Le Pub de l'écologie
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Anonyme
521410
Sujet de la discussion Posté le 12/06/2006 à 09:55:45Le Pub de l'écologie
Hello les amis!
en dégrossissant vulgairement la chose je me suis rendu compte que comme sur pas mal de sujets, on à pas tous les mêmes idées. et c'est ca qui est super :petitnicolas:
pour eviter de pourrir tous les sujets avec nos bio-conneries, je vous propose juste de nous dire si vous pensez:
1/ que la planète court un réel danger.
2/ que c'est pas si catastrophique que ca et qu'on à le temps de voir venir les choses sans paniquer.
en dégrossissant vulgairement la chose je me suis rendu compte que comme sur pas mal de sujets, on à pas tous les mêmes idées. et c'est ca qui est super :petitnicolas:
pour eviter de pourrir tous les sujets avec nos bio-conneries, je vous propose juste de nous dire si vous pensez:
1/ que la planète court un réel danger.
2/ que c'est pas si catastrophique que ca et qu'on à le temps de voir venir les choses sans paniquer.
Jimbass
11603
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 18 ans
5261 Posté le 07/07/2017 à 23:25:39
Citation de El :
l'hydrogène n'est pas une source d'énergie, c'est un combustible comme l'essence, qu'il faut une source d'énergie pour l'obtenir
C'est l'élément le plus abondant dans l'Univers, comme même.
L'avantage par rapport à une énergie électrique "pure" pour un véhicule est la capacité à le stocker et le transvaser rapidement, comme l'essence ou le GPL. Bon, c'est un peu moins pratique (très peu dense, il faut de grands volumes de réservoirs, ou alors perdre beaucoup d'énergie à compresser. Sans parler de cryogénie), mais ca reste plus rapide que de recharger une batterie. Et y'a pas de carbone dedans !
Citation de El :
Les seules énergies propres et renouvelables c'est à ma connaissance l'utilisation des ressources naturelles comme le soleil, le vent, les vagues et les marées, le delta de température entre les profondeurs et la surface, les flux liquides naturels (fleuves etc...), et je dois en oublier quelques-unes, peut-être même que certaines sont encore à découvrir.
À l'échelle de la planète, les sources d'énergie sont essentiellement le rayonnement solaire, le refroidissement progressif du noyau planétaire (entretenu par des désintégrations nucléaires, utilisé en géothermie), et l'effet de marée dû à la Lune (légèrement exploité par l'unique usine marémotrice).
Tout le reste provient indirectement de ces trois là.
Musikmesser 2013 - Bullshit Gourous - Tocxic Instruments - festivals Foud'Rock, Metal Sphère et la Tour met les Watts
El Migo
24005
Vie après AF ?
Membre depuis 16 ans
5262 Posté le 07/07/2017 à 23:59:34
Dans le lien que je mets plus haut y a quand même pas mal de pistes exploitables et un potentiel énorme non ?
Fanou83
7961
Je poste, donc je suis
Membre depuis 15 ans
5263 Posté le 08/07/2017 à 00:27:14
Citation de Jimbass :
Il y aurait plein de techniques pour produire de l'hydrogène de manière écologique, le jour où il y aura un marché suffisant pour que le développement de ces techniques soit rentable ou au moins prometteur. On peut citer notamment :
- l'électrolyse en haute fréquence
- l'utilisation de pertes thermiques des centrales nucléaires
- la photosynthèse par certaines algues bleues, dans certaines conditions, produit de l'hydrogène au lieu de l'oxygène. Des variétés génétiquement modifiées ont un rendement supérieur.
Je veux bien des détails car je ne comprends pas comment on peut fabriquer de l'hydrogène avec les pertes thermiques d'une centrale nucléaire
Al bundy vs Georges abitbol
Jimbass
11603
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 18 ans
5264 Posté le 08/07/2017 à 00:50:48
Je ne me souvenais plus des détails, mais j'ai retrouvé quelques liens :
https://www.lactualitechimique.org/IMG/pdf/2001-dec-248-NT8-Alleau2.pdf
https://www.notre-planete.info/actualites/actu_3426_nucleaire_4_generation_ASTRID.php
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_soufre-iode
Il s'agirait d'une dissociation thermochimique de l'eau (éventuellement complétée par une électrolyse normale ou haute température en période creuse).
Pas de carbone, un cycle catalytique fermé, il faut juste de la chaleur. D'ailleurs ca peut aussi s'appliquer avec du solaire thermique.
https://www.lactualitechimique.org/IMG/pdf/2001-dec-248-NT8-Alleau2.pdf
https://www.notre-planete.info/actualites/actu_3426_nucleaire_4_generation_ASTRID.php
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_soufre-iode
Il s'agirait d'une dissociation thermochimique de l'eau (éventuellement complétée par une électrolyse normale ou haute température en période creuse).
Pas de carbone, un cycle catalytique fermé, il faut juste de la chaleur. D'ailleurs ca peut aussi s'appliquer avec du solaire thermique.
Musikmesser 2013 - Bullshit Gourous - Tocxic Instruments - festivals Foud'Rock, Metal Sphère et la Tour met les Watts
[ Dernière édition du message le 08/07/2017 à 01:01:13 ]
El Migo
24005
Vie après AF ?
Membre depuis 16 ans
5265 Posté le 08/07/2017 à 02:19:43
Citation :
À l'échelle de la planète, les sources d'énergie sont essentiellement le rayonnement solaire, le refroidissement progressif du noyau planétaire (entretenu par des désintégrations nucléaires, utilisé en géothermie), et l'effet de marée dû à la Lune
Quelque part on s'en fout un peu que ce soit les sources d'énergie "primaires". Ce qui compte c'est qu'elles soient
-illimitées (à notre échelle)
-utilisable sans dégradation de l'écosystème
Citation :
En Europe, des potentiels importants existent : l'Angleterre détient avec la France l'essentiel du potentiel de l'hydrolien.
La France possède de nombreux atouts en raison de la puissance des courants, et plus particulièrement sur la côte Nord-Ouest. Les sites les plus favorables sont essentiellement répartis entre la Bretagne et le Cotentin.
L'énergie hydrolienne nécessite encore des phases de test et d'expérimentation. À ce jour, il n'existe pas encore de projet de parc hydrolien au niveau industriel.
Citation :
Comment exploite-on l’énergie thermique des mers ?
Des canalisations, de plusieurs mètres de diamètre, vont acheminer à la surface l’eau pompée à environ 1 000 m de profondeur. La différence de température entre les profondeurs et la surface va permettre, via le cycle thermodynamique de Rankine, de faire fonctionner cette technologie, comparable à une pompe à chaleur.En effet, un fluide thermodynamique en circuit fermé se vaporise dans un échangeur de chaleur (évaporateur) grâce à l'eau de mer chaude de surface, la vapeur sous pression actionne une turbine, qui, couplée à une génératrice, produit de l'électricité. Grâce à l'eau de mer froide, la vapeur se condense ensuite dans un autre échangeur (condenseur) et peut ainsi recommencer un nouveau cycle.
Cette technologie permet de produire une électricité renouvelable non intermittente.
Citation :
L’énergie osmotique
On appelle « énergie osmotique » l’énergie des gradients (différences) de salinité.
Lorsqu’un fleuve se jette dans la mer, une grande quantité d’énergie est potentiellement libérée en raison de la différence de concentration en sel.
Deux méthodes de récupération de cette énergie sont testées pour la production d’électricité : la première est basée sur l’osmose (en Norvège), la seconde sur l’électrodialyse inversée (aux Pays-Bas). En Norvège, le potentiel de cette technologie est estimé à 10 % des besoins annuels en énergie.
Y a déjà matière à réflexion. Si on avait mis dans ces recherches le pognon qu'on a mis dans le nucléaire, on serait un peu plus serein aujourd'hui
Fanou83
7961
Je poste, donc je suis
Membre depuis 15 ans
5266 Posté le 08/07/2017 à 08:45:22
Citation de Jimbass :
Je ne me souvenais plus des détails, mais j'ai retrouvé quelques liens :
https://www.lactualitechimique.org/IMG/pdf/2001-dec-248-NT8-Alleau2.pdf
https://www.notre-planete.info/actualites/actu_3426_nucleaire_4_generation_ASTRID.php
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_soufre-iode
Il s'agirait d'une dissociation thermochimique de l'eau (éventuellement complétée par une électrolyse normale ou haute température en période creuse).
Pas de carbone, un cycle catalytique fermé, il faut juste de la chaleur. D'ailleurs ca peut aussi s'appliquer avec du solaire thermique.
Merci pour les liens, je vais lire ça
Al bundy vs Georges abitbol
Dr Pouet
52037
Membre d’honneur
Membre depuis 20 ans
5267 Posté le 08/07/2017 à 19:54:48
Du mythe de la croissance verte à un monde post-croissance - Philippe Bihouix
https://www.facebook.com/notes/jean-marc-jancovici/du-mythe-de-la-croissance-verte-à-un-monde-post-croissance-philippe-bihouix/10154956915138191/
JEAN-MARC JANCOVICI·VENDREDI 7 JUILLET 2017
Un appel de la société civile, Crime climatique stop ! a été publié (éd. du Seuil), avec les contributions de personnalités telles que le climatologue Jean Jouzel (vice président du GIEC et ex-CEA), de la journaliste Naomi Klein, ou d’un des initiateurs d’Alternatiba, le Basque Jon Palais.
Voici un article de cet ouvrage collectif, signé Philippe Bihouix, ingénieur bordelais auteur de L’Âge des low tech, vers une civilisation techniquement soutenable (éd. du Seuil, 2014), où il démonte l’illusion d’une lutte purement technologique contre le changement climatique :
Du mythe de la croissance verte à un monde post-croissance
Nous connaissons maintenant les conséquences sur le climat de notre utilisation massive d’énergies fossiles. Pour les remplacer, le nucléaire, toutes générations confondues, n’est crédible ni industriellement, ni moralement. Indéniablement, nous pouvons et nous devons développer les énergies renouvelables. Mais ne nous imaginons pas qu’elles pourront remplacer les énergies fossiles et maintenir notre débauche énergétique actuelle.
Énergies et ressources sont intimement liées
Les arguments sont connus : les énergies renouvelables ont un potentiel énorme ; et même si elles sont diffuses, pour partie intermittentes, et à date encore un peu trop chères, les progrès continus sur la production, le stockage, le transport, et leur déploiement massif devraient permettre de réduire les coûts et les rendre abordables.
Certes, la Terre reçoit chaque jour une quantité d’énergie solaire des milliers de fois plus grande que les besoins de l’humanité… Les scenarii sur des mondes « énergétiquement vertueux » ne manquent pas : troisième révolution industrielle du prospectiviste Jeremy Rifkin, plan Wind Water Sun du professeur Jacobson de l’université de Stanford, projet industriel Desertec, ou, à l’échelle française, simulations de l’association Negawatt ou de l’ADEME.
Tous sont basés sur des déploiements industriels très ambitieux. Wind Water Sun propose de couvrir les besoins en énergie de l’ensemble du monde, uniquement avec des renouvelables, d’ici 2030. Pour cela, il faudrait 3,8 millions d’éoliennes de 5 MW et 89 000 centrales solaires de 300 MW, soit installer en 15 ans 19 000 GW d’éoliennes (30 fois le rythme actuel de 40 GW au plus par an), et inaugurer quinze centrales solaires par jour.
Économie de guerre
Rien d’impossible sur le papier, mais il faudrait alors une véritable économie de guerre, pour organiser l’approvisionnement en matières premières – acier, ciment, résines polyuréthanes, cuivre, terres rares (pour fournir le néodyme des aimants permanents pour les génératrices de ces éoliennes, il faudrait – si tant est qu’il y ait les réserves disponibles – multiplier la production annuelle par 15 !) –, la production des équipements, la logistique et l’installation (bateaux, grues, bases de stockage…), la formation du personnel… Sans parler des dispositifs de transport et de stockage de l’électricité !
Mais l’irréalisme tient davantage aux ressources qu’aux contraintes industrielles ou financières. Car il faut des métaux pour capter, convertir et exploiter les énergies renouvelables. Moins concentrées et plus intermittentes, elles produisent moins de kWh par unité de métal (cuivre, acier) mobilisée que les sources fossiles. Certaines technologies utilisent des métaux plus rares, comme le néodyme dopé au dysprosium pour les éoliennes de forte puissance, l’indium, le sélénium ou le tellure pour une partie des panneaux photovoltaïques à haut rendement. Il faut aussi des métaux pour les équipements annexes, câbles, onduleurs ou batteries.Les problèmes auxquels nous faisons face ne pourront pas être résolus simplement par une série d’innovations technologiques et de déploiements industriels de solutions alternatives. Car nous allons nous heurter à un problème de ressources, essentiellement pour deux raisons : il faut des ressources métalliques pour capter les énergies renouvelables ; et celles-ci ne peuvent qu’être imparfaitement recyclées, ce phénomène s’aggravant avec l’utilisation de hautes technologies. La solution climatique ne peut donc passer que par la voie de la sobriété et de technologies adaptées, moins consommatrices.
Nous disposons de beaucoup de ressources métalliques, de même qu’il reste énormément de gaz et pétrole conventionnels ou non, d’hydrates de méthane, de charbon… bien au-delà du supportable pour la régulation climatique planétaire, hélas.
Mais, comme pour le pétrole et le gaz, la qualité et l’accessibilité de ces ressources minières se dégradent (pour le pétrole et le gaz, le rapport entre quantité d’énergie récupérée et quantité d’énergie investie pour l’extraire est passé de 30-50 dans les champs onshore, à 5-7 dans les exploitations deep ou ultradeep offshore, et même 2-4 pour les sables bitumineux de l’Alberta). Car nous exploitons un stock de minerais qui ont été créés, enrichis par la nature « vivante » de la planète : tectonique des plaques, volcanisme, cycle de l’eau, activité biologique…
Deux problèmes au même moment
Logiquement, nous avons exploité d’abord les ressources les plus concentrées, les plus simples à extraire. Les nouvelles mines ont des teneurs en minerai plus basses que les mines épuisées (ainsi du cuivre, passé d’une moyenne de 1,8-2% dans les années 1930, à 0,5% dans les nouvelles mines), ou bien sont moins accessibles, plus dures à exploiter, plus profondes.
Or, que les mines soient plus profondes ou moins concentrées, il faut dépenser plus d’énergie, parce qu’il faut remuer toujours plus de « stériles » miniers, ou parce que la profondeur engendre des contraintes, de température notamment, qui rendent les opérations plus complexes.
Il y a donc une interaction très forte entre disponibilité en énergie et disponibilité en métaux, et la négliger serait se confronter à de grandes désillusions.
Si nous n’avions qu’un problème d’énergie (et de climat !), il « suffirait » de tartiner le monde de panneaux solaires, d’éoliennes et de smart grids (réseaux de transport « intelligents » permettant d’optimiser la consommation, et surtout d’équilibrer à tout moment la demande variable avec l’offre intermittente des énergies renouvelables).
Si nous n’avions qu’un problème de métaux, mais accès à une énergie concentrée et abondante, nous pourrions continuer à exploiter la croûte terrestre à des concentrations toujours plus faibles.
Mais nous faisons face à ces deux problèmes au même moment, et ils se renforcent mutuellement : plus d’énergie nécessaire pour extraire et raffiner les métaux, plus de métaux pour produire une énergie moins accessible.
L’économie circulaire est une gentille utopie
Les ressources métalliques, une fois extraites, ne disparaissent pas. L’économie circulaire, basée en particulier sur l’éco-conception et le recyclage, devrait donc être une réponse logique à la pénurie métallique. Mais celle-ci ne pourra fonctionner que très partiellement si l’on ne change pas radicalement notre façon de produire et de consommer. Naturellement on peut et il faut recycler plus qu’aujourd’hui, et les taux de recyclage actuels sont souvent si bas que les marges de progression sont énormes. Mais on ne peut jamais atteindre 100% et recycler « à l’infini », quand bien même on récupérerait toute la ressource disponible et on la traiterait toujours dans les usines les plus modernes, avec les procédés les mieux maîtrisés (on en est très loin).
D’abord parce qu’il faut pouvoir récupérer physiquement la ressource pour la recycler, ce qui est impossible dans le cas des usages dispersifs ou dissipatifs. Les métaux sont couramment utilisés comme produits chimiques, additifs, dans les verres, les plastiques, les encres, les peintures, les cosmétiques, les fongicides, les lubrifiants et bien d’autres produits industriels ou de la vie courante (environ 5% du zinc, 10 à 15% du manganèse, du plomb et de l’étain, 15 à 20% du cobalt et du cadmium, et, cas extrême, 95% du titane dont le dioxyde sert de colorant blanc universel).
Ensuite parce qu’il est difficile de recycler correctement. Nous concevons des produits d’une diversité et d’une complexité inouïes, à base de composites, d’alliages, de composants de plus en plus miniaturisés et intégrés… mais notre capacité, technologique ou économique, à repérer les différents métaux ou à les séparer, est limitée. Les métaux non ferreux contenues dans les aciers alliés issus de première fonte sont ferraillés de manière indifférenciée et finissent dans des usages moins nobles comme les ronds à béton du bâtiment. Ils ont bien été recyclés, mais sont perdus fonctionnellement, les générations futures n’y auront plus accès, ils sont « dilués ». Il y a dégradation de l’usage de la matière : le métal « noble » finit dans un acier bas de gamme, comme la bouteille plastique finit en chaise de jardin.
La vraie voiture propre, c’est le vélo !
La voiture propre est ainsi une expression absurde, quand bien même les voitures fonctionneraient avec une énergie « 100% propre » ou « zéro émission ». Sans remise en question profonde de la conception, il y aura toujours des usages dispersifs (divers métaux dans la peinture, étain dans le PVC, zinc et cobalt dans les pneus, platine rejeté par le pot catalytique…), une carrosserie, des éléments métalliques et de l’électronique de bord qui seront mal recyclés… La vraie voiture propre, ou presque, c’est le vélo !
Perte entropique ou par dispersion (à la source ou à l’usage), perte « mécanique » (par abandon dans la nature, mise en décharge ou incinération), perte fonctionnelle (par recyclage inefficace) : le recyclage n’est pas un cercle mais un boyau percé, et à chaque cycle de production-usage-consommation, on perd de manière définitive une partie des ressources. On peut toujours progresser. Mais sans revoir drastiquement notre manière d’agir, les taux resteront désespérément bas pour de nombreux petits métaux high tech et autres terres rares (pour la plupart, moins de 1% aujourd’hui), tandis que pour les grands métaux nous plafonnerons à un taux typique de 50 à 80% qui restera très insuffisant.
La croissance « verte » sera mortifère
La croissance « verte » se base, en tout cas dans son acception actuelle, sur le tout-technologique. Elle ne fera alors qu’aggraver les phénomènes que nous venons de décrire, qu’emballer le système, car ces innovations « vertes » sont en général basées sur des métaux moins répandus, aggravent la complexité des produits, font appel à des composants high tech plus durs à recycler. Ainsi du dernier cri des énergies renouvelables, des bâtiments « intelligents », des voitures électriques, hybrides ou hydrogène…
Le déploiement suffisamment massif d’énergies renouvelables décentralisées, d’un internet de l’énergie, est irréaliste. Si la métaphore fleure bon l’économie « dématérialisée », c’est oublier un peu vite qu’on ne transporte pas les électrons comme les photons, et qu’on ne stocke pas l’énergie aussi aisément que des octets. Pour produire, stocker, transporter l’électricité, même « verte », il faut quantité de métaux. Et il n’y a pas de loi de Moore (postulant le doublement de la densité des transistors tous les deux ans environ) dans le monde physique de l’énergie.
Mais une lutte technologique contre le changement climatique sera aussi désespérée. Ainsi dans les voitures, où le besoin de maintenir le confort, la performance et la sécurité nécessite des aciers alliés toujours plus précis pour gagner un peu de poids et réduire les émissions de CO2. Alors qu’il faudrait limiter la vitesse et brider la puissance des moteurs, pour pouvoir dans la foulée réduire le poids et gagner en consommation. La voiture à un litre aux cent kilomètres est à portée de main ! Il suffit qu’elle fasse 300 ou 400 kg, et ne dépasse pas les 80 km/h.
Ainsi dans les bâtiments, où le niveau de confort toujours plus exigeant nécessite l’emploi de matériaux rares (verres faiblement émissifs) et une électronicisation généralisée pour optimiser la consommation (gestion technique du bâtiment, capteurs, moteurs et automatismes, ventilation mécanique contrôlée).
Avec la croissance « verte », nous aimerions appuyer timidement sur le frein tout en restant pied au plancher : plus que jamais, notre économie favorise le jetable, l’obsolescence, l’accélération, le remplacement des métiers de service par des machines bourrées d’électronique, en attendant les drones et les robots. Ce qui nous attend à court terme, c’est une accélération dévastatrice et mortifère, de la ponction de ressources, de la consommation électrique, de la production de déchets ingérables, avec le déploiement généralisé des nanotechnologies, des big data, des objets connectés. Le saccage de la planète ne fait que commencer.
La solution climatique passera par les low tech
Il nous faut prendre la vraie mesure de la transition nécessaire et admettre qu’il n’y aura pas de sortie par le haut à base d’innovation technologique – ou qu’elle est en tout cas si improbable, qu’il serait périlleux de tout miser dessus. On ne peut se contenter des business models émergents, à base d’économie de partage ou de la fonctionnalité, peut-être formidables mais ni généralisables, ni suffisants.
Nous devrons décroître, en valeur absolue, la quantité d’énergie et de matières consommées. Il faut travailler sur la baisse de la demande, non sur le remplacement de l’offre, tout en conservant un niveau de « confort » acceptable.
C’est toute l’idée des low tech, les « basses technologies », par opposition aux high tech qui nous envoient dans le mur, puisqu’elles sont plus consommatrices de ressources rares et nous éloignent des possibilités d’un recyclage efficace et d’une économie circulaire. Promouvoir les low tech est avant tout une démarche, ni obscurantiste, ni forcément opposée à l’innovation ou au « progrès », mais orientée vers l’économie de ressources, et qui consiste à se poser trois questions.
Pourquoi produit-on ? Il s’agit d’abord de questionner intelligemment nos besoins, de réduire à la source, autant que possible, le prélèvement de ressources et la pollution engendrée. C’est un exercice délicat car les besoins humains – nourris par la rivalité mimétique – étant a priori extensibles à l’infini, il est impossible de décréter « scientifiquement » la frontière entre besoins fondamentaux et « superflus », qui fait aussi le sel de la vie. D’autant plus délicat qu’il serait préférable de mener cet exercice démocratiquement, tant qu’à faire.
Il y a toute une gamme d’actions imaginables, plus ou moins compliquées, plus ou moins acceptables. Certaines devraient logiquement faire consensus ou presque, à condition de bien exposer les arguments (suppression de certains objets jetables, des supports publicitaires, de l’eau en bouteille…). D’autres seront un peu plus difficiles à faire passer, mais franchement nous n’y perdrions quasiment pas de « confort » (retour de la consigne, réutilisation des objets, compostage des déchets, limite de vitesse des véhicules…). D’autres enfin promettent quelques débats houleux (réduction drastique de la voiture au profit du vélo, adaptation des températures dans les bâtiments, urbanisme revisité pour inverser la tendance à l’hypermobilité…).
Qui est liberticide ?
Liberticide ? Certainement, mais nos sociétés sont déjà liberticides. Il existe bien une limite, de puissance, de poids, fixée par la puissance publique, pour l’immatriculation des véhicules. Pourquoi ne pourrait-elle pas évoluer ? Un des principes fondamentaux en société est qu’il est préférable que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Puisque nous n’avons qu’une planète et que notre consommation dispendieuse met en danger les conditions même de la vie humaine – et de bien d’autres espèces – sur Terre, qui est liberticide ? Le conducteur de 4×4, l’utilisateur de jet privé, le propriétaire de yacht, ou celui qui propose d’interdire ces engins de mort différée ?
Que produit-on ? Il faut ensuite augmenter considérablement la durée de vie des produits, bannir la plupart des produits jetables ou dispersifs, s’ils ne sont pas entièrement à base de ressources renouvelables et non polluantes, repenser en profondeur la conception des objets : réparables, réutilisables, faciles à identifier et démanteler , recyclables en fin de vie sans perte, utilisant le moins possible les ressources rares et irremplaçables, contenant le moins d’électronique possible, quitte à revoir notre « cahier des charges », accepter le vieillissement ou la réutilisation de l’existant, une esthétique moindre pour les objets fonctionnels, parfois une moindre performance ou une perte de rendement… en gros, le moulin à café et la cafetière italienne de grand-mère, plutôt que la machine à expresso dernier cri. Dans le domaine énergétique, cela pourrait prendre la forme de la micro et mini hydraulique, de petites éoliennes « de village » intermittentes, de solaire thermique pour les besoins sanitaires et la cuisson, de pompes à chaleur, de biomasse…
Comment produit-on ? Il y a enfin une réflexion à mener sur nos modes de production. Doit-on poursuivre la course à la productivité et à l’effet d’échelle dans des giga-usines, ou faut-il mieux des ateliers et des entreprises à taille humaine ? Ne doit-on pas revoir la place de l’humain, le degré de mécanisation et de robotisation, la manière dont nous arbitrons aujourd’hui entre main-d’œuvre et ressources/énergie ? Notre rapport au travail (meilleur partage entre tous, intérêt d’une spécialisation outrancière, répartition du temps entre travail salarié et activités domestiques, etc.) ?
Et puis il y a la question aigüe de la territorialisation de la production. Après des décennies de mondialisation facilitée par un coût du pétrole suffisamment bas et le transport par conteneurs, le système est devenu absurde. À l’heure des futures perturbations, des tensions sociales ou internationales, des risques géopolitiques à venir, que le changement climatique ou les pénuries de ressources risquent d’engendrer, sans parler des scandales sanitaires possibles, un système basé sur une Chine « usine du monde » est-il vraiment résilient ?
Un projet de société
Pour réussir une telle évolution, indispensable mais tellement à contre-courant, il faudra résoudre de nombreuses questions, à commencer par celle de l’emploi. « La croissance, c’est l’emploi » a tellement été martelé qu’il est difficile de parler de sobriété sans faire peur.
Malgré l’évidence des urgences environnementales, toute radicalité écologique, toute évolution réglementaire ou fiscale d’envergure, même progressive, toute réflexion de fond même, est interdite par la terreur – légitime – de détruire des emplois. Une fois acté le fait que la croissance ne reviendra pas (on y vient doucement), et tant mieux compte tenu de ses effets environnementaux, il faudra se convaincre que le plein-emploi, ou la pleine activité, est parfaitement atteignable dans un monde post-croissance économe en ressources.
Il faudra aussi se poser la question de l’échelle territoriale à laquelle mener cette transition, entre une gouvernance mondiale, impossible dans les délais impartis, et des expériences locales individuelles et collectives, formidables mais insuffisantes. Même enchâssé dans le système d’échanges mondial, un pays ou un petit groupe de pays pourrait prendre les devants, et, protégé par des mesures douanières bien réfléchies, amorcer un réel mouvement, porteur d’espoir et de radicalité.
Compte-tenu des forces en présence, il y a bien sûr une part utopique dans un tel projet de société. Mais n’oublions pas que le scénario de statu quo est probablement encore plus irréaliste, avec des promesses de bonheur technologique qui ne seront pas tenues et un monde qui s’enfoncera dans une crise sans fin, sans parler des risques de soubresauts politiques liés aux frustrations toujours plus grandes. Pourquoi ne pas tenter une autre route ? Nous avons largement les moyens, techniques, organisationnels, financiers, sociétaux et culturels pour mener une telle transition. A condition de le vouloir.
Philippe Bihouix.
Ingénieur, spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique.
https://www.facebook.com/notes/jean-marc-jancovici/du-mythe-de-la-croissance-verte-à-un-monde-post-croissance-philippe-bihouix/10154956915138191/
JEAN-MARC JANCOVICI·VENDREDI 7 JUILLET 2017
Un appel de la société civile, Crime climatique stop ! a été publié (éd. du Seuil), avec les contributions de personnalités telles que le climatologue Jean Jouzel (vice président du GIEC et ex-CEA), de la journaliste Naomi Klein, ou d’un des initiateurs d’Alternatiba, le Basque Jon Palais.
Voici un article de cet ouvrage collectif, signé Philippe Bihouix, ingénieur bordelais auteur de L’Âge des low tech, vers une civilisation techniquement soutenable (éd. du Seuil, 2014), où il démonte l’illusion d’une lutte purement technologique contre le changement climatique :
Du mythe de la croissance verte à un monde post-croissance
Nous connaissons maintenant les conséquences sur le climat de notre utilisation massive d’énergies fossiles. Pour les remplacer, le nucléaire, toutes générations confondues, n’est crédible ni industriellement, ni moralement. Indéniablement, nous pouvons et nous devons développer les énergies renouvelables. Mais ne nous imaginons pas qu’elles pourront remplacer les énergies fossiles et maintenir notre débauche énergétique actuelle.
Énergies et ressources sont intimement liées
Les arguments sont connus : les énergies renouvelables ont un potentiel énorme ; et même si elles sont diffuses, pour partie intermittentes, et à date encore un peu trop chères, les progrès continus sur la production, le stockage, le transport, et leur déploiement massif devraient permettre de réduire les coûts et les rendre abordables.
Certes, la Terre reçoit chaque jour une quantité d’énergie solaire des milliers de fois plus grande que les besoins de l’humanité… Les scenarii sur des mondes « énergétiquement vertueux » ne manquent pas : troisième révolution industrielle du prospectiviste Jeremy Rifkin, plan Wind Water Sun du professeur Jacobson de l’université de Stanford, projet industriel Desertec, ou, à l’échelle française, simulations de l’association Negawatt ou de l’ADEME.
Tous sont basés sur des déploiements industriels très ambitieux. Wind Water Sun propose de couvrir les besoins en énergie de l’ensemble du monde, uniquement avec des renouvelables, d’ici 2030. Pour cela, il faudrait 3,8 millions d’éoliennes de 5 MW et 89 000 centrales solaires de 300 MW, soit installer en 15 ans 19 000 GW d’éoliennes (30 fois le rythme actuel de 40 GW au plus par an), et inaugurer quinze centrales solaires par jour.
Économie de guerre
Rien d’impossible sur le papier, mais il faudrait alors une véritable économie de guerre, pour organiser l’approvisionnement en matières premières – acier, ciment, résines polyuréthanes, cuivre, terres rares (pour fournir le néodyme des aimants permanents pour les génératrices de ces éoliennes, il faudrait – si tant est qu’il y ait les réserves disponibles – multiplier la production annuelle par 15 !) –, la production des équipements, la logistique et l’installation (bateaux, grues, bases de stockage…), la formation du personnel… Sans parler des dispositifs de transport et de stockage de l’électricité !
Mais l’irréalisme tient davantage aux ressources qu’aux contraintes industrielles ou financières. Car il faut des métaux pour capter, convertir et exploiter les énergies renouvelables. Moins concentrées et plus intermittentes, elles produisent moins de kWh par unité de métal (cuivre, acier) mobilisée que les sources fossiles. Certaines technologies utilisent des métaux plus rares, comme le néodyme dopé au dysprosium pour les éoliennes de forte puissance, l’indium, le sélénium ou le tellure pour une partie des panneaux photovoltaïques à haut rendement. Il faut aussi des métaux pour les équipements annexes, câbles, onduleurs ou batteries.Les problèmes auxquels nous faisons face ne pourront pas être résolus simplement par une série d’innovations technologiques et de déploiements industriels de solutions alternatives. Car nous allons nous heurter à un problème de ressources, essentiellement pour deux raisons : il faut des ressources métalliques pour capter les énergies renouvelables ; et celles-ci ne peuvent qu’être imparfaitement recyclées, ce phénomène s’aggravant avec l’utilisation de hautes technologies. La solution climatique ne peut donc passer que par la voie de la sobriété et de technologies adaptées, moins consommatrices.
Nous disposons de beaucoup de ressources métalliques, de même qu’il reste énormément de gaz et pétrole conventionnels ou non, d’hydrates de méthane, de charbon… bien au-delà du supportable pour la régulation climatique planétaire, hélas.
Mais, comme pour le pétrole et le gaz, la qualité et l’accessibilité de ces ressources minières se dégradent (pour le pétrole et le gaz, le rapport entre quantité d’énergie récupérée et quantité d’énergie investie pour l’extraire est passé de 30-50 dans les champs onshore, à 5-7 dans les exploitations deep ou ultradeep offshore, et même 2-4 pour les sables bitumineux de l’Alberta). Car nous exploitons un stock de minerais qui ont été créés, enrichis par la nature « vivante » de la planète : tectonique des plaques, volcanisme, cycle de l’eau, activité biologique…
Deux problèmes au même moment
Logiquement, nous avons exploité d’abord les ressources les plus concentrées, les plus simples à extraire. Les nouvelles mines ont des teneurs en minerai plus basses que les mines épuisées (ainsi du cuivre, passé d’une moyenne de 1,8-2% dans les années 1930, à 0,5% dans les nouvelles mines), ou bien sont moins accessibles, plus dures à exploiter, plus profondes.
Or, que les mines soient plus profondes ou moins concentrées, il faut dépenser plus d’énergie, parce qu’il faut remuer toujours plus de « stériles » miniers, ou parce que la profondeur engendre des contraintes, de température notamment, qui rendent les opérations plus complexes.
Il y a donc une interaction très forte entre disponibilité en énergie et disponibilité en métaux, et la négliger serait se confronter à de grandes désillusions.
Si nous n’avions qu’un problème d’énergie (et de climat !), il « suffirait » de tartiner le monde de panneaux solaires, d’éoliennes et de smart grids (réseaux de transport « intelligents » permettant d’optimiser la consommation, et surtout d’équilibrer à tout moment la demande variable avec l’offre intermittente des énergies renouvelables).
Si nous n’avions qu’un problème de métaux, mais accès à une énergie concentrée et abondante, nous pourrions continuer à exploiter la croûte terrestre à des concentrations toujours plus faibles.
Mais nous faisons face à ces deux problèmes au même moment, et ils se renforcent mutuellement : plus d’énergie nécessaire pour extraire et raffiner les métaux, plus de métaux pour produire une énergie moins accessible.
L’économie circulaire est une gentille utopie
Les ressources métalliques, une fois extraites, ne disparaissent pas. L’économie circulaire, basée en particulier sur l’éco-conception et le recyclage, devrait donc être une réponse logique à la pénurie métallique. Mais celle-ci ne pourra fonctionner que très partiellement si l’on ne change pas radicalement notre façon de produire et de consommer. Naturellement on peut et il faut recycler plus qu’aujourd’hui, et les taux de recyclage actuels sont souvent si bas que les marges de progression sont énormes. Mais on ne peut jamais atteindre 100% et recycler « à l’infini », quand bien même on récupérerait toute la ressource disponible et on la traiterait toujours dans les usines les plus modernes, avec les procédés les mieux maîtrisés (on en est très loin).
D’abord parce qu’il faut pouvoir récupérer physiquement la ressource pour la recycler, ce qui est impossible dans le cas des usages dispersifs ou dissipatifs. Les métaux sont couramment utilisés comme produits chimiques, additifs, dans les verres, les plastiques, les encres, les peintures, les cosmétiques, les fongicides, les lubrifiants et bien d’autres produits industriels ou de la vie courante (environ 5% du zinc, 10 à 15% du manganèse, du plomb et de l’étain, 15 à 20% du cobalt et du cadmium, et, cas extrême, 95% du titane dont le dioxyde sert de colorant blanc universel).
Ensuite parce qu’il est difficile de recycler correctement. Nous concevons des produits d’une diversité et d’une complexité inouïes, à base de composites, d’alliages, de composants de plus en plus miniaturisés et intégrés… mais notre capacité, technologique ou économique, à repérer les différents métaux ou à les séparer, est limitée. Les métaux non ferreux contenues dans les aciers alliés issus de première fonte sont ferraillés de manière indifférenciée et finissent dans des usages moins nobles comme les ronds à béton du bâtiment. Ils ont bien été recyclés, mais sont perdus fonctionnellement, les générations futures n’y auront plus accès, ils sont « dilués ». Il y a dégradation de l’usage de la matière : le métal « noble » finit dans un acier bas de gamme, comme la bouteille plastique finit en chaise de jardin.
La vraie voiture propre, c’est le vélo !
La voiture propre est ainsi une expression absurde, quand bien même les voitures fonctionneraient avec une énergie « 100% propre » ou « zéro émission ». Sans remise en question profonde de la conception, il y aura toujours des usages dispersifs (divers métaux dans la peinture, étain dans le PVC, zinc et cobalt dans les pneus, platine rejeté par le pot catalytique…), une carrosserie, des éléments métalliques et de l’électronique de bord qui seront mal recyclés… La vraie voiture propre, ou presque, c’est le vélo !
Perte entropique ou par dispersion (à la source ou à l’usage), perte « mécanique » (par abandon dans la nature, mise en décharge ou incinération), perte fonctionnelle (par recyclage inefficace) : le recyclage n’est pas un cercle mais un boyau percé, et à chaque cycle de production-usage-consommation, on perd de manière définitive une partie des ressources. On peut toujours progresser. Mais sans revoir drastiquement notre manière d’agir, les taux resteront désespérément bas pour de nombreux petits métaux high tech et autres terres rares (pour la plupart, moins de 1% aujourd’hui), tandis que pour les grands métaux nous plafonnerons à un taux typique de 50 à 80% qui restera très insuffisant.
La croissance « verte » sera mortifère
La croissance « verte » se base, en tout cas dans son acception actuelle, sur le tout-technologique. Elle ne fera alors qu’aggraver les phénomènes que nous venons de décrire, qu’emballer le système, car ces innovations « vertes » sont en général basées sur des métaux moins répandus, aggravent la complexité des produits, font appel à des composants high tech plus durs à recycler. Ainsi du dernier cri des énergies renouvelables, des bâtiments « intelligents », des voitures électriques, hybrides ou hydrogène…
Le déploiement suffisamment massif d’énergies renouvelables décentralisées, d’un internet de l’énergie, est irréaliste. Si la métaphore fleure bon l’économie « dématérialisée », c’est oublier un peu vite qu’on ne transporte pas les électrons comme les photons, et qu’on ne stocke pas l’énergie aussi aisément que des octets. Pour produire, stocker, transporter l’électricité, même « verte », il faut quantité de métaux. Et il n’y a pas de loi de Moore (postulant le doublement de la densité des transistors tous les deux ans environ) dans le monde physique de l’énergie.
Mais une lutte technologique contre le changement climatique sera aussi désespérée. Ainsi dans les voitures, où le besoin de maintenir le confort, la performance et la sécurité nécessite des aciers alliés toujours plus précis pour gagner un peu de poids et réduire les émissions de CO2. Alors qu’il faudrait limiter la vitesse et brider la puissance des moteurs, pour pouvoir dans la foulée réduire le poids et gagner en consommation. La voiture à un litre aux cent kilomètres est à portée de main ! Il suffit qu’elle fasse 300 ou 400 kg, et ne dépasse pas les 80 km/h.
Ainsi dans les bâtiments, où le niveau de confort toujours plus exigeant nécessite l’emploi de matériaux rares (verres faiblement émissifs) et une électronicisation généralisée pour optimiser la consommation (gestion technique du bâtiment, capteurs, moteurs et automatismes, ventilation mécanique contrôlée).
Avec la croissance « verte », nous aimerions appuyer timidement sur le frein tout en restant pied au plancher : plus que jamais, notre économie favorise le jetable, l’obsolescence, l’accélération, le remplacement des métiers de service par des machines bourrées d’électronique, en attendant les drones et les robots. Ce qui nous attend à court terme, c’est une accélération dévastatrice et mortifère, de la ponction de ressources, de la consommation électrique, de la production de déchets ingérables, avec le déploiement généralisé des nanotechnologies, des big data, des objets connectés. Le saccage de la planète ne fait que commencer.
La solution climatique passera par les low tech
Il nous faut prendre la vraie mesure de la transition nécessaire et admettre qu’il n’y aura pas de sortie par le haut à base d’innovation technologique – ou qu’elle est en tout cas si improbable, qu’il serait périlleux de tout miser dessus. On ne peut se contenter des business models émergents, à base d’économie de partage ou de la fonctionnalité, peut-être formidables mais ni généralisables, ni suffisants.
Nous devrons décroître, en valeur absolue, la quantité d’énergie et de matières consommées. Il faut travailler sur la baisse de la demande, non sur le remplacement de l’offre, tout en conservant un niveau de « confort » acceptable.
C’est toute l’idée des low tech, les « basses technologies », par opposition aux high tech qui nous envoient dans le mur, puisqu’elles sont plus consommatrices de ressources rares et nous éloignent des possibilités d’un recyclage efficace et d’une économie circulaire. Promouvoir les low tech est avant tout une démarche, ni obscurantiste, ni forcément opposée à l’innovation ou au « progrès », mais orientée vers l’économie de ressources, et qui consiste à se poser trois questions.
Pourquoi produit-on ? Il s’agit d’abord de questionner intelligemment nos besoins, de réduire à la source, autant que possible, le prélèvement de ressources et la pollution engendrée. C’est un exercice délicat car les besoins humains – nourris par la rivalité mimétique – étant a priori extensibles à l’infini, il est impossible de décréter « scientifiquement » la frontière entre besoins fondamentaux et « superflus », qui fait aussi le sel de la vie. D’autant plus délicat qu’il serait préférable de mener cet exercice démocratiquement, tant qu’à faire.
Il y a toute une gamme d’actions imaginables, plus ou moins compliquées, plus ou moins acceptables. Certaines devraient logiquement faire consensus ou presque, à condition de bien exposer les arguments (suppression de certains objets jetables, des supports publicitaires, de l’eau en bouteille…). D’autres seront un peu plus difficiles à faire passer, mais franchement nous n’y perdrions quasiment pas de « confort » (retour de la consigne, réutilisation des objets, compostage des déchets, limite de vitesse des véhicules…). D’autres enfin promettent quelques débats houleux (réduction drastique de la voiture au profit du vélo, adaptation des températures dans les bâtiments, urbanisme revisité pour inverser la tendance à l’hypermobilité…).
Qui est liberticide ?
Liberticide ? Certainement, mais nos sociétés sont déjà liberticides. Il existe bien une limite, de puissance, de poids, fixée par la puissance publique, pour l’immatriculation des véhicules. Pourquoi ne pourrait-elle pas évoluer ? Un des principes fondamentaux en société est qu’il est préférable que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Puisque nous n’avons qu’une planète et que notre consommation dispendieuse met en danger les conditions même de la vie humaine – et de bien d’autres espèces – sur Terre, qui est liberticide ? Le conducteur de 4×4, l’utilisateur de jet privé, le propriétaire de yacht, ou celui qui propose d’interdire ces engins de mort différée ?
Que produit-on ? Il faut ensuite augmenter considérablement la durée de vie des produits, bannir la plupart des produits jetables ou dispersifs, s’ils ne sont pas entièrement à base de ressources renouvelables et non polluantes, repenser en profondeur la conception des objets : réparables, réutilisables, faciles à identifier et démanteler , recyclables en fin de vie sans perte, utilisant le moins possible les ressources rares et irremplaçables, contenant le moins d’électronique possible, quitte à revoir notre « cahier des charges », accepter le vieillissement ou la réutilisation de l’existant, une esthétique moindre pour les objets fonctionnels, parfois une moindre performance ou une perte de rendement… en gros, le moulin à café et la cafetière italienne de grand-mère, plutôt que la machine à expresso dernier cri. Dans le domaine énergétique, cela pourrait prendre la forme de la micro et mini hydraulique, de petites éoliennes « de village » intermittentes, de solaire thermique pour les besoins sanitaires et la cuisson, de pompes à chaleur, de biomasse…
Comment produit-on ? Il y a enfin une réflexion à mener sur nos modes de production. Doit-on poursuivre la course à la productivité et à l’effet d’échelle dans des giga-usines, ou faut-il mieux des ateliers et des entreprises à taille humaine ? Ne doit-on pas revoir la place de l’humain, le degré de mécanisation et de robotisation, la manière dont nous arbitrons aujourd’hui entre main-d’œuvre et ressources/énergie ? Notre rapport au travail (meilleur partage entre tous, intérêt d’une spécialisation outrancière, répartition du temps entre travail salarié et activités domestiques, etc.) ?
Et puis il y a la question aigüe de la territorialisation de la production. Après des décennies de mondialisation facilitée par un coût du pétrole suffisamment bas et le transport par conteneurs, le système est devenu absurde. À l’heure des futures perturbations, des tensions sociales ou internationales, des risques géopolitiques à venir, que le changement climatique ou les pénuries de ressources risquent d’engendrer, sans parler des scandales sanitaires possibles, un système basé sur une Chine « usine du monde » est-il vraiment résilient ?
Un projet de société
Pour réussir une telle évolution, indispensable mais tellement à contre-courant, il faudra résoudre de nombreuses questions, à commencer par celle de l’emploi. « La croissance, c’est l’emploi » a tellement été martelé qu’il est difficile de parler de sobriété sans faire peur.
Malgré l’évidence des urgences environnementales, toute radicalité écologique, toute évolution réglementaire ou fiscale d’envergure, même progressive, toute réflexion de fond même, est interdite par la terreur – légitime – de détruire des emplois. Une fois acté le fait que la croissance ne reviendra pas (on y vient doucement), et tant mieux compte tenu de ses effets environnementaux, il faudra se convaincre que le plein-emploi, ou la pleine activité, est parfaitement atteignable dans un monde post-croissance économe en ressources.
Il faudra aussi se poser la question de l’échelle territoriale à laquelle mener cette transition, entre une gouvernance mondiale, impossible dans les délais impartis, et des expériences locales individuelles et collectives, formidables mais insuffisantes. Même enchâssé dans le système d’échanges mondial, un pays ou un petit groupe de pays pourrait prendre les devants, et, protégé par des mesures douanières bien réfléchies, amorcer un réel mouvement, porteur d’espoir et de radicalité.
Compte-tenu des forces en présence, il y a bien sûr une part utopique dans un tel projet de société. Mais n’oublions pas que le scénario de statu quo est probablement encore plus irréaliste, avec des promesses de bonheur technologique qui ne seront pas tenues et un monde qui s’enfoncera dans une crise sans fin, sans parler des risques de soubresauts politiques liés aux frustrations toujours plus grandes. Pourquoi ne pas tenter une autre route ? Nous avons largement les moyens, techniques, organisationnels, financiers, sociétaux et culturels pour mener une telle transition. A condition de le vouloir.
Philippe Bihouix.
Ingénieur, spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique.
Dr Pouet
52037
Membre d’honneur
Membre depuis 20 ans
5269 Posté le 09/07/2017 à 01:40:12
Un peu certes mais d'un autre côté c'est une bonne synthèse.
[ Dernière édition du message le 09/07/2017 à 02:45:11 ]
Etienne Klein
1
Nouvel·le AFfilié·e
Membre depuis 7 ans
5270 Posté le 09/07/2017 à 02:29:12
Jean-Marc Jancovici
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Jean-Marc Jancovici
Description de l'image Jean-Marc Jancovici.jpeg.
Données clés
Naissance 1962
Nationalité Française
Diplôme
École polytechnique et ÉNST Paris
Profession
Ingénieur conseil en énergie et en climat, chef d'entreprise, enseignant, conférencier, auteur et chroniqueur indépendant
Activité principale
Études, Gestion de projet, Stratégie carbone des organisations
Autres activités
Cofondateur de Carbone 4 et des Entretiens de Combloux, président du think tank The Shift Project, Auteur et concepteur initial du bilan carbone de l'ADEME
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Jean-Marc Jancovici, né en 1962, est un ingénieur français diplômé de l'École polytechnique et de École nationale supérieure des télécommunications de Paris. Il est chef d'entreprise, consultant, enseignant, conférencier, auteur de livres et chroniqueur indépendant. Il est connu pour son travail de sensibilisation et de vulgarisation dans la thématique énergie-climat.
Sommaire [masquer]
1 Biographie
2 Médias, conférences, site internet
2.1 Apparitions dans les médias
2.2 Conférences
2.3 Son site web
3 Ademe, bilan carbone et bilan carbone personnel
4 Positions défendues
4.1 Mode de vie
5 Position sur le nucléaire civil
6 Publications
7 Notes et références
8 Annexes
8.1 Articles connexes
8.2 Liens externes
Biographie[modifier | modifier le code]
Ancien élève de l'École polytechnique (promotion 1981) et diplômé de l'École nationale supérieure des télécommunications de Paris (promotion 1986).
Il devient consultant et collabore de 2001 à 2010 avec l'ADEME pour la mise au point du bilan carbone dont il est le principal développeur. En 2002, il participe au programme Young Leaders organisé par la French-American Foundation1.
En 2001, il entre au comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme2, puis en 2005 au comité stratégique de cette même fondation. Il y est coauteur du Pacte écologique, signé par les différents candidats à la présidentielle de 2007.
En 2007, il participe en tant que personne morale associée au groupe 1 du Grenelle Environnement : « Lutter contre les changements climatiques et maîtriser l’énergie »3.
En 2007 il fonde également le cabinet Carbone 44 avec Alain Grandjean.
Il est enseignant-vacataire à Mines ParisTech depuis 2008. L'ensemble des cours sur la contrainte énergie/climat (environ 16 h) sont gratuitement consultables à partir de son site5.
Il est président du Conseil d'Administration du think-tank The Shift Project.
Il anime le groupe « X-Environnement »6 qui organise des conférences de vulgarisation scientifique et technique sur les questions d'environnement, et qui alimente chaque année (depuis 1994) un numéro du mensuel des anciens élèves de l'École polytechnique, La Jaune et la Rouge, sur un thème de l'environnement.
Il est membre de l'association ASPO France, qui a pour thème l'étude du pic pétrolier et de ses conséquences.
Il est membre du conseil scientifique du Service de l'Observation et des Statistiques (SOES) du ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer.
Médias, conférences, site internet[modifier | modifier le code]
Apparitions dans les médias[modifier | modifier le code]
Il est invité régulièrement à la radio ou à la télévision pour parler des questions énergétiques et du changement climatique, et donne des conférences et formations7.
Il signe des tribunes assez fréquemment dans le journal Les Échos.
Il présentait une fois par mois l'indicateur ECO2 Climat au journal de 20 heures de TF1 en 2010.
Il a tenu une chronique hebdomadaire le mercredi soir sur France Info de décembre 2009 à juillet 20118.
Jean-Marc Jancovici est représenté dans une interview de la bande dessinée Saison Brune, parue en 2012.
Conférences[modifier | modifier le code]
Jean-Marc Jancovici anime de nombreuses conférences, soit pour le monde de l'entreprise ou de la recherche, soit publiques, dans lesquelles il commence souvent par démontrer, à l'aide de nombreux graphiques scientifiques, l'étendue des risques pris actuellement par notre civilisation. Ces derniers découlent de la très forte dépendance du monde occidental aux combustibles fossiles, et des dangers d'un réchauffement climatique de grande ampleur, qu'ils soient décrits dans les rapports du Giec ou plus difficiles à présenter de manière quantifiée. Plusieurs de ses conférences sont disponibles en téléchargement sur Internet9.
Parmi ces interventions, on trouve :
La réunion annuelle des cadres dirigeants de SPIE, une entreprise de génie électrique, qui a eu lieu le 27 mars 200810. Disponible en français et en anglais depuis son site.
Dans le cycle des conférences sur les ressources de la terre à la Cité des sciences, il a également donné le 24 mars 2009 une conférence intitulée « Sur et sous sol, combien d'énergies pour combien d'hommes ? »11.
Une conférence de 2 h à l'École Normale Supérieure, le 9 février 2012 : « Gérer la contrainte carbone, un jeu d'enfant ? »
Une audition le 20 mars 2012 au Sénat, dans le cadre des travaux de la commission d'enquête sur le coût réel de l'électricité12: « Un peu de physique dans le monde du consommateur… »
Une intervention devant la commission Développement Durable de l'Assemblée Nationale, le 6 février 2013 : « L'homme, l'énergie, la transition et le député(e) ».
Une conférence transfrontalière à Biarritz, le 17 juin 2013 dans le cadre du DNTE: « Décarboner l'Europe ou comment assurer son indépendance énergétique ».
Une intervention de 30 minutes au LH Forum (mouvement pour une économie positive) en introduction de la session « Énergie : Vers un nouveau modèle ? » le 26 septembre 2013.
Son site web[modifier | modifier le code]
Jean-Marc Jancovici, sur son site web, détaille les composantes du double problème de l'énergie et du climat à l'échelle du monde. Il publie sur son site, dans un labyrinthe de pages web interliées, une page pour chaque aspect du problème. Avec ce qu'il appelle des « calculs de coins de table », il propose au lecteur de visualiser de manière claire les enjeux de notre civilisation dans une approche « systémique ».
Sa principale tâche est dans un premier temps d'agréger les informations primaires de base de données et publications officielles diverses d'acteurs du domaine, pour ensuite les confronter (graphiques, diagrammes, histogrammes, tendances, ordre de grandeurs...) et faire naître une analyse critique éclairée sur les situations et questions peu triviales de la problématique énergie-climat. L'ensemble de ses travaux sont sourcés et servent de matière première à ses diverses interventions publiques.
Ademe, bilan carbone et bilan carbone personnel[modifier | modifier le code]
De 2000 à 2010, Jean-Marc Jancovici a été l'auteur principal des versions 1 à 6 du bilan carbone de l'Ademe. Ce travail a directement été à l'origine de l'article 75 de la Loi Grenelle II, qui impose à chaque entreprise de plus de 500 personnes, et chaque collectivité territoriale de plus de 50 000 habitants, de réaliser un inventaire d'émissions de gaz à effet de serre. Il est également l'initiateur, en 2007, du bilan carbone personnel, un calculateur en ligne permettant à tout particulier français de calculer avec une relative précision les émissions de gaz à effet de serre induites par ses faits et gestes, et donc sa participation au réchauffement climatique, dans chaque domaine de sa vie. C'est le premier et unique outil qui permet de calculer avec précision les émissions de gaz à effet de serre provoquées par un particulier. « Le premier calculateur de bilan carbone personnel qui prend tout en compte, des achats de chaussures aux vacances au ski, en passant par le chauffage et les biftecks » explique Jean-Marc Jancovici13.
Positions défendues[modifier | modifier le code]
Sa vision des choses, abrégée[par qui ?], est la suivante : l'économie tout entière des pays occidentaux est fondée sur une énergie abondante et à bas prix. Il s'agit pour majeure partie d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) qui représentent à elles seules 80 % de la consommation mondiale. Pétrole et gaz viennent, ou sont en voie, d'atteindre leur pic de production et vont donc inexorablement décroître pour des raisons physiques. Le PIB étant lié à la quantité d'énergie disponible14 et non l'inverse, la croissance, pour l'UE entre autres, ne repartira pas comme annoncé si l'on ne fait rien, au mieux stagnera voire enchaînera des récessions, prémices de crises sociales à venir. D'autre part, la combustion de ces énergies entraînant le début de changements climatiques majeurs et irréversibles pour des décennies (qui ne s’arrêteront pas en 2100), impliquent que de grandes surprises sont à venir en France et dans le monde (événements extrêmes, stress hydrique, pénuries, rationnements, déplacements de population...). Il préconise à la France de se lancer de manière résolue, massive et ordonnée dans la reconstruction de son économie vieillissante (transition énergétique, transports efficaces et sobres, décarbonisation de l'industrie lourde, rénovations du parc résidentiel/tertiaire, travail sur formes des villes...), « une conquête de la Lune » [sic], afin d'embarquer l'Europe et le reste du monde dans cette lutte par effet de mimétisme ; l'Europe étant « le dos au mur » [sic] et ayant les atouts pour réussir la première dans cette nouvelle voie. Il considère, par exemple, comme indispensable le recours à une taxation de la consommation d'énergies carbonées (ou fiscalité carbone) pour une politique de décarbonisation efficace d'une économie (étatique, fédérale ou mondiale). Il suggère également de ne pas avoir recours aux réserves mondiales de charbon restant, sans au minimum une obligation de captage ou séquestration du CO2 induit.
À travers ses livres, ses conférences, et son site internet, Jean-Marc Jancovici défend les positions suivantes:
L'énergie n'est pas qu'un secteur économique ou un produit parmi d'autres, mais la base de l'ensemble de l'économie. La totalité de la production économique est une fonction de l'énergie disponible, en volume et non pas en prix, autant ou plus que des facteurs de production traditionnellement admis, le travail et le capital.
La disponibilité de l'énergie fossile, très bon marché même de nos jours, a augmenté la capacité humaine de modification de l'environnement, tout en modifiant profondément la société et en améliorant son train de vie de manière très significative. À ce titre, il illustre souvent la sous-évaluation du coût actuel de l'énergie en la rapprochant du coût du travail humain via la notion d'« équivalent esclave » qui est le maximum d'énergie qui peut être fournie par un seul être humain en une seule année, soit de l'ordre de 100 kWh maximum maximorum15. Chaque Français posséderait ainsi l'équivalent de 600 esclaves énergétiques 24h sur 24 alors que même une centaine par personne ne serait pas soutenable pour la planète. (La notion d'esclaves énergétiques a été sous-entendue par Oscar Wilde dans The Soul of Man under Socialism, créée par le Prof. Hans-Peter Dürr et évoquée chez Ivan Illich).
Les indicateurs économiques traditionnels tels que le PIB sont inadaptés car ils mesurent la production sans prendre en compte la destruction de ressources non renouvelables — ce qui dans l’analogie avec une entreprise, reviendrait à mesurer son chiffre d'affaires sans tenir compte du fait qu'elle liquide ses actifs.
La consommation d’énergie fossile, via les émissions de CO2 provoquées, détériore irrémédiablement le climat. La conséquence pourrait être un véritable changement d'ère climatique au cours du xxie siècle, avec des conséquences économiques et sociales incommensurables et inattendues. L'addition pouvant être particulièrement désastreuse si les systèmes économiques touchés sont en récession structurelle, donc avec des caisses vides et une faible capacité de rebond.
Les énergies renouvelables (notamment photovoltaïque diffus et éolien) auront beaucoup de mal quantitativement16 à pallier une baisse de la consommation (voulue ou forcée) des énergies fossiles afin de garantir le niveau de vie actuel. Elles sont gérées en France par des méthodes sentimentales et engendrent un effet d'éviction, en univers sans croissance, sur des solutions plus porteuses de résultats mais tout autant capitalistiques (rénovations massives, développement filière bois-énergie et pompes à chaleur, révolution dans les transports, séquestration du CO2 dans centrales à charbon...).
Mode de vie[modifier | modifier le code]
J-M. Jancovici indique ne jamais prendre l'avion pour des déplacements en France, très peu la voiture, et de privilégier train, métro et vélo17.
Position sur le nucléaire civil[modifier | modifier le code]
Jean-Marc Jancovici est un partisan affirmé de l'énergie nucléaire civile, comme étant une des rares alternatives techniquement crédibles et matures permettant de se défaire de la « contrainte carbone ». Il utilise ce terme pour regrouper les risques de crise économique et sociale majeure liés à notre trop forte dépendance aux hydrocarbures alors que le plafonnement de la production mondiale approche ou est en cours18, ainsi que le péril d'un changement climatique de grande ampleur qui découlera de l'usage massif des énergies fossiles encore disponibles (gaz, charbon, schistes bitumineux, gaz de schistes , etc.). Pour lui, le nucléaire « évite plus d'inconvénients qu'il n'en crée ». Il constitue une énergie acceptable et même souhaitable car, l'économie étant liée à l'énergie, il éviterait une crise économique et sociale trop brutale, dues à un scénario mêlant les seules économies d'énergies au développement des énergies renouvelables. Cela constituerait un « Facteur 2,5 » au lieu d'un Facteur 4, avec le même effet sur les émissions de gaz à effet de serre françaises19,20. Sa position lui vaut logiquement des critiques de la part des antinucléaires. Pour lui, on peut garantir un approvisionnement énergétique identique en volume et en prix à ce que fournissent actuellement les combustibles fossiles en se reportant sur l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables, mais cela ne sera possible que pendant quelques décennies. Il conclut en expliquant que l'essentiel du problème énergétique devra se résoudre d'ici à 2050 par des économies d'énergie très importantes, incitées par des hausses de prix acceptées et planifiées, via la taxe carbone engendrant une redistribution de la fiscalité, et non subies sous l'effet de crises extérieures engendrant une fuite de capitaux vers les pays producteurs.
Sur la problématique des risques induits, J.M. Jancovici livre une analyse sur les conséquences de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et de son traitement par les médias sur son site internet19 :
« En ce qui concerne l'accident de Tchernobyl, la majorité des informations qui circulent sont de 3e main, quand ce n'est pas plus : « quelqu'un » m'a dit qu'on lui a dit que , etc. La quasi-totalité des choses que l'on peut lire ou entendre dans les médias n'émanent pas de médecins ou de biologistes en direct, mais de militants antinucléaires, qui ne publient pas dans des revues scientifiques à comité de lecture. Ce mode de fonctionnement des médias autorise toutes les manipulations... »19 »
En juillet 2011, il dit dans un entretien à l'occasion de la publication de « Changer le monde : tout un programme »21:
« Le nucléaire civil peut concourir au maintien de la paix dans le monde. Sans même parler de CO2, le nucléaire est beaucoup moins dangereux que le charbon. Depuis la catastrophe de Fukushima, qui n'a pas fait un mort du fait du surplus de radiations, le charbon a déjà tué 1000 personnes dans les mines21. »
Publications[modifier | modifier le code]
L'Avenir climatique : quel temps ferons-nous ?, Éditions du Seuil (coll. Science Ouverte), mars 2002 (prix Roberval 2002).
L'Effet de serre, allons-nous changer le climat ?, avec Hervé Le Treut, Flammarion (coll. Dominos), 2001
Le plein s'il vous plaît ! La solution au problème de l'énergie, avec Alain Grandjean, Éditions du Seuil, février 2006 (ISBN 2020857928), rééd. 2010. Essai qui analyse le problème énergétique et climatique en termes scientifique, de civilisation, sociologique et politique, où il présente en détail la taxe carbone, et où il insiste sur la nécessité immédiate de sa mise en place.
Le Changement climatique expliqué à ma fille, Éditions du Seuil, janvier 2009
C'est maintenant ! 3 ans pour sauver le monde, avec Alain Grandjean, Éditions du Seuil, janvier 2009
Changer le monde - Tout un programme !, Calmann-Lévy, mai 2011
Transition énergétique pour tous ! ce que les politiques n'osent pas vous dire, Éditions Odile Jacob, avril 2013, (version actualisée de Changer le monde - Tout un programme !)
Dormez tranquilles jusqu'en 2100, Éditions Odile Jacob, novembre 2015 (ISBN 978-2738132529)
Notes et références[modifier | modifier le code]
↑ EARLIER CLASSES [archive], frenchamerican.org
↑ http://www.fondation-nicolas-hulot.org/fondation/comite-de-veille-ecologique [archive]
↑ Membres du groupe 1 [archive], sur le site du Grenelle Environnement, le 10 septembre 2007.
↑ http://carbone4.com [archive]
↑ à partir de son site [archive]
↑ Site de X-environnement [archive] depuis 2001. Il s'agit d'un groupe thématique de l'amicale des anciens élèves de l'École polytechnique
↑ Maioukicausedonktant ? http://www.manicore.com/documentation/articles/zazie.html [archive]
↑ http://www.france-info.com/spip.php?page=archive_sous_theme&theme=81&sous_theme=442 [archive]
↑ http://www.manicore.com/documentation/articles/conferences.html [archive]
↑ Énergie et changement climatique : une conférence interne chez SPIE trouve un large écho auprès du grand public [archive]
↑ http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/html/2008_2009/conferences/conference_538_podcast.htm [archive]
↑ http://videos.senat.fr/video/videos/2012/video12508.html [archive]
↑ Nouveautés du site www.manicore.com [archive]
↑ (en) Gaël Giraud, Zeynep Kahraman, « How Dependent is Growth from Primary Energy ? Output Energy Elasticity in 50 Countries (1970-2011) », CNRS, 10 avril 2014 (lire en ligne [archive])
↑ « Combien suis-je un esclavagiste ? » [archive], mai 2005
↑ (de) Photovoltaïque en Allemagne [archive] (données actuelles)
↑ http://www.manicore.com/documentation/deplacements.html [archive]
↑ A quand le pic de production mondial de pétrole ? [archive], juillet 2014
↑ a, b et c « À propos de quelques objections fréquentes sur le nucléaire civil » [archive]
↑ « Lettre ouverte aux journalistes qui vont évoquer Tchernobyl, et surtout à ceux qui les écoutent, les lisent ou les regardent » [archive]
↑ a et b Jean-Marc Jancovici - Le nucléaire civil peut contribuer au maintien de la paix [archive] lexpansion.lexpress.fr, juin 2011
Annexes[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Effet de serre
Taxe carbone
Bilan carbone
Bilan carbone personnel
Liens externes[modifier | modifier le code]
Site de Jean-Marc Jancovici [archive]
Audition de Jean-Marc Jancovici sur le changement climatique à l'Assemblée Nationale [archive], à la Commission sur le Développement Durable le 6 février 2013
Gérer la contrainte carbone, un jeu d’enfant ? [archive], Conférence, École normale supérieure
Énergie et changement climatique : éléments de base sur l'énergie au xxie siècle [archive], capture vidéo des cours de Jean-Marc Jancovici à l'école des MINES ParisTech
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Jean-Marc Jancovici
Description de l'image Jean-Marc Jancovici.jpeg.
Données clés
Naissance 1962
Nationalité Française
Diplôme
École polytechnique et ÉNST Paris
Profession
Ingénieur conseil en énergie et en climat, chef d'entreprise, enseignant, conférencier, auteur et chroniqueur indépendant
Activité principale
Études, Gestion de projet, Stratégie carbone des organisations
Autres activités
Cofondateur de Carbone 4 et des Entretiens de Combloux, président du think tank The Shift Project, Auteur et concepteur initial du bilan carbone de l'ADEME
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Jean-Marc Jancovici, né en 1962, est un ingénieur français diplômé de l'École polytechnique et de École nationale supérieure des télécommunications de Paris. Il est chef d'entreprise, consultant, enseignant, conférencier, auteur de livres et chroniqueur indépendant. Il est connu pour son travail de sensibilisation et de vulgarisation dans la thématique énergie-climat.
Sommaire [masquer]
1 Biographie
2 Médias, conférences, site internet
2.1 Apparitions dans les médias
2.2 Conférences
2.3 Son site web
3 Ademe, bilan carbone et bilan carbone personnel
4 Positions défendues
4.1 Mode de vie
5 Position sur le nucléaire civil
6 Publications
7 Notes et références
8 Annexes
8.1 Articles connexes
8.2 Liens externes
Biographie[modifier | modifier le code]
Ancien élève de l'École polytechnique (promotion 1981) et diplômé de l'École nationale supérieure des télécommunications de Paris (promotion 1986).
Il devient consultant et collabore de 2001 à 2010 avec l'ADEME pour la mise au point du bilan carbone dont il est le principal développeur. En 2002, il participe au programme Young Leaders organisé par la French-American Foundation1.
En 2001, il entre au comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme2, puis en 2005 au comité stratégique de cette même fondation. Il y est coauteur du Pacte écologique, signé par les différents candidats à la présidentielle de 2007.
En 2007, il participe en tant que personne morale associée au groupe 1 du Grenelle Environnement : « Lutter contre les changements climatiques et maîtriser l’énergie »3.
En 2007 il fonde également le cabinet Carbone 44 avec Alain Grandjean.
Il est enseignant-vacataire à Mines ParisTech depuis 2008. L'ensemble des cours sur la contrainte énergie/climat (environ 16 h) sont gratuitement consultables à partir de son site5.
Il est président du Conseil d'Administration du think-tank The Shift Project.
Il anime le groupe « X-Environnement »6 qui organise des conférences de vulgarisation scientifique et technique sur les questions d'environnement, et qui alimente chaque année (depuis 1994) un numéro du mensuel des anciens élèves de l'École polytechnique, La Jaune et la Rouge, sur un thème de l'environnement.
Il est membre de l'association ASPO France, qui a pour thème l'étude du pic pétrolier et de ses conséquences.
Il est membre du conseil scientifique du Service de l'Observation et des Statistiques (SOES) du ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer.
Médias, conférences, site internet[modifier | modifier le code]
Apparitions dans les médias[modifier | modifier le code]
Il est invité régulièrement à la radio ou à la télévision pour parler des questions énergétiques et du changement climatique, et donne des conférences et formations7.
Il signe des tribunes assez fréquemment dans le journal Les Échos.
Il présentait une fois par mois l'indicateur ECO2 Climat au journal de 20 heures de TF1 en 2010.
Il a tenu une chronique hebdomadaire le mercredi soir sur France Info de décembre 2009 à juillet 20118.
Jean-Marc Jancovici est représenté dans une interview de la bande dessinée Saison Brune, parue en 2012.
Conférences[modifier | modifier le code]
Jean-Marc Jancovici anime de nombreuses conférences, soit pour le monde de l'entreprise ou de la recherche, soit publiques, dans lesquelles il commence souvent par démontrer, à l'aide de nombreux graphiques scientifiques, l'étendue des risques pris actuellement par notre civilisation. Ces derniers découlent de la très forte dépendance du monde occidental aux combustibles fossiles, et des dangers d'un réchauffement climatique de grande ampleur, qu'ils soient décrits dans les rapports du Giec ou plus difficiles à présenter de manière quantifiée. Plusieurs de ses conférences sont disponibles en téléchargement sur Internet9.
Parmi ces interventions, on trouve :
La réunion annuelle des cadres dirigeants de SPIE, une entreprise de génie électrique, qui a eu lieu le 27 mars 200810. Disponible en français et en anglais depuis son site.
Dans le cycle des conférences sur les ressources de la terre à la Cité des sciences, il a également donné le 24 mars 2009 une conférence intitulée « Sur et sous sol, combien d'énergies pour combien d'hommes ? »11.
Une conférence de 2 h à l'École Normale Supérieure, le 9 février 2012 : « Gérer la contrainte carbone, un jeu d'enfant ? »
Une audition le 20 mars 2012 au Sénat, dans le cadre des travaux de la commission d'enquête sur le coût réel de l'électricité12: « Un peu de physique dans le monde du consommateur… »
Une intervention devant la commission Développement Durable de l'Assemblée Nationale, le 6 février 2013 : « L'homme, l'énergie, la transition et le député(e) ».
Une conférence transfrontalière à Biarritz, le 17 juin 2013 dans le cadre du DNTE: « Décarboner l'Europe ou comment assurer son indépendance énergétique ».
Une intervention de 30 minutes au LH Forum (mouvement pour une économie positive) en introduction de la session « Énergie : Vers un nouveau modèle ? » le 26 septembre 2013.
Son site web[modifier | modifier le code]
Jean-Marc Jancovici, sur son site web, détaille les composantes du double problème de l'énergie et du climat à l'échelle du monde. Il publie sur son site, dans un labyrinthe de pages web interliées, une page pour chaque aspect du problème. Avec ce qu'il appelle des « calculs de coins de table », il propose au lecteur de visualiser de manière claire les enjeux de notre civilisation dans une approche « systémique ».
Sa principale tâche est dans un premier temps d'agréger les informations primaires de base de données et publications officielles diverses d'acteurs du domaine, pour ensuite les confronter (graphiques, diagrammes, histogrammes, tendances, ordre de grandeurs...) et faire naître une analyse critique éclairée sur les situations et questions peu triviales de la problématique énergie-climat. L'ensemble de ses travaux sont sourcés et servent de matière première à ses diverses interventions publiques.
Ademe, bilan carbone et bilan carbone personnel[modifier | modifier le code]
De 2000 à 2010, Jean-Marc Jancovici a été l'auteur principal des versions 1 à 6 du bilan carbone de l'Ademe. Ce travail a directement été à l'origine de l'article 75 de la Loi Grenelle II, qui impose à chaque entreprise de plus de 500 personnes, et chaque collectivité territoriale de plus de 50 000 habitants, de réaliser un inventaire d'émissions de gaz à effet de serre. Il est également l'initiateur, en 2007, du bilan carbone personnel, un calculateur en ligne permettant à tout particulier français de calculer avec une relative précision les émissions de gaz à effet de serre induites par ses faits et gestes, et donc sa participation au réchauffement climatique, dans chaque domaine de sa vie. C'est le premier et unique outil qui permet de calculer avec précision les émissions de gaz à effet de serre provoquées par un particulier. « Le premier calculateur de bilan carbone personnel qui prend tout en compte, des achats de chaussures aux vacances au ski, en passant par le chauffage et les biftecks » explique Jean-Marc Jancovici13.
Positions défendues[modifier | modifier le code]
Sa vision des choses, abrégée[par qui ?], est la suivante : l'économie tout entière des pays occidentaux est fondée sur une énergie abondante et à bas prix. Il s'agit pour majeure partie d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) qui représentent à elles seules 80 % de la consommation mondiale. Pétrole et gaz viennent, ou sont en voie, d'atteindre leur pic de production et vont donc inexorablement décroître pour des raisons physiques. Le PIB étant lié à la quantité d'énergie disponible14 et non l'inverse, la croissance, pour l'UE entre autres, ne repartira pas comme annoncé si l'on ne fait rien, au mieux stagnera voire enchaînera des récessions, prémices de crises sociales à venir. D'autre part, la combustion de ces énergies entraînant le début de changements climatiques majeurs et irréversibles pour des décennies (qui ne s’arrêteront pas en 2100), impliquent que de grandes surprises sont à venir en France et dans le monde (événements extrêmes, stress hydrique, pénuries, rationnements, déplacements de population...). Il préconise à la France de se lancer de manière résolue, massive et ordonnée dans la reconstruction de son économie vieillissante (transition énergétique, transports efficaces et sobres, décarbonisation de l'industrie lourde, rénovations du parc résidentiel/tertiaire, travail sur formes des villes...), « une conquête de la Lune » [sic], afin d'embarquer l'Europe et le reste du monde dans cette lutte par effet de mimétisme ; l'Europe étant « le dos au mur » [sic] et ayant les atouts pour réussir la première dans cette nouvelle voie. Il considère, par exemple, comme indispensable le recours à une taxation de la consommation d'énergies carbonées (ou fiscalité carbone) pour une politique de décarbonisation efficace d'une économie (étatique, fédérale ou mondiale). Il suggère également de ne pas avoir recours aux réserves mondiales de charbon restant, sans au minimum une obligation de captage ou séquestration du CO2 induit.
À travers ses livres, ses conférences, et son site internet, Jean-Marc Jancovici défend les positions suivantes:
L'énergie n'est pas qu'un secteur économique ou un produit parmi d'autres, mais la base de l'ensemble de l'économie. La totalité de la production économique est une fonction de l'énergie disponible, en volume et non pas en prix, autant ou plus que des facteurs de production traditionnellement admis, le travail et le capital.
La disponibilité de l'énergie fossile, très bon marché même de nos jours, a augmenté la capacité humaine de modification de l'environnement, tout en modifiant profondément la société et en améliorant son train de vie de manière très significative. À ce titre, il illustre souvent la sous-évaluation du coût actuel de l'énergie en la rapprochant du coût du travail humain via la notion d'« équivalent esclave » qui est le maximum d'énergie qui peut être fournie par un seul être humain en une seule année, soit de l'ordre de 100 kWh maximum maximorum15. Chaque Français posséderait ainsi l'équivalent de 600 esclaves énergétiques 24h sur 24 alors que même une centaine par personne ne serait pas soutenable pour la planète. (La notion d'esclaves énergétiques a été sous-entendue par Oscar Wilde dans The Soul of Man under Socialism, créée par le Prof. Hans-Peter Dürr et évoquée chez Ivan Illich).
Les indicateurs économiques traditionnels tels que le PIB sont inadaptés car ils mesurent la production sans prendre en compte la destruction de ressources non renouvelables — ce qui dans l’analogie avec une entreprise, reviendrait à mesurer son chiffre d'affaires sans tenir compte du fait qu'elle liquide ses actifs.
La consommation d’énergie fossile, via les émissions de CO2 provoquées, détériore irrémédiablement le climat. La conséquence pourrait être un véritable changement d'ère climatique au cours du xxie siècle, avec des conséquences économiques et sociales incommensurables et inattendues. L'addition pouvant être particulièrement désastreuse si les systèmes économiques touchés sont en récession structurelle, donc avec des caisses vides et une faible capacité de rebond.
Les énergies renouvelables (notamment photovoltaïque diffus et éolien) auront beaucoup de mal quantitativement16 à pallier une baisse de la consommation (voulue ou forcée) des énergies fossiles afin de garantir le niveau de vie actuel. Elles sont gérées en France par des méthodes sentimentales et engendrent un effet d'éviction, en univers sans croissance, sur des solutions plus porteuses de résultats mais tout autant capitalistiques (rénovations massives, développement filière bois-énergie et pompes à chaleur, révolution dans les transports, séquestration du CO2 dans centrales à charbon...).
Mode de vie[modifier | modifier le code]
J-M. Jancovici indique ne jamais prendre l'avion pour des déplacements en France, très peu la voiture, et de privilégier train, métro et vélo17.
Position sur le nucléaire civil[modifier | modifier le code]
Jean-Marc Jancovici est un partisan affirmé de l'énergie nucléaire civile, comme étant une des rares alternatives techniquement crédibles et matures permettant de se défaire de la « contrainte carbone ». Il utilise ce terme pour regrouper les risques de crise économique et sociale majeure liés à notre trop forte dépendance aux hydrocarbures alors que le plafonnement de la production mondiale approche ou est en cours18, ainsi que le péril d'un changement climatique de grande ampleur qui découlera de l'usage massif des énergies fossiles encore disponibles (gaz, charbon, schistes bitumineux, gaz de schistes , etc.). Pour lui, le nucléaire « évite plus d'inconvénients qu'il n'en crée ». Il constitue une énergie acceptable et même souhaitable car, l'économie étant liée à l'énergie, il éviterait une crise économique et sociale trop brutale, dues à un scénario mêlant les seules économies d'énergies au développement des énergies renouvelables. Cela constituerait un « Facteur 2,5 » au lieu d'un Facteur 4, avec le même effet sur les émissions de gaz à effet de serre françaises19,20. Sa position lui vaut logiquement des critiques de la part des antinucléaires. Pour lui, on peut garantir un approvisionnement énergétique identique en volume et en prix à ce que fournissent actuellement les combustibles fossiles en se reportant sur l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables, mais cela ne sera possible que pendant quelques décennies. Il conclut en expliquant que l'essentiel du problème énergétique devra se résoudre d'ici à 2050 par des économies d'énergie très importantes, incitées par des hausses de prix acceptées et planifiées, via la taxe carbone engendrant une redistribution de la fiscalité, et non subies sous l'effet de crises extérieures engendrant une fuite de capitaux vers les pays producteurs.
Sur la problématique des risques induits, J.M. Jancovici livre une analyse sur les conséquences de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et de son traitement par les médias sur son site internet19 :
« En ce qui concerne l'accident de Tchernobyl, la majorité des informations qui circulent sont de 3e main, quand ce n'est pas plus : « quelqu'un » m'a dit qu'on lui a dit que , etc. La quasi-totalité des choses que l'on peut lire ou entendre dans les médias n'émanent pas de médecins ou de biologistes en direct, mais de militants antinucléaires, qui ne publient pas dans des revues scientifiques à comité de lecture. Ce mode de fonctionnement des médias autorise toutes les manipulations... »19 »
En juillet 2011, il dit dans un entretien à l'occasion de la publication de « Changer le monde : tout un programme »21:
« Le nucléaire civil peut concourir au maintien de la paix dans le monde. Sans même parler de CO2, le nucléaire est beaucoup moins dangereux que le charbon. Depuis la catastrophe de Fukushima, qui n'a pas fait un mort du fait du surplus de radiations, le charbon a déjà tué 1000 personnes dans les mines21. »
Publications[modifier | modifier le code]
L'Avenir climatique : quel temps ferons-nous ?, Éditions du Seuil (coll. Science Ouverte), mars 2002 (prix Roberval 2002).
L'Effet de serre, allons-nous changer le climat ?, avec Hervé Le Treut, Flammarion (coll. Dominos), 2001
Le plein s'il vous plaît ! La solution au problème de l'énergie, avec Alain Grandjean, Éditions du Seuil, février 2006 (ISBN 2020857928), rééd. 2010. Essai qui analyse le problème énergétique et climatique en termes scientifique, de civilisation, sociologique et politique, où il présente en détail la taxe carbone, et où il insiste sur la nécessité immédiate de sa mise en place.
Le Changement climatique expliqué à ma fille, Éditions du Seuil, janvier 2009
C'est maintenant ! 3 ans pour sauver le monde, avec Alain Grandjean, Éditions du Seuil, janvier 2009
Changer le monde - Tout un programme !, Calmann-Lévy, mai 2011
Transition énergétique pour tous ! ce que les politiques n'osent pas vous dire, Éditions Odile Jacob, avril 2013, (version actualisée de Changer le monde - Tout un programme !)
Dormez tranquilles jusqu'en 2100, Éditions Odile Jacob, novembre 2015 (ISBN 978-2738132529)
Notes et références[modifier | modifier le code]
↑ EARLIER CLASSES [archive], frenchamerican.org
↑ http://www.fondation-nicolas-hulot.org/fondation/comite-de-veille-ecologique [archive]
↑ Membres du groupe 1 [archive], sur le site du Grenelle Environnement, le 10 septembre 2007.
↑ http://carbone4.com [archive]
↑ à partir de son site [archive]
↑ Site de X-environnement [archive] depuis 2001. Il s'agit d'un groupe thématique de l'amicale des anciens élèves de l'École polytechnique
↑ Maioukicausedonktant ? http://www.manicore.com/documentation/articles/zazie.html [archive]
↑ http://www.france-info.com/spip.php?page=archive_sous_theme&theme=81&sous_theme=442 [archive]
↑ http://www.manicore.com/documentation/articles/conferences.html [archive]
↑ Énergie et changement climatique : une conférence interne chez SPIE trouve un large écho auprès du grand public [archive]
↑ http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/html/2008_2009/conferences/conference_538_podcast.htm [archive]
↑ http://videos.senat.fr/video/videos/2012/video12508.html [archive]
↑ Nouveautés du site www.manicore.com [archive]
↑ (en) Gaël Giraud, Zeynep Kahraman, « How Dependent is Growth from Primary Energy ? Output Energy Elasticity in 50 Countries (1970-2011) », CNRS, 10 avril 2014 (lire en ligne [archive])
↑ « Combien suis-je un esclavagiste ? » [archive], mai 2005
↑ (de) Photovoltaïque en Allemagne [archive] (données actuelles)
↑ http://www.manicore.com/documentation/deplacements.html [archive]
↑ A quand le pic de production mondial de pétrole ? [archive], juillet 2014
↑ a, b et c « À propos de quelques objections fréquentes sur le nucléaire civil » [archive]
↑ « Lettre ouverte aux journalistes qui vont évoquer Tchernobyl, et surtout à ceux qui les écoutent, les lisent ou les regardent » [archive]
↑ a et b Jean-Marc Jancovici - Le nucléaire civil peut contribuer au maintien de la paix [archive] lexpansion.lexpress.fr, juin 2011
Annexes[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Effet de serre
Taxe carbone
Bilan carbone
Bilan carbone personnel
Liens externes[modifier | modifier le code]
Site de Jean-Marc Jancovici [archive]
Audition de Jean-Marc Jancovici sur le changement climatique à l'Assemblée Nationale [archive], à la Commission sur le Développement Durable le 6 février 2013
Gérer la contrainte carbone, un jeu d’enfant ? [archive], Conférence, École normale supérieure
Énergie et changement climatique : éléments de base sur l'énergie au xxie siècle [archive], capture vidéo des cours de Jean-Marc Jancovici à l'école des MINES ParisTech
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