Cette semaine, nous allons voir comment les remarques de l'épisode précédent se traduisent de façon concrète lorsqu'il s'agit de choisir au sein de votre parc micro les joujoux aptes à retranscrire convenablement le son d'un piano.
Chi va piano…
Comme nous l’avons vu, le son d’un piano évolue sur une large plage dynamique. Ainsi, il convient d’utiliser des micros capables d’encaisser de forts niveaux de pression acoustique, mais également suffisamment sensibles pour capter les sons les plus ténus. Moralité, les micros dynamiques ne constituent pas une option particulièrement judicieuse, car, malgré leur capacité à digérer des tonnes de SPL, ils ne seront pas en mesure de retranscrire fidèlement les notes les plus douces. En outre, la plupart des dynamiques ne possèdent pas non plus une réponse en fréquences suffisamment ample et/ou plate pour coller à l’étendue spectrale de l’instrument.
Pour les micros à ruban, c’est peu ou prou la même tisane. D’une part, ces derniers sont la plupart du temps fragiles et vivront donc assez mal les forts niveaux de pression acoustique. D’autre part, les micros à ruban ont souvent une tendance à « étouffer » le haut du spectre, ce qui n’est pas forcément pertinent lors de l’enregistrement d’un piano.
Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Il y a bien entendu des cas où la prise de son d’un piano via des micros dynamiques ou à ruban peut être pertinente. Il s’agit cependant de cas particulier assumant une orientation artistique ne collant pas vraiment avec les « standards ». Ainsi, la plupart du temps, les micros électrostatiques seront à privilégier. En effet, avec leur réponse en fréquences étendue et leur capacité à gérer les niveaux les plus forts comme les plus faibles, les engins de cette famille sont des candidats de choix pour la prise de piano.
Parlons à présent directivité et taille de capsule. Le piano est un instrument particulièrement grand. Du coup, la plupart des sons produits n’atteindront pas les micros en plein dans l’axe de la capsule. Moralité, la qualité de la réponse en fréquences hors axe est primordiale. Or, il se trouve que plus un micro est directionnel, moins sa réponse en fréquences hors axe est fidèle, avec notamment un déficit plus marqué dans le haut du spectre. De surcroît, les micros directionnels sont plus sujets au phénomène connu sous le nom « d’effet de proximité » qui pollue passablement le bas du spectre en gonflant artificiellement les fréquences graves tout en brouillant la définition de ces dernières. Ainsi, mieux vaut privilégier les micros omnidirectionnels ou bidirectionnels.
Pour les mêmes raisons, je vous conseille d’utiliser les micros à petit diaphragme puisque ceux-ci sont également moins sujets à l’effet de proximité et leur réponse en fréquence hors axe est bien souvent plus stable.
Une fois de plus, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Il existe bien entendu des micros cardioïdes dotés d’une large membrane parfaitement à l’aise face à un piano. Cependant, il s’agit souvent de joujoux particulièrement onéreux auquels le débutant en home studio n’a pas forcément accès. C’est pourquoi je préfère vous orienter dans un premier temps vers des omnidirectionnels ou bidirectionnels à petite capsule qui, pour les modèles d’entrée ou de milieu de gamme seront à coup sûr beaucoup plus à même de faire la blague.
Pour conclure, sachez que vous aurez évidemment droit à une liste non exhaustive de micros qui me semblent être les plus adaptés pour l’enregistrement du piano, mais je vous invite dans un premier temps à vous faire la main avec ce que vous avez déjà sous le coude.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un épisode plus concret au cours duquel nous aborderons plus particulièrement l’enregistrement du piano droit.