IK Multimedia poursuit la déclinaison de sa technologie de simulation d’amplis et effets guitare. Après les versions plus légères d’Amplitube (Live, Uno, etc.) ou la recréation du set-up d’un artiste (Jimi Hendrix Edition), voici un ensemble dédié au métal, Amplitube Metal.
IK Multimedia poursuit la déclinaison de sa technologie de simulation d’amplis et effets guitare. Après les versions plus légères d’Amplitube (Live, Uno, etc.) ou la recréation du set-up d’un artiste (Jimi Hendrix Edition), voici un ensemble dédié au métal, Amplitube Metal.
Comme à son habitude, IK Multimedia fournit un simulateur compatible Mac et PC (OSX Leopard inclus, XP/Vista), sous forme de standalone et de plug-in (VST, AU et RTAS). L’autorisation se fait par le Product Authorization Wizard, connexion internet obligatoire (possibilité d’utiliser un autre ordi). Au menu d’Amplitube Metal : 14 émulations de pédales, 5 d’amplis, 13 de baffles (que des 4×12…). Les racks sont les mêmes, dotés cependant d’une interface relookée en alu brossé ; l’Analog Chorus, le Rotary Speaker et le Stereo Enhancer disparaissent et un Graphic EQ fait son apparition.
La version standalone bénéficie du SpeedTrainer, qui permet d’importer et de lire un fichier audio, en ralentissant/accélérant son tempo (de –50% à +150%), de modifier sa tonalité (plus ou moins une octave), d’ajuster son volume par rapport à celui du logiciel et enfin de placer des points de bouclage (avec un zoom x 32 pour la précision), ce qui est idéal pour répéter un phrasé jusqu’à plus soif… La qualité est correcte, en tout cas largement suffisante pour travailler. Le hachage du son est dû aux modifications en temps réel du tempo. Pour finir on dispose d’un métronome, avec son réglage de tempo et un volume, d’un boost de niveau d’entrée (jusqu’à + 24dB) et d’une jauge de consommation CPU.
Le reste de l’architecture est commun : en haut la gestion des presets, celle de l’automation et la sélection du routing des différents modules (8 préselections figées). Un Bypass et un Mute sont disponibles pour chaque section. On peut ainsi couper ampli et effets pour s’accorder rapidement, sans embêter tout le monde en concert ou en répétition, bien vu.
En bas la gestion des préférences (possibilité d’oversampler les préamps, amps, etc.), de l’autorisation, des niveaux d’entrée, de sortie Master, de réglage du Noise Gate, affichage du réglage du paramètre en cours, de l’accord si le Tuner est activé, puis réglage des Pan, Volume, Phase et Mix des modules en cours (IK appelle Modules les sections Stomp, Amp, Cab et Rack et non les éléments à l’intérieur de celles-ci). À propos du Noise Gate, il vaudra mieux utiliser un bon plug dédié, celui intégré étant un des points faibles d’Amplitube, et ce, depuis la version 1…
Utilisation
En utilisation standalone, Amplitube Metal ne peut recevoir qu’un signal mono, même s’il envoie au final du signal sur deux sorties. Au sein d’un DAW, s’il s’ouvre sans problème sur des tranches stéréo, le signal entrant est malgré tout sommé en mono, quel que soit le réglage de pan. Les racks d’effets utilisant souvent un mode stéréo (réverbe, délai, chorus, etc.), la sortie l’est elle aussi. Lors de l’utilisation sur un Bus, le plug gère les pan à condition que l’envoi puisse être paramétrable en Post Pan.
Le signal global (et non pas ses composantes stéréo) passe par deux lignes de traitements pour une utilisation en série ou en parallèle. Les baffles et racks disposent d’un pan, ce qui permet de placer virtuellement les deux lignes dans l’image stéréo. Gros son garanti, tout comme finesse de traitements.
Quand on ouvre Amplitube Metal sur une tranche et qu’on active l’automation de l’hôte, on est très surpris de ne voir que des infos génériques, Parameter 1 à 16. C’est que Amplitube permet d’assigner librement 16 paramètres à 16 contrôleurs, paramètres à choisir parmi toutes les destinations possibles du logiciel, du niveau d’entrée au Regen d’une pédale Flanger, du réglage en ou hors axe du micro de reprise à la pédale de l’émulation de Whammy, etc. Que ce soit avec un contrôleur externe (une Euphonix MC Mix dans mon cas) ou directement à la souris sur les pistes du logiciel hôte, ça fonctionne très bien.
À noter que Amplitube X-Gear est maintenant donné avec les différentes versions d’Amplitube ainsi qu’avec l’Ampeg SVX, ce qui est un cadeau non négligeable, la version seule coûtant 75 euros. On peut ainsi importer et mélanger tous les modules, amplis, effets, baffles, etc. de tous les simulateurs ‘Powered by Amplitube’ au sein d’un hôte qui s’utilise en standalone comme en plug-in, de la même manière qu’un Amplitube ‘classique’. Plus de 85 presets permettent de tester diverses combinaisons. IK offre là l’une des solutions les plus créatives en termes de simulation. Si l’on attend le type d’opération ‘Buy Any, Get One Free’ que l’éditeur propose régulièrement, l’arsenal sonore peut très vite augmenter à moindre coût. Il faut juste être patient…
Les modules
Premier module, le Tuner. Grand format d’affichage, très précis et rapide avec vision de la note et du nombre de cents, rien de spécial à signaler, sauf que l’on regrette que son Mute (qui coupe totalement le son dans Amplitube) ne soit pas assignable à l’un des paramètres d’automation. D’ailleurs, on se demande pourquoi on ne dispose pas d’un simple Midi Learn pour assigner des fonctions à des contrôleurs Midi, comme dans SampleTank. Amplitube 1 n’en disposait pas non plus, mais son automation était plus complète, et on peut très bien assigner, dans Logic par exemple, une des automations internes à un contrôleur Midi externe (voir capture d’écran). Ce qui nous fait regretter les seulement 16 paramètres de Amplitube Metal. Les choses semblent en tout cas être bien mieux agencées avec Stomp I/O, le pédalier signé IK, utilisé avec X-Gear. CQFD ?
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On continue avec les Stomps. Entre les versions d’Amplitube et l’Ampeg, IK a déjà modélisé très soigneusement des grands classiques, des Boss aux Ibanez, des Electro Harmonix aux MXR, etc. Très logiquement, l’éditeur continue avec Amplitube Metal, en recentrant les pédales sur les distorsions, puisque pas moins de 6 modèles sont présentés. Mais commençons par les autres effets…
On dispose maintenant d’un Graphic EQ à 10 bandes, rien de particulier à signaler, ça permettra à ceux qui le souhaitent de commencer à creuser le son. Côté effets temporels, un Delay. L’interface est différente, mais il sonne quasiment de la même façon que celui d’Amplitube 2. Tout juste un peu plus lissé…
Les effets de modulation sont un Flanger (émulation d’un Boss), plus doux que celui d’A2, avec moins de ‘woosh’ et d’aigu, très agréable et un Metal Flanger plus prononcé : c’est une émulation du MXR 117, celui d’EVH ; ‘Unchained’, ça vous dit quelque chose ? Le premier est très musical, comme en témoigne l’exemple audio suivant, qui commence par le flanger fourni dans Amplitube 2 puis celui de Amplitube Metal. Premier réglage : tout à fond (pas tout à fait pour celui d’A2, sinon le résultat est inutilisable, il y a comme un bug…); second réglage : Rate à midi, Level à fond, Depth et Feedback à 3 h. On pourra peut-être lui reprocher cette ‘gentillesse’ sonore, et le fait de ne pas disposer d’une synchronisation à l’hôte en division rythmique (bouton BPM, pourtant présent sur d’autres flangers d’IK). En revanche, question rondeur, le son est là. Metal Flanger n’a pas non plus cette possibilité de synchro, sonne beaucoup plus métallique et salit bien le son, bref, dans l’esprit.
Pédales toujours
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On continue avec Phaze Nine (décliné du MXR 90, phaser 4-stage, qu’on retrouve chez Limp Bizkit comme chez Pearl Jam), doté d’un seul réglage, Speed, très doux et plein. La Wah proposée est plus respectueuse des aigus que celle d’A2, cette dernière perdant à partir de 4 kHz. L’assignation rapide à une pédale d’expression rend son usage presque immédiat, tout comme celui de la Wharmonator, émulation de la Whammy très réussie, avec choix entre harmonizer et bend. L’Overdrive (la fameuse Boss SD-1) est plus douce que celle d’A2, avec un niveau de ‘sortie’ moins élevé, plus de bas medium et nettement moins d’aigu.
Concernant les pédales de disto, on est gâté (à noter qu’IK a interverti sur son site l’appellation des deux premières…) : Boss HM-2 (de My Bloody Valentine à Judas Priest), DS-1 (de Nirvana à Satriani), MT-2 (Vai & Co.) et DF-2 , Electro-Harmonix Big Muff Pi (de Dinosaur Jr à Incubus) et ProCo Rat (de Yo La Tengo à Jeff Beck). Bref de quoi simuler toutes les couleurs sonores de tous les genres du métal ! Plutôt que de décrire leurs fonctionnalités, conformes à celles de leurs inspiratrices, voici quelques exemples audio : Boss DS-1, Boss HM-2, Boss MT-2, ProCo Rat et Big Muff Pi. La Boss DF-2, si elle remplit correctement son office de distorsion, ne convainc pas forcément en mode Feedbacker (un oscillo à fréquence variable manuellement). On pourra cependant l’utiliser comme effet spécial, comme sur cet exemple.
Amps & Cabs & Sounds
Côté amplis, IK présente les incontournables du genre, des têtes Mesa Boogie Triple Rectifier au Peavey 5150, en passant par une Randall Warhead 300 et une Marshall JMP100. Deux canaux du Mesa sont proposés, le 1 (Clean) et le 3 (Hi Gain), nommés Green et Red à cause de leur Led de même couleur. De Cannibal Corpse à Korn, tout peut y passer, et le Clean est vraiment superbe (ce qui est, en règle générale, un des points forts d’Amplitube). La Peavey est indissociable de Van Halen, et il est très facile d’obtenir l’équivalent du son du guitariste si l’on y rajoute l’Overdrive, le Phaze Nine et le Metal Flanger. La Warhead permettra d’évoquer Darrel et consorts. Quant au Marshall, c’est évidemment celui d’Hendrix période Are You Experienced. Il faut maintenant y associer les baffles adéquats.
Si IK réutilise des baffles déjà modélisés pour Amplitube, il y a quand même quelques nouveautés comme le Peavey 5150 ou le Marshall 1960, ou la déclinaison de plusieurs mêmes modèles, offrant une réponse en fréquences très légèrement différente. On notera qu’en règle générale, les modèles semblables (4 × 12 Metal T2 chez AM correspond au 4 × 12 Closed Modern 2 dans A2, par exemple) montrent toutefois de subtiles nuances, principalement dans la plage comprise entre 2 et 6 kHz, dans laquelle Amplitube Metal a tendance à être plus riche.
Mais place à l’écoute : voici une sélection parmi les presets (que du saturé, la qualité des sons clairs et crunch d’Amplitube n’étant plus à démontrer), avec détail de la configuration simulée…
- Ace Super Solo – Mesa Triple Red + cab Rectifier + racks (P EQ, Compressor, Pitch et Delay)
- Balance Of Judgement – 5150 + cab 5150 + racks (Chorus, Delay, G EQ)
- Death WH mk II – Randall + cab Fender MH412 + rack (Compressor)
- Devastation – MT-2 + Mesa Triple Green + cab Fender MH412 et cab Marshall 1960 + racks (G EQ, Compressor)
- Disappoint – 5150 + cab 5150 + rack (G EQ) et Big Muff + Marshall JMP100 + cab Rectifier + rack (G EQ)
- DMMET – 5150 + cab Rectifier + racks (P EQ, Compressor)
- Gritallica 1 – JMP100 + cab 5150
- Hardd – GR-EQ et ProCo Rat + Mesa Triple Red + cab Rectifier et cab Fender MH412 + racks (Compressor, Delay)
- LP WhyNot ! – 5150 + cab 5150 + rack (Delay)
En conclusion
Indéniablement, la modélisation progresse encore et toujours, et on est bien loin des premières tentatives en la matière, aussi bien en termes de résultats, qu’en termes d’exigences CPU. Sur certains presets, avec une latence de 256 échantillons, les craquements empêchaient de jouer.
Alors, comment conclure ? D’abord, voyons l’outil. À ce prix, moins de 200 euros, il va être très dur de trouver un équivalent en hard avec cette qualité et cette polyvalence. D’autant qu’un joueur de clavier peut aussi y trouver beaucoup d’intérêt, notamment sur les Rhodes, Clavinet, B3 et orgues italiens. Si l’on dispose d’une bonne carte son et d’écoutes à la hauteur, le résultat est bluffant, à condition de garder en tête que l’on est sensé entendre le résultat d’un ampli enregistré et non live… Car il est évident qu’on ne peut ressentir les sensations physiques d’un ampli (à moins d’avoir à sa disposition des écoutes studio de type Westlake TM-3 et encore). Non, le logiciel émule le résultat enregistré, ce que nombre d’utilisateurs oublient. Ça sonne tout de suite, les effets sont suffisamment variés et les possibilités suffisamment nombreuses pour permettre la création de sons personnalisés. Les couleurs sont très bien restituées, la dynamique n’est pas mal, aucun problème là-dessus. Amplitube montre une largeur et une ‘non-compression’ que ses concurrents ne peuvent afficher.
Maintenant, au niveau du grain, il y a encore comme un petit manque. Comme entre argentique et numérique dans le domaine de la photo, par exemple ; mais, le nombre de pixels augmentant rapidement, l’écart a tendance à se réduire, et l’on espère logiquement suivre une progression semblable en ce qui concerne la modélisation. Et puis il y a toujours le problème de la personnalité et de la destination. Si l’on doit enregistrer une rythmique derrière un(e) chanteur(euse), qui doit simplement être identifiée comme ‘guitare électrique rythmique’, ça fonctionne parfaitement. Si ça doit être une partie solo reflétant la personnalité d’un guitariste, c’est plus complexe. À titre d’exemple, pour un guitariste comme McLaughlin, chez qui la phrase est avant tout importante, l’emploi d’un ordi portable avec Amplitube est tout à fait envisageable. Ce qu’il fait, d’ailleurs. Maintenant, pour un écorché vif comme Jeff Beck, qui fait hurler, pleurer, chuchoter ses Plexi ou Twin, rien ne vaudra un vrai ampli…
Pour une musique de film, l’accompagnement d’un chanteur, des cours, du live, de la post-production, du travail en urgence ou qui demande de la qualité sans en avoir le budget, Amplitube sera parfait et ne provoquera aucun problème de mise en place, d’installation, de réglages, etc. Maintenant, si vous avez réuni les meilleurs musiciens de la terre (oui, n’hésitons pas), pour réaliser le disque de votre vie (n’ayons pas peur), la solution bonne guitare plus ampli d’excellente qualité plus environnement de prise de son pro plus ingé son à la hauteur, même si moins évidente à mettre en place, semble plus indiquée, non ? Éternel débat…