Au rayon des périphériques plug & play, on connaissait l'interface audio USB, le clavier maître USB ou encore la surface de contrôle USB. Revisitant habilement son entrée de gamme, Samson va aujourd'hui plus loin en sortant son tout premier micro à condensateur USB.
En lui-même, le concept du C01U est déjà surprenant. Parce qu’il est traditionnellement utilisé en studio/home studio, on imagine mal ce qu’un micro à condensateur peut tirer d’une connectique « multimédia ». Lorsqu’on se penche plus avant sur les « inconvénients » des micros statiques et sur les avantages de la norme USB, on comprend déjà un peu mieux ce qui nous vaut un tel OVNI.
Du XLR à l’USB
Pour être utilisé, un micro à condensateur doit être alimenté électriquement, le plus souvent par une alimentation dite fantôme équipant la table de mixage ou le préampli dans lequel on le branche. Or, l’un des atouts de la norme USB réside justement dans son aptitude à servir de source d’alimentation au périphérique (lorsqu’une souris optique est branchée sur un PC, son câble sert à la fois à faire transiter des données de la souris vers l’ordinateur, et à la fois à acheminer de l’électricité de l’ordinateur vers le mulot). De fait, avec un micro à condensateur USB, plus besoin de table de mixage ou de préampli disposant d’une alim fantôme : on se sert juste d’un des ports USB qui équipent depuis des années déjà les PC comme les Mac.
La chose va même plus loin si l’on considère que l’entrée USB d’un ordinateur est faite pour recevoir des données numériques, tandis qu’un micro à condensateur classique produit un signal analogique. Du coup, non seulement le Samson C01U se passe d’alim fantôme mais il doit se débrouiller seul pour fournir un signal audio numérique : il embarque ainsi son propre préamplificateur et son propre convertisseur Analogique > Numérique… A moins de 100 € la bête, ça fait peur ou ça intrigue, c’est selon.
D’ailleurs, en écrivant ces lignes, j’imagine déjà l’ai goguenard des aristocrates de la capsule, qui ne jurent que par Neumann, Avalon, Apogee ou RME, et qui se demandent bien quel peut être l’intérêt d’un tel micro. Leurs doutes sont légitimes et, bien que l’emballage précise qu’il s’agit d’un « micro de studio » destiné à l’enregistrement du chant et d’instruments acoustiques, le site web de Samson mentionne aussi qu’il s’adresse d’une part aux « podcasters, journalistes, étudiants et hommes d’affaire désireux d’ajouter des fichiers audio dans leurs sites web et présentations multimédia » (sic), et d’autre part aux « musiciens sur la route ».
Au-delà des grands débutants qui s’intéresseront au C01U comme potentiel premier micro à condensateur, le bébé de Samson est donc aussi à envisager comme le parfait micro de voyage : facile à connecter sur un ordinateur portable sans avoir à se trimballer une carte son externe, il devrait offrir plus de détail qu’un dynamique tout en permettant de bypasser l’entrée micro du portable, de qualité souvent très médiocre.
C’est dans cette optique que ce test a été réalisé et à présent que les choses sont claires, l’heure est au déballage et à l’installation.
C01 ++
Vendu sous emballage plastique, le C01U est livré avec une notice succincte en anglais et quelques accessoires : un câble USB de 3 bons mètres, un adaptateur pour pied de micro et une petite housse qui, si elle semble imperméable, est si fine qu’elle ne protègera en rien des chocs. Pas de mallette de transport, pas de suspension élastique… Samson assure le minimum syndical, ce qui n’étonne guère vu le prix du micro. Pas de drivers non plus : on semble être dans du 100 % Plug & Play.
Le microphone en lui-même ne surprendra pas les habitués de la marque : ce n’est ni plus ni moins que ce bon vieux C01 qui, pour l’occasion, a troqué sa grille de protection noire pour une grille métallisée.
Recourant à un large diaphragme de 19 mm, il offre une directivité cardioïde et une réponse en fréquences s’étendant de 40 Hz à 18 kHz (Chiffre du constructeur). Précisons également qu’il ne dispose ni d’atténuateur, ni de filtre coupe-bas.
Dans la mesure où la conversion numérique se fait depuis le micro, il convient aussi de préciser que l’échantillonnage se fait sur 16 bits, à une fréquence de 8 kHz, 11,025 kHz, 22,05 kHz, 44,1 kHz ou 48 kHz.
Bref, rien qui ne soit aussi surprenant que ce connecteur USB trônant fièrement en lieu et place du traditionnel XLR. Connecteur que nous allons de ce pas connecter…
Plug & Record !
Tandis que le portable servant à faire le test démarre (un Sony Vaio mu par un Athlon XP 1 Ghz et disposant de 256 Mo de RAM), j’en profite pour visser la bague sur le pied de micro et fixer le micro à la bague.
Une fois que Windows s’est mis à l’aise, je relie aussitôt le micro à l’ordinateur via le cordon USB fourni et, miracle de technologie : ça marche ! Le C01U est automatiquement reconnu et sans même qu’une connexion à Internet n’intervienne, il s’installe comme un grand.
Dès lors, il suffit d’aller dans le Panneau de Configuration de Windows, de double cliquer sur 'Sons et Périphériques Audio’ et de se rendre sur l’onglet 'Audio’ pour le déclarer comme source d’enregistrement et accéder au réglage de son volume. Rustique mais enfantin !
En consultant la notice, on remarque toutefois que Samson évoque un logiciel pour paramétrer le micro. Téléchargeable depuis le site du constructeur, ce dernier n’est hélas pas disponible pour Windows à l’heure où ces lignes sont écrites.
Rien de grave toutefois puisque le micro demeure parfaitement utilisable sans ce logiciel, qui, si j’en crois les screenshots de la version Mac, consiste en un slider de gain, un bouton permettant d’inverser la phase et un filtre coupe-bas (logiciel). Pour régler le volume du micro, on passera donc pour l’heure par l’interface Windowsienne d’une part, et par l’application audio qu’on utilise pour l’enregistrement de l’autre.
Comment ça sonne ?
S’il n’est pas un foudre de guerre, le C01U ne démérite pas en regard de son prix. Comprenez par là qu’il offre nettement plus de détail dans les aigus qu’un Shure SM58 (même en dévissant la boule de ce dernier)… mais aussi plus de souffle, ce qui n’a rien d’étonnant.
Offrant une définition suffisante pour prendre l’avantage sur un dynamique lorsqu’il s’agit d’enregistrer une guitare acoustique ou une voix, il sait aussi ne pas être trop sensible, de sorte qu’à 3 mètres du portable sur lequel je l’ai testé, il ne captait pas le ronron intermittent de l’engin. Bon point donc, et je vous laisse juge de la qualité obtenue avec l’enregistrement ci-dessous.
A-u-d-i-o-F-a-n-z-i-n-e (5,5 Mo)
Notez que guitare et voix ont été prises ensemble avec SoundForge, le C01U étant orienté vers le milieu du manche d’une Garrison G20. Notez aussi que la rédaction décline toute responsabilité concernant la facture artistique de l’extrait ici proposé.
Les guitares ont été prises en overdub, avec le micro à 50 cm environ. Aucun EQ ni aucun mixage n’a ensuite été effectué. Merci à Chris Berton pour cet extrait.
D’autres parts, il est bon de noter que le C01U n’est pas des plus tolérants en terme de niveau sonore : s’il s’en sort très bien dans le registre tranquille, une prise de voix un peu trop pêchue aura vite fait de le faire saturer…
Terminons enfin avec le plus gros point noir du C01U : côté monitoring, vous êtes dépendant de la latence de l’interface audio de votre ordinateur, mais surtout de son aptitude et de celle de l’application utilisée à gérer le Samson C01U en entrée, en vous assurant un monitoring au casque digne de ce nom. La chose est en effet problématique lorsqu’on considère que le C01U ne dispose pas de drivers ASIO… Bref, pour bosser à l’aveugle sous Sound Forge façon magnéto, pas de problème ! Pour l’utiliser dans le contexte d’un Cubase, c’est une autre paire de manches puisque sous SX 2, il m’a fallu repasser par les Drivers MME et enregistrer sans aucun retour… Du coup, on le sent bien : le C01U est intéressant dans le contexte d’une interface audio générique, comme celle d’un laptop, mais si vous disposez déjà d’une véritable interface audio, faite pour la musique, vous risquez de vous arracher les cheuveux…
Conclusion
Relativement cohérent du point de vue audio par rapport à son positionnement d’entrée de gamme, le C01U est une tentative intéressante qui devrait permettre aux débutants de se doter d’un petit statique pour pas cher.
A ce prix, son concept tout-en-un est en outre des plus séduisants pour le musicien nomade qui veut jeter des idées vite fait bien fait dans une chambre d’hôtel, façon bloc-note. A ce petit jeu, le gaillard est en effet bien plus performant que la combinaison 'micro dynamique / chipset audio générique’ pour enregistrer un morceau guitare / voix, tout en évitant de se trimballer une interface audio externe préamplifiée. On regrettera toutefois que Samson n’ait pas plus pensé son produit en fonction des musiciens : sans drivers ASIO et sans gestion hardware du monitoring, il faut se contenter d’enregistrer ses prises en aveugle et c’est bien dommage.
D’ailleurs, on aurait aimé que Samson assume plus encore cette vocation nomade en fournissant, quitte à dépenser quelques euros de plus, un étui plus rigide et un petit support de micro pliable. Pour la prochaine fois peut-être…