Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
183 réactions

Test du Buzzzy de Fred’s Lab - La synthèse dard-dard

7/10

Le Buzzzy est un synthé numérique multitimbral concentrant plusieurs moteurs de synthèse, des effets et des arpèges, dans un mini-module à prix serré. Les premiers backers viennent de recevoir leur exemplaire. Alors, partis pour une lune de miel ?

Test du Buzzzy de Fred’s Lab : La synthèse dard-dard

Passionné de musique et d’élec­tro­nique, Frédé­ric Meslin alias « marzac­dev » a parti­cipé à la concep­tion de synthés analo­giques et numé­riques pour des marques répu­tées telles que Waldorf et Artu­ria. Entre deux colla­bo­ra­tions, il a aussi déve­loppé diffé­rentes machines pour son propre compte. D’abord l’OP-A, une carte à synthèse FM multi­tim­brale commer­cia­li­sée via Kicks­tar­ter. Plus récem­ment la Quanta, une BAR numé­rique restée à ce jour au stade de proto­type avancé. Pour son troi­sième produit, il a imaginé un synthé numé­rique multi­mo­teurs et multi­tim­bral, alter­na­tive à la vague analo­gique défer­lant actuel­le­ment dans nos studios. Il a voulu son Buzzzy réso­lu­ment mini­ma­liste, abor­dable, avec certes peu de commandes, mais des commandes utiles. Voyons si sa première machine signée Fred’s Lab est capable de faire le buzz…

Taille de guêpe

Buzzzy_2tof 04.JPGLe Buzzzy est un module sonore embarqué dans un tout petit boitier en bois avec une façade en alu, mesu­rant 148 × 70 × 68 mm pour 200 grammes de légè­reté. On doit le graphisme de la séri­gra­phie à l’ami Serge alias « erew­hon », un véri­table tour de force telle­ment les commandes sont proches et que les para­mètres assi­gnés aux quatre poten­tio­mètres d’édi­tion varient selon le contexte. Les modes d’édi­tion sont sélec­tion­nés au moyen de mini-boutons assis­tés de LED, par simple appui, appui prolongé, main­tien ou combi­nai­son avec la touche Shift : choix de la partie sonore en cours, arpé­gia­teur, mode d’en­ve­loppe, effets, banque, program­me… Il faut un temps d’ap­pren­tis­sage pour sortir de cette rela­tive confu­sion. Ainsi, pour sélec­tion­ner un Multi, chan­ger le canal MIDI d’une partie, régler la plage de pitch­bend ou accor­der la machine, il faut enchaî­ner les combi­nai­sons de boutons. Tiens, il n’y a pas de trans­po­si­tion ou volume global au menu. Un petit tour par le manuel, traduit en français par l’ami Benoit alias « noiZe », est parfois utile.

A ce stade, il n’est pas prévu d’édi­teur, dommage pour ceux qui veulent tout contrô­ler d’un seul regard et d’un seul doigt. On peut cepen­dant imagi­ner que certains geeks talen­tueux fabrique­ront des télé­com­mandes virtuelles avec les CC MIDI, ce qui permet­tra non seule­ment d’ac­cé­der à tous les para­mètres, mais aussi de visua­li­ser leur valeur (surtout pour celles sélec­tion­nées avec les boutons-pous­soirs). La qualité de construc­tion est soignée : poten­tio­mètres vissés offrant une réponse précise, façade en alu séri­gra­phié, boitier en bois d’arbre et connec­tique vissée. Cette dernière, située à l’ar­rière, est tout aussi mini­ma­liste que la façade : sortie audio stéréo sur deux jacks 6,35, sortie casque sur mini-jack stéréo, simple entrée MIDI DIN et prise USB type B (jouant à la fois le rôle d’ali­men­ta­tion 5 V-75 mA – 375 mW faible consom­ma­tion et d’in­ter­face MIDI, mais pas audio). On peut donc alimen­ter le Buzzzy avec un PC, un bloc secteur 5 V ou une batte­rie USB. L’USB est donc le seul moyen de sortir des CC MIDI pour program­mer des auto­ma­tions ou envoyer le contenu de la mémoire interne par Sysex. Le Buzzzy est livré avec un simple cordon USB, mais pas d’ali­men­ta­tion.

Bour­don­ne­ments variés

Le Buzzzy est un synthé numé­rique poly­pho­nique 16 voix et multi­tim­bral 4 parties, ce qui est bien pour le prix serré, les fabri­cants ayant la fâcheuse tendance à oublier la multi­tim­bra­lité sur les récents synthés numé­riques. Il y a 16 mémoires internes de Multi à quatre parties. On ne peut hélas sauve­gar­der que sur le Multi en cours, ce qui oblige à repar­tir de zéro à chaque fois ou de jongler avec les dumps MIDI. Les commandes ont une préci­sion de 10 bits, ce qui assure une réponse extrê­me­ment fluide des poten­tio­mètres. En CC MIDI, elle tombe logique­ment à 7 bits, mais un lissage des signaux entrants est inté­gré, super !

Buzzzy_2tof 25.JPGCe qui surprend agréa­ble­ment, c’est la palette sonore variée dont est capable la machine, en quelques tours de poten­tio­mètres (et de combi­nai­sons de bouton !). Cela va des grosses PWM tant prisées en EDM aux sono­ri­tés FM cris­tal­lines, aux ondes spec­trales évolu­tives, sans oublier les bruits (percus­sions, drones, tempêtes, effets…). Les poten­tio­mètres fonc­tionnent unique­ment en mode saut, ce qui est décon­cer­tant lorsqu’on change de fonc­tion ou de partie sonore en live. Les modes seuil ou rela­tif ne sont pas au programme, dommage.

Un arpé­gia­teur multi­tim­bral permet de faire tour­ner jusqu’à quatre motifs mono simul­ta­nés. La multi­tim­bra­lité permet aussi d’em­pi­ler des sono­ri­tés diffé­rentes sur des parties de même canal MIDI ; on peut même les désac­cor­der ou les trans­po­ser pour élar­gir le spectre ou créer des inter­valles, tout en les plaçant au choix dans le champ stéréo. La section effets inté­grée apporte des ambiances très variées, allant des grands espaces au tube réso­nant, sans oublier les ensembles stéréo. Un filtre global par partie permet de créer des sons dans la veine analo­gique (en bougeant les commandes à la main ou via CC MIDI car il est statique) ou d’éli­mi­ner les arte­facts numé­riques présents sur certaines ondes numé­riques modu­lées dans les aigus. Le moteur interne tourne en 24 bits / 48 kHz, ce qui assure une qualité sonore très bonne et un rapport signal / bruit annoncé de 100 dB. La sortie audio peut sembler un peu faible sur certains moteurs ou types d’ondes, c’est un compro­mis permet­tant une réserve de dyna­mique pour la multi­tim­bra­lité. Comme le bruit de fond est bas, cela ne pose aucun problème d’am­pli­fier un peu à la console ou à la carte son au besoin. Au passage, les exemples sonores du test ont été fait avec le Buzzzy seul, piloté par une séquence MIDI program­mée dans Cubase sur 3 ou 4 canaux MIDI, captu­rés direc­te­ment en une prise à la sortie stéréo. 

Buzzzy_1audio 1 Multi Laye­red
00:0002:16
  • Buzzzy_1audio 1 Multi Laye­red02:16
  • Buzzzy_1audio 2 Multi Chased01:59
  • Buzzzy_1audio 3 Multi Asia00:56
  • Buzzzy_1audio 4 Multi Four02:19

Quatre ailes

Buzzzy_2tof 08.JPGChacune des quatre parties sonores est consti­tuée d’un moteur de synthèse, une enve­loppe de volume, une section effets et un arpège. On règle le canal MIDI de chaque partie de manière globale, par combi­nai­son de touches et envoi de note. Les 16 voix de poly­pho­nie maxi­mum sont allouées dyna­mique­ment aux 4 parties, en fonc­tion des besoins ; l’uti­li­sa­tion de certains moteurs et effets gour­mands tend à réduire rapi­de­ment le nombre de voix dispo­nibles, en pratique on se retrouve souvent sous les 8 voix, ce qui contraint à certains arbi­trages corné­liens pour éviter un impi­toyable vol de voix. Pour chaque partie, on commence par choi­sir un moteur de synthèse, parmi quatre types très diffé­rents : Pulse, FM, Wave, Noise. Le moteur Pulse permet de choi­sir parmi 16 types d’im­pul­sions, combi­nant des largeurs diffé­rentes (compris carré parfait) et des modu­la­tions cycliques prédé­fi­nies (lentes, rapides). Il est tout à fait recom­mandé pour les sons clas­siques ou EDM.

Le moteur FM offre 16 algo­rithmes simples à deux opéra­teurs, capables de produire des timbres FM cris­tal­lins ou satu­rés (pianos élec­triques, marim­bas, basses, leads…). Le porteur peut être une onde sinus, triangle ou dent de scie, alors que le modu­la­teur est toujours une onde sinus. On ne peut rien chan­ger au sein d’un algo­rithme, pas même le type d’onde ou le ratio FM. Le moteur Wave permet quant à lui de produire 16 ondes numé­riques basse réso­lu­tion type Prophet-VS ou PPG. Certaines sont auto-modu­lées par un LFO interne dont la fréquence est un multiple du tempo de l’ar­pé­gia­teur. Enfin le moteur Noise est capable de produire six bruits plus ou moins sales passés dans diffé­rents filtres, avec diffé­rentes coupures répar­ties sur une octave (utile pour fabriquer un mini-kit de percus­sions sans trop consom­mer de parties sonores). Il n’y a donc qu’un para­mètre éditable par moteur : le type d’onde ou l’al­go­rithme, basta ! Du coup, on pour­rait résu­mer les sources à 54 formes d’onde préré­glées auto-modu­lées (pour certaines). Point de décep­tion, le chan­ge­ment d’onde (type de moteur + forme d’onde) ne se fait qu’après redé­clen­che­ment de note, ce qui ralen­tit l’édi­tion et empêche de mettre du mouve­ment sur des notes tenues.

Mini méta­mor­phose

Une fois l’onde choi­sie, on règle le volume et le pano­ra­mique avec le poten­tio­mètre idoine et la touche Shift pour le second para­mètre. Ces réglages se font cette fois en temps réel, pas besoin de redé­clen­cher les notes pour les entendre. En envoyant des CC MIDI, on peut aussi trans­po­ser l’os­cil­la­teur sur +/-64 demi-tons et le désac­cor­der fine­ment sur +/-64 centièmes (merci d’avoir ajouté ces deux para­mètres après-coup, content d’avoir été un peu casse-buzzzy sur ce coup-là !).

Buzzzy_2tof 07.JPGLe volume peut ensuite être modulé par une enve­loppe ADR ou AHDR, le segment Hold étant activé avec le bouton éponyme. Les temps varient entre 1 ms et 18 secondes, sachant que le Decay et le Release sont réglés en même temps, mais qu’on ne peut pas désac­ti­ver le Release. L’en­ve­loppe peut aussi être bouclée (appui long sur le bouton Hold, dont la LED se met à cligno­ter), unique moyen pour créer des modu­la­tions cycliques, faute de LFO. Dans le moteur FM, l’en­ve­loppe agit simul­ta­né­ment sur l’opé­ra­teur modu­la­teur, ce qui rend le timbre plus vivant, sans qu’on puisse toute­fois doser la quan­tité de modu­la­tion.

Un bouton dédié permet d’ac­tion­ner la vélo­cité sur le volu­me… et c’est tout pour la synthèse ! Pas de LFO assi­gnable, pas de Glide, pas de pres­sion, on doit se conten­ter du pitch­bend, de la molette de modu­la­tion (vibrato) et des CC MIDI assi­gnés aux para­mètres de synthèse pour modu­ler le son en temps réel. Ainsi, il faut soit tour­ner les potards, soit pilo­ter le Buzzzy via une unité externe (séquen­ceur / clavier de commande) si on veut chan­ger le son de manière dras­tique sans se prendre les doigts dans les commandes. Et pour jouer des sons empi­lés ou spli­tés, il faut un clavier de commande doté de fonc­tion­na­li­tés de pilo­tage multi­ca­nal, puisqu’on ne peut pas sauve­gar­der les canaux MIDI par Multi ou créer des zones de notes.

Gelée royale

Buzzzy_2tof 09.JPGChaque partie sonore dispose de ses propres effets. Ils sont de trois types : filtre, réverbe et délai, avec trois algo­rithmes par type. Le filtre est placé en premier et en série. Il est toujours dispo­nible, alors que les effets réverbe et délai sont exclu­sifs. On sélec­tionne le type d’ef­fet avec l’un des trois mini-boutons dédiés. Ensuite, on choi­sit l’al­go­rithme avec la touche Shift + le bouton d’ef­fet. Commençons par le filtre. Il possède quatre pôles et fonc­tionne en modes LP, BP ou HP. On peut en régler la fréquence de coupure, la réso­nance et la vitesse d’un LFO sur la fréquence. Nous avons trouvé que l’éta­lon­nage des para­mètres rendait les réglages un peu ardus, pas toujours évident de trou­ver le sweet spot. En pous­sant le niveau sonore, le filtre sature, ce qui permet d’ar­ron­dir les pics élevés de réso­nance (qui au passage ne va pas jusqu’à l’auto-oscil­la­tion), appor­tant une couleur inté­res­sante. Dommage que ce filtre ne puisse être modulé par une enve­loppe, même globale. Rappe­lons ici la réponse bien lisse des poten­tio­mètres, merci !

Pour­sui­vons par la réverbe. On trouve une pièce à taille variable, une pièce à réflexions modu­lables et un espace à taille variable. On peut régler la balance signal traité / signal sec (Shift + Range), la longueur de réver­bé­ra­tion et la taille de pièce / quan­tité de modu­la­tion (suivant algo­rithme). Le bouclage de l’ef­fet est très prononcé, le canton­nant aux réflexions courtes, aux effets spéciaux ou aux ambiances métal­liques. Termi­nons par le délai, qui rappe­lons-le ne peut être utilisé simul­ta­né­ment avec la réverbe sur une partie sonore donnée. Là aussi, on peut régler la balance signal traité / signal sec. Les délais ont des longueurs accor­dées suivant une loi expo­nen­tielle, ils peuvent du coup être utili­sés comme filtres en peigne ou réso­na­teurs (délais courts). Une fois le type de délai choisi (mono ou ping­pong), on en règle la fréquence et le feed­back. Le délai renferme aussi un mode chorus / flan­ger, dont on peut modi­fier la vitesse de rota­tion et le feed­back. On appré­cie la largeur stéréo de cet effet et les réglages de feed­back pronon­cés qui, mariés au filtre, enri­chissent consi­dé­ra­ble­ment la palette sonore. Point d’er­go­no­mie à signa­ler, quand l’ef­fet filtre est activé, ses commandes ont la prio­rité, donc ne peut plus éditer la réverbe ou le délai ; il faut donc couper le filtre pour éditer les autres effets sans filtre, puis le réac­ti­ver ensuite, argh !

Ruche hour

Chaque partie sonore du Buzzzy dispose d’un petit arpé­gia­teur indé­pen­dant, de quoi faire tour­ner des motifs en boucle. Les notes sont répé­tées dans l’ordre où elles ont été jouées, avec leur vélo­cité, avec possi­bi­lité d’en ajou­ter tant qu’on en main­tient au moins une, y compris les notes déjà entrées (un peu comme un séquen­ceur, mais non mémo­risé avec les programmes). Il n’y a pas de motif d’ar­pège prédé­fini (genre haut, bas, alterné, aléa­toire, dommage). On peut main­te­nir l’ar­pège en cours de lecture (appui prolongé sur le bouton Arp), histoire de garder les mains libres pour faire autre chose.

Le tempo est ajus­table et dès que le Buzzzy reçoit un message d’hor­loge MIDI, les quatre arpèges se synchro­nisent auto­ma­tique­ment, suivant l’une des huit divi­sions tempo­relles prévues. C’est d’ailleurs le seul moyen de synchro­ni­ser avec préci­sion les motifs d’ar­pèges entre les quatre parties, ce qui est très frus­trant en pratique, si on veut utili­ser le Buzzzy seul ou en maître. On peut aussi chan­ger le nombre de répé­ti­tions des notes arpé­gées (de 1 à 16) et la durée de Gate (de 0 à 100%), c’est le rôle du para­mètre Pattern, contrai­re­ment à ce que son nom indique. Tous ces para­mètres sont une nouvelle fois modi­fiables via les quatre poten­tio­mètres, dès lors qu’on main­tient le bouton Arp enfoncé, ce qui néces­site adresse et dexté­rité.

Happy culture ?

Le Buzzzy est un petit module pensé pour appor­ter de la nouveauté dans un secteur qui tend à se forma­ter. Nous avons appré­cié les diffé­rents moteurs de synthèse, la multi­tim­bra­lité, les effets sépa­rés, les arpé­gia­teurs indé­pen­dants, les CC MIDI et les mémoires. Tout cela lui confère un côté immé­diat appré­ciable, un peu gâché par le fait que la sélec­tion des moteurs de synthèse et des types d’ondes ne se fasse pas en temps réel. Le prix très abor­dable n’a pas enta­ché le sérieux de fabri­ca­tion. C’est donc sur le nombre de commandes directes, donc de para­mètres acces­sibles, que les plus grosses impasses et les compro­mis ont été faits : filtre global sans enve­loppe, modu­la­tions limi­tées, absence de para­mètres globaux cruciaux, arpèges non synchro­ni­sables en interne, gestion des mémoires inexis­tante. De même, la réponse des poten­tio­mètres en mode saut ne faci­lite pas la tâche en live, tout comme l’ab­sence d’af­fi­cheur néces­site une tête bien faite. Du coup, un éditeur aurait été appré­ciable pour les synthé­tistes aller­giques aux combi­nai­sons de touches et autres Shif­te­ries. Le Buzzzy convien­dra à ceux qui recherchent un synthé multi­tim­bral aussi peu ruineux qu’en­com­brant, centré sur l’es­sen­tiel, propo­sant une alter­na­tive à la synthèse sous­trac­tive, au prix de certains compro­mis dans l’er­go­no­mie et les fonc­tion­na­li­tés. Un départ encou­ra­geant pour Fred’s Lab !

  • Buzzzy_2tof 21.JPG
  • Buzzzy_2tof 11.JPG
  • Buzzzy_2tof 10.JPG
  • Buzzzy_2tof 09.JPG
  • Buzzzy_2tof 08.JPG
  • Buzzzy_2tof 07.JPG
  • Buzzzy_2tof 06.JPG
  • Buzzzy_2tof 05.JPG
  • Buzzzy_2tof 04.JPG
  • Buzzzy_2tof 03.JPG
  • Buzzzy_2tof 02.JPG
  • Buzzzy_2tof 01.JPG
  • Buzzzy_2tof 27.JPG
  • Buzzzy_2tof 26.JPG
  • Buzzzy_2tof 25.JPG
  • Buzzzy_2tof 24.JPG
  • Buzzzy_2tof 23.JPG
  • Buzzzy_2tof 22.JPG

Inter­view

Frédé­ric Meslin est un ingé­nieur en élec­tro­nique talen­tueux, dyna­mique et un rien têtu ; toutes les quali­tés pour réus­sir dans son entre­prise. Il s’est livré à une petite inter­view inti­mis­te…

Frédé­ric, quel est ton parcours ?

J’ai commencé à m’in­té­res­ser vrai­ment à la musique et plus spéci­fique­ment aux tech­niques de synthèse sonore pour les besoins de jeux vidéo amateur, que je déve­lop­pais durant la période collège / lycée. J’ai suivi un cursus d’in­gé­nieur en élec­tro­nique et infor­ma­tique indus­trielle, c’est à dire BAC S-SI, classes prépa­ra­toires (ratées), puis école d’in­gé­nieur INSA, en admis­sion post­bac… pas très connecté à la musique ! En 2011, j’ai fait ma première expé­rience en stage chez Artu­ria grâce à une annonce postée sur AF. Je devais déve­lop­per des inter­faces graphiques, mais après quelques jours, voyant mon inté­rêt, Frédé­ric Brun m’a réas­si­gné au projet Mini­Brute.

Mes études termi­nées, j’ai mis les voiles et me suis expa­trié en Alle­magne. Je ne parlais pas la langue et n’avais aucun contact sur place, mais un stage / travail d’in­gé­nieur en poche à Waldorf Music. J’y ai appris mon métier. Avec mon bureau d’étude Fred’s Lab, je parti­cipe toujours à quelques projets de ces entre­prises mais à mon rythme, selon mes dispo­ni­bi­li­tés et je peux désor­mais propo­ser mes propres instru­ments.

Pourquoi avoir décidé de te mettre à ton compte ?

En toute fran­chise, c’est poli­tique. Le système de produc­tion et de consom­ma­tion actuel avec tous ses impacts (société, santé, ressources, pollu­tion…) néfastes me déplaît et je m’écœure d’en être souvent acteur. Fred’s Lab, c’est l’op­por­tu­nité de pouvoir exer­cer mon métier d’in­gé­nieur en adéqua­tion avec mes valeurs.

En compen­sa­tion des risques et sacri­fices commis, je décide de mes projets, je défi­nis mon plan­ning, je choi­sis mes clients et four­nis­seurs, mes maté­riaux … Pour d’abord opti­mi­ser mon bien être person­nel, mon impact sur l’en­vi­ronnent et mes rela­tions. Je n’ai pas d’objec­tif de résul­tat annuel et je dis non quand je veux. J’ai trouvé ma liberté.

Quelles sont tes acti­vi­tés présentes ? 

La concep­tion d’al­go­rithmes et de plate­formes ARM de trai­te­ment du signal, le conseil et les passages en labo­ra­toire pour l’ob­ten­tion de rapports de confor­mité aux direc­tives CE / FCC, le design des instru­ments Fred’s Lab… Et actuel­le­ment, la produc­tion des Buzzzy, l’ad­mi­nis­tra­tion, le légal, le nouveau site web de la société ; je cumule beau­coup de casquettes !

A quand remonte le projet Buzzzy ? 

Au 10 janvier 2019. Le proto­type (hard­ware + logi­ciel basique) étaient termi­nés le 22. J’avais l’idée depuis long­temps mais il fallait agir vite car entre la réali­sa­tion d’un proto­type et une mise en produc­tion, il faut bien souvent des mois de travail achar­nés. Avant cela, le projet OP-A avait servi à « tester » le fonc­tion­ne­ment de Kicks­tar­ter et aussi à jauger de l’in­ves­tis­se­ment néces­saire pour réali­ser un projet sous ces contraintes. C’était un projet ballon, non rému­néré.

Quelles contraintes as-tu rencon­tré et comment les as-tu surmon­tées ?

Peu de contraintes, mais beau­coup de contra­rié­tés :-) !

En étant indé­pen­dant et sans inves­tis­seurs externes, à l’ex­cep­tion des précom­mandes du Kicks­tar­ter et de géné­reux dons, les deux contraintes prin­ci­pales sont les fonds et le moral. La variable d’ajus­te­ment, les heures passées au bureau. Il faut déve­lop­per une vraie rigueur de travail et se concen­trer en perma­nence sur l’objec­tif. Les sources de distrac­tion, de doutes et de perte de temps sont innom­brables et insis­tantes, il ne faut pas hési­ter à les éloi­gner ou les exclure. Exit Face­book, Twit­ter, le télé­phone. Il faut savoir aussi prendre des pauses et se réser­ver du temps pour soi, c’est plus simple à dire qu’à faire.

Les inter­ven­tions régu­lières de erew­hon (graphisme), de noiZe (tests logi­ciel) et d’Emi­lie Gillet [Mutable Instru­ments, NDLR] (conseils), ainsi que le soutien de mes proches (Fanny, Neal, parents et amis) ont apporté le regard exté­rieur néces­saire, le soutien moral irrem­plaçable et ont permis à ce projet d’at­teindre un niveau de qualité que j’au­rais été inca­pable de produire en autar­cie. C’est sincè­re­ment eux qui ont levé les contraintes.

De quelles compé­tences t’es-tu entouré pour déve­lop­per le Buzzzy ?

J’ai confié le graphisme de l’in­ter­face à erew­hon. Je trouve que son design simple et verdoyant a donné une vraie iden­tité à l’ins­tru­ment. L’as­pect coloré contraste avec les gris tristes que l’on voit souvent sur les machines actuelles. Dans un set de machines, le Buzzzy détonne et ça me plaît.

Pour la produc­tion, je suis reparti avec des entre­prises (alle­mandes) locales (R&D Elek­tro­nik GmbH & Co. KG, Formu­lor GmbH…) avec qui je travaille depuis plusieurs années. Pour l’usi­nage et l’im­pres­sion de la face avant, j’ai fait appel à un nouveau parte­naire (Wolf-Kreutz­feldt-Mecha­nik GmbH). Nous avons rencon­tré quelques problèmes au début (toute la produc­tion a été renvoyée) mais ils ont su recti­fier le tir :-) Je n’ai pas d’as­so­ciés ou de déve­lop­peurs tiers, je veux rester entiè­re­ment maître et respon­sable de ces deux secteurs-clefs.

Quels sont tes projets pour l’ave­nir ?

Propo­ser des instru­ments « boutique » abor­dables, produits arti­sa­na­le­ment en Alle­magne avec des concepts et des appli­ca­tions plutôt « niche ».

Que fais-tu en dehors du déve­lop­pe­ment de synthés ? 

Je réserve le temps restant pour ma petite famille et, parfois, je contri­bue à la scène des jeux indé, j’écris des biblio­thèques open-source, gesti­cule sur YouTube et donne des coups de main à des groupes de musique locaux.

Notre avis : 7/10

  • Sonorités originales et variées
  • Approche droit au but
  • Multitimbralité quatre parties
  • Plusieurs moteurs de synthèse
  • Canaux stéréo
  • Effets séparés par partie
  • Arpégiateur multitimbral
  • Réponse aux CC MIDI
  • Mémoires de Multi
  • Dump Sysex des programmes
  • Construction soignée
  • Ultra léger et compact
  • Prix compétitif
  • Polyphonie vite consommée
  • Niveau de sortie audio parfois faible
  • Réverbes bouclées trop court
  • Commandes directes spartiates
  • Potentiomètres uniquement en mode saut
  • Pas d’afficheur
  • Peu de paramètres de synthèse et de modulations
  • Un seul type d’arpège
  • Pas d’horloge interne pour synchroniser les arpèges
  • Filtre global par partie et sans enveloppe
  • Canaux MIDI globaux
  • Gestion des mémoires internes perfectible

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre