Waldorf décline le Q, synthé haut de gamme à modélisation analogique, dans une version rack plus compacte et plus abordable. Sous le capot, le Q Rack embarque le nouvel OS V2, lui permettant de jouir d’une multitude de nouvelles fonctions alléchantes. Voyons comment se place ce petit Q.
(Test initialement paru en juin 2000)
Lorsque Waldorf sort son Q en 1999, le constructeur annonce clairement qu’il s’agit d’une version limitée en promettant un OS définitif avant la fin de l’année. La société germanique nous avait même demandé de ne pas le tester avant plusieurs mois, par respect pour les clients potentiels – c’est dans le Q qu’on reconnaît ses amis, comme pensent certains de nos confrères. Ce n’est d’ailleurs qu’après l’OS 1.12 que le Q a commencé à se dévoiler. Depuis, deux évènements importants se sont produits chez le constructeur : la réalisation de l’OS 2.00 et la mise sur le marché d’une version expandeur. Deux raisons suffisantes pour remettre les mains sur le Q, obsédés que nous sommes des belles machines qui marchent vraiment. Dorénavant, la petite merveille de Waldorf dispose d’un mode multitimbral complet, de tables d’ondes, de kits de percussions, d’une fonction de morphing élaborée, d’un séquenceur à pas et d’un vocodeur. Tout cela nous rendra-t-il fan de Q ?
Joli Q…
Embarqué dans une robe jaune doré très respectueuse de l’esprit de famille, le Q Rack est un instrument utilisable à la fois en console ou en rack 5U. Un bon point d’ergonomie. En console, la machine prend une position oblique très pratique à l’usage, empruntant la géométrie du Microwave XT. Le panneau avant est couvert de commandes, constituées de 27 potentiomètres et 47 interrupteurs d’édition directe qui émettent tous des contrôleurs Midi ou des Sysex. Hélas, c’est beaucoup moins que les 59 potentiomètres de la version clavier. A part le 28ème potentiomètre de volume, les autres potentiomètres sont sans fin, ce qui permet une prise directe sur les valeurs stockées, sans saut intempestif. Ceux rattachés à des valeurs discrètes sont crantés, bien vu ! En revanche, on regrette que les deux potentiomètres d’édition situés sous le LCD ne le soient pas, car les touches + / – ont été oubliées. Les interrupteurs ont tous une diode de statut, ce qui permet de s’y retrouver très vite. En revanche, il est impossible de connaître la valeur représentée par les potentiomètres, mis à part ceux permettant la sélection des formes d’ondes entourés de diodes. Comme quoi il n’y a pas d’alternative aisée aux modes saut / seuil / relatif… mis à part les magnifiques potentiomètres cerclés de diodes du prometteur NordLead 3 ou les commandes motorisées du Mephisto de Touched By Sound, pour peu qu’il franchisse le Rhin. Pour retomber sur notre Q, voyons l’organisation générale : la section oscillateurs est logiquement disposée même si une seule tranche de commande est disponible à la fois. Idem pour la section LFO. Les sections filtres, amplificateur et effets sont amputées de plus de la moitié. Seuls ont survécu les sections arpégiateurs, enveloppes, séquenceur et édition. Cette dernière dispose d’un LCD 2×20 caractères, de deux potentiomètres d’édition fonctions de la page menu en cours, de quatre touches de sélection directe d’instruments et d’une molette rouge signée Waldorf, permettant les changements de programmes en mode de jeu et de pages en mode d’édition. Une touche shift vient compliquer un peu cette belle organisation en autorisant un second rôle à la plupart des commandes. A signaler les touches « write », « racall » et « compare » que les amateurs apprécierons. On le sent déjà bien, ce Q !
…et beau derrière
Sur le panneau arrière, les choses sont simples et bien faites. Le panneau lui-même est en défoncé par rapport au plan arrière, à l’instar du Microwave XT et du Roland JP-8080, ce qui permet une mise en rack parfaite ou la pose en console contre un mur. Assez complète, la connectique se compose d’une prise pour câble d’alimentation à détection de tension automatique (ouf, l’alimentation externe du XT est passée à la trappe), d’une interface Midi In / Thru / Out, d’une entrée jack TRS pour deux pédales, d’une sortie numérique S/PDIF cynch travaillant à 44,1 et 48 kHz, de trois paires de sorties stéréo en jack 6,35 et d’une entrée stéréo en jack 6,35 TRS. Même si les prises gauches des sorties peuvent fonctionner en stéréo (TRS), il manque tout de même une prise casque dédiée avec la bonne impédance. Il y a deux possibilités complémentaires pour éditer les sons : les commandes directes du panneau avant et l’éditeur de programmes. Ce dernier permet d’accéder aux paramètres inaccessibles directement, soit de manière locale (oscillateurs, mixeur, LFO, filtres, amplificateur, effets, arpégiateur, enveloppes, séquenceur), soit de manière centrale (mode programme, morphing, matrice). En accès direct, l’écran affiche la valeur du paramètre modifié pendant un temps programmable par l’utilisateur avant de retourner à l’affichage normal. On aurait préféré l’affichage simultané de la valeur d’origine, comme c’est le cas sur le cousin germain Virus. Dès qu’un programme est altéré, la mémoire tampon permet de conserver les valeurs modifiées tant que le Q est allumé, même après un changement de programme. Un petit « e » indique que le programme a été modifié et pour revenir aux réglages sauvegardés, il suffit d’engager la touche « recall ». Bien vu !
Cris du Q
Le Q Rack est un synthétiseur polyphonique 16 voix (extensible à 32 par carte interne) et multitimbral 16 canaux. 16 voix de base, c’est bien mais y’a mieux, comme on dit chez Novation et Access. Avant d’entrer dans le Q plus en profondeur, signalons que l’unité qui nous a été prêtée pour le test était en OS version 1.09. Après un petit téléchargement depuis le site www.waldorf-gmbh.de et un coup de Midifile ou presque, nous l’avons passé en version 2.03. Nous en avons d’ailleurs profité pour télécharger le mode d’emploi actualisé (mais non traduit et destiné à la version clavier). Pour les internetophobes, le distributeur assure les mises à jour sur disquette, à la demande. Le Q est très agréable à écouter, avec un son à la fois épais et plein de détails évolutifs (ah, les matrices de modulation !). En 1999, nous avions trouvé les sons à attaque rapide pas assez dynamiques. Aujourd’hui, les courbes de réponse en vélocité et à l’enveloppe VCA ont été recalibrées et la grosse patate est au rendez-vous. Nous avons apprécié les ouvertures de filtre, les empilages bien gras et les synchronisation évolutives monstrueuses. On découvre çà et là des programmes vraiment originaux, simulant des attaques de guitares acoustiques ou de Clavinet grâce au filtre en peigne (voir encadré) ou des cuivres en faisant usage d’une FM très rapide sur les oscillateurs pendant les premières millisecondes. Dans sa banque d’usine, Waldorf n’a évidemment pas oublié les imitations de vieux coucous : basses et leads Moog, cuivres Oberheim, nappes Jupiter, strings ARP Solina, ensembles de Mellotron (avec click simulant du retour des cassettes en note off). Terminons par les imitations de percussions analogiques très bien faites : basses et caisses de TR-909, claps, hi-hat, toms Simmons… Signalons la possibilité d’empiler jusqu’à quatre sons en mode programme, en pressant simultanément les boutons « instrument » désirés. Franchement, le Q déborde de ressources !
QQ la praline
Pour expliquer une telle épaisseur sonore, il suffit de jeter un coup d’œil à la section oscillateurs de la bête. Pas moins de 3 oscillateurs, un générateur de bruit et un modulateur en anneau sont offerts. La tessiture exceptionnelle varie entre 128 et 1/2 pieds, du jamais vu ! Chaque oscillateur est capable de générer des formes d’ondes basiques (dent de scie, impulsion à pas variable, triangle et sinus). Les deux premiers poussent le bouchon plus loin, permettant de passer en mode suboscillateur ou table d’ondes. Dans le premier cas, la forme d’onde est obligatoirement carrée. Les réglages concernent le niveau et la division subharmonique (de 1 à 1/32, la dernière correspondant au cinquième de la fréquence d’origine). Mieux, ces réglages sont des destinations de la matrice de modulation. Dans le second cas, chaque oscillateur dispose d’une table d’ondes générée par synthèse additive, comme sur la série Wave / Microwave et le Virus d’Access. Le potentiomètre de largeur d’impulsion permet alors de choisir entre les 128 ondes constituant la table. Le balayage des tables est autorisé grâce à la matrice de modulation, ce qui permet au Q des sons hybrides vraiment intéressants. Comme de plus chaque oscillateur possède une FM interne, on peut empiler une onde analogique, une table d’onde et une onde modulée en fréquence : on imagine alors la richesse des sons ainsi obtenus sans consommation de polyphonie. Mais cela ne s’arrête pas en si bon chemin : les deux premiers oscillateurs possèdent un modulateur en anneau et une synchronisation. Pour ceux qui souhaitent faire partager leur solo à tout le voisinage, un mode Unison avec désaccord modulable permet d’empiler de deux à six notes par voix. Après tout cela, nos sources se retrouvent dans une section mixage juste avant de passer à la gamelle dans la section filtrage.
Casse Q
Les filtres du Q méritent que l’on s’y attarde quelque peu, tant sur du routage du signal que sur la diversité des modes. Chaque source sonore de la section oscillateurs dispose d’une balance d’envoi vers les deux filtres. Ainsi, chaque source peut être envoyé dans tout ou partie des deux filtres. On trouve ensuite une balance entre les deux filtres, confiée à un potentiomètre couplé à deux diodes dont l’intensité varie suivant le routage. Ceci permet de passer en continu d’une configuration série à une configuration parallèle. On imagine alors la souplesse de routage, surtout que toutes ces balances peuvent être la cible de modulations. Comme si cela ne suffisait pas, la sortie de chaque filtre est ensuite envoyée dans un VCA stéréo avec panoramique séparé. Chaque filtre peut être indifféremment configuré en passe-bas, passe-bande, passe-haut, réjection de bande et peigne. Les filtres classiques existent en modes 2 ou 4 pôles, les peignes sont positifs ou négatifs (voir encadré). Chacun dispose d’une résonance pouvant être poussée à l’auto-oscillation. De plus, on trouve une FM totalement dosable et modulable, ainsi qu’un étage de saturation pour salir le signal. Pour éditer simultanément les deux filtres depuis le panneau de commandes, il suffit d’appuyer sur les deux sélecteurs prévus à cet effet. Certaines sources de modulation sont fixées : réponse de l’enveloppe, la réponse en vélocité et le tracking sur le cutoff. Certaines destinations le sont aussi : cutoff, FM, panoramique sur chaque filtre, avec modulation bipolaire. L’efficacité de ces filtres est absolument redoutable. La pléthore de paramètres conduit à d’outrageux détournements sonores vraiment originaux. Avec cette section, Waldorf nous présente les filtres les plus musicaux, les plus complets et les plus puissante du marché. A tomber par terre !
Bouge ton Q
Le Q est plutôt doué pour les modulations. A commencer par les quatre enveloppes séparées dont la rapidité à la détente a nettement été améliorée. Chacune est disponible en modes ADSR, ADS1DS2R avec niveau d’attaque, coup unique, loop (sur les deux segments de Sustain ou globalement). Lorsque le Q est en mode monophonique, les enveloppes peuvent être ou non redéclenchées à chaque nouvelle pression de touche. Poursuivons avec les trois LFO en tous points identiques, dotés chacun de six formes d’onde (sinus, triangle, carré, dent de scie, random et sample & hold). Sur le panneau avant, trois diodes dédiées permettent de visualiser la fréquence de chaque LFO. Signalons la possibilité de synchronisation Midi et l’existence des paramètres de tracking, de fondu et de phase. Mieux, les LFO sont capables d’osciller à des niveaux audio, au-delà de 1000 Hz, ce qui en fait des générateurs supplémentaires avec suivi de clavier ! Mais le gros du sujet, c’est incontestablement la matrice de modulation. Il y a en fait 2 matrices à 8 cordons chacune, la première étant spécialisée sur les signaux à fréquence élevée (audio, FM) et la seconde sur les signaux classiques (contrôleurs physiques par exemple). Pas moins de 31 sources et 37 modulations sont disponibles pour la première, 31 sources et 59 destinations pour la seconde, sans compter les modulations figées, affichant 14 sources et 14 destinations. Le luxe ! Sont entre autre concernés les largeurs d’impulsion, les FM (oscillateurs et filtres), les entrées audio, le routage des filtres, les résonances, les trackings, les panoramiques et tous les segments des enveloppes. Pour corser le tout, Waldorf a équipé le Q de quatre « Modifiers » permettant d’effectuer des calculs entre deux sources : opérations standard, fonctions logiques, booléennes, valeur absolue, random, intégration, dérivation, processeur de lag et filtre passe bas. Comme si cela n’était pas suffisant, la machine est capable de réaliser du morphing entre tous les paramètres continus de deux sons. Le manuel se montre d’ailleurs pédagogique et drôle : « le morphing n’est pas possible avec les effets. Que signifierait 50% de morphing entre un chorus et une distorsion : une chorsion, un distorus ? ». Pour morpher, il suffit de sélectionner la source de modulation (molette ou pression) et le programme cible. Chapeau !
Q à Q
Pour augmenter davantage son potentiel sonore et enchaîner les notes dans des rythmiques endiablées, le Q est équipé d’un arpégiateur et d’un séquenceur de type analogique. L’arpégiateur ressemble comme deux gouttes d’eau à celui du Microwave XT avec quinze motifs présélectionnés et un motif utilisateur mémorisable au sein de chaque programme. Il existe trois modes principaux : marche, coup unique et tenu. Les réglages concernent la réserve de notes (1 à 16), la longueur de note, la tessiture (1 à 10 octaves), la direction (haut, bas, alterné en haut ou en bas), l’ordre de la répétition des notes (joué, inversé, priorité au numéro haut ou bas, priorité à la vélocité faible ou forte). Chacun des seize pas dispose de réglages de déclenchement, d’accentuation, de portamento, de timing et de longueur (avec legato). En mode multitimbral, 16 arpèges distinctes peuvent tourner simultanément. C’est pas mal du tout ! Le séquenceur quant à lui propose la même structure que ses ancêtres analogiques avec des potentiomètres dédiés sur chaque pas. Il y a 32 pas polyphoniques dotés de 4 paramètres programmables et modifiables en temps réel (coupure du filtre, vélocité, longueur de note et longueur de pas). Dommage qu’on ne puisse choisir les commandes de la façade comme c’est le cas sur le Polymorph de Quasimidi et le MS2000 de Korg. La mémoire est constituée de 100 patterns, nous aurions préféré une sauvegarde avec chaque programme comme chez Korg. Mais l’approche est différente. Korg utilise le séquenceur comme un ensemble de modulations en temps réel avec possibilité de morphing en continu entre les pas. Sur le Q, le séquenceur a plutôt un rôle rythmique, celui de faire tourner dans tous les sens des patterns de percussions ou des riffs. Ne nous en plaignons pas, car en terme de modulations, le Q se pose bien là !
Pan pan QQ
L’une des grande améliorations de l’OS 2.00 concerne l’implémentation de kits de percussions. La mémoire utilisateur interne renferme 20 Drumkits programmables constitués d’un maximum de 32 sons. Les sons sont issus des 300 programmes internes ou aux programmes de la carte Ram. Il est impossible de modifier les paramètres de synthèse au sein du kit mais on peut régler, pour chaque instrument, le panoramique, la paire de sorties, la note initiale, la transposition et le volume. Ces réglages sont assez peu intuitifs. En effet, on aurait aimé pouvoir sélectionner les fenêtres de tessiture directement au clavier, avoir constamment le numéro de note sous les yeux (et pas dans l’une des pages d’édition), disposer d’un tracking clavier et d’avoir des départs séparés vers les effets. Autre demande, l’accès à quelques paramètres de synthèse de base mémorisables directement dans les kits, comme chez Clavia. Au lieu de cela, on gâche des emplacements programmes pour des sons assez peu utiles en dehors d’une organisation en kits. Signalons pour être complet qu’il n’y a qu’un seul drum kit accessible en mode multitimbral. Ceci dit, saluons l’initiative de Waldorf, qui a vraiment su faire bouger son Q.
Ras du Q
Le Q peut regrouper un maximum de seize programmes différents (dont un drum kit) en mode multitimbral. Leur sélection s’opère à l’aide des quatre touches en conjonction avec la touche shift, ce qui s’avère assez peu pratique à l’usage, surtout lorsqu’on édite un même paramètre sur les seize canaux à la volée. Pour chaque canal, on définit le programme, le pattern du séquenceur, le canal Midi, la sortie audio, le volume, l’accordage, les fenêtres de vélocité et de tessiture. Deux remarques : le Q est capable de faire tourner 16 motifs d’arpèges et / ou 16 séquences simultanément, ce qui est un bon point. Par ailleurs, il n’y a pas de dosage séparé des effets ni de filtrage Midi complexe. Il faudra s’en contenter. Au global, le Q est capable de sauvegarder 300 programmes, 20 kits de percussions, 100 Multis et 100 patterns de séquences. L’interface PCMCIA permet de stocker 100 programmes, 10 Drumkits, 50 Multis et 50 séquences sur les cartes actuellement disponibles, ce qui est bien peu. Ne gâchons pas notre plaisir et saluons Waldorf d’avoir conservé une fente sur son petit Q.
Q à l’air
Le Q est équipé de deux multi-effets identiques capables de générer des algorithmes assez dépouillés : chorus (vitesse, profondeur, délai), flanger (vitesse, profondeur, feedback, polarité), phaser (vitesse, profondeur, centrage des pics, espacement des pics, feedback, polarité), délai (horloge, durée ou tempo, feedback, polarité, cutoff, autopan), overdrive (drive, gain, cutoff), quintuple effet (sample & hold, overdrive, modulation en anneau, source audio, balance chorus / délai, vitesse de chorus, profondeur de délai) et vocodeur (nous y reviendrons). Le routage des deux sections se fait uniquement en série, dommage. En mode multitimbral, les quatre premiers instruments conservent leurs réglages d’effets, ce qui fait huit effets simultanés. Hélas, ceux-ci ne sont pas reprogrammés au sein des Multis. Les douze autres canaux peuvent emprunter les quatre bus d’effets grâce à un système de routage interne. Les effets du Q ne sont certes pas des plus poussés, mais ils rendent des services bien appréciables et tout à fait en rapport avec les sons produits par la machine. Surtout quand on connaît la suite !
Lèche Q
La suite, c’est l’arrivée en force de la spécialité teutonne que nous attendions il y a un an, lors de notre comparatif (en dégustant une bière à Munich), en la personne d’un vocodeur stéréophonique 25 bandes. Certains concurrents en étaient déjà équipés (32 bandes sur les Virus d’Access depuis l’OS 2.5, 40 bandes sur les Nova / Nova II / Supernova II de Novation et 12 bandes sur le JP-8080 de Roland). Sur le Q, le vocodeur est accessible sur l’un des deux processeurs d’effets. On peut définir le nombre de bandes (2 à 25) pour agir sur la précision du signal de sortie. Avec 25 bandes, l’intelligibilité est maximale. Malheureusement, il est impossible d’agir individuellement sur chaque bande. En revanche, on peut fixer, en hertz, les fréquences des deux bandes extrêmes, les autres bandes étant interpolées. Par ailleurs, le Q permet de décaler les bandes extrêmes du signal de synthèse par rapport à celles du signal d’analyse (transposition de formants). C’est comme cela que l’on transforme une voix masculine en voix féminine sans passer par la table d’opération. Les autres réglages globaux sur les bandes concernent la largeur et la résonance des filtres de synthèse, mais aussi l’attaque et le déclin des suiveurs d’enveloppes de la section analyse. Pour pallier l’absence d’accès aux niveaux individuels des bandes, Waldorf a équipé le Q d’un EQ pseudo paramétrique, autorisant les paramétrages du niveau de la bande inférieure, des numéro et index de la bande intermédiaire, ainsi que du niveau de la bande supérieure, les autres bandes étant interpolées. Cela représente beaucoup de paramètres, ce qui nous fait regretter que l’édition se fasse majoritairement via des pages menu. Les réglages sont sauvegardés au niveau des 300 programmes. Il est possible d’utiliser des sources internes ou externes pour les signaux d’analyse et de synthèse, cela est très souple. En mode multitimbral, un seul programme peut être vocodé, mais les autres peuvent être utilisés comme sources. Sympa. Les résultats sont très satisfaisants et la panoplie de paramètres disponibles autorise d’innombrables bidouilles. Bravo !
Vive le Q !
Le Q est une machine somptueuse, élitiste, avec une ergonomie réussie et des performances remarquables. Sur le plan sonore d’abord, car la machine est capable de beaucoup d’épaisseur et de finesse, de punch et de douceur. Cette polyvalence est en liaison directe avec les caractéristiques techniques très sophistiquées : une section oscillateurs musclée, des filtres surpuissants et des modulations extrêmement poussées. Voici un instrument où la qualité et la quantité se côtoient sans se faire d’ombre. Si on ajoute le vocodeur, l’arpégiateur et le séquenceur, on tangente le meilleur de la production d’instruments de musique électronique. Seules ombres au tableau, la relative complexité de certains modes, la section effets sous dimensionnée en regard du reste de la machine et le manuel non traduit. Dans sa mise à jour 2.03 de l’OS, le Q est arrivé à maturité et la version rack représente un excellent choix pour le musicien qui souhaite une machine complète et maniable. Autant le premier contact nous avait un peu laissé sur notre faim, autant le second nous a franchement impressionnés. Inutile de dire qu’avec sa nouvelle bombe, Waldorf nous a démontré qu’entre analogique et Q, il n’y a qu’un doigt.