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Test du Blofeld de Waldorf - Un p'tit blanc pour la route

Renaissant de ses cendres, Waldorf présente le Blofeld, un concentré du savoir-faire numérique maison à prix très agressif. Livré désormais avec un OS stable et complet, voyons ce qu’il a dans le ventre.

Renais­sant de ses cendres, Waldorf présente le Blofeld, un concen­tré du savoir-faire numé­rique maison à prix très agres­sif. Livré désor­mais avec un OS stable et complet, voyons ce qu’il a dans le ventre.

 

Blofeld

En 2004, la société Waldorf dépose le bilan. En 2006, d’an­ciens colla­bo­ra­teurs rachètent alors la marque et la propriété intel­lec­tuelle des tech­no­lo­gies déve­lop­pées depuis 15 ans : Micro­wave, Wave, Pulse, Micro­wave 2/XT, Q/Q+… quel palma­rès ! Annoncé au NAMM 2007 mais opéra­tion­nel un an plus tard, le Blofeld (clin d’œil à l’en­nemi juré de James Bond, à la tête du Spectre) annonce le retour de la marque alle­mande. La version clavier est présen­tée et lancée au NAMM 2009. Plus récem­ment, un véri­table mode multi­tim­bral est ajouté, puis la lecture de samples, venant fina­li­ser une gesta­tion un peu doulou­reuse. Autant de raisons pour tester aujour­d’hui ce concen­tré de tech­no­lo­gies où tables d’ondes, modé­li­sa­tion analo­gique et multié­chan­tillons se côtoient.

Prise en main

Le test porte sur un Blofeld module mis à jour en OS 1.12, puis déver­rouillé au niveau des samples. Il se dégage de la machine un haut niveau de qualité de construc­tion, avec une coque tout en métal laqué blanc et des enco­deurs en acier inox. Le module est très compact, 30 cm de large sur 13 cm de profon­deur. Il se placera faci­le­ment sur la droite d’un clavier dont le panneau est dégagé. Outre le potard de volume dont l’axe présente du jeu, la machine comprend 7 enco­deurs sans fin bien ancrés, 5 pous­soirs et 11 Leds dont une d’ac­ti­vité Midi. Seul l’en­co­deur en haut à gauche est cranté, les autres sont « lisses », ce qui dans certains cas ne faci­lite pas l’édi­tion fine, mais permet une varia­tion tout en douceur des para­mètres conti­nus (même si cette notion n’a pas lieu d’être en commandes numé­riques). À l’usage, la préci­sion est correcte.

Ce n’est qu’en jetant un coup d’œil à l’ar­rière sur la connec­tique que l’on comprend immé­dia­te­ment où les écono­mies ont été faites : une prise casque, une seule paire de sorties stéréo (pouvant fonc­tion­ner en mono ou stéréo sur un seul jack), une seule entrée Midi (sur le module) et une prise USB2 pour gérer le Midi (en entrée et sortie, ouf !) et trans­fé­rer des données (programmes, OS et samples). On finit par une borne pour alim secteur externe (alim interne sur la version clavier) et un inter­rup­teur. Pas d’en­trée audio, quel dommage, vu les filtres et les possi­bi­li­tés de modu­la­tion !

 

Excel­lente ergo­no­mie

Com externe

Doté d’un port USB2, le Blofeld est prédis­posé pour commu­niquer avec des PC et Mac. La commu­ni­ca­tion se limite toute­fois au Midi (pilo­tage et dump), aux mises à jour d’OS et au char­ge­ment des échan­tillons (lien vers enca­dré « Sample memory »). Nous avons testé la mise à jour de l’OS via Midi et USB2, tout fonc­tionne sans problème sur Cubase/PC en utili­sant un tempo lent. L’opé­ra­tion dure entre 2 et 5 minutes. Le Blofeld est capable de travailler en CC et/ou Sysex en émis­sion. Il reçoit les diffé­rents messages Midi sur 16 canaux. En mode Multi, des filtres Midi (chan­ge­ments de programmes, récep­tion de certains messages, contrô­leurs…) sont prévus pour chaque canal. Aucun éditeur n’est à ce jour dispo­nible chez le construc­teur, donc pour l’in­té­gra­tion totale, il faudra être patient.

L’er­go­no­mie de la machine mérite qu’on y revienne un instant. On sent que tout a été pensé pour faci­li­ter la prise en main. À commen­cer par le cali­brage des enco­deurs, crucial. Lorsqu’un para­mètre est bipo­laire (par exemple, le detune d’un oscil­la­teur), la courbe de réponse « ralen­tit » à l’ap­proche du zéro, ce qui permet de centrer plus faci­le­ment le réglage. Mieux, les enco­deurs sont sensibles à la vitesse de rota­tion, permet­tant d’at­teindre plus faci­le­ment les valeurs extrêmes. Malgré la pléthore de programmes et de para­mètres, on n’est jamais perdu. En mode de jeu (programme simple ou multi), l’en­co­deur en haut à gauche permet de navi­guer à travers les programmes. Les 2 enco­deurs sous l’écran sélec­tionnent alors la banque (A à H) et la caté­go­rie (13 types), ce qui permet une navi­ga­tion aisée parmi les 1024 programmes en mémoire.

Pour modi­fier les para­mètres, il y a 2 possi­bi­li­tés : la première consiste à utili­ser la matrice de commandes directes située sur la partie droite de la machine. En colonne, 4 pous­soirs permettent de sélec­tion­ner les 40 prin­ci­paux para­mètres de synthèse séri­gra­phiés (voir photo) : oscil­la­teurs, filtres, modu­la­tions, effets, arpèges. Les 4 enco­deurs en ligne permettent alors de modi­fier direc­te­ment les valeurs, qui sont reflé­tées sur l’écran. Il s’agit d’un LCD bleu pâle 128 × 64 points du plus bel effet. L’édi­tion est graphique : courbes de filtre, enve­loppes, LFO, table de mixage y sont affi­chés en temps réel. Le second mode d’édi­tion permet de descendre dans les quelque 250 para­mètres que comprend un programme. L’en­co­deur en haut à gauche permet de navi­guer entre les pages de menus, alors que les 2 enco­deurs sous l’écran permettent de modi­fier les para­mètres de la page en cours. Rien de plus simple. Là encore, l’édi­tion est graphique. Petit défaut d’er­go­no­mie tout de même, lorsqu’on quitte une page de cette manière, cela n’est pas reflété sur la partie matri­cielle de droite. C’est un peu dérou­tant dans certains cas, car les para­mètres éditables par la matrice ne le sont pas dans les menus et réci­proque­ment.

Blofeld

 

À l’écoute

Module ou clavier ?

Le Blofeld clavier reprend l’en­semble des commandes du module, implan­tées sur la partie gauche, tout en embarquant un clavier 49 touches dyna­miques (sensibles à la vélo­cité et à la pres­sion) et 2 molettes de modu­la­tion. Il possède toute­fois certaines amélio­ra­tions : sur la façade, 2 boutons de trans­po­si­tion d’oc­tave et un bouton assi­gnable à un CC Midi. À l’ar­rière, quelques prises supplé­men­taires : un Midi Out (ah !) et une prise pédale. L’ali­men­ta­tion, elle, est interne, tant mieux ! Enfin, la machine renferme une mémoire Flash de 60 Mo permet­tant d’im­por­ter des multié­chan­tillons (voir l’en­ca­dré « Sample Memory » page 5). Le Blofeld module dispose déjà de cette mémoire interne, mais il faut l’ac­ti­ver en ache­tant une licence « SL » (99 euros en mars 2009) sur le site du construc­teur ou chez un reven­deur. Nous avons procédé à la mise à jour qui se fait par envoi de 3 fichiers Sysex : le premier iden­ti­fie le numéro de série, le deuxième débride l’ins­tru­ment et le troi­sième charge une banque de multié­chan­tillons.

En se prome­nant dans les 1024 programmes d’usine, il est indé­niable que le Blofeld couvre un terri­toire sonore très vaste. Ses domaines de prédi­lec­tion : les cordes synthé­tiques, les cuivres analo­giques, les nappes numé­riques évolu­tives, les émula­tions de PPG, les chœurs synthé­tiques, les effets spéciaux et les percus­sions. Ceux qui aiment les médiums aigus brillants seront comblés, en parti­cu­lier les pianos FM et les orgues. Le Blofeld sonne très clean et prévi­sible, rien à voir avec les bruits numé­riques qui sortent de notre PPG. Il sonne aussi moins orga­nique, bien que la modé­li­sa­tion du filtre PPG soit une réus­site (plus à ce sujet ci-après).

En revanche, le Blofeld est moins présent dans les basses synthé­tiques percu­tantes ou grasses, tout comme dans les leads déchi­rants qui néces­sitent du retrai­te­ment, notam­ment les niveaux audio. Nous avons remarqué que ceux-ci étaient faibles, 15 à 20 dB sous la « normale » pour une machine numé­rique moderne, même avec des courbes de réponse en vélo­cité light. C’est curieux, car en pous­sant les préam­plis de la console, il n’y a pas de bruit de fond notable. Comparé au Micro­wave XT, le Blofeld reste en retrait tant sur le niveau audio, la présence dans les basses et la défi­ni­tion de l’image stéréo.

Arrière

 

Moteurs sonores

Blofeld

Le signal est produit par un maxi­mum de 3 oscil­la­teurs, 2 filtres et un VCA stéréo. Les 2 premiers oscil­la­teurs peuvent utili­ser des ondes analo­giques modé­li­sées (impul­sion, dent de scie, triangle, sinus), des tables d’ondes numé­riques ou des samples impor­tés (voir l’en­ca­dré « Sample Memory » page 5). Le troi­sième oscil­la­teur « se contente » des ondes modé­li­sées. Ces dernières, issues de la tech­no­lo­gie déve­lop­pée sur le Q, offrent une réponse sans alia­sing sur une tessi­ture impres­sion­nante de 128 à 1/2 pieds (9 valeurs, soit 8 octaves !). Chaque oscil­la­teur peut être préci­sé­ment réglé : detune, volume, balance vers les 2 filtres… La largeur d’im­pul­sion, modu­lable, ne peut hélas pas dépas­ser 50%, dommage. Un para­mètre de brillance permet de modi­fier le contenu harmo­nique des impul­sions et dents de scie.

Sur les 2 premiers oscil­la­teurs, on peut rempla­cer les ondes clas­siques par l’une des 66 tables, copies des tables du Q et du Micro­wave 2/XT. Elles sont toute­fois reco­dées en 16 bits au lieu des 12 d’ori­gine. Chaque table comporte jusqu’à 64 ondes plus ou moins proches, que l’on peut balayer à partir d’un point origine para­mé­trable. Le balayage est modu­lable grâce à la matrice (voir ci-après), donc peut s’ef­fec­tuer en coup unique, en bouclage, dans tous les sens, plus ou moins vite. Par exemple, on peut utili­ser un LFO pour une lecture alter­née, une enve­loppe pour une évolu­tion plus complexe, la vélo­cité de frappe, la pres­sion ou la molette. Les Micro­wave étaient limi­tés à une table d’onde pour les 2 oscil­la­teurs (avec toute­fois des points origines de lecture et des modu­la­tions sépa­rés) ; le Blofeld va plus loin, puisque les 2 oscil­la­teurs ont chacun leur table. Au programme des tables en mémoire (non exten­sible), on trouve des réso­nances, des PWM, des formants de voix, des orgues, des cloches et des spectres plus ou moins bizarres, dont des Karplus Strong rendus célèbres par le Syncla­vier. Le para­mètre de « Brillance » permet de contrô­ler la qualité des tables. Cela permet d’avoir un contrôle sur la « propreté » des ondes, allant de l’ul­tra clean aux arte­facts métal­liques carac­té­ris­tiques des PPG / Wave / Micro­wave. La poly­pho­nie du Blofeld est de 25 voix, mais elle tombe à 20 voix si on utilise un oscil­la­teur à table d’ondes et à 10 si on en utilise deux.

Pluie de filtres

Sample Memory

La mémoire Flash de 60 Mo permet d’im­por­ter jusqu’à 128 multié­chan­tillons à partir d’un ordi­na­teur, pour les trai­ter ensuite avec les nombreux outils de synthèse, à la manière d’un Nord Wave. Nous avons testé la V1 des échan­tillons d’usine, conte­nus dans un fichier MID de 31 Mo. L’ins­tal­la­tion a été périlleuse, le Blofeld étant un peu « touchy » avec les Sysex trop denses : 25 minutes pour l’im­port, puis plan­tage total du DSP, puis reboot avec logi­ciel de secours, puis réins­tal­la­tion de l’OS V1.12, puis re-25 minu­tes… tout s’est fina­le­ment bien terminé. Désor­mais, les 2 premiers oscil­la­teurs proposent 41 samples prêts à l’em­ploi, dont une dizaine de multi­samples : clavi­net, piano acous­tique, guitare, B3, chœur clas­sique, section de cors français, flûte, cordes, marimba, kalimba ; puis une tren­taine d’échan­tillons simples : hit-hat ouvert/fermé, 4 cymbales, percus­sions latines, tubu­lar bell, sons orches­traux et divers bruits. Le niveau est très moyen, très infé­rieur au Nord­Wave que nous avons testé récem­ment. Peu de samples, certains bouclages audibles, pas de stéréo. Le B3, les chœurs, les cors français, le marimba et les autres percus­sions sortent un peu du lot. Pour ceux qui veulent tout de même écou­ter le piano acous­tique… Nous atten­dons vive­ment une meilleure qualité et surtout un éditeur pour assem­bler nos propres échan­tillons ! Lorsqu’on utilise un sample sur un oscil­la­teur, la poly­pho­nie tombe à 14 voix, dur dur…

Quel que soit le mode de synthèse utilisé, les oscil­la­teurs peuvent s’in­ter­mo­du­ler : FM (sur les 3 oscil­la­teurs), synchro (oscil­la­teur 2 sur 3), modu­la­tion en anneau (oscil­la­teurs 1 et 2). Sans oublier le géné­ra­teur de bruit à couleur conti­nuel­le­ment variable. Bref, une section ultra musclée venant étendre la palette sonore déjà très vaste. On peut jouer tout cela en poly­pho­nie ou à l’unis­son (avec désac­cord pour gros­sir le son), enclen­cher un glide… la totale ! Chaque géné­ra­teur sonore dispose d’un para­mètre de balance, qui gère la quan­tité de signal envoyé dans chacun des 2 filtres. Ceux-ci sont multi­modes réso­nants : passe-bas (24 et 12 dB/o), passe-bande (idem), passe-haut (idem), réjec­tion (idem), peigne (posi­tif et néga­tif) et PPG. Ils peuvent être arran­gés en série ou en paral­lèle. Les filtres sonnent numé­rique, à l’ex­cep­tion du filtre PPG qui simule le circuit origi­nel SSM2044 des Wave 2.2/2.3, un passe-bas 4 pôles (24 dB/o).

Plutôt que de longs blabla, nous avons préparé 10 exemples audio à base d’un son clas­sique, à savoir 2 PWM légè­re­ment désac­cor­dées et balayées par 2 LFO en oppo­si­tion de phase. La première série permet d’ap­pré­cier l’ou­ver­ture et la ferme­ture des filtres avec une réso­nance moyenne : passe-bas (24, 24PPG, 12), passe-bande (24, 12), passe-haut (24, 12), réjec­tion (24, 12), peigne (posi­tif, néga­tif). La seconde série s’at­tarde sur l’auto oscil­la­tion plus ou moins bien maîtri­sée de la réso­nance. ATTEN­TION LES OREILLES ET LES HP ! Les ferme­tures de filtre sont en effet très violentes, donc il est conseillé d’at­té­nuer les niveaux pour préser­ver ses tympans et ses voisins : passe-bas (24, 24PPG, 12), passe-bande (24, 12), passe-haut (24, 12), réjec­tion (24, 12), peigne (posi­tif, néga­tif). Pour ceux qui n’ont pas écouté ou ceux qui ne peuvent plus entendre, il ressort de ces exemples les points suivants : la réponse de la fréquence de coupure est propre et régu­lière ; les filtres sont tout de même métal­liques ; les modes 24 et 12 dB se diffé­ren­cient assez peu, ce qui trahit un manque de sélec­ti­vité ; les réso­nances à haut niveau sont mal maîtri­sées. Le Micro­wave XT que nous avons mis côte à côte ne présente pas ces problèmes et a beau­coup plus de présence (même si son second filtre est bien plus pauvre), une meilleure image stéréo et une sortie audio plus puis­sante. Seule excep­tion, le filtre PPG émulé, vrai­ment au-dessus du lot, par sa musi­ca­lité sur toute sa réponse en fréquence, quel que soit le niveau de réso­nance. Une bonne approche de l’ori­gi­nal que nous avons égale­ment mis côte à côte. Les filtres en peigne sont aussi très utiles, mais tolèrent moins les excès de réso­nance, sauf si on recherche des effets spéciaux ou la perte immé­diate d’au­di­tion. Chaque filtre possède des modu­la­tions internes : tracking, FM, drive (avec diffé­rentes courbes de satu­ra­tion) et une posi­tion modu­lable dans le spectre stéréo. Impres­sion­nant !

Modu­la­tions exhaus­tives

Dans le Blofeld, il y a 4 enve­loppes multi­seg­ment (dont 2 préaf­fec­tées aux filtres et à l’am­pli­tude), pouvant fonc­tion­ner en ADSR ou en ADS1D­S2R, en coup unique ou en boucle. Elles sont rapides, comme en témoigne cette séquence. On trouve aussi 3 LFO très complets, offrant 6 formes d’ondes clas­siques (sinus, triangle, carrée, dent de scie, aléa­toire et sample & hold). La fréquence oscille sur des périodes allant de plusieurs minutes aux niveaux audio. La synchro avec l’hor­loge globale est prévue sur plusieurs divi­sions tempo­relles. Le départ du cycle peut être forcé ou laissé libre. Waldorf n’a pas oublié le délai, le fondu (appa­ri­tion ou dispa­ri­tion), la phase et le tracking clavier si pratique sur les PWM pour éviter les gargouillis désac­cor­dés dans les graves.

Blofeld

Tout ou presque se module dans le Blofeld : les oscil­la­teurs, les filtres, l’am­pli… grâce à une fantas­tique matrice de modu­la­tions à 16 patches, permet­tant de relier 30 sources à 54 desti­na­tions. Parmi les sources, les LFO, les enve­loppes, les contrô­leurs physiques, le tracking clavier, la vélo­cité (initiale, relâ­che­ment), la pres­sion et 4 CC Midi program­mables. Parmi les desti­na­tions, citons les oscil­la­teurs (accord, volume, point de lecture, FM, balance – tous ensemble ou sépa­rés), leur modu­la­tion en anneau (niveau, balance), les filtres (coupures, réso­nances, FM, drive, pano­ra­mique), les enve­loppes (chaque segment de chaque enve­loppe) et la vitesse des LFO. N’ou­blions pas la FM sur les oscil­la­teurs, qui a ses propres sources : les oscil­la­teurs eux-mêmes, le géné­ra­teur de bruit, les enve­loppes et les LFO. Enfin, 4 géné­ra­teurs de fonc­tions permettent de mélan­ger 2 sources de modu­la­tion suivant diffé­rentes opéra­tions mathé­ma­tiques : addi­tion, sous­trac­tion multi­pli­ca­tion, fonc­tions booléennes et compa­ra­tives (et / ou / mini / maxi). De quoi tritu­rer pendant de longues heures.

Arpé­gia­teur sympa­thique

Le synthés Waldorf offrent depuis long­temps de très bons arpé­gia­teurs. Le Blofeld ne déroge pas à la règle, bien au contraire. Stocké avec chaque programme, l’ar­pé­gia­teur est capable de mémo­ri­ser 16 notes pour fabriquer des motifs ryth­miques mono­pho­niques. Il peut fonc­tion­ner en boucle, en coup unique ou en Latch. Il utilise une combi­nai­son de 4 direc­tions (haut et bas avec 2 variantes) et de 16 motifs ryth­miques gérant la manière dont les notes sont égre­nées. Parmi ces 16 motifs, l’un est entiè­re­ment program­mable. Pour chaque pas, on déter­mine le statut de la note jouée, son accent, son timing, sa durée et son glide. L’écran permet de capter ce qu’il se passe de manière graphique. L’ordre des notes jouées est modi­fiable, ainsi que la plage d’ac­tion sur 1 à 10 octaves. Voici quelques exemples d’uti­li­sa­tion de cet arpé­gia­teur très complet.

Effets moyens

Le Blofeld offre 2 petits multief­fets de puis­sances diffé­rentes. L’en­voi vers ces effets est réglable fine­ment, de 0 à 100% (inser­tion). Le premier est capable de géné­rer des algo­rithmes de chorus, flan­ger, phaser, over­drive et un triple effet. Le chorus est bien fichu et permet de réchauf­fer le son, en réglant vitesse et profon­deur. Le flan­ger ajoute des para­mètres de feed­back et pola­rité. Il est un peu plus lourd. Le phaser rajoute les réglages de la fréquence centrale et de l’éloi­gne­ment rela­tif des bandes de filtrage. L’over­drive offre 12 types de réponses plus ou moins lourdes, avec réglage de charge et de coupure. Elle est moins contrô­lable que la satu­ra­tion des filtres, car elle est globale, donc plus on joue de notes, plus on sature le signal de manière incon­trô­lée. L’ef­fet triple combine un réduc­teur de fréquence d’échan­tillon­nage, un over­drive et un chorus. Il permet d’ajou­ter du bruit numé­rique comme l’alia­sing dans les aigus, pour les amateurs de lo-fi.

Blofeld&co

Le second effet ajoute 2 algo­rithmes plus gour­mands : délai et réver­bé­ra­tion. Le délai peut être synchro­nisé à l’hor­loge globale. Il est toute­fois très court (de l’ordre de la demi-seconde) et sonne très numé­rique. Pour sa part, la réverbe est métal­lique et a un effet de bouclage peu convain­cant, sauf à jouer sur les 2 bandes de fréquences para­mé­trables pour élimi­ner les hautes fréquences. Les effets consomment un peu de poly­pho­nie, ne sont pas modu­lables en temps réel et n’ap­portent pas toujours des résul­tats quali­ta­ti­ve­ment convain­cants, en parti­cu­lier les délais et réverbes. Raison de plus pour les utili­ser avec parci­mo­nie, sauf peut-être le chorus.

Enfin multi­tim­bral !

Depuis la V1.11, le mode multi­tim­bral du Blofeld est enfin complet. Chaque Multi offre 16 parties indé­pen­dantes. Pour chacun, on règle le numéro de programme, le canal Midi, le mode local on/off, le volume, le pano­ra­mique, la trans­po­si­tion, la tessi­ture, la fenêtre de vélo­cité et la réponse des contrô­leurs physiques. À nous les empi­lages mons­trueux ou les kits de percus­sions à la mode analo­gique, béné­fi­ciant des enve­loppes rapides et des filtres ultras réson­nants de la machine. Atten­tion toute­fois à la poly­pho­nie vite consom­mée, surtout sur les nappes avec release ! En mode multi­tim­bral, chaque partie conserve les réglages du premier effet, alors que le second est global et dépend des réglages du programme utilisé sur la partie 1. Les arpèges elles, suivent les programmes, si bien qu’on peut en faire tour­ner 16 en même temps. Au global, le Blofeld auto­rise la sauve­garde de 128 empla­ce­ments Multi utili­sa­teur.

Conclu­sion

Le Blofeld est la réin­car­na­tion des gloires passées de Waldorf et l’hé­ri­tage des PPG hybrides. La machine a de quoi inté­res­ser plus d’un musi­cien. C’est un instru­ment poly­va­lent, compact et solide, aussi bien fait pour la scène ou le studio, éditable en surface ou en grande profon­deur, doté d’une excel­lente ergo­no­mie. Côté sons, le Blofeld est capable d’une grande poly­va­lence, tant en modé­li­sa­tion analo­gique qu’en tables d’ondes, agré­men­tée d’une pléthore de filtres et de modu­la­tions. Sans oublier l’uti­li­sa­tion de multi­samples comme n’im­porte quelle forme d’onde. Mais la qualité audio, en parti­cu­lier les niveaux faibles et les graves en retrait, nous a un peu laissé sur notre faim. Quant au soft d’édi­tion des samples, il faudra encore atten­dre… Mais avec son excellent rapport perfor­mances / prix, le Blofeld a tous les atouts pour s’im­po­ser et contri­buer ainsi au grand retour de Waldorf.

 

 

  • Excellent rapport qualité / prix
  • Ergo­no­mie réus­sie
  • Nombre de programmes
  • Synthèses multiples
  • Trai­te­ment de multi­samples
  • Profon­deur d’édi­tion
  • Simu­la­tion du filtre PPG
  • Modu­la­tions exhaus­tives
  • Arpé­gia­teur puis­sant
  • Soli­dité de la boîte

 

 

  • Une seule sortie stéréo
  • Pas d’en­trées audio
  • Pas de Midi Out (module)
  • Niveaux audio et graves faiblards
  • Délais et réverbes métal­liques
  • Absence d’édi­teur
  • Qualité des samples V1

 

Inter­view de Stefan Sten­zel, refon­da­teur de Waldorf

Audio­Fan­zine : Stefan, pourquoi avez-vous décidé de faire renaître la marque Waldorf ?

Stefan Sten­zel : nous étions diffé­rentes personnes avec des exper­tises dans des domaines variés comme le hard­ware, le soft­ware, le marke­ting, la concep­tion, les finances et le droit. En évaluant les tech­no­lo­gies et la marque Waldorf, nous avons décidé que ces actifs, ajou­tés à nos compé­tences, repré­sen­taient une base solide pour conti­nuer la société. Comme nous étions pour la plupart impliqués dans Waldorf depuis long­temps, nous étions très moti­vés et avons commencé avec une forte impul­sion.

AF : qui sont les prin­ci­paux inter­ve­nants dans Waldorf?

Stefan : Frank Schnei­der (respon­sable produc­tion, déve­lop­pe­ment hard­ware et main­te­nance), Michael von Garnier (ventes inter­na­tio­nales), Joachim Flor (ventes natio­nales, rela­tions exté­rieures), Kurt Wangard (DG finances et ventes natio­nales), Wilfried Eckl (main­te­nance du serveur), Wolfram Franke (déve­lop­peur soft­ware) et moi-même (DG – direc­teur R&D).

AF : comment êtes-vous arri­vés au concept du Blofeld ?

Stefan : nous avons senti qu’il y avait du poten­tiel sur le marché pour un synthé hard­ware puis­sant, à un prix compa­rable au soft­ware. Les produits exis­tants étaient soit beau­coup plus chers, soit sans la profon­deur et la complexité dignes d’un synthé évolué. En choi­sis­sant des semi-conduc­teurs à la fois abor­dables et haute­ment inté­grés, avec des perfor­mances élevées, l’objec­tif semblait jouable et le projet a commencé.

AF : quels ont été les prin­ci­paux chal­lenges ?

Stefan : nous avons choisi une combi­nai­son de semi-conduc­teurs qui ne peuvent norma­le­ment pas bien coha­bi­ter. Il a donc fallu mettre le paquet sur le soft­ware pour faire fonc­tion­ner tout ça. En paral­lèle, nous avions décidé d’uti­li­ser des enco­deurs en acier inox et une solide coque en métal et cela a pris du temps avant d’ob­te­nir le bon niveau de qualité.

AF: que pensez-vous du résul­tat aujour­d’hui ?

Stefan : je pense que nous avons pris la bonne déci­sion de commen­cer par le Blofeld. Cela prouve que l’on peut conce­voir un super synthé avec un fantas­tique rapport qualité / prix, même en Alle­magne. Nous avons eu des retours très posi­tifs de musi­ciens du monde entier. Évidem­ment, cela nous fait très plai­sir.

AF: quelles fonc­tion­na­li­tés comp­tez-vous ajou­ter au Blofeld ?

Stefan : nous venons tout juste d’an­non­cer l’op­tion lecture d’échan­tillons, intro­duite avec le Blofeld clavier, dispo­nible sous forme de licence pour le module. Nous allons amélio­rer la section effets du hard­ware, mais nous allons surtout nous concen­trer sur le déve­lop­pe­ment de l’édi­teur. Il permet­tra la créa­tion d’échan­tillons par l’uti­li­sa­teur, la créa­tion de tables d’ondes comme sur le Waldorf Wave, l’im­port des programmes de la plupart des synthés Waldorf et d’autres choses encore.

AF : un mot sur la réédi­tion des Q et Q+?

Stefan : il y a une énorme demande pour cela, en parti­cu­lier le Q+, donc nous avons commencé à les produire à nouveau. J’ai récem­ment testé des Q+ Phoe­nix Editions et ce sont vrai­ment des instru­ments merveilleux. J’hal­lu­cine toujours en voyant qu’un signal avec un parcours aussi complexe (jusqu’à 5 conver­sions AD/DA) fonc­tionne en temps réel avec un son aussi fluide et aussi chaud.

AF: qu’en est-il du projet Strom­berg ?

Stefan : le Strom­berg est l’un de nos futurs projets, il est en train de subir des évolu­tions majeures, parce que nous prépa­rons quelques surprises de taille… parmi lesquelles de nouvelles formes de synthèse, que nous n’al­lons pas révé­ler pour le moment.

AF : que pouvons-nous vous souhai­ter ?

Stefan : souhai­tez-nous à tous la santé et une longue vie, ça n’a pas de valeur et c’est le préa­lable à tout le reste !


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