Longuement attendu par des utilisateurs déjà accros à la première version, MachFive arrive avec une interface rafraîchie, des nouvelles fonctionnalités et une multitude de sons de qualités. Ce nouveau MachFive va-t-il bouleverser les places établies dans le milieu très concurrentiel des sampleurs logiciel ?
Longuement attendu par des utilisateurs déjà accros à la première version, MachFive arrive avec une interface rafraîchie, des nouvelles fonctionnalités et une multitude de sons de qualités. Ce nouveau MachFive va-t-il bouleverser les places établies dans le milieu très concurrentiel des sampleurs logiciel ?
Arrivé près d’un an et demi après l’annonce de sa création, MachFive V2 était attendu au tournant. La première version fut critiquée par certains pour le manque de fonctionnalités d’édition, la non-gestion des boucles rythmiques, et d’une manière générale un sous-équipement fonctionnel important. Il n’en reste pas moins qu’elle a su trouver son public en imposant une interface claire et débarrassée du superflu. La deuxième version testée ici est censée remettre les pendules à l’heure en mettant l’accent sur les principaux outils que l’on attend d’un sampleur moderne.
Le déballage
MachFive est livré dans un coffret cartonné de toute beauté. Le contenu de la boîte est toutefois assez standard (pas de drogue ni de bonbon dans la boîte), composé du CD d’installation, de 4 DVD de banques de sons, d’un manuel (version française à venir) et d’une clé USB de protection. La clé, d’un format assez imposant, est longue et large, ce qui ne facilite pas le branchement. À noter le packaging autour du bloc de DVD, au format coffret, très agréable à la vue et au toucher, offrant également une bonne protection des disques. On sent qu’un effort tout particulier a été apporté à la présentation du logiciel. C’est agréable, et valorisant pour le produit.
Installation et compatibilité
|
MachFive fonctionne sous Windows et Mac et quelle que soit votre plateforme, l’installation se fait facilement, via le cd-rom prévu à cet effet. Prévoyez tout de même une connexion internet pour mettre à jour la clé de protection, et pour installer la mise à jour 2.01 présente sur le site de MOTU. Il est d’ailleurs regrettable que le logiciel ne vérifie pas automatiquement la présence de mises à jour, ou, à défaut, qu’au moins il intègre dans un de ses menus une fonction ‘chercher une update’. Tout le monde ne pense pas à aller vérifier les mises à jour et c’est pourtant tellement important !
MachFive est un programme à part entière, fonctionnant en stand-alone, mais pouvant également fonctionner via une application hôte sur PC (Sonar, Cubase, etc.) ou Mac (Logic, Digital Performer, etc.). De plus, ses nombreux formats plug-ins lui ouvrent presque toutes les portes (Audio unit, DXi, MAS, RTAS, SA, VST), nous avons donc affaire ici à une application ultra intégrable à toutes les configurations de home studio existantes. Ceci est d’autant plus intéressant que vous pourrez de fait utiliser ce soft en collaboration avec d’autres musiciens, même s’ils ne possèdent pas le même séquenceur (ou le même type d’ordinateur – Mac / PC ) que vous.
Formats acceptés
Ce que l’on demande avant tout à un sampleur, c’est d’accepter le plus de formats de banques de sons possible. Sur ce point précis, MachFive est vraiment polyvalent ! Il permet notamment de lire des formats Akai, Kurzweil, Roland Emu, Giga, SampleCell, Kontakt, EXS24, Wav, Acid, AIFF, SDII, Rex, Apple loops. Si on ajoute à tout cela la possibilité d’importer et de jouer des banques de samples multicanaux en surround, et ce, jusqu’à une fréquence maximale de 192 kHz en 24 bits, on peut franchement donner à ce produit le titre de sampleur universel !
Plus design tu meurs !
Dès la première ouverture, l’interface graphique de MachFive saute aux yeux : c’est beau ! L’interface est une belle réussite, les différentes parties du logiciel sont bien définies, on sait tout de suite où l’on est. C’est rassurant, surtout vu le nombre important de fonctionnalités présentes dans la bête. Le logiciel a été conçu pour faciliter l’accès aux différentes fonctions, et l’on peut (presque) tout régler à partir de la fenêtre principale sans avoir à se noyer dans des menus et sous-menus. Ici, pas de systèmes de scrolling qui n’en finissent plus… Les graphistes ont vraiment fait du beau travail : les boutons, ainsi que les potentiomètres et autres contrôles sont bien représentés et le tout est esthétiquement magnifique. Un autre bon point !
Tour d’horizon
MachFive étant un logiciel disposant d’une interface graphique complète et optimisée, un tour d’horizon nous permettra de voir plus en détail les ‘blocs’ en place. Le menu supérieur de MachFive est réduit à son strict minimum : un menu préférence pour gérer vos périphériques d’entrée/sortie et votre routing, et un menu pour gérer votre configuration audio, allant de stéréo jusqu’à 7.1 en passant par ‘Quad’ et 5.1. Tout le reste devra se régler sur la fenêtre principale.
Faisons le tour des différents blocs présents sur la fenêtre principale :
Tout d’abord, le bloc ‘file manager’ présent en haut à gauche de l’interface vous affiche des informations génériques (performances) sur les banques chargées mais aussi des informations spécifiques (preset/Sample/FX) à la ‘part’ sélectionnée en contrebas.
Le bloc plus bas indique les différentes ‘parts’ présentes dans la performance. Ce nombre est mécaniquement illimité, bien évidemment la limite dépend de la puissance de votre machine et des capacités de vos disques durs. Ces ’parts’ peuvent charger aussi bien des banques de sons (ex. : un piano) qu’un sample ‘loop’, et c’est là une des nouveautés de MachFive. À noter, un mode expert présent sur l’interface permet d’assigner des tranches de notes MIDI par part. À partir de ce menu, on peut même définir le déclenchement par tranche de vélocité (0–127) !
Au centre de l’interface, l’écran de contrôle dispose d’une multitude d’affichages possible : Editeur de sample, de mapping, de list, mais aussi analyseur de spectre, accordeur, loop lab… À noter également que sa taille est ajustable via un bouton présent sur son côté gauche : il peut faire les 2/3 de l’interface voire s’afficher en mode plein écran. Pratique.
La fenêtre située en dessous de l’écran de contrôle sert à configurer les paramètres des groupes de notes actives (sélectionnées à partir de l’écran). À partir de ce panneau vous pourrez appliquer des filtres, des enveloppes (multipoints), des LFO, modulations et des paramètres de synthèse. Chaque groupe de note dispose ainsi de son propre panneau de réglage indépendant.
Sur la partie supérieure droite, la section ‘master’ offre des réglages globaux pour MachFive, tels les paramètres de part (slide time, mono, etc.), mais aussi les layers (couches), les groupes de notes, le loop lab et les effets. Ces réglages sont individuels pour chaque part sélectionnée.
Et pour finir, sur la partir inférieure droite, la section effets. Vous pourrez mettre 4 effets par rack (blocs A, B, C et D), et par ‘part’ ! Ce qui veut dire que chaque ligne ‘part’ peut accueillir son propre rack d’effets. Étant donné que le nombre de parts est illimité, ça ouvre grand le champ des possibilités…
Du point de vue de l’organisation des fenêtres l’interface est très bien pensée et facilite un travail rapide.
Le moteur audio
Bénéficiant de la technologie UVI Engine, MachFive traite le signal en 32 bits flottants, et fonctionne en 24 bits/ 192 kHz. Il accepte jusqu’à 200 sorties audio (!), 256 canaux MIDI, un nombre illimité de parts, de groupe de notes (keygroups), de couches (layers), possède une polyphonie illimitée elle aussi, et le tout est archi programmable. Les undo/redo sont eux aussi illimités. La gestion du surround est une des nouveautés également intégrée à MachFive, avec notamment la prise en charge des formats 5.1 et du 7.1 ! Lorsqu’on le fait tourner à plein régime, ce moteur fait la différence, et ce, aussi bien en stand alone qu’en plug-in. À noter que Logic l’intègre parfaitement, et que la consommation est véritablement raisonnable, une grande évolution par rapport à la première version !
Les loops à la carte
La principale nouveauté de MachFive 2 est de permettre un usage non seulement des banques de sons ‘traditionnelles’ mais également des ‘loops’, et ce dans de nombreux formats (Rex, Apple loop, wav…). Le tout peut être utilisé en simultanée, ce qui est vraiment sympathique. L’import des loops est, de plus, facilité par la possibilité de faire des ‘glisser-déposer’ directs, sans avoir à passer par une fenêtre d’importation, afin de gagner du temps. Le moteur de loops, nommé ‘LoopLab’ permet un travail vraiment complet sur les échantillons : vous pouvez modifier le tempo et jouer les samples en complète polyphonie sur un clavier maître. Le gestionnaire de slice, très important, est très simple d’utilisation, il vous permettra d’isoler des phrases d’un sample, et de les mapper sur un clavier pour les jouer séparément. On peut également assigner le point de départ et d’arrêt d’un sample. Le moteur de time stretching et de pitch shifting a lui aussi été revu, et donne entière satisfaction : le traitement audio est à la hauteur de ce que l’on attend d’un logiciel moderne. Chaque slice peut également être exporté en fichier MIDI indépendant, via la commande ‘MIDI drag’. Idem pour les fichiers audio, qui peuvent être transportés de MachFive vers votre bureau via un simple glisser-déposer. C’est très facile à utiliser et super intuitif. On se prend même à construire, boucle après boucles des morceaux en empilant des samples… Dommage que MachFive n’intègre pas un enregistreur direct-to-disk. Cela ferait gagner du temps, d’autant plus que c’est quand même fastidieux d’avoir à enregistrer un riff de guitare dans le séquenceur, de le travailler, de l’exporter en wav, puis de le réimporter dans le sampleur, lui-même plug-in dans le séquenceur…
Autres nouveautés
Cette nouvelle version de MachFive offre pas moins de 47 effets, avec plus de 100 presets, directement dédiés à des catégories d’instruments (batterie, basse, guitare, etc.). Dans l’ensemble, ces effets sont de très bonne qualité. Les modulations (flanger, chorus, phaser) sont très exploitables, ainsi que la réverbe à convolution. Autre point positif : vous pouvez facilement sauvegarder vos réglages d’effets et les rappeler en deux clics. La catégorie ‘multiFX’ est également très intéressante, car elle vous donne des combinaisons d’effets directement applicables aux loops. Les plus exigeants en matière d’effets pourront ainsi se bâtir des presets par effets et par bloc d’effets, sans limites de quantité ! Autre précision importante : les effets peuvent être utilisés en temps réel, et ce, sur chaque part.
En plus de vous permettre d’intégrer des banques de sons et des samples loop, MachFive vous offre un synthétiseur, fonctionnant sur deux moteurs, le premier sous forme d’oscillateur et le second sur un émulateur d’orgues. Le premier DVD de sons fournit également des presets pour utiliser cet outil, qui s’adresse avant tout aux bidouilleurs. Ces presets, assez nombreux donnent un très bon aperçu des capacités de MachFive dans ce domaine. Original !
En plus des effets divers et variés présents sur MachFive, vous pourrez appliquer des traitements audio via les commandes présentes sur la partie centrale de MachFive. La commande filter/DSP offre deux filtres permettant moult triturages sonores allant du filtre passe-bas à la résonance, en passant par du drive, des modulations de fréquence, bref, tout ce qu’il faut pour transformer vos sons. À ces filtres vient s’ajouter un moteur de LFO, un modulateur de pitch, de panoramique et d’enveloppe. Le tout est très abordable techniquement, et là encore on évite la sensation ‘usine à gaz’.
MachFive dispose d’une console de mixage, qui vous permettra de gérer pour chaque part les volumes, panoramiques (les parts sont stéréo), les effets (avec assignation individuelle pour chacun des 4 slots d’effets), les sorties audio… Vraiment très pratique ! En voyant cette console, on a le sentiment d’être dans un véritable séquenceur. De plus, cet outil est entièrement contrôlable en midi. D’un simple clic droit sur un élément, vous accédez à l’interface MIDI, super simple à programmer.
En fonctionnalité additionnelle, le soft propose un accordeur et un analyseur de spectre. C’est très pratique. L’accordeur permet notamment de connaître la hauteur des samples, ce qui fait ensuite gagner du temps à la transposition.
Comme tout bon sampleur, MachFive permet de créer des groupes de notes nommée keygroup. Mais le logiciel vous permet également de créer des layers, ou couches, que vous pouvez empiler via des ‘rules’ (règles). Vous pouvez ainsi créer une arborescence de couches, et définir pour chacun d’entre eux les traitements et règles de déclenchement et d’arrêt.
MachFive propose, outre la stéréo, trois modes surround dont Quad (4 sorties), 5.1 et 7.1. Ayant été (lors de la sortie de sa première version) le premier sampleur à intégrer le 5.1, il n’est pas étonnant que MOTU récidive en implémentant le 7.1 !
À l’usage…
Possédant pas mal de banques au format Akai, Kontakt, Giga et EXS, j’ai fait le test d’importation pour chacun. Le résultat s’est avéré très positif pour tous les formats cités ci-dessus. Un des détails les plus agréables se situe au niveau du temps de téléchargement : comme MachFive n’effectue pas de conversion (il lit en natif les différents formats) l’import des banques est complètement fluide et naturel. Un (très) gros point positif.
Le système part/layer est très simple à manipuler, et ultra ergonomique. De plus, le glisser-déposer offre un véritable gain de temps.
Au niveau de l’ergonomie encore, la possibilité de customiser ses loops avec le looplab sur un mode plein écran est une merveille ! On voit enfin ce que l’on fait, et l’on peut être ultraprécis dans ses découpes.
Les fonctionnalités transversales tels les filtres, les effets et les automations sont efficaces, même si elles s’adressent à un public déjà averti. Dans les faits, le wave editor et le looplab sont certainement les fonctions auxquelles on fera le plus appel (les filtres sont à réserver aux sound designers).
La partie synthétiseur, bien que sympathique, n’est pas d’une utilité primordiale dans un sampleur. D’autant plus qu’il existe moult synthétiseurs plus complets sur le marché.
Autre chose à signaler : MachFive a été conçu pour être entièrement piloté en MIDI et son interface intègre à merveille les fenêtres d’assignation MIDI. C’est simple, rapide et intuitif.
Point aussi très agréable : la consommation CPU. MachFive est vraiment performant. J’ai fait le test de charger plusieurs banques de samples de grosse taille et tout est passé facilement. Prévoyez tout de même de travailler sur des disques rapides, car les banques balaises réclament un accès disque dynamique, sous peine de faire saturer votre ordinateur !
À ce titre justement, une fonctionnalité nommée ‘disk streaming’ vous permet de régler la taille des buffers afin de faciliter la lecture de banques de sons épaisses que votre simple mémoire vive ne permet pas de stocker. MOTU conseille tout de même de disposer d’au moins 1 go de RAM, et recommande 4 Go pour une utilisation optimale. Utilisant un ordinateur équipé de 3 Go de RAM, je n’ai pas eu de soucis d’imports et de ralentissement de l’interface.
Voici quelques exemples sonores effectué avec MachFive 2 : Piano Grand, Piano Soft, VSL Quatuor.
Conclusion
Avec MachFive 2, MOTU rattrape son retard et hisse son sampleur au niveau des meilleurs produits du genre. Au vu des prestations, on peut véritablement le considérer comme un outsider de luxe. À signaler également que lors des (nombreux) essais que j’ai faits, je n’ai jamais eu de plantage, ni de freeze. MachFive à certes mis du temps à sortir, mais MOTU ne prends pas ses clients pour des béta-testeurs, on apprécie ! Son interface, esthétique et rapide, est très éloignée de celle de ses concurrents, dont Kontakt qui affiche ses éléments sur un mode rack. Son intégration dans les séquenceurs est par ailleurs très bonne (je l’ai testée sur Logic). Sa gestion du surround (en 24 bits / 192 kHz qui plus est !), des calques, des automations, son ergonomie bien pensée (l’édition en plein écran c’est mortel !) en font un sampleur très ‘musicien’ là où les concurrents érigent des usines à gaz dédiées à des pros du bricolage. Il n’empêche que sa gestion simultanée des boucles, des banques de sons et ses capacités de synthèse en font un produit complet.
Le seul bémol, son prix, de 449 € est supérieur d’environ 50 euros aux concurrents directs. Peut-être aurait-il fallu proposer le logiciel seul, sans les quatre DVD. C’est dommage de devoir acheter des produits associés, même si les DVD sont de très bonne qualité. En tout cas, MachFive2 est une vraie réussite, et il est fort à parier qu’il va prendre rapidement une place plus importante sur le marché, car ses atouts ne sont pas ceux d’un challenger.