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Sujet Les psys et les entonnoirs

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Sujet de la discussion Les psys et les entonnoirs
(Sur une idée de maître Jäggi)

Donc pour les infos, débats, questions sur la psychanalyse, psychiatrie, psychologie... C'est ici !
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Ah ben je découvre l'existence de ce topic (il y a vraiment tout sur AF !) et donc je peux vous dire rapidement et après être passé devant nombre de psychiatres/psychologues, avoir suivi quelques thérapies (de groupe et sophrologie) et une psychanalyse inachevée pour cause de ras-le-bol, et enfin au moins 3 (je ne me rappelle plus trop) hospitalisations en moyen séjour, donc je peux vous dire que tout cela est très intéressant mais malheureusement bien inefficace. Plusieurs de mes proches bossent aussi dans la psychiatrie hospitalière, le social avec handicap (schizo et autistes notamment) et aussi les addictions (toxicomanie en particulier) donc pour moi c'est bien beau tout ça mais y a un tel gouffre entre la théorie qu'on trouve dans les bouquins et la réalité à savoir que les symptômes peuvent être combattus par la médication (quand ça veut bien marcher) mais que pour la guérison perso j'y crois pas. Mais on est là pour en discuter pas vrai ? :bravo:

PS : je ne peux qu'apporter le témoignage de mon expérience personnelle, évidemment je n'ai pas suivi d'études de psycho et encore moins fait médecine mais au moins vous saurez que je suis là pour taper sur les psy :-D

Putain Walter mais qu'est-ce que le Vietnam vient foutre là-dedans ?

[ Dernière édition du message le 14/05/2019 à 18:52:43 ]

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Joeko : remarquable synthèse :bravo:
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"Les psychiatres, des gestionnaires de la souffrance..."
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Ouaip et c'est de plus en plus de la gestion sur le court terme.

Putain Walter mais qu'est-ce que le Vietnam vient foutre là-dedans ?

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le problème des psychiatres c'est qu'ils sont avant tout medecins, et en tant que tels la plupart est persuadée que toute pathologie, qu'elle soit physique ou mentale peut se soigner avec des médocs et vas-y que je te drogue tout ça à grand renfort de camisole chimique....merci tertian, merci rivotril et consort
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Je crois que la psychiatrie est complètement sinistrée aujourd'hui. Entre le manque de moyens, les injonctions sécuritaires et, effectivement, les médocs, il ne reste plus beaucoup de place pour l'humain...
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Les plus grands prescripteurs de psychotropes sont les généralistes, il ne faut pas leurs lancer la pierre, ils connaissent mieux que quiconque l’incapacité de la majorité des psychiatres orientation psychanalyste.

C'est un EPM consciemment accepté, beaucoup me disaient que c’étaient aux personnes compétentes de classer la psychanalyse dans la liste des groupements sectaires, comme le Japon l'a fait en 2004.

Je remets le lien sur Le Livre noir de la psychanalyse.
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Sur le Livre Noir : Dans un éditorial de la revue L'information psychiatrique, le psychiatre et chef de service de l’hôpital psychiatrique d'Aulnay-sous-bois, Thierry Trémine écrit :
« Le Livre noir de la psychanalyse est paru la même semaine que le Livre noir de Saddam Hussein et Jean Birbaum a raison de noter, dans le Monde des Livres, qu’en choisissant ces termes, rapportés habituellement aux crimes de masse, on se situait d’emblée dans le contexte d’un opportunisme marchand qui excluait la possibilité du débat. Ce serait donc une lutte à mort dont il est question […] Il est évident, dès la préface, que l’on sera loin des grands débats entre perspectives différentes, comme celui de 1946, à Bonneval, sur « la causalité psychique des troubles mentaux ». […] On aimerait bien que le débat ne glisse pas vers une psychiatrie des égouts ».
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Le problème c'est qu'a part le dénigrement, rien ne lui a sérieusement été opposé, les auteurs on même eu le droit a être traités d’antisémites de la part de Roudinesco, ça a été d'ailleurs la seule réponse construite.



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Y a une référence que j'aime beaucoup et qui me semble intéressante sur les questions actuelles :

François Gonon, « La psychiatrie biologique : une bulle spéculative ? », Esprit,‎ novembre 2011, p. 54-73. François Gonon est neurobiologiste, directeur de recherche CNRS à l’institut des maladies neurodégénératives, université de Bordeaux. Extraits :

« Le discours de la psychiatrie biologique affirme que tous les troubles mentaux peuvent et doivent être compris comme des maladies du cerveau. [...] Pour qu’il en soit ainsi, il faudrait pouvoir constater un apport substantiel de la neurobiologie à la pratique psychiatrique ou, du moins, une perspective réaliste d’un tel apport en ce qui concerne les troubles mentaux les plus fréquents. La première partie de ce texte présente les doutes que les experts reconnus de la psychiatrie biologique expriment actuellement dans les plus grandes revues américaines au sujet de cette ambition ».

« Plusieurs approches, qui ne sont pas mutuellement exclusives, permettent d’appréhender les causes des troubles mentaux : neurobiologie, psychologie et sociologie. Cependant, selon une récente étude américaine, le grand public adhère de plus en plus à une conception exclusivement neurobiologique des troubles mentaux. Le journaliste Ethan Watters a écrit récemment dans The New York Times un long article où il montre que la psychiatrie américaine tend à imposer au reste du monde sa conception étroitement neurobiologique des maladies mentales. Il souligne que cette diffusion n’est pourtant pas due aux succès de la psychiatrie américaine : le nombre de patients n’a pas diminué aux États-Unis, bien au contraire. Le discours privilégiant la conception neurobiologique des troubles mentaux semble donc évoluer indépendamment des progrès de la neurobiologie. Daniel Luchins a longtemps été la première autorité médicale en psychiatrie clinique pour l’État d’Illinois. Selon lui, ce discours réductionniste ne sert qu’à évacuer les questions sociales et à laisser de côté les mesures de prévention des troubles mentaux les plus fréquents. À sa suite, nous nous interrogerons sur les modes de production de ce discours, sur ses conséquences sociales et son interprétation sociologique ».

« Le constat actuel est donc clair : les recherches en neurosciences n’ont abouti ni à la mise au point d’indicateurs biologiques pour le diagnostic des maladies psychiatriques ni à de nouvelles classes de médicaments psychotropes » [le DSM est notamment mis en cause]

« Si tous les leaders de la psychiatrie biologique reconnaissent que la recherche neurobiologique a pour l’instant peu apporté à la pratique psychiatrique, la plupart continuent à prédire des progrès importants dans un futur proche. Cette rhétorique de la promesse commence à être critiquée. Un article publié le 18 février 2011 dans la revue Science parle de "bulle génomique" et critique l’inflation de promesses irréalistes dans la littérature scientifique concernant les déterminants génétiques des maladies. La rhétorique de la promesse en psychiatrie biologique pose trois questions : comment ce discours abusif est-il produit, a-t-il un impact sur le public et quelles en sont les conséquences sociales ? »

« Les chercheurs constatent qu’il existe souvent une distance considérable entre les observations neurobiologiques et les conclusions abusives tirées par les médias. Ils s’indignent alors du manque de professionnalisme des journalistes. Pourtant un examen attentif montre que les neurobiologistes contribuent à cette déformation du message puisqu’elle apparaît tout d’abord au sein même de nombreux articles scientifiques ».

« Un biais très fréquent dans les articles scientifiques consiste à citer de préférence les études qui sont en accord avec les hypothèses des auteurs. [...] Le vocabulaire utilisé dans les articles scientifiques produit lui-même des interprétations erronées. ».

« Comme le disait le neurobiologiste Marc Jeannerod, "le paradoxe est que l’identité personnelle, bien qu’elle se trouve clairement dans le domaine de la physique et de la biologie, appartient à une catégorie de faits qui échappent à la description objective et qui apparaissent alors exclus d’une approche scientifique. Il n’est pas vrai qu’il est impossible de comprendre comment le sens est enraciné dans le biologique. Mais le fait de savoir qu’il y trouve ses racines ne garantit pas qu’on puisse y accéder". »

« Les promoteurs d’une neurobiologie réductionniste affirment la supériorité de leur approche parce qu’elle serait plus scientifique. Je conteste cette prétention car la psychologie et la sociologie, si elles sont moins objectives, n’en sont pas moins rationnelles. Quant à leur pertinence vis-à-vis des maladies mentales et de la souffrance psychique, la comparaison avec la neurobiologie ne penche guère pour l’instant en faveur de cette dernière. Je reprends donc pour le compte de la psychiatrie biologique les recommandations de ceux qui dénoncent la "bulle génomique". »

« Je plaide donc pour une recherche en neurosciences dont la créativité ne serait pas bridée par des objectifs thérapeutiques à court terme, pour une pratique psychiatrique nourrie par la recherche clinique [c'est-à-dire proprement psychique et non biologique ou autre] et pour une démédicalisation de la souffrance psychique ».