On a tous vécu ces moments de solitude où notre instrument se met à cracher, ou « chouiner » en pleine répétition, ou encore une prise d'enregistrement ratée suite aux faux contacts du volume. Dites au revoir à toute cette honte, car cela ne se reproduira plus. Brandissez votre fer à souder, l'heure est venue d'éclaircir ce mystère !
Un potentiomètre ?
Un potentiomètre est une résistance variable à trois bornes. Deux d’entre elles sont soudées à chacune des extrémités de la résistance, le connecteur central est soudé sur le curseur que vous déplacez à la main. La piste sur laquelle il se déplace est souvent en carbone, et comme toute bonne chose, elle s’use avec le temps. Les crachotements sont souvent dus au vieillissement de celle-ci, mais pas uniquement. Je vais développer toutes les étapes à suivre pour remettre en état votre instrument préféré. C’est l’heure de retirer la plaque de protection et d’y inspecter le contenu.
Une peau non hydratée !
La soudure dite « sèche » est une des pannes les plus courantes. Vous pouvez la reconnaître à son aspect grisâtre (proche de la couleur d’une statuette en étain), contrairement à une belle soudure brillante (comme de l’argent). Cette sorcière déshydratée peut avoir plusieurs origines : un chauffage insuffisant du composant avant application de l’étain, mouvement de ce dernier après le soudage, ou tout simplement lorsque vous soufflez dessus afin d’accélérer le séchage. Dans cette panne les composants n’ont pas fusionné ensemble, mais sont simplement « collés », ce qui engendre un faux contact et des crachotements. Rangez votre crème hydratante, il est temps de faire chauffer le fer à souder. Vous allez tout simplement repasser un coup de fer sur la totalité des soudures (ne pas oublier l’entrée jack). Dès qu’elle redevient liquide, ajoutez-y un petit peu d’étain. Laissez sécher et vous aurez une belle soudure toute propre.
Tu resteras poussière !
Votre gratte n’a certes plus de faux contacts, mais votre volume continue d’exprimer son mécontentement en crachant ? Pas de problème cela sera vite réparé, les fées de la propreté vont lui régler son compte. Comme je l’ai expliqué plus haut, les potentiomètres vieillissent, mais malheureusement pas comme le vin. Leurs pistes en carbone peuvent s’oxyder avec l’humidité de l’air. Vous l’aurez peut-être remarqué ou pas, mais le potard est ajouré sous les bornes, laissant entrevoir la piste et le curseur. La poussière peut s’insérer dans ce petit orifice. Pour cette opération chirurgicale, vous aurez besoin d’une « bombe à air sec » et d’une « bombe à contacts », que vous pouvez vous procurer pour environ 5 et 12 € en fonction de votre boutique de bricolage.
Première étape : se débarrasser de la poussière.
- Insérez le petit tuyau de votre « bombe à air sec » dans la cavité du potentiomètre.
- Injectez votre air sous pression, tout en déplaçant le curseur et ce pendant 20 à 30 secondes
Vous venez d’expulser les particules de poussières !
Deuxième étape : redonner une nouvelle jeunesse à la piste.
- Insérez le petit tuyau de votre « bombe de contact » dans la cavité du potentiomètre.
- Injectez le fluide de contact pendant 5 à 10 secondes, le liquide se vaporise rapidement, pas besoin de paniquer.
- Attendez 5–6 minutes et c’est prêt !
Votre volume a retrouvé son adolescence et est prêt à repartir vers de nouvelles aventures.
La pastille magique
Si après tous vos efforts, votre guitare continue de « chouiner », « cracher » ou autres effets surnaturels (non ce n’est pas l’esprit de Hendrix qui vous empêche d’avoir le son ultime), le dernier obstacle sur votre quête du Graal n’est rien d’autre que le condensateur. Aussi appelé capacité, il est utilisé (pour faire simple) comme filtre, correcteur, antiparasites, etc. Dans notre cas présent, il est soudé sur le potentiomètre de tonalité, pour vous permettre de passer d’un son clair à un son plus grave (ou étouffé). Il émet des bruits étranges, car il ne fait plus son travail correctement, on dit qu’il « fuit » (non, il ne saigne pas) et il faudra alors le changer. Il faut faire attention, car environ 80 % de nos guitares actuelles sont équipées de condensateurs céramique.
Vous avez bien lu, les céramiques ressemblent à des pastilles orange. Ce qu’il faut retenir sur les condos, c’est leur linéarité de correction (appelé absorption diélectrique) nommée « K ». Dans le monde de l’audio et de la guitare, sa valeur idéale est inférieure à 3. Or le céramique, dû à l’instabilité de sa constante possède une valeur comprise en 5 et 100. Je vous conseille donc d’utiliser un Orange Drop ou Mallory (environ entre 2 et 4 €) qui sont en polypropylène (K=2.5), ou en papier huilé (K=2.2) appelé PIO chez les revendeurs spécialisés (il faut faire attention, car ils peuvent aller de 1 à 20 €). Vous devrez choisir votre capa en fonction de vos micros. Pour les single coils, il aura une tension entre 100V et 200V ainsi qu’une capacité de 0.047 µF à 0.1 µF. La première valeur est celle utilisée actuellement pour les sonorités modernes, la seconde rendra le son plus vintage. Pour ce qui concerne les Humbuckers, il aura une tension de 200V à 600V et une capacité comprise entre 0.022 µF et 0.047 µF. Plus sa capacité (exprimée en µF) est élevée, plus votre son deviendra grave.
En bref
Le mystère des crachotements est enfin résolu ! Ces 3 étapes ne sont pas longues et ne vous demanderont qu’un peu de patience, un fer à souder et un peu d’étain. Si vous désirez changer votre potard, je vous conseille des marques comme CTS et Bourns (que l’on peut trouver entre 2,5 et 7 €) qui ont une bonne durée de vie. Ce petit tutoriel vous évitera de vous déplacer et déranger un luthier pour un potentiomètre rempli de poussière.