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Pédago
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L'enregistrement du piano droit par en dessus (1ère partie) - Le guide de l’enregistrement - 148e partie

Pour ce premier passage à l'acte, nous commencerons par l'enregistrement du type de piano certainement le plus répandu en situation de home studio, à savoir le piano droit.

L'enregistrement du piano droit par en dessus (1ère partie) : Le guide de l’enregistrement - 148e partie
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Attaquons par le cas le plus « simple », la capta­tion par en dessus qui ne néces­site aucune mani­pu­la­tion parti­cu­liè­re­ment compliquée de l’ins­tru­ment en soi. Il suffit simple­ment d’ou­vrir le couvercle de façon à ce que celui-ci ne vienne pas s’in­ter­po­ser entre le son produit par l’ins­tru­ment et le dispo­si­tif de capta­tion.

Disclai­mer

Ne dispo­sant malheu­reu­se­ment pas d’un quel­conque piano à demeure, sachez que les exemples sonores présen­tés à l’oc­ca­sion de ce chapitre ont été réali­sés grâce à l’ex­cellent instru­ment virtuel Piano­teq de Modartt. En sus de nombreuses modé­li­sa­tions de piano, ce dernier propose plusieurs émula­tions de micros qu’il est possible de placer libre­ment autour de l’ins­tru­ment, ce qui permet d’ob­te­nir des capta­tions diable­ment réalistes. Cerise sur le gâteau, l’uti­li­sa­tion de Piano­teq est la garan­tie que votre appré­cia­tion des diffé­rents extraits ne sera aucu­ne­ment influen­cée par d’éven­tuelles varia­tions de qualité de jeu puisque les fichiers sources MIDI sont stric­te­ment les mêmes d’un exemple à l’autre.

Notez égale­ment que j’ai volon­tai­re­ment harmo­nisé le niveau des extraits afin que vous ne soyez pas influencé par des diffé­rences de sensa­tion de volume perçu. Gardez toute­fois bien à l’es­prit qu’il est évident qu’un micro placé près de l’ins­tru­ment donnera un rendu plus fort et néces­si­tera donc moins de gain au niveau de la préam­pli­fi­ca­tion qu’un micro éloi­gné.

Mono

Rentrons à présent dans le vif du sujet avec l’en­re­gis­tre­ment mono. Il ne s’agit pas là de la tech­nique qui vous permet­tra d’ob­te­nir un rendu ultra-réaliste de votre instru­ment. Cepen­dant, une capta­tion mono est souvent suffi­sante pour des produc­tions à la sauce Pop où le piano n’a pas un rôle primor­dial, ou bien encore pour des produc­tions flir­tant avec une esthé­tique « vintage ». L’avan­tage de cette tech­nique, c’est qu’elle est extrê­me­ment facile à mettre en oeuvre et qu’elle n’en­gendre logique­ment pas de problèmes rela­tifs à la gestion de la phase.

Quelle est donc la procé­dure à suivre ? Posi­tion­nez tout simple­ment votre micro au-dessus du piano en orien­tant la capsule vers le point d’im­pact entre les marteaux et les cordes. Partant de là, vous pouvez jouer sur la hauteur et le posi­tion­ne­ment laté­ral du micro, comme indiqué sur le maladroit dessin suivant :

01

Pour illus­trer mon propos, voici quelques exemples sonores réali­sés avec une modé­li­sa­tion du micro AKG C414 en mode cardioïde posi­tionné au-dessus du piano droit U4 dans Piano­teq. Commençons avec une bête montée chro­ma­tique qui n’a rien de musi­cal, mais qui permet de mettre en évidence l’im­pact du place­ment sur le spectre du rendu :

01_Chrom_Mono_Cardio_C_H-5
00:0000:50
  • 01_Chrom_Mono_Cardio_C_H-500:50
  • 02_Chrom_Mono_Cardio_C_H2000:50
  • 03_Chrom_Mono_Cardio_C_H7000:50
  • 04_Chrom_Mono_Cardio_L_H-500:50
  • 05_Chrom_Mono_Cardio_L_H2000:50
  • 06_Chrom_Mono_Cardio_L_H7000:50
  • 07_Chrom_Mono_Cardio_R_H-500:50
  • 08_Chrom_Mono_Cardio_R_H2000:50
  • 09_Chrom_Mono_Cardio_R_H7000:50

Afin de comprendre ce qu’il se passe, voici la nomen­cla­ture que j’ai utili­sée pour nommer les diffé­rents extraits :

  • « C » corres­pond à un place­ment laté­ral centré ;
  • « L » indique que le micro se situe au milieu du tiers gauche de l’ins­tru­ment ;
  • « R » signale un micro placé au milieu du tiers droit du piano ;
  • La lettre « H » suivie d’un nombre indique la distance en centi­mètres en prenant comme point de départ le haut de l’ins­tru­ment. Ainsi, « -5 » corres­pond à un micro placé légè­re­ment à l’in­té­rieur du cadre, « 20 » corres­pond au micro situé à 20 centi­mètres au-dessus, etc.

Voici main­te­nant une de mes compo­si­tions qui permet­tra de mettre en avant les diffé­rences de rendu au niveau de la dyna­mique ainsi que les varia­tions spec­trales induites par le place­ment en fonc­tion de l’éten­due du registre de ce morceau :

10_Music_Mono_Cardio_C_H-5
00:0001:23
  • 10_Music_Mono_Cardio_C_H-501:23
  • 11_Music_Mono_Cardio_C_H2001:23
  • 12_Music_Mono_Cardio_C_H7001:23
  • 13_Music_Mono_Cardio_L_H-501:23
  • 14_Music_Mono_Cardio_L_H2001:23
  • 15_Music_Mono_Cardio_L_H7001:23
  • 16_Music_Mono_Cardio_R_H-501:23
  • 17_Music_Mono_Cardio_R_H2001:23
  • 18_Music_Mono_Cardio_R_H7001:23

Bien que vous puis­siez écou­ter ces extraits direc­te­ment sur notre site au travers du lecteur inté­gré, je vous invite forte­ment à télé­char­ger ces derniers (au format FLAC en fin d’ar­ticle). Vous pour­rez alors les analy­ser plus faci­le­ment au sein de vote STAN de prédi­lec­tion en bascu­lant de l’un à l’autre en un tour­ne­main dans l’ordre que vous souhai­tez.

Modartt Pianoteq Pro 6 : pianoteq-ui-antpetrofQue peut-on déduire de cette première session d’écoute ? Tout d’abord, concer­nant la hauteur, plus le micro est proche du point d’im­pact marteaux / cordes et plus l’équi­libre entre tran­si­toire et sustain bascule logique­ment en faveur du premier. En outre, prendre de la hauteur dimi­nue l’ef­fet « gros plan » sur telle ou telle zone du clavier pour un résul­tat un peu plus natu­rel. L’in­con­vé­nient, c’est que cela augmente l’im­pact du son de la pièce sur le rendu final, ce qui peut être problé­ma­tique si l’acous­tique du lieu n’est pas maîtri­sée. 

Bien évidem­ment, le posi­tion­ne­ment laté­ral influence quant à lui la balance spec­trale du rendu en mettant l’ac­cent sur la zone du clavier la plus proche de la capsule. Pour éviter que cela ne soit source d’en­nuis, il convient de placer laté­ra­le­ment votre micro selon deux critères : d’une part, l’éten­due du registre de votre morceau, et d’autre part, la balance fréquen­tielle que vous souhai­tez obte­nir. 

De façon plus concrète, pour le morceau utilisé en guise d’exemple, un résul­tat final équi­li­bré à mon sens s’ob­tient en plaçant le micro à 20 centi­mètres au-dessus du piano et en le posi­tion­nant à une petite poignée de centi­mètres à gauche du centre. Ainsi, le son me paraît présen­ter une bonne balance tran­si­toire / sustain tout en arbo­rant une belle homo­gé­néité fréquen­tielle :

19_Music_Mono_Cardio_Notes_H20
00:0001:23

Pour finir cet épisode, voici quelques exemples supplé­men­taires qui me semblent dignes d’in­té­rêt : 

20_Music_Mono_Omni_Notes_H20
00:0001:23
  • 20_Music_Mono_Omni_Notes_H2001:23
  • 21_Music_Mono_Omni_Closed_Notes_H2001:23
  • 22_Music_Mono_Omni_MK2_Notes_H2001:23
  • 23_Music_Mono_Omni_U87_Notes_H2001:23

Le premier reprend exac­te­ment le même posi­tion­ne­ment de micro, sauf que cette fois-ci, le C414 est en mode omni­di­rec­tion­nel. Vous remarque­rez certai­ne­ment que le son gagne en « natu­rel » à défaut d’autre terme. Si vous cher­chez à comprendre le pourquoi du comment, je vous invite à relire l’épi­sode de la semaine dernière !

Pour le deuxième extrait, je me suis amusé à « fermer le couvercle virtuel » de Piano­teq. Le résul­tat n’est bien entendu pas tota­le­ment inin­té­res­sant et une pâte sonore telle que celle-ci pourra très certai­ne­ment être avan­ta­geu­se­ment utili­sée sur des produc­tions typées. Avouez toute­fois que ce n’est pas fonciè­re­ment le rendu que le quidam espère lorsqu’il parle du son d’un piano.

Sur les deux derniers exemples, j’ai mis à profit les possi­bi­li­tés de modé­li­sa­tions du piano virtuel employé afin de vous propo­ser d’écou­ter des capta­tions réali­sées avec du maté­riel (virtuel) de milieu et haut de gamme : un préam­pli Schoeps CMC 6 avec une capsule omni­di­rec­tion­nelle MK2 et un Neumann U87 en mode omni­di­rec­tion­nel. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais person­nel­le­ment, je trouve que le son est beau­coup plus « vivant », notam­ment avec une belle sensa­tion 3D prove­nant certai­ne­ment d’une meilleure retrans­crip­tion des « mouve­ments » de la dyna­mique. Alors oui je sais, ce ne sont pas de véri­tables prises, juste un banal simu­lacre digi­tal. Ceci étant, je vous assure que c’est abso­lu­ment conforme à ce que nous aurions obtenu « IRL ».

Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle méthode d’en­re­gis­tre­ment du piano droit.

 

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