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Test de la Tonehammer Liberis - La voix des anges

Après la réussite de Requiem, l’éditeur Tonehammer poursuit son exploration des ensembles vocaux avec Liberis, dédié aux chœurs et chorales d’enfants. Avec le même succès ?

Entre deux produits plus “légers”, voire plus loufoques comme ceux qu’il sort via son autre marque Micro­ham­mer, mais dans tous les cas réali­sés avec la même exigence et la même qualité que les banques haut de gamme, l’édi­teur Tone­ham­mer propose des biblio­thèques plus ambi­tieuses, comme la série dédiée aux voix chorales initiée avec Requiem, puis Requiem Light (test ici) et pour l’ins­tant complé­tée par Libe­ris (sous-titrée Ange­lic Choir), dédiée aux chœurs d’en­fants.

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz

OS 10.6.6

Logic 9.1.3

Kontakt 4.2.3

Libe­ris

L’édi­teur a, à cet effet, enre­gis­tré l’en­semble Pied­mont East Bay Chil­dren’s Choir, riche de 45 chan­teurs et chan­teuses, super­visé par Robert Geary, par ailleurs fonda­teur et chef de Volti et déjà présent sur Requiem, dans ce qui est un des lieux de prédi­lec­tion de l’édi­teur en matière d’en­re­gis­tre­ment, une église (non iden­ti­fiée) de Pied­mont, dans la baie de San Fran­cisco en Cali­for­nie.

La biblio­thèque est présen­tée par Tone­ham­mer comme son projet le plus ambi­tieux. Simple effet d’an­nonce ou réalité ? Quand on connaît la qualité des produits déjà réali­sés (voir par exemple le test des pianos de l’édi­teur ICI), on peut déjà avoir un a priori favo­rable, même si personne n’est à l’abri d’une baisse de régime, sinon d’un raté. Ecou­tons-voir.

Intro­du­cing Libe­ris

Tonehammer Liberis

Dispo­nible chez l’édi­teur au tarif de 499 $, la biblio­thèque se télé­charge tout comme d’autres de ses produits via le TH Down­loa­der. Cette appli­ca­tion Java déjà mention­née dans le test de Requiem Light se charge de rapa­trier sur l’or­di­na­teur tous les fichiers .rar. Le code fourni lors de l’achat déver­rouille le télé­char­ge­ment, il n’y a pas d’autre procé­dure d’au­to­ri­sa­tion, tous les échan­tillons et programmes étant water­mar­kés. Si l’on ne souhaite pas utili­ser cette appli­ca­tion, l’édi­teur four­nit aussi les liens directs, avec télé­char­ge­ment conven­tion­nel via le navi­ga­teur habi­tuel.

Atten­tion, la biblio­thèque n’est compa­tible qu’avec la version complète de Kontakt 4 (à partir de 4.1.1), et ne fonc­tion­nera donc pas avec le lecteur Kontakt gratuit (Kontakt Player). Une fois instal­lée, la biblio­thèque affiche un poids consé­quent de presque 12 Go, pour plus de 13 000 échan­tillons en 24 bits/44,1 kHz (plus 3000 échan­tillons de legato et porta­mento). On doit aussi instal­ler sépa­ré­ment les fichiers qui permet­tront d’uti­li­ser l’in­ter­face graphique parti­cu­lière créée par le déve­lop­peur. On trou­vera nombre d’in­for­ma­tions sur la biblio­thèque ICI, ainsi que le manuel ICI.

L’en­re­gis­tre­ment a fait appel à une triple prise de son stéréo simul­ta­née (évidem­ment…), de proxi­mité (Stage), à mi-distance (Mid) et éloi­gnée (Far), réper­cu­tée dans autant de dossiers. La biblio­thèque est donc logique­ment orga­ni­sée selon ces trois prises, chaque Instru­ment (.nki) étant présent dans chacun des dossiers. Un dossier supplé­men­taire, All, contient des Multis (.nkm) réunis­sant les trois versions de chaque Instru­ment. Le tout compa­tible 5.1 bien entendu.

Ces instru­ments sont regrou­pés selon six familles, Choral Effects, Legato & Sustains, Marcato, Poly-Sustains, Marcato, Poly-Sustains, Soloists et Stac­cato. Les solistes consistent en deux voix de filles et une de garçon, on y revien­dra. En bonus, fidèle à son habi­tude, l’édi­teur a fourni des impul­sions de réverbe, ainsi que des programmes faisant appel à du sound design plutôt que visant le réalisme dans le dossier Ambiences.

Inter­face, reprise

Tonehammer Liberis

Même si elle reprend le prin­cipe de Requiem, le grimoire, les onglets ouvrant des pages et les cierges, l’in­ter­face de Libe­ris est un peu plus “raffi­née” et un peu plus lisible, grâce à la typo simpli­fiée et à des boutons plus simples, modernes. La page Help deman­dera toujours de bons yeux, en revanche, le ton sur ton de bruns n’étant pas forcé­ment des plus lisibles.

Certaines fonc­tions ont été simpli­fiées, d’autres enri­chies, mais il sera diffi­cile de faire un compa­ra­tif à ce niveau, puisque le “maté­riau” sonore n’est pas du tout le même. Libe­ris n’a pas de couver­ture, déjà. Ensuite, le prin­cipe de partie gauche variant suivant le programme, et de partie droite, Fine Tuning, regrou­pant quasi­ment toujours les mêmes réglages, est main­tenu. Cette dernière page reprend les sections Shaping et Adjust­ments. On se repor­tera au test de Requiem Light pour le détail des fonc­tions communes.

Comme son aînée, la biblio­thèque dispose de toutes les fonc­tion­na­li­tés Midi en termes de contrôles et de Keys­witches, sachant que ces fonc­tions permettent de jouer sur le volume, la dyna­mique, les enve­loppes ou de choi­sir les sons, les mots, les types de phrases et autres varia­tions offertes par Libe­ris.

La plupart des presets, de façon cepen­dant moins systé­ma­tique que dans Requiem, sont présen­tés en version utili­sant la RAM, et en version conçue pour le strea­ming, portant la mention “dfd”.

Chan­tez, main­te­nant

Tonehammer Liberis

Une préci­sion de l’édi­teur semble digne d’être mention­née. En effet, il défi­nit ainsi sa biblio­thèque : “Libe­ris is not a “youth/chil­dren’s” choir, but an incre­di­bly versa­tile scoring tool, which will fit in anything from gorgeous ethe­real scores to despe­ra­tely haun­ting solo voices, from tradi­tio­nal choral writing to more dark Elfman inspi­red styles of music.”

Ce qui permet d’ex­pliquer certains choix, notam­ment, comme dans Requiem, celui des syllabes dispo­nibles pour les programmes Phrase Buil­der et Quick-Chant. Rappe­lons rapi­de­ment le fonc­tion­ne­ment des premiers : l’in­ter­face consiste en une suite de cierges et un parche­min compre­nant neuf syllabes (Ah, Doh, Fah, La, Mi, Ooh, Re, So et Tus), plus un Skip, une fonc­tion Back (maté­ria­li­sée par une flèche orien­tée vers la gauche) et une fonc­tion Clear (un symbole Stop). En cliquant sur les syllabes, on les place sur chacun des cierges à la suite, Skip insé­rant un saut de pas. À chaque attaque du clavier, note à note ou en accord, on passe d’une syllabe/cierge, avec retour au début dès que l’on atteint la dernière syllabe. Les Keys­witches permettent de forcer le démar­rage à partir de l’une ou l’autre syllabe.

Tonehammer Liberis

On évitera les extrêmes, puisque dans les graves c’est un même échan­tillon qui est mappé de E2 à G#3 avec les défor­ma­tions que l’on imagine, et que le phéno­mène est répété dans les aigus avec un même échan­tillon de A6 à E6. On se demande pourquoi l’édi­teur a étendu autant les tessi­tures, au vu du résul­tat qui est plutôt inuti­li­sable (dans le cadre, rappe­lons-le, d’une chorale d’en­fants…). Voici une suite de syllabes dans les trois ambiances, Stage, Mid et Far :

 

 

 

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Puis la même suite en utili­sant le Multi réunis­sant les trois :

 

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Tonehammer Liberis

On remarque d’abord l’ex­cel­lente qualité sonore, la justesse et la stabi­lité de la phase. L’édi­teur propose jusqu’à trois couches d’échan­tillons Round Robin afin d’évi­ter tout effet mitraillette et en géné­ral un layer pp et un layer ff, dont les cross­fades sont quasi imper­cep­tibles. Ainsi que le fort contenu en basses fréquences, réver­bé­ra­tion natu­relle, que rien n’em­pêche de couper au mix. D’autre part, je n’ai ici pas du tout utilisé la fonc­tion Swell, ni une quel­conque auto­ma­tion de volume, d’où le côté un peu haché du résul­tat.

En jouant sur les réglages Attack, on peut adou­cir cet effet, et l’en­semble se fond plus faci­le­ment. Il est ainsi très aisé de faire des maquettes de façon rapide, comme dans l’exemple ci-dessous, repre­nant les voix de l’exemple de départ, la simu­la­tion d’une autre chorale (à gauche, avec un Multi All Sustains 8-vowel Pad), des voix mascu­lines (Stac­cato avec Quick-Chant) venant de Requiem Light, et une nappe :

 

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Et, à l’ex­cep­tion des voix à gauche, rappe­lons que ne sont utili­sés que les programmes Stac­ca­to…

Quant aux instru­ments Quick-Chant, on y retrouve l’in­ter­face sous forme de grille, façon step sequen­cer, chaque syllabe dispo­sant de sa propre ligne, dans laquelle on règle le déclen­che­ment et le volume en cliquant-tirant sur autant de curseurs que désiré. Le prin­cipe est diffé­rent de Phrase Buil­der, puisqu’ici on lance une phrase de deux à huit mesures, synchro­ni­sée à l’hôte ou au tempo interne.

Toujours le même reproche pour ces programmes : l’in­ter­face aurait pu être plus grande, de façon à avoir toutes les syllabes sous les yeux, sans avoir à scrol­ler.

Du côté de Legato

Tonehammer Liberis

Commençons par les programmes Sustains 7-Vowel Master. On retrouve les réglages habi­tuels, une série de voyelles (plus des Mmm) et la possi­bi­lité de les jouer de façon tradi­tion­nelle, en accords ou mélo­die, ou en Legato avec option Pitch (léger effet de porta­mento entre les notes). Mais écou­tons d’abord une suite poly­pho­nique, utili­sant la fonc­tion Swell, et le passage d’une voyelle à l’autre via auto­ma­tion, dans le rendu succes­sif des trois prises de son (le réglage Attack est à 169,3 ms). On ne me tien­dra pas rigueur de la durée des accords, un peu trop longs et enchaî­nés trop rapi­de­ment pour être tout à fait réalistes, mais c’est aussi l’avan­tage du virtuel…

 

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Puis les trois réunis dans le Multi habi­tuel :

 

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Tonehammer Liberis

Là où Tone­ham­mer fait très fort, et qui avait montré toute son effi­ca­cité dans Requiem, ce sont les fonc­tions Legato, puisque l’édi­teur a conçu un script le rendant poly­pho­nique pour certains programmes, mais oui (trois voix paral­lèles maxi­mum). On peut jouer les notes legato, ou en accord, ou selon un mélange des deux.

Ce mélange dépen­dra de la limite d’in­ter­ven­tion du legato : en réglant Range sur 3 par exemple, toutes les notes qui ne sont pas sépa­rées de plus de trois demi-tons seront jouées legato, tandis que celles situées en dehors de cet inter­valle seront soit jouées norma­le­ment (à la place de la précé­dente) soit ajou­tées comme note d’un accord si l’on règle le para­mètre Poly­phony sur 2 ou 3.

L’exemple ci-dessous fait entendre plusieurs notes enchaî­nées (toutes les notes sont main­te­nues), avec un Range limité à 3. Dès que l’in­ter­valle excède une tierce mineure, la note s’ajoute à la précé­dente, et le legato conti­nue de s’ap­pliquer, même aux voix infé­rieures, dès qu’on joue à nouveau une note dans les limites de l’in­ter­valle déter­miné :

 

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Tonehammer Liberis

On dispose aussi de programmes True-Legato. Cette fois, la vitesse à laquelle les tran­si­tions sont jouées (car ce sont bien des échan­tillons de tran­si­tion et non pas de la modé­li­sa­tion) est réglable de façon conti­nue, et non plus par paliers comme dans Requiem.

Une première aussi, la biblio­thèque dispose de programmes True-Porta­mento, qui fonc­tionnent selon la même approche que les legato, inter­valle maxi­mum une octave, et poly­pho­nie jusqu’à trois voix. En voici un exemple :

 

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Inté­res­sante aussi est l’uti­li­sa­tion du legato dans les programmes Poly-Sustain Chants. Ces programmes sont consti­tués de jusqu’à 12 mots diffé­rents, que l’on peut jouer en accords, tout en les sélec­tion­nant via KS, comme sur tous les autres programmes, comme ceci :

 

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Tonehammer Liberis

On l’en­tend, la vitesse de relâ­che­ment et d’en­chaî­ne­ment des accords est trop rapide sur cet exemple pour aller au bout du mot entier. Il faudra donc faire atten­tion au choix du tempo, et/ou partir des diffé­rents programmes propo­sés à 100 ou 140 BPM, ou les versions utili­sant le time-stretch ou la synchro ou tempo. Atten­tion aux résul­tats, Kontakt est imbat­table sur les scripts, en revanche sur les algo­rithmes de time-stretch, il y aurait beau­coup à amélio­rer, comme le montre l’exemple suivant. :

 

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L’édi­teur a même inclus des programmes dotés d’échan­tillons de relâ­che­ment, qui déclenchent la dernière syllabe, si elle n’a pas été jouée, au moment où l’on lâche les touches. On peut d’ailleurs s’amu­ser à construire de nouveaux mots suivant la vitesse.

Pour en reve­nir au Legato, on peut, sur ces Chants, en l’ac­ti­vant et en jouant sur l’ar­ti­cu­la­tion des mots, et avec un peu de pratique, enchaî­ner plusieurs notes sur une même syllabe, ce qui est plutôt rare et ici très effi­cace. Exemple :

 

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Solistes et bruits

Rien moins que trois solistes au programme, deux filles et un garçon. La Soloist Girl 1 et le Soloist 2 Boy disposent tout deux de programmes Poly-Sustains et Sustains 8-Vowel.

Voici la première :

 

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Et le deuxième :

 

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On le constate, ces jeunes gens ne sont pas forcé­ment très assu­rés, la justesse peut fluc­tuer, mais c’est aussi tout l’in­té­rêt de la chose.

La troi­sième est un peu plus âgée selon l’édi­teur, et plus habile. On dispose des mêmes programmes plus  deux programmes True-Legato et True-Porta­mento.

En repre­nant l’un des exemples précé­dents, voilà un petit brico­lage vite fait avec la troi­sième soliste au-dessus des voix, un piano léger (l’Ele­men­tal Piano du même éditeur, dont on trou­vera le test ICI) plus une réverbe externe.

 

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Tonehammer Liberis

Dans le dossier Choral Effects, on trouve aussi bien des effets de clus­ters, de glis­san­dos disso­nants ou non, de percus­sions (rappe­lant très forte­ment Anti­drum du même éditeur), des versions de chan­sons enfan­tines défor­mées, divers bruits, etc. En voici quelques exemples :

 

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Enfin le dossier Ambiences renferme sept programmes ayant banni quasi­ment tout réalisme, dans la recherche de sons de type nappes, ainsi que quelques programmes faisant appel à l’Uber­peg­gia­tor déjà utilisé par l’édi­teur, notam­ment pour ses pianos prépa­rés (voir test ICI).

 

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Bilan

Ça va deve­nir une habi­tude avec Tone­ham­mer. On ne peut que recon­naître l’ex­cel­lence de la biblio­thèque, enre­gis­tre­ment, program­ma­tion, concep­tion, sound design, travail de scripts, rien à redire, tout fonc­tionne, tout sonne. Peut-on regret­ter de manquer de syllabes ? Oui, on en voudrait toujours plus, tant leur mise en œuvre est rapide et effi­cace. Mais fran­che­ment, sinon, diffi­cile de trou­ver des reproches intrin­sèques à la biblio­thèque.

Avec Requiem et Libe­ris, l’édi­teur possède à son cata­logue deux petits bijoux de produits à base de voix, dont la grande qualité, outre celle de leurs concepts et réali­sa­tion, réside dans leur origi­na­lité, dans leur approche plus créa­tive que simple­ment utili­taire (même si l’on a parfois besoin de produits simple­ment utili­tai­res…) ou exhaus­tive, dans leur recherche de sono­ri­tés faisant appel à l’émo­tion plutôt qu’à la perfec­tion et la froi­deur qui y est souvent asso­ciée. Bref, un indis­pen­sable pour le travail à l’image, une fois de plus signé Tone­ham­mer.

  • Son
  • Concept
  • Triple prise de son
  • Qualité de la programmation
  • Scripts
  • Quick-Chant
  • Phrase Builder
  • Round Robin
  • Qualité des crossfades
  • Legato polyphonique
  • Portamento polyphonique
  • Compatible 5.1
  • Nombreux presets et Multis
  • Cohérence sonore
  • Programmes synchrones
  • Nombreuses Impulses de qualité
  • Midi Learn et Keyswitches
  • Ergonomie
  • Se mixe parfaitement avec Requiem
  • Quelques presets gourmands en CPU
  • Une trop grande rapidité d’exécution sature les Scripts
  • Time-stretch (à reprocher à Kontakt...)
  • Quelques rares bruits de fond
  • Quelques sauts de volume sur certaines syllabes/voyelles

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