Dans cette quatrième partie, nous allons voir comment peaufiner le retour du chanteur en améliorant l'ordinaire en trois coups de cuiller à pot.
Chirurgie esthétique à la truelle…
Avant de commencer, il est important de souligner que les étapes qui suivent ne s’appliquent qu’au son envoyé dans le retour casque de l’interprète ! Le signal que vous enregistrez en parallèle doit absolument rester pour sa part complètement brut de façon à conserver le maximum d’information sonore disponible pour la phase de mixage.
Dernier détail d’importance que je tiens à souligner, n’oubliez pas l’interdépendance des niveaux d’enregistrement et de retour évoquée la semaine dernière lors de la deuxième étape. Ce lien infrangible vous contraindra à revoir lesdits niveaux à chacune des étapes qui suivent.
Étape n°3 :
Commencez par égaliser le retour voix. Nul besoin d’être subtil et/ou précis à ce stade : un simple coupe-bas réglé à la va-vite afin de contrecarrer l’effet de proximité inhérent à la directivité cardioïde du micro si besoin, un léger écrémage dans le bas-médium avec un filtre en cloche ainsi qu’une paire de décibels en plus dans le haut du spectre via un filtre en plateau devraient suffire à éclaircir agréablement le retour chant. Bien entendu, faites cela en consultant régulièrement l’interprète afin d’être certain que ces réglages lui conviennent.
Étape n°4 :
À présent, traitez l’aspect dynamique du signal. Encore une fois, il ne s’agit pas ici de faire dans la dentelle puisque vous n’êtes pas en phase de mix. Le but est simplement de compresser le signal de façon à ce que le chanteur s’entende bien dans les passages les plus forts du titre comme dans les passages les plus faibles.
Prenez garde toutefois lors du réglage de cette compression, évitez les effets de pompage ainsi que la mise en avant des bruits « parasites » (respiration, claquement de langue, bruits de bouche) car cela perturbera à coup sûr la performance.
Notez que certains chanteurs ne sont pas forcément friands de la compression de leur organe vocal dans le retour casque, notamment les plus aguerris d’entre eux. En effet, ces derniers préfèrent entendre les fluctuations et/ou arrivent à les maîtriser d’eux-même en jouant avec leur distance d’éloignement du micro.
Étape n°5 :
Passez maintenant à l’ajout d’une légère réverbération ou d’un delay. Quelques puristes ne sont pas fana de la chose mais c’est rare et même pour eux, une légère réverbe discrète sauce « Room » contribuera à renforcer le réalisme ou le naturel de leur retour voix, ce qui ne manquera pas de faciliter leur performance. Notez qu’il peut être intéressant de piocher dans vos effets « typés », comme par exemple un delay Slapback bien « oldie », une Plate sombre ou une « Room » lumineuse afin de coller à l’esprit du titre en cours d’enregistrement, cela aidera à coup sûr votre chanteur à rentrer dans l’ambiance du morceau. Attention cependant, veillez à ne pas avoir la main trop lourde à ce stade car une voix noyée par un delay trop envahissant et/ou une réverbération abusivement luxuriante lors de l’enregistrement peut entrainer des problèmes de justesse et/ou de placement rythmique.
Étape n°6 :
Revenez à présent sur le volume global du pré-mix. Remontez-le petit à petit jusqu’à atteindre un niveau confortable pour le chanteur mais veillez à ne pas dépasser le volume de référence noté lors de la première étape vu la semaine dernière. Si l’interprète vous demande de mettre le playback plus fort, c’est qu’il y a un problème et il vaut mieux le résoudre en travaillant sur l’équilibre entre le retour voix et le playback plutôt qu’en poussant le niveau de ce dernier au-delà du raisonnable.
Étape n°7 :
Pour finir, ajustez l’équilibre interne du playback selon les desiderata du chanteur. Notez qu’à cette étape, il peut également être judicieux de traiter de façon globale ce pré-mix afin de donner un petit coup de pouce à la voix. Une légère égalisation ainsi qu’une compression douce permettront au chant de percer au travers du retour casque, ce qui facilitera la vie de votre interprète.
Voilà, en suivant ces sept étapes, vous devriez arriver à concocter un retour casque confortable pour votre donneur de voix. Bien entendu, cela vous demandera un peu de temps pour mettre tout ça en pratique au début mais avec l’habitude, vous verrez rapidement que cette méthode peut être appliquée en moins d’un petit quart d’heure montre en main. D’ailleurs à ce propos, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode qui sera consacré à la mise en pratique concrète de cette technique d’élaboration du retour chant…