Qu'est ce qui vous agace automatiquement?
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Anonyme
Will Zégal
Bref je ne suis pas le petit chef que tu imagines et mes collègues font tou-s-tes du bon boulot.
Je n'en doute pas en fait.
Ceci dit, vu ce que tu me décris, je pense quand même à un problème d'organisation, de formation ou d'outils adaptés. Ou une combinaison.
Ce qui n'a rien d'étonnant dans une petite association où parfois, on a des gens plus passionnés que formés (normal vu généralement la modestie des salaires plus le fait que le métier exige d'en faire plus que ce pour quoi on est payé), où il n'y a pas forcément de moyens pour la formation et où le conseil d'administration, souvent composé de gens très braves, mais pas forcément très au fait de la gestion, du droit du travail et de l'organisation, ne voient pas forcément l'utilité d'investir dans la formation des salariés ou font traîner les investissements dans des outils adaptés quand ce ne sont pas des trucs visibles par les usagers (ou des fois simplement parce qu'ils ne comprennent juste pas).
La vérification des tâches des autres, c'est aussi du boulot et le temps passé à ça ne l'est pas à autre chose.
will_bru
La vérification des tâches des autres, c'est aussi du boulot et le temps passé à ça ne l'est pas à autre chose.
Y a aussi un report de charge de travail vers les autres (et donc stress, charge de travail, temps perdu dessus effectivement, etc.) . Je sais que même si défendu par ma direction, fatalement à un moment donné je vais m'entendre dire "mais tu le sais qu'il fait ça en dilettante, t'aurais du vérifier derrière".
Même si non verbalisées, ces charges sont omniprésentes.
One Breath III : WBBTMR - One Breath III
"Like a guitar solo in a coffee shop, Bunt Magnet strums the strings of nostalgia and sarcasm with equal flair."
[ Dernière édition du message le 01/11/2022 à 21:41:30 ]
Will Zégal
mais tu le sais qu'il fait ça en dilettante, t'aurais du vérifier derrière
La réponse à ça est assez simple :
- soit t'es pas le responsable du dilettante et t'as pas endosser la responsabilité de ses conneries
- soit t'es le responsable (vraiment, officiel) du dilettante et tu dois avoir les moyens (coercitifs si nécessaire) de l'obliger à ne pas traiter son boulot à la légère... ou de le remplacer.
- soit la situation est foireuse et la responsabilité en est de ceux qui ont installé et laissent perdurer cette situation foireuse.
Amha, c'est le message à faire passer. Si nécessaire, avec les points sur les i.
C'est dingo, quand on aime le travail bien fait, à quel point on peut prendre sur ses épaules des choses qui ne relèvent pas de notre responsabilité.
Je sais que c'est facile à dire de l'extérieur, mais je me suis moi-même fait piéger bien des fois avec ces situations.
Et pour info, ma douce l'a payé de ses ligaments croisés (le corps a lâché avant le reste, c'est un moindre mal), de 6 mois d'arrêt et elle est bien partie pour que son temps partiel thérapeutique de reprise dure bien plus que les 6 mois prévus.
.: Odon Quelconque :.
Ceci dit, vu ce que tu me décris, je pense quand même à un problème d'organisation, de formation ou d'outils adaptés. Ou une combinaison.
Ça dépend également du niveau d'exigence de l'organisation et de ses services de contrôle de gestion ou d'exécution.
On peut être pris au piège de la sur-qualité, qui est au final une perte d'énergie et de temps si - fonctionnellement, une approche dilettante suffit à régler 80% des problèmes et maintient le navire à flot.
« What is full of redundancy or formula is predictably boring. What is free of all structure or discipline is randomly boring. In between lies art. » (Wendy Carlos)
Will Zégal
Pour ceux qui n'ont pas le temps ou l'envie de lire les 500 pages (pourtant passionnantes) de la version d'origine, une version raccourcie et illustrée en 200 pages vient de sortir. Ma douce l'a prise, j'ai pas eu le temps d'y jeter un oeil.
Je n'ai vu ni l'une ni l'autre, mais un résumé de 20 mn par extraits de conférence de Laloux :
Version en 1h45
will_bru
Et pour info, ma douce l'a payé de ses ligaments croisés (le corps a lâché avant le reste, c'est un moindre mal), de 6 mois d'arrêt et elle est bien partie pour que son temps partiel thérapeutique de reprise dure bien plus que les 6 mois prévus.
On en est encore aux balbutiements concernant le "burn out", et on peine encore à le considérer comme une maladie. Force est de constater que ça handicape à mort les personnes y étant soumis. Autant pour le présent que pour le futur (perte de confiance, etc.). Long is the road...
Edit : et le passé. Combien de maladies chroniques auront mal été diagnostiquées alors qu'elles ne seraient que les symptômes des maladies du travail (mais non travailler c'est bon pour la santé). Il y a encore 15 ans, parler de Burn out, c'était le fait de scientifiques timbrés.
One Breath III : WBBTMR - One Breath III
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[ Dernière édition du message le 01/11/2022 à 22:10:07 ]
kosmix
J'ai l'impression que vous parlez de grosses boîtes là. Moi je bosse pour une asso de 5 salarié-e-s (à un moment je me suis même retrouvé seul salarié du cinéma et pendant très longtemps le seul seul projectionniste salarié, chose techniquement impensable sachant qu'on est ouvert 7 jours sur 7 et 365 jours dans l'année). Le CA c'est des bénévoles qui n'y connaissent strictement rien au métier et qui changent tout le temps. Notre médiatrice culturelle vient de nous quitter parce qu'elle faisait des semaines de 75 heures. Si on veut exister alors il faut être passionnés et se donner à 200%, alors la convention collective et le droit du travail parfois passent à la trappe. C'est le prix à payer mais je ne me plains pas, j'adore mon métier et je m'y sens bien, même si au niveau de l'ambiance (la conjoncture actuelle pour le cinéma c'est plus que morose) c'est pas toujours top. On tient le coup ou on s'en va, la durée de vie d'un contrat c'est quelques années. Je suis le seul salarié qui ai tenu aussi longtemps (bientôt 20 ans, un exploit).
Putain Walter mais qu'est-ce que le Vietnam vient foutre là-dedans ?
[ Dernière édition du message le 01/11/2022 à 22:20:18 ]
Will Zégal
Elle a justement assisté à une conférence d'un sociologue Simon Cottin-Marx qui a écrit un bouquin "c'est pour la bonne cause, les désillusions du travail associatif" sur la souffrance au travail dans le monde associatif.
Il décrit apparemment assez bien ce que tu évoques : du grand n'imp au prétexte que c'est pour un noble but.
Sauf que ce sont les salariés qui trinquent. Parfois sévèrement (elle y est allée avec une amie et collègue d'une autre association partie en burn out).
https://fonda.asso.fr/ressources/lecture-cest-pour-la-bonne-cause-de-simon-cottin-marx
https://editionsatelier.com/boutique/nouveautes/290-c-est-pour-la-bonne-cause--9782708253766.html
On tient le coup ou on s'en va, la durée de vie d'un contrat c'est quelques années.
Ce qui devrait être considéré comme totalement anormal dans un boulot-passion.
C'est le prix à payer mais je ne me plains pas, j'adore mon métier et je m'y sens bien
Je te souhaite sincèrement que ça dure et que tu ne le payes pas toi aussi à un moment où un autre.
Sans aller jusqu'aux cas de burn-out ou de craquage physique ou mental, il y a d'autres cas délétères. Ma belle-sœur travaille pour une (grosse) association d'utilité publique. Elle est littéralement mariée à son travail. Elle arrive en fin de carrière. Elle a été mal payée, mais son salaire a très très peu évolué ce qui fait qu'elle se retrouve dans les personnes modestes alors qu'elle exerce dans les faits un poste de cadre sinon de cadre supérieur. Surtout, au fil des années, ils ont supprimé de plus en plus de postes et lui ont refilé le boulot.
Ce qui fait qu'elle arrive à plus de 55 ans assez épuisée, voyant sa charge de travail croître encore et encore et surtout de plus en plus désillusionnée. Elle qui a tout donné à sa boîte (où elle bosse depuis plus de trente ans) commence à comprendre qu'on se fout de sa gueule (sinon en intension, au moins dans les faits), se sent méprisée et croit de moins en moins à son travail, tout ne voulant pas lâcher "ses équipes" et en n'osant pas faire le pas de se tirer et aller chercher ailleurs le meilleur salaire, la reconnaissance et le respect auxquels elle pourrait prétendre.
Elle se retrouve donc dans la situation soit de revenir à un volume de travail normal en sachant que ça va foutre le dawa et dans la merde un paquet de monde (elle chapeaute énormément de formations, des camps de vacances, et donc tous les salariés correspondants) ou de se crever à la tâche avec le même résultat plus tard, mais en le payant en plus cher.
Ou de se tirer, mais même résultat que si elle disait "stop". Sachant que les conséquences ne seraient pas pour ceux qui l'ont foutu dans cette situation, mais pour les gens de terrain qui n'en sont en rien responsables et dont le boulot et souvent l'emploi repose sur elle.
Piégée.
Accessoirement, ces acceptations de conditions anormales finissent par tout tirer vers le bas. Elle occupe actuellement l'équivalent de 3 postes alors qu'il y a des gens qui cherchent du boulot. On peut imaginer que dans une structure qui (dys)fonctionne ainsi, elle n'est pas la seule et je le vois un peu partout dans les associations à salariés.
Cela permet ainsi aux financeurs (essentiellement publics) de mettre de moins en moins d'argent pour remplir les mêmes missions et ce sont les salariés qui payent l'addition.
[ Dernière édition du message le 01/11/2022 à 23:35:44 ]
kosmix
Putain Walter mais qu'est-ce que le Vietnam vient foutre là-dedans ?
[ Dernière édition du message le 01/11/2022 à 23:40:14 ]
will_bru
Bref je me demande si aujourd'hui il y a encore des métiers gratifiants
Je crois que ça n'a jamais été le cas.
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