Cette semaine, nous allons nous pencher sur le cas de la captation communément appelée « Room Stéréo ». Ce sujet va nous occuper un certain temps tant il me semble être capital.
Je me suis longtemps demandé où placer cette section relative à la « Room Stéréo » au sein du chapitre consacré à l’enregistrement de la batterie. Au final, je l’ai insérée au même rang que les prises de proximité additionnelles, car, d’une part, cette piste ne se suffit pas à elle-même (sauf rares effets de styles anecdotiques), et d’autre part, il est effectivement possible de s’en passer moyennant quelques artifices à l’heure du mixage… Réverbe, vous avez dit réverbe ? Mais ne nous éloignons pas du sujet. Il est donc envisageable de faire l’impasse sur cette prise, ce qui est une bonne nouvelle si vous n’avez pas suffisamment de micros, de préamplis ou d’entrées disponibles sur votre interface audio, comme c’est souvent le cas en home studio. Toutefois, si d’aventure vous aviez tout le matériel nécessaire à la manœuvre, je ne saurais trop insister sur l’utilité de cet enregistrement. En effet, avoir recours à une « Room Stéréo » artificielle au mix n’est pas chose aisée et ne sera jamais qu’un pis-aller face à une véritable captation digne de ce nom. D’autant que cette prise tient un rôle primordial au regard du rendu sonore global de votre batterie.
Je tiens à vous prévenir d’avance, cet épisode risque de vous paraître frustrant, car il n’apportera pas de réponse directe à la question du « comment » de la chose. Aujourd’hui, nous nous concentrerons avant tout sur le « pourquoi » afin de bien cerner les enjeux, ce qui vous permettra à terme de mieux appréhender le passage à la pratique. Croyez-moi sur parole, l’axiome de la réflexion précédant l’action est d’une efficacité redoutable dans le monde de l’audio.
Spécificités
Si vous jetez une oreille à l’état actuel de notre enregistrement, vous constaterez que l’ensemble permet déjà de retranscrire la batterie de façon tout à fait honorable. Si je recevais ce genre de prises pour un titre à mixer, je sais que j’aurais de quoi travailler sereinement. Cependant, je ne tomberais pas non plus de ma chaise en me disant que tout le boulot est déjà fait. Il manque encore à mon goût un je-ne-sais-quoi de « pétillant », ne trouvez-vous pas ?
Bien sûr, en dégainant quelques EQs, compresseurs et réverbes, je pourrais « maquiller » cette batterie pour qu’elle paraisse autrement plus gaillarde. Mais puisque nous en sommes au stade de l’enregistrement, il y a beaucoup mieux à faire dès à présent afin d’obtenir un rendu plus abouti, ce qui nous évitera d’avoir à « photoshoper » notre son à outrance lors du mixage. En effet, une prise « Room Stéréo » réussie permet d’apporter cette étincelle de vie supplémentaire qui fera toute la différence. Il s’agit là de la petite couche de vernis qui apportera la touche finale à votre son, le petit truc qui saura révéler toute la personnalité de votre enregistrement de batterie.
Mais par quel prodige me demanderez-vous ? Eh bien pour faire simple, si vous prenez un instant pour envisager la question en tant qu’auditeur, nous ne sommes jamais postés à la place de l’un des micros évoqués depuis le début de ce chapitre consacré à la batterie. Et c’est plutôt une bonne chose, car nos tympans n’y survivraient pas longtemps. La prise « Room Stéréo » est réalisée via des micros relativement éloignés de l’instrument, ce qui est finalement plus en adéquation avec une écoute réelle de la batterie. Il est donc logique que cette captation soit en grande partie responsable du petit supplément d’âme qui fera toute la différence. En retranscrivant plus ou moins fidèlement le son du lieu d’enregistrement, la « Room Stéréo » permet de jouer avec la sensation d’espace, d’air, de profondeur de l’instrument. Bref, cet enregistrement est le témoin de la vie de votre batterie.
Vous n’êtes toujours pas convaincu par mon petit discours ? Alors, permettez-moi d’enfoncer le clou avec ces exemples audio :
- 01 RoomST Verse Automation 00:14
- 02 RoomST Chorus Automation 00:28
Sur ces extraits, je pars du son global sans la prise « Room Stéréo » et j’introduis cette dernière petit à petit. Édifiant n’est-ce pas ?
Dans les semaines à venir, je vous expliquerai comment nous avons réalisé cette prise. Malheureusement, il n’y a pas qu’une seule et unique façon de procéder, comme bien souvent dans notre milieu. C’est pourquoi nous aborderons également d’autres techniques qui vous permettront, je l’espère, de pouvoir faire face à toutes les situations. En attendant, je vous invite à partager vos points de vue sur le sujet ainsi que vos propres méthodes dans les commentaires de cet article.
Téléchargez les extraits sonores (format WAV)