Aujourd’hui, je vous propose un épisode consacré à certaines contraintes inhérentes au travail en home studio lorsqu’il s’agit d’effectuer une captation sonore. Avoir conscience de ces dernières vous permettra de les prévenir plus facilement et d’ainsi éviter toutes pollutions extérieures à vos précieux enregistrements.
L’enfer, c’est les autres
Dans « home studio », il y a le mot « studio », mais il ne faut pas oublier qu’il y a aussi le mot « home ». Mine de rien, même si le fait de pouvoir enregistrer décemment chez soi est une jolie révolution relativement récente dans l’histoire de l’audio, cette situation implique quelques menues contraintes normalement absentes dans les structures professionnelles. La première que je souhaiterais évoquer avec vous est liée au voisinage. Qui dit enregistrement audio dit émission sonore à des volumes plus ou moins élevés. Il est évident que cela peut engendrer une gène dans votre voisinage le plus proche. La moindre des choses est donc, me semble-t-il, de prendre la peine de prévenir ces derniers, ne serait-ce que par politesse.
Si cet argument ne vous convainc pas, en voici un qui devrait enfoncer définitivement le clou : n’oubliez pas que vos voisins peuvent également être une source de « pollution sonore » pour vous ! En ne les prévenant pas, vous prenez le risque de voir votre séance interrompue par un tambourinement tapageur sur votre porte d’entrée en plein milieu d’une magnifique prise. Résultat des courses : une prise bonne à jeter, une ambiance de travail passablement ruinée et une relation de voisinage bien amochée, sans parler de la difficulté de reprendre la session directement après ça sans provoquer un nouveau conflit thermonucléaire…
De plus, cela peut paraître bête comme chou, mais pendant que vous enregistrez, les personnes habitant près de chez vous vaquent à leurs occupations. Cela peut impliquer l’émission de bruits qui ne seraient pas forcément gênants d’ordinaire, mais qui, lorsque vous essayez d’enregistrer, peuvent carrément venir tout chambouler. Imaginez un peu, le voisin du dessus qui passe l’aspirateur, celui d’à côté faisant une lessive, etc. Pas folichon comme situation, non ? Du coup, autant voir à l’avance avec eux le meilleur moment pour planifier vos sessions afin d’allier leur confort et le vôtre. Pour prendre un exemple concret, à l’occasion de la préparation de ces articles, j’ai fait un point avec les trois autres familles de mon modeste immeuble histoire de voir quelle marge de manœuvre j’avais pour les enregistrements. Le charmant couple à l’étage du dessus travaille toute la semaine, mais leurs enfants restent à la maison en dehors des horaires scolaires. Ma voisine directe est, pour sa part, encore étudiante, mais n’a cours que les quatre premiers jours de la semaine de 8 h à 16 h et rentre dans sa famille le week-end venu. Enfin, les retraités du dernier étage sont d’un calme olympien et « sourds comme des pelles » de leurs propres aveux. Sachant qu’en ce qui concerne mon propre foyer, rien n’est possible avant 9 h et que mon filleul vient squatter les locaux vers 15 h le jeudi, je sais que les meilleurs moments pour ne pas être dérangé lors d’une session tout en ne gênant personne sont les lundis et mardis de 9 h à 16 h, ainsi que les jeudis entre 9 h et 15 h. Avec tout ça en tête, j’ai pu planifier mes séances le plus sereinement du monde en toute technique d’arrosage (private joke inside !).
Beaucoup de bruit pour rien
Une autre source de pollution sonore en situation d’enregistrement « home studio », c’est bien entendu votre propre habitation avec tout ce qu’elle contient. Il m’est impossible de présumer de votre environnement réel. Toutefois, certaines choses relativement communes à toute habitation sont fréquemment la cause de problèmes récurrents. En voici une liste non exhaustive :
- Les téléphones — fixe ou portable, pensez à les couper (gare au vibreur !) ;
- Le mobilier — grincement du fauteuil de votre espace de travail, parquet, etc. ;
- Les luminaires — halogène, néon, ou tout éclairage muni d’un variateur génèrent des parasites électriques qui se répercutent souvent sur les enregistrements, débranchez-les donc par précaution ;
- Les câblages hasardeux de votre station de travail – évitez de croiser câble audio et câble secteur (astuce) ;
- La climatisation — par principe, une clim souffle, et pas de façon discrète ;
- La chaudière — le système de déclenchement selon la température et/ou l’horaire peut être source de mauvaises surprises ;
- Le frigo — même problème dû au bruit de déclenchement ;
- Les canalisations — dans un immeuble, les bruits d’écoulement provenant des autres logements peuvent être un véritable casse-tête.
Le meilleur moyen d’identifier l’ensemble des bruits parasites auxquels vous pouvez être confronté chez vous reste à mon avis de prévoir une séance d’enregistrement « à vide ». J’entends par là, une session planifiée à un horaire équivalent à vos futures séances réelles durant laquelle vous enregistrez le « silence » ambiant avec votre micro le plus sensible tout en essayant d’identifier la provenance du moindre bruit capté. Une fois ces menaces identifiées, il devrait être relativement facile d’envisager les mesures qui s’imposent afin de garantir une qualité d’enregistrement optimale.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Je vous avoue que j’ai eu un peu de mal à préparer cet article. En effet, depuis quelques années, mon « home studio » ne me sert plus qu’à m’avancer dans les tâches d’édition ou de pré-production. Du coup, me remettre dans le bain de l’enregistrement à la maison comme à mes débuts s’est fait dans la douleur. Mais au final, le jeu en vaut largement la chandelle et j’ai même été surpris de la qualité que j’arrivais à obtenir grâce à ce genre de précautions. À bon entendeur…