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Economie-fanzine

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Sujet de la discussion Economie-fanzine

Pour parler de la science des idéologies qu'est l'économie.

 

Tu sais tout des Futures, des cycles schumeteriens, tu es fan de l'école de Chicago mais tu détestes la house ?

Hayek et fais bander mais t'aimes pas les actrices latinos ?

Tu shortes en intraday dans une stratégie win-win sur le forex ?

 

T'as rien compris aux phrases précedentes, mais tu veux apprendre ?

 

C'est ici. Les débats idéologiques seront tolérés, dans la limite de la courtoisie argumentée, et de la pédagogie de bon aloi.

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576
Après la décroissance est inévitable, et surtout souhaitable. PIB = CO2. Vivre ou ne pas vivre, telle est la question (facile à trancher).
577
faudrait que je fasse une descente dans mes bouquins / banque d'articles en tout genre pour sortir les références qui vont bien (mais j'ai pas le temps / la flemme :oops2:)

Il y a un truc qui me dérange dans 99% des discours sur la décroissance (et Jancovici n'y échappe pas complètement, en tout cas en public) à savoir une "simplification abusive": On oublie de distinguer une croissance en valeur et une croissance dans l'intensité d'usage des ressources. Sachant que pour être à peu près corrects dans l'analyse il faut intégrer les choix de modalités de productions dont les rendements et l'impact écologique vont du très négatif (souvent) et positif (parfois). Tout en ajoutant que nos outils de mesure (PIB en tête) sont très imparfaits

Pour faire simple, une croissance (limitée) en valeur reste souhaitable ne serait-ce que parce qu'elle apporte une prospérité qui donne à manger aux gens et donne les moyens de transformer l'appareil productif. La décroissance de l'intensité d'usage des ressources et la transformation de l'appareil productif sont évidemment souhaitables si on souhaite que l'humanité ait un avenir vaguement sympa

[ Dernière édition du message le 22/04/2020 à 14:42:04 ]

578
Je crois que tu n’as pas regardé, ou pas bien regardé, ses conférences ! C’est juste impossible en fait.

Pour un humain français qui travaille, tu as 600 « esclaves sous forme de machines » qui travaillent pour lui (en consommant de l’énergie). Si on baisse la consommation d’énergie, il y a une baisse de production des biens et services.

En plus, une croissance infinie, et en plus exponentielle, est impossible dans un système fini. La question n’est pas « est-ce que ça va s’arrêter ? » mais seulement « quand est-ce que ça va s’arrêter ? ».

[ Dernière édition du message le 22/04/2020 à 15:05:14 ]

579
Alors sachant que ça va s’arrêter, il serait intelligent d’anticiper le phénomène, plutôt que de rentrer dans le mur à pleine vitesse.

Le souci c’est qu’une croissance exponentielle c’est la poule aux œufs d’or. Non seulement elle promet énormément, mais en plus elle efface le passé. Donc c’est une drogue dure. Mais notre planète n’est pas infinie...
580
il me semble que je ne me suis pas bien fait comprendre :mrg:

c'est pas comme si c'était grave :oops2:
581
Citation :
une croissance (limitée) en valeur reste souhaitable ne serait-ce que parce qu'elle apporte une prospérité qui donne à manger aux gens


Si on divise la quantité de nourriture produite sur terre par le nombre d’habitants, il y a à manger pour tout le monde. Pas besoin de croissance pour ça. Évidemment ça a ses limites, qui ne sont pas forcément faciles à déterminer ; mais on peut imaginer que la terre ne peut pas nourrir 30 milliards d’habitants, même en tournant le problème dans tous les sens.


Citation :
donne les moyens de transformer l'appareil productif


C’est l’énergie qui permet ça. Or pour la question de l’énergie, ça devient compliqué...



Citation :
On oublie de distinguer une croissance en valeur et une croissance dans l'intensité d'usage des ressources.

Peux-tu donner des exemples de domaines concrets où on pourrait avoir une croissance en valeur et une décroissance d’usage de ressources ?

Une pièce de théâtre, oui ça consomme peu de ressources. Par contre construire une ordinateur émet une tonne de CO2, une voiture 15 tonnes. Mais avoir une croissance du PIB avec le théâtre (ou autre) versus la 5G, est-ce vraisemblable ?
582
Citation :
ça devrait aussi rappeler que "trouver une corrélation" c'est bien plus "trouver une question" que "trouver une explication" et c'est d'autant plus vrai dans les sciences molles comme l'économie où la partie expérimentation de la démarche scientifique rencontre des limites

N.B. perso, la vieille discussion épistémologique sur "économie et science en est elle une" ne m'intéresse pas (plus)


Là dessus je suis d’accord. La science, c’est une méthode (avant tout faite de clarté et de rigueur). En histoire ou en astronomie, l’expérimentation à ses limites.

D’ailleurs, faire de la science, sans faire d’expérimentation, c’est précisément ce que Roland Lehoucq (fameux astrophysicien) s’amuse à faire en regardant et commentant des films (pas pour les critiquer, ce n’est pas le but).
583
N.B. je ne cherche pas à avoir raison, je dis juste que je considère que la plupart des discours sur la décroissance zappent qq concepts essentiels ce qui selon les cas les décrédibilisent / en font d'avantage des "ouverture à la discussion" que des solutions / portent un coté "so what" dés que l'on passe à la mise en pratique

pour tes points ci dessus:
L'ensemble des transformations souhaitables nécessitent des investissements massifs et sauf révolution légale/économique/géopolitique qui n'arrivera pas, les capitaux ne seront pas dispo/n'existeront pas sans "croissance en valeur". Cette dernière n'ayant pas besoin d'être exponentielle.

"tout le monde mange" => sachant que l'agroalimentaire est un secteur (très) polluant et que la production aujourd'hui n'est que très peu "locale", difficile de transformer tout ça en un truc plus vertueux tout en améliorant l'accès à la nourriture sans investissements massifs, donc sans capitaux et donc sans croissance.
Quant à la limitation de la population mondiale c'est un terrain où il est incroyablement facile de proférer des horreurs à base de "tuer des gens". Aux dernières nouvelles, le meilleurs moyen est l'éducation des jeunes femmes, et ça aussi ça s'imagine difficilement en situation de récession économique

transformer l'appareil productif = énergie ==> c'est réducteur mais ok. dans ce cas, le secteur de l'énergie étant parmis les plus intensifs en capital, faudra bien un peu de croissance pour faire bouger le schmilblick

exemple concret de croissance en valeur et décroissance de l'intensité d'usage des ressources: tous les secteurs dits d'aftermarket / recyclage (dépend évidemment du type d'énergie utilisée), un bonne part du trading, les produits/services à empreinte écologique positive... évidemment la bascule semble lointaine.

histoire de reformuler: Continuer une fuite en avant dans la sur exploitation des ressources est idiot. Le changement drastique vers un modèle de décroissance n'est pas bien réaliste et sans doute pas souhaitable. Utiliser la croissance et pour faire simple la capacité d'investissement et de transformation qu'elle apporte de façon à faire évoluer chaque secteur d'activité vers un fonctionnement plus vertueux, c'est pas facile mais ça semble déjà un peu plus jouable.
Une grosse moitié des grands groupes que j'ai eu pour clients sont dans cette logique depuis la cop21. C'est pas forcément bien visible ni suffisant en l'état. Je trouve plus utiles d'amplifier ce genre de truc avec les encouragements/incitations/règles qui vont bien que de balancer des discours à base de décroissance qui se comprennent le plus souvent comme "arrêtez tout bande d'affreux"
(oui c'est caricatural dit comme ça mais vous aurez compris le fond de ma pensée que j'espère plus nuancée et pétrie d'incertitude :oops2:)
584
Citation :
tous les secteurs dits d'aftermarket / recyclage (dépend évidemment du type d'énergie utilisée)

Oui recycler, réparer, c’est bien, et ça va dans le sens de réduire la consommation de ressources. Mais ça ira aussi dans le sens de la réduction du PIB.

Citation :
un bonne part du trading,

Tout ce qui est informatique et réseaux est très consommateur en ressources, donc non.

Citation :
les produits/services à empreinte écologique positive

La question est justement : lesquels.

Une agriculture bio et locale réduit la consommation de ressources. Mais là aussi ça s’accompagnera d’une baisse de PIB (ce qui sera bon signe).

Il ne faut pas oublier que pratiquement tout ce qu’on faisait en 1700 était renouvelable et durable. Mais ce n’est pas pour rien qu’on a changé. Tout ça est lié à la nature même de l’énergie : elle quantifie les changements. Dès qu’on change un truc : si on le déplace, si on le chauffe, si on le déforme... ça consomme une certaine quantité d’énergie. Et l’énergie « propre » ça n’existe pas. C’est pour ça que la croissance verte n’existe pas non plus.

Et puis on a un capital, pas besoin de croissance pour ça. Le capital c’est d’ailleurs surtout de l’énergie accumulée pour optimiser l’utilisation d’énergie : un tracteur, une pelleteuse.
585
euh... l'after market fait de la croissance, le trading est un tout petit consommateur informatique et réseau pour une production de valeur comparativement monstrueuse, de l'empreinte écologique positive j'en ai vu chez koch industries avec des plans de valorisation et compensation pour leurs mines en fin de vie :8O:
(N.B. NON je ne fais pas des frères Koch des chantres de l'écologie, faut pas déconner. Juste, si cette boite, parmi les pire du monde, arrive à sortir ce genre de truc, aussi parcellaire et imparfait soit-il, il y a un petit espoir que tout ne soit pas fichu.)

le focus "énergie partout" de Jancovici c'est vraiment intéressant/malin/rigoureux... mais justement c'est un focus avec toutes les limites qui vont avec.

Pour exprimer (encore une fois différemment) le fond de ma pensée d'une façon beaucoup plus brutale et pratique: essaies donc de provoquer une "transition écologique" en allant dire aux états/grands groupes/petites entreprises/populations que "pour la planète, l'avenir c'est la décroissance." Les plus polis remercieront pour la qualité de la démonstration et diront gentiment un truc du genre "une politique à visée écologique qui in fine consiste à s'appauvrir on va y réfléchir mais on va sans doute faire autrement". Je te laisse imaginer ce que diront les moins polis.

Réfléchir secteur par secteur pour une transformation vers des cibles écologiquement vertueuses tout en garantissant la rentabilité de la cible et de la transition, c'est certes moins radical, peut être insuffisant mais au moins c'est entendable et réalisable (par ex. la ville de New York ou la Californie parviennent à obtenir des résultats dans les USA de Trump)

bref, perso, la décroissance comme champ d'étude c'est top, (plein de trucs à en apprendre, plein d'enseignements à en tirer), la décroissance comme "politique économique générale" je trouve ça irréaliste voire perché

(après m'être pas mal renseigné sur le sujet, ça reste mon opinion qui me semble ni pire ni meilleure qu'une autre)
586
Citation :
la décroissance comme "politique économique générale" je trouve ça irréaliste voire perché


l'inverse l'est davantage

Non je ne mettrai pas de pull

587
Alors le but n’est effectivement pas de décréter une décroissance. Ni de piloter l’économie et la politique avec comme indicateur la décroissance.

Le but c’est de réduire les émissions de CO2. De réduire pollution, déforestation, pesticides, insecticides et autres trucs suicidaires à moyen terme.

En faisant ça, certains comme Jancovici prédisent une décroissance. D’autres comme toi espèrent de la croissance. Si c’est le cas, soit (tant mieux, tant pis, peu importe...) ; à condition bien sûr de tenir les objectifs écologiques. Pour l’instant on est loin d’en prendre le chemin. On fonce plutôt vers la catastrophe.

Très longtemps Jancovici s’est retenu de parler de décroissance, même si c’est la conséquence évidente de sa démonstration. Il sait bien à quel point ça fait hérisser le poil. Après il y a quand même un souci si par exemple un nouveau système de retraite implique / nécessite de la croissance (cf le système Macron versus l’ancien), parce-que ça risque de (ça va) se planter.

Si on ne tient les objectifs écologiques, on aura aussi de la décroissance, très forte et très brusque, parce-que là ce sera le chaos.

[ Dernière édition du message le 22/04/2020 à 20:23:01 ]

588
Et la situation actuelle nous montre bien qu' un truc que l'on imaginait pas, peut nous tomber sur le coin de la gueule assez vite, il est temps d'arrêter cette insouciance c'est urgent... apres perso je suis assez pessimiste sur nos capacité à changer ce rouleau compresseur (mais pas défaitiste non plus). Je pense qu'il faudra un gros choc pour que l'humanité prenne une autre voie.
589
Citation :
n'existeront pas sans "croissance en valeur". Cette dernière n'ayant pas besoin d'être exponentielle.


Et on est bien d'accord qu'une croissance de 1% par an c'est une croissance exponentielle.

Si par contre on a une croissance linéaire, par exemple de 2% la première année, ça va donner :
2% les deux premières années, puis par séquence de 3 ans : 1,9% ; 1,8% ; 1,7%...

1,4% la vingtième année ; 1% à la 47ème... bref ça tend vers zéro.
590
Je comprends pas l'incompatibilité de krava entre décroissance et investissements.

On sait, de manière certaine, que certaines industries vont se casser la gueule. Transport aérien, ou extraction pétrolière disons. Ça brasse beaucoup d'argent, le démantèlement volontaire ou subit détruira beaucoup d'argent.

À côté de ça, y a plein de secteurs qui pourraient avoir une croissance énorme à moyen terme sans mettre en péril ni l'argent investi ni notre environnement. Par exemple si on transforme notre agriculture pour un modèle de petites exploitations, intensif en main d'œuvre et qui améliore la campagne au lieu de la détruire on revalorise le foncier et l'immobilier de la diagonale du vide. On relance des croissances locales, les investissements ne sont pas perdus.

Par contre la croissance du deuxième ne compensera pas la décroissance du premier, ne serait-ce que parce que certains secteurs nuisibles (dont la finance, désolé) forment une telle bulle complètement déconnectée de toute réalité qu'ils sont hors de proportion par rapport à l'économie réelle.

Ce que je comprends pas du tout chez les investisseurs et la finance, c'est qu'il n'y a pas de recherche fondamentale d'assurer vraiment ses arrières et de lutter radicalement contre le changement climatique. Du vernis vert ça on en voit à tort et à travers, mais les crises à venir vont faire sauter ce vernis comme la pandémie a mis à poil nos dirigeants paumés.

L'appétit vient en mangeant ; la réforme, c'est pas sorcier ; le campement léger en plein air, non. Cupidon

591
Citation :
Ce que je comprends pas du tout chez les investisseurs et la finance, c'est qu'il n'y a pas de recherche fondamentale d'assurer vraiment ses arrières et de lutter radicalement contre le changement climatique. Du vernis vert ça on en voit à tort et à travers, mais les crises à venir vont faire sauter ce vernis comme la pandémie a mis à poil nos dirigeants paumés.


Il semble que beaucoup de chaires d’économie, et donc de directeurs de recherches, soient financés par... la finance. De ce fait, les études effectuées vont beaucoup dans le sens de conforter les décisions déjà prises, aller dans le sens du vent, business as usual etc.. Des statistiques sur les titres des publications dans les revues à comité de lecture semblent bien confirmer ce biais.

[ Dernière édition du message le 23/04/2020 à 17:21:31 ]

592
Coucou les copains ! :boire:

Quelqu'un serait-il compétent pour m'expliquer le fonctionnement de l'inflation intense qui nous pend au nez ?

Je veux dire, en sortie de crise sanitaire, on va sans doute avoir une crise financière, accompagnée d'une belle inflation, histoire d'achever les faibles qui n'ont pas encore tout perdu.

Je comprends le fonctionnement de l'inflation dans un état ou dans une zone avec la même monnaie. Mais là, dans une crise planétaire (ça fait bizarre de l'écrire), la création de monnaie ne va pas se faire de façon identique dans tous les pays.

En gros, comment ça risque de se passer en France ? Et en Suède ?


Je vais passer pour un obscur salopard, mais est-ce qu'il y a des chances que la Suède s'en sorte mieux ? Pas d'arrêt de l'économie, et hors zone euro.

On ne voit bien qu'avec les yeux. Le cœur est invisible pour l'essentiel. 

593
Je sais pas s'il y aura tellement d'inflation, vu qu'il y a beaucoup de destruction d'argent par les actifs qui perdent leur valeur (entreprises, immobilier, etc). La création de monnaie par les banques centrales va peut-être compenser ça, mais ça va aller dans du rachat d'actifs ou garanties de prêts, pas vraiment dans de l'économie réelle.

L'appétit vient en mangeant ; la réforme, c'est pas sorcier ; le campement léger en plein air, non. Cupidon

594
Il n’y a pas de lien direct entre inflation et création de monnaie (même si dans les cas extrêmes on a probablement jamais vu l’un sans l’autre).

Sur l’inflation :



Explications des raisons pour lesquelles il n’y a pas de lien direct entre création de monnaie et inflation :
595
Koala : Une vidéo plus récente qui devrait répondre à ta question, toujours par heureka :

 Un petit sub sympa

Ceux qui déplacent des montagnes... font chier les cartographes.

596
-- Pourquoi beaucoup d'exponentielles en économie ? --

Tout simplement parce-que l'on se fixe souvent comme objectif une variation en pourcentage par rapport à l'année précédente. Si on considère une grandeur A (comme par exemple : PIB, nombre de voitures produites, population...), et que l'on vise une augmentation de 4% entre l'année 0 et l'année 1, on va avoir :
le-pub-des-gentlemen-3010513.png

Si on vise également 4% de croissance entre l'année 1 et l'année 2, on aura le-pub-des-gentlemen-3010516.png , et ainsi de suite.

On aura donc :
le-pub-des-gentlemen-3010518.png

si ça ne s'affichait pas correctement :
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite


L'élévation à la puissance n de cette constante différente de un (1,04) est une exponentielle.

C'est même précisément la définition de l'exponentielle : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fonction_exponentielle

J'ai ajouté les mots entre parenthèses par rapport à la définition de la Wikipédia pour la ramener à mon exemple ci-dessus :
Citation :
Elle est utilisée pour modéliser des phénomènes dans lesquels une différence constante (+1) sur la variable (l'indice des années) conduit à un rapport (= multiplication) constant (1,04 ici) sur les images (notre A).


Autre page directement concernée : https://fr.wikipedia.org/wiki/Croissance_exponentielle :
Citation :
En mathématiques, en économie et en biologie, on parle d'un phénomène à croissance exponentielle (ou géométrique) lorsque la croissance en valeur absolue de la population est proportionnelle à la population existante, c'est-à-dire lorsque le taux de croissance intrinsèque est constant et positif.




-- C'est grave une exponentielle ? --

Oui car c'est vraiment une croissance phénoménale. On a beaucoup de mal à se la représenter, et ça fascine depuis longtemps, en témoigne les histoires suivantes assez connues :


Le nénufar
Sur un lac, un nénufar a une taille qui double chaque jour. Au bout du 40ème jour il a recouvert tout le lac. Au bout de combien de jours recouvrait-il seulement la moitié du lac ?

Réponse :
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite



L'échiquier de Sissa

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_jeu_d%27échecs#Le_mythe_du_brahmane_Sissa

Pour être récompensé de l'invention du jeu d'échecs, le sage Sissa demanda à recevoir une quantité de riz définie comme suit : 1 grain sur la première case, puis 2 grains sur la deuxième, 4 sur la troisième, 8 sur la quatrième, 16 sur la cinquième, et ainsi de suite en doublant à chaque fois le nombre de grains. Cela sembla raisonnable au roi qui accepta ; mais toutes les ressources du royaume n'y suffirent pas ! En effet, ça représente plus de mille fois la production mondiale de riz de 2012, ou 30 fois le PIB mondial de 2014 au prix du riz en France à ce moment là.


Conséquences et conclusion

Remarquons aussi que sur chaque case il y a à peu près autant (un de plus) de grains de riz que sur toutes les cases précédentes. Par exemple 8 c'est 1 de plus que 1 + 2 + 4. Et 16 est 1 de plus que 1 + 2 + 4 + 8.

Imaginons qu'un constructeur automobile ait une croissance de sa production qui soit égale à 5% par an. Tous les 14 ans, il va doubler sa production. Mais ça voudra aussi dire que, entre 2000 et 2014, autrement dit "une case" où la production a doublé, il aura produit autant de voitures qu'entre l'aube de l'humanité et 2000. Idem, entre 2014 et 2028, il aura produit autant de voitures que pendant toutes les années précédentes... Ça donne aussi une idée du "problème" de l'exponentielle.

On comprend donc que c'est une croissance folle. En mathématiques on n'a aucune difficulté à avoir des tels nombres, une croissance infinie etc etc. Mais dans la vraie vie, en physique, chimie, biologie... on sait que rien n'est infini, et du fait de cette croissance extrême, on va forcément atteindre des limites. Par exemple si une personne porteuse d'un virus en contamine 2, qui à leur tour en contaminent 2 (donc déjà un total de 4), ça va aller très vite : en 33 itérations (seulement ! la moitié de notre échiquier) on a dépassé nos 7 milliards d'êtres humains, tout le monde est contaminé et ça s'arrête brusquement.

Comme les ressources terrestres sont limitées, les explications ci-dessus font dire que la croissance, notamment du PIB, finira par tendre vers zéro. Ce ne sera pas "une crise parce-qu'on a pris des mauvaises décisions", mais simplement un phénomène naturel inévitable. Et ce phénomène il vaudrait mieux en tenir compte et l'anticiper car, par exemple, en basant un système de régime de retraite sur une croissance exponentielle infinie, on va aller dans le mur (c'est le cas du projet actuel du gouvernement). Et dans ce cas, la question n’est pas « est-ce ça va foirer ? », mais uniquement « quand est-ce que ça va foirer ? ».

Pour prolonger la lecture :
https://theconversation.com/face-au-mur-de-la-croissance-exponentielle-135331
https://theconversation.com/penser-lapres-les-limites-physiques-de-la-planete-138842

Pour une croissance en pourcentage p relativement faible, ce qui est le cas de la plupart des paramètres en économie, on peut estimer « la durée de la période pour doubler » avec la formule : 70 / p. Si p vaut 10%, ça prend 7 ans, si p vaut 5 ça prend 14 ans, si p vaut 1 ça prend 70 ans.

[ Dernière édition du message le 18/06/2020 à 12:33:17 ]

597
Citation de kravatorf :
L'ensemble des transformations souhaitables nécessitent des investissements massifs et sauf révolution légale/économique/géopolitique qui n'arrivera pas, les capitaux ne seront pas dispo/n'existeront pas sans "croissance en valeur". Cette dernière n'ayant pas besoin d'être exponentielle.


Donc de par sa définition même (un pourcentage), soit la croissance est exponentielle, soit elle tend vers zéro.

À méditer...
598
cqfd :bravo:

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

599
Citation :
L'écologie et l'économie ne sont pas vraiment copine.


Normalement, à l'origine, l'économie c'est pour... roulement de tambour... être économe ! Ou plus exactement : "gérer au mieux les ressources qui ne sont disponibles qu'en quantités limitées, et étudier comment on peut faire ça".

En fait c'est plutôt la finance et surtout l'appât du gain sans limite qui sont problématiques. En plus il faut bien voir qu'en cas de désaccord, c'est évidemment les lois de la nature qui auront le dernier mot et seront les plus fortes.

Beaucoup de thèses économiques actuelles sont incomplètes, voire complètement fausses, souvent pour complaire aux financiers et aux politiciens. Exemple d'erreur qui fait que c'était bien mal parti : pour Jean-Baptiste Say (l'un des premiers économistes), il était inutile de prendre en compte l'énergie parmi les paramètres économiques. En effet, celle-ci semblait gratuite et disponible en quantité illimitée... ben oui, le vent pour les moulins ou les bateaux, ou le débit d'une rivière pour les moulins, étaient disponibles à foison. Mais on a oublié cette approximation en passant au charbon, pétrole, gaz, nucléaire...

Le polytechnicien économiste Charles Dupin (qui a peut-être aussi inspiré un célèbre personnage de Poe, peut-être le premier détective), n'avait pas commis cette erreur en recensant et comparant le nombre de moulins et bateaux entre la France et l'Angleterre (et donc en gros, la puissance en Watts des deux nations).

Les économistes prennent également rarement en compte les baisses de production agricoles liées à la pollution (au sens large : trucs toxiques, mais aussi mort des insectes pollinisateurs, bouleversement climatique à cause du CO2...). Et ils ne s'intéressent pas trop aux problèmes de pénuries d'énergie à long terme (comme si on ne faisait pas de bilan comptable :8O: ). Et je ne parle même pas des erreurs de calculs niveau CM2 par certains "pontes" qui croient avoir trouvé un lien entre dette publique et croissance.

Pourtant dans des simulations comme celle du "Club de Rome", il y a de quoi s'alarmer ! Bien sûr les quantités et donc les dates de cette simulation sont très approximatives, mais même en les faisant beaucoup varier, ça donne à peu près toujours les mêmes solutions. Donc il y a de quoi s'inquiéter fortement. Surtout que leurs prévisions, faites dans les années 70, sont en train de se confirmer, et ce n’est pas pour le meilleur...


Et quand je vois que pendant des années de cours d'économie au lycée ou après (mais ce n'était pas une matière dominante pour moi), je n'ai jamais entendu un professeur souligner qu'une croissance annuelle en pourcent est une croissance exponentielle, c'est fou ! Or une croissance exponentielle, en dehors des mathématiques, dans la vie réelle, ça s'arrête toujours, donc à minima il vaudrait mieux se soucier très sérieusement de ce problème.

[ Dernière édition du message le 19/06/2020 à 20:22:09 ]

600
Citation :
Donc de par sa définition même (un pourcentage), soit la croissance est exponentielle, soit elle tend vers zéro.


Cette affirmation peut paraître un peu audacieuse, mais en fait sa justification est très simple.

Imaginons que la croissance ne tende pas vers zéro. Alors dans ce cas ça veut dire qu'elle est toujours supérieure à un pourcentage P, strictement supérieur à zéro. Mais du coup ça veut aussi dire qu'elle est toujours supérieure à notre A défini 4 messages au-dessus, en remplaçant 1,04 par (1 + P / 100). Et comme A a une évolution exponentielle...


Le souci c'est que pas mal de choses sont basées sur la croissance du PIB, et que si cette dernière est plus faible que prévu, on va avoir un problème. Tant que c'est le compte épargne de Bernard Arnault, ce n'est pa très grave, mais quand ce sont nos retraites, c'est plus ennuyeux.


Et pour reprendre les calculs ci-dessus, avec une croissance du PIB de 2% comme ces dernières années, ce PIB double tous les 35 ans. Quand Bruno Le Maire croit possible une croissance de 6%, il croit à un PIB qui double tous les 12 ans. Ça veut dire qu'en seulement 12 ans, on produit autant de biens et services que pendant toutes les années et tous les siècles précédents.