Le Buzzzy est un synthé numérique multitimbral concentrant plusieurs moteurs de synthèse, des effets et des arpèges, dans un mini-module à prix serré. Les premiers backers viennent de recevoir leur exemplaire. Alors, partis pour une lune de miel ?
Passionné de musique et d’électronique, Frédéric Meslin alias « marzacdev » a participé à la conception de synthés analogiques et numériques pour des marques réputées telles que Waldorf et Arturia. Entre deux collaborations, il a aussi développé différentes machines pour son propre compte. D’abord l’OP-A, une carte à synthèse FM multitimbrale commercialisée via Kickstarter. Plus récemment la Quanta, une BAR numérique restée à ce jour au stade de prototype avancé. Pour son troisième produit, il a imaginé un synthé numérique multimoteurs et multitimbral, alternative à la vague analogique déferlant actuellement dans nos studios. Il a voulu son Buzzzy résolument minimaliste, abordable, avec certes peu de commandes, mais des commandes utiles. Voyons si sa première machine signée Fred’s Lab est capable de faire le buzz…
Taille de guêpe
Le Buzzzy est un module sonore embarqué dans un tout petit boitier en bois avec une façade en alu, mesurant 148 × 70 × 68 mm pour 200 grammes de légèreté. On doit le graphisme de la sérigraphie à l’ami Serge alias « erewhon », un véritable tour de force tellement les commandes sont proches et que les paramètres assignés aux quatre potentiomètres d’édition varient selon le contexte. Les modes d’édition sont sélectionnés au moyen de mini-boutons assistés de LED, par simple appui, appui prolongé, maintien ou combinaison avec la touche Shift : choix de la partie sonore en cours, arpégiateur, mode d’enveloppe, effets, banque, programme… Il faut un temps d’apprentissage pour sortir de cette relative confusion. Ainsi, pour sélectionner un Multi, changer le canal MIDI d’une partie, régler la plage de pitchbend ou accorder la machine, il faut enchaîner les combinaisons de boutons. Tiens, il n’y a pas de transposition ou volume global au menu. Un petit tour par le manuel, traduit en français par l’ami Benoit alias « noiZe », est parfois utile.
A ce stade, il n’est pas prévu d’éditeur, dommage pour ceux qui veulent tout contrôler d’un seul regard et d’un seul doigt. On peut cependant imaginer que certains geeks talentueux fabriqueront des télécommandes virtuelles avec les CC MIDI, ce qui permettra non seulement d’accéder à tous les paramètres, mais aussi de visualiser leur valeur (surtout pour celles sélectionnées avec les boutons-poussoirs). La qualité de construction est soignée : potentiomètres vissés offrant une réponse précise, façade en alu sérigraphié, boitier en bois d’arbre et connectique vissée. Cette dernière, située à l’arrière, est tout aussi minimaliste que la façade : sortie audio stéréo sur deux jacks 6,35, sortie casque sur mini-jack stéréo, simple entrée MIDI DIN et prise USB type B (jouant à la fois le rôle d’alimentation 5 V-75 mA – 375 mW faible consommation et d’interface MIDI, mais pas audio). On peut donc alimenter le Buzzzy avec un PC, un bloc secteur 5 V ou une batterie USB. L’USB est donc le seul moyen de sortir des CC MIDI pour programmer des automations ou envoyer le contenu de la mémoire interne par Sysex. Le Buzzzy est livré avec un simple cordon USB, mais pas d’alimentation.
Bourdonnements variés
Le Buzzzy est un synthé numérique polyphonique 16 voix et multitimbral 4 parties, ce qui est bien pour le prix serré, les fabricants ayant la fâcheuse tendance à oublier la multitimbralité sur les récents synthés numériques. Il y a 16 mémoires internes de Multi à quatre parties. On ne peut hélas sauvegarder que sur le Multi en cours, ce qui oblige à repartir de zéro à chaque fois ou de jongler avec les dumps MIDI. Les commandes ont une précision de 10 bits, ce qui assure une réponse extrêmement fluide des potentiomètres. En CC MIDI, elle tombe logiquement à 7 bits, mais un lissage des signaux entrants est intégré, super !
Ce qui surprend agréablement, c’est la palette sonore variée dont est capable la machine, en quelques tours de potentiomètres (et de combinaisons de bouton !). Cela va des grosses PWM tant prisées en EDM aux sonorités FM cristallines, aux ondes spectrales évolutives, sans oublier les bruits (percussions, drones, tempêtes, effets…). Les potentiomètres fonctionnent uniquement en mode saut, ce qui est déconcertant lorsqu’on change de fonction ou de partie sonore en live. Les modes seuil ou relatif ne sont pas au programme, dommage.
Un arpégiateur multitimbral permet de faire tourner jusqu’à quatre motifs mono simultanés. La multitimbralité permet aussi d’empiler des sonorités différentes sur des parties de même canal MIDI ; on peut même les désaccorder ou les transposer pour élargir le spectre ou créer des intervalles, tout en les plaçant au choix dans le champ stéréo. La section effets intégrée apporte des ambiances très variées, allant des grands espaces au tube résonant, sans oublier les ensembles stéréo. Un filtre global par partie permet de créer des sons dans la veine analogique (en bougeant les commandes à la main ou via CC MIDI car il est statique) ou d’éliminer les artefacts numériques présents sur certaines ondes numériques modulées dans les aigus. Le moteur interne tourne en 24 bits / 48 kHz, ce qui assure une qualité sonore très bonne et un rapport signal / bruit annoncé de 100 dB. La sortie audio peut sembler un peu faible sur certains moteurs ou types d’ondes, c’est un compromis permettant une réserve de dynamique pour la multitimbralité. Comme le bruit de fond est bas, cela ne pose aucun problème d’amplifier un peu à la console ou à la carte son au besoin. Au passage, les exemples sonores du test ont été fait avec le Buzzzy seul, piloté par une séquence MIDI programmée dans Cubase sur 3 ou 4 canaux MIDI, capturés directement en une prise à la sortie stéréo.
- Buzzzy_1audio 1 Multi Layered02:16
- Buzzzy_1audio 2 Multi Chased01:59
- Buzzzy_1audio 3 Multi Asia00:56
- Buzzzy_1audio 4 Multi Four02:19
Quatre ailes
Chacune des quatre parties sonores est constituée d’un moteur de synthèse, une enveloppe de volume, une section effets et un arpège. On règle le canal MIDI de chaque partie de manière globale, par combinaison de touches et envoi de note. Les 16 voix de polyphonie maximum sont allouées dynamiquement aux 4 parties, en fonction des besoins ; l’utilisation de certains moteurs et effets gourmands tend à réduire rapidement le nombre de voix disponibles, en pratique on se retrouve souvent sous les 8 voix, ce qui contraint à certains arbitrages cornéliens pour éviter un impitoyable vol de voix. Pour chaque partie, on commence par choisir un moteur de synthèse, parmi quatre types très différents : Pulse, FM, Wave, Noise. Le moteur Pulse permet de choisir parmi 16 types d’impulsions, combinant des largeurs différentes (compris carré parfait) et des modulations cycliques prédéfinies (lentes, rapides). Il est tout à fait recommandé pour les sons classiques ou EDM.
Le moteur FM offre 16 algorithmes simples à deux opérateurs, capables de produire des timbres FM cristallins ou saturés (pianos électriques, marimbas, basses, leads…). Le porteur peut être une onde sinus, triangle ou dent de scie, alors que le modulateur est toujours une onde sinus. On ne peut rien changer au sein d’un algorithme, pas même le type d’onde ou le ratio FM. Le moteur Wave permet quant à lui de produire 16 ondes numériques basse résolution type Prophet-VS ou PPG. Certaines sont auto-modulées par un LFO interne dont la fréquence est un multiple du tempo de l’arpégiateur. Enfin le moteur Noise est capable de produire six bruits plus ou moins sales passés dans différents filtres, avec différentes coupures réparties sur une octave (utile pour fabriquer un mini-kit de percussions sans trop consommer de parties sonores). Il n’y a donc qu’un paramètre éditable par moteur : le type d’onde ou l’algorithme, basta ! Du coup, on pourrait résumer les sources à 54 formes d’onde préréglées auto-modulées (pour certaines). Point de déception, le changement d’onde (type de moteur + forme d’onde) ne se fait qu’après redéclenchement de note, ce qui ralentit l’édition et empêche de mettre du mouvement sur des notes tenues.
Mini métamorphose
Une fois l’onde choisie, on règle le volume et le panoramique avec le potentiomètre idoine et la touche Shift pour le second paramètre. Ces réglages se font cette fois en temps réel, pas besoin de redéclencher les notes pour les entendre. En envoyant des CC MIDI, on peut aussi transposer l’oscillateur sur +/-64 demi-tons et le désaccorder finement sur +/-64 centièmes (merci d’avoir ajouté ces deux paramètres après-coup, content d’avoir été un peu casse-buzzzy sur ce coup-là !).
Le volume peut ensuite être modulé par une enveloppe ADR ou AHDR, le segment Hold étant activé avec le bouton éponyme. Les temps varient entre 1 ms et 18 secondes, sachant que le Decay et le Release sont réglés en même temps, mais qu’on ne peut pas désactiver le Release. L’enveloppe peut aussi être bouclée (appui long sur le bouton Hold, dont la LED se met à clignoter), unique moyen pour créer des modulations cycliques, faute de LFO. Dans le moteur FM, l’enveloppe agit simultanément sur l’opérateur modulateur, ce qui rend le timbre plus vivant, sans qu’on puisse toutefois doser la quantité de modulation.
Un bouton dédié permet d’actionner la vélocité sur le volume… et c’est tout pour la synthèse ! Pas de LFO assignable, pas de Glide, pas de pression, on doit se contenter du pitchbend, de la molette de modulation (vibrato) et des CC MIDI assignés aux paramètres de synthèse pour moduler le son en temps réel. Ainsi, il faut soit tourner les potards, soit piloter le Buzzzy via une unité externe (séquenceur / clavier de commande) si on veut changer le son de manière drastique sans se prendre les doigts dans les commandes. Et pour jouer des sons empilés ou splités, il faut un clavier de commande doté de fonctionnalités de pilotage multicanal, puisqu’on ne peut pas sauvegarder les canaux MIDI par Multi ou créer des zones de notes.
Gelée royale
Chaque partie sonore dispose de ses propres effets. Ils sont de trois types : filtre, réverbe et délai, avec trois algorithmes par type. Le filtre est placé en premier et en série. Il est toujours disponible, alors que les effets réverbe et délai sont exclusifs. On sélectionne le type d’effet avec l’un des trois mini-boutons dédiés. Ensuite, on choisit l’algorithme avec la touche Shift + le bouton d’effet. Commençons par le filtre. Il possède quatre pôles et fonctionne en modes LP, BP ou HP. On peut en régler la fréquence de coupure, la résonance et la vitesse d’un LFO sur la fréquence. Nous avons trouvé que l’étalonnage des paramètres rendait les réglages un peu ardus, pas toujours évident de trouver le sweet spot. En poussant le niveau sonore, le filtre sature, ce qui permet d’arrondir les pics élevés de résonance (qui au passage ne va pas jusqu’à l’auto-oscillation), apportant une couleur intéressante. Dommage que ce filtre ne puisse être modulé par une enveloppe, même globale. Rappelons ici la réponse bien lisse des potentiomètres, merci !
Poursuivons par la réverbe. On trouve une pièce à taille variable, une pièce à réflexions modulables et un espace à taille variable. On peut régler la balance signal traité / signal sec (Shift + Range), la longueur de réverbération et la taille de pièce / quantité de modulation (suivant algorithme). Le bouclage de l’effet est très prononcé, le cantonnant aux réflexions courtes, aux effets spéciaux ou aux ambiances métalliques. Terminons par le délai, qui rappelons-le ne peut être utilisé simultanément avec la réverbe sur une partie sonore donnée. Là aussi, on peut régler la balance signal traité / signal sec. Les délais ont des longueurs accordées suivant une loi exponentielle, ils peuvent du coup être utilisés comme filtres en peigne ou résonateurs (délais courts). Une fois le type de délai choisi (mono ou pingpong), on en règle la fréquence et le feedback. Le délai renferme aussi un mode chorus / flanger, dont on peut modifier la vitesse de rotation et le feedback. On apprécie la largeur stéréo de cet effet et les réglages de feedback prononcés qui, mariés au filtre, enrichissent considérablement la palette sonore. Point d’ergonomie à signaler, quand l’effet filtre est activé, ses commandes ont la priorité, donc ne peut plus éditer la réverbe ou le délai ; il faut donc couper le filtre pour éditer les autres effets sans filtre, puis le réactiver ensuite, argh !
Ruche hour
Chaque partie sonore du Buzzzy dispose d’un petit arpégiateur indépendant, de quoi faire tourner des motifs en boucle. Les notes sont répétées dans l’ordre où elles ont été jouées, avec leur vélocité, avec possibilité d’en ajouter tant qu’on en maintient au moins une, y compris les notes déjà entrées (un peu comme un séquenceur, mais non mémorisé avec les programmes). Il n’y a pas de motif d’arpège prédéfini (genre haut, bas, alterné, aléatoire, dommage). On peut maintenir l’arpège en cours de lecture (appui prolongé sur le bouton Arp), histoire de garder les mains libres pour faire autre chose.
Le tempo est ajustable et dès que le Buzzzy reçoit un message d’horloge MIDI, les quatre arpèges se synchronisent automatiquement, suivant l’une des huit divisions temporelles prévues. C’est d’ailleurs le seul moyen de synchroniser avec précision les motifs d’arpèges entre les quatre parties, ce qui est très frustrant en pratique, si on veut utiliser le Buzzzy seul ou en maître. On peut aussi changer le nombre de répétitions des notes arpégées (de 1 à 16) et la durée de Gate (de 0 à 100%), c’est le rôle du paramètre Pattern, contrairement à ce que son nom indique. Tous ces paramètres sont une nouvelle fois modifiables via les quatre potentiomètres, dès lors qu’on maintient le bouton Arp enfoncé, ce qui nécessite adresse et dextérité.
Happy culture ?
Le Buzzzy est un petit module pensé pour apporter de la nouveauté dans un secteur qui tend à se formater. Nous avons apprécié les différents moteurs de synthèse, la multitimbralité, les effets séparés, les arpégiateurs indépendants, les CC MIDI et les mémoires. Tout cela lui confère un côté immédiat appréciable, un peu gâché par le fait que la sélection des moteurs de synthèse et des types d’ondes ne se fasse pas en temps réel. Le prix très abordable n’a pas entaché le sérieux de fabrication. C’est donc sur le nombre de commandes directes, donc de paramètres accessibles, que les plus grosses impasses et les compromis ont été faits : filtre global sans enveloppe, modulations limitées, absence de paramètres globaux cruciaux, arpèges non synchronisables en interne, gestion des mémoires inexistante. De même, la réponse des potentiomètres en mode saut ne facilite pas la tâche en live, tout comme l’absence d’afficheur nécessite une tête bien faite. Du coup, un éditeur aurait été appréciable pour les synthétistes allergiques aux combinaisons de touches et autres Shifteries. Le Buzzzy conviendra à ceux qui recherchent un synthé multitimbral aussi peu ruineux qu’encombrant, centré sur l’essentiel, proposant une alternative à la synthèse soustractive, au prix de certains compromis dans l’ergonomie et les fonctionnalités. Un départ encourageant pour Fred’s Lab !
Interview
Frédéric Meslin est un ingénieur en électronique talentueux, dynamique et un rien têtu ; toutes les qualités pour réussir dans son entreprise. Il s’est livré à une petite interview intimiste…
Frédéric, quel est ton parcours ?
J’ai commencé à m’intéresser vraiment à la musique et plus spécifiquement aux techniques de synthèse sonore pour les besoins de jeux vidéo amateur, que je développais durant la période collège / lycée. J’ai suivi un cursus d’ingénieur en électronique et informatique industrielle, c’est à dire BAC S-SI, classes préparatoires (ratées), puis école d’ingénieur INSA, en admission postbac… pas très connecté à la musique ! En 2011, j’ai fait ma première expérience en stage chez Arturia grâce à une annonce postée sur AF. Je devais développer des interfaces graphiques, mais après quelques jours, voyant mon intérêt, Frédéric Brun m’a réassigné au projet MiniBrute.
Mes études terminées, j’ai mis les voiles et me suis expatrié en Allemagne. Je ne parlais pas la langue et n’avais aucun contact sur place, mais un stage / travail d’ingénieur en poche à Waldorf Music. J’y ai appris mon métier. Avec mon bureau d’étude Fred’s Lab, je participe toujours à quelques projets de ces entreprises mais à mon rythme, selon mes disponibilités et je peux désormais proposer mes propres instruments.
Pourquoi avoir décidé de te mettre à ton compte ?
En toute franchise, c’est politique. Le système de production et de consommation actuel avec tous ses impacts (société, santé, ressources, pollution…) néfastes me déplaît et je m’écœure d’en être souvent acteur. Fred’s Lab, c’est l’opportunité de pouvoir exercer mon métier d’ingénieur en adéquation avec mes valeurs.
En compensation des risques et sacrifices commis, je décide de mes projets, je définis mon planning, je choisis mes clients et fournisseurs, mes matériaux … Pour d’abord optimiser mon bien être personnel, mon impact sur l’environnent et mes relations. Je n’ai pas d’objectif de résultat annuel et je dis non quand je veux. J’ai trouvé ma liberté.
Quelles sont tes activités présentes ?
La conception d’algorithmes et de plateformes ARM de traitement du signal, le conseil et les passages en laboratoire pour l’obtention de rapports de conformité aux directives CE / FCC, le design des instruments Fred’s Lab… Et actuellement, la production des Buzzzy, l’administration, le légal, le nouveau site web de la société ; je cumule beaucoup de casquettes !
A quand remonte le projet Buzzzy ?
Au 10 janvier 2019. Le prototype (hardware + logiciel basique) étaient terminés le 22. J’avais l’idée depuis longtemps mais il fallait agir vite car entre la réalisation d’un prototype et une mise en production, il faut bien souvent des mois de travail acharnés. Avant cela, le projet OP-A avait servi à « tester » le fonctionnement de Kickstarter et aussi à jauger de l’investissement nécessaire pour réaliser un projet sous ces contraintes. C’était un projet ballon, non rémunéré.
Quelles contraintes as-tu rencontré et comment les as-tu surmontées ?
Peu de contraintes, mais beaucoup de contrariétés :-) !
En étant indépendant et sans investisseurs externes, à l’exception des précommandes du Kickstarter et de généreux dons, les deux contraintes principales sont les fonds et le moral. La variable d’ajustement, les heures passées au bureau. Il faut développer une vraie rigueur de travail et se concentrer en permanence sur l’objectif. Les sources de distraction, de doutes et de perte de temps sont innombrables et insistantes, il ne faut pas hésiter à les éloigner ou les exclure. Exit Facebook, Twitter, le téléphone. Il faut savoir aussi prendre des pauses et se réserver du temps pour soi, c’est plus simple à dire qu’à faire.
Les interventions régulières de erewhon (graphisme), de noiZe (tests logiciel) et d’Emilie Gillet [Mutable Instruments, NDLR] (conseils), ainsi que le soutien de mes proches (Fanny, Neal, parents et amis) ont apporté le regard extérieur nécessaire, le soutien moral irremplaçable et ont permis à ce projet d’atteindre un niveau de qualité que j’aurais été incapable de produire en autarcie. C’est sincèrement eux qui ont levé les contraintes.
De quelles compétences t’es-tu entouré pour développer le Buzzzy ?
J’ai confié le graphisme de l’interface à erewhon. Je trouve que son design simple et verdoyant a donné une vraie identité à l’instrument. L’aspect coloré contraste avec les gris tristes que l’on voit souvent sur les machines actuelles. Dans un set de machines, le Buzzzy détonne et ça me plaît.
Pour la production, je suis reparti avec des entreprises (allemandes) locales (R&D Elektronik GmbH & Co. KG, Formulor GmbH…) avec qui je travaille depuis plusieurs années. Pour l’usinage et l’impression de la face avant, j’ai fait appel à un nouveau partenaire (Wolf-Kreutzfeldt-Mechanik GmbH). Nous avons rencontré quelques problèmes au début (toute la production a été renvoyée) mais ils ont su rectifier le tir :-) Je n’ai pas d’associés ou de développeurs tiers, je veux rester entièrement maître et responsable de ces deux secteurs-clefs.
Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Proposer des instruments « boutique » abordables, produits artisanalement en Allemagne avec des concepts et des applications plutôt « niche ».
Que fais-tu en dehors du développement de synthés ?
Je réserve le temps restant pour ma petite famille et, parfois, je contribue à la scène des jeux indé, j’écris des bibliothèques open-source, gesticule sur YouTube et donne des coups de main à des groupes de musique locaux.