opinion Qu'est ce qui vous navre automatiquement ?

Netflix france c'est clairement de la merde un abonnement pour voir deux séries et trois films que tu as déjà vu. J'ai testé j'ai détesté.

Demande à la payer à réception comme ça, vu que ça ne sera que dans 6 mois, tu auras le temps de te refaire ...

Citation de j-skellington :

Netflix france c'est clairement de la merde un abonnement pour voir deux séries et trois films que tu as déjà vu. J'ai testé j'ai détesté.

En meme temps tu payes pour Netflix, pas Netflix France. Tu changes ton DNS ou passe par un vpn et accede a n'importe quel catalogue dans le monde. Netflix te donne meme la manip sur leur blog.

J'ouvre mon ENT (Espace Numérique de Travail) ce soir et je découvre ce message...(qui nous annonce d'enfermer nos élèves et de fermer les volets...) avant de décider de faire une réponse à cette annonce, j'ai pris soin de différer ma première réaction en espérant que le temps de réflexion me permettrait aussi de faire la part des choses et que ma réponse ne soit pas la simple expression d'une réaction à chaud, d'une humeur.

Las, je n'arrive pas à décolérer. Mais ma colère n'est pas de celle qui vous font regretter vos propos une heure après les avoir prononcés.

Alors quel est le motif de cette colère?
Est-ce là la seule ambition que les décideurs de l’Éducation Nationale ont pour nos élèves : que leurs yeux soient préservés des dangers du soleil? Que surtout on ne puisse pas nous reprocher d'avoir mis des élèves en danger en les faisant observer un phénomène astronomique?

En l'an mille au passage de la comète de Halley, les gens croyaient que la fin du monde était proche... Mais ils avaient au moins l'excuse d'une science à ses balbutiements même si bien avant eux les Incas ou les Mayas avaient déjà compris que ces phénomènes étaient récurrents. Plus près de nous, lors de l'éclipse de 1999 un certain grand couturier, astrologue à ses heures, avait prédit que la station MIR nous tomberait sur la figure... il avait l'excuse d'être un charlatan "qui vivait au dépend de celui qui l'écoute"...

J'avais déjà compris en découvrant un email du ministère de l'Education Nationale qu'observer un phénomène qui s'explique scientifiquement n'allait pas de soi : en effet on nous mettait en garde contre les dangers à s'exposer sans protection. C'est faire peu de cas de toutes les précautions que les professeurs prennent au quotidien pour ne pas mettre leurs élèves en danger. Je confiais, il y a moins d'un mois, lors d'une sortie avec l'école de rugby d'Epernay, qui n'était pas très au point avec les mesures de base pour encadrer un groupe de jeunes, que lors d'une sortie, même la plus anodine, les professeurs passaient la moitié de leur temps à compter et recompter leurs élèves pour ne pas en perdre un en route et ce, même lorsque la possibilité d'en perdre un entre le collège et le cinéma était proche du zéro.

Et quoi alors ? Et bien au lieu de profiter de l’occasion d'édifier des esprits et de ne pas laisser nos élèves dans l'ignorance pour qu'il n'aient plus la réaction apeurée d'un illettré de l'an mille, ce qui est l'essence même de notre mission en tant que professeur, on nous demande de fermer nos volets et de ne pas sortir... Je n'imaginais pas qu'éclipse pouvait rimer avec obscurantisme et c'est pourtant ce qu'on nous demande de faire : un fonctionnaire doit fonctionner, alors je fonctionnerai. Je mettrai les lunettes acquises à mes frais (d'autres collèges ont eu la bonne idée de se faire sponsoriser par leur opticien) pour nos élèves dans la poubelle. Je regrette le temps passé depuis quinze jours à expliquer ce phénomène à mes élèves, en leur montrant comment en dehors des lunettes nous pouvions nous y prendre pour observer le soleil sans danger grâce à un sténopé, ou une lunette avec filtre ad hoc comme nous l'avions fait la semaine passée au planétarium... Tout cela me parait un gâchis terrible. Les élèves attendaient avec impatience ce moment... Après autant de "teasing" je passerai pour un homme qui ne tient pas sa parole auprès d'eux, mais cela n'a pas d'importance. Que vais-je répondre aux parents qui me demanderont comment cela se fait que nous n'ayons pas profité de l'opportunité d'étudier un phénomène qui ne se reproduira pas avant très longtemps... Je comprends pourquoi les enseignants sont si mal considérés auprès des parents... Il est dommage de n'avoir pas averti les parents de cette décision; car en tant que parent, demain, j'aurai décidé de garder mon enfant à la maison et de lui faire profiter du spectacle !


Je sais que d'autres écoles ont fait le même choix : pas de récréation, pas d'observation d'un phénomène que la plupart ne connaitront plus jamais, sauf à courir le monde.

Au-delà de cette décision qui me semble inique, c'est tout un système qui m'apparait comme atteint d'absurdité : on exige de plus en plus des professeurs de travailler au gré des injonctions paradoxales des décideurs qui ne sont pas auprès des élèves au quotidien. A quand le remblayage de la mare du collège où la noyade guette nos élèves lorsque nous travaillons à observer la faune et la flore du jardin? A quand l'interdiction d'aller au cinéma car le danger rôde lorsqu'il nous faut faire traverser une rue à nos classes? Je pense qu'à bien y réfléchir, en guise d'ouverture sur le monde et de pensée autonome, il faudra se contenter de volets fermés et que nos élèves seront comme les prisonniers de la caverne de Platon. Où sont passés les idéaux de Rabelais, Voltaire et tant d'autres qui prônaient un corps bien fait avec une tête bien pleine? Il faudra nous contenter d'un "Socle commun" même si on y trouve l'étude de phénomènes astronomiques aussi simples que l'ombre, en optique au niveau 5ème, les éclipses et la lune en 4ème... Nous ferons cela à partir d'un schéma et d'un manuel interactif. Derrière un écran c'est tellement mieux... Et en même temps on leur reprochera de ne plus sortir observer la nature et de jouer à des jeux vidéos tout en consultant leurs portables !!!

J'ai l'habitude de me moquer de moi-même en citant Oscar Wilde qui déclarait : "je refuse de faire partie d'un club qui m'accepte comme membre". Pour la première fois j'ai le sentiment que cette phrase s'applique à moi-même dans son sens le plus strict. J'ai une fois de plus la sensation qu'on me dépouille de ma raison d'être enseignant. Et c'est une sensation très douloureuse. J'ai la chance d'être plus prêt de ma fin de carrière que du début, je n'envie pas les jeunes professeurs qui auront à travailler quarante ans dans un système aussi peu enthousiasmant. Et pourtant quel beau métier cela peut être, quand on est avec nos élèves dans une classe... avec les volets ouverts...
Aujourd'hui je sais que je vais faire partie de la première génération d'enseignants qui termineront leur carrière épuisés, non par des élèves, soi-disant plus difficiles qu'avant, mais par toutes les injonctions paradoxales, les absurdités et les marches avant et arrière de décideurs dont le souci n'est certainement pas le bonheur de l'élève au sein d'une école où apprendre pourrait se faire de manière ludique et joyeuse.

Très cordialement,

Jean-Phi (clin d'oeil au passage mon Jean-Phi, je t'aime )