Deuxième épisode consacré à la prise « Room Stéréo » dans le cadre du chapitre traitant de l’enregistrement de la batterie. Après avoir vu la semaine dernière le pourquoi de la chose, voici un début de réponse quant au comment…
Comme vous l’avez sans doute compris, l’idée basique de cette prise est principalement de capter la réverbération naturelle du lieu d’enregistrement de votre batterie. Afin de réaliser les extraits sonores dont vous avez eu un aperçu lors du précédent article, nous avons procédé comme suit, notamment grâce aux recommandations du propriétaire des lieux qui connaît sur le bout des doigts son studio.
La pièce a pour particularité de posséder un mur entièrement recouvert de bois. Or, cette spécificité est on ne peut plus attrayante dans le cadre qui nous intéresse aujourd’hui. En effet, une paroi boisée est capable de générer une réverbération conséquente à cause de sa rigidité, mais également relativement « douce » puisque ce matériau est beaucoup plus « tendre » qu’un mur nu classique ou recouvert de carrelage. Pour mettre cela à profit dans notre prise « Room Stéréo », nous avons utilisé un couple de micros statiques Audio-Technica AT4050 placés à deux bons mètres de part et d’autre de la batterie à une hauteur d’environ deux mètres également. Comme vous pouvez le voir sur les photos ci-contre, la capsule des micros fait directement face à la paroi boisée avec un minuscule éloignement d’à peine plus de dix centimètres. Ainsi disposé, ce couple capte essentiellement les rebonds du son sur le bois et très peu de son direct. D’ailleurs, nous avons utilisé les AT4050 en configuration cardioïde afin d’encore plus privilégier le son réverbéré par rapport au son direct de la batterie. Notez que l’éloignement avec l’instrument ainsi que le choix de la hauteur des micros ne doivent rien au hasard. À cette distance de la batterie, nous évitons grandement les soucis de phase ; alors qu’à cette hauteur, nous échappons autant que faire se peut au brouillage des graves et du bas médium.
Voici les résultats bruts de ces enregistrements :
- 01 RoomST 2 Verse 00:14
- 02 RoomST 2 Chorus 00:28
En mélangeant ces prises de façon « raisonnable » au reste du kit, nous obtenons ceci :
- 03 RoomST 2 Verse Mix 00:14
- 04 RoomST 2 Chorus Mix 00:28
Avouez que la sensation d’espace, tant au niveau de la largeur que de la profondeur, ainsi que la vivacité et la personnalité de nos prises batterie sont sans commune mesure avec les rendus de base que nous avions jusqu’alors !
Finissons l’épisode du jour avec quelques remarques…
Commentaires
Bien entendu, la qualité du résultat obtenu dépend avant toute chose des mérites acoustiques du lieu d’enregistrement. Si vous trouvez que votre batterie sonne mal dans la pièce, il y a peu de chance pour que vous réussissiez à produire une prise « Room Stéréo » satisfaisante. Cependant, sachez qu’il est toujours possible de plus ou moins améliorer les choses ! Une pièce générant une réverbération trop agressive dans le haut du spectre pourra être sensiblement « calmée » en ajoutant des tapis au sol et en suspendant des couvertures épaisses aux murs. À l’inverse, un lieu à la réverbération trop sourde pourra être « réveillé » en ajoutant des surfaces réfléchissantes à des endroits choisis, par exemple des panneaux de contreplaqué.
Concernant les micros utilisés, je tiens à souligner qu’il n’y a absolument aucune règle en la matière. Comme toujours, tout dépend du rendu souhaité. Si l’objectif est d’avoir un son naturel, il convient de s’orienter vers un couple d’électrostatiques relativement neutres ; mais si l’on souhaite quelque chose de plus « chaleureux », autant donner dans le statique à lampe, voire une paire de micros à ruban. Même des micros dynamiques peuvent faire la blague si vous souhaitez privilégier un son ayant de la « personnalité ». Par exemple, j’ai déjà obtenu des résultats extraordinaires avec une paire de bons vieux SM57. Leur bosse dans le haut médium est particulièrement intéressante pour des productions tendance « rock garage ». De plus, leur faible sensibilité dans le haut du spectre ainsi que leur rendu des transitoires permettent de considérablement compresser la « Room Stéréo » lors du mixage sans que les cymbales ne deviennent trop stridentes. Bref, n’hésitez pas à expérimenter !
Enfin, sachez que l’enregistrement « Room Stéréo » est un territoire de liberté artistique absolue. La méthode décrite aujourd’hui n’est donc qu’une façon de faire parmi tant d’autres. D’ailleurs, nous en verrons quelques-unes de plus dès la semaine prochaine…
Téléchargez les extraits sonores (format WAV)