Motu nous présente la troisième version de son échantillonneur logiciel, MachFive. Au menu : le plein de nouveaux sons et fonctionnalités. Revue de détail.
S’il est un genre d’instruments qui a vraiment bénéficié de l’informatique, et ce en toute logique, c’est bien celui de l’échantillonneur. Des versions hardware souvent très onéreuses, très puissantes, mais limitées d’un point de vue du stockage et de la RAM et dotées de banques d’usine pas toujours très convaincantes, on est passé aux versions logicielles beaucoup moins chères, très puissantes, et disposant en termes de stockage et de RAM des possibilités de leur hôte, à savoir l’ordinateur de leur utilisateur. Les systèmes 64 bits ont de plus permis de dépasser la limite de 4 Go de RAM du 32 bits, ouvrant la voie aux banques gigantesques.
En revanche, la plupart des versions logicielles des sampleurs ont perdu ce qui est quand même à l’origine de leur nom, c’est-à-dire la possibilité d’échantillonner directement de l’audio, ce qui est quand même un comble… Seuls Morgana de 112dB, les modules audio de Reason ou l’E-Mu X3 reprennent cette fonction (sous réserve d’oubli indépendant de ma volonté…). D’aucuns diront qu’avec les possibilités d’enregistrement offertes par toutes les applications disponibles actuellement, et les procédures simplifiées par glissé-déposé directement dans l’interface de l’échantillonneur ou les routines de découpage et mapping automatique (par exemple dans Logic avec la fonction Convert Regions To New Sampler Track pour l’exs24), on n’y perd pas tant que ça. Bref.
De tous les échantillonneurs logiciels ouverts (c’est-à-dire permettant d’importer et d’éditer des échantillons, liste non exhaustive, et je vais me retenir d’utiliser Rompler…) lançés par divers éditeurs, ne survivent que quelques références bien connues, comme HALion de Steinberg, Independence Pro de Yellow Tools, Kontakt de Native Instruments, MachFive de Motu ou SampleTank d’IK Multimedia et plus restreints car réservés à une seule DAW, Structure d’Avid pour Pro Tools et l’exs24mkII d’Apple pour Logic. Tous sont régulièrement mis à jour, avec cependant des arlésiennes comme SampleTank 3, annoncé depuis… ouh, longtemps, ou des incertitudes quant à leur devenir, par exemple l’exs24 au sein d’un hypothétique Logic X. La mode des moteurs licenciés à des éditeurs tierce partie a singulièrement baissé, les Intakt et Kompakt de Native ayant explosés en vol, tout comme les instruments basés sur HALion, avec cependant deux exceptions, Engine dérivé d’Independence principalement utilisé par Best Service, et les banques créées pour Kontakt Player par divers éditeurs.
Et voilà que Motu présente MachFive troisième du nom, intégrant de nombreuses nouvelles fonctions et fourni avec une banque de son de 45 Go.
Introducing MachFive 3
Le logiciel est livré dans une belle boîte contenant un manuel papier et sept DVD, il faut bien que les 45 Go de sons soient stockés quelque part. Cinq DVD contiennent MachFive 3 et sa banque à proprement parler, les autres consistent en la bibliothèque X-tremeFX, autrefois existante en tant qu’instrument virtuel du même nom, signé Universal SoundBank. Le partenariat entre Motu et l’entité USB/Univers Sons/UMD est très ancien, et gage d’un suivi technologique cohérent. On retrouve ainsi au cœur du logiciel la troisième version de l’UVI Engine (on y reviendra). MachFive 3 est compatible Mac et PC, 32 et 64 bits (cette dernière gestion à partir de Mac OS 10.6 et Windows 7 ou Vista), et est autorisé via iLok.
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Après l’installation qui prend quand même quelques « minutes », on dispose d’une application autonome et des plugs VST, AU et RTAS. Le plug s’adapte aux spécifications de la DAW hôte, en revanche le standalone devra être paramétré, d’autant que MachFive gère jusqu’à quatre ports Midi simultanés et offre 17 paires de sorties et peut être configuré en Stereo, Quad, 5.1, 6.1, 7.1 et 10.2.
L’architecture du logiciel peut se résumer ainsi, en partant du plus gros vers le plus petit : le Program est ce qui pourrait correspondre à un instrument complet, qui est constitué d’un ou plusieurs Layers, eux-mêmes constitués d’un ou plusieurs Keygroups, eux-mêmes constitués d’un ou plusieurs Oscillators. Ces Programs se chargent dans des Parts, et peuvent être sauvegardés sous leur forme de Program, ou sous celle de Multis (qui comprennent toutes les informations de MachFive). Détaillons chaque élément.
See you later, Oscillator
Le moteur audio UVI Engine a été entièrement revu, proposé maintenant dans sa version 3. Rappelons que ce moteur 32 bits était au cœur des premières versions d’Atmosphere, Stylus et Trilogy de Spectrasonics, par exemple, des produits en collaboration avec Motu, ou des Charlie et autres X-treme FX d’USB.
En créant un Keygroup (seul ou avec un Layer), un Oscillator est immédiatement affiché, dans sa version Analog. MachFive 3 propose en effet deux principes simultanés au sein d’un seul et même instrument, dans la grande tradition des workstations. D’un côté, on dispose d’une génération sonore à base d’échantillons, de l’autre d’une génération à base de synthèse.
Côté échantillon, on profite d’abord d’un mode Sample. Toutes les possibilités de bouclage sont offertes, avec crossfade, sens de lecture, etc. Un menu déroulant via clic droit offre un certain nombre d’outils, dont un Apply FX destructif qui peut s’avérer très utile en sound design. Ce menu est commun à tous les modes basés sur l’échantillon, et s’enrichit en fonction du type d’édition effectué.
Offrant plus de paramètres, le mode Stretch permet les traditionnelles variations autour de la vitesse/hauteur. On peut choisir la taille des grains de la resynthèse, la sensibilité de reconnaissance de transitoires, la synchro au tempo, ce dernier pouvant être paramétré depuis l’éditeur (avec réglage fin et multiplicateur) ainsi que le départ de lecture (réglage en pourcentage, que l’on aurait préféré en valeurs temporelles). L’algorithme est de qualité correcte, le même que celui de l’UVI Workstation (voir plus bas). Une fonction très utile, absente de l’UVIW, le bouton Solo, qui donne de bien meilleurs résultats sur des fichiers mono (-diques ou -phoniques, cela dépend du matériau d’origine), comme le montre l’exemple suivant (échantillon de départ, joué une octave en dessous sans Solo, puis avec Solo).
Autre mode, Slice, qui ne devrait pas dépayser les amateurs de Recycle!, des Apple Loops ou de tout logiciel gérant la compression/expansion temporelle via gestion de marqueurs sur les transitoires et calcul plus ou moins efficace d’inter/extrapolation des « trous » dans l’audio créés par les changements de tempo. On retrouve le type de réglages habituels relatifs aux marqueurs (ceux d’origine ou ceux créés via curseur Sensitivity ou double clic dans la zone dédiée), avec une enveloppe ADSR, la gestion de l’export ainsi qu’une fonction de création automatique de layer avec slices placées chromatiquement, etc. Rien de spécial à signaler, l’outil remplit son office. L’exemple suivant fait entendre un des loops de la banque d’usine, puis ce même loop ralenti à 40 BPM (original à 119 BPM) et la même action avec Recycle!
Ces trois modes sont les mêmes que ceux de l’UVI Workstation, avec parfois quelques fonctions supplémentaires. Les possesseurs du logiciel gratuit signé USB ne seront donc pas dépaysés, à la fois au niveau des fonctions comme au niveau des résultats sonores. Deux modes supplémentaires complètent la partie dédiée à l’utilisation d’échantillons, tous les deux licenciés auprès de l’Ircam.
Le premier, nommé Ircam Granular, utilise bien entendu la synthèse granulaire. Les paramètres sont plus nombreux et différents de ceux utilisés par Stretch. La qualité est aussi différente. Direction, Speed permettent de définir sens et vitesse de lecture, Grain et Density sur la taille et le nombre de grains, Jitter, Position et Pitch Var permettent d’influer sur le comportement aléatoire de la resynthèse afin d’apporter un comportement « vivant » au son. Enfin Loop Mode détermine le type de lecture en boucle et Pitch Correction influe sur la transposition des grains.
L’exemple suivant reprend l’échantillon du premier exemple, et le fait entendre à différentes hauteurs, avec différentes corrections.
On peut aussi partir dans des directions plus créatives, ou à tout le moins différentes d’une simple gestion de compression temporelle, comme dans cet exemple.
L’autre mode est l’Ircam Stretch, qui offre selon les spécifications éditeur compression/expansion temporelle et transposition haut de gamme. Phase verrouillée, réglages pour la préservation des transitoires, de l’enveloppe et de la forme d’onde sont censés être garants d’un traitement de qualité. On retrouve les fonctions de départ de lecture, de vitesse, tempo déjà rencontrées, auxquelles s’ajoutent un paramètre Window (taille du grain utilisé), censé, pour les meilleurs résultats possible, être au minimum de deux fois la plus petite division rythmique du fichier. Pourquoi donc, alors que MachFive intègre de nombreuses fonctions basées sur le tempo, ne pas l’avoir implémenté avec des valeurs de notes plutôt qu’une durée en millisecondes ? Padding paramètre l’oversampling spectral, avec comme corolaire une plus grande consommation CPU (tout comme Window, d’ailleurs). Notons que la jauge CPU se révèle parfois fantaisiste quant à ses indications. Quatre touches permettent d’enclencher la préservation des Transients, Shape, Enveloppe et Stereo (verrouillage de phase). Voici un exemple de groove sans la préservation des différents paramètres du son, puis avec. À noter les très beaux artefacts quasi vocaux intervenants. On serait presque tenté de les isoler et de les utiliser pour eux-mêmes…
Plus parlant, sur une voix mono (le résultat est stéréo, question de routing, mais l’original est bien mono). On entendra les différents réglages sur une seule voix, ainsi que plusieurs accords quatre et cinq sons.
On l’entend, suivant le réglage, la qualité va de correcte à très bonne. Le seul problème est que sur un accord quatre sons à 512 échantillons de buffer, le Padding réglé sur x2 met le Mac 8 cœurs de test à genoux, et qu’il faut donc s’en passer. De même, pour pouvoir jouer du cinq/six sons, il faut passer à 2048 échantillons de buffer. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Par rapport au Stretch d’origine, oui, mais dans un contexte d’utilisation, de composition, pas sûr. Quel intérêt d’avoir une certaine qualité sans possibilité de jouer plus de six notes ?
La mise à jour 3.0.2 apporte, entre autres (voir le site de l’éditeur), une amélioration au niveau des algos de l’Ircam, notamment en ce qui concerne la gestion des transitoires. Ainsi, en reprenant notre boucle de batterie, en ralentissant son tempo (réglage sur 0,65) et en jouant la root note sans le mode Transients on arrive à ce résultat :
Une fois le mode Transients enclenché, cela donne :
On peut supposer qu’il s’agit là d’un décalage de l’entrée en action de l’algorithme, n’intervenant qu’après le passage des transitoires (à la façon dont un compresseur peut lui aussi les ignorer), mais n’ayant pas plus d’informations que ça, on restera au niveau de la supputation…
Les problèmes de conso CPU ne sont en revanche pas réglés.
Synth you very much
Autre principe de fonctionnement, la synthèse. Là aussi, Motu nous gâte. Pas moins de sept modes différents sont proposés, Analog, Analog Stack, Noise, FM, WaveTable, Drum et Organ. Rappelons qu’on peut en mettre autant que l’on veut par Keygroup/Layer, les mélanger avec des Oscillators à base d’échantillons.
Analog propose un choix de formes d’onde (Saw, Sine, Square, Noise, Triangle, Sine et Pulse), un réglage PWM et un offset de phase, avec inversion de polarité. Un mode HardSync est dispo avec réglage de décalage de l’oscillateur esclave (Shift) ainsi qu’un Unison (jusqu’à huit notes), avec Detune et largeur stéréo.
Analog Stack offre huit oscillos, avec les mêmes formes d’onde, et réglages de PWM, Phase, Gain, Pan, Oct, Semi, Fine et Pitch indépendants par module, plus boutons d’activation et de polarité et bouton de synchro (uniquement à l’oscillateur 1). De quoi produire de la grosse SuperSaw ou toute forme d’onde un peu complexe…
Noise est un classique générateur de bruit, à ceci près qu’il propose 11 sons différents et un unique rotatif multifonction (selon le bruit choisi).
FM offre quant à lui un classique synthé quatre opérateurs, avec Ratio et Level par opérateurs, ainsi qu’un niveau de Feedback et le choix parmi 11 algorithmes (configurations des opérateurs).
Wavetable propose les paramètres Start Phase, Unison, Spread, Stereo et Symmetry (ainsi qu’un Smooth Octaves). Et surtout sept menus de sélection, offrant ainsi plus de 140 formes d’onde ! Sachant que l’on peut importer les siennes, les possibilités se révèlent être très nombreuses…
Drum est quant à lui un synthé dédié aux sons percussifs (vous l’aurez deviné…), comportant un oscillo à quatre formes d’onde couplé à un générateur de bruit doté d’un filtre, chacun disposant d’une enveloppe AD, le tout finissant dans un Master avec EQ, disto, volume et réponse des trois sections à la vélocité.
On finit avec un synthé Organ, offrant l’équivalent des neuf tirettes, chacune avec un potard Pan, deux touches dédiées à la percussion (dont une pour l’enveloppe rapide) et un rotatif Harmonic permettant de choisit la hauteur de la percussion.
On le voit, entre les oscillateurs à base de sample et ceux de pure synthèse, la puissance de MachFive 3 ne peut qu’inciter à la création sonore. D’autant que nous ne sommes qu’à la base des choses, la génération simple de son, et que tout ça va bénéficier d’un routing assez sérieux, dans une approche quasi semi-modulaire.
Going back to my routing
Il faut en effet filtrer, moduler, mixer, traiter tout ce beau son qui sort des Keygroups et Layers construits. Ainsi, dans la partie basse (signalons que la fenêtre peut être librement redimensionnée, ce qui hélas remet aussi à zéro le zoom de la forme d’onde que l’on édite), sont regroupés plusieurs modules, Osc(s), Keygroup(s), Layer(s), Program, Modulation et Modulation Source.
Prenons le premier, Osc(s). Un symbole « chaîne » permet d’assigner l’édition effectuée à tous les Oscillators utilisés, ou non. Chaque Oscillator va pouvoir bénéficier de ses propres réglages de volume, de suivi de clavier, de hauteur (avec accord grossier et fin).
Ensuite le signal ainsi traité part dans le module Keygroup(s), où là encore, chaque Keygroup sera paramétré de façon indépendante, avec volume, pan, saturation (quatre modes, Off, Analog, Mild, Strong avec possibilité sd’oversampling) et jusqu’à deux filtres simultanés, à choisir parmi six menus, UVI Filters, Analog, Rez, Comb, Xpander et Vowel, soit plus de 70 modes de filtrage différents ! Notons le nouvel Xpander, reprenant et prolongeant le design de celui d’Oberheim, lui-même basé sur l’architecture 4 pôles Moog. Un clic sur l’icône du coin supérieur droit ouvre le rack d’effets propre au Keygroup, correspondant aux filtres et à la disto utilisée, pour des réglages plus avancés (automation, Midi Learn, on y reviendra).
Bien évidemment, ce signal part ensuite dans la section Layer(s), où chaque Layer sera traité indépendamment, via volume, Pan, choix de la courbe de vélocité, type de réponse au jeu (Poly, portamento polyphonique, Mono avec enveloppe forcée et Mono Portamento), avec réglage du temps de Glide…
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Pour (pas tout à fait) finir, le tout finit dans la section Program, offrant volume, choix du streaming ou non, réglage de polyphonie (1 à 256 notes) et huit slots pour sélection d’effets (voir encadré) et huit slots pour sélection d’outils Midi ou de script… Énorme.
Le tout ne serait pas complet sans des possibilités de modulation et d’automation à la hauteur (voir aussi encadré). Qu’on se rassure, il y a tout ce qu’il faut. Dans la partie modules, il suffit d’effectuer un clic droit sur un paramètre (volume, Cut Off, Amount, etc.) pour ouvrir un menu permettant une assignation d’une modulation interne et/ou externe via Midi Learn, menu direct (la fenêtre Midi CC, complète, avec nom de chaque contrôleur…), selon l’un des outils de modulation internes.
Ceux-ci sont très nombreux, et encore une fois, disponibles à tous les niveaux, Program, Layer ou Keygroup. Par défaut sont insérés une enveloppe pour l’Amplitude, une pour le Filtre, une pour le Pitch et deux LFO (très complets, neuf formes d’onde, plusieurs formes de déclenchement, etc.). On peut de plus créer autant d’éléments de modulation que l’on souhaite, et les assigner en vérifiant dans la partie Modulation son niveau, son activation, son inversion ou son assignation à un Mapper, totalement réglable manuellement. De plus cet outil de modulation peut aussi dépendre d’une Subsource, qui peut être un contrôleur Midi, l’aftertouch (Poly ou Channel), le suivi de clavier, la hauteur de note, etc.
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Les enveloppes peuvent être de type DADHDSR, AHD, Multi ou Step. Les Multis permettent de créer autant de points que désirés (on dispose à cet effet d’une fenêtre d’édition de grande taille), pour des modulations extrêmement puissantes et subtiles, d’autant qu’elles peuvent être lues en boucle (points de bouclage matérialisés par des points orange).
Autres moyens de faire vivre et moduler tous les sons de MachFive, les Arpeggiators et les Script Processors. Si les premiers, tout en remplissant parfaitement leur rôle, ne bouleversent pas l’architecture et l’esprit du logiciel. Les seconds en revanche font leur entrée dans cette version 3, rattrapant ainsi le retard pris face à la concurrence. Des Scripts d’usine sont fournis, on peut aussi écrire les siens (la doc est fournie). Voici donc la possibilité d’inclure Legato, Portamento, Chord Recognition, Unison, Tremolo, etc. au sein des programmes.
De nombreux sons de la banque d’usine en font usage (voir plus bas), et nul doute que de nombreux développeurs se pencheront sur le sujet quand on sait la réussite que sont les banques pour Kontakt de type de celles de Scarbee (test ici) ou d’Ilya Efimov (tests ici) pour n’en citer que quelques-unes.
La place manque pour tout détailler, même chose pour les Layer Rules, qui permettent d’assigner des KeySwitches, des cycles aléatoires, etc. à un ou plusieurs Layers, ou encore la fenêtre Perf, qui permet de paramétrer MachFive dans une optique de live, avec zones, plages de vélocité, volume, choix de sorties, etc., ou la reconnaissance directe (sans conversion offline) d’une vingtaine de formats de fichiers audio (avec quelques limites quand même, même dans ceux considérés comme compatibles).
Sounds and sounds
45 Go de sons, Motu n’a pas fait les choses à moitié. Si l’on retrouve dans les différents menus des sonorités familières en provenance de la série Soundscan de Universal Soundbank, notamment dans Universal Loops & Instruments, on trouve aussi une bibliothèque intitulée MachFive Biosphere consacrée à des sons synthétiques, produits via les moteurs de synthèse ou d’échantillonnage du logiciel, voire un mélange des deux, puisque tout est possible (rappelons-le…). L’exemple suivant fait entendre diverses sonorités prises au hasard dans cette bibliothèque.
On a déjà parlé de la banque X-treme FX, qui a eu les honneurs de la presse en son temps. On constate que la collaboration avec VSL s’est arrêtée, pour laisser la place à un autre éditeur de contenu, AcouticSamples, dont certains produits ont déjà été testés sur AudioFanzine, que vous trouverez ici (test ici).
Chaque instrument fourni par l’éditeur dispose de son propre dossier. Ainsi d’un beau Fazzioli, nommé ici F Grand 278, offrant huit layers de vélocité, la résonance sympathique, utilisant un script maison (inaccessible pour l’utilisateur à fin d’études, hélas), etc., bien dans l’esprit des précédentes réalisations de l’éditeur, comme le montre l’exemple suivant.
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Autre réussite, le Mark79, proposant plus de 2500 samples, 10 layers de vélocité, une gestion intelligente des échantillons de relâchement, des effets intégrés de bonne facture (autopan, tremolo, simulation d’ampli, etc.) mais pas à la hauteur des effets dédiés type VKFX par exemple. Néanmoins, l’instrument sonne très bien, pouvant rivaliser avec la version référence qui est celle de Scarbee. À noter, l’intégration d’un rotatif Acoustic, qui permet de doser le bruit des touches et des éléments mécaniques du Rhodes d’origine, rappelant le principe mis en place par Velvet de Air-Digidesign (test ici). Une belle réussite.
On trouve aussi un kit de batterie, StarDrums, bénéficiant d’une triple prise de sons, dont les volumes sont ajustables par élément via une interface dédiée. Le son, très acoustique, brut est très plaisant, même si l’on a un peu de mal au départ avec le mapping des échantillons, assez perturbant pour le jeu en direct. Ce kit bénéficie bien entendu des possibilités de sorties multiples de MachFive, permettant de traiter chaque élément de façon indépendante vie des plugs externes si besoin. L’exemple suivant fait entendre quelques grooves, l’un deux proposé deux fois, l’un avec le son brut, l’autre avec le préset StarDrums Processed.
Il faudrait encore de la place pour parler de la Jbass, belle approche scriptée d’une Jazz Bass, de The Upright, une contrebasse bénéficiant de trois prises de son et de scripts (hammer, legato, etc.), ou de Telematic, bibliothèque proposant une Tele pouvant être jouée en solo, ou en strum grâce à une reconnaissance d’accords efficiente et des scripts bien conçus, même si parfois pas complètement aboutis : des problèmes de volume et d’attaque sur les scripts legato, des accords que l’on n’entend pas même s’ils sont joués, etc.
Voici un exemple d’une suite d’accord jouée en temps réel (donc sans problème de calage du jeu sur une grille temporelle), le troisième accord, pourtant analysé par le logiciel (A#M7b5/E) n’a jamais voulu se faire entendre.
Vous trouverez aussi des vidéos de présentation de ces divers instruments sur le site de Motu, à cette adresse.
Bilan
Cette nouvelle version pète le feu ! D’abord, d’un point de vue des possibilités de synthèse et de gestion de l’échantillonnage, MachFive 3 est extrêmement complet, voire l’un des plus complets du marché actuellement. De plus son ergonomie extrêmement bien conçue lui donne un avantage significatif par rapport à ses concurrents. Quelques petits défauts sont cependant à noter, comme l’irrégularité de fonctionnement des touches/raccourcis de transport en mode standalone, ainsi qu’une certaine intolérance vis-à-vis d’autres applications audio ouvertes simultanément, toujours en mode standalone. Un truc vraiment ennuyeux est la remise à zéro du zoom sur la forme d’onde en édition, quand on modifie la taille de l’interface. Deux, trois autres petits détails sont aussi à revoir lors d’un prochain update (voir plus bas).
La qualité de la banque, notamment Biosphere et les bibliothèques AcousticSamples, est aussi un atout de poids. Concernant les instruments fournis par AcousticSamples, aucune banque d’usine d’un sampleur logiciel actuel ne peut rivaliser. Bien sûr, les choses peuvent changer quand on achète des banques optionnelles, mais là n’est pas le sujet. Et l’intégration des scripts est une excellente chose, qui va permettre à d’autres éditeurs (si aucune histoire d’exclusivité n’intervient) de proposer des banques au format MachFive. Bien sûr, ces divers scripts peuvent être améliorés, il est rare que tout soit parfait dès la première version d’une telle nouveauté au sein d’un logiciel. Certains sont très performants, d’autres un peu moins convaincants, surtout quand ils émulent un comportement de jeu (de type portamento) au lieu d’appeler un échantillon réel (principe de la VSL par exemple).
Mais dans l’ensemble, pour un montant de 455 euros prix public conseillé, MachFive 3 est une très bonne solution complète.