Les conneries on stage

Au mois d'avril de cette année, double concert avec première et deuxième partie, occasionnant un changement de plateau gargantuesque (le mot est faible) entre les deux:

-changement complet de backline (guitares, basse, violons, piano quart de queue, cuivres, ect..)

-réaffectation totale des circuits de retours ainsi que des ear-monitors (11 circuits)

-refonte complète du patch physique (35 lignes)

-changement de la quasi-totalité des micros (27)

-dé-câblages, re-câblage, check, clean, ect.. un changement de plateau quoi..

Nos amis ligtheux n'ont pas été oubliés non plus:

-changements et déplacement des projos au sol (32 projos sur 15 circuits)

-réglages de ces dit projos

-ré-affectation des canaux DMX pour les automatisés

-mise en route d'une machine à brouillard Mdg récalcitrante

-et surtout changement de console lumière, un vrai bonheur..

Le temps qui nous était imparti pour ce bon gros changement de plateau? 30 minutes.. Franchement quelques fois j'aimerai bien être dans la tête de certains directeurs de salles pour comprendre certaines de leurs motivations..

Nombre de techniciens pour l'opération, 10:

-3 lighteux

-4 régisseurs plateau

-1 backliner

-2 sondiers

Je vous passe les mises en place et les balances de l'après-midi, équipes techniques très sympa, musiciens adorables, tout ce passe comme sur des roulettes..Nous faisons avec eux un bon briefing voir un brainstorming sur le comment et qui fait quoi au changement plateau, surtout avec le groupe qui s'était installé en dernier donc qui jouera en premier. Impeccable sur le papier ça marche..

20h30 début de la soirée, le premier groupe se met en place.. début du concert.. RAS impeccable, prestation scénique magnifique.

21h45 vient le changement plateau. Fermeture du rideau de scène, et ouverture du rideau de fond de scène pour opérer les changements. Une véritable petite armée de techniciens se met à l'œuvre. Chacun sachant exactement ce qu'il a a faire.. L'intégralité du backline du premier groupe s'échappe en arrière-scène en vitesse grand V (les dé-câblages ayant été fait par les musiciens eux-même avec les régisseurs plateau) pour faire place à celui du deuxième groupe. Les techniciens du premier groupe accueilli viennent nous aider, ce qui monte le nombre de technos à 13 plus les 9 zicos du premier groupe ainsi que les 12 du second.. ça commence à faire pas mal de monde sur scène.. Mais personne ne se marche dessus. Les lighteux comme à leurs habitudes finissent avant nous, et viennent nous filer la main et s' occupent de re-câbler les sous-patch, rien de tel qu'un lighteux pour le faire proprement.

Premier souci, au moment de déplacer la deuxième batterie sur scène, qui était bien entendu déjà montée sur praticables (4) avec tous les micros qui allaient bien, une des roulettes des risers constituant cette mini-scène se bloque sans aucune raison apparente, rendant son déplacement plus que difficile et approximative, et bien sûr elle n'était pas accessible cette satané roulette.. Ils nous a fallu « un certain temps » pour positionner la batterie au bon endroit sous les yeux (très) inquiets des régisseurs lumière. Mis à part ça tout roule, on est prêt dans les temps.. Je remonte en console pour le line check micros, impeccable..

22h15 début de la deuxième partie, cette fois, c'est moi qui suis en console façade (je m'auto-accueil), tout le monde prend son casque d'intercom:

moi- « vous êtes prêt les gars..? »

techniciens plateau - « ..yes les zicos sont prêt.. »

le lighteux - « ça va faire mal.. »

mon collègue aux retours - « ouai, mais c'est quoi le buzz chelou dans l'intercom..? »

moi- « je ne sais pas.. allez c'est partie..ouverture rideau.. »

Tout semble normal, les musiciens commence à jouer, techniquement tout roule, mais visuellement il y a comme un p'tit souci. Un gros tas de modules à été oublié en avant-scène jardin (donc à droite des musiciens) ainsi qu'un pied micro posé à la hâte devant le stand percus et un rouleau de gaffer resté posé bien en évidence sur l'ampli basse..

C'est après que ça se complique, une suite de concours de circonstances à partit d'un incident particulièrement vicelard!

Un casque d'intercom oublié par le poursuiteur de la première partie et qui pendouillait dans les cintres à douze mètre de haut et qui s'était mis à tout faire boucler (le fameux buzz chelou constaté par mon collègue). Résultat, un gros buzz dans la sono.. 10 minutes à trouver la raisons de ce buzz, heureusement les régisseurs de la salle ont très très vite réagi ..

Comme si cela ne suffisait pas, j'ai eu une panne de porteuse HF.. Le régisseur lumière a perdu le contrôle de deux machines.. L'ordinateur contrôlant l'amplification de la diff façade via le logiciel LA manager à planté ( ), ce qui n'a eu heureusement aucune conséquence.. Et tout ça en à peine 30 minutes! Un cauchemar! Cette soirée a bien faillit tourner au désastre, et sans le sang froid de tous les musiciens qui sont restés tout au long du concert d'un professionnalisme incroyable, et une équipe technique aguerri à la scène, je n'aurai pas donné chère de cette soirée.. On appel ça du spectacle vivant..

 Très joli, et magnifiquement raconté, merci

Citation de : Tsaddeous

Sacrée soirée !

http://television.portail.free.fr/actualite/17-12-2009/audiences-tv-sacree-soiree-mene-la-danse-sur-tf1/Audiences-TV-Sacree-Soiree-mene-la-danse-sur-TF1_reference.jpg

Merci les gars. Et oui ça été une sacrée soirée.. comme quoi, un simple petit oubli qui en temps normal n'aurait eu absolument aucune conséquence a bien faillit tout faire chavirer, et rendre cette magnifique soirée catastrophique..Morale de cette histoire, ami(e)s poursuiteurs (teuses), quand vous quittés votre poste, toujours éteindre votre intercom par la touche idoine dénommée le plus souvent « Talk » tout le monde vous en sera reconnaissant..

Ce que je ne comprends pas c'est le rapport entre le casque d'intercom et la sono de la soirée.

En tout cas ça stresse rien que de te lire

Salut,

Citation :

Ce que je ne comprends pas c'est le rapport entre le casque d'intercom et la sono de la soirée.

En fait l'intercom s'est mis dans un premier temps à boucler doucement sur lui-même (micro/casque) tout en reprenant tous les sons émanant du plateau, notamment des cuivres et des bois. Les statiques qui reprenaient ces instrus étaient particulièrement sensibles et reprenaient légèrement les sifflantes/buzz intermittentes émises de ce satané poste intercom, et les réinjectaient dans les circuits de retours sur scène. Et comme cet intercom était en salle, il reprenait également le son issu de la façade, pour le restituer aux statiques, et ainsi de suite.. En revanche, ce qu'on ne s'explique toujours pas, c'est comment, et par quel miracle un intercom distant à l'horizontal d'une bonne quarantaine de mètres du plateau, et à une hauteur d'un peu plus de douze mètre a pu se mettre à tout faire boucler de la sorte?? Un vrai mystère.

Nous avons pensé dans un premier temps aux abat-sons.. mais comme ils étaient bien évidemment installés en direction du public, notre première idée ne tenait pas une seconde la route..

Dans un deuxième temps nous avons pensé aux passerelles qui longent cette salle, du plateau au gradin, après tout, les fréquences responsables de ce bouclage auraient très bien pu passer par là, mais vu le pendrillonage de la cage de scène cette idée était encore plus stupide que la première.. à ce jour nous n'avons toujours aucune réponse à ce mystère qui reste entier.. Il y a probablement plusieurs milliers de facteurs à prendre en compte et très certainement des centaines de circonstances qui ont aggravés le phénomène de bouclage.

+1 tout est la faute de cette incompétente