réactions au dossier Comprendre la mécanique de frustration / récompense dans un mix
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Los Teignos

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

Los Teignos

D'ailleurs ce n'est qu'a une époque très récente que l'on a remis en cause la nature "médiumnique", "divinatoire" , "sacrée"
Moi je situe ça à la naissance de l'art moderne au milieu du 19e siècle, avec la mort du romantisme. Ça fait quand même un moment... Mais si tu as des références précises à citer, ça m'intéresse.
Ca c'est accéléré depuis qu'on est entré dans une période de surconsommation ou c'est la valeur travail qui est devenue sacrée. Pour mieux exploiter les gens évidement.
La surconsommation est le propre de l'homo Sapiens depuis son apparition sur Terre. Les choses ne se sont guère arrangées et elles sont plus tangibles aujourd'hui qu'on est placé face à des limites environnementales, mais l'homme a toujours surconsommé, éteignant des espèces sur son passage dès la préhistoire.
Car dans ce monde matérialiste et délirant que nous partageons tous en ce moment, parler de son inspiration c'est aussi quelque part faire l'éloge de la feignantise. Celle par exemple d'une chanson écrite en 10mn et qui rapportera dix Smic par mois à son auteur pendant dix ans. C'est très mal vu.
Je crois que les derniers à avoir fait l'éloge de la feignantise en France c'était Moustaki et Henri Salvador dans les années 70. (Pour les nouveaux sur cette planète, à vos Wikipedia) . Et déjà à l'époque ils s'en étaient pris plein la gueule. Depuis silence radio et tout le monde la boucle sur le sujet. Consensus. D'où la liste de Teignos CQFD.
Il y en a eu bien d'autres après ça pour faire cet éloge et dans la liste, tu remarqueras que certains étaient décédés alors même que Moustaki et Salvador n'étaient même pas nés.
Aujourd'hui il vaut mieux se faire passer pour des bourreaux de travail. Et dire que l'on souffre c'est encore mieux car il faut satisfaire le voyeurisme d'un public de plus en plus exacerbé par la télé-réalité et les réseaux sociaux. Sans compter que cela protègera de la méchanceté imbécile de certains membres de certains forums. Non, je blague.
Je pense pouvoir te trouver des textes exaltant la valeur du travail acharné comme la valeur de la souffrance dans la Bible comme chez les auteurs antiques. Ca n'a rien de contemporain, contrairement à ce que tu dis.
Je réfute l'idée aussi que ne pas croire à l'inspiration mystique serait forcément croire au stakhanovisme dans l'art : oui, de grandes chansons peuvent naître de peu d'efforts, comme ça, mais c'est ultra rare et bien plus souvent, il faut bosser pour arriver à quelque chose qui soit intéressant. Ceci étant dit, cette facilité à accoucher de certains titres ne prouve en rien que des forces mystiques sont à l'oeuvre pour traverser l'artiste.
Nier l'inspiration et sa nature pourtant clairement transcendante c'est aussi mieux pour l'égo de l'artiste qui n'est du coup dépossédé de rien.
Bien au contraire : ta vision de l'inspiration et de la transcendance induit l'idée que Dieu parlerait au travers de l'artiste, qu'il serait cette sorte d'élu, ce médium qui reçoit la parole divine pour la répandre sur le monde des pauvres mortels qui sans lui ne seraient capables d'aucune élévation, d'aucun accès à quoi que ce soit. Et je trouve cela d'un incroyable orgueil : ce n'est ni plus ni moins que se prendre pour le Christ ou Moïse soit quelque chose qui me semble terriblement narcissique...
En France il y a environ 320 000 pratiquants d'un instrument. Pour seulement quelques dizaines de créateurs par génération. Et ça ne vous pose pas de questions ?
Pas un de ces artistes dans la dizaine dont tu parles qui ne soit pas un bourreau de travail, et la quantité très raisonnable d'une dizaine par génération ne prouve rien à la nature mystique que tu donnes à l'inspiration. Si après tu veux qu'on parle du fait que le travail ne suffit pas, qu'un talent ou des disposition sont nécessaires, j'entends, mais le talent, c'est encore autre chose que la fameuse inspiration. Et ça n'empêche en rien qu'une oeuvre repose sur des procédés utilisés parfaitement consciemment par l'artiste.
Toute les religions commencent par un équivalent de "Au commencement était le verbe" donc le son.
Ben... non en fait. À part dans la Genèse commune aux juifs et aux chrétiens, sachant que le texte que tu cites vient du bien plus tardif Évangile de Saint-Jean. Là encore, si tu as des récits cosmogoniques commençant par une déclamation du Dieu créateur, ça m'intéresse...
Et à supposer que ce soit vrai, j'ai envie de dire : quel rapport avec le sujet ?
Ceci étant dit, au-delà de la question du feu sacré de l'inspiration, le propos de ce 2 minutes repose sur une chose que tu ne veux visiblement pas entendre, c'est que :
LE MIXAGE N'EST PAS UN ART
mais un ensemble de techniques, comme le vernissage, le mélange des gouaches, l'étalonnage ou encore les différentes positions d'une danseuse classique. Et qu'à ce titre, il repose sur des procédés, (sachant que l'art lui-même repose en partie sur des procédés : figures de style pour les écrivains, théorie musicale pour les compositeurs, et non Bach n'écrivait pas sa musique au doigt mouillé, ni Céline ou Proust leur Voyage et leur Recherche sans savoir exactement où ils allaient et comment procéder pour produire l'illusion romanesque).
Will l'a très bien résumé lorsqu'il parle du fait que bâtir un mur ne relève pas de l'art architectural... Ce n'est pas par inspiration qu'on met un déesseur sur une voix, ou qu'on met un coupe bas sur une guitare : c'est parce que le but du mixage, c'est de réaliser l'unité d'un ensemble composite et de s'assurer de l'équilibre et de l'intelligibilité de tout, en respectant au mieux ce qu'on perçoit de l'oeuvre d'art qu'est la chanson, et en essayant même d'accompagner sa dynamique (et c'est là que c'est une activité créative).
Depuis 25 que je bosse dans la presse audio, j'ai d'ailleurs rencontré quelques illustres ingés son, qui avaient mixé Earth Wind & Fire, Weather Report, Herbie Hancock, Metallica, Ozzy Osbourne, Alice Cooper, Pharell Williams, Michael Jackson, Lauryn Hill, Beyoncé, Toots and the Maytals, mais aucun qui n'ait jamais soutenu que le mixage était un art... Tu es le premier ingénieur du son à me soutenir le contraire ! Du coup, je me demande bien qui tu es...
Quand a l'histoire des ingés-son simples accoucheurs de talent, personnellement je n'en ai jamais rencontré qui se prenait pour une sage-femme en me disant de pousser, mais ça doit valoir le coup! Pour moi ce sont aussi des artistes du son, mais exploités car sans droits d'auteur, ce qui arrange bien tout le monde dans la profession. Manquerait plus qu'ils exigent un 10%!
Et du coup, qui as-tu rencontré comme ingénieur du son qui t'ait dit de lui-même "je suis un artiste" ? Là encore, ça m'intéresse car franchement, je n'ai jamais eu à faire que des gens qui refusaient cette prétention malgré la longueur de leur CV...
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 29/06/2022 à 05:14:14 ]

coldwave


Citation :c'est juste que ne sert pas à grand chose d'expliquer le sentiment amoureux à quelqu'un ni ce que ça fait un orgasme
Citation :Je vis, je meurs : je me brûle et me noie,
J’ai chaud extrême en endurant froidure;
La vie m’est et trop molle et trop dure,
J’ai grands ennuis entremélés de joie.
Tout en un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure,
Mon bien s’en va, et à jamais il dure,
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
25 siècles (au moins) de poésie, de théâtre et de roman niés dans un post de forum.
Vous continuerez sans moi, hein.
> misuk YouTube Matsuka Dub

vass-m

Mm je ne sais plus à qui on attribue la phrase "il n'y a pas d'amour, que des preuves d'amour" mais j'attends toujours les preuves éprouvées d'inspiration... Qui ? Quelle oeuvre ?

Will Zégal

Le truc, c'est que je crois que tu/on parle à un mur.
En France il y a environ 320 000 pratiquants d'un instrument. Pour seulement quelques dizaines de créateurs par génération. Et ça ne vous pose pas de questions ?
En France, 6 personnes sur 10 pratiquent un sport et on n'a qu'une poignée de champions par génération, ça ne te pose pas de question ? Manque d'inspiration, peut-être ?
bazzzoukk, où peut-on écouter ta musique ? Si j'en crois ta fiche, tu as une sacrée production et je serais curieux d'écouter cette musique qui ne vient que de l'inspiration et s'est faite sans travail et sans réflexion. (sincèrement, hein, sans ironie).

vass-m

Merci Los Teignos d'avoir dit tout ce que j'ai eu la flemme de dire
Pareil

C'est un peu comme dans une discussion récurrente : beauté universelle ou beauté relative. Me suitant (je schématise) à 90% dans une conception relativiste, bah dès que je me retrouve avec discuter avec ceux qui veulent te convaincre que les Amérindiens sont forcés de trouver Mozart beau et puis c'est tout, il me sabotent mes 10%...

coldwave

on voit bien que ce n'est pas nouveau et n'a pas été expliqué.
la prochaine fois que j'apprécierai un morceau, je dirai: "ah oui, ce track est vachement illuminé du lobe temporal droit",

enfin je ne sais pas, rien de nouveau ou extraordinaire la dedans. ce sont des notions connues. je vois pas trop ou est le problème.
https://www.amesauvage.com/blog/qu-est-ce-que-l-inspiration-definition-n509
https://nospensees.fr/comment-cultiver-linspiration/
y a plus qu'à attendre Elon musk et son neuralink qui permettra d'envoyer des décharges électriques dans certaines zones du cerveau pour stimuler "la créativité"... j'avais lu quelque part que les premiers essais avaient mal tourné (les singe se bouffaient les mains et avaient des comportements très bizarre (gore) ) mais ça pourrait être une rumeur infondée..
> misuk YouTube Matsuka Dub
[ Dernière édition du message le 29/06/2022 à 12:14:28 ]

Silicon Machine Extended

On peut aussi parler de mémétique, et retracer l'histoire des idées révolutionnaires, souvent sans passer par la transcendance.
Will, tes deux dernières réponses, c'était pile ce que j'allais dire quand j'ai lu les posts.
Moi je situe ça à la naissance de l'art moderne au milieu du 19e siècle, avec la mort du romantisme.
Bof bof, mais c'est intéressant le romantisme justement pour mesurer le différentiel entre le process et la posture. L'histoire de l'inspiration mystique, dans le romantisme, c'est surtout un rapport à l'écriture de soi, une construction du récit personnel qui confère ce statut de rock star avant l'heure. Parce qu'en réalité, y'a quand même pas mal de tâcherons dans la team.

WildHomeNetwork

Jusqu'à peu, dans l'histoire humaine, ce que nous appelons aujourd'hui l'Art "pur" n'existe pas, et les grand peintres ou grand auteur sont de simples artisans, doués, à qui l'on fait des commandes...
Pour continuer, au delà de la figure romantique de l'artiste, un nombre incalculable d'arts sont avant tout des artisanats.
Et depuis le début du 20ième siècle, les frontières ont été volontairement brouillées, pour le meilleur et pour le pire.
De prendre comme base de son art des aspect extrêmement technique a tout autant de valeur que de réaliser un métier d'artisanat à travers une vision très "artistique", d'inspiration Etc.
ça va pas forcément plaire, pas plaire à tout le monde c'est sûr, mais pas sûr qu'il y ait de valeur à placer là dedans lorsque l'on regarde ce qui marche ou non.
Il y a effectivement une mode dans la musique, ou un courant dominant, qui a poussé vers une hyper technicisation du métier d'ingé son (qui est en tout cas un métier d'artisanat, c'est une certitude), en particulier dans la musique actuelle, qui s'organise autour de fantasme auditif qui n'ont rien de naturel (illusion de puissance, de grosseur, de proximité de tout les instruments, orchestration très peu naturelle, compressions extrêmes, dynamiques artificielles, etc) et qui demande énormément de technique.
Mais ça ne veut pas dire que ya pas des mecs qui sont pas successfull en faisant ça "à l'instinct", c'est à dire, à travers une pratique moins technique/théorique.
ça me fait penser la technique apparaît généralement quand il faut "répéter" une création, voire l'industrialiser

Mais ça n'implique pas qu'ils travaillent pas, au contraire. La technique, c'est un ensemble de procédé peaufiné par une société pour éviter qu'un individu recommence tout depuis zéro. à l'échelle d'un individu, apprendre une technique permet souvent de gagner des générations et des générations d'expériences et de travail. Donc l'expérience seule demande une somme de travail bien plus énorme.
Quand à ces jeanfoutre d'artistes qui faisaient l'éloge de la paresse, ils omettaient de te dire qu'un texte écrit en 10minute sur le coin d'une table, c'est avant tout une vie entière consacrée à la poésie, ou alors c'est un texte de merde.

Los Teignos

Bof bof, mais c'est intéressant le romantisme justement pour mesurer le différentiel entre le process et la posture. L'histoire de l'inspiration mystique, dans le romantisme, c'est surtout un rapport à l'écriture de soi, une construction du récit personnel qui confère ce statut de rock star avant l'heure. Parce qu'en réalité, y'a quand même pas mal de tâcherons dans la team.
En fait, je pensais à ça parce que ma culture de base, c'est la littérature et que c'est avec l'arrivée de Flaubert et Baudelaire qui sont en rupture avec Hugo, le grand théoricien du romantisme français, et qu'on commence à penser très différemment la littérature.
à la nuance prêt que je n'invalide pas complétement le concept d'inspiration
Note que je ne l'invalide pas non plus, qu'il n'y a pas d'étincelle au départ qui apporte une impulsion, je dis juste qu'il est un détail du truc et vraiment pas le plus important : je connais quantité de gens qui ont eu l'idée d'aller sur la Lune en la regardant, l'important étant de construire la fusée et de s'y rendre réellement...
Suivant les sources, le peintre Degas ou un vieux militaire à la retraite fondu de poésie aurait questionné un jour Mallarmé sur l'inspiration, confiant qu'il aurait voulu écrire lui aussi des poèmes mais qu'il "n'avait pas d'idées". Ce à quoi Mallarmé a répondu simplement : "ce n'est point avec des idées que l'on fait des vers... c'est avec des mots".
Nous ramenant au travail du poète.
De son côté, Michaux explore les vertus des psychotropes dans Connaissance par les gouffres : ce qu'il écrit sous l'emprise des stupéfiants n'avait rien de très poétique d'après l'auteur. Ce qui en a fait de la poésie, c'est les quelques milliers d'heures passée par le poète pour transformer cette base brute en poésie...
la prochaine fois que j'apprécierai un morceau, je dirai: "ah oui, ce track est vachement illuminé du lobe temporal droit",j'ai l'impression que ça serait insultant si je disais que le morceau est "inspiré" ou "bien senti", alors que pour moi, ces termes sont des compliments. pas pour vous ?
enfin je ne sais pas, rien de nouveau ou extraordinaire la dedans. ce sont des notions connues. je vois pas trop ou est le problème.
Il y a vraiment un gros malentendu ; le fait de remettre à sa petite place l'inspiration qui, dans bien des cas, se résume à "tiens, je vais peindre cette coupe de fruit" ou tiens "je vais écrire un blues parce qu'elle m'a quittée", ne signifie pas pour autant une vision froidement mécanique et scientifique de l'art, où aucune humanité n'a plus sa place. C'est juste reconnaître que quand Zidane fait un passement de jambes, c'est parce qu'il a répété ce geste des milliers de fois seul avec son ballon et qu'il identifie le moment opportun de le refaire en match, et pas parce que ça lui sort comme ça soufflé par Dieu. Juste reconnaître que quand Madame de Lafayette utilise du discours indirect libre dans la Princesse de Clèves, elle sait ce qu'elle fait et a conscience de l'effet que ça produit. Quand un compositeur choisit de ne pas rétablir la tension harmonique à la fin d'un morceau, ou de préférer suivre la tierce sur sa ligne de basse, il sait ce qu'il fait.
Prends Radiohead : qu'on n'aime ou qu'on n'aime pas, ces mecs ont une solide connaissance de la théorie musicale, et ça se retrouve tant dans leur approche de l'harmonie que du rythme (et même dans les titres des chansons d'ailleurs). Penser que des morceaux comme Pyramid Song ou Paranoid Android sont nés spontanément sans réflexion derrière, sans intention de se dire je vais jouer sur la métrique et le tempo, c'est vraiment les prendre pour des gros cons...
Pour revenir à ce 2 minutes, ce qui est à l'oeuvre là, c'est un truc que se doit de connaître tout musicien ou tout mixeur (et que tous connaissent d'ailleurs) qui ne remet pas en cause l'art, la magie, la beauté, pas plus que le marteau ne remet en question le charpentier : c'est un outil. Et je peux t'assurer que cet outil, il est à la base de l'apprentissage artistique : comprendre qu'une oeuvre se structure en questions-réponses, en contrastes, en attente-récompense, c'est le B.A.BA, au point que je n'en reviens pas de devoir défendre ce lieu commun ici. Un conseil du coup : ne va jamais lire les traités d'harmonie ou d'orchestration, car ça va te démystifier méchamment cette idée que les génies travaillent au doigt mouillé, guidés par la seule inspiration !
Je peux aussi parler de magie au sens premier du terme : quand tu regardes un mec faire du close up, tu es face à un magicien. Quand tu entreprends de devenir magicien toi-même, tu te rends compte qu'il y a plain de procédés à l'oeuvre. Et ce que cela retire de la beauté au tour ? Non. Mais tu te rends compte qu'un bon magicien, c'est un mec qui au-delà de son 'inspiration", de son "imagination" a mobilisé une quantité phénoménale de travail et d'intelligence pour amener le spectateur là où il voulait l'amener...
Un ingé son : c'est quelqu'un qui va prendre le matériau brut d'une maquette et qui, dans ses prises comme dans son mixage et sa prod d'ensemble, va chercher à renforcer les émotions, pensées et sentiments que procurent la chanson. Ouvrir telle réverbe sur tel mot, placer un petit delay au fond ici, mettre un micro pour capter les grincement de chaise du guitariste, mettre en avant la rugosité d'un violoncelle ou choisir de laisser ou ne pas laisser les respirations au moment de l'editing. Tout cela sont des choix qui se font en référence à la maquette, à ce qu'en veut l'artiste, et reposent sur des techniques utilisées depuis des lustres pour rendre un morceau plus excitant, plus émouvant, etc. Et l'inspiration a peu à voir avec la choucroute...
https://www.amesauvage.com/blog/qu-est-ce-que-l-inspiration-definition-n509
On y est. Une pleine vision mystique de l'inspiration. Ça se défend, tant qu'on n'oublie pas que ce qui définit l'artiste, ce n'est pas l'inspiration, mais la réalisation d'une oeuvre et que, comme par hasard, tous les génies de la peinture ont eu à travailler la technique picturale et à en maîtriser les effets avant de proposer quelque chose d'intéressant. Un Guernica, ça ne sort pas comme ça d'une simple "inspiration" (tiens, si je faisais un tableau sur la guerre) mais d'une maturation tant intellectuelle que technique du peintre : comprendre la théorie des couleurs, les axes de force d'une composition, la circulation du regard du spectateur : quand un détail d'un tableau te frappe, sois sûr que le peintre a fait ce qu'il fallait pour que ça arrive...
https://nospensees.fr/comment-cultiver-linspiration/
De mon côté, sans parler de pleins de trucs sur la littérature, je pourrais te conseiller la lecture de bouquins sur les Beatles par exemple, leur usage de la théorie musicale, histoire de voir que l'accord de 6e qu'on trouve à la fin du She Loves You, il n'est pas soufflé par Dieu mais par George Martin qui n'a cessé d'instruire le groupe sur la théorie musicale et qui savait que ce final apporterait un petit supplément d'âme à cette chanson naïve. Pour produire un effet, et ça marche, et c'est cool : reconnaître qu'il y a un trick là-dedans, que ce n'est pas une intention spontanée, ne retire rien à cette fin glorieuse...
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 29/06/2022 à 14:23:57 ]

patrick_g75

Je me dis qu'il est bien inspiré...
Et comme il transpire à ma place, là...



"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/

coldwave

Citation :Bof bof, mais c'est intéressant le romantisme justement pour mesurer le différentiel entre le process et la posture. L'histoire de l'inspiration mystique, dans le romantisme, c'est surtout un rapport à l'écriture de soi, une construction du récit personnel qui confère ce statut de rock star avant l'heure. Parce qu'en réalité, y'a quand même pas mal de tâcherons dans la team.
En fait, je pensais à ça parce que ma culture de base, c'est la littérature et que c'est avec l'arrivée de Flaubert et Baudelaire qui sont en rupture avec Hugo, le grand théoricien du romantisme français, et qu'on commence à penser très différemment la littérature.
Citation :à la nuance prêt que je n'invalide pas complétement le concept d'inspiration
Note que je ne l'invalide pas non plus, qu'il n'y a pas d'étincelle au départ qui apporte une impulsion, je dis juste qu'il est un détail du truc et vraiment pas le plus important : je connais quantité de gens qui ont eu l'idée d'aller sur la Lune en la regardant, l'important étant de construire la fusée et de s'y rendre réellement...
Suivant les sources, le peintre Degas ou un vieux militaire à la retraite fondu de poésie aurait questionné un jour Mallarmé sur l'inspiration, confiant qu'il aurait voulu écrire lui aussi des poèmes mais qu'il "n'avait pas d'idées". Ce à quoi Mallarmé a répondu simplement : "ce n'est point avec des idées que l'on fait des vers... c'est avec des mots".
Nous ramenant au travail du poète.
De son côté, Michaux explore les vertus des psychotropes dans Connaissance par les gouffres : ce qu'il écrit sous l'emprise des stupéfiants n'avait rien de très poétique d'après l'auteur. Ce qui en a fait de la poésie, c'est les quelques milliers d'heures passée par le poète pour transformer cette base brute en poésie...
Citation :la prochaine fois que j'apprécierai un morceau, je dirai: "ah oui, ce track est vachement illuminé du lobe temporal droit",j'ai l'impression que ça serait insultant si je disais que le morceau est "inspiré" ou "bien senti", alors que pour moi, ces termes sont des compliments. pas pour vous ?
enfin je ne sais pas, rien de nouveau ou extraordinaire la dedans. ce sont des notions connues. je vois pas trop ou est le problème.
Il y a vraiment un gros malentendu ; le fait de remettre à sa petite place l'inspiration qui, dans bien des cas, se résume à "tiens, je vais peindre cette coupe de fruit" ou tiens "je vais écrire un blues parce qu'elle m'a quittée", ne signifie pas pour autant une vision froidement mécanique et scientifique de l'art, où aucune humanité n'a plus sa place. C'est juste reconnaître que quand Zidane fait un passement de jambes, c'est parce qu'il a répété ce geste des milliers de fois seul avec son ballon et qu'il identifie le moment opportun de le refaire en match, et pas parce que ça lui sort comme ça soufflé par Dieu. Juste reconnaître que quand Madame de Lafayette utilise du discours indirect libre dans la Princesse de Clèves, elle sait ce qu'elle fait et a conscience de l'effet que ça produit. Quand un compositeur choisit de ne pas rétablir la tension harmonique à la fin d'un morceau, ou de préférer suivre la tierce sur sa ligne de basse, il sait ce qu'il fait.
Prends Radiohead : qu'on n'aime ou qu'on n'aime pas, ces mecs ont une solide connaissance de la théorie musicale, et ça se retrouve tant dans leur approche de l'harmonie que du rythme (et même dans les titres des chansons d'ailleurs). Penser que des morceaux comme Pyramid Song ou Paranoid Android sont nés spontanément sans réflexion derrière, sans intention de se dire je vais jouer sur la métrique et le tempo, c'est vraiment les prendre pour des gros cons...
Pour revenir à ce 2 minutes, ce qui est à l'oeuvre là, c'est un truc que se doit de connaître tout musicien ou tout mixeur (et que tous connaissent d'ailleurs) qui ne remet pas en cause l'art, la magie, la beauté, pas plus que le marteau ne remet en question le charpentier : c'est un outil. Et je peux t'assurer que cet outil, il est à la base de l'apprentissage artistique : comprendre qu'une oeuvre se structure en questions-réponses, en contrastes, en attente-récompense, c'est le B.A.BA, au point que je n'en reviens pas de devoir défendre ce lieu commun ici. Un conseil du coup : ne va jamais lire les traités d'harmonie ou d'orchestration, car ça va te démystifier méchamment cette idée que les génies travaillent au doigt mouillé, guidés par la seule inspiration !
Je peux aussi parler de magie au sens premier du terme : quand tu regardes un mec faire du close up, tu es face à un magicien. Quand tu entreprends de devenir magicien toi-même, tu te rends compte qu'il y a plain de procédés à l'oeuvre. Et ce que cela retire de la beauté au tour ? Non. Mais tu te rends compte qu'un bon magicien, c'est un mec qui au-delà de son 'inspiration", de son "imagination" a mobilisé une quantité phénoménale de travail et d'intelligence pour amener le spectateur là où il voulait l'amener...
Un ingé son : c'est quelqu'un qui va prendre le matériau brut d'une maquette et qui, dans ses prises comme dans son mixage et sa prod d'ensemble, va chercher à renforcer les émotions, pensées et sentiments que procurent la chanson. Ouvrir telle réverbe sur tel mot, placer un petit delay au fond ici, mettre un micro pour capter les grincement de chaise du guitariste, mettre en avant la rugosité d'un violoncelle ou choisir de laisser ou ne pas laisser les respirations au moment de l'editing. Tout cela sont des choix qui se font en référence à la maquette, à ce qu'en veut l'artiste, et reposent sur des techniques utilisées depuis des lustres pour rendre un morceau plus excitant, plus émouvant, etc. Et l'inspiration a peu à voir avec la choucroute...
Citation :https://www.amesauvage.com/blog/qu-est-ce-que-l-inspiration-definition-n509
On y est. Une pleine vision mystique de l'inspiration. Ça se défend, tant qu'on n'oublie pas que ce qui définit l'artiste, ce n'est pas l'inspiration, mais la réalisation d'une oeuvre et que, comme par hasard, tous les génies de la peinture ont eu à travailler la technique picturale et à en maîtriser les effets avant de proposer quelque chose d'intéressant. Un Guernica, ça ne sort pas comme ça d'une simple "inspiration" (tiens, si je faisais un tableau sur la guerre) mais d'une maturation tant intellectuelle que technique du peintre : comprendre la théorie des couleurs, les axes de force d'une composition, la circulation du regard du spectateur : quand un détail d'un tableau te frappe, sois sûr que le peintre a fait ce qu'il fallait pour que ça arrive...
Citation :https://nospensees.fr/comment-cultiver-linspiration/
De mon côté, sans parler de pleins de trucs sur la littérature, je pourrais te conseiller la lecture de bouquins sur les Beatles par exemple, leur usage de la théorie musicale, histoire de voir que l'accord de 6e qu'on trouve à la fin du She Loves You, il n'est pas soufflé par Dieu mais par George Martin qui n'a cessé d'instruire le groupe sur la théorie musicale et qui savait que ce final apporterait un petit supplément d'âme à cette chanson naïve. Pour produire un effet, et ça marche, et c'est cool : reconnaître qu'il y a un trick là-dedans, que ce n'est pas une intention spontanée, ne retire rien à cette fin glorieuse...
> misuk YouTube Matsuka Dub
[ Dernière édition du message le 29/06/2022 à 14:58:58 ]

vass-m

Connaissance par les gouffres, ce bouquin est prodigieusement bien écrit et décrit avec une justesse des phénomènes psychiques de manière inédite !
Le premier lien en dehors, malgré un langage new age et des tableaux d'action painting à la sam francis, le concept reste un peu flou mais mais s'approche du concept de conscience étendue que je trouve intéressant à appréhender dans le cadre d'une définition de l'inspiration, mais qui selon moi à plus avoir avec l'immanence que la transcendance.
Et oui WildHomeNetwork, je comptais bien placer les sex pistols comme figure de proue d' artistes inspirés, vecteur d'une énergie salvatrice

Quand au deuxième lien, je trouve qu'il y a confusion entre sensibilité individuelle et inspiration.

Los Teignos

De l'expérience que j'en ai également, les artistes "talentueux" sont souvent devenus artistes par nécessité, ou par incapacité de communiquer normalement avec le monde et d'y trouver leur place. Un poète paradoxalement, c'est souvent quelqu'un qui n'arrive pas à s'exprimer vraiment autrement que comme cela, ce qu'il fait qu'il développe des aptitudes car cette expression n'a rien d'un loisir, elle est vitale. Le film Truman Capote montre super bien ça : le monstre artistique...
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

WildHomeNetwork

Prends Radiohead
Ouais enfin, eux, ils auraient été plus inspiré de bosser un peu plus la technique vocal (et l'accordage aussi)



vass-m


WildHomeNetwork

Pour ma part, je pense que le talent, c'est le truc qu'ont trouvé les gens qui travaillent beaucoup, mais mal, pour se rassurer de ne pas faire aussi bien que ceux qui sont qualifié de talentueux.

Plus sérieusement, il faut pour que l'on qualifie quelqu'un de talentueux que son art coïncide avec son temps.
Picasso, on l'aurait qualifié d'énergumène un siècle plus tôt,
Rien à voir avec quelque chose d'inné que certain ont et d'autre pas.
EDIT : On peut également concéder que le talent, c'est d'imposer son art à son temps. Mais ça pouvait exister avant quand les médias étaient en retard par rapport au monde. (3 radios, deux télés, si t'arrivait là, tu imposais forcément à tout le monde ton art) Aujourd'hui... je pense que c'est celui dont l'art coïncide pile avec le temps (c'est l'art dont la société entière avait "besoin", "voulait" inconsciemment.) C'est donc la rencontre entre un art et une conjecture sociétale
[ Dernière édition du message le 29/06/2022 à 15:42:56 ]

vass-m

Par contre le degré au dessus ( à mon sens ) c'est le génie, l'artiste qui au delà de son talent va sortir du cadre et ramener un plus indéniable à l'art, aux autres, à l'époque.

Will Zégal

Pareilà la nuance prêt que je n'invalide pas complétement le concept d'inspiration. Le problème c'est que ceux qui pensaient le défendre l'on flingué...
Comme Los, tout pareil.
Sachant que, je ne sais pas pour vous, mais l'inspiration chez moi, elle est le plus souvent le fruit de stimuli extérieurs. Des fois, c'est en voyant un film, en écoutant une musique, en sortant d'un concert (plus rarement avec un livre, parfois une discussion, ou un article de presse) que j'ai le plus envie de me mettre à mes instruments parce que j'ai une idée et une envie urgente de la concrétiser.
Cela ne veut d'ailleurs pas dire que ce que je vais faire est une déclinaison musicale de ce qui l'a inspiré. En gros, c'est pas parce qu'une comédie romantique me donne une idée de morceau que ça sera une musique romantique ou marrante ou même sentimentale.
Mais ce qui m'inspire le plus, c'est les musiques. Une musique entendue peut me donner une idée de musique qui sera très différente, mais sera souvent basée sur un détail ou une pulse de la musique entendue.
Sinon, Laurent DeWilde qui n'est pas le dernier des derniers disait que pour se renouveler, il s'imposait des exercices à base de contraintes. Que cela puisse l'inspirer, aucun doute. Que ça soit plus de l'ordre de l'immanent que du fruit de longues années de formation musicale tant sur le plan technique que sur le plan artistique...
D'ailleurs, ça me fait penser à un bon exemple de cette fameuse "inspiration" qui n'accouche de rien à elle seule : j'ai longtemps eu des bandes d'amis qui étudiaient aux Beaux-Arts. Dans les premières années, on ne leur donne pas tellement (ni ne leur demande) de maîtrise technique, mais on les fait travailler sur des concepts.
Du coup, les expos des premières années sont pleins de truc souvent remplis de bonnes idées, mais pas grand chose qui ressemble à une œuvre aboutie.

vass-m


Silicon Machine Extended

n Guernica, ça ne sort pas comme ça d'une simple "inspiration" (tiens, si je faisais un tableau sur la guerre) mais d'une maturation tant intellectuelle que technique du peintre : comprendre la théorie des couleurs, les axes de force d'une composition, la circulation du regard du spectateur : quand un détail d'un tableau te frappe, sois sûr que le peintre a fait ce qu'il fallait pour que ça arrive...
sur ces sujets là, les deux bouquins de Kandinsky sont hyper interessants
En fait, je pensais à ça parce que ma culture de base, c'est la littérature et que c'est avec l'arrivée de Flaubert et Baudelaire qui sont en rupture avec Hugo, le grand théoricien du romantisme français, et qu'on commence à penser très différemment la littérature.
La dessus, on est d'accord, mais c'est surtout une évolution de la posture de l'artiste, plutôt qu'une révolution des méthodes de travail (au passage quand tu parlais de romantisme j'y mettais aussi Baudelaire et la clique, d'où ma réponse un peu large).
Sachant que, je ne sais pas pour vous, mais l'inspiration chez moi, elle est le plus souvent le fruit de stimuli extérieurs.
Qui peuvent être inconscients d'ailleurs. C'est un des principes de l'intuition. Le hasard, ça arrive parfois aussi (mais ça n'a rien de transcendant), et ça se cultive même.

Los Teignos


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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

vass-m


patrick_g75


Chacun, je crois, y trouvera de quoi s'éclaircir les idées sur ces questions, éprouver le bien fondé de celles qu'il s'était déjà formées, les préciser au besoin, pour s'y trouver conforté, ou bien au contraire pour les remettre en cause, à l'occasion.
Je laisse de côté ici les idées générales sur l'inspiration : s'agit-il de "trouver des idées" ? ou bien de "nous donner l'envie de faire" ?
Etc.
Sur le talent : n'est-ce qu'un savoir-faire efficace, résultat du croisement entre dispositions personnelles et apprentissage bien conduit ?
Sur le génie : une appétence sauvage pour l'innovation ? une prescience miraculeuse, involontaire, de l'air du temps ?
Etc.
Là, je veux juste revenir sur cet a parte de Will, d'un intérêt tout pratique, lui : le jazz et le sac de billes.
Bon, moi j'appelle ça ma "boîte à outil", mais j'imagine que c'est un peu la même idée ?
Des gens croient que les jazzmen qui improvisent se mettent devant leur instrument et sortent comme ça des trucs issus spontanément de leur génie. C'est pas comme ça que ça se passe. Le musicien de jazz, il a répété une vie entière pour se constituer des phrases, des phrasés, des riffs, des tournes qui deviennent des réflexes... ce que mon prof de piano appelait "son sac de billes" : "Plus ton sac de billes est plein, plus tu as de possibilités en piochant dedans au moment d'improviser". L'art de l'improvisateur est de sortir les bonnes billes au bon moment et de les agencer au mieux pour qu'ils forment un discours musical et véhiculent l'émotion souhaité au moment donné et selon la façon dont les autres musiciens le poussent.
On voit très bien à quel point il peut être utile d'avoir toutes ces "billes" sous la main (dans l'oreille...) pour un jazzman.
(De même, ceci dit, pour tout dit improvisateur : nous savons bien, n'est ce pas, que le jazz n'a pas inventé l'improvisation.)
Utile, et même nécessaire.
Cependant, je vois comme un revers néfaste, à cette situation : la propension à s'en remettre, plus ou moins paresseusement, à des stéréotypes, des clichés, de l'impro pré-mâchée...
En tout cas, c'est un des aspects qui m'a souvent rebuté, chez beaucoup de jazzmen, surtout chez les pianistes d'ailleurs, cette sensation de toujours avoir à faire aux mêmes traits, arpèges, batteries, enchaînés dans le même ordre... quelque soit le morceau, l'impression de toujours écouter le même...
Bon, évidemment, ça, c'est plutôt chez les petites pointures. Mais, quand même...

Et puis, ça me fait penser à la remarque d'un compositeur (assez réputé, mais "contemporain" - je veux dire : peu cité dans nos colonnes) :
"L'improvisation, la plupart du temps, ça consiste à rien d'autre qu'à reproduire mécaniquement ce qui a été préalablement assimilé ; tout le contraire de la libre invention qu'elle prétend être".
...
C'est juste pour causer.

"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/
[ Dernière édition du message le 29/06/2022 à 23:44:42 ]

Will Zégal

On pourrait partir dans de longues discussions sur ces questions d'improvisations sans arriver à grand chose parce que ce sont des questions complexes et qu'elles sont différentes pour chaque musicien, mais aussi pour différentes pratiques d'improvisation.
Je pratique beaucoup l'improvisation libre. Au contraire du jazz, pas de grille, pas de présupposé rythmique ou harmonique. Juste les musiciens s'écoutent et essayent de bâtir ensemble un univers sonore qu'on va s'amuser à faire basculer dès qu'il tient un peu trop en place.
Difficile de dire dans cet exercice quelle est la part de réelle improvisation du moment ou de restitution de l'expérience. Ce que je sais, c'est que dans ces sessions d'impro, j'expérimente beaucoup. Mais je n'y amène jamais que mes machines les plus simples, les plus directes.
Une fois, un gars était venu en observateur, mais avait apporté du matos dont il ne savait pas se servir, dont un Moog Matriarch qu'il m'a prêté. Je n'avais jamais utilisé ce synthé semi-modulaire et il m'a fallu une bonne heure pour commencer à sortir des choses vraiment intéressantes.
Ces sessions sont ouvertes à tous quel que soit son niveau musical, mais on voit qu'en pratique, ceux qui viennent et surtout ceux qui restent ont déjà un solide bagage musical. Ce qui laisse penser que "l'inspiration" ne suffit pas.
Bon, il faut aussi une bonne formation de l'oreille et cette habitude que n'ont pas tous les musiciens, surtout ceux qui n'ont pas joué en groupe, d'être capable d'à la fois se concentrer sur ce qu'on fait et d'être attentif à ce que font les autres. C'est sans doute pas évident pour des débutants.

CapitaniOccitània

Citation :D'ailleurs ce n'est qu'a une époque très récente que l'on a remis en cause la nature "médiumnique", "divinatoire" , "sacrée"
Moi je situe ça à la naissance de l'art moderne au milieu du 19e siècle, avec la mort du romantisme.
Et ça coïncide (peu ou prou, mais ça me semble le même mouvement) avec l’invention de la psychanalyse et la découverte de l’Inconscient.
Pour moi, c’est Ça qui est l’inspiration. Point de transcendance, divine ou naturelle. C’est l’Inconscient qui s’échappe.
L’inspiration c’est un lapsus qu’on sait entendre puis travailler. Un artiste est un dresseur de symptômes. Et c’est un
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