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Pédago
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Réflexion sur l'enregistrement (de la voix) - Le guide de l’enregistrement - 107e partie

Vingt-deux épisodes consacrés à l'enregistrement de la voix depuis le 16 juillet dernier et toujours pas l'ombre d'un conseil "technico-technique" sur le choix ou le placement du moindre micro… À première vue, votre humble serviteur semble sérieusement vous balader ! Et pourtant…

Réflexion sur l'enregistrement (de la voix) : Le guide de l’enregistrement - 107e partie
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Point Break

Certes, je prends mon temps. D’ailleurs, l’ar­ticle de cette semaine n’est qu’une preuve de plus de cet état de fait. Sachez cepen­dant que je ne trai­naille pas dans le simple but de prolon­ger inuti­le­ment un pseudo-suspens. En effet, l’en­semble des points que nous avons trai­tés ces derniers mois consti­tue le préa­lable essen­tiel à toute bonne capta­tion sonore, qu’il s’agisse de voix ou de n’im­porte quel autre instru­ment du reste. C’est en somme le déve­lop­pe­ment de la fameuse idée prin­ci­pale que j’ap­pelle « règle d’or N°1 » et dont je vous parle si souvent : il convient avant toute chose de travailler le son à la source ! 

Mais pourquoi diable ai-je donc choisi de déve­lop­per ce point capi­tal seule­ment à ce stade du guide ? Eh bien, pour plusieurs raisons en vérité. Tout d’abord, il se trouve que la prise de voix est le domaine où mon « exper­tise » est la plus éten­due puisque je suis à la fois chan­teur et tech­ni­cien du son, d’où ma réflexion assez pous­sée sur le sujet. De plus, je vous rappelle que lorsqu’une musique comporte de la voix, cette dernière est bien souvent le « person­nage prin­ci­pal » du titre pour de multiples raisons que nous avons déjà évoquées et dont il est donc inutile de redis­cu­ter aujour­d’hui. Enfin, il me semble qu’après plus de deux années à lire chaque semaine ce guide de l’en­re­gis­tre­ment, vous êtes suffi­sam­ment avan­cés pour vous attaquer aux choses un peu plus en profon­deur, bien au-delà de ce que le « Bien débu­ter » du système de clas­se­ment interne à Audio­fan­zine ne laisse suppo­ser. Or, explo­rer un domaine en profon­deur signi­fie à mon sens bon nombre de choses.

Il y a en premier lieu une étude systé­ma­tique et rigou­reuse des lapa­lis­sades. De fait, ce n’est pas parce qu’une notion est d’une évidence aveu­glante qu’il faut l’élu­der d’un revers de manche. Au contraire, il convient de souli­gner son impor­tance malgré son carac­tère flagrant de manière à bien ancrer l’idée dans son esprit et ne plus jamais passer à côté de ce qui se doit d’être un réflexe natu­rel. Par exemple, le sujet du dernier article peut paraître complè­te­ment « débile » tant les conseils prodi­gués relèvent du bon sens commun. Cepen­dant, le jour où vous devrez vous farcir une séance d’édi­tion audio inter­mi­nable pour rattra­per le coche à cause d’un moment d’in­at­ten­tion lors d’une session d’en­re­gis­tre­ment, le tout pour un résul­tat pour le moins mitigé, la « débi­lité » de ce sujet vous parai­tra beau­coup moins discu­table, croyez-moi sur parole !

Enregistrement-107Abor­der les choses en profon­deur signi­fie égale­ment s’af­fran­chir de l’idée morti­fère qui consiste à croire que tout est toujours rattra­pable. Bien sûr, la tech­no­lo­gie actuelle permet d’ac­com­plir des choses extra­or­di­naires qui semblaient tota­le­ment impos­sibles il y a quelques années à peine. Par exemple, les algo­rithmes du type de Melo­dyne et consorts ont effec­ti­ve­ment un côté magique et peuvent vous sauver la mise au besoin. Mais est-ce pour cela que vous ne devez pas accom­pa­gner le musi­cien afin qu’il fasse de son mieux lors de l’en­re­gis­tre­ment ? Bien sûr que non. D’une part, aussi « magiques » soient-ils, l’uti­li­sa­tion de tels outils demande un certain niveau de compé­tence ainsi qu’un temps de travail supplé­men­taire consi­dé­rable. D’autre part, le rendu final sera toujours moins bon qu’une bonne prise. Quelque part, ces beaux joujoux sont des branches auxquelles on se raccroche en cas de chute mais ce n’est pas pour cela qu’il faut se jeter dans le vide. Pour le dire autre­ment, ce n’est pas parce que vous avez une assu­rance incen­die que vous pouvez vous permettre de partir de chez vous en lais­sant votre gazi­nière allu­mée, n’est-ce pas ? Ainsi, l’une des notions que j’ai essayé de vous trans­mettre lors de ces derniers mois se résume à abor­der vos séances d’en­re­gis­tre­ment comme un trapé­ziste aborde son numéro : vous dispo­sez bien de filets de sécu­rité mais il convient d’en­vi­sa­ger votre perfor­mance comme si tel n’était pas le cas.

Enfin, une étude de l’en­re­gis­tre­ment en profon­deur se doit d’en­vi­sa­ger les moindres détails, et ce, malgré l’ex­cuse contre­pro­duc­tive consis­tant à croire que seuls une poignée d’au­di­teurs aver­tis enten­dront une diffé­rence. Pour en reve­nir au domaine de la voix, il est par exemple très facile de se dire que si la prise est desti­née à être passée au travers de trai­te­ments extrêmes comme une grosse distor­sion qui tâche ou un voco­deur bien violent, il est inutile de se faire des cheveux quant à l’exac­ti­tude de la pronon­cia­tion ou la justesse d’in­ter­pré­ta­tion. Sauf que c’est juste­ment tout le contraire ! Plus la voix doit être maltrai­tée au sein de votre produc­tion et plus il faut faire atten­tion à ces détails. Pour qu’une ligne de chant survive à une satu­ra­tion extrême, mieux vaut une intel­li­gi­bi­lité irré­pro­chable à la base. Dans le même ordre d’idée, pour obte­nir une voix robo­tique mono­corde au travers d’un voco­deur, essayez donc avec une prise réel­le­ment chan­tée et une autre déjà mono­corde à la base, vous consta­te­rez très vite que la seconde option est la meilleure.

Pour conclure cet épisode, je tiens à souli­gner qu’il est évidem­ment humain de croire en début de parcours à l’exis­tence de recettes magiques à base de maté­riels hors de prix et autres ruses de sioux capables de déli­vrer la légen­daire « patine pro » à nos produc­tions maison. Sauf qu’ici, nous nous posi­tion­nons de l’autre côté du miroir. Nous ne sommes pas le spec­ta­teur émer­veillé par le tour de passe-passe mais bel et bien le pres­ti­di­gi­ta­teur lui-même qui sait perti­nem­ment qu’il n’y a rien de sorcier là-dessous, juste du bon vieux travail à l’an­cienne. Or, dans le domaine de la produc­tion phono­gra­phique, le bon travail commence à la source. Une bonne prise, c’est avant tout une bonne source, l’as­pect maté­riel comme la tech­nique de capta­tion n’in­ter­ve­nant qu’après. Bien entendu, nous allons voir tout cela en détail dans les semaines qui viennent et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, tout ça a une impor­tance. Ceci étant, je persiste et signe : si seule­ment j’avais eu conscience du contenu des 22 épisodes précé­dents à mes débuts, j’au­rais gagné un temps phéno­mé­nal et mes produc­tions auraient été beau­coup plus abou­ties. Mora­lité, je vous invite à les relire atten­ti­ve­ment avant d’abor­der dès la semaine prochaine la suite de nos aven­tures !

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