Douze ans après la sortie de la première version, HALion, l’échantillonneur logiciel made in Steinberg, revient avec une cinquième mouture riche en nouveautés. Mais cela sera-t-il suffisant pour contrer les deux ténors du genre que sont Kontakt et MachFive ?
La version 4 d’HALion ayant un peu plus de deux ans, c’est sans surprise que nous accueillons cette nouvelle cuvée. MOTU ayant entre temps sorti un très gros MachFive 3 et Native Instruments un Kontakt 5 un peu paresseux, Steinberg se devait de réagir. Côté prix, pas vraiment de changement ni de surprise, HALion 5 se plaçant en concurrence frontale avec MachFive et Kontakt, les trois avoisinant les 350 €.
Slim fast
Première nouveauté de cette version, HALion 5 est fourni avec HALion Sonic 2, qui, contrairement à son ancêtre HyperSonic, est désormais une version light utilisant le même moteur (mais coûtant tout de même 250 €) plus orientée workstation de par ses limitations. Les principales différences se situent dans l’interface graphique, qui est beaucoup moins flexible, mais aussi beaucoup simple chez HALion Sonic, et dans certaines limitations techniques, comme le nombre de canaux MIDI, d’inserts et de canaux de sortie, et dans l’absence de slicing, éditeur audio, d’audio warp et d’import MIDI ou audio. HALion Sonic intéressera donc les compositeurs et musiciens désireux d’avoir une bonne collection de sons, mais qui n’ont pas forcément envie de retrousser leurs manches et de se perdre dans les méandres du sound design. Les Cubasiens connaissent quant à eux déjà HALion Sonic, une version LE très limité étant incluse avec leur séquenceur favori.
À l’installation, nous sommes déjà surpris par la taille de la banque de sons, qui peine à atteindre les 12 Go sur notre disque dur. C’est très peu par rapport aux concurrents qui dépassent allègrement les 40 Go. Alors nous savons que derrière HALion se cache l’équipe des MOTIF de Yamaha, habitués à faire des merveilles avec très peu de mémoire, mais quand même, en 2013, ça laisse pensif quand on sait que les disques durs de 3To sont devenus la norme… Nous verrons si à l’écoute cela se ressent.
Aussi, sachez que HALion, tout comme Cubase ou n’importe quel produit signé Steinberg, requiert une clé USB eLicenser (qu’il faudra acheter une vingtaine d’euros), et c’est toujours un port USB de pris, ce qui peut ennuyer certains non Cubasiens. Notons que MachFive demande une clé iLok, mais que Kontakt passe par un système d’activation en ligne plus pratique…
La porte ouverte à toutes les fenêtres
HALion 5 est compatible VST 2 et 3 sous Windows, et VST 3 / AU sous OS X. Une fois le logiciel lancé, nous nous retrouvons devant une grande fenêtre divisée en plusieurs sections. Premières déceptions sur Mac, à l’instar de Cubase 7, les gars de Steinberg ne semblent pas connaître les fonctions plein écran de Mountain Lion, pourtant bien pratique sur un laptop afin de gagner quelques pixels, et les écrans Retina. De plus, nous avons remarqué une certaine lenteur sur notre MacBook Pro Retina pourtant très récent et haut de gamme… On connait la préférence de l’éditeur allemand pour l’OS de Microsoft, mais on espère quand même qu’ils se pencheront sur la question lors d’une future mise à jour… Même Microsoft s’y est mis avec Office sur Mac, un petit effort !
Avouons que le premier lancement du logiciel fait un peu peur, le « screen set » par défaut étant le « advanced » qui affiche beaucoup d’informations sur l’écran. Mais il faut savoir que l’interface de HALion 5 est entièrement personnalisable, à un point que l’on ne voit que très rarement chez la concurrence. Et s’il est possible de charger des screen sets afin d’adapter le logiciel à différentes situations, comme la recherche de présets ou l’édition de paramètres, il est aussi tout à fait envisageable, et même conseillé, de faire ses propres screen sets, en fonction de ses différents besoins. Pour cela, HALion nous permet toutes les fantaisies, et il est possible de créer autant de fenêtres que l’on veut (ce qui est génial en multiécran), de les organiser à convenance en plaçant et redimensionnant les différents éditeurs à l’intérieur de chaque fenêtre. Il est même possible de créer des onglets (tab) à l’intérieur même d’un éditeur si besoin, ou encore de les diviser horizontalement ou verticalement. Vraiment, on peut saluer Steinberg sur ce coup-là, car tout est possible avec l’interface utilisateur de HALion. En contrepartie, on peut se perdre rapidement avec certains screen sets, mais cela ne tient qu’à vous de les modifier et les simplifier. À ce niveau-là, la concurrence peut en prendre de la graine…
Voici une petite vidéo montrant ce qu’il est possible de faire avec l’interface de HALion.
Prêt à jouer
Avant de décortiquer les nouveaux modules, parcourons les différents présets grâce au très utile MediaBay qui permet de trouver rapidement le son qu’on a en tête grâce à un système d’attributs et un moteur de recherche. Ainsi, les présets, que ce soit des Multi-Programs, des Programs ou de simples Layers (couches), sont classés par catégorie (Piano, Organ, Bass, Ethnic, Woodwind…) et sous-catégorie (analogue ou numérique pour les synthés, par exemple), par style de musique et par caractère (froid, clair, saturé…). Ajoutez à cela un système de notation par étoile et d’autres attributs que vous pourrez remplir vous-même (tempo, clé…) et vous pourrez retrouver vos petits très rapidement et simplement, d’autant que les noms de présets sont assez parlants.
Il est aussi possible de trier par instrument (HALion propose plusieurs synthés, une boîte à rythmes, un Mellotron, un orgue…) et ainsi de n’afficher que les présets d’un synthé en particulier ou de la B-Box, par exemple.
Une fois le préset chargé, vous pourrez regarder l’arborescence du programme grâce au « Program Tree » qui vous permettra de disséquer les différents éléments le constituant et qui suit l’acheminement du signal de haut en bas. Telle une arborescence de fichiers dans un OS, vous pourrez déplier les éléments et « rentrer » dans le programme qui cache souvent différentes couches, des zones, des bus, des modules MIDI et des effets. Les couches vous permettront d’organiser vos programmes et de combiner différents éléments afin de créer des sons complexes. La zone est l’élément le plus bas dans l’arborescence, car c’est elle qui « créera » le son. Il y aura donc deux types de zones, une à base de synthèse (synth et organ) et une à base de samples (sample ou granulaire). Si le Program Tree peut déstabiliser au début, il s’avère très pratique pour rapidement modifier un paramètre (un clic sur la réverbe et ses paramètres s’affichent) et pour voir comment le programme a été construit. Très utile pour plus tard, quand on voudra créer ses propres programmes !
Plongeons-nous désormais dans les différents instruments qui constituent le gros des nouveautés de ce HALion 5.
Ils nous Auron, un jour
Fort de son expérience en matière de synthèse granulaire avec son Padshop intégré à Cubase, Steinberg propose désormais un synthé granulaire dénommé Auron. Ce dernier nous permet d’ailleurs de faire connaissance avec la fenêtre Macro qui, à l’instar de la Performance View de Kontakt, affiche une interface personnalisée du synthé, avec des jolis potards et sliders rendant le tout plus agréable.
Auron est vraiment très complet et peut diffuser jusqu’à 8 grains simultanément. Vous pourrez ajouter à cela une section filtre multimode pouvant être modulée par le clavier, la vélocité, un LFO, ou le step sequencer intégré. Le synthé propose deux LFOs pour contrôler le pitch, la position du grain, le formant, la durée et donc la section filtre. Le premier LFO peut être synchronisé au tempo du séquenceur, tandis que le deuxième est contrôlé par la molette de modulation pour créer un vibrato.
Dans la fenêtre Macro, trois pages sont disponibles : Osc (pour les oscillateurs), Mod (pour la molette de modulation) et Voice (pour la polyphonie et le pitch), afin d’accéder aux différents paramètres du synthé. En plus de l’enveloppe de la section filtre (attack, decay, sustain, release) on dispose d’une enveloppe dans une section « Amp » pour contrôler le volume global du son. L’onglet arpégiateur cache en réalité un FlexPhraser dont nous parlerons un peu plus tard…
Auron est donc un synthé granulaire de très bonne qualité, avec bon nombre de paramètres directement accessibles dans la fenêtre Macro. Un des gros points forts de cet HALion 5, assurément.
Voici un exemple audio réalisé avec Auron :
- Auron 1 00:30
- Auron 2 00:30
À votre synthé
Cette cinquième mouture de HALion donne aussi naissance à deux nouveaux synthétiseurs : Trium, qui se veut moderne et Voltage qui reste dans un esprit plus vintage. Le premier propose trois oscillateurs, un sub-oscillo, un ring modulator et un générateur de bruit. Comme Auron, il intègre un arpégiateur à base de FlexPhraser, un filtre multimode avec enveloppe et une section Amp avec enveloppe.
L’affichage macro permet d’accéder facilement à tous les paramètres, avec des onglets pour les oscillos, le sub (sub, ring modulateur et générateur de bruit), les LFOs, ainsi que l’arpégiateur. Tout comme l’Auron, on retrouve deux LFOs dont un pouvant être synchro au tempo et permettant de moduler le cutoff du filtre, le pitch et la forme d’onde des trois oscillateurs. Le second LFO est contrôlé par la molette pour faire un vibrato.
Voltage, avec ses potards rappelant les Moog, est clairement orienté vintage et se classe dans la catégorie des Virtual Analog. Il propose deux oscillateurs et un générateur de bruit afin de créer des sons mono ou polyphoniques. Les deux oscillos (formes d’onde dent de scie, triangle ou carré) sont suivis d’un filtre passe-bas de 24dB/Oct pouvant être modulé par le clavier, la vélocité, le LFO et le step séquenceur. Voltage inclut deux LFOs pour le pitch, la PWM (modulation de largeur d’impulsion, seulement pour la forme d’onde carrée de l’oscillo) et le filtre. Comme les deux synthés précédents, le premier peut se synchroniser au tempo et le deuxième se contrôle avec la molette pour faire le vibrato. La section Voice permettra d’accéder entre autres aux paramètres Octave, pitchbend et Glide (bend entre deux notes qui se suivent).
Si ces deux synthés ne révolutionnent pas l’informatique musicale, ils restent très bons et forcément les bienvenus dans HALion 5. Ils profitent en plus d’un bon nombre de présets intéressants. Voici les exemples audio :
- Trium 00:59
- Voltage 00:45
Des roues et des bandes
Outre les trois synthés dont nous venons de parler, Steinberg nous gratifie de deux nouveaux instruments : le Model C qui émule un orgue à roues phoniques (Hammond), avec ses douze jolies petites tirettes et sa cabine Leslie, et l’HALiontron qui émule quant à lui le fameux Mellotron, ce clavier déclenchant des sons sur bandes magnétiques. Deux instruments vintage qu’il est difficile d’avoir chez soi !
Le Model C vient avec son interface Macro donnant accès aux fameuses tirettes, les 9 de gauche permettant d’ajuster les niveaux de chaque roue phonique et les 3 de droite la percussion. Juste au-dessus, on accède à la vitesse du haut-parleur rotatif (fast, slow ou stop), aux réglages d’attaque et relâchement de l’orgue et l’influence de la vélocité sur le volume. On pourra régler les volumes des clics d’enclenchement et de relâchement des touches ainsi que la longueur et le niveau des percussions. Après avoir jeté un coup d’œil dans le program tree, nous constatons que les sons des clics sont en réalité des fichiers audio, tandis que le son de l’orgue en lui-même et les percussions sont de la synthèse. Il est d’ailleurs intéressant de pouvoir écouter ces trois composants séparément via les touches solo du program tree.
L’onglet « Rotary » permet d’accéder à pas mal de paramètres afin de régler le son du haut-parleur rotatif, dont l’angle du micro par rapport à la cabine et à la trompette. Il est à noter que cette partie est disponible séparément pour les autres instruments, en tant qu’effet. La partie Amp repique sans surprise l’effet VST Amp, avec ses potards Marshallesques de drive, presence, graves/médiums/aigus et la possibilité de choisir entre deux micros (un dynamique et un statique à lampe) et de les positionner plein axe ou désaxé.
On pourra aussi régler le mixage entre le son provenant de la cabine Leslie et celui provenant de l’ampli. Pour finir, l’onglet FX permettra d’ajouter un ring modulator, un phaser, un delay et une réverbe. Nous avons été plutôt séduits par le son du Model C qui, avec sa cabine et ses traitements intégrés, permet d’être convaincant au sein d’un mix.
L’HALiontron est lui beaucoup plus avare en paramètres, mais pas moins intéressant que l’orgue. L’instrument original est un clavier qui permet de déclencher des sons placés sur des bandes analogiques. Ici, HALiontron est livré avec 7 bandes virtuelles. Nous chargeons un premier préset et nous constatons que l’instrument ne fait appel qu’à des samples, et que certains programmes chargent plusieurs « bandes » simultanément. Par exemple, le préset Engulfed Choir mélange la bande Eight Voice Choir avec les bandes Strings et Brass.
Certains réglages permettront de modifier considérablement le rendu sonore, et l’on pourra par exemple ralentir la lecture des bandes virtuelles et jouer les sons une octave plus bas. Un filtre passe-bas et un ajustement du pitch sont aussi disponibles. Le potard ABC permettra de mixer jusqu’à trois bandes, dommage qu’il n’y ait qu’une dimension, on aurait préféré avoir un triangle pour pouvoir se balader librement entre les trois bandes. En effet, avec ce potard, il est impossible d’avoir un mélange de A et C uniquement, par exemple. Le bouton Loop permet de désactiver le bouclage automatique, le son s’arrêtant au bout de quelques secondes. La partie filtre permet d’ajuster la résonance du passe-bas, mais aussi son enveloppe. HALiontron est lui aussi une très bonne surprise, et comme c’est inclus, ce n’est pas de refus.
Voici quelques exemples audio du Model C et de l’HALiontron :
- Model C 00:50
- HALiotron 00:40
Get into the groove
On termine avec les trois derniers instruments : la B-Box et les deux « World ».
La B-Box est une groovebox assez classique, qui propose de jouer 8 patterns de 16 pas (ou moins) avec pas moins de 13 instruments (du kick à la caisse claire en passant par les toms, les claps et le charley) et 128 sons par instrument. On dispose de trois vélocités, et pour chaque son, d’un réglage de pitch fin et par demi-ton, d’un decay pour raccourcir les sons, d’un filtre coupe-haut et de sa résonance associée et d’un module intégrant quatre traitements pour détruire/salir le son (tube, hard clip, bit reduction, rate reduction).
Sur la deuxième page, on retrouve une partie mixage, avec les volumes, panoramiques et les envois vers les réverbes et délais pour chaque instrument. Les paramètres de ces deux derniers traitements se trouvent sur le troisième onglet, avec les différents modes de lecture. Pas grand-chose à reprocher à la B-Box, même si elle reste très classique. Nous aimons le nombre de sons (128) par instrument, même si les trois vélocités ne sont qu’une variation de volume : Il n’y a en fait qu’un seul fichier par son, nous pouvons le vérifier dans le program tree. De plus, certains sons sont un peu datés, ce qui peut cependant avoir son charme ou peut être un effet de genre. Voici donc un instrument sympathique qui manquait à HALion, qui fait le job sans transcender le genre.
We are the world
Les deux derniers instruments manquaient aussi à HALion, et se glissent dans la catégorie « World music ». Le premier se dénomme World Instruments et regroupe tout une série d’instruments ethniques pouvant être joués manuellement ou via le fidèle arpégiateur intégré. Chose intéressante, au-delà des classiques sections filtre et amp (avec leurs enveloppes respectives), on dispose d’une section « gamme orientale » permettant de baisser d’un quart de ton certaines notes de la gamme. L’instrument faisant appel à des samples, et vu le nombre d’instruments disponible, on reste loin des banques spécialisées dans le domaine (et qui roulent avec Kontakt généralement). D’ailleurs, Steinberg ne cache pas ses intentions à l’écoute des différents présets qui n’hésitent pas à ajouter des délais et autres effets qui n’auraient pas leur place dans une composition voulant sonner authentique. Clairement, cet instrument se destine plus aux compositeurs de musique électronique ou pop désireux d’ajouter une touche originale à leurs morceaux, et dans ce cas-là, World Instruments fait la blague sans trop de problèmes.
L’autre instrument, « World Percussion », est le pendant rythmique du précédent. Cette fois-ci, tous les paramètres sont regroupés en une seule page, avec les huit boutons de variation permettant de rappeler des grooves, une série de potards « performance » dont le rôle est de modifier certains paramètres affectant les rythmes joués (swing, vélocité, gate), et enfin les classiques sections filtre et amp. À l’écoute, nous ferions la même remarque que pour les World Instruments, mais cela peut-être parfois plus embêtant ici. La petite taille de la banque et le manque de couches de vélocité et de round robin engendrent parfois des effets mitraillette qui donnent un rendu artificiel pas forcément bienvenu lorsque l’on parle d’instruments ethniques. On pourra donc les utiliser dans des productions pop et électro, pour donner une certaine couleur à un morceau, mais il sera plus compliqué de construire un morceau centré sur ces percussions. Pour cela, il existe des instruments virtuels chez d’autres éditeurs…
- World Instruments 00:48
- World Percussion 00:32
En effet
Steinberg n’a bien évidemment pas ajouté que des nouveaux instruments, il en aussi profité pour intégrer des traitements qu’il possédait déjà parfois. On retrouve donc le VST Amp de Cubase, que nous avons déjà évoqué avec le Model C, ainsi que d’autres joyeusetés aux interfaces austères, mais simples et efficaces, telles qu’une Wah wah, un flanger, un chorus de type ensemble, un octaver et une saturation à bande. Côté réverbe, nous avons le plaisir de retrouver REVerence, qui équipe déjà Cubase 7 et qui est à convolution, et côté EQ, Steinberg nous gratifie de StudioEQ, un 4 bandes paramétriques.
Couper en tranches
Lorsque que l’on ouvre le capot de l’éditeur audio, on tombe sur un nouveau mode slicing qui permet à la fois d’importer des samples prédécoupés aux formats REX 1 ET 2 en les glissant et déposant directement dans l’éditeur ou dans le Program Tree depuis Cubase ou votre navigateur de fichiers. Mais aussi et surtout, il est possible de découper soi-même n’importe quel fichier via la fenêtre d’édition de sample. Il faudra pour cela charger le fichier en le glissant-déposant, en ajustant le seuil et la sensibilité du détecteur de transitoires (on peut aussi découper suivant la grille rythmique), et enfin en réglant la longueur minimale des tranches. Il est ensuite possible d’ajouter et retirer des marqueurs manuellement, pour ensuite créer des zones qui s’ajouteront au program tree. On pourra régler différents paramètres pour chaque tranche : le pitch, résonance, distorsion, filtre, les niveaux, le panoramique et les envois vers les 4 auxiliaires. L’utilisation du slicing est donc assez simple et efficace, et la détection fonctionne plutôt bien. On aime aussi le drag and drop systématique : vous voulez changer la caisse claire d’une boucle de batterie ? Il suffit de glisser le nouveau sample sur la tranche de la caisse claire, et c’est fait !
Moi je stoppe, sur mon Flex
Un des gros atouts de HALion et de HALion Sonic, c’est le FlexPhraser. Lors du test du premier HALion Sonic, notre cher Los Teignos l’avait d’ailleurs adoré, bien qu’il lui reprochait son incapacité à éditer les phrases/grooves.
Eh bien vous savez quoi ? Avec cette nouvelle version version du FlexPhraser, HALion permet d’éditer les phrases, avec les paramètres de pitch et vélocité et un step sequencer 32 pas, mais vous pouvez aussi et surtout exporter le fichier vers une piste de Cubase en glissant/déposant, tout simplement. Et ça n’a l’air de rien, mais c’est énorme : on apprécie vraiment ce genre d’intégration quand on est utilisateur du séquenceur made in Steinberg. Il est aussi possible d’importer un fichier MIDI vers le FlexPhraser, afin de quantifier l’arpégiateur avec un groove existant. En revanche, toujours pas de véritable navigateur de présets du même genre que MediaBay, dommage. Sachant que l’on peut insérer ce module partout, il reste une grosse force d’HALion, car il permet d’avoir des parties (parfois) crédibles en quelques secondes. Évidemment, on aimerait toujours plus de présets…
L’autre gros point fort pour les utilisateurs de Cubase, c’est la compatibilité VST Expression 2 dont la première version a été introduite avec Cubase 5. La 6e mouture s’est chargée d’améliorer le tout en incluant le Note Expression, l’Expression Maps et le VST Dynamics (voir test de Cubase 6). Grosso modo, le Note Expression permet de créer des modulations pour chaque note individuellement, ce qui casse une des limitations du MIDI. Ainsi, si vous avez un accord simple, il est possible d’appliquer un paramètre sur une seul de ces trois notes. L’Expression Maps et le VST Dynamics s’occupent quant à eux des articulations qui sont parfois disponibles avec un instrument virtuel (trompette en sourdine ou pas, par exemple) et des nuances (pianissimo, forte…).
Et la banque de sons ?
La banque de son est restée à peu près la même par rapport à l’ancienne version, mais a quand même comblé quelques manques grâce aux instruments World qui manquaient avant à l’appel. Pour le reste, la banque est homogène et sans défaut flagrant, mais sonne quand même parfois très « workstation des années 90 », ce que certains ne manqueront pas d’apprécier… Un revival des cuivres façon générique de l’émission « Une famille en or » verra le jour ces prochains mois, qui sait. Si le groupe MGMT en met sur son prochain album, ça peut accrocher. Globalement, certains sons manquent de couches de vélocité et de round robin pour être réalistes.
Le scripting pour les nuls
On termine avec le module MegaTrig qui a lui aussi évolué et qui permet de créer des scripts simples assez facilement via une série de déclencheurs (triggers). On donnera donc une (ou une série) de condition(s) qui laissera passer les notes (ou pas) vers le module que l’on voudra. Parmi les conditions disponibles, on retrouve notamment la vélocité, la vitesse de jeu, le legato… Il est donc possible de ne jouer certains samples que si les notes dépassent un certain seuil de vélocité, ou si elles sont jouées legato, par exemple. Deux opérateurs logiques sont disponibles, AND et OR, ET et OU en français, ce qui permettra de choisir si toutes les conditions doivent être remplies, ou certaines seulement. On pourra aussi inverser une condition via le bouton NOT, et une petite loupiote virtuelle permettra de vérifier en temps réel si la condition est remplie, pratique. Ce module permettra à certains de mettre les mains dans le cambouis sans trop se prendre la tête. Quand on voit le scripting de Kontakt autrement plus puissant (le manuel pour la partie scripting fait plus de 200 pages), MegaTrig à côté, c’est Pipo et Molo font du ski, bonne nuit les petits, un suppo et au lit. Nous sommes donc bien loin de la complexité de l’échantillonneur de Native Instruments, mais cela aura le mérite de combler un certain public désireux de se faire la main avant de passer aux choses très sérieuses.
Conclusion
HALion n’est pas un mauvais logiciel en soi, il a même de grandes qualités, à commencer par son interface graphique malléable à souhait, son FlexPhraser, ses synthés très sympathiques, son orgue et son Mellotron efficaces, sans parler de ses facilités d’utilisation multiples : compatible VST Expression 2, ses glisser/déposer à tous les étages, son MegaTrig intéressant pour les débutants, ses présets et sa MediaBay… Mais en face, il y a du lourd, avec notamment Kontakt qui propose une grosse banque de sons, un scripting avancé et une tripotée d’éditeurs tiers plus talentueux les uns que les autres, et MachFive qui lui aussi surclasse HALion en termes de banques de sons et propose de la synthèse… La petitesse de la banque de sons se fait sentir sur certains instruments qui sonnent datés et manquent cruellement de layer et/ou round robin pour convaincre. On aurait aimé que HALion soit un peu moins onéreux afin de faire pencher la balance en sa faveur, mais il coûte aussi cher que ses concurrents directs qui gardent des avantages certains. Néanmoins, si vous êtes plutôt orienté électro, Cubasien, intéressé par la synthèse et que les nouveaux instruments vous bottent, HALion peut devenir votre nouvelle boîte à outils prête à exciter votre créativité.