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Test du Q rack de Waldorf - Obsession analogique

9/10

Waldorf décline le Q, synthé haut de gamme à modélisation analogique, dans une version rack plus compacte et plus abordable. Sous le capot, le Q Rack embarque le nouvel OS V2, lui permettant de jouir d’une multitude de nouvelles fonctions alléchantes. Voyons comment se place ce petit Q.

Test du Q rack de Waldorf : Obsession analogique

(Test initia­le­ment paru en juin 2000)

Lorsque Waldorf sort son Q en 1999, le construc­teur annonce clai­re­ment qu’il s’agit d’une version limi­tée en promet­tant un OS défi­ni­tif avant la fin de l’an­née. La société germa­nique nous avait même demandé de ne pas le tester avant plusieurs mois, par respect pour les clients poten­tiels – c’est dans le Q qu’on recon­naît ses amis, comme pensent certains de nos confrères. Ce n’est d’ailleurs qu’après l’OS 1.12 que le Q a commencé à se dévoi­ler. Depuis, deux évène­ments impor­tants se sont produits chez le construc­teur : la réali­sa­tion de l’OS 2.00 et la mise sur le marché d’une version expan­deur. Deux raisons suffi­santes pour remettre les mains sur le Q, obsé­dés que nous sommes des belles machines qui marchent vrai­ment. Doré­na­vant, la petite merveille de Waldorf dispose d’un mode multi­tim­bral complet, de tables d’ondes, de kits de percus­sions, d’une fonc­tion de morphing élabo­rée, d’un séquen­ceur à pas et d’un voco­deur. Tout cela nous rendra-t-il fan de Q ?

Joli Q…

Q5Embarqué dans une robe jaune doré très respec­tueuse de l’es­prit de famille, le Q Rack est un instru­ment utili­sable à la fois en console ou en rack 5U. Un bon point d’er­go­no­mie. En console, la machine prend une posi­tion oblique très pratique à l’usage, emprun­tant la géomé­trie du Micro­wave XT. Le panneau avant est couvert de commandes, consti­tuées de 27 poten­tio­mètres et 47 inter­rup­teurs d’édi­tion directe qui émettent tous des contrô­leurs Midi ou des Sysex. Hélas, c’est beau­coup moins que les 59 poten­tio­mètres de la version clavier. A part le 28ème poten­tio­mètre de volume, les autres poten­tio­mètres sont sans fin, ce qui permet une prise directe sur les valeurs stockées, sans saut intem­pes­tif. Ceux ratta­chés à des valeurs discrètes sont cran­tés, bien vu ! En revanche, on regrette que les deux poten­tio­mètres d’édi­tion situés sous le LCD ne le soient pas, car les touches + / – ont été oubliées. Les inter­rup­teurs ont tous une diode de statut, ce qui permet de s’y retrou­ver très vite. En revanche, il est impos­sible de connaître la valeur repré­sen­tée par les poten­tio­mètres, mis à part ceux permet­tant la sélec­tion des formes d’ondes entou­rés de diodes. Comme quoi il n’y a pas d’al­ter­na­tive aisée aux modes saut / seuil / rela­tif… mis à part les magni­fiques poten­tio­mètres cerclés de diodes du promet­teur Nord­Lead 3 ou les commandes moto­ri­sées du Mephisto de Touched By Sound, pour peu qu’il fran­chisse le Rhin. Pour retom­ber sur notre Q, voyons l’or­ga­ni­sa­tion géné­rale : la section oscil­la­teurs est logique­ment dispo­sée même si une seule tranche de commande est dispo­nible à la fois. Idem pour la section LFO. Les sections filtres, ampli­fi­ca­teur et effets sont ampu­tées de plus de la moitié. Seuls ont survécu les sections arpé­gia­teurs, enve­loppes, séquen­ceur et édition. Cette dernière dispose d’un LCD 2×20 carac­tères, de deux poten­tio­mètres d’édi­tion fonc­tions de la page menu en cours, de quatre touches de sélec­tion directe d’ins­tru­ments et d’une molette rouge signée Waldorf, permet­tant les chan­ge­ments de programmes en mode de jeu et de pages en mode d’édi­tion. Une touche shift vient compliquer un peu cette belle orga­ni­sa­tion en auto­ri­sant un second rôle à la plupart des commandes. A signa­ler les touches « write », « racall » et « compare » que les amateurs appré­cie­rons. On le sent déjà bien, ce Q !

…et beau derrière

Q rearSur le panneau arrière, les choses sont simples et bien faites. Le panneau lui-même est en défoncé par rapport au plan arrière, à l’ins­tar du Micro­wave XT et du Roland JP-8080, ce qui permet une mise en rack parfaite ou la pose en console contre un mur. Assez complète, la connec­tique se compose d’une prise pour câble d’ali­men­ta­tion à détec­tion de tension auto­ma­tique (ouf, l’ali­men­ta­tion externe du XT est passée à la trappe), d’une inter­face Midi In / Thru / Out, d’une entrée jack TRS pour deux pédales, d’une sortie numé­rique S/PDIF cynch travaillant à 44,1 et 48 kHz, de trois paires de sorties stéréo en jack 6,35 et d’une entrée stéréo en jack 6,35 TRS. Même si les prises gauches des sorties peuvent fonc­tion­ner en stéréo (TRS), il manque tout de même une prise casque dédiée avec la bonne impé­dance. Il y a deux possi­bi­li­tés complé­men­taires pour éditer les sons : les commandes directes du panneau avant et l’édi­teur de programmes. Ce dernier permet d’ac­cé­der aux para­mètres inac­ces­sibles direc­te­ment, soit de manière locale (oscil­la­teurs, mixeur, LFO, filtres, ampli­fi­ca­teur, effets, arpé­gia­teur, enve­loppes, séquen­ceur), soit de manière centrale (mode programme, morphing, matrice). En accès direct, l’écran affiche la valeur du para­mètre modi­fié pendant un temps program­mable par l’uti­li­sa­teur avant de retour­ner à l’af­fi­chage normal. On aurait préféré l’af­fi­chage simul­tané de la valeur d’ori­gine, comme c’est le cas sur le cousin germain Virus. Dès qu’un programme est altéré, la mémoire tampon permet de conser­ver les valeurs modi­fiées tant que le Q est allumé, même après un chan­ge­ment de programme. Un petit « e » indique que le programme a été modi­fié et pour reve­nir aux réglages sauve­gar­dés, il suffit d’en­ga­ger la touche « recall ». Bien vu !

Cris du Q

Q7Le Q Rack est un synthé­ti­seur poly­pho­nique 16 voix (exten­sible à 32 par carte interne) et multi­tim­bral 16 canaux. 16 voix de base, c’est bien mais y’a mieux, comme on dit chez Nova­tion et Access. Avant d’en­trer dans le Q plus en profon­deur, signa­lons que l’unité qui nous a été prêtée pour le test était en OS version 1.09. Après un petit télé­char­ge­ment depuis le site www.waldorf-gmbh.de et un coup de Midi­file ou presque, nous l’avons passé en version 2.03. Nous en avons d’ailleurs profité pour télé­char­ger le mode d’em­ploi actua­lisé (mais non traduit et destiné à la version clavier). Pour les inter­ne­to­phobes, le distri­bu­teur assure les mises à jour sur disquette, à la demande. Le Q est très agréable à écou­ter, avec un son à la fois épais et plein de détails évolu­tifs (ah, les matrices de modu­la­tion !). En 1999, nous avions trouvé les sons à attaque rapide pas assez dyna­miques. Aujour­d’hui, les courbes de réponse en vélo­cité et à l’en­ve­loppe VCA ont été reca­li­brées et la grosse patate est au rendez-vous. Nous avons appré­cié les ouver­tures de filtre, les empi­lages bien gras et les synchro­ni­sa­tion évolu­tives mons­trueuses. On découvre çà et là des programmes vrai­ment origi­naux, simu­lant des attaques de guitares acous­tiques ou de Clavi­net grâce au filtre en peigne (voir enca­dré) ou des cuivres en faisant usage d’une FM très rapide sur les oscil­la­teurs pendant les premières milli­se­condes. Dans sa banque d’usine, Waldorf n’a évidem­ment pas oublié les imita­tions de vieux coucous : basses et leads Moog, cuivres Oberheim, nappes Jupi­ter, strings ARP Solina, ensembles de Mello­tron (avec click simu­lant du retour des cassettes en note off). Termi­nons par les imita­tions de percus­sions analo­giques très bien faites : basses et caisses de TR-909, claps, hi-hat, toms Simmons… Signa­lons la possi­bi­lité d’em­pi­ler jusqu’à quatre sons en mode programme, en pres­sant simul­ta­né­ment les boutons « instru­ment » dési­rés. Fran­che­ment, le Q déborde de ressources !

QQ la praline

Q det1Pour expliquer une telle épais­seur sonore, il suffit de jeter un coup d’œil à la section oscil­la­teurs de la bête. Pas moins de 3 oscil­la­teurs, un géné­ra­teur de bruit et un modu­la­teur en anneau sont offerts. La tessi­ture excep­tion­nelle varie entre 128 et 1/2 pieds, du jamais vu ! Chaque oscil­la­teur est capable de géné­rer des formes d’ondes basiques (dent de scie, impul­sion à pas variable, triangle et sinus). Les deux premiers poussent le bouchon plus loin, permet­tant de passer en mode subos­cil­la­teur ou table d’ondes. Dans le premier cas, la forme d’onde est obli­ga­toi­re­ment carrée. Les réglages concernent le niveau et la divi­sion subhar­mo­nique (de 1 à 1/32, la dernière corres­pon­dant au cinquième de la fréquence d’ori­gine). Mieux, ces réglages sont des desti­na­tions de la matrice de modu­la­tion. Dans le second cas, chaque oscil­la­teur dispose d’une table d’ondes géné­rée par synthèse addi­tive, comme sur la série Wave / Micro­wave et le Virus d’Ac­cess. Le poten­tio­mètre de largeur d’im­pul­sion permet alors de choi­sir entre les 128 ondes consti­tuant la table. Le balayage des tables est auto­risé grâce à la matrice de modu­la­tion, ce qui permet au Q des sons hybrides vrai­ment inté­res­sants. Comme de plus chaque oscil­la­teur possède une FM interne, on peut empi­ler une onde analo­gique, une table d’onde et une onde modu­lée en fréquence : on imagine alors la richesse des sons ainsi obte­nus sans consom­ma­tion de poly­pho­nie. Mais cela ne s’ar­rête pas en si bon chemin : les deux premiers oscil­la­teurs possèdent un modu­la­teur en anneau et une synchro­ni­sa­tion. Pour ceux qui souhaitent faire parta­ger leur solo à tout le voisi­nage, un mode Unison avec désac­cord modu­lable permet d’em­pi­ler de deux à six notes par voix. Après tout cela, nos sources se retrouvent dans une section mixage juste avant de passer à la gamelle dans la section filtrage.

Casse Q

Q det2Les filtres du Q méritent que l’on s’y attarde quelque peu, tant sur du routage du signal que sur la diver­sité des modes. Chaque source sonore de la section oscil­la­teurs dispose d’une balance d’en­voi vers les deux filtres. Ainsi, chaque source peut être envoyé dans tout ou partie des deux filtres. On trouve ensuite une balance entre les deux filtres, confiée à un poten­tio­mètre couplé à deux diodes dont l’in­ten­sité varie suivant le routage. Ceci permet de passer en continu d’une confi­gu­ra­tion série à une confi­gu­ra­tion paral­lèle. On imagine alors la souplesse de routage, surtout que toutes ces balances peuvent être la cible de modu­la­tions. Comme si cela ne suffi­sait pas, la sortie de chaque filtre est ensuite envoyée dans un VCA stéréo avec pano­ra­mique séparé. Chaque filtre peut être indif­fé­rem­ment confi­guré en passe-bas, passe-bande, passe-haut, réjec­tion de bande et peigne. Les filtres clas­siques existent en modes 2 ou 4 pôles, les peignes sont posi­tifs ou néga­tifs (voir enca­dré). Chacun dispose d’une réso­nance pouvant être pous­sée à l’auto-oscil­la­tion. De plus, on trouve une FM tota­le­ment dosable et modu­lable, ainsi qu’un étage de satu­ra­tion pour salir le signal. Pour éditer simul­ta­né­ment les deux filtres depuis le panneau de commandes, il suffit d’ap­puyer sur les deux sélec­teurs prévus à cet effet. Certaines sources de modu­la­tion sont fixées : réponse de l’en­ve­loppe, la réponse en vélo­cité et le tracking sur le cutoff. Certaines desti­na­tions le sont aussi : cutoff, FM, pano­ra­mique sur chaque filtre, avec modu­la­tion bipo­laire. L’ef­fi­ca­cité de ces filtres est abso­lu­ment redou­table. La pléthore de para­mètres conduit à d’ou­tra­geux détour­ne­ments sonores vrai­ment origi­naux. Avec cette section, Waldorf nous présente les filtres les plus musi­caux, les plus complets et les plus puis­sante du marché. A tomber par terre !

Bouge ton Q

Q det3Le Q est plutôt doué pour les modu­la­tions. A commen­cer par les quatre enve­loppes sépa­rées dont la rapi­dité à la détente a nette­ment été amélio­rée. Chacune est dispo­nible en modes ADSR, ADS1D­S2R avec niveau d’at­taque, coup unique, loop (sur les deux segments de Sustain ou globa­le­ment). Lorsque le Q est en mode mono­pho­nique, les enve­loppes peuvent être ou non redé­clen­chées à chaque nouvelle pres­sion de touche. Pour­sui­vons avec les trois LFO en tous points iden­tiques, dotés chacun de six formes d’onde (sinus, triangle, carré, dent de scie, random et sample & hold). Sur le panneau avant, trois diodes dédiées permettent de visua­li­ser la fréquence de chaque LFO. Signa­lons la possi­bi­lité de synchro­ni­sa­tion Midi et l’exis­tence des para­mètres de tracking, de fondu et de phase. Mieux, les LFO sont capables d’os­cil­ler à des niveaux audio, au-delà de 1000 Hz, ce qui en fait des géné­ra­teurs supplé­men­taires avec suivi de clavier ! Mais le gros du sujet, c’est incon­tes­ta­ble­ment la matrice de modu­la­tion. Il y a en fait 2 matrices à 8 cordons chacune, la première étant spécia­li­sée sur les signaux à fréquence élevée (audio, FM) et la seconde sur les signaux clas­siques (contrô­leurs physiques par exemple). Pas moins de 31 sources et 37 modu­la­tions sont dispo­nibles pour la première, 31 sources et 59 desti­na­tions pour la seconde, sans comp­ter les modu­la­tions figées, affi­chant 14 sources et 14 desti­na­tions. Le luxe ! Sont entre autre concer­nés les largeurs d’im­pul­sion, les FM (oscil­la­teurs et filtres), les entrées audio, le routage des filtres, les réso­nances, les trackings, les pano­ra­miques et tous les segments des enve­loppes. Pour corser le tout, Waldorf a équipé le Q de quatre « Modi­fiers » permet­tant d’ef­fec­tuer des calculs entre deux sources : opéra­tions stan­dard, fonc­tions logiques, booléennes, valeur abso­lue, random, inté­gra­tion, déri­va­tion, proces­seur de lag et filtre passe bas. Comme si cela n’était pas suffi­sant, la machine est capable de réali­ser du morphing entre tous les para­mètres conti­nus de deux sons. Le manuel se montre d’ailleurs péda­go­gique et drôle : « le morphing n’est pas possible avec les effets. Que signi­fie­rait 50% de morphing entre un chorus et une distor­sion : une chor­sion, un disto­rus ? ». Pour morpher, il suffit de sélec­tion­ner la source de modu­la­tion (molette ou pres­sion) et le programme cible. Chapeau !

Q à Q

Q2Pour augmen­ter davan­tage son poten­tiel sonore et enchaî­ner les notes dans des ryth­miques endia­blées, le Q est équipé d’un arpé­gia­teur et d’un séquen­ceur de type analo­gique. L’ar­pé­gia­teur ressemble comme deux gouttes d’eau à celui du Micro­wave XT avec quinze motifs présé­lec­tion­nés et un motif utili­sa­teur mémo­ri­sable au sein de chaque programme. Il existe trois modes prin­ci­paux : marche, coup unique et tenu. Les réglages concernent la réserve de notes (1 à 16), la longueur de note, la tessi­ture (1 à 10 octaves), la direc­tion (haut, bas, alterné en haut ou en bas), l’ordre de la répé­ti­tion des notes (joué, inversé, prio­rité au numéro haut ou bas, prio­rité à la vélo­cité faible ou forte). Chacun des seize pas dispose de réglages de déclen­che­ment, d’ac­cen­tua­tion, de porta­mento, de timing et de longueur (avec legato). En mode multi­tim­bral, 16 arpèges distinctes peuvent tour­ner simul­ta­né­ment. C’est pas mal du tout ! Le séquen­ceur quant à lui propose la même struc­ture que ses ancêtres analo­giques avec des poten­tio­mètres dédiés sur chaque pas. Il y a 32 pas poly­pho­niques dotés de 4 para­mètres program­mables et modi­fiables en temps réel (coupure du filtre, vélo­cité, longueur de note et longueur de pas). Dommage qu’on ne puisse choi­sir les commandes de la façade comme c’est le cas sur le Poly­morph de Quasi­midi et le MS2000 de Korg. La mémoire est consti­tuée de 100 patterns, nous aurions préféré une sauve­garde avec chaque programme comme chez Korg. Mais l’ap­proche est diffé­rente. Korg utilise le séquen­ceur comme un ensemble de modu­la­tions en temps réel avec possi­bi­lité de morphing en continu entre les pas. Sur le Q, le séquen­ceur a plutôt un rôle ryth­mique, celui de faire tour­ner dans tous les sens des patterns de percus­sions ou des riffs. Ne nous en plai­gnons pas, car en terme de modu­la­tions, le Q se pose bien là !

Pan pan QQ

Q10L’une des grande amélio­ra­tions de l’OS 2.00 concerne l’im­plé­men­ta­tion de kits de percus­sions. La mémoire utili­sa­teur interne renferme 20 Drum­kits program­mables consti­tués d’un maxi­mum de 32 sons. Les sons sont issus des 300 programmes internes ou aux programmes de la carte Ram. Il est impos­sible de modi­fier les para­mètres de synthèse au sein du kit mais on peut régler, pour chaque instru­ment, le pano­ra­mique, la paire de sorties, la note initiale, la trans­po­si­tion et le volume. Ces réglages sont assez peu intui­tifs. En effet, on aurait aimé pouvoir sélec­tion­ner les fenêtres de tessi­ture direc­te­ment au clavier, avoir constam­ment le numéro de note sous les yeux (et pas dans l’une des pages d’édi­tion), dispo­ser d’un tracking clavier et d’avoir des départs sépa­rés vers les effets. Autre demande, l’ac­cès à quelques para­mètres de synthèse de base mémo­ri­sables direc­te­ment dans les kits, comme chez Clavia. Au lieu de cela, on gâche des empla­ce­ments programmes pour des sons assez peu utiles en dehors d’une orga­ni­sa­tion en kits. Signa­lons pour être complet qu’il n’y a qu’un seul drum kit acces­sible en mode multi­tim­bral. Ceci dit, saluons l’ini­tia­tive de Waldorf, qui a vrai­ment su faire bouger son Q.

Ras du Q

Q9Le Q peut regrou­per un maxi­mum de seize programmes diffé­rents (dont un drum kit) en mode multi­tim­bral. Leur sélec­tion s’opère à l’aide des quatre touches en conjonc­tion avec la touche shift, ce qui s’avère assez peu pratique à l’usage, surtout lorsqu’on édite un même para­mètre sur les seize canaux à la volée. Pour chaque canal, on défi­nit le programme, le pattern du séquen­ceur, le canal Midi, la sortie audio, le volume, l’ac­cor­dage, les fenêtres de vélo­cité et de tessi­ture. Deux remarques : le Q est capable de faire tour­ner 16 motifs d’ar­pèges et / ou 16 séquences simul­ta­né­ment, ce qui est un bon point. Par ailleurs, il n’y a pas de dosage séparé des effets ni de filtrage Midi complexe. Il faudra s’en conten­ter. Au global, le Q est capable de sauve­gar­der 300 programmes, 20 kits de percus­sions, 100 Multis et 100 patterns de séquences. L’in­ter­face PCMCIA permet de stocker 100 programmes, 10 Drum­kits, 50 Multis et 50 séquences sur les cartes actuel­le­ment dispo­nibles, ce qui est bien peu. Ne gâchons pas notre plai­sir et saluons Waldorf d’avoir conservé une fente sur son petit Q.

Q à l’air

Q6Le Q est équipé de deux multi-effets iden­tiques capables de géné­rer des algo­rithmes assez dépouillés : chorus (vitesse, profon­deur, délai), flan­ger (vitesse, profon­deur, feed­back, pola­rité), phaser (vitesse, profon­deur, centrage des pics, espa­ce­ment des pics, feed­back, pola­rité), délai (horloge, durée ou tempo, feed­back, pola­rité, cutoff, auto­pan), over­drive (drive, gain, cutoff), quin­tuple effet (sample & hold, over­drive, modu­la­tion en anneau, source audio, balance chorus / délai, vitesse de chorus, profon­deur de délai) et voco­deur (nous y revien­drons). Le routage des deux sections se fait unique­ment en série, dommage. En mode multi­tim­bral, les quatre premiers instru­ments conservent leurs réglages d’ef­fets, ce qui fait huit effets simul­ta­nés. Hélas, ceux-ci ne sont pas repro­gram­més au sein des Multis. Les douze autres canaux peuvent emprun­ter les quatre bus d’ef­fets grâce à un système de routage interne. Les effets du Q ne sont certes pas des plus pous­sés, mais ils rendent des services bien appré­ciables et tout à fait en rapport avec les sons produits par la machine. Surtout quand on connaît la suite !

Lèche Q

Q8La suite, c’est l’ar­ri­vée en force de la spécia­lité teutonne que nous atten­dions il y a un an, lors de notre compa­ra­tif (en dégus­tant une bière à Munich), en la personne d’un voco­deur stéréo­pho­nique 25 bandes. Certains concur­rents en étaient déjà équi­pés (32 bandes sur les Virus d’Ac­cess depuis l’OS 2.5, 40 bandes sur les Nova / Nova II / Super­nova II de Nova­tion et 12 bandes sur le JP-8080 de Roland). Sur le Q, le voco­deur est acces­sible sur l’un des deux proces­seurs d’ef­fets. On peut défi­nir le nombre de bandes (2 à 25) pour agir sur la préci­sion du signal de sortie. Avec 25 bandes, l’in­tel­li­gi­bi­lité est maxi­male. Malheu­reu­se­ment, il est impos­sible d’agir indi­vi­duel­le­ment sur chaque bande. En revanche, on peut fixer, en hertz, les fréquences des deux bandes extrêmes, les autres bandes étant inter­po­lées. Par ailleurs, le Q permet de déca­ler les bandes extrêmes du signal de synthèse par rapport à celles du signal d’ana­lyse (trans­po­si­tion de formants). C’est comme cela que l’on trans­forme une voix mascu­line en voix fémi­nine sans passer par la table d’opé­ra­tion. Les autres réglages globaux sur les bandes concernent la largeur et la réso­nance des filtres de synthèse, mais aussi l’at­taque et le déclin des suiveurs d’en­ve­loppes de la section analyse. Pour pallier l’ab­sence d’ac­cès aux niveaux indi­vi­duels des bandes, Waldorf a équipé le Q d’un EQ pseudo para­mé­trique, auto­ri­sant les para­mé­trages du niveau de la bande infé­rieure, des numéro et index de la bande inter­mé­diaire, ainsi que du niveau de la bande supé­rieure, les autres bandes étant inter­po­lées. Cela repré­sente beau­coup de para­mètres, ce qui nous fait regret­ter que l’édi­tion se fasse majo­ri­tai­re­ment via des pages menu. Les réglages sont sauve­gar­dés au niveau des 300 programmes. Il est possible d’uti­li­ser des sources internes ou externes pour les signaux d’ana­lyse et de synthèse, cela est très souple. En mode multi­tim­bral, un seul programme peut être vocodé, mais les autres peuvent être utili­sés comme sources. Sympa. Les résul­tats sont très satis­fai­sants et la pano­plie de para­mètres dispo­nibles auto­rise d’in­nom­brables bidouilles. Bravo !

Vive le Q !

Q3Le Q est une machine somp­tueuse, élitiste, avec une ergo­no­mie réus­sie et des perfor­mances remarquables. Sur le plan sonore d’abord, car la machine est capable de beau­coup d’épais­seur et de finesse, de punch et de douceur. Cette poly­va­lence est en liai­son directe avec les carac­té­ris­tiques tech­niques très sophis­tiquées : une section oscil­la­teurs musclée, des filtres surpuis­sants et des modu­la­tions extrê­me­ment pous­sées. Voici un instru­ment où la qualité et la quan­tité se côtoient sans se faire d’ombre. Si on ajoute le voco­deur, l’ar­pé­gia­teur et le séquen­ceur, on tangente le meilleur de la produc­tion d’ins­tru­ments de musique élec­tro­nique. Seules ombres au tableau, la rela­tive complexité de certains modes, la section effets sous dimen­sion­née en regard du reste de la machine et le manuel non traduit. Dans sa mise à jour 2.03 de l’OS, le Q est arrivé à matu­rité et la version rack repré­sente un excellent choix pour le musi­cien qui souhaite une machine complète et maniable. Autant le premier contact nous avait un peu laissé sur notre faim, autant le second nous a fran­che­ment impres­sion­nés. Inutile de dire qu’avec sa nouvelle bombe, Waldorf nous a démon­tré qu’entre analo­gique et Q, il n’y a qu’un doigt.

Notre avis : 9/10

  • Le son, à la fois pêchu et gras
  • La diversité des sons possibles
  • La qualité audio, irréprochable
  • Le panneau de commandes, ergonomique
  • L’existence d’un mode Drum maps
  • La simplicité générale d’utilisation
  • La souplesse de la matrice de modulation
  • L’arpégiateur, plus polyvalent qu’il n’y paraît
  • Le séquenceur de patterns
  • La section filtres, inégalée à ce jour
  • Le vocodeur, largement paramétrable
  • L’OS en Flash Ram et les promesses tenues
  • Certaines éditions menu, pas assez claires
  • Le manuel, pas traduit et inadapté au rack
  • La section effets, qui a encore du potentiel
  • La complexité du mode Drum maps

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