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Test du préampli micro Cranborne Camden EC1 - Préampli sans faux pli

8/10

On avait entendu parler de Cranborne Audio, et précisément de ce préampli Camden, il y a quelques années par un confrère anglais… autant vous dire que la rumeur qui avait précédé ce test était enthousiaste et élogieuse. C’est donc avec pas mal de curiosité qu’on a découvert la machine. D’autant plus que les britanniques savent de quoi ils parlent en général, en termes de préamp, ou devrait-on dire de « mic pre ».

Test du préampli micro Cranborne Camden EC1 : Préampli sans faux pli

Le format, ni un 500 ni un 19’’

Le Camden EC1 dont on vous parle ici est un préam­pli mono, qui se présente sous la forme d’un demi 19’’ hori­zon­tal. Un format qui peut être plutôt pratique pour une instal­la­tion mobile, un home studio plus home que studio, mais qui ne s’in­tègre pas parti­cu­liè­re­ment bien à un studio dont les autres machines sont en géné­ral dans des bacs prévus pour les formats 500 ou 19’’.

Cran­borne propose aussi ce même Camden dans 2 autres versions :

  • EC2 pour 2 canaux ou 1 stéréo en 19’’
  • 500 qui s’in­tè­grera dans une lunch­box

Et la marque propose aussi un « rack kit » pour inté­grer 2 EC1 côte à côte parmi vos racks 19’’.

Camden_EC1_photo

Quand on observe le panneau avant, on peut distin­guer la majeure partie dédiée au préamp à gauche, d’une petite section à droite qui semble plutôt concer­ner du moni­to­ring et nous annonce des « Aux », « Ext » et autres « C.A.S.T. »… On revien­dra plus tard sur cette partie qui soulève pas mal de ques­tions.

La prise en main est plutôt agréable et inspire confiance : les poten­tio­mètres sont solides, les plus utiles et solli­ci­tés en parti­cu­lier, qui sont plus gros et résis­tants que les autres – c’est très cohé­rent de notre point de vue. Même constat sur les connec­tiques, les sélec­teurs, l’ali­men­ta­tion : globa­le­ment le EC1 semble costaud et bien fait. Fran­che­ment ! Et pour ne rien gâcher, il est plutôt joli, dans un style sombre et sobre, la police d’écri­ture est élégante et on retrouve parmi les inscrip­tions des mots évoca­teurs comme mojo, cream, thump…

preamp_panneau_avantPour l’es­sen­tiel, on retrouve à l’ar­rière 1 entrée micro XLR, 1 sortie en XLR ou jack (6,35 mm), et un link en jack. À l’avant, une entrée jack qui peut être utili­sée en ligne ou en HI Z comme une DI, attaquée direc­te­ment depuis un instru­ment.

Un petit sélec­teur permet de choi­sir l’en­trée entre Mic / Line / HI Z mais on dispose aussi d’un coupe-bas, d’un inver­seur de pola­rité et évidem­ment d’une alimen­ta­tion 48v : les clas­siques de ce genre de préam­pli sont bien là. À noter que la LED qui signale le 48v en On se colore de diffé­rentes manières à l’al­lu­mage / extinc­tion ou pendant l’uti­li­sa­tion, comme pour nous signa­ler un petit temps de stand-by. La couleur des LED est d’ailleurs une petite spécia­lité-gadget du Camden. À gauche du panneau on retrouve ainsi une LED de signal d’en­trée post­gain. Elle fonc­tionne comme un vu mètre sur une seule led et passe du bleu au vert, puis au orange, avant d’in­diquer une satu­ra­tion quand elle passe au rouge.

Enfin, le gain est cranté – ça, on aime – mais sur des valeurs inha­bi­tuelles : 19, 30, 41, 52, 63. On peut mettre ça sur le compte des facé­ties britan­niques, à ranger au côté de leurs unités de mesure, etc. À l’ar­ri­vée, ça nous a un peu embêté pour ce dont il va être ques­tion juste après : compa­rer le Camden à d’autres préam­plis dans un contexte iden­tique.

Parlons du son !

Nous avons effec­tué diffé­rents tests compa­ra­tifs au studio, sachant que nos points de compa­rai­son sont les préam­plis Aurora Audio GTQ2 et EML 1073 (réplique de Neve).

Une fois en situa­tion, l’EC1 affiche une courbe de réponse en fréquences rela­ti­ve­ment stable pour un réglage de gain d’en­trée fixé à 41 dB sur le préam­pli micro. On observe malgré tout des alté­ra­tions (+/- 0,2 dB max), au-dessus de 1 kHz et en dessous de 250 Hz.

Niveau_relatif_entrée_micro

La bonne surprise que c’est que la section préam­pli offre un son assez large et un spectre qui n’a pas trop à rougir face à une bête telle que l’Au­rora GTQ2 (sans doute le préam­pli qu’on utilise le plus).

L’EC1 est très riche en médium et nous four­nit des hautes fréquences plutôt contrô­lées et douces. Rien de très flat­teur ni d’ex­ces­si­ve­ment ouvert comparé à d’autres préamps de sa gamme qui peuvent être assez incon­trô­lables quand on veut aller cher­cher de l’air au-delà de 12 Kilos. Les tran­si­toires sont vives sans être agres­sive et ça nous donne un tout très équi­li­bré et musi­cal, que ce soit en termes de réponse en fréquences ou en termes de rapport de dyna­mique.

On prend note en revanche que le bas du spectre manque légè­re­ment de densité et de profon­deur (ce qui peut être pratique pour certaines sources qu’on aurait tendance à vouloir nettoyer auto­ma­tique­ment, mais qui peut être un peu frus­trant pour l’en­re­gis­tre­ment de certaines sources dont on aime­rait valo­ri­ser ou souli­gner cette densité dans le grave).

En condi­tion d’en­re­gis­tre­ment, on a droit à une bonne surprise sur le piano par exemple, qui s’avère très agréable. En effet, on note que le spectre harmo­nique est respecté et équi­li­bré, et que le bas médium qui peut souvent sembler bouché sur des prises de pianos acous­tiques, semble là plutôt doux et contrôlé.

piano_cran­borne_camden
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  • piano_cran­borne_camden00:20
  • piano_aurora_gtq200:20
  • piano_eml_107300:20

Le test avec une prise de batte­rie en mono en utili­sant un seul U 87 est assez flat­teur aussi. Les tran­si­toires sont belles et plutôt natu­relles, les harmo­niques et réso­nances des cymbales semblent fidèles et le rapport signal/bruit nous permet d’ex­ploi­ter à fond les fins de réso­nances.

batte­rie_cran­borne- camben
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  • batte­rie_cran­borne- camben00:14
  • batte­rie_aurora_gtq200:14
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enregistrement_batterie.JPG

Le HPF est musi­cal et travaille très haut (à partir de 400 Hz) avec une pente assez douce (on dira autour de 6 dB par octave).

Pour ce qui concerne les sorties, nous n’avons pas pu tester la sortie C.A.S.T. En revanche la sortie casque à une légère baisse dans le haut de son spectre (à partir de 2 kHz, et jusqu’à 1 dB à 20 kHz), ce qui peut compen­ser certaines réponses en fréquence d’un casque qui serait un peu trop flat­teur, mais qui par consé­quent n’est pas tota­le­ment neutre.

Le Mojo qui crunche

La section MOJO du EC1 nous présente une modé­li­sa­tion d’over­drive à lampe. Très simple d’uti­li­sa­tion, elle a un poten­tio­mètre de Blend qui sert aussi de switch off en posi­tion zéro, et un sélec­teur de mode (Cream / Thumb).

Le mode thumb drive légè­re­ment et s’avère assez agréable pour une utili­sa­tion légère. Il polit un peu les tran­si­toires, gonfle genti­ment le bas du spectre, creuse douce­ment les médiums, et teinte légè­re­ment certaines harmo­niques surtout autour de 3 kHz.

vox_mojo_off-St
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  • vox_mojo_off-St00:02
  • vox_mojo_thumb-St00:02
  • vox_mojo_cream-St00:02

Le mode cream fonc­tionne presque comme une compres­sion over­drive, et donne un résul­tat très compressé, un spectre beau­coup plus resserré dans le médium, et un niveau de sortie beau­coup plus faible (il n’y a pas de make up pour compen­ser l’ef­fet de compres­sion). Ce mode va creu­ser énor­mé­ment le médium autour de 400 Hz (comme on peut le voir sur le graphique), pour y affec­ter un taux de distor­sion harmo­nique très consé­quent.

Mesure_réponse_relative_mode_cream

La LED de signal d’en­trée ne prend donc pas en compte l’af­fec­ta­tion ou non du Mojo, bien que celle-ci figure dans la section Mojo.

Petite décep­tion tout de même, le mode Thump ne réagit fran­che­ment que si le niveau d’en­trée est consé­quent, soit parce que la source à un gros volume, soit parce que le gain est très ouvert. Nous aurons donc du mal l’uti­li­ser subti­le­ment sur une source acous­tique dont le rapport signal/bruit n’est pas opti­mal. Néan­moins, il permet­tra de colo­rer des claviers que l’on voudrait réchauf­fer un peu ou encore une basse qu’on aurait aimé faire crun­cher pour se substi­tuer à un circuit de préam­pli­fi­ca­tion à lampe d’une bonne vieille tête Bass­man par exemple.

Ce MOJO est un bel argu­ment en faveur du EC1 ! Il peut être très utile, direc­te­ment à la prise ou bien avec l’en­trée ligne pour colo­rer des pistes un peu fades.

Presque une inter­face audio ?

monitoring_avantEn plus du préam­pli (qui est l’es­sen­tiel de cette machine, c’est une évidence), le construc­teur a choisi d’in­té­grer une partie qu’on pour­rait appe­ler moni­to­ring.

Petite descrip­tion : à l’avant on a une entrée jack Ext avec un poten­tio­mètre, à l’ar­rière une entrée Aux stéréo en jack x 2 et une sortie C.A.S.T. en RJ45, pour lesquelles on retrouve un poten­tio­mètre commun à l’avant… Vous suivez ?
Pour finir dans la section moni­to­ring, on a droit à un potard pour le niveau du préamp et un autre pour le volume du casque.

Cranborne Audio Camden EC1 : Entrees_sorties_arriereCette section est donc divi­sée en deux utili­tés plus ou moins distinctes et disso­ciables :

  • La première contrôle un routing interne à la machine et permet d’ajou­ter des entrées Ext (mono) et Auxi­liaire (stéréo) à notre mélan­geur de moni­to­ring afin d’in­té­grer un play­back ou une autre source à notre circuit casque, et de contrô­ler le volume et le mix de celui-ci.
  • La deuxième propose une conver­sion audio­nu­mé­rique du signal de sortie de la section préam­pli et permet par consé­quent de connec­ter l’EC1 à d’autres machines Cran­borne. En effet la sortie C.A.S.T. semble corres­pondre à un proto­cole de trans­fert de données déve­loppé pour connec­ter numé­rique­ment les machines Cran­borne entre elles.

La sortie C.A.S.T. permet donc de renvoyer le signal numé­rique à une lunch­box Cran­borne Audio, que ce soit la 500R8 ou la 500 ADAT, qui en plus d’avoir 8 slots de module préam­plis en format 500, ont toutes deux 4 entrées numé­riques au format C.A.S.T. Les Lunch­box deviennent donc des inter­faces audio­nu­mé­riques, mais ne fonc­tionnent (de ce qu’on en comprend – on reste mesu­rés sur cette partie de notre test, puisqu’on n’a pas pu essayer) qu’en asso­ciant d’autres machines Cran­borne audio. Tout ça ouvre bien des possi­bi­li­tés… Utiles ? c’est une ques­tion qui mérite d’être posée.

Conclu­sion

Le pré-ampli nous paraît vrai­ment satis­fai­sant, le Mojo est certai­ne­ment un outil très inté­res­sant et le Camden est joli et bien fait ! Seul petit bémol : l’uti­lité des fonc­tion­na­li­tés « addi­tion­nelles » d’en­trées / sorties, connexions audio­nu­mé­riques ne nous a pas fran­che­ment sauté aux yeux, même si on restera mesu­rés sur cette partie de notre avis parce qu’on n’a pas eu l’oc­ca­sion de tester dans un contexte ou le C.A.S.T. aurait été utile. Pour ceux qui utilisent une lunch­box ou autre rack 500, on se dit enfin que la version 500 est proba­ble­ment un très bon deal (autour de 350 euros), de même qu’on pour­rait être inté­ressé par un EC2 qui permet­tra de colo­rer en stéréo des claviers, peut-être même un bus stéréo. Bref, bon plan !

Retrou­vez tous les sons du test au format WAV juste ici.

Test réalisé aux Studios Méga­phone

Notre avis : 8/10

  • la qualité du préampli
  • le Mojo, fun et vraiment utile
  • la solidité du matériel
  • les multiples possibilités de routing, connexions audionumériques, pas forcément utiles à tous

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