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Test du Korg Volca Bass - Basse et compagnie

6/10

Deux ans après la sortie du Monotribe, Korg récidivait avec 3 modules synthés/BAR nomades. C’était en 2013, il nous aura fallu près d’un an pour récupérer le trio. Allez hop, sous le bras, direction les pistes enneigées !

Comme chaque année à cette époque, c’est les vacances à la montagne entre potes. L’an­née dernière, Paulo, accom­pa­gné de sa gratte, s’est pris une bonne bran­lée par le Mono­tribe (cf. test). Il va donc sans dire que cette année, il a mis les bouchées doubles : Strat vintage, préam­pli vintage, ampli vintage, effets vintage, réper­toire vinta­ge… aucun doute, les grou­pies vont succom­ber. Mais juste avant le départ, trois petits cartons estam­pillés Volca Bass, Beats et Synth sont arri­vés. Vu leur taille rikiki, ils sont rentrés sans problème dans les valises, entre les gants et le blou­son… Est arrivé le grand soir, est venu le moment où San Fran­cisco allait s’em­bru­mer et tout d’un coup, paf, panne de jus ! Suivie d’un grand blanc (si on peut dire). Et Paulo qui a laissé la Folk au studio…

À peine une bougie provi­den­tielle allu­mée que surgit du fond de la nuit un beat élec­tro-pop bien (modes­te­ment) construit avec un soupçon de basse acidu­lée, une poignée de percus­sions synthé­tiques et une pointe de lead inci­sif. Avec leurs piles, leur câble synchro et leur HP inté­gré, les Volca donnent de la voix en cadence et dans le noir. Quelques petits coups de potards rétro-éclai­rés bien dosés, des enchaî­ne­ments judi­cieux et des slides faits main suffisent à détour­ner les grou­pies du pauvre Paulo qui maudit le transfo EDF du coin sur 25 géné­ra­tions. Voyons la suite…

Points communs

Korg Volca Bass

Chaque Volca est dédié à une appli­ca­tion : synthé lead, synthé basse et BAR. Toute­fois, tous partagent un certain nombre de carac­té­ris­tiques. D’abord, le physique : format paral­lé­lé­pi­pède rectangle, construc­tion plas­tique moyen­ne­ment robuste (certains potards bougent large­ment sur leur axe), taille réduite (19 × 11 × 5 cm), poids plume (moins de 400 grammes). Ensuite, la répar­ti­tion des commandes en façade : en partie supé­rieure, on trouve l’en­semble de la connec­tique, avec de gauche à droite : inter­rup­teur marche/arrêt, entrée pour alimen­ta­tion externe (DC 9V, modèle KA-350 hélas en option), entrée MIDI unique (donc pas de sortie), entrée & sortie synchro (format mini-jack) et sortie casque mono (mini-jack) ; c’est d’ailleurs la seule sortie audio dispo­nible sur un Volca. En partie centrale, on trouve l’es­sen­tiel des commandes, diffé­rentes pour chaque modèle (nous en repar­le­rons). Enfin, la partie basse est dédiée au clavier capa­ci­tif tactile : une rangée de 16 touches pour les Volca Bass et Volca Beats, ou deux rangées tota­li­sant 27 touches posi­tion­nées comme un clavier de piano (Volca Keys).

Korg Volca Bass

Un petit haut-parleur est inté­gré sous la machine, ce n’est pas le meilleur choix possible, mais c’est l’un des seuls endroits dispo­nibles ; il est auto­ma­tique­ment coupé dès qu’un mini-jack est enfoncé dans la sortie casque. C’est aussi sous la machine que l’on trouve la trappe pour l’ali­men­ta­tion par piles (type 6AA four­nies), rendant ainsi les Volca tota­le­ment auto­nomes. Le construc­teur annonce une auto­no­mie de 10 heures avec des piles alca­lines. La mise à jour de l’OS ne se fait pas par la prise MIDI In, mais via l’en­trée Sync, au moyen d’un fichier audio WAV, comme sur une Mono­tribe ; nous avons d’ailleurs passé notre Volca Beats de test en OS 1.02 (en veillant bien à désac­ti­ver les sons système et les effets sur la sortie casque de notre PC). En temps normal, cette entrée Sync permet, en conjonc­tion avec un petit cordon fourni connecté à une sortie Sync, de synchro­ni­ser le tempo de plusieurs Volca /Mono­tribe. Voilà pour les points communs aux 3 Volca.

Inspec­tion des lieux

Korg Volca Bass

Comme pour ses frères de son, la façade du Volca Bass est divi­sée en trois sections : connec­tique en haut, commandes au centre et clavier capa­ci­tif en bas. En haut, entre les éléments de connec­tique, on trouve 4 potards éclai­rés : un pour le tempo et trois pour l’en­ve­loppe (attaque, Decay/Release conju­gués, inten­sité sur le Cutoff du filtre). Cette enve­loppe peut agir sur le filtre et sur le volume (fonc­tion AMP EG ON). Bien au centre, on trouve une rangée de 9 potards en plas­tique ; certains ont un design type alu satiné ; celui dédié à la coupure du filtre est plus gros que les autres, histoire de le trou­ver tout de suite en live ! Ces potards commandent l’oc­tave (1 à 6, ce qui permet de couvrir une large tessi­ture), la réso­nance du filtre, la coupure du filtre, la vitesse du LFO, l’in­ten­sité du LFO, les fréquences des 3 VCO et le volume global.

Toujours au centre, un écran à 4 diodes 7 segments + point (affi­chage de certaines valeurs en cours d’édi­tion) et 8 boutons de commande : mémoire/écri­ture, mode pas à pas, trans­port du séquen­ceur, sélec­tion/coupure des 3 VCO et touche de fonc­tion. En partie infé­rieure, la rangée de 16 touches tactiles permet, en plus de program­mer les pas des séquences, d’ac­cé­der à des fonc­tions supplé­men­taires : mode de jeu des VCO (nous y revien­drons), cible du LFO (ampli­tude, pitch, filtre), forme d’onde du LFO (triangle, carré), forme d’onde des VCO (dent de scie, carrée) et réglages d’en­ve­loppe (acti­va­tion du Sustain, assi­gna­tion de l’en­ve­loppe au volume).

Sons et synthèse

Le Volca Bass est un mini-séquen­ceur analo­gique orienté basses et leads (puisque sa fréquence évolue sur plus de 7 octaves). Son carac­tère sonore est très typé MS-20 / Mono­tribe, avec un filtre 2 pôles un peu trash, surtout à réso­nance élevée. Le filtre entre en auto-oscil­la­tion, avec une belle insta­bi­lité poussé à fond. Ce n’est pas du tout le type de sono­rité ronde et infra­basse à la Moog, mais plutôt un inter­mé­diaire entre un MS-20 inci­sif et une TB-303 acidu­lée ; certains disent que c’est un filtre à diodes dérivé des 800DV et MS50. L’en­ve­loppe est assez rapide à la détente et le LFO monte très haut en fréquence ; par contre, la course du potard est bizarre, avec une accé­lé­ra­tion aux ¾ de la plage diffi­cile à contrô­ler ; à fréquence élevée, l’in­ten­sité de modu­la­tion du LFO semble s’ef­fon­drer, on n’en­tend pas les effets habi­tuels qu’une telle oscil­la­tion devrait produire sur le spectre audio.

Korg Volca Bass

Là où le Volca Bass va plus loin qu’une simple ligne de basses/leads, c’est dans les diffé­rents modes de ses 3 VCO : le premier rend les 3 VCO tota­le­ment indé­pen­dants, ayant sa piste de séquence 16 pas ; le deuxième groupe 2 VCO et laisse le troi­sième indé­pen­dant ; on peut ainsi créer une piste avec un son un peu plus épais, en désac­cor­dant les VCO (sur plus ou moins une octave) et une seconde piste indé­pen­dante à 1 VCO ; le troi­sième mode, enfin, regroupe les 3 VCO ; on passe donc à une seule piste de séquence avec un son très épais et/ou à inter­valles fixes. Dans les modes à VCO indé­pen­dant, il s’agit de para­pho­nie (et non de poly­pho­nie), puisque les 3 VCO partagent la même chaîne VCF-VCA. Ques­tion qualité audio, le Volca Bass est assez moyen. Les niveaux sont certes élevés, mais il y a un souffle audible quel que soit le niveau de volume réglé. 

 

Volca Bass 1 VCO Saw
00:0000:35
  • Volca Bass 1 VCO Saw 00:35
  • Volca Bass 2 VCO Sqr 00:42
  • Volca Bass 3 All3VCO Mix 01:00
  • Volca Bass 4 2&1VCO 01:01
  • Volca Bass 5 Big Butt 2VCO 00:30
  • Volca Bass 6 Big Butt 3VCO 00:22
  • Volca Bass 7 Presets 00:54

Séquences et modu­la­tions

Korg Volca Bass

L’in­té­rêt du Volca Bass serait limité s’il ne compor­tait pas un séquen­ceur interne. Celui-ci permet de mémo­ri­ser 8 séquences de 1 à 16 pas, ce qui n’est pas ce qu’on trouve de plus géné­reux. On aurait fran­che­ment préféré le double sur les deux tableaux, car pour une perfor­mance live, c’est un peu court (ou alors il faut en ache­ter 2 !). La machine se joue, se programme et s’édite aussi bien en temps réel qu’en pas-à-pas, sans arrê­ter le work­flow. On peut ainsi passer d’un mode à l’autre, ajus­ter les sons, reve­nir au jeu… C’est d’ailleurs un point fort indé­niable des Volca ! Par contre, le sens de lecture se fait unique­ment à l’en­droit, aucun mode alterné ou aléa­toire n’est prévu.

Korg Volca Bass

Dans une séquence donnée, on peut choi­sir d’igno­rer certains pas, qui ne seront donc ni repro­duits, ni enre­gis­trés. C’est le seul moyen de faire des divi­sions tempo­relles un peu exotiques et c’est global pour la séquence. On lance l’en­re­gis­tre­ment avec la touche idoine, que la machine tourne ou pas. Pour les modes où les VCO sont indé­pen­dants, il suffit de sélec­tion­ner le VCO souhaité avec l’une des 3 touches prévues à cet effet pour bascu­ler d’une piste à l’autre de la séquence, toujours sans arrê­ter l’en­re­gis­tre­ment en cours. Pour chaque pas, on peut acti­ver un effet Slide, permet­tant de lier les notes entre deux pas consé­cu­tifs ; le pitch glisse alors comme un porta­mento, alors que le cycle du LFO et l’en­ve­loppe ne sont pas redé­clen­chés ; cela simule le compor­te­ment de la TB -303. Voilà tout ce qu’on peut enre­gis­trer comme évolu­tion de modu­la­tion dans la Volca Bass, ce qui est un peu déce­vant. On aurait aimé pouvoir mettre un accent ici, modu­ler le filtre là…

Cela pourra se faire partiel­le­ment via MIDI, puisque certains para­mètres de synthèse du Volca Bass répondent aux CC MIDI ; sont exclues de la liste la fréquence et la réso­nance du filtre, qui semblent comman­dées en direct par les potards (sans passage par une conver­sion numé­rique). Le MIDI sert aussi à pilo­ter les notes (avec vélo­cité assi­gnée au volume), le pitch bend, le séquen­ceur et bien évidem­ment l’hor­loge. Ce qu’il manque par contre, c’est une fonc­tion d’ac­cen­tua­tion de certains pas. Dès qu’on est satis­fait, il ne faut pas oublier de sauve­gar­der la séquence dans l’un des 8 empla­ce­ments mis à dispo­si­tion. En revanche, aucun moyen d’ex­por­ter son travail, c’est bien dommage !

Conclu­sion

Voici donc un petit module séquen­ceur à basses & leads sympa­thique, pour ceux qui n’ont pas le budget d’une TB -303. Le son est origi­nal, type acide un peu trash, l’au­to­no­mie est totale, le Slide n’a pas été oublié et le work­flow est bien pensé. On regret­tera une mémoire un peu light, l’ab­sence totale d’ef­fets, l’im­pos­si­bi­lité d’en­re­gis­trer des évolu­tions de para­mètres de synthèse et le bruit de fond somme toute audible. Loin d’être un gadget ni un dévo­reur de porte­feuille, le Volca Bass se veut une alter­na­tive sonore et finan­cière à la TB -303, qui mérite d’être emmené sur toutes les scènes où les lignes de basses synthé­tiques un peu crades sont de mise.

Merci à LaBoi­te­Noi­re­Du­Mu­si­cien.com qui nous a prêté le maté­riel !

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

Notre avis : 6/10

  • La qualité sonore globale
  • Les possibilités de synthèse très complètes
  • Les différents modes des VCO
  • Le grain du filtre passe-bas résonant
  • Les modes temps réel/pas-à-pas du séquenceur
  • Le workflow sans interruption
  • La fonction Slide programmable
  • La réponse de quelques paramètres aux CC MIDI
  • Le côté totalement autonome
  • Le prix abordable
  • Le souffle en toile de fond
  • Lecture des séquences uniquement à l’endroit
  • Aucun mouvement de potard programmable en interne
  • L’absence d’effets
  • La mémoire un peu chiche
  • L’alimentation externe non fournie

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