Un an après le lancement de l’Oasys, Korg a présenté le Radias au NAMM 2006. Héritant du savoir-faire de la marque en termes de moteurs de synthèse et de vocodeurs, le Radias se veut une alternative beaucoup plus abordable aux synthés modulaires.
(Test initialement paru en juin 2006)
En 2005, l’Oasys a révolutionné le monde des synthés workstations en offrant une solution tout intégrée synthé / séquenceur / station audio très haut de gamme. L’OS de la machine n’a cessé de s’améliorer, non seulement pour corriger quelques bugs, mais également pour améliorer le moteur sonore. La dernière mise à jour comprend d’ailleurs ni plus ni moins qu’un nouveau moteur de synthèse. On pouvait penser que le constructeur nippon concentrerait l’essentiel de ses moyens de recherche et développement sur cette très belle machine et qu’il faudrait attendre des lustres avant de voir naître un nouveau synthétiseur. Mais c’était sans compter sur la volonté de la firme d’occuper le haut du pavé, avec une offre tout à fait originale. Originale tant sur la forme (une combinaison clavier + module multi positions) que sur le fond (un synthé vocodeur capable de cumuler plusieurs types de génération sonore). Au moment où il est disponible pour notre test, le Radias est déjà en magasins, parfaitement opérationnel et dispose d’un mode d’emploi en français très bien conçu. C’est suffisamment rare et appréciable pour être souligné…
Physique original
Dans sa version complète, le Radias est constitué d’un clavier 49 touches et d’un petit module. Le clavier (référence RD-KB) est dynamique et mais ne répond pas à la pression. Il est de la même qualité que celui de la série TR et Triton-Le, à savoir touches courtes et non lestées, procurant une réponse un peu molle à notre goût. Ce n’est pas le clavier qui équipe les Triton haut de gamme. Il est fixé sur un cadre servant de support pour fixer à son tour le rack. Il dispose de deux molettes plutôt agréables à manier et de flancs en bois exotique, tout comme le MicroKorg. Le module, que l’on peut se procurer seul (Radias Rack), est tout à fait astucieux. On peut en effet soit l’utiliser en console à plat, soit le mettre en rack 19 pouces, soit le fixer au cadre du clavier dédié grâce à un support escamotable. Dans ce dernier cas, on peut orienter l’angle de travail, comme sur un Minimoog ou un Wave. Bien vu !
La construction est solide, on est au niveau de la série II des Electribe : carcasse alu brossé du plus bel effet, 63 boutons translucides blancs avec rétro éclairage rouge, 39 rotatifs de taille moyenne cerclés d’un éclairage orange (sympa pour la visibilité dans les salles obscures), une bonne soixantaine de diodes rouges et une grosse molette d’édition jouxtant un LCD rétro éclairé 128 × 64 pixels. Lorsqu’on lance des séquences, le Radias clignote comme un sapin de Noël. Pour parfaire le tout, la prise casque est placée à l’avant, merci. La face arrière offre une connectique classique de nos jours : 2 paires de sorties audio, une paire d’entrées, une entrée micro mini jack avec sélecteur de sensibilité (pouvant accueillir le micro casque à condensateur livré avec le Radias), 2 entrées pédales, une prise USB vers PC, un trio Midi et une broche pour alimentation externe 9 volts (dommage sur ce coup là). Seule particularité, on trouve un connecteur pour relier le Radias Rack au clavier dédié, ce qui permet de laisser libre le trio Midi.
Prise en main
La prise en main du Radias peut s’avérer ardue au départ. Certes, les différentes sections de synthèse sont logiquement organisées sur la face avant, mais les commandes sont assez difficiles à repérer. Les rotatifs sont de taille moyenne et un peu trop serrés. Certains boutons ont plusieurs fonctions, conditionnées par l’état d’autres commandes ou le mode de la machine. De plus, lorsqu’on modifie un paramètre sur la face avant, l’écran reste muet. On aurait aimé que s’affichent la valeur actuelle et la valeur stockée. Au lieu de cela, on doit se contenter d’une diode qui indique le passage du paramètre à sa valeur d’origine.
Au-delà de cela, l’OS du Radias a été pensé intelligemment, avec plein d’astuces et de raccourcis : la navigation dans les menus est plutôt simple, les pages peuvent s’enchaîner ou être appelées à l’aide de la rangée inférieure de 16 boutons sérigraphiés. Lorsqu’une page ne peut être affichée dans son intégralité, un ascenseur apparaît. De même, en mode de jeu ou d’édition, on peut sélectionner un canal dans un programme avec 4 touches prévues à cet effet. Mais il faut une combinaison de touches pour couper une partie et il impossible de créer un solo d’une pression de touche. Autre astuce, la rangée de 16 rotatifs permet d’enregistrer en temps réel des mouvements de paramètres (séquenceur à pas, voir ci-après). Une ergonomie au global plutôt bonne, mais perfectible sur certains aspects.
Banque sons
La mémoire du Radias renferme 256 programmes réinscriptibles, avec sélection par catégorie. La banque sons d’usine est bourrée de clichés tape à l’œil, genre boucles d’effets, voix trafiqués, ouvertures de filtres, percussions noyées dans les délais… à la fois spectaculaires et injouables. Mais elle recèle quelques perles synthétiques du meilleur cru, laissant présager la qualité des synthèses embarquées : citons dans le désordre Glide 5thPad, un pad stratosphérique hyper planant à la quinte, ultra large bande, façon gros polyphonique Oberheim. VeloSyncLead est une belle synchro d’oscillateurs avec balayage d’enveloppe décroissante. La dynamique de frappe et la molette contrôlent la hauteur de l’oscillateur maître, qui module le cycle de l’oscillateur esclave. En changeant les formes d’ondes carrées en dent de scie, on se rapproche de certaines synchro caractéristiques du Prophet-5 (en un peu plus métallique ici, toutefois).
Mogalog Bass est émulation très réussie d’une basse Moog avec attaque de filtre courte, belle résonance et redéclenchement conditionnel de l’enveloppe. Toujours dans les basses, DynoBass est une basse avec attaque FM très caractéristique, assez agressive lorsqu’on frappe fort sur le clavier. En fait, elle est générée par distorsion de phase (VPM, voir ci-après). On trouve aussi quelques pianos électriques et orgues du niveau d’un module d’entrée de gamme, sans plus. Il y a quelques programmes de séquences vocodées montrant le potentiel de la machine (Motion Formant), mais difficile à exploiter directement. La bonne nouvelle est qu’on pourra se fabriquer ses propres séquences de formants, nous en reparlerons. Enfin, le Radias dispose d’une panoplie de kits de percussions dans les styles Pop / Electro. Les sons de percussions à base de PCM ne sont pas très convaincants, mais les kits utilisant des sons de synthèse sont excellents.
Synthèses multiples
Le Radias est un synthétiseur pur et dur, utilisant un moteur à synthèses multiples générées par DSP, capable de délivrer 24 voix de polyphonie sur 4 canaux multitimbraux. Au niveau le plus élevé, un programme est constitué de 4 couches sonores (timbres), 2 entrées audio, 1 vocodeur, 1 arpégiateur, 2 séquenceurs à pas et 1 effet maître. Chaque couche sonore dispose d’un EQ et de 2 effets d’insertion. Il y a donc 9 multieffets simultanés au total (voir ci après), on se croirait revenu au temps du Trinity ! Les timbres peuvent être empilés (avec fenêtre de tessiture paramétrable, mais pas de fenêtre pour la vélocité !) ou joués sur différents canaux Midi (à noter que le clavier optionnel du RADIAS n’émet que sur un canal). Dans ce cas, on peut filtrer les contrôleurs physiques, les changements de programme et le portamento. Au passage, on peut régler les commandes pour qu’elles n’éditent qu’un timbre déterminé du programme ou le timbre en cours de sélection, astucieux !
Chaque timbre peut fonctionner en mode polyphonique, monophonique ou unisson (2 à 6 voix, avec désaccord et espacement stéréo). Les sons sont générés par 2 oscillateurs et un générateur de bruit blanc. Le premier oscillateur est le plus complexe, puisqu’il fait appel à différents types de synthèse : modélisation analogique (4 formes d’ondes : dent de scie, impulsion, triangle et sinus), synthèse à formants (voir paragraphe Synthèse à Formants), générateur de bruit et synthèse PCM (voir paragraphe Synthèse PCM). On peut également choisir une source externe comme générateur sonore, afin de la faire passer par les filtres et les effets. Lorsqu’on utilise l’une des 4 ondes à modélisation analogique, il est possible de travailler sur le contenu harmonique du signal : Wave Modulation (ce que Korg avait inauguré sur le 01/W, avec modulations d’ondes exotiques ou classiques, telles que la largeur d’impulsion), Cross Modulation (interaction de 2 oscillateurs façon JP-8 Roland), unisson (paramètre différent de l’unisson de timbre, puisqu’il s’agit de la génération de 5 oscillateurs décalés en hauteur et en phase, le tout sans consommer de polyphonie, dans la pure lignée du Supersaw du JP-8000 Roland ou de l’Hypersaw du Virus TI), VPM (distorsion de phase, une synthèse portée au plan commercial sur la série CZ / VZ Casio en réponse à la synthèse FM Yamaha à la fin des années 80). Le second oscillateur ne dispose que des 4 formes d’ondes à modélisation analogique. Pour donner un peu de chaleur au son, on peut faire fluctuer l’accord des oscillateurs. Quelle que soit la synthèse choisie pour le premier oscillateur, il est possible de faire interagir les 2 oscillateurs : synchronisation et modulation en anneau (simultanées, si besoin est). A ces 2 oscillateurs s’ajoutent un générateur de bruit blanc. Oscillateurs et générateur de bruit disposent de leur propre potentiomètre de mixage sur la face avant. Une section remarquable !
Synthèse à formants
La synthèse à formants développée sur le Radias est une version beaucoup plus simple que celle mise au point par Yamaha sur le FS1r. En effet, le Radias n’utilise ici que 2 paramètres sur un seul oscillateur, là où le FS1r utilisait des algorithmes de 8 opérateurs à paramètres multiples. Sur l’oscillateur à formants de voix du Radias, le premier paramètre affecte la largeur des formants : physiquement, cela revient à déformer la forme de la bouche ; concrètement, cela correspond à générer différentes voyelles. Le second paramètre a pour rôle de décaler l’ensemble des formants (vers le haut ou vers le bas) ; physiquement, cela correspond à modifier la taille de la bouche ; concrètement, cela revient à changer la hauteur de tonalité.
Pour transposer les choses dans le domaine acoustique, lorsqu’on modifie la hauteur de sa voix, la fondamentale varie avec certaines harmoniques, alors que d’autres fréquences caractéristiques constituant le timbre ne bougent presque pas : ce sont les formants, responsables d’une certaine constance dans le timbre, quelle que soit la hauteur de tonalité. Mais ce qui est vrai ici pour la voix s’applique aux instruments acoustiques, qui possèdent tous leur propre jeu de formants caractérisant leur timbre. C’est bien pour cela qu’il faut éviter de transposer un échantillon loin de sa fréquence d’origine lorsqu’on veut reproduire un instrument acoustique, car on transpose toutes les fréquences, y compris les formants – alors qu’ils restent quasiment à la même fréquence dans la réalité…
Synthèse PCM
Le Radias dispose de deux banques de sons PCM assez réduites : d’une part, 64 multiéchantillons instrumentaux et formes d’ondes synthétiques et d’autre part, 128 échantillons simples de percussions. Parmi les multiéchantillons, citons 3 pianos électriques plutôt pas mal (Fender Stage / Fender Dyno et Wurlitzer avec 2 couches de dynamique), 2 Clavinet assez moyens, quelques orgues rock (façon B3, mais aussi un son du M1 et un Vox), des basses acoustiques, des basses électriques (pick / slap), un ensemble de cordes et des chœurs synthétiques (pas très convaincants à notre époque).
Cette section n’a pas vocation de remplacer les sections PCM des grosses workstations, c’est clair. Les ondes sont bouclées court et les échantillons peu nombreux sur la tessiture. On s’en servira de base pour mélanger des textures sonores avec les autres synthèses, c’est d’ailleurs le but affiché. On trouve aussi une importante panoplie de formes d’ondes numériques DWGS, tout droit descendues de la série DW6000 / 8000. Là encore, le mélange est intéressant, notamment avec les formes d’ondes générées par modélisation analogique.
Filtres doubles
Chaque timbre d’un programme dispose de 2 filtres multimodes résonants totalement indépendants. Leur routage est complexe : simple, en série, en parallèle ou séparé (chaque oscillateur emprunte un filtre). On peut régler la balance entre les filtres. Le premier filtre est variable en continu, capable de passer progressivement entre plusieurs modes : 4 pôles passe-bas, 2 pôles passe-bas, passe haut, passe bande, thru. Le second filtre est « simplement » multimodes 2 pôles : passe-bas, passe-haut, passe-bande et en peigne (mais pas de mode réjection de bande). Ces filtres sont très musicaux et se comportent bien sur une grande variété de signaux, internes comme externes. En particulier le filtre en peigne, utilisé avec un balayage de la fréquence de coupure par un LFO, permet d’obtenir des effets de Phaser très intéressants, idéal pour traiter une nappe planante ou carrément un mix complet.
Les filtres peuvent entrer en auto oscillation : lorsqu’on pousse la résonance, il y a création d’une onde proche de la sinusoïde. Contrairement à certains synthés à modélisation qui sifflent de façon stridente à résonance élevée, le Radias maîtrise parfaitement les aigus : pas d’aliasing, ni a contrario de rabotage des hautes fréquences souvent utilisé pour éviter ce phénomène. Les aigus sont bien là, tirant pleinement partie de la fréquence de travail à 48 kHz. En sortie, on retrouve une section ampli avec étage de saturation et Wave Shaping (11 types de traitement), permettant de salir le son, là encore un héritage du Korg 01/W. Un paramètre « Punch Level » booste les premières millisecondes du signal, histoire de lui ajouter la pêche comme sur un analogique et de faire claquer le son, une idée originellement développée sur le K2500 Kurzweil. Bref sur le Radias, le signal est bien traité, de part en part.
Modulations en tous genres
La section modulations du Radias est également très fournie. Pour moduler chaque timbre, on trouve 3 enveloppes, 2 LFO et une matrice de modulations. Les enveloppes sont de type ADSR, avec différentes courbes de réponse pour les segments : une linaire, une exponentielle et 3 logarithmiques. Les niveaux sont modulables par la vélocité de frappe ; les temps sont modulables par la vélocité et le tracking clavier. Les LFO offrent chacun 4 formes d’ondes élémentaires (5 ondes différentes au total sur les 2 LFO) qui se démultiplient en une multitude de variations grâce à un paramètre Shape : différentes symétries pour l’onde dent de scie, différentes largeurs d’impulsion pour les ondes carrées (bipolaire ou positive), différentes courbes pour les segments de l’onde triangulaire, différentes harmoniques pour l’onde sinus… bref, c’est très complet. Tout ce beau monde se synchronise à l’horloge Midi, fort heureusement.
Terminons cet impressionnant arsenal par une matrice de modulations à 6 cordons, capable de relier 15 sources à 15 destinations, le tout avec une intensité de modulation bipolaire. Parmi les sources, on trouve les 3 générateurs d’enveloppes, les 2 LFO, la vitesse de frappe, le Pitchbend, la molette de modulation, le tracking clavier, le suivi d’enveloppe généré par le capteur d’enveloppe (analyseur d’enveloppe d’un signal audio entrant, voir ci après) ainsi que 5 contrôleurs Midi externes programmables. Parmi les destinations, citons la hauteur du son, le niveau des générateurs sonores, les fréquences de coupure des 2 filtres, la résonance du premier filtre, le volume, le panoramique ou encore les fréquences des 2 LFO. C’est assez complet !
A chaque timbre ses séquences
Décidément, le son n’a pas fini de bouger… Dans un programme, chaque timbre dispose d’un séquenceur de modulation permettant de faire varier 3 paramètres de synthèse dans le temps. Le principe de fonctionnement est identique aux séquenceurs analogiques : on sélectionne le paramètre à faire évoluer (parmi les 41 disponibles), puis on programme les valeurs qu’il doit prendre à l’aide de la rangée de 16 rotatifs. Lorsqu’on tient une note ou un accord, le son évolue dans le temps, soit de façon discrète (par pas), soit de façon continue (lissage entre les pas). On peut également boucler la séquence, régler le sens de lecture (à l’endroit, à l’envers, alterné avec ou sans répétition des pas extrêmes) et le déclenchement à l’enfoncement de touche (départ forcé ou non).
Il est même possible d’enregistrer l’évolution d’un paramètre en temps réel en actionnant directement le rotatif auquel il est assigné (Motion), ce qui crée 16 pas éditables avec les 16 rotatifs. On peut recommencer l’ensemble de ces opérations avec 2 autres paramètres de synthèse. Lorsque le son est maintenu, la séquence tourne (avec ou sans synchronisation Midi) et la rangée inférieure de 16 boutons clignote de tous les côtés. Il est alors possible de modifier la position de chaque pas en temps réel pendant des heures… les amoureux de modulaires apprécieront !
Arpèges et séquences globales
Ce n’est encore pas fini, puisqu’au niveau global du programme, on trouve un arpégiateur assignable à l’un des 4 timbres. Il dispose de 6 motifs rythmiques : haut, bas, alterné (avec ou sans répétition des pas extrêmes), aléatoire et trigger (accords rythmiques). Chaque motif peut contenir jusqu’à 32 pas et on peut fixer le dernier pas. A chaque pas, on peut assigner une durée (Gate), un niveau de vélocité et un état (activé ou coupé). L’édition peut se fait à l’écran ou à la volée, via la rangée inférieure de 16 boutons. L’arpège peut fonctionner sur 4 octaves, dispose d’un paramètre de Swing et d’une tessiture de mise en action.
Enfin, chaque programme dispose d’un step séquenceur 2 pistes / 32 pas, que l’on peut assigner à 2 timbres ou combiner sur un canal pour atteindre 64 pas. Ceci permet de créer des motifs rythmiques simples sur un ou deux canaux, tout en pilotant les autres parties du programme. En plus de la note, les autres paramètres mémorisables sont identiques à ceux de l’arpégiateur. On peut entrer des accords jusqu’à 8 notes. Il va de soi qu’avec l’ensemble des possibilités de modulation du Radias (matrice, arpèges, séquences), les sons ne sont pas statiques. Il faut toutefois veiller à doser tout ce beau monde pour ne pas tomber dans la perte de contrôle complète.
Mode Drum
En mode Drum, le Radias permet d’affecter 16 sons aux touches du clavier pour créer des kits de batterie. 32 emplacements mémoires sont prévus à cet effet. Excellente surprise, on n’est pas obligé de se contenter de la banque de sons PCM pour créer ses propres kits. En effet, un son peu faire appel à toutes les formes de synthèse, tout comme un programme. On dispose rigoureusement des mêmes paramètres, avec toutes les possibilités de traitement des oscillateurs, de filtrages sophistiqués et de modulations complexes que cela comprend, sauf le séquenceur de modulation (normal, car son rôle prend tout son sens sur des notes tenues, ce qui n’est pas l’objet des kits de percussions). Fabuleux pour les amoureux de la synthèse !
Les kits peuvent être affectés par les 2 séquenceurs à pas et l’arpégiateur afin de créer des motifs qui bougent. Avec cela, le Radias se transforme en mini Groove Station. En mode programme, on peut affecter un kit de batterie à l’un des 4 canaux.
9 multieffets simultanés
La section effets du Radias est on ne peut plus musclée. D’abord, parce que chacune des 4 parties d’un programme possède, comme nous l’avons déjà dit, son propre EQ et ses 2 multieffets d’insertion. Ensuite, parce que tout ce beau monde sonne parfaitement bien et est loin d’être un gadget pour signal à revitaliser. Les EQ sont de type 2 bandes semi paramétriques. Les 2 multieffets d’insertion et le multieffets maître disposent de 128 préréglages pour ceux qui ne veulent pas partir de zéro. Chacun offre 30 algorithmes, mono ou stéréo en entrée et mono ou stéréo en sortie. Les algorithmes les plus gourmands permettent de n’utiliser qu’un seul effet d’insertion, pour des questions de puissance de DSP. Pour les mêmes raisons, certains paramètres ne sont disponibles que sur les effets maîtres.
Dans la liste d’effets, citons une série de compresseurs / limiteurs / Gate stéréo, un filtre stéréo, un wah-wah stéréo, des EQ 2 ou 4 bandes stéréo, des saturations (distorsion, simulateur d’ampli, préampli à lampe), un décimateur stéréo (réducteur de fréquence d’échantillonnage et de résolution), des réverbérations, des délais stéréo, des effets de modulation mono ou stéréo (Chorus / Ensemble / Flanger / Phaser / Ring Mod), un Pitch Shifter, un effet haut-parleur tournant et un simulateur de voyelles. Le nombre de paramètres disponibles par algorithme est impressionnant, souvent proche de la vingtaine. Certains paramètres d’effets peuvent être assignés aux commandes de la face avant et l’un d’entre eux peut être modulé en temps réel par des sources internes ou Midi. Enfin, les timbres sont envoyés aux sorties physiques ou aux bus internes avec leurs effets d’insertion. Le multieffets maître, quant à lui, est global et ne s’applique qu’aux sorties principales. Une excellente section.
Un puissant vocodeur
Comme nous l’avons vu, le RADIAS est équipée d’entrées audio pour traiter des sources audio externes très variées (niveaux ligne, micro à condensateur, micro dynamique, guitare…). On va beaucoup plus loin que le simple traitement par les effets et les filtres. En effet, le Radias est capable d’analyser l’enveloppe du signal d’entrée et de la convertir en source de modulation pour piloter certains paramètres de synthèse grâce à la matrice de modulations. Mieux, la machine est dotée d’un puissant vocodeur 16 bandes stéréo. On peut utiliser les entrées audio comme signal porteur (synthèse) et signal modulateur (analyse). Il est même possible de les combiner en signal porteur. Le synthé interne peut également faire office de signal porteur ou modulateur, grâce à un système de bus interne permettant un routage tout en souplesse.
Tous les niveaux audio, ainsi que la sensibilité de la détection (enveloppe de suivi) sont réglables avec précision, ce qui est la clé pour vocoder un signal de voix avec intelligibilité. On peut décaler les fréquences des filtres d’analyse et de synthèse. On peut même régler le volume des consonnes (signaux sans harmoniques, donc non vocodés). Les fréquences de coupure sont modulables par les 15 sources de la matrice de modulation. Leur résonance est également réglable (mais pas modulable). Le vocodeur du Radias donne aussi accès aux niveaux des 16 filtres de synthèse. Les réglages se font avec la rangée de 16 rotatifs (décidément beaucoup utilisée) comme sur un vocodeur EMS3000. De même, la position stéréo de chaque bande est réglable, en utilisant les 16 rotatifs (toujours eux !) ou les pages de menu. Mai là où le Radias enfonce le clou, c’est dans sa capacité à enregistrer des séquences parlées ou chantées (fonction Formant Motion) pour moduler des signaux de synthèse. Au total, on peut capturer 7,5 secondes de signaux audio, à répartir dans 16 séquences. La mémoire est permanente, merci !
Editeur dédié
Le Radias est livré avec un CD-Rom contenant les drivers USB pour Windows XP et OSX, ainsi qu’un éditeur dédié. Cet éditeur est plutôt bien conçu. Il reprend tous les modes d’édition de la machine sous forme de pages claires et lisibles, avec appel de pages secondaires lorsque c’est nécessaire. On entre ainsi par la page programme, de laquelle on peut éditer chaque timbre, chaque effet, chaque séquence, l’arpégiateur et le vocodeur. Les séquenceurs sont affichés sous forme graphique (séquenceurs de modulation) ou sous forme de grille (séquenceurs pas à pas).
Idem pour les segments d’enveloppes, y compris la courbe de réponse. Les LFO ont droit à leur fenêtre graphique affichant la forme d’onde, y compris sa variation Wave Shape) et sa fréquence. En revanche, on n’a pas droit au moindre graphique représentant le profil de filtrage, ce qui aurait été bien venu compte tenu de la sophistication des filtres. Le vocodeur dispose de sa propre page d’édition, avec affichage graphique des niveaux et des panoramiques des 16 bandes. Lorsqu’on enregistre une phrase (Formant Motion) en mode Global, l’éditeur affiche graphiquement sa transformée de Fourier, classe… A quand la retouche graphique directement à la souris ? Pour terminer, signalons la présence d’un analyseur d’évènements Midi, toujours utile pour vérifier son installation.
Conclusion
Au final, le Radias est une machine très surprenante. Passés les programmes d’usine dont la plupart sont difficiles à placer dans un mix et la façade avant dont le nombre de paramètres au centimètre carré peut paraître déroutant, on découvre une machine puissante et bien conçue. Les différents moteurs de synthèse permettent une grande variété de timbres. Le passage dans la section filtres sculpte le son de manière intéressante sur le plan musical. La pléthore de modulations (classiques ou matricielles) et les nombreux séquenceurs sont synonymes de sons évolutifs. Avec cette variété et ces sons qui bougent, la machine se montre tout aussi à l’aise dans un univers pop / rock que techno. Avec ses nombreuses commandes et sa physionomie astucieuse, elle invite à l’expérimentation et au jeu live. Le tout en beaucoup plus simple qu’un synthé modulaire. En somme, une belle réussite.