elle n'est pas prouvée encore avec certitude que je sache et les psychanalystes qui travaillent avec les autistes, pensent surtout que ceux-ci ont quelque chose à dire et qu'ils peuvent vivre mieux. D'ailleurs, au sujet de la génétique, je viens de découvrir récemment que des chercheurs en sont à chercher à démontrer que l'homosexualité est quelque chose de génétique et d'inné, alors...

Du coup, on tombe sur la question de la science. Freud penchait de ce côté, et disait que peut-être qu'on trouverait une démonstration biologique à ses théories. Certains courants de la psychanalyse cherchent dans cette direction, certains neuro-scientifiques aussi. Eric Kandel, par exemple, prix Nobel de médecine, chercheur en neurosciences considère que la psychanalyse est la théorie la plus aboutie pour rendre compte du psychisme et appelle à plus de liens entre les deux domaines. Certains pensent avoir démontré expérimentalement des mécanismes comme le refoulement. Des études conformes à la médecine fondée sur les faits tendent aussi à montrer une certaine efficacité aux psychothérapies psychanalytiques. Mais en réalité ce n'est pas ce qui intéressait Freud (qui avait pourtant une solide formation en médecine et en neurologie) : il travaillait à partir de ce que lui disaient ses patients, c'est à dire à partir du langage et précisait bien que "la situation analytique ne souffre pas de tiers". Autrement dit, la présence d'un observateur (soit l'idée de vérification expérimentale), empêche le bon déroulement d'une psychanalyse. Pourquoi ? Parce que la psychanalyse met en jeu toute la subjectivité humaine, et que la subjectivité est quelque chose qui dépend de tout un chacun, de la relation de confiance qu'il noue avec l'autre et de la culture dans laquelle il est. Ce n'est pas quelque chose qu'on met en équation ou qu'on prouve avec des expériences (à rebrousse-poil du scientisme contemporain et à mon humble avis, encore heureux !). Ainsi pour Lacan, la psychanalyse n'est pas une science au sens où la science est ce qui exclut le sujet du réel, tandis que la psychanalyse à l'inverse, a pour but de faire advenir le sujet. C'est à dire de prendre conscience de ce qui nous détermine pour, si ce n'est nous en libérer complètement, du moins vivre le plus librement possible avec. Cela n'empêche nullement la psychanalyse d'être parfaitement rationnelle.

tl;dr : psychologie, psychanalyse, autisme, science, ça se discute.