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Test de l'E-MU Xtreme Lead-1 - La techno grande taille

Sorti il y a un peu plus d’un an, le Proteus 2000 a généré une nouvelle série de modules spécialisés. Après le B-3 dédié au célèbre orgue Hammond, E-mu présente le XL-1, un module qui s’adresse aux musiques et aux musiciens qui bougent tout le temps.

Depuis 10 ans, on ne compte plus les modules déri­vés du Proteus, dont le mérite était de mettre dans une boîte compacte un grand nombre de sons d’ins­tru­ments acous­tiques prêts à l’em­ploi. Au fil du temps, E-mu a peau­finé sa tech­no­lo­gie, ajou­tant des filtres toujours plus puis­sants, des proces­seurs d’ef­fets, des exten­sions pour cartes Rom, des boucles ryth­miques et des arpé­gia­teurs. Avec la série Proteus, le construc­teur nous a fait parcou­rir le tour du monde des instru­ments acous­tiques et élec­tro­niques. Au point de nous surprendre début 1999 avec l’Audity 2000, un module bourré de sons bizarres et moto­risé par un énorme arpé­gia­teur multi­ca­nal. Succès mitigé dû à son posi­tion­ne­ment trop étroit, la machine est aujour­d’hui soigneu­se­ment rangée au musée E-mu. Elle présen­tait néan­moins une grande expres­si­vité en temps réel et plein de bonnes idées non reprises sur le Proteus 2000, comme l’ar­pé­gia­teur ou les filtres 12 pôles. Ayant compris que les créa­teurs de techno / dance avaient un goût très prononcé pour les sons évolu­tifs et les contrôles ryth­miques en temps réel, E-mu a doté son tout nouveau Xtreme Lead-1 des facul­tés de l’Audity 2000 en y ajou­tant une Rom adéquate et des séquences multi­tim­brales qui obéissent au doigt et à l’œil.

Small

E-MU Xtreme Lead-1

Concen­tré dans un rack 19 pouce 1U, le XL-1 partage la même façade que le Proteus 2000 et le B-3. Sa couleur orange fluo visible à 200 mètres évite cepen­dant toute confu­sion avec ses prédé­ces­seurs. La partie gauche regroupe la prise casque, le poten­tio­mètre de volume et les commandes en temps réel : quatre poten­tio­mètres rota­tifs couplés à un sélec­teur trois posi­tions pour modi­fier le son en temps réel ou éditer dans les mages menus. On peut leur affec­ter n’im­porte quel para­mètre de synthèse et mémo­ri­ser les réglages dans chaque programme. Au centre du panneau, on retrouve le main­te­nant clas­sique LCD rétro éclairé 2 × 24 carac­tères. A sa droite, huit touches permettent de choi­sir le mode de jeu, d’édi­ter les programmes et de navi­guer dans les pages menu. Enfin, un gros enco­deur cranté sensible à l’ac­cé­lé­ra­tion occupe l’ex­tré­mité droite de la machine. Lorsqu’on se trouve en édition, rappe­lons que l’en­co­deur fait office de navi­ga­teur entre les pages menu et qu’au sein d’une même page, les touches < > permettent de sélec­tion­ner le para­mètre voulu et l’en­co­deur d’en­trer les données. Pas la moindre arbo­res­cence, l’édi­tion est très simple en dépit du petit écran.

Un rapide coup d’œil sur le panneau arrière laisse appa­raître une connec­tique beau­coup plus dépouillée sur le XL-1 de base que sur l’Au­dity ou le Proteus 2000 : la borne pour prise à détec­tion de tension auto­ma­tique est toujours là et le trio Midi aussi. Mais il y a des absents : la sortie numé­rique, le duo Midi (canal B) et les deux paires de sorties audio sépa­rées. Il reste simple­ment la paire stéréo prin­ci­pale de sorties audio au format jack 6.35mm avec conver­sion D/A delta sigma 20 bits. Heureu­se­ment, le kit Turbo appor­tera au XL-1 l’en­semble de la connec­tique mention­née ci-dessus et deux empla­ce­ments supplé­men­taires (soit quatre au total) pour cartes Rom. Ouf !

Mode B-3

Sorti il y a peu, le B-3 est un dérivé du Proteus 2000 spécia­lisé dans l’imi­ta­tion du célèbre orgue Hammond, toujours très en vogue. Le moteur de synthèse est iden­tique à celui du XL-1, mis à part les Beat patterns et l’ar­pé­gia­teur qui ne sont pas du voyage. Les proprié­taires de Proteus 2000 et des futurs modules déri­vés peuvent instal­ler la Rom B-3 seule pour retrou­ver l’équi­valent d’un B-3. C’est ce que nous avons fait dans le XL-1. Propo­sant 32 Mo de formes d’ondes sur une carte SIMM, celle-ci s’in­sère sans la moindre diffi­culté dans l’un des deux ou quatre slots internes, suivant le modèle et l’ex­ten­sion instal­lée. Signa­lons aux posses­seurs de Proteus 2000 la néces­sité de télé­char­ger l’OS 1.10 (ou supé­rieur) qui ajoute la fonc­tion Lag et le géné­ra­teur de rampe, indis­pen­sables à l’ob­ten­tion de tran­si­tions réalistes Leslie lent / rapide ou encore la percus­sion à simple déclen­che­ment.

E-MU Xtreme Lead-1

La Rom B-3 apporte 140 multié­chan­tillons mono et stéréo de B-3 soigneu­se­ment captu­rés dans le studio de John Novello. On trouve une quan­tité impres­sion­nante de réglages de tirettes harmo­niques, avec ou sans percus­sion, Leslie lent ou rapide, prise directe ou via préam­pli. Pour les sessions, l’équipe E-mu a utilisé un B-3 Hammond, un ampli A-100 Hammond, une cabine Leslie 122 à lampe, une cabine Leslie 145 à tran­sis­tor, un octuple conver­tis­seur A/D 24 bits Apogee AD8000 et un 8 pistes numé­rique. Les trois premières pistes ont été affec­tées aux sorties gauche / centre / droite du Leslie 122, les trois suivantes à celles du Leslie 145, la septième à la sortie directe et la huitième à la sortie trai­tée.

La Rom renferme 3 banques de 128 presets prêts à l’em­ploi. Les résul­tats sont excel­lents et la diver­sité grande. Nous avons parti­cu­liè­re­ment appré­cié les tran­si­tions très réalistes entre Leslie lent et rapide très bien gérées par le proces­seur de Lag. La réponse mono­pho­nique de la percus­sion apporte un réalisme certain et l’af­fec­ta­tion des poten­tio­mètres aux diffé­rentes couches permet de simu­ler diffé­rents réglages de tirettes harmo­niques. Seul reproche, le manque de sono­ri­tés réel­le­ment « dirty » et l’in­ter­face à la sauce Proteus, inadap­tée pour gérer faci­le­ment neufs tirettes harmo­niques. Il vaut mieux consi­dé­rer le B-3 comme une énorme banque prête à l’em­ploi plutôt qu’une modé­li­sa­tion inté­grale de l’an­cêtre. Et quelle légè­reté !

Prêt à porter

Les prin­ci­pales spéci­fi­ca­tions tech­niques du XL-1 de base sont moins impres­sion­nantes que celles du Proteus 2000 : 64 voix de poly­pho­nie au lieu de 128 et 16 canaux de multi­tim­bra­lité au lieu de 32. Le kit Turbo évoqué précé­dem­ment permet­tra la mise à niveau à 128 voix et 32 canaux. Mais le XL-1 va plus loin que son aîné sur bien des aspects, ce que nous n’al­lons pas manquer de décou­vrir. La Rom de 32 Mo exten­sible à 64 Mo offre une réso­lu­tion de 16 bits linéaires avec une fréquence d’échan­tillon­nage de 44.16 kHz. Réso­lu­ment orien­tée techno / dance, elle présente pas moins de 1210 instru­ments (754 kits / multié­chan­tillons et 456 échan­tillons simples de percus­sions) servant de base à 4 banques de 128 programmes presets et autant de programmes utili­sa­teur. Impres­sion­nant !

E-MU Xtreme Lead-1

Repre­nant des sons de l’Orbit et de l’Au­dity, les instru­ments couvrent tout ce qui se fait en termes de synthèse et regroupent tous les ingré­dients pour réus­sir un bon plat techno : ondes élémen­taires, basses, leads, pêches orches­trales et synthé­tiques, voix humaines (et inhu­maines), cuivres, effets spéciaux, pianos élec­triques, orgues, kits de batte­rie et boucles ryth­miques. Ces dernières sont l’un des éléments essen­tiels du XL-1 : les presets les plus impres­sion­nants en font un usage inten­sif en permet­tant de déclen­cher ou muter, instru­ment par instru­ment, des boucles plus déjan­tées les unes que les autres. Le moindre programme se trans­forme assez vite en mini groo­ve­box et on risque assez rapi­de­ment de retrou­ver des presets de XL-1 dans les cent prochains Skuds de musique dance. Nous avons égale­ment été impres­sion­nés par les sons de basses à réso­nance rava­geuse, les voix élec­tro­niques trai­tées par des filtres à formants et les kits indus­triels hyper agres­sifs. Bien évidem­ment, tout ce qu’il faut pour faire de la techno est dans le XL-1 : orgues, kits de TR, arpèges évolu­tives, basses acides et leads aigre­lets. Signa­lons égale­ment l’im­pres­sion­nante collec­tion de formes d’ondes tirées de machines aux réfé­rences et marques pres­ti­gieuses. Pour ceux qui manquent d’ins­pi­ra­tion, la touche « Audi­tion » permet d’en­voyer un riff de démons­tra­tion affecté au preset. 

Haute couture

L’ar­chi­tec­ture sonore du XL-1 reprend exac­te­ment celle du Proteus 2000. Un programme est composé de une à quatre couches faisant chacune appel à un multié­chan­tillon affecté suivant trois fenêtres : tessi­ture, vélo­cité et contrô­leur en temps réel au choix. Chaque fenêtre possède des fondus hauts et bas. On règle ensuite la tona­lité, le volume et le pano­ra­mique. Le signal passe alors dans un filtre, un ampli­fi­ca­teur, un double multief­fets, puis rejoint la sortie audio. Plus puis­sant que celui du Proteus 2000, le filtre Z-plane du XL-1 propose pas moins de 50 algo­rithmes de 2 à 12 pôles, répar­tis suivant 9 familles : passe-bas, phasers, passe-haut, flan­gers, passe-bande, formants, EQ boost, EQ cut et effets spéciaux. De quoi simu­ler bien des machines vintage et d’in­ven­ter celles du futur ! Rappe­lons que les filtres Z-plane auto­risent le morphing entre deux profils de filtrage, d’où de magni­fiques nappes parlantes ou de basses guttu­rales contrô­lables en temps réel.

E-MU Xtreme Lead-1

Pour modu­ler les nombreux para­mètres dispo­nibles, le XL-1 met à notre dispo­si­tion deux LFO, trois enve­loppes à multiples segments et une matrice de modu­la­tion très élabo­rée (voir ci-dessous*). Cepen­dant, la machine présente une mala­die héré­di­taire qu’E-mu refuse de soigner : l’ab­sence d’édi­teur pour kits de percus­sions. Impos­sible donc d’agir au niveau de chaque note, il faut se conten­ter de récu­pé­rer les kits en Rom tels quels et de faire des réglages globaux (para­mètres de synthèse, contrô­leurs, départs effets). C’est vrai­ment dommage, surtout pour une machine qui se veut en grande partie basée sur l’ex­ploi­ta­tion d’en­sembles de percus­sions. Pour termi­ner, le mode Link permet d’em­pi­ler trois programmes tout en réglant pour chacun la tessi­ture et la fenêtre de vélo­cité. 

*Machines à coudre

Les produits E-mu sont répu­tés pour leurs facul­tés de modu­la­tion excep­tion­nelles. Le XL-1 ne déroge pas à la règle. On trouve trois géné­ra­teurs d’en­ve­loppes à 6 segments avec temps et niveaux modu­lables, ainsi que des bouclages sur les 4 premiers segments. Les temps peuvent être pilo­tés par la fréquence de l’hor­loge globale de la machine, ce qui permet de synchro­ni­ser la vitesse d’exé­cu­tion des enve­loppes avec les seize arpé­gia­teurs et les deux LFO. Ces derniers disposent de 17 formes d’ondes variées. La synchro­ni­sa­tion va de 8 fois la note jusqu’au 32e de note en passant par les trio­lets et les valeurs poin­tées. Le délai est para­mé­trable, ainsi qu’un para­mètre « varia­tion » créant des fluc­tua­tions aléa­toires de la fréquence des LFO. Mais le gros morceau, c’est sans conteste la matrice de modu­la­tion à 24 cordons, capable de relier 64 sources à 64 desti­na­tions, avec quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. Parmi les sources, on trouve les clas­siques enve­loppes / LFO / vélo­cité / after­touch, mais aussi le numéro de note Midi, les 12 contrô­leurs Midi à affec­ter aux 4 poten­tio­mètres, du bruit blanc ou rose ainsi que des fonc­tions mathé­ma­tiques.

Parmi les desti­na­tions, on dispose de la tona­lité, du volume, de la fréquence de coupure du filtre, de sa réso­nance, des points de départ et de boucle des samples, du pano­ra­mique, des temps des enve­loppes, de leur niveau et des fréquences des LFO. Tout cela, c’est pour une des quatre couches pouvant consti­tuer un programme. Au niveau du programme global, deux modu­la­tions parti­cu­lières ont fait leur appa­ri­tion depuis le module B-3 : une fonc­tion inté­grale (Lag), permet­tant de trans­for­mer un signal d’im­pul­sion en signal linéaire progres­sif et un géné­ra­teur de rampe, capable de faire démar­rer une modu­la­tion progres­si­ve­ment à partir du moment où une note est enclen­chée. Toujours au niveau du programme global, une autre matrice à 12 cordons permet d’af­fec­ter, au moyen de 24 contrô­leurs physiques, les 8 départs effets, mais aussi les para­mètres essen­tiels des arpé­gia­teurs et des Beat patterns. Quelle souplesse !

Mous­se­line

E-MU Xtreme Lead-1

Le XL-1 possède la même section effets ultra légère que ses trois prédé­ces­seurs, avec deux proces­seurs 24 bits stéréo. Ils sont mémo­ri­sés globa­le­ment ou dans chaque programme. Le premier proces­seur (A) propose 44 algo­rithmes de réver­bé­ra­tion (pièces, plateau ou porte), de délai (stéréo ou multiple) et des combi­nai­sons délai + réver­bé­ra­tion. Le second proces­seur (B) comporte 32 algo­rithmes de chorus (et déri­vés), de délai et de distor­sion (seule ou en série). L’en­voi de l’ef­fet A dans l’ef­fet B est tota­le­ment para­mé­trable, ce qui permet de passer progres­si­ve­ment d’un réglage série à un réglage paral­lèle.

Les para­mètres d’ef­fets sont on ne peut plus spar­tiates : temps de déclin et absorp­tion des hautes fréquences pour le proces­seur A ; feed­back, vitesse du LFO et temps de délai pour le proces­seur B. Six para­mètres, cela paraît mince aujour­d’hui. Pour assou­plir la gestion des départs effets dans le mode multi­tim­bral, le XL-1 dispose de quatre bus avec niveaux d’en­voi sépa­rés vers chaque proces­seur. De plus, une matrice de modu­la­tion située au niveau supé­rieur du programme permet d’af­fec­ter 24 sources (contrô­leurs physiques) à 27 desti­na­tions, dont les 8 départs effets. Dommage qu’on ne puisse modu­ler les quelques para­mètres d’ef­fets, d’au­tant qu’on ne dispose pas, sur le modèle de base, de sorties supplé­men­taires pouvant faire office d’in­sert pour proces­seurs externes. Pour termi­ner sur une note posi­tive, signa­lons que les effets sonnent très bien, comme nous le disons à chaque fois.

 

Point de croix

Bonne nouvelle pour tous les amateurs de motifs alter­nés, le XL-1 embarque l’un des plus puis­sants arpé­gia­teurs du marché, le même que celui de l’Audity 2000. Ceci lui permet de jouer 16 patterns diffé­rents sur les 16 canaux Midi. Comme pour les effets, les réglages s’ef­fec­tuent au niveau global ou au sein des programmes. Le para­mé­trage commence par le choix d’un des huit types de repro­duc­tion : en haut, en bas, haut & bas, endroit, envers, endroit & envers, aléa­toire et motif. Très puis­sant, le mode motif permet pas mal de fantai­sie : on y règle la durée des notes jouées (de 2 fois la note au 32ième de note, valeurs poin­tées et trio­lets compris), le numéro de motif (parmi les 200 motifs en Rom ou les 100 empla­ce­ments utili­sa­teur), la vélo­cité (1 à 127 ou suivant la note jouée), le gate, l’in­ter­valle et la fenêtre d’ac­tion. Le motif peut être synchro­nisé, quan­tisé, retardé et arrêté à volonté. L’ar­pé­gia­teur est capable de conti­nuer seul après relâ­che­ment de la note, mais aussi de démar­rer au premier message « Midi Song Start » reçu. Enfin, les notes arpé­gées peuvent être envoyées par Midi Out. Les motifs utili­sa­teur possèdent jusqu’à 32 pas à 4 para­mètres : note, vélo­cité, durée et répé­ti­tion. Le réglage « note » permet de déca­ler la note du pas sur plus ou moins 48 demi-tons par rapport à la note jouée, de créer une note liée avec le pas précé­dent, d’in­tro­duire un silence sur le pas, de suppri­mer le pas (dans l’hy­po­thèse où on cherche simple­ment à masquer un pas d’un motif exis­tant) et d’in­diquer la fin du motif. Voilà un très gros morceau qui, une fois dompté, appor­tera son lot de satis­fac­tion au musi­cien.

Grosses retouches

Comme si l’ar­pé­gia­teur ne suffi­sait pas, E-mu étend le concept de la « machine à bouger » en ajou­tant les Beat patterns, des motifs ryth­miques façon RPS Roland créés pour la perfor­mance en temps réel. Contrai­re­ment à l’ar­pé­gia­teur multi­ca­nal, les BP tournent sur un seul canal. Il s’agit de motifs élémen­taires mono­tim­braux conte­nus dans la Rom et répar­tis chro­ma­tique­ment sur deux octaves : seize touches servent à lancer les motifs, quatre autres déclenchent des regrou­pe­ments de motifs et les quatre dernières font office de contrôles (marche / arrêt du pattern, effa­ce­ment, coupure ou tenue de motif). Chaque piste élémen­taire est assi­gnée à un numéro de note et à l’un des quatre groupes multiples, ce qui permet de déclen­cher des séquences plus ou moins complexes.

E-MU Xtreme Lead-1

Mais la souplesse s’ar­rête là, puisque les seize motifs sont figés dans l’un des 54 riffs multi­tim­braux choisi parmi les 152 conte­nus dans la Rom XL-1 (ou ceux des Rom addi­tion­nelles). Nous avons déjà regretté l’ab­sence d’édi­teur de kits de batte­rie, nous déplo­rons ici l’im­pos­si­bi­lité d’ex­traire les motifs élémen­taires pour s’en fabriquer d’autres. Ce n’est pas une groo­ve­box !

La qualité et la musi­ca­lité des riffs offerts sautent aux oreilles dès la première écoute : des grosses caisses bien trem­pées, des roule­ments de caisse claire rava­geurs, des lignes de hi-hat synco­pées, des progres­sions de basses très techno et des arpèges évolu­tifs à souhait. Coup de chapeau aux lignes de voix humaines évolu­tives faisant un usage inten­sif des filtres Z-plane, une réus­site. Quel dommage que nous ne puis­sions y mettre davan­tage les mains ! Les musi­ciens techno doivent-ils encore prou­ver qu’ils sont bien plus que de simples consom­ma­teurs de plats prépa­rés ?

Les pistes disposent de plusieurs modes de déclen­che­ment : repro­duc­tion lorsque la touche est enfon­cée, marche / arrêt à chaque enfon­ce­ment de touche et jeu sur une seule mesure. Le riff peut être redé­marré avec un message « Midi Song Start ». Autre fonc­tion inté­res­sante, la matrice de modu­la­tion permet d’af­fec­ter n’im­porte quel contrô­leur au déclen­che­ment des pistes. On peut ainsi faire appa­raître les pistes les unes après les autres en pous­sant une molette ou en écra­sant un clavier muni d’af­ter­touch. Le para­mètre « varia­tion » permet d’al­té­rer l’ordre des pistes. Sympa ! La matrice auto­rise égale­ment le contrôle de la vélo­cité d’un groupe via l’un des poten­tio­mètres ou le Midi. Enfin, les arpèges et les Beat patterns peuvent tour­ner en même temps, yeah ! Voilà un mode grâce auquel les meilleurs perfor­mers live vont pouvoir s’ex­pri­mer plei­ne­ment.

Taille unique

Nous avons dit que le XL-1 était multi­tim­bral sur 16 canaux, en version de base. Le regrou­pe­ment des programmes s’ef­fec­tue au sein de 64 setups utili­sa­teur. Pour chaque canal, on mémo­rise le numéro de programme, le volume, le pano­ra­mique, ainsi que le statut des Beat patterns et de l’ar­pé­gia­teur. Chaque setup contient égale­ment l’es­sen­tiel des réglages géné­raux de la machine, à savoir l’ac­cor­dage de la machine, la réponse du pitch­bend, la courbe de vélo­cité, les départs effets, les deux effets, le statut des canaux Midi, l’as­si­gna­tion des douze contrô­leurs Midi aux poten­tio­mètres de la façade et les trois contrô­leurs au pied. D’autres réglages concernent le contrôle de tempo, le cali­brage des poten­tio­mètres de la façade, le contraste du LCD et les dumps Midi. On peut par ce biais envoyer tout ou partie de la mémoire utili­sa­teur par Midi Out, ce qui permet ainsi de contour­ner l’ab­sence d’in­ter­face pour support de sauve­garde. Lorsqu’on veut utili­ser les setups, il convient au préa­lable de les char­ger en mémoire un par un, une petite restric­tion à signa­ler. Heureu­se­ment, cette mani­pu­la­tion est instan­ta­née. Autre point remarquable, lorsqu’on fait tour­ner un maxi­mum d’ar­pèges, des Beat patterns, avec synchro­ni­sa­tion au tempo d’en­ve­loppes ou de LFO et des modu­la­tions multiples : grâce à une puce spécia­le­ment char­gée d’en découdre avec la gestion des flux d’in­for­ma­tions, le XL-1 est assez diffi­cile à prendre en défaut.

Avant d’en termi­ner sur ce tour d’ho­ri­zon, signa­lons la présence d’utiles fonc­tions permet­tant de copier les couches sonores, les cordons de la matrice, les programmes et les arpèges. Il est même possible d’uti­li­ser des Flash­Ram conçues sur la série des samplers Emula­tor Ultra de la marque en lieu et place des cartes Rom. Le XL-1 permet même de les copier : pour cela, il suffit d’en­fi­ler deux Flash­Ram dans l’antre de la machine. Au bout de cinq minutes, l’une est copiée sur l’autre. Avis à la popu­la­tion des pirates, cela ne marche pas avec les cartes Rom ! 

XXL

Avec le XL-1, E-mu propose une machine extrê­me­ment douée pour la musique techno et la perfor­mance live. Les sons ont été soigneu­se­ment sélec­tion­nés, la puis­sance d’édi­tion des programmes est digne d’un Proteus 2000 et l’ar­pé­gia­teur digne d’un Audity 2000. Pas tout à fait au niveau d’une groo­ve­box, le mode Beat pattern est toute­fois une source d’ins­pi­ra­tion assu­rée, un accès facile et rapide au top niveau des riffs du genre. Impos­sible de ne pas sonner avec cette belle machine pour laquelle nos seuls reproches concernent surtout le manque de profon­deur dans l’édi­tion des kits de percus­sions et des riffs. Deux sujets qui restent tout de même à amélio­rer étant donnée son orien­ta­tion ryth­mique. En fait, le XL-1 relève davan­tage du « plug and play » que du « plug and prise de tête ». Un joli concen­tré de techno !

Glos­saire

proces­seur de Lag : (ou fonc­tion inté­grale) proces­seur trans­for­mant un signal abrupt en modu­la­tion progres­sive.

filtres à formants de voix : filtres simu­lant les réso­nances carac­té­ris­tiques constantes de la voix humaine.

  • L’énergie dégagée par les rythmes
  • La qualité audio remarquable
  • L’édition, simple et conviviale
  • La programmation, très poussée
  • L’extensibilité de la Rom
  • Les filtres 12 pôles, surpuissants
  • La modulation matricielle
  • L’arpégiateur multicanal
  • La grosse mémoire utilisateur
  • La synchro des différents modules
  • Les temps de réaction Midi
  • L’OS évolutif en mémoire Flash
  • Le manque de commandes temps réel
  • L’absence d’édition des kits et des riffs
  • Le manque de paramètres d’effets
  • Pas de slot pour sauvegarde externe
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