Deuxième volet de notre liste de choses à faire afin de préparer au mieux une session d’enregistrement de la voix. Une fois de plus, nous allons évoquer quelques notions qui peuvent facilement passer pour des lapalissades aux yeux des plus expérimentés d’entre vous. Ceci étant, je suis un fervent partisan du « si cela va sans dire, ça va tout de même beaucoup mieux en le disant » donc en voiture Simone !
b.a.-ba
Avant toute prise de chant, il est évident que le chanteur se doit de connaitre son texte sur le bout des doigts. Pourtant, je vous invite fortement à imprimer au moins deux exemplaires du texte, l’une pour lui et l’autre pour vous, juste au cas où… Cela peut vous paraître complètement stupide comme conseil, je l’admets ; toutefois, laissez-moi vous raconter une petite expérience personnelle…
Il y a quelques années de cela, je participais à l’enregistrement de l’album d’un artiste chevronné dont je tairais ici le nom pour ne pas l’embarrasser. Lors d’une séance de captation vocale, tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes : le chanteur était bien dedans, sa performance était au top niveau, l’aspect technique de l’enregistrement itou et en moins de vingt minutes, c’était dans la boîte. L’après-midi, nous passons à l’édition des prises et là, c’est le drame… Le chanteur, également auteur du texte, s’était trompé de paroles sur le deuxième couplet. Il avait tout simplement chanté une version alternative de celui-ci qui n’avait finalement pas été retenue pour la mouture définitive.
Résultat des courses, il nous a fallu refaire les prises et cette fois-ci, ce fut loin d’être une sinécure, car l’interprète était sous pression de peur de reproduire la même bourde. Si seulement j’avais pris la peine de suivre le conseil que je viens de vous donner, nous aurions pu nous rendre compte de tout cela lors de la toute première prise de la première session, cela nous aurait peut-être même fait rire et nous aurions pu enchainer comme si de rien n’était… Croyez-moi, après une mésaventure telle que celle-ci, on n’oublie plus jamais d’imprimer le texte en double exemplaire avant toute séance de travail !
Une autre base préalable à toute prise vocale se résume à l’échauffement de la voix. Une fois de plus, cela paraît tout bête, mais malheureusement, dans le milieu des musiques actuelles, beaucoup de chanteurs sont autodidactes et n’ont donc pas souvent le réflexe de s’échauffer. D’ailleurs, la plupart d’entre eux ne savent tout simplement pas comment faire. Ainsi, je vous invite au minimum à prendre connaissance de cet article de façon à pouvoir les guider lors d’une séance d’échauffement d’une petite dizaine de minutes, ce qui me semble être le minimum syndical. Si vous souhaitez aller un peu plus loin, et croyez-moi ce n’est pas un luxe inutile, vous pouvez également consulter cet article sur le passage des registres ainsi que celui-ci sur les résonateurs.
Enfin, la dernière étape facultative que je vous enjoins tout de même à considérer sérieusement consiste à pratiquer avec le chanteur quelques exercices de diction pendant au moins cinq minutes. Pour ceux d’entre vous qui ne sauraient pas de quoi il s’agit, les exercices de diction reposent simplement sur la répétition de phrases spécialement conçues pour faire travailler l’élocution, par exemple les célèbres « chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches ou archisèches ? » ou bien encore le non moins fameux « chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien ». Très populaire dans les cours de théâtre, ce genre d’exercices dénommés virelangues permettra au chanteur de prendre conscience de sa prononciation, ce qui facilitera son travail d’articulation pour plus d’intelligibilité lors des prises à venir. Si vous ne connaissez que peu de phrases de ce type, une rapide recherche sur la toile devrait vous en fournir beaucoup plus qu’il ne vous en faudra jamais. Attention cependant, veillez à utiliser des phrases dans la langue du texte qui sera chanté ! Ainsi, pour une chanson en anglais, je vous invite à chercher des vidéos de « tongue twisters » façon « Peter Piper picked a peck of pickled peppers ».
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! Alors oui je sais, entre la méditation de la semaine dernière, l’échauffement de la voix et les exercices de diction, cela fait pas mal de temps « perdu » avant de passer à l’action. Cependant, je vous assure qu’au final ce sera du temps de gagné tant l’impact sur la qualité des prises est conséquent. De plus, mettre en pratique ces quelques conseils avec l’artiste lui montrera à quel point vous êtes attaché à ce qu’il donne le meilleur de lui-même. Une relation de confiance voire de connivence pourra alors éventuellement s’instaurer, ce qui ne manquera pas de diminuer son stress et de faciliter sa concentration. Et comme la mise en œuvre de ces recommandations ne demande rien de plus qu’un peu de temps et de bonne volonté, pourquoi donc s’en priver ?
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de nos aventures !