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Novation fait encore des étincelles
8/10
Award Innovation 2021
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Le Circuit Tracks est l'évolution du Circuit premier du nom ou "OG", sorti en 2015, que nous avions testé dans nos colonnes. A l'époque, le firmware en était à sa version 1.1, et depuis de nombreuses mises à jour demandées par les utilisateurs ont été proposées, comme la possibilité d'importer ses samples, d'éditer ses patchs avec des éditeurs sur ordinateur dédiés, la mise à disposition de packs de patchs / sessions / samples pour remplacer ceux d'origine, de multiples améliorations du séquenceur etc. Ce qui devait être limité et plus ou moins dédié à des débutants est alors devenu plus ouvert, au point d'intéresser tous les aficionados des configurations "DAW-less" sans ordinateur pour la scène ou la production. Avec ce Circuit Tracks, proposé actuellement à 380 euros, Novation a fait évoluer également la partie hardware et revisité le concept original. Regardons de plus près ce que cela implique.

Test du Novation Circuit Tracks : Novation fait encore des étincelles

Mettons nous sur les rails

Ce nouveau produit est donc une groove machine ou groo­ve­box de 240 × 210 × 40 mm, un outil de produc­tion musi­cal parfai­te­ment auto­nome avec une batte­rie inté­grée (annon­cée à 4 heures d’au­to­no­mie), qui peut servir de séquen­ceur, de synthé­ti­seur avec le moteur du Nova­tion Mini­Nova, de lecteur de sample, de contrô­leur MIDI avec ses enco­deurs rota­tifs et sa grille de 4 × 8 pads fami­liers pour les utili­sa­teurs de Launch­pads, un outil de perfor­mance live, et encore d’autres choses si on le connecte par USB à un ordi­na­teur, ce qui permet de le mettre à jour, de trans­fé­rer des sons, et d’en faire une inter­face MIDI.

En ouvrant la boite, on trouve le joujou avec un câble USB, une prise d’ali­men­ta­tion univer­selle et puis c’est tout, pas de manuel imprimé ou de petit pense-bête des fonc­tion­na­li­tés prin­ci­pales malheu­reu­se­ment.

IMG_4122.JPGToute la connec­tique est présente à l’ar­rière, avec les éléments déjà présents sur le Circuit OG : deux sorties jack 6.35 mm, une sortie casque, le slot Kensing­ton Mini­Sa­ver, un port USB, le bouton d’al­lu­mage qu’il faudra enfon­cer plusieurs secondes pour allu­mer la machine. Le Circuit Tracks propose en plus un port pour carte microSD, deux nouvelles entrées audio 6.35 mm, la suppres­sion de l’en­trée alimen­ta­tion (le port USB joue ce rôle à présent), le rempla­ce­ment de l’en­trée et de la sortie MIDI au format 3.5 mm par une entrée et une sortie MIDI au format DIN clas­sique, avec un port THRU supplé­men­taire qui peut aussi être confi­guré comme deuxième sortie et une sortie sync pour synchro­ni­ser le tempo de plusieurs machines.

Novation Circuit Tracks : IMG_4124.JPGLe port USB a d’ailleurs un certain nombre d’usages dans la machine. Il permet de commu­niquer avec un ordi­na­teur comme entrée et sortie MIDI (ce qui permet par exemple de jouer d’un instru­ment virtuel via la surface de contrôle, de lancer des clips dans Able­ton Live, de bran­cher un clavier maitre sur le Circuit Tracks unique­ment mais de rece­voir les notes sur l’or­di­na­teur, de séquen­cer le Circuit Tracks avec des clips présents sur l’or­di­na­teur, de récu­pé­rer direc­te­ment les infor­ma­tions de tempo etc.), il recharge la batte­rie interne, et donne accès aux fonc­tion­na­li­tés de l’ap­pli­ca­tion Compo­nents dont nous parle­rons plus loin. Toutes ces fonc­tion­na­li­tés font que la machine peut servir d’élé­ment central dans un set d’ins­tru­ments, d’au­tant plus que les entrées audio pour­ront être trai­tées avec les effets propo­sés. A notre grand regret par contre, le port USB ne permet pas de jouer le rôle d’in­ter­face audio, donc d’en­voyer et de rece­voir des données audio. Pour faire le mixage d’un morceau réalisé avec le Circuit Tracks, il faudra se conten­ter des sorties analo­giques.

Enfin, le Circuit Tracks propose en plus de ses 8 enco­deurs rota­tifs, qui permet­tront d’agir sur le son du moteur de synthèse et de lecture de samples et envoyer des messages MIDI à des appa­reils externes, un poten­tio­mètre de volume géné­ral, un autre de « master filter » qui agit direc­te­ment sur la sortie audio (passe-bas à gauche de la posi­tion centrale à cran, passe-haut à droite), et une ving­taine de boutons pour accé­der aux fonc­tion­na­li­tés du produit.

Mise en place

Après avoir enre­gis­tré la machine sur notre compte Nova­tion, on accède à une liste de télé­char­ge­ments pour le Circuit Tracks, le manuel utili­sa­teur en PDF dans toutes les langues (y compris le français !), l’ap­pli­ca­tion Nova­tion Compo­nents qui permet de faire commu­niquer l’or­di­na­teur et le Circuit Tracks, le driver Nova­tion USB pour Windows, un accès à des vidéos tuto­riel sur une page dédiée, et un bundle de logi­ciels et de samples.

Au moment du test, nous avions accès à un pack de samples Loop­mas­ters de 3 Go, et à des accès tempo­raires via le Nova­tion/Focus­rite Sound Collec­tive aux plug-ins Track­tion Retro­Mod 106, GForce Micro­monsta, et Zampler Sounds Zampler RX (en gros, tous les deux/trois mois l’édi­teur donne un code qui permet d’ac­qué­rir un nouveau plug-in, mais l’offre expire au bout d’un certain temps et on vous en propose une nouvelle dans la foulée). Pour la docu­men­ta­tion, elle ne concerne au moment du test que le Circuit Tracks lui-même, mais pas l’ap­pli­ca­tion Compo­nents qui a juste une page sur le site inter­net. Il n’y a pas encore non plus de « Program­mer’s Guide », qui indiquait les réfé­rences CC et NRPN pour modi­fier les para­mètres de la machine via MIDI sur le Circuit OG, même si d’après l’édi­teur sa publi­ca­tion ne saurait tarder et que peu de choses ont changé à ce niveau-là entre les deux machines.

Une fois tous ces éléments télé­char­gés, il est l’heure d’al­lu­mer le Circuit Tracks, et aussi de le bran­cher sur l’or­di­na­teur pour réali­ser une éven­tuelle « update » du firm­ware. Depuis sa sortie, il y a déjà eu en effet plusieurs mises à jour impor­tantes qui ont été publiées, avec des correc­tifs de bugs et des amélio­ra­tions (notam­ment sur la taille des samples que l’on peut stocker), et l’ap­pli­ca­tion Compo­nents permet assez simple­ment de mettre à jour la machine en vous guidant dans toutes les étapes à réali­ser.

On remarque d’ailleurs que le Circuit Tracks est reconnu comme un disque dur à la connexion à l’or­di­na­teur, qui contient quelques infor­ma­tions de démar­rage et un lien HTML vers la page du site de Nova­tion donnant accès aux télé­char­ge­ments et aux tuto­riels vidéo. Cette fonc­tion­na­lité, appe­lée « Easy Start Tool » et qui peut d’ailleurs être désac­ti­vée dans les para­mètres de la machine, ne permet pas toute­fois d’avoir accès au contenu musi­cal lui-même ou à l’ar­bo­res­cence de la carte microSD malheu­reu­se­ment.

Ces données musi­cales sont orga­ni­sées sous la forme de « packs », qui est lui-même consti­tué de 64 échan­tillons sonores ou samples mono dont la durée totale ne doit pas excé­der 3 minutes, de 128 patchs pour le moteur de synthèse, et de 64 slots pour les projets, l’équi­valent des sessions dans le Circuit OG, c’est-à-dire vos séquences, réglages de mixage etc. C’est à ce moment là qu’on constate une autre des grosses diffé­rences entre le Circuit Tracks et sa version précé­dente. Grâce à la carte microSD, il est possible d’avoir sur sa machine stockés jusqu’à 32 packs, contre un seul sur le OG, et un seul égale­ment sur le Tracks sans carte microSD.

Notons que toutes les cartes microSD ne sont pas compa­tibles, et que de nombreux utili­sa­teurs ont fait part de problèmes dans leur utili­sa­tion. C’est pourquoi Nova­tion recom­mande sur une page dédiée de n’uti­li­ser que certaines réfé­rences en classe 10, forma­tées en FAT32. De mon côté, la première carte microSD que j’ai essayée ne fonc­tion­nait que par inter­mit­tence après avoir enlevé puis remis plusieurs fois la carte dans le port à l’ar­rière. Puis j’ai acheté une des réfé­rences recom­man­dées, et depuis je n’ai jamais eu le moindre problème avec.

Prise en main du Circuit Tracks

Au démar­rage, le Circuit Tracks affiche son niveau de batte­rie, ou indique si il est bran­ché, et charge le dernier pack et le dernier projet de ce pack qui ont été utili­sés. A la toute première utili­sa­tion, c’est le pack d’usine de Nova­tion qui est sélec­tionné avec un des 16 projets d’exemple.

On est alors invi­tés à créer de la musique en choi­sis­sant éven­tuel­le­ment un autre pack, puis un slot de projet, en utili­sant unique­ment les patchs et les samples acces­sibles dans le pack en cours avec les onglets « Presets ». On pourra assi­gner un patch à la piste de synthé numéro 1, et un autre patch sur la piste numéro 2. Sur les 4 pistes drums, il est possible au choix d’uti­li­ser unique­ment un sample par piste, ou bien de jouer un sample diffé­rent parmi les 64 sur chaque pas de chaque piste (une fonc­tion­na­lité sur laquelle on revien­dra qui se nomme le « Sample Flip »), avec toute­fois une limite de 4 samples joués en même temps en tout (un par piste).

Tous les onglets d’édi­tion sont acces­sibles en utili­sant un des boutons de part et d’autre des pads de jeu, parfois en appuyant deux fois sur le même bouton ou en restant appuyé sur « Shift » plus sur le bouton pour y accé­der direc­te­ment. Le fait de pouvoir faire les deux choses, et de ne pas avoir à gérer de menu dérou­lant rend le work­flow avec la machine très agréable une fois qu’on a pris connais­sance des possi­bi­li­tés et des fonc­tion­na­li­tés. Cela se fera obli­ga­toi­re­ment en lisant le manuel au départ, qui nous semble-t-il est un passage obli­ga­toire pour saisir les subti­li­tés du mode de fonc­tion­ne­ment de la groo­ve­box, au moins pendant les premières heures d’uti­li­sa­tion. 

Ensuite, le choix des patchs et des samples pour géné­rer de la musique ne se fait qu’à l’oreille, en allant dans les onglets de navi­ga­tion de patchs et de samples asso­ciés à chaque piste, et en appuyant sur les pads qui permettent de les sélec­tion­ner et de les écou­ter. Pour les patchs, selon qu’une seule note d’exemple ou plusieurs sont jouées, on peut déter­mi­ner si le patch en ques­tion est mono ou poly­pho­nique. Et en utili­sant l’ap­pli­ca­tion Compo­nents (sur laquelle on revien­dra égale­ment plus tard), on a accès à quelques infos supplé­men­taires telles que le nom et la caté­go­rie avec le Circuit Tracks bran­ché sur l’or­di­na­teur, et l’ap­pli­ca­tion Compo­nents ouverte avec le pack en cours chargé à l’in­té­rieur. 

Chaque patch peut néan­moins sonner diffé­rem­ment en utili­sant les 8 poten­tio­mètres de macros, ce qui permet d’af­fi­ner le résul­tat sonore, voire d’ap­por­ter des modi­fi­ca­tions impor­tantes au carac­tère du patch dans le séquen­ceur via de l’au­to­ma­tion. Si les résul­tats avec des modi­fi­ca­tions de ces macros ne conviennent toujours pas, on peut alors soit aller cher­cher un autre patch, soit modi­fier ce patch dans l’ap­pli­ca­tion Compo­nents. Cette modi­fi­ca­tion sera alors enre­gis­trée dans le projet en cours, mais ne chan­gera rien aux 128 patchs acces­sibles avec le navi­ga­teur de presets. En effet, chaque projet enre­gistre sépa­ré­ment tous les para­mètres du moteur de synthèse, et pas simple­ment une réfé­rence vers un des patchs acces­sibles, ce qui est plutôt bien­venu si on a des besoins spéci­fiques en sound design.

Voilà pour le concept de base, qui est aussi celui du Circuit OG, sans écran sur la machine, et inchangé ou presque avec le Circuit Tracks.

Notons égale­ment que le Circuit Tracks est livré avec trois packs d’usine. Le premier a été créé par Nova­tion en parte­na­riat avec Red Means Recor­ding et Taetro. Il contient 16 projets d’exemples qui permettent de se rendre compte de ce que permet la machine sur le plan sonore et d’ap­pré­cier l’uti­li­sa­tion des fonc­tion­na­li­tés dispo­nibles pour jouer ce qui ressemble à des morceaux complets. Le second a été réalisé par DLR, tandis que le troi­sième a été conçu avec Shadow Child. Pour aller plus loin, il vous faudra télé­char­ger d’autres packs exis­tants (gratuits sur la page Face­book des utili­sa­teurs de la machine, ou payants comme indiqués dans ce sujet), créer les vôtres en compi­lant du contenu person­na­lisé, ou conver­tir manuel­le­ment des packs pour le Circuit OG en packs pour le Circuit Tracks (sans les projets qui sont incom­pa­tibles). Cette conver­sion ne se fait pas du tout de manière auto­ma­tique pour le moment, mais cela n’em­pê­chera pas de pouvoir profi­ter de tout ce qui a été partagé sur les diffé­rents groupes d’uti­li­sa­teurs du Circuit OG présents sur la toile, les patchs étant parfai­te­ment compa­tibles d’une machine à l’autre. En effet, le moteur de synthèse du Circuit Tracks est une version inchan­gée de celui présent sur la machine origi­nale.

Vous pouvez écou­ter ci-dessous des démos issues des projets d’usine de Nova­tion, ainsi que des packs payants de From Goa to Psytrance et Bass Pres­sure, dispo­nibles sur le site de Isoto­nik Studios et réali­sés par Anto­nio Valla­do­lid Gonzá­lez (toutes les démos de ce test ont été enre­gis­trées sur la sortie du Circuit Tracks sans effets addi­tion­nels à part un peu de limi­teur).

Third Party Test – Nova­tion 1
00:0000:29
  • Third Party Test – Nova­tion 100:29
  • Third Party Test – Nova­tion 200:48
  • Third Party Test – Nova­tion DLR00:35
  • Third Party Test – Goa To Psytrance01:18
  • Third Party Test – Bass Pres­sure01:09

 

Compo­ser en un éclair

Comment se sert on du Circuit Tracks ?

A l’in­té­rieur d’un projet, on gère des séquences de notes ou « patterns » d’une part (8 maxi­mum par piste), et le mixage de notre morceau d’autre part, sur 8 pistes donc : les 2 pistes de synthé, les 4 pistes de samples, et 2 pistes supplé­men­taires exclu­sives au Tracks.

Dans le séquen­ceur, on peut comman­der via MIDI des instru­ments externes, en utili­sant les sorties MIDI physiques (le THRU pouvant être confi­guré comme sortie supplé­men­taire) ou bien le MIDI par USB. Chaque piste étant assi­gnée à un canal diffé­rent, il est d’ailleurs tout à fait possible de comman­der en fait autant d’ap­pa­reils externes diffé­rents que de pistes, donc jusqu’à 8. Côté mixage, les deux pistes supplé­men­taires proviennent des deux entrées audio mono, et possèdent les mêmes contrôles et effets que les autres que nous allons voir ensuite. On pourra y router évidem­ment la sortie mono de deux instru­ments pilo­tés avec les patterns MIDI sus-cités, mais aussi y envoyer le canal gauche et le canal droit d’une table de mixage, qui contien­drait le mixdown de plein d’autres éléments synchro­ni­sés parfai­te­ment avec le Circuit Tracks grâce à la sortie synchro analo­gique ou à une master clock, ou encore des instru­ments stan­da­lones, un sampler, même une guitare élec­trique bran­chée dans une pédale de préamp etc. 

Puis une fois qu’un patch a été sélec­tionné, il est possible d’en jouer via un clavier externe en MIDI, ou direc­te­ment avec les pads grâce à l’on­glet « Notes », qui fait appa­raître sur deux lignes de pads le contenu du pattern en cours, et sur les deux autres lignes des LEDs qui repré­sentent un clavier virtuel dont on peut jouer en direct. On pourra alors lancer la lecture de tous les patterns actuel­le­ment sélec­tion­nés pour chaque piste en appuyant sur le bouton « Play », et enre­gis­trer ce que l’on est en train de jouer avec le bouton « Record ».

Sur une piste MIDI ou synthé, le clavier virtuel propose par défaut un accès à une octave par ligne, avec les notes défi­nies en fonc­tion du réglage choisi dans un autre onglet, acces­sible avec le bouton « Scales ». Celui-ci nous donne accès à 16 gammes diffé­rentes, donc 16 assi­gna­tions possibles des pads à des notes, qui sont d’ailleurs visibles sur deux lignes repré­sen­tant la gamme chro­ma­tique, qui permet égale­ment de défi­nir la tona­lité, donc la note asso­ciée à la colonne de pads à la plus à gauche. D’ailleurs, la 16ème gamme dispo­nible est en fait la gamme chro­ma­tique, ce qui trans­forme les deux rangées de pads de l’on­glet « Notes » en une repré­sen­ta­tion de type clavier de piano avec touches blanches en bas et touches noires en haut, ce qui limite par la même occa­sion à une octave seule­ment la tessi­ture du contrô­leur, contre deux pour les autres gammes. On pourra bien sûr chan­ger l’oc­tave en cours avec des boutons flèches basse et haute, ou appuyer deux fois sur le bouton « Notes » pour aller dans l’on­glet « Notes Expand », ce qui enlève la visua­li­sa­tion de la séquence et double le nombre d’oc­taves acces­sibles direc­te­ment pour le jeu, ce qui pourra s’avé­rer utile pour enre­gis­trer en direct une séquence ou pour jammer avec les autres pistes.

Le contenu du pattern pourra d’ailleurs être enre­gis­tré au choix en direct ou en entrant sur chaque pas les infor­ma­tions voulues manuel­le­ment. Pour chaque pattern, on a accès en théo­rie à 16 pas dans un premier temps, puis 32 en appuyant sur le bouton « 1–16 17–32 » qui double le nombre de pas dispo­nibles au premier appui et permet de visua­li­ser ensuite succes­si­ve­ment chaque série de pas, avec une couleur d’illu­mi­na­tion diffé­rente selon l’en­droit où on est actuel­le­ment situé. Pour entrer des notes, il suffira de rester appuyé sur le pad de la séquence, et de sélec­tion­ner une ou plusieurs notes dans la partie perfor­mance, puis de relâ­cher le pad du pas. On pourra alors dupliquer ce pas à d’autres endroits, suppri­mer le contenu d’autres pas, jouer sur la durée du pas avec l’on­glet « Gate », sur sa vélo­cité avec l’on­glet asso­cié, trans­po­ser d’un ou plusieurs octaves toutes les notes enre­gis­trées sur le pattern avec la touche « shift » + les flèches, utili­ser la fonc­tion­na­lité « Tie/Drone » pour lier les notes consé­cu­tives entre elles, et même déca­ler le début de la note de 1 à 6 « micro-steps », ce qui donne accès à plus de possi­bi­li­tés ryth­miques.

D’ailleurs, à l’en­re­gis­tre­ment, les notes jouées sont calées par défaut sur les micro steps les plus proches, mais on peut aussi faire en sorte d’avoir une quan­ti­fi­ca­tion sur les notes sans micro steps. Pour se faire, une option acces­sible avec « Shift » et le bouton d’en­re­gis­tre­ment pourra être acti­vée ou désac­ti­vée. Et on pourra s’ai­der de la nouvelle piste de clic, acti­vable avec le bouton asso­cié, dont on peut régler le volume.

Enfin, on pourra enre­gis­trer de l’au­to­ma­tion sur certains réglages du mix et sur les enco­deurs rota­tifs de macros. Sur les pistes de synthé­ti­seur, ils commandent des modi­fi­ca­tions du son qui sont spéci­fiques à chaque patch et qui peuvent avoir un effet très brutal sur le son au point qu’il en devienne mécon­nais­sable, ce qui parti­cipe à la variété des sons dispo­nibles pour un pack donné. Pour les pistes MIDI, les macros donnent accès à des « MIDI templates » que l’on peut défi­nir par projet, qui corres­pondent en fait à des équi­va­lences enco­deurs vers index MIDI CC, ce qui permet d’en­re­gis­trer par exemple de l’au­to­ma­tion sur la fréquence de coupure d’un filtre de synthé­ti­seur externe. Il existe dans la mémoire 8 slots de templates, qui corres­pondent à autant de machines et de choix de para­mètres sur ces machines à auto­ma­ti­ser, et ceux-ci peuvent être person­na­li­sés avec l’ap­pli­ca­tion Compo­nents.

Du fun avec les samples

Du côté piste de samples, les choses se passent de manière assez simi­laire, à quelques excep­tions près. Tout d’abord, on n’est pas limité à un seul patch ou sample plutôt dans ce contexte. Il est possible de jouer un sample diffé­rent sur chaque pas en utili­sant la fonc­tion­na­lité de « Sample Flip », ce qui a pour effet de colo­rer le pas quand une note est jouée en rose plutôt qu’en bleu. On ne peut pas par contre indiquer direc­te­ment la durée de la note, le sample est toujours joué jusqu’à la prochaine note ou son extinc­tion. On pourra jouer avec les enco­deurs rota­tifs, auto­ma­ti­sables ici aussi, qui permettent d’ajou­ter des effets sur les notes, bien que seule­ment 4 pour le moment aient un impact : pitch, durée du decay sur l’en­ve­loppe de volume (ce qui remplace l’in­di­ca­teur de durée de note), distor­sion et égali­sa­tion supplé­men­taire. Ainsi, on pourra varier les sons joués sur une même piste, mais on sera toujours limité à 4 sons joués en même temps (un par piste).

De plus, il est possible de jouer les samples sur chaque pas mais aussi sur chaque micro step. Ainsi, en théo­rie, un pattern ne donne pas simple­ment accès à 32 pas maxi­mum mais 32 × 6 = 192 pas ! Côté synthé­ti­seur, il n’est pas possible de jouer la même note sur chaque micro step, mais il est possible d’en caser plusieurs diffé­rentes sur un micro step à part, ce qui permet­tra de compres­ser des mélo­dies sur moins de patterns, ou de trans­for­mer un accord en « strum­ming » façon jeu sur une guitare acous­tique.

Notons d’ailleurs que les sons que l’on peut utili­ser dans cette section peuvent être de diffé­rent types, puisque les seules contraintes impo­sées sont la mono­pho­nie et le temps total cumulé de tous les samples sur un pack qui ne doit pas dépas­ser 3 minutes. On pourra ainsi utili­ser des sons de batte­rie élec­tro­nique, mais aussi des enre­gis­tre­ments d’ins­tru­ments mélo­diques, des percus­sions, des brui­tages en tout genre, des voix, ou même des boucles qu’il faudra lancer en début de pattern dans un morceau avec un tempo compa­tible. On pourra alors jouer sur la hauteur de note avec l’au­to­ma­tion, un peu à vue certes, mais suffi­sam­ment pour s’ajou­ter des possi­bi­li­tés mélo­diques supplé­men­taires par rapport aux limi­ta­tions sur les autres pistes, par exemple si on ne souhaite pas utili­ser d’ins­tru­ment externe.

Il aurait été pratique ici de pouvoir utili­ser par exemple une combi­nai­son de la touche « Shift » et du poten­tio­mètre de pitch pour tomber toujours sur des valeurs de demi-tons entiè­res… De manière géné­rale, on regret­tera que certaines mani­pu­la­tions dans la partie samples du Circuit Tracks ne soiennt pas toujours faci­li­tées par l’er­go­no­mie, ce qui on l’es­père sera peut-être amélioré plus tard avec des mises à jour, avec aussi des effets supplé­men­taires propo­sés sur les 4 enco­deurs rota­tifs non utili­sés actuel­le­ment. Par exemple, comme la lecture des samples se fait toujours en entier, à moins de jouer avec le contrôle de durée de decay, il peut se passer des choses un peu gênantes pendant la lecture d’une longue boucle, comme le fait que le bouton mute ou même le bouton stop ne coupe pas le volume de la piste…

Mode song

Quelques mots à présent sur le mode « song » du Circuit Tracks, qui comme de nombreuses groo­ve­boxs ne déroge pas à la règle de propo­ser diffé­rentes manières de construire des morceaux autre­ment que simple­ment en jouant des notes et en enre­gis­trant des patterns.

Tout d’abord, préci­sons qu’il est possible de fixer le tempo d’un morceau en l’in­diquant bpm par bpm dans un onglet spéci­fique avec le facteur de swing du projet, ou bien d’uti­li­ser la fonc­tion­na­lité de tap tempo, ou encore d’uti­li­ser l’en­trée MIDI pour utili­ser une master clock externe. On pourra ensuite envoyer la sortie sync analo­gique pour que le Circuit Tracks spéci­fie le tempo à utili­ser à d’autres appa­reils. Notons égale­ment qu’il existe un onglet setup qui permet de spéci­fier le compor­te­ment du Circuit Tracks avec les entrées/sorties MIDI et le choix de la vitesse rela­tive à la fréquence de clock spéci­fiée pour le signal envoyé sur la sortie sync.

On pourra sauve­gar­der le travail en cours en utili­sant le bouton « Save » deux fois à la suite, ce qui peut servir de sécu­rité, ou permettre de choi­sir un slot de projet parmi ceux dispo­nibles autre que celui où on était placé à l’ori­gine. Notons qu’on peut durant cette étape inter­mé­diaire choi­sir une couleur avec un enco­deur qui s’illu­mine à l’oc­ca­sion pour permettre de diffé­ren­cier plus faci­le­ment vos morceaux dans l’on­glet « Projects » asso­cié.

Ensuite, nous avons vu comment spéci­fier des notes dans un pattern, mais pas encore ce que nous faisons de ces patterns. Dans l’on­glet du même nom, on peut visua­li­ser sur 2 pages les 8 patterns acces­sibles par piste. Appuyer sur un pad permet de sélec­tion­ner un pattern, pour le modi­fier, ou pour le jouer en cours de lecture du morceau, comme dans la STAN Able­ton Live où on doit attendre la fin de la lecture du pattern précé­dent pour que le sélec­tionné soit lancé. Il peut d’ailleurs être lancé direc­te­ment en main­te­nant la touche « Shift » puis en appuyant sur le pad, ce qui ne jouera pas la première note du premier pattern mais une note qui corres­pond à la posi­tion de la tête de lecture dans le pattern précé­dent. On peut imagi­ner utili­ser cette spéci­fi­cité pour lancer des breaks par exemple.

Dans le Circuit Tracks, il est possible de lancer la lecture de plusieurs patterns en même temps à la suite grâce au « chaî­nage ». Il suffit pour cela de rester appuyé sur le pad qui corres­pond à un pattern sur une piste, puis de sélec­tion­ner un autre pattern sur la même piste. Tous les patterns situés entre le premier et le dernier seront alors toujours joués succes­si­ve­ment, du haut vers le bas. On ne pourra pas jouer de cette manière des patterns à la suite qui ne sont pas conti­gus dans l’af­fi­chage. Cette fonc­tion­na­lité permet de nombreuses choses, comme d’étendre des mélo­dies sur plusieurs patterns (donc d’avoir plus de pas dispo­nibles), et de s’amu­ser avec des chaines de diffé­rentes tailles de patterns avec un nombre de pas diffé­rents sur diffé­rentes pistes, pour faire des arran­ge­ments inté­res­sants et variant dans le temps.

Ajou­tons enfin le concept de « scènes » qui sont une capture ou « snap­shot » de l’état actuel de la vue patterns, et qu’on va pouvoir enre­gis­trer dans l’on­glet « mixage » dans un des 16 slots dispo­nibles pour cette fonc­tion­na­lité. En captu­rant des patterns sélec­tion­nés seul ou des chaines de patterns, il devient possible d’écrire de manière précise une struc­ture complexe pour notre morceau, avec des patterns et des chaines dans diffé­rents ordres, consé­cu­tifs ou non. Et tout comme les patterns, le lance­ment d’une scène ne pourra se faire après appui que lorsqu’on aura joué une fois tout le contenu de la scène en cours, et les scènes pour­ront être « chai­nées » ce qui permet­tra à un morceau complexe de se jouer pratique­ment tout seul à l’ou­ver­ture d’un projet. Par contre ici on ne pourra pas forcer le passage d’une scène à une autre. Les 16 projets d’exemple sur le premier pack d’usine du Circuit Tracks utilisent cette fonc­tion abon­dam­ment, ce qui permet à la décou­verte de la machine d’ap­puyer sur « Play », et d’écou­ter à chaque fois un morceau plutôt construit avec une struc­ture qui va beau­coup plus loin que des patterns qui s’en­chainent linéai­re­ment.

Enfin, on pourra ajou­ter qu’il est possible de sélec­tion­ner un nouveau projet en cours de lectu­re… Le tempo utilisé sera alors celui du projet en cours et non celui du nouveau, et la sélec­tion ne sera effec­tive qu’à la fin de la lecture de la séquence de patterns en cours, sauf si on reste appuyé sur « Shift » ce qui lancera le chan­ge­ment instan­ta­né­ment. Cela ouvre des possi­bi­li­tés inté­res­santes, comme de décou­per un morceau sur plusieurs projets, chacun avec ses scènes spéci­fiques, d’avoir plus de patterns dispo­nibles, et de pouvoir chan­ger de patch d’un projet à l’autre sur les pistes de synthé, quand l’au­to­ma­tion des macros ne permet pas d’avoir la variété des sons recher­chés.

Par contre, les scènes n’en­re­gistrent pas l’état des boutons mute de la section mixage. De plus, lorsqu’on veut « séquen­cer » le fait qu’on ne veuille rien jouer sur une piste, le plus simple reste de sélec­tion­ner un pattern vide. Or, lorsqu’on commence à remplir le projet de notes, on peut faci­le­ment se retrou­ver à devoir utili­ser tous les patterns dispo­nibles d’une piste, et donc cette possi­bi­lité dispa­rait, et on devient obli­gés de jongler avec l’ap­pui sur les scènes et sur les boutons mute de chaque piste pour dérou­ler la struc­ture de notre idée musi­ca­le… 

Mixage et effets

Quelques mots à présent sur la partie mixage et effets.

Dans l’on­glet « Mixer », en plus des scènes on a accès pour chaque piste à un bouton mute, un contrôle de volume, et un contrôle de pano­ra­mique (ces deux derniers ont auto­ma­ti­sables). Ils sont indis­pen­sables pour réali­ser le mixage des morceaux, pour les arran­ge­ments comme on l’a vu, ou pour harmo­ni­ser les volumes des moteurs de géné­ra­tion sonore internes avec le volume des entrées audio. Je me suis souvent retrouvé à devoir bais­ser les volumes partout pour se mettre au niveau des entrées, qui peuvent être un peu faiblardes en fonc­tion du maté­riel utilisé et de la connec­tique dispo­nible, et j’au­rais appré­cié pouvoir appliquer un gros boost de gain en entrée. De même, le niveau de sortie maxi­mal est loin d’être fou sur les sorties jack, même si ça pour­rait être pire, et que sur la sortie casque on a une bonne marge.

Parlons main­te­nant des effets, d’une impor­tance signi­fi­ca­tive sur le Circuit Tracks. Tout d’abord, il est impor­tant de préci­ser qu’il y a un « master compres­sor » / limi­teur appliqué systé­ma­tique­ment par défaut sur la sortie audio. Celui-ci peut être activé ou désac­tivé dans l’on­glet « Advan­ced Setup » qui est acces­sible en main­te­nant la touche « Shift » allu­mée au démar­rage de l’ap­pa­reil (et qui donne égale­ment accès à la désac­ti­va­tion du « Easy Start Tool », à la fonc­tion­na­lité « Save Lock » pour empê­cher la sauve­garde des projets pendant un gig par exemple, ou qui permet de confi­gu­rer la sortie MIDI Thru en deuxième MIDI OUT). Celui-ci a globa­le­ment comme effet d’aug­men­ter le volume de sortie de 1 à 2 dB et d’écra­ser un peu la dyna­mique, comme le ferait un limi­teur placé sur le master bus, pour créer un effet « glue ». A priori, je recom­man­de­rais de le lais­ser toujours activé sauf si on souhaite expor­ter un morceau piste par piste dans une STAN pour en faire un mixage propre­ment.

Ensuite, un autre effet plutôt ludique est le « master filter », qui s’ap­plique aussi direc­te­ment sur la sortie audio, et qui est tout le temps acces­sible via le poten­tio­mètre cranté asso­cié. En posi­tion centrale, il ne fait rien sur le son, sinon il ajuste la fréquence de coupure au choix d’un filtre coupe haut à gauche et coupe haut à droite (le fameux effet filtre « DJ »). Il semble­rait que ce filtre soit un peu réso­nant, et qu’il est plus sensible que sur le Circuit origi­nal. Il fait bien son effet (…) pour créer des tran­si­tions, mais s’ap­plique systé­ma­tique­ment sur le master bus, et pas sur certaines pistes seule­ment au choix, ce qui lui aurait donné plus de poly­va­lence dans l’uti­li­sa­tion. J’es­père du coup qu’une prochaine version du firm­ware permet­tra de choi­sir la cible du filtre… 

On trou­vera égale­ment un délai et une réver­bé­ra­tion, dont on pourra pour chaque piste régler le niveau d’en­voi (auto­ma­ti­sable !), et le carac­tère en sélec­tion­nant un préset parmi 16 pour le délai (qui corres­pondent simple­ment à diffé­rents temps de délai synchro­ni­sés avec le master tempo avec quelques variantes sur le compor­te­ment stéréo) et 8 pour la réver­bé­ra­tion avec plusieurs types dispo­nibles (hall, cham­ber etc.). Le preset sélec­tionné sera alors appliqué pour chacune des pistes, car le moteur audio ne propose qu’une instance de chaque effet par projet. Et tous les effets pour­ront être coupés en même temps en appuyant sur un pad spéci­fique.

Person­nel­le­ment, je trouve que le délai fonc­tionne très bien, pour donner un peu de profon­deur à un son, pour rajou­ter une couche de sound design supplé­men­taire, ou pour faire du slap­back au tempo et doubler les notes jouées. Les réver­bé­ra­tions font le taf aussi. Mais je trouve qu’ils manquent un peu de carac­tère, et j’ai parfois du mal à trou­ver une réver­bé­ra­tion qui fonc­tionne bien avec les pistes de drums.

Enfin, un effet inat­tendu mais rapi­de­ment indis­pen­sable je dois dire est le compres­seur « side­chain ». Il permet d’ap­pliquer sur chacune des pistes synthé et entrées audio unique­ment un effet de compres­sion, dont l’en­trée auxi­liaire ou « side­chain » n’est pas le son de la piste lui-même mais celui d’une autre piste parmi les 4 pistes de samples. L’uti­li­sa­tion première de cet effet est bien évidem­ment d’ap­pliquer sur un son de lead ou de basse un effet de pompage commandé par la piste drums sur lequel sera joué le kick, tech­nique bien connue dans les musiques élec­tro­niques pêchues mais pas que. Pour se faire, on pourra sélec­tion­ner un des 7 presets du compres­seur, qui pourra être diffé­rent pour chacune des 4 pistes mélo­diques, ou le désac­ti­ver, puis sélec­tion­ner via 4 pads la piste de samples que l’on veut utili­ser pour comman­der le side­chain. Petit regret, on aurait aimé pouvoir appliquer la compres­sion sur une des pistes de samples au moins, étant donné qu’on peut y placer du contenu mélo­dique comme on a pu le voir.

Sur les démos suivantes, vous pour­rez entendre diffé­rents sons joués à travers chaque effet avec le preset qui change en cours de lecture.

Delay Test
00:0001:38
  • Delay Test01:38
  • Reverb Test 101:06
  • Reverb Test 201:23
  • Side­chain Test00:47

 

Enfin, le Circuit Tracks propose d’autres effets, pas toujours direc­te­ment, mais bien présents et utiles. Comme je le disais précé­dem­ment, chaque piste de sample a 4 réglages indi­vi­duels auto­ma­ti­sables sur le pitch, l’en­ve­loppe, de la distor­sion et de l’éga­li­sa­tion. De plus, le moteur de synthèse plei­ne­ment acces­sible via un ordi­na­teur et dont on peut enre­gis­trer les réglages dans un patch permet d’ap­pliquer sur les deux premières pistes mélo­diques du filtrage en tout genre, de la distor­sion, ainsi que du chorus ou du phaser (l’un ou l’autre).

Court circui­ter MIDI à quatorze heures

D’ailleurs pour termi­ner sur la partie effets, nous avons remarqué dans le manuel « Program­mer’s Guide » du Circuit OG qu’il était possible d’ac­cé­der via des messages MIDI CCs et NRPNs à un certain nombre de réglages « cachés » sur le projet (la version Circuit Tracks du guide n’est pas encore dispo­nible au moment du test).

Pour commen­cer, sachez qu’on peut modi­fier avec du MIDI les réglages du patch de synthé en cours (j’ima­gine que la commu­ni­ca­tion avec l’ap­pli­ca­tion Compo­nents se fait par ce biais), et qu’on peut aussi contrô­ler certaines infor­ma­tions et événe­ments sur les projets du Circuit Tracks (lecture, stop, chan­ge­ment de patch de synthé, tempo, char­ge­ment d’un autre projet, réglages des effets et macros etc.).

Et appa­rem­ment, il serait égale­ment possible de modi­fier la réso­nance du filtre master, les para­mètres d’en­ve­loppe du compres­seur side­chain, le feed­back ou le slew rate des délais par exemple, le decay et le damping des réver­bé­ra­tions etc. Il est dommage que ces para­mètres là ne soient même pas dispo­nibles sur l’ap­pli­ca­tion Compo­nents, même si là tout de suite j’ai pas l’im­pres­sion que je souhai­te­rais vrai­ment y avoir accès non plus, même direc­te­ment sur le Circuit Tracks, pour ne pas surchar­ger le work­flow de la bécane qui est très fonc­tion­nel comme il est. Il me semble que certains éditeurs tierce partie le propo­saient pour le Circuit OG, ça pour­rait peut être faire partie de futurs ajouts dans Compo­nents…

Watt else

Mais reve­nons un moment à nos séquences, car il y a quelques éléments que j’ai volon­tai­re­ment lais­sés pour la fin de cette revue de la bécane côté hard­ware. On va consta­ter certaines amélio­ra­tions ou ajouts depuis les premières versions du firm­ware Circuit OG et / ou acces­sibles unique­ment sur le Circuit Tracks, en allant dans l’on­glet « Pattern settings ». Pour commen­cer, on peut y chan­ger l’in­dex du premier et du dernier pas à jouer dans une séquence donnée. Cela permet­tra de faire choses inté­res­santes dans un contexte live, produire des morceaux plutôt ternaires avec 24 pas seule­ment ou avec des signa­tures ryth­mique alam­biquées, même si cela néces­si­tera un peu de calcul mental supplé­men­taire pour comp­ter le nombre de pas à utili­ser.

Ensuite, toujours au même endroit, on pourra chan­ger la vitesse de lecture des pas, de 4 fois plus lent que le mode par défaut à deux fois plus rapide, avec des inter­mé­diaires ternaires. Cette fonc­tion a de multiples inté­rêts très impor­tants. Le but premier est de pouvoir désyn­chro­ni­ser la réfé­rence ryth­mique de patterns entre eux, qui auraient des réglages diffé­rents là dessus, pour créer plus de varia­tions de séquences. Mais surtout, cela permet d’uti­li­ser moins de patterns pour caler plus de notes, par exemple pour ajou­ter des varia­tions au bout de plusieurs mesures sur des parties de drums, pour faire durer un pad ou un drone plus long­temps sans avoir besoin de chai­ner des patterns vides, le tout en utili­sant les pas supplé­men­taires dispo­nibles grâce aux micro-steps, qui étant d’ailleurs entre chaque pas au nombre de 6 et pas de 4 ou 8 peuvent dans certains cas poser problème, si on veut vrai­ment y aller fran­che­ment dans la compres­sion des notes dans un seul pattern.

Autre propriété inté­res­sante, on pourra chan­ger le mode de lecture des pas enre­gis­trés dans la séquence, pour les jouer soit dans l’ordre, soit dans un sens inversé, soit en deux fois d’abord en sens direct puis en sens inverse, et enfin de manière aléa­toire. Ce qui nous amène à – pour moi – la grosse « killer feature » du séquen­ceur version Circuit Tracks dont je me sers tout le temps qui est le fait de pouvoir ajou­ter de l’aléa­toire un peu partout dans les séquences de notes, ce qu’on peut faire très bien égale­ment avec un choix impair ou en nombre premier du nombre de pas à jouer.

Il existe aussi une fonc­tion acces­sible avec le bouton « Mutate » qui permet de réor­ga­ni­ser aléa­toi­re­ment les pas d’un pattern, sans pouvoir reve­nir en arrière sur un résul­tat malheu­reu­se­ment (à moins de quit­ter le projet en cours puis de reve­nir dessus sans enre­gis­trer les chan­ge­ments). Le mode de lecture aléa­toire permet de faire la même chose d’une manière non destruc­trice quelque part, mais avec un nouveau résul­tat à chaque lecture du pattern, tandis que la fonc­tion « Mutate » fait une modi­fi­ca­tion et la main­tient en place à chaque lecture. Les deux auront des inté­rêts en fonc­tion du contex­te… Et enfin, nous avons le dernier onglet appelé « Proba­bi­lity », qui permet d’as­si­gner à chaque pas pour chaque piste une proba­bi­lité de déclen­che­ment entre 12.5% et 100%. C’est une fonc­tion­na­lité que j’ai utili­sée abon­dam­ment dans tous les projets que j’ai créés depuis que j’ai reçu la machine pour réali­ser des varia­tions ryth­miques bien­ve­nues qui apportent de la variété dans les séquences.

Random Vapor­wave
00:0002:10

 

Au passage, il n’existe pas dans le Circuit Tracks de fonc­tions « arpég­gia­teur » à propre­ment parler. Toute­fois, il est aisé de remplir un pattern de pas issus d’une gamme ou d’un accord, et de jouer avec le mode de lecture, la gamme sélec­tion­née dans l’on­glet « Scales », et les proba­bi­li­tés pour obte­nir un résul­tat équi­valent. On peut égale­ment program­mer des séquences dans la partie synthé­ti­seur comme nous le verrons plus tard.

Synth­wave Arp
00:0000:49

 

Le courant passe entre nous

Termi­nons ce tour du proprié­taire hard­ware en remarquant que le Circuit Tracks n’est pas simple­ment un éditeur de séquences figées, qui s’uti­li­se­rait en live simple­ment en appuyant sur « play » et en lançant des scènes.

En effet, cette groo­ve­box assez complète peut aussi servir de contrô­leur pour un séquen­ceur sur ordi­na­teur, de séquen­ceur MIDI, ou de synthé­ti­seur dont on joue­rait avec un clavier externe. J’ai même vu sur Youtube un tuto­riel pour le Circuit OG (qui s’ap­plique aussi ici) qui montre comment créer un « light show » en connec­tant la machine à un ordi­na­teur, et en acti­vant l’on­glet « Notes Expand ». En appuyant sur les pads de la dernière ligne en bas, on déclenche via MIDI / USB une séquence de notes, qui va être jouée par l’or­di­na­teur sur les Circuits, ce qui va allu­mer des pads avec des formes et des anima­tions préen­re­gis­trées !

Ensuite parce que concrè­te­ment, il parait diffi­cile de pouvoir séquen­cer ou enre­gis­trer tout ce que l’on peut faire pour créer un morceau. En enre­gis­trant un projet, il faut noter quelque part quels sont les appa­reils externes et les presets utili­sés sur ces machines. Pendant la lecture, il est obli­ga­toire de jouer avec certains para­mètres des effets et de l’on­glet de mixage, les mouve­ments du master filter ne peuvent pas être auto­ma­ti­sés par exemple.

Mais surtout parce que le Circuit Tracks peut être vu comme une machine attrayante pour la « perfor­mance live » et qu’il serait dommage ne pas d’in­té­res­ser à cet aspect des choses en soi. En effet, il y a plein de mani­pu­la­tions inté­res­santes à produire pour créer un morceau ou une « jam » à partir d’une base enre­gis­trée dans un ou plusieurs projets, en jouant des pads et boutons pendant la lecture : utili­sa­tion du poten­tio­mètre du master filter évidem­ment, mani­pu­la­tion des macros, acti­va­tion et désac­ti­va­tion du délai et de la réver­bé­ra­tion en utili­sant simple­ment un seul pad, jeu avec les pano­ra­miques et les volumes de send FX, modu­la­tions harmo­niques en chan­geant les para­mètres de l’on­glet « Scales » en cours de lecture, jeu avec la vitesse de lecture des patterns, déclen­che­ment instan­tané de patterns en utili­sant la touche « Shift » pour jouer des breaks etc.

Certaines fonc­tion­na­li­tés sont même dédiées à ce mode d’uti­li­sa­tion du Circuit Tracks. Par exemple, selon qu’on réalise un appui court ou un appui long sur les pads, on peut déclen­cher des modes de fonc­tion­ne­ment diffé­rents sur le bouton d’en­re­gis­tre­ment, visua­li­ser tempo­rai­re­ment le contenu de certains onglets, ou bien chan­ger de patch ou de sample dans l’on­glet des presets sans acti­ver l’écoute du nouveau réglage. L’on­glet « Note Expand » est très utile en perfor­mance égale­ment, pour avoir une large tessi­ture du synthé dispo­nible, ou pour pouvoir jouer avec un maxi­mum de samples diffé­rents sur une piste. Notons égale­ment qu’il est tout à fait possible de chan­ger de patch manuel­le­ment ou bien avec un contrô­leur MIDI pendant la lecture d’un morceau. On peut ainsi imagi­ner jouer certains patterns avec par exemple le patch numéro 12 du pack, et d’autres patterns avec le patch disons numéro 21, chacun ayant ses auto­ma­tions asso­ciées enre­gis­trées dans les patterns. On peut même imagi­ner jouer avec la patch via Compo­nents pendant l’en­re­gis­tre­ment du résul­tat !

Et une fonc­tion acces­sible avec un des boutons portant le nom de « View Lock » permet de visua­li­ser le contenu d’un pattern donné même si ce n’est pas celui qui est joué, ce qui donne lieu à des syner­gies inté­res­santes avec d’autres spéci­fi­ci­tés de la machine. Par exemple, le fait que le bouton Mute désac­tive la lecture des patterns d’une piste mais n’em­pêche pas d’en jouer, et le fait qu’on puisse jouer des notes en restant appuyé sur un pas enre­gis­tré dans un pattern, ont donné l’idée à des utili­sa­teurs de la machine d’en­re­gis­trer dans un pattern des pas unique­ment compo­sés d’ac­cords diffé­rents. Un tel pattern n’a abso­lu­ment aucun inté­rêt à être joué lui-même. Par contre, en appuyant sur les pas en cours de lecture, on pourra jouer nous-mêmes de ces accords avec la musique, soit en « live » si le bouton mute de la piste est activé, soit en enre­gis­tre­ment si la fonc­tion « View Lock » est utili­sée sur le pattern des accords, et qu’un autre pattern ou une chaine de patterns sont actuel­le­ment sélec­tion­nés en lecture !

Je me suis par exemple créé un projet qui joue la base ryth­mique basse + batte­rie du morceau Thril­ler de Michael Jack­son, avec une piste toujours mutée pour les accords, et un pattern dans lequel chaque pas corres­pond à un des accords du morceau. En cours de jeu, je peux simple­ment rester appuyé sur le pas de mon choix pour jouer l’ac­cord asso­cié en suivant le reste de la musique. De plus, en fonc­tion de la gamme et de la tonique sélec­tion­nées dans l’on­glet « Scales », on peut créer des varia­tions supplé­men­taires puisque cette mani­pu­la­tion a pour effet de trans­po­ser toutes les notes enre­gis­trées dans les patterns…

Thril­ler
00:0001:51

 

On peut faire des choses inté­res­santes dans ce style avec la partie samples égale­ment. J’ai remarqué qu’il n’était pas possible de jouer du sample posi­tionné sur un pas sur les pistes drums simple­ment en appuyant sur le pas, car cela a pour effet de suppri­mer le pas en ques­tion… Sauf si on se trouve sur l’on­glet « Velo­city » ! Cela ouvre alors un certain nombre de possi­bi­li­tés mélo­diques. On peut ainsi imagi­ner créer un pattern composé unique­ment de pas avec le sample actuel­le­ment choisi (pas de sample flip), sur lequel on enre­gistre une unique auto­ma­tion avec le réglage du pitch. On pourra alors dans cet onglet jouer d’un sample avec des pitchs diffé­rents enre­gis­trés, par exemple pour suivre le schéma de la gamme chro­ma­tique comme sur les pistes de synthé­ti­seur ! Le travail d’écri­ture des auto­ma­tions pouvant être un peu fasti­dieux, on pensera à orga­ni­ser et à enre­gis­trer des projets conte­nant ce travail pour le réuti­li­ser à diffé­rents endroits. Par contre, j’au­rai aimé une section dédiée de « groove FXs » comme on peut le voir sur certaines BARs ou groo­ve­boxes concur­rentes, par exemple pour créer du stut­ter ou des répé­ti­tions en main­te­nant un pad en cours de jeu. 

L’ap­pli­ca­tion Compo­nents

Allons voir à présent comment les choses se passent au niveau connexion avec un ordi­na­teur. Après avoir installé les drivers USB Nova­tion sur Windows, et connecté le Circuit Tracks en USB, celui-ci est donc poten­tiel­le­ment vu comme un disque dur, et un contrô­leur MIDI. On peut alors utili­ser la nouvelle appli­ca­tion Compo­nents de Nova­tion, au format stan­da­lone, ou à l’in­té­rieur du navi­ga­teur Chrome, pour faire un certain nombre de choses : les mises à jour du firm­ware, la sauve­garde des packs/patchs/samples du Circuit Tracks, l’en­voi de ces mêmes éléments vers le Circuit Tracks à partir de l’or­di­na­teur, la créa­tion de templates MIDI, la créa­tion et l’édi­tion de packs et de patchs de synthé, et un accès à diffé­rentes docu­men­ta­tions.

Components-MIDITemplatesAu démar­rage, elle nous demande de choi­sir le produit que l’on veut mani­pu­ler parmi une liste d’ap­pa­reils compa­tibles, Circuit OG compris, puis elle détec­tera auto­ma­tique­ment la présence du produit lui-même et poten­tiel­le­ment d’un nouveau firm­ware dispo­nible sur le site de Nova­tion. On pourra alors se logger avec notre compte Nova­tion pour avoir accès à une liste de packs qui sont enre­gis­trés sur un cloud mis à dispo­si­tion des utili­sa­teurs : l’ap­pli­ca­tion affiche en effet sur le côté gauche une liste de packs enre­gis­trés par nos soins pour un compte donné dans « my packs », ainsi qu’une autre liste « Nova­tion packs » avec les trois packs d’usine. Cela permet­tra de faire régu­liè­re­ment des sauve­gardes de notre travail sur la bécane et d’avoir accès à ces packs de n’im­porte où. Notons d’ailleurs que cette version de Compo­nents est sortie en même temps que le Circuit Tracks, et qu’elle apporte son lot de nouveau­tés et de rede­sign graphique pour les utili­sa­teurs du Circuit OG.

Par contre, à l’uti­li­sa­tion, je dois dire que tout n’est pas parfai­te­ment clair de prime d’abord, d’au­tant plus que la docu­men­ta­tion asso­ciée est assez succincte : quelques vidéos Youtube, une page de texte avec quelques infor­ma­tions et puis c’est tout. De plus, toute la docu­men­ta­tion ainsi que l’ap­pli­ca­tion sont en anglais seule­ment. Ainsi, il m’est arrivé à de multiples reprises de ne pas savoir exac­te­ment ce qui va se passer quand j’en­re­gistre un pack ou un patch, suis-je en train de le porter sur le Circuit Tracks, de l’en­re­gis­trer dans le cloud ou bien de le récu­pé­rer sur mon disque dur ? La mani­pu­la­tion pour suppri­mer des packs dans le cloud est un peu cachée aussi par exemple, et il n’y a pas de moyen direct d’ex­traire les samples d’un pack, bref j’ai trouvé person­nel­le­ment que l’er­go­no­mie de l’ap­pli­ca­tion est un peu confuse, et la docu­men­ta­tion plutôt insuf­fi­sante.

Autre point noir à propos de Compo­nents, il n’est pas possible pour le moment d’im­por­ter dans un Circuit Tracks un pack issu du Circuit OG comme je l’ai dit précé­dem­ment, en tout cas pas direc­te­ment et seule­ment de manière incom­plète et assez rédhi­bi­toire, ce qui est dommage au vu de ce qui a été proposé par des utili­sa­teurs et par Nova­tion depuis sa sortie à ce niveau. Pendant ce test, j’ai eu l’oc­ca­sion de faire un portage des 7 packs d’usine de Nova­tion pour le Circuit OG vers le format Tracks. Pour se faire, il a fallu expor­ter chaque patch de synthé à la main en deux clics vers mon disque dur (64 fois), puis expor­ter tous les samples dans un fichier syx (impos­sible de récu­pé­rer les fichiers WAV direc­te­ment), puis d’uti­li­ser un outil tierce partie qui extrait les fichiers sépa­rés, puis créer un nouveau pack Circuit Tracks et faire direc­te­ment un drag and drop de tous ces éléments (64 samples et 64 patchs) dans Compo­nents. Les projets du pack Circuit OG par contre ne sont pas expor­tables et incom­pa­tibles.

Après quelques mani­pu­la­tions pour comprendre le mode de fonc­tion­ne­ment de tout ça, je me suis alors créé quelques packs à partir de patchs que j’ai pu trou­ver sur le groupe Face­book des utili­sa­teurs des Circuits, ou d’autres que j’ai conçus de toute pièce. J’ai compilé quelques samples que j’uti­lise sur Able­ton Live par la même occa­sion. Notons qu’il est possible de diffé­rentes manières de piocher des patchs et des samples d’autres packs et de les inclure dans les vôtres, ou de rempla­cer direc­te­ment des éléments ponc­tuels dans les packs présents sur le Circuit Tracks. Et me voilà fin prêt à conqué­rir le monde dans la seconde de la musique élec­tro­nique avec ma petite groo­ve­box ! Sauf que… Le trans­fert des données vers le Circuit Tracks, vrai­sem­bla­ble­ment via MIDI, peut être assez long en fonc­tion de la taille des samples, et on attend parfois pendant 1 minute que tout se fasse sans accroc à chaque sauve­garde.

On regret­tera enfin que certaines mani­pu­la­tions soient compliquées pour orga­ni­ser les packs et les éléments sur la carte microSD voire impos­sibles. Par exemple, je n’ai pas trouvé comment suppri­mer un pack à partir de Compo­nents. Heureu­se­ment, certaines mani­pu­la­tions sont possibles en lisant la carte microSD direc­te­ment sur l’or­di­na­teur comme on peut le consta­ter dans la docu­men­ta­tion.

Un moteur de synthèse survolté

Parlons pour termi­ner cette décou­verte de la machine des possi­bi­li­tés du moteur de synthèse entiè­re­ment numé­rique du Circuit Tracks, auquel nous avons accès complè­te­ment dans l’ap­pli­ca­tion Compo­nents, ce qui nous permet­tra d’en­re­gis­trer des patchs à inclure dans un pack, ou de modi­fier le patch en cours dans un projet donné pour une des pistes de synthèse comme nous l’avons vu. Celui-ci est donc très forte­ment inspiré du Nova­tion Mini­Nova, dont il est plus exac­te­ment une version simpli­fiée avec un peu moins d’os­cil­la­teurs, d’ef­fets et d’en­ve­loppes, et néces­si­te­rait un test complet si on voulait vrai­ment en faire le tour de manière exhaus­tive. La machine nous donne accès à deux instances de celui-ci (un patch pour chaque piste de synthé) avec une poly­pho­nie de 6 voix maxi­mum.

Components-Synth2Il propose une archi­tec­ture de synthèse sous­trac­tive on ne peut plus clas­sique, avec deux oscil­la­teurs, une source de bruit et un ring modu­la­tor pour les sources, avec contrôles de volumes dédiés, un filtre, deux LFOs, trois enve­loppes, une section d’ef­fet avec volumes d’en­trée et de sortie qui donne accès à une modu­la­tion (soit chorus soit phaser), un EQ para­mé­trique 3 bandes avec réglage de gain et de fréquence, et une distor­sion qui peut être de 7 types diffé­rents dont deux bitcru­shers (n’ou­blions pas d’ailleurs les effets acces­sibles dans le Circuit Tracks en plus). Chaque patch peut être au choix mono­pho­nique, auto-glide (mono avec un porta­mento forcé au début de chaque note) et poly­pho­nique, avec réglages de l’oc­tave et des temps de porta­mento et d’auto-glide.

Components-Synth3Au niveau des modu­la­tions, le moteur de synthèse est plutôt fourni, puisqu’il propose une matrice assez consé­quente avec 20 slots, qui permettent à deux sources (vélo­cité, note jouée, LFOs, enve­loppes) de modu­ler un para­mètre de desti­na­tion avec une éten­due donnée, ainsi que l’ac­cès aux 8 enco­deurs rota­tifs « macro » acces­sibles depuis le Circuit Tracks, qui ont chacun 4 slots de modu­la­tion et qui peuvent eux-même jouer sur l’éten­due des 20 slots de la matrice de modu­la­tion. Cette section est donc à la fois inté­res­sante pour les possi­bi­li­tés, et parce qu’elle donne accès à ce qui permet­tra à l’uti­li­sa­teur de faire du sound design sans son ordi­na­teur.

Le Circuit Tracks suggère d’ailleurs d’at­tri­buer à chaque potard une fonc­tion­na­lité compa­tible avec son libellé pour simpli­fier l’édi­tion, même si ce n’est pas une règle à suivre impé­ra­ti­ve­ment. De mon côté, pendant la rédac­tion de ce test, j’ai créé quelques patchs ou modi­fié des exis­tants auxquels j’ai ajouté un accès au porta­mento, ou aux para­mètres de détu­ning, qui pouvaient me manquer sur certains patchs d’in­té­rêt. En assi­gnant un LFO au pitch, puis la quan­tité de modu­la­tion à une macro, il est aussi possible de trans­for­mer cette macro en on/off pour un mode séquence, en utili­sant des formes d’ondes de LFO spéci­fiques. Ceux-ci sont d’ailleurs assez inté­res­sants, car en plus des para­mètres de synchro­ni­sa­tion et des sinus / triangle / dent de scie / carré clas­siques, ils proposent des formes d’ondes permet­tant en modu­lant le pitch de jouer les notes d’une gamme ou d’un arpège d’ac­cord, diffé­rentes varia­tions de séquences aléa­toires avec des hauteurs ou des durées variables, des para­mètres qui permettent de déca­ler dans le temps le début du déclen­che­ment du LFO avec une note de manière plus ou moins progres­sive etc. Quant aux enve­loppes ADSR, elles sont on ne peut plus clas­siques mais effi­caces, les deux premières ayant par défaut une assi­gna­tion à un para­mètre de volume et de filtre, avec une dépen­dance supplé­men­taire au réglage de la vélo­cité, et pour la troi­sième un contrôle de délai avant démar­rage.

Components-Synth1Enfin, parlons bien évidem­ment des oscil­la­teurs, dispo­nibles au nombre de deux, qui peuvent être modu­lés en anneau et auxquels on joint une source de bruit. Ils ont chacun des contrôles clas­siques sur le tuning en demi-tons et centièmes de demi-tons, en plus du réglage d’oc­tave global, et possèdent un certain nombre de points d’ori­gi­na­lité. Pour commen­cer, on peut obte­nir un rendu de type « unison » ou « super­saw » en jouant sur deux contrôles appe­lés « Detune » et « Density », qui permettent de multi­plier le nombre de voix virtuelles jouées sur chaque oscil­la­teur, et de modi­fier le tuning rela­tif de chaque voix pour créer cet effet massif recon­nais­sable entre mille. Ensuite, on peut choi­sir la forme d’onde, de type « clas­sic » ou « virtual analog » d’abord (sinus, triangle, dents de scie, carré, avec réglage du « pulse width » et quelques inter­mé­diaires), ou bien parmi une liste de tables d’ondes du plus conven­tion­nel au plus barré. Dans ce cas, il est possible de navi­guer au sein des formes d’ondes dispo­nibles avec un contrôle modu­lable appelé « index », et de choi­sir à quel point on veut inter­po­ler la forme d’onde entre les étapes inter­mé­diaires qui sont pour chaque table au nombre de 9.

Et surtout, nous avons une origi­na­lité ici, qui est le para­mètre « V-Sync » pour « virtual sync ». C’est une tech­nique qui remplace le « hard sync » que l’on trouve régu­liè­re­ment dans les synthé­ti­seurs à deux oscil­la­teurs, permet­tant de mettre à zéro la phase de l’os­cil­la­teur 2 quand un cycle d’os­cil­la­teur 1 se termine. Cela permet de créer du contenu harmo­nique inté­res­sant tout en main­te­nant le pitch de l’os­cil­la­teur 1, quelque soit le pitch de l’os­cil­la­teur 2, dont la varia­tion génère des timbres diffé­rents par exemple grâce à un LFO. Ici, une copie virtuelle de l’os­cil­la­teur en cours est utili­sée pour arri­ver au même résul­tat, d’où le nom du para­mètre. Si sa valeur est un multiple de 16, cela produit des harmo­niques bien iden­ti­fiés, à l’oc­tave ou à la quinte, et des choses plutôt discor­dantes sinon, à la manière d’une synthèse FM… Ce qui nous amène à des ques­tions d’ordre esthé­tique !

Une super­nova ?

On sait main­te­nant qu’on peut faire à peu près ce qu’on veut au niveau son avec les 4 pistes de drums, en consi­dé­rant les limites de poly­pho­nie, de l’er­go­no­mie etc. On sait égale­ment qu’on peut utili­ser n’im­porte quel instru­ment hard­ware ou soft­ware de l’ex­té­rieur en utili­sant les deux pistes MIDI et les deux entrées audio supplé­men­taires. Cela permet d’ajou­ter des couches sonores supplé­men­taires si seule­ment deux pistes de synthé est insuf­fi­sant, et de combler éven­tuel­le­ment des vides dans ce que le moteur de synthèse est capable de faire. J’ai pu consta­ter que de nombreuses personnes s’en servaient avec des machines qui apportent des possi­bi­li­tés complé­men­taires, notam­ment des samplers pour jouer diffé­rents sons, des romplers avec des instru­ments acous­tiques, des synthé­ti­seurs analo­giques, ou simple­ment des synthé­ti­seurs plus ou moins dans la même gamme de prix et qui peuvent être synchro­ni­sés avec comme le Artu­ria Micro­freak qui inclut des types de synthèse diffé­rents ou la gamme des Korg Volca. Rien n’em­pêche d’ailleurs le Circuit Tracks de comman­der des instru­ments virtuels dans votre STAN préfé­ré… Se pose donc la ques­tion de savoir si le Circuit Tracks est suffi­sam­ment poly­va­lent à ce niveau-là, si il est typé, si il a des forces, des singu­la­ri­tés et des faibles­ses… C’est ce dont nous allons parler à présent. 

Mon expé­rience avec le synthé­ti­seur du Circuit Tracks a été un peu chao­tique au départ je dois l’ad­mettre. Lorsque j’ai créé mes premiers projets, que je suis allé écou­ter le rendu des projets d’exemple du pack d’usine, et que j’ai commencé à m’amu­ser avec les 128 patchs inclus, je dois dire que par moments je me suis senti un peu frus­tré quand j’étais à la recherche d’un son parti­cu­lier et que je n’ar­ri­vais pas à le trou­ver, y compris en jouant avec les macros. Le concept de base du Circuit OG et du Circuit Tracks incite à partir de sons exis­tants pour construire de la musique plutôt qu’à créer de la musique et à cher­cher les sons qui vont avec je dirais. Ce qui ne m’a pas empê­ché de faire quelques morceaux ou reprises amusants en utili­sant unique­ment ces patchs là, et en m’im­po­sant la contrainte du pack d’usine et du nombre limité de patterns…

Beverly
00:0001:48
  • Beverly01:48
  • Ibiza Bass Line01:37
  • Vapor­wave Islands02:36

 

Comme je le disais plus tôt, les choses se sont un peu amélio­rées en rajou­tant des packs sur mon Circuit Tracks. Mais tout de même, je ne trou­vais pas le résul­tat toujours adapté à ce que je voulais faire comme musique par moments. J’ai pu consta­ter sur la page Face­book des utili­sa­teurs de Circuits ou sur le reddit asso­cié des témoi­gnages qui allaient un peu dans ce sens, des gens qui se plaignent d’un rendu un peu « cheezy » et recon­nais­sable, et de sons qui se ressemblent. Puis j’ai réalisé qu’en fait ce qui me manquait c’était de passer du temps à faire mes propres sons, de mettre les contrôles sur les macros qui font le plus sens pour moi, notam­ment ce fichu porta­mento ou des contrôles sur le pitch pour faire des drops, et d’y aller mollo sur les choses que person­nel­le­ment j’aime moins, comme d’avoir des séquences de pitch sur plein de presets ou trop de modu­la­tion de tout et n’im­porte quoi sur les sons.

Je me suis égale­ment rendu compte qu’un projet donné peut utili­ser un patch créé / ouvert dans Compo­nents même si il n’est pas présent dans la liste des 128 patchs acces­sibles, à partir du moment où on édite le patch en ques­tion sur la piste qui nous inté­resse et qu’on sauve­garde le projet. Une fois cette idée inté­grée dans mon work­flow, je me suis alors beau­coup moins senti limité, et j’ai vrai­ment pu commen­cer à explo­rer les possi­bi­li­tés sonores du moteur de synthèse. Faire ses propres sons sur cette machine me semble être un passage obligé, et quelque chose de rassu­rant.

De toutes façons dans les synthés numé­riques, la ques­tion des presets revient toujours. Certains les adorent et n’uti­lisent que ça, et donc ne sont pas contents si le synthé­ti­seur n’est pas livré avec des presets qui vont dans leur sens à eux, ou quand il n’y en a pas 25000 mini­mum livrés avec. D’autres les détestent pure­ment et simple­ment. La grande majo­rité heureu­se­ment a une approche entre les deux extrêmes en fonc­tion du contexte ou de ce qui inspire. Mais le truc ici c’est que cette problé­ma­tique se pose sous un jour nouveau, puisque dans un pack donné on est de toutes façons limi­tés par les patchs dispo­nibles, parfois au nombre de 64 seule­ment voire moins si le pack est issu d’un travail réalisé sur le Circuit OG et que le desi­gner l’a porté au format Circuit Tracks sans rajou­ter de nouveaux patchs sur les autres slots dispo­ni­bles… 

J’ai donc réalisé ici quelque samples qui permettent de se rendre compte des possi­bi­li­tés. Dans les faits on peut vrai­ment faire de tout avec le moteur du Mini­Nova, même on manque de synthèse FM ou de méthodes de synthèse plus exotiques. Pour la FM on peut ruser pour­tant en utili­sant certaines des formes d’ondes dispo­nibles qui ont peu de ce grain en plus, et surtout en utili­sant des grosses tartines de V-Sync et de Drive, pour obte­nir ce côté qui accroche un peu l’oreille ou des sono­ri­tés pleines d’in­har­mo­ni­cité. J’ai pu ainsi jouer avec des sono­ri­tés typique­ment FM de cloches, basses et piano élec­triques par exemple.

VSync Bass
00:0001:11
  • VSync Bass01:11
  • VSync Keys00:18

 

Je trouve aussi que le filtre manque un peu de carac­tère, j’ai l’im­pres­sion que les équipes de Nova­tion ont opté pour quelque chose d’as­sez simple ici, ce qui explique l’ajout d’une section Drive dans la partie filtre pour ajou­ter de la couleur, ou aller sur les terri­toires des synthé­ti­seurs axés autour du wave­sha­ping. J’aime beau­coup le phaser et le chorus, qui peuvent être légers ou plus marqués selon ce qu’on veut. Avec l’éga­li­seur et les distor­sions on peut obte­nir des sons assez agres­sifs si on le souhaite. Toutes les possi­bi­li­tés impor­tantes de modu­la­tion sont vrai­ment les bien­ve­nues bien évidem­ment. Et pour tout ce qui sonne « gros », j’aime bien les formes d’ondes clas­siques, qui sonnent un peu plus brillantes que leurs équi­va­lentes « wave­tables », avec beau­coup de density et de detu­ning.

Super­saw Jump
00:0000:33

 

Les enve­loppes ont l’air d’être plutôt claquantes et permettent de faire des trucs amusants avec l’at­taque à zéro, un decay très faible et un peu de V-Sync. Les sons dispo­nibles avec les wave­tables un peu atypiques ont un gros poten­tiel que j’ai pour le moment à peine eu le temps de décou­vrir. Et les distor­sions de type bitcru­sher ont plein d’ap­pli­ca­tions possibles, même avec le volume au mini­mum elles ont un effet sur le son, elles seront très utiles pour une esthé­tique plutôt chip­tune, surtout avec quelques samples bien sentis comme sur le pack dédié de Isoto­nik et un peu de proba­bi­li­tés. On fera atten­tion par contre à ne pas oublier que les délais et réver­bé­ra­tions sont acces­sibles par projet et pas dans le patch lui-même.

Chip­tune Demo
00:0003:06

 

Au passage, j’ai créé quelques sujets sur Audio­Fan­zine pour réper­to­rier des morceaux sur Youtube avec des Circuits tous seuls ou connec­tés à d’autres machines, et appré­cier les possi­bi­li­tés sonores ou les confi­gu­ra­tions de machines inté­res­santes :

Avec le Circuit OG

Avec le Circuit Tracks

Dernière chose à dire sur le moteur de synthèse, je regrette qu’il n’y ait pas à propre­ment parler de vrai navi­ga­teur de presets dans Compo­nents. Chaque patch a beau avoir un nom, et une caté­go­rie asso­ciée (bass, lead, keyboard, bell, poly etc.), ainsi qu’un type (mono, auto-glide et poly), il n’y a aucun moyen de recher­cher parmi tous les patchs dispo­nibles sur la machine, dans notre Cloud ou sur le disque dur un patch qui corres­pond à un tag ou un argu­ment de recherche. On peut certes sauve­gar­der ses patchs préfé­rés sur le disque dur dans un dossier dédié manuel­le­ment, en faire un pack même, cela se fait un peu à la marge. On aurait aimé aussi avoir des infos qui s’af­fichent sur le navi­ga­teur de patch du Circuit Tracks lui-même, avec un niveau de lumi­no­sité ou des couleurs diffé­rentes selon le type et la caté­go­rie de chaque patch, en rendant cela option­nel dans l’Ad­van­ced Setup.

Conclu­sion

C’est l’heure du bilan de ce (long) test. En effet, diffi­cile de parler du Nova­tion Circuit Tracks en seule­ment quelques mots, au vu de l’éten­due des fonc­tion­na­li­tés et des usages possibles.

Je souhai­te­rais d’abord dans cette conclu­sion répondre à quelques ques­tions qui sont restées en suspens. Pour commen­cer, que penser du Circuit Tracks quand on possède le Circuit OG et qu’on envi­sage d’ache­ter la nouvelle machine ? Les nouvelles fonc­tion­na­li­tés, notam­ment l’ac­cès à plusieurs packs via la carte microSD, la connec­tique supplé­men­taire, les deux pistes MIDI, les proba­bi­li­tés dans le séquen­ceur ou l’er­go­no­mie revi­si­tée peuvent justi­fier qu’on repasse à la caisse, à mes yeux en tout cas de personne qui n’a jamais possédé la machine origi­nale. D’ailleurs je me garde­rais bien de suggé­rer aux personnes concer­nées de revendre l’an­cienne mouture pour ache­ter la nouvelle, tant l’uti­li­sa­tion des deux machines ensemble et synchro­ni­sées d’une manière ou d’une autre pour­rait s’avé­rer inté­res­sante ! Je pour­rais égale­ment leur propo­ser d’al­ler voir la concur­rence plutôt que le Tracks si ils ont du budget pour une nouvelle machine et qu’ils cherchent quelque chose de vrai­ment diffé­rent pour complé­men­ter le Circuit OG, le Circuit Tracks ne révo­lu­tion­nant pas non plus l’usage qu’on en faisait.

Pour un nouveau venu dans le monde des groove machines par contre, j’au­rais du mal à suggé­rer autre chose qu’un Circuit Tracks par contre – même pas un Circuit OG d’oc­ca­sion – tant tout y est facile, acces­sible, avec une marge de complexité présente sous le capot pour les « power users » et ceux qui ont déjà l’ha­bi­tude de la créa­tion sur ordi­na­teur, et un côté péda­go­gique prononcé que je n’ai pas eu l’im­pres­sion de voir dans d’autres machines de cette gamme de prix.

Autre ques­tion à laquelle je souhai­te­rais répondre, je pense que la machine peut être inté­res­sante pour beau­coup de personnes quelque soit leur genre musi­cal de prédi­lec­tion (y a pas que la synth­wave dans la vie), soit comme bloc notes d’idées qui pour­ront être ensuite déve­lop­pées et enri­chies ailleurs, soit comme outil de produc­tion stan­da­lone, en prévoyant un export piste par piste des projets dans la machine pour réali­ser le mixage final, voire simple­ment un export de l’en­semble. Je pense égale­ment que des musi­ciens éloi­gnés des musiques élec­tro­niques pour­ront être inté­res­sés par un outil permet­tant de compo­ser rapi­de­ment des sections ryth­miques, des accords et des lignes de basse pour de l’ac­com­pa­gne­ment.

Pour moi, je dois dire que la décou­verte de cette machine, que j’ai ache­tée avant de propo­ser à Audio­Fan­zine d’en faire le test, a été un énorme coup de coeur. J’ai été assez sensible aux choix qui ont été faits pour rendre l’uti­li­sa­tion du Circuit Tracks aussi plai­sante et effi­cace que possible, les contraintes comme le fait qu’il y ait pas d’écran étant assu­mées jusqu’au bout et plus loin encore, et qu’on s’en sort en cas de diffi­cul­tés en inter­agis­sant avec la machine via Compo­nents.

On se surprend à penser plus souvent à la théo­rie musi­cale avec ce nombre de pistes limi­tées et la place prise dans le work­flow par l’on­glet « Scales ». J’ai égale­ment bien rempli des slots de projets pendant la rédac­tion de ce test, j’ai encore des concepts de packs en tête en attente de temps libre pour être fabriqués et télé­char­gés sur mon Circuit Tracks, j’ai un dossier disque dur rempli de patchs perso, et j’ai appré­cié pouvoir le poser n’im­porte où chez moi pour pouvoir créer vite fait bien fait quelques « beats » ou enre­gis­trer des mélo­dies. Et j’ai été assez admi­ra­tif quand j’ai vu ce que des personnes expé­ri­men­tées peuvent faire avec, comme jouer des sets de musiques élec­tro­niques de plusieurs heures avec le Circuit Tracks en place centrale et diffé­rents joujoux autour. Enfin je dirais que cette machine m’a permis de redé­cou­vrir certains de mes synthé­ti­seurs hard­wares, qui séquen­cés et trai­tés avec les effets de compres­seur side­chain, réver­bé­ra­tion et délai m’ont semblé tout de suite beau­coup plus inté­res­sants qu’avant…

Après tout n’est pas parfait non plus. L’ap­pli­ca­tion Compo­nents est diffi­cile à prendre en main et néces­si­te­rait un peu de rafrai­chis­se­ment et de docu­men­ta­tion supplé­men­taire. Le Circuit Tracks n’ex­prime son poten­tiel qu’après quelques heures de pratique et de lecture de son manuel pour se fami­lia­ri­ser avec son concept et son work­flow. Il possède des limi­ta­tions sur l’édi­tion des patchs, le nombre de patterns par piste, et surtout les 2 pistes seule­ment de synthé­ti­seur qui risquent d’être insuf­fi­santes en fonc­tion des besoins et du style de musique de prédi­lec­tion des inté­res­sés. Au fil de mon utili­sa­tion, j’ai eu beau­coup de mal à me conten­ter des patchs propo­sés sur les diffé­rents packs que j’ai pu télé­char­ger, et quand je travaille sur un morceau je me sens quasi­ment obligé d’al­ler éditer les patchs utili­sés avec l’or­di­na­teur. La contrainte du « pas d’écran » ne pose pas de problème pour moi à l’uti­li­sa­tion, mais peut être ennuyeuse pour se repé­rer dans le contenu des packs. Le fait de n’avoir que 8 patterns par piste rend compliqué la créa­tion de morceaux avec beau­coup de mélo­dies et de chan­ge­ments de tona­li­tés. Et la partie samples semble rudi­men­taire avec seule­ment 4 effets, ou l’ab­sence de pas entiers pour le contrôle de pitch. En sachant la sortie du Circuit Rhythm immi­nente, j’ai parfois eu l’im­pres­sion que certaines fonc­tion­na­li­tés poten­tielles de cette section ont été volon­tai­re­ment écar­tées du Circuit Tracks pour être propo­sées sur la prochaine groove machine dédiée au sampling de Nova­tion. J’es­père que l’équipe derrière les Circuits blin­dera le Circuit Tracks de fonc­tion­na­li­tés du Rhythm et inver­se­ment d’ici les prochains mois sur les demandes des utili­sa­teurs (surtout que ça m’em­pê­chera pas de vouloir essayer les deux en même temps).

En tout cas, le Circuit Tracks est pour moi une réus­site, dont j’at­tends avec impa­tience les évolu­tions dans les prochains mois voire les prochaines années. L’équi­libre entre la simpli­cité d’uti­li­sa­tion et la profon­deur acces­sible du produit est parti­cu­liè­re­ment singu­lier à mes yeux, pour une machine qui permet de faire beau­coup de choses avec un encom­bre­ment limité, et qui dépous­sière le concept de la groo­ve­box qui n’a pas toujours été syno­nyme avec ergo­no­mie encore aujour­d’hui. J’ai vrai­ment eu très envie de mettre la note de 9 au produit, mais j’at­tends de voir comment l’équipe de Nova­tion va conti­nuer à travailler dessus et si certaines de mes inter­ro­ga­tions seront enten­dues.

Par contre, j’ai souhaité accor­der au Nova­tion Circuit Tracks un Award Inno­va­tion, car c’est un point d’en­trée à la musique élec­tro­nique génial pour les débu­tants, un outil plai­sant et central pour les autres, et que ça récom­pen­sera aussi le travail effec­tué sur le Circuit OG qui a permis à la nouvelle mouture d’exis­ter telle qu’elle est. Bravo à Nova­tion pour la prise de risques dans la suppres­sion de l’écran d’une groo­ve­box et pour tout ce qui en a découlé !

8/10
Award Innovation 2021
Points forts
  • Workflow efficace et agréable...
  • Les fonctionnalités de probabilités dans le séquenceur
  • Le moteur de synthèse du MiniNova simplifié avec plein de formes d'ondes, le V-Sync et beaucoup de modulations possibles
  • Le chainage de patterns et le concept des scènes
  • Le compresseur sidechain sur chaque piste mélodique
  • L'expertise du Launchpad sur les pads
  • La connectique avancée
  • Potentiel avec des updates régulières
  • Les entrées audio qui permettent de faire le mixage des éléments extérieurs
  • Les "scales" qui simplifient la vie et donnent des idées créatives
  • Super outil pédagogique
  • Les fonctionnalités orientées live
  • Manuel du Circuit Tracks en français
  • Contrôleur MIDI en USB également
  • Les communautés d'utilisateurs sur Reddit, Youtube et Facebook qui échangent des packs, patchs, démos, tutoriels etc.
  • Le prix raisonnable au vu des possibilités
  • L'abonnement au Novation Sound Collective en bundle
  • Se suffit à lui-même pour composer des morceaux dans certains styles de musique
  • C'est quand même joli
  • Le côté un peu rassurant qu'il y a à pouvoir faire de la musique avec un set limité de patchs et de sons disponibles dans un pack donné
Points faibles
  • ... mais lecture du manuel obligatoire pour les premières heures
  • Concept qui ne conviendra pas à tout le monde
  • Un petit papier pense-bête imprimé dans la boite aurait pas fait de mal pour la découverte du joujou
  • Rétro-compatibilité partielle avec les packs pour le Circuit OG
  • Documentation disponible sur Components et sur le moteur de synthèse insuffisantes
  • Application Components qui prête à confusion pour la synchronisation des packs de la machine et l'organisation du contenu
  • Ordinateur obligatoire pour éditer les patchs de synthé
  • Paramètres de session cachés accessibles seulement avec des MIDI CCs ou NRPN ou des applications tierces
  • Les effets de réverbération et de délai qui font le taf mais sans plus au niveau du son
  • Master filter global et pas par piste
  • L'édition de l'automation des paramètres pas toujours intuitive
  • Problèmes avec les cartes microSD de certaines marques
  • Navigation dans les patchs sur le Circuit Tracks et sur l'application Components à améliorer
  • Marge de gain faible sur le volume des entrées audio
  • Durée de vie de la batterie interne et remplacement potentiel à surveiller également
  • Pas d'audio par USB avec du mixage multi-pistes comme sur la Roland MC-101
  • Fonctionnalités rudimentaires dans la partie drums / samples
  • Pas d'undo
  • Temps de téléchargement des packs vers ou à partir du Circuit Tracks
  • Accès direct à la carte microSD pour travailler sur les packs stockés possible mais un peu alambiqué
  • Luminosité un peu faiblarde pour l'extérieur
Auteur de l'article Wolfen

Développeur freelance pour de nombreuses sociétés dans le domaine de l'industrie musicale, créateur de la marque Musical Entropy, et musicien qui achète plus de matos qu'il n'en joue


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