Alors que l'on avait l'habitude d'attendre au moins deux ans entre chaque version de Cubase, Steinberg a changé un peu de stratégie en sortant une version 6.5 payante en début d'année, suivie d'une version 7 (payante elle aussi) au mois de décembre. Quoi de neuf dans cette nouvelle mouture ?
La marché des séquenceurs est plus que jamais très disputé : entre le prix à la limite de l’insolence de Logic 9 sur le Mac App Store qui attend une prochaine mise à jour, le nouveau venu et ingénieux Studio One 2 au rapport qualité/prix excellent, Sonar qui vient de passer en version X2, Live qui s’apprête à sortir en version 9, Digital Performer qui débarque sur PC, Pro Tools qui a sorti sa version 10 et ses plug-ins AAX l’année dernière, Samplitude qui est passé au X, Reason qui fait maintenant de l’audio ou encore Reaper qui reste en embuscade… Steinberg a du souci à se faire ! C’est peut-être pour cela que l’éditeur allemand a décidé de changer de stratégie commerciale en rapprochant les mises à jour payantes et en faisant baisser légèrement leurs prix, un peu à l’instar des Operating Systems équipant nos ordinateurs : Mac OSX nous fait passer à la caisse tous les ans, mais affiche un tarif tout à fait honnête, et Microsoft compte a priori faire la même chose avec son Windows.
En sortant une version 6.5 payante, Steinberg a donc cassé le rythme. Le prix de 49,99€ a eu un peu de mal à passer chez certains utilisateurs, même si les nouveautés étaient intéressantes : deux nouveaux synthés, Analogue et Padshop, des traitements (DJ-EQ, Morphfilter), le support du Rewire 64 bit, le format Flac ou encore des nouveaux outils de comping et quantisation audio. Il fallait en fait comprendre que cette mise à jour payante n’était qu’un palier avant la version 7 qui allait sortir quelques mois plus tard… En effet, les acquéreurs de la version 6.5 n’auront à débourser « que » 150€ pour adopter la dernière mouture, tandis que les possesseurs de la version 6 devront payer 200€. Au final, cela revient donc au même, les acquéreurs de la version 6.5 ayant quand même eu le privilège de ces nouveautés quelques mois durant. Les nouveaux acquéreurs devront quant à eux débourser 602,02€ (sur steinberg.net), ce qui est beaucoup plus élevé que Studio One 2 (287,75€), Samplitude, Sonar, Digital Performer et Logic Pro (environ 500€ pour les versions « boîtes »), mais moins que Pro Tools 10 (677,11€ sur avid.com). Le séquenceur de Steinberg reste donc malheureusement dans le haut du panier en termes de tarif…
Tour du proprio
L’annonce de la septième version de Cubase a excité plus d’un home-studiste, et pour cause, l’éditeur s’est cette fois-ci attaqué à l’un des éléments clés du séquenceur : sa console de mixage virtuelle. Cette nouvelle MixConsole représente le gros de cette mise à jour, avec un accent mis sur l’ergonomie et sur l’optimisation de l’affichage sur nos écrans pourtant toujours plus grands. On le verra, si Steinberg a pris quelques idées sur la concurrence, notamment Studio One 2 (c’est de bonne guerre !), cette nouvelle console hausse le ton vis-à-vis de la concurrence tant par son design que ses fonctionnalités.
Steinberg a bien sûr aussi mis l’accent sur le workflow, qui devient un peu le nerf de la guerre des séquenceurs, les utilisateurs comprenant aisément que moins on a de clics à faire, plus on gagne de temps. Et le temps, c’est de l’argent ! Si en plus, on peut deviner l’accès à certaines fonctions sans passer par le manuel utilisateur, c’est carrément des lingots d’or qui se jettent sur nous ! Nous le verrons, les séquenceurs restent des outils complexes pour les néophytes, mais il faut avouer que d’année en année, ces derniers deviennent de plus en plus accessibles.
Nous verrons aussi les nouveautés côté traitements, avec le nouveau Channel Strip et le CurveEQ emprunté à Voxengo, ou encore la nouvelle Chord Track (piste accord), le loudness meter, la version 2 du VariAudio, le mode Pure Tuning, la nouvelle Control Room, et même le VST Connect SE, permettant d’enregistrer un musicien à distance, via le réseau des réseaux, j’ai nommé l’internet (première sortie à gauche sur la rocade après le rond-point).
Vous l’aurez compris, les nouveautés sont nombreuses, alors au boulot !
Au commencement étaient les tutos
Première bonne surprise au lancement de Cubase 7, le splashscreen a été revu avec à droite, les classiques templates et projets récents prêts à être rappelés, et à gauche un flux de news, à la manière de ce que l’on peut avoir sur Studio One, informant l’utilisateur des dernières nouveautés Steinberg, comme les mises à jour. Mais, l’éditeur a eu aussi la bonne idée de mettre les liens vers les tutoriels vidéos permettant de faire le tour des dernières fonctionnalités et des fonctions de base pour les nouveaux utilisateurs. N’en déplaise à certains maugréant sur la génération YouTube, il est bien plus agréable de regarder quelques minutes/heures de vidéos afin d’apprendre rapidement à se servir d’un logiciel que de lire un manuel toujours aussi intimidant (913 pages !). Ce dernier reste bien entendu incontournable, et toujours au format électronique PDF, pour ceux désireux d’approfondir leur connaissance et maîtrise du logiciel. Trois vidéos « avancées » d’une quinzaine de minutes chacune permettent de faire le tour de la nouvelle MixConsole. Le seul gros point noir est que ces vidéos sont uniquement dans la langue de Shakespeare… Être non-anglophone a toujours été compliqué dans le milieu des nouvelles technologies et la MAO confirme cette règle. Le guide rapide est en français, le logiciel aussi, mais le gros manuel reste en anglais. Dommage !
Et la MixConsole fut
Nous n’allons pas tourner autour du pot pendant 107 ans et allons nous intéresser directement à la plus grosse nouveauté de cette 7e version de Cubase, la nouvelle console de mixage MixConsole.
Pour ceux qui n’aiment pas lire, j’ai fait un petit screencast afin de présenter les principales fonctions de cette MixConsole. Mille excuses pour le son (et mon rhume), j’ai dû utiliser un micro casque, le logiciel de screencast n’étant pas compatible avec mon interface audio externe.
À la première ouverture de Cubase 7, une première petite déception fait surface : l’application n’est pas compatible Retina. Sur les MacBook Pro « Retina » sortis il y a maintenant plus de 6 mois, les pixels sont donc grossiers, ce qui est dommage, car mis à part cela, l’interface graphique est très réussie. On espère une mise à jour prochaine, Steinberg en parle depuis la version 6… De plus, Cubase 7 n’est pas non plus compatible avec l’option plein écran d’OS X Mountain Lion, c’est dommage, car sur les écrans de laptops, cela fait gagner quelques précieux pixels. Heureusement un mode plein écran reste possible pour la MixConsole et l’on peut l’assigner directement à un moniteur. On espère malgré tout que Steinberg mettra à jour son logiciel afin que la fenêtre projet puisse être elle aussi en plein écran.
La MixConsole a un look vraiment sympa, plutôt sombre, ce qui devrait un peu moins fatiguer les yeux après plusieurs heures d’utilisation. Il est vrai que l’ancienne console de Cubase 6 prend un gros de vieux à côté de la nouvelle, et celle de certains concurrents aussi. La taille de la fenêtre est modifiable à souhait, et on est ainsi sûr qu’elle s’adaptera parfaitement à la résolution de son écran.
La MixConsole se découpe en trois parties : à droite, on choisira les voies que l’on souhaite afficher dans la partie centrale et principale, et à droite se logera le coin « Control Room » avec le nouveau « loudness meter ». Sur le bandeau horizontal situé en haut de l’interface graphique, se situent toutes les options, dont certaines nouvelles qui sont très pratiques.
À la carte
Pour commencer, on pourra cliquer sur le bouton « spécifier configuration », afin d’afficher ou non les différentes parties de la MixConsole. En effet, suivant l’étape dans laquelle on se trouve, certaines parties seront inutiles et on gagnera de la place en les désactivant. En plus, un petit système de sauvegarde de configuration a fait son apparition, avec 4 slots mémoire, permettant de sauver et rappeler rapidement une configuration. Vous êtes en train d’enregistrer ? Mémoire 1. Vous êtes en train de régler les différents traitements sur les voies ? Mémoire 2, etc. On retrouve aussi l’existant : la possibilité de n’afficher que certains types de voies (entrées, audio, instrument, MIDI, etc.)
La partie « sélecteur de voie » s’inspire fortement de Studio One, et permet de n’afficher que certaines voies en quelques clics. De plus, avec le clic droit, des options intéressantes pointent le bout de leur nez : on pourra masquer la voie sélectionnée (ou le dossier regroupant des voies), mais aussi n’afficher qu’elle. Vous êtes en train de bosser sur les choeurs ? Pas de problème, clic sur le groupe choeurs, et hop, seuls les choeurs s’affichent dans la MixConsole. Sur les projets ayant beaucoup de pistes, c’est à la limite de l’indispensable ! Steinberg a eu aussi la bonne idée d’insérer quelques options intéressantes : il sera possible de n’afficher que les voies ayant des données à la position du curseur de lecture, entre les limiteurs, ou sur le projet en entier. C’est aussi très pratique : vous êtes sur le pont de votre chanson, un clic droit ou un clic sur le bouton « agent » et hop, seules s’affichent les pistes jouant sur le pont. À noter aussi un petit moteur de recherche permettant de trouver rapidement une voie, pour peu que vous les ayez bien nommées !
La partie principale de la MixConsole permet d’afficher : un aperçu des voies affichant la console dans son intégralité et permettant de repérer rapidement sa position, des vumètres, les courbes des égaliseurs qui sont en plus directement éditables (il faudra être précis, car l’affichage est tout petit !), le rack des voies sur lequel on reviendra, une image parmi la banque fournie ou une personnalisée et enfin un petit bloc note par piste. Ces deux dernières options sont nouvelles et intéressantes, car la première permet d’avoir un aperçu rapide de l’instrument de la voie (Steinberg rattrapant son retard sur la concurrence), et la deuxième permet de mettre quelques infos sur la prise de son par exemple (micro utilisé, gain du préampli, etc.). Il est à noter que toutes ces parties sont redimensionnables en hauteur, même les faders, et l’on pourra donc faire sa configuration aux petits oignons. Côté largeur, c’est aussi très flexible, les trois parties principales (sélecteur de voies, console et control room) sont aussi redimensionnables, et petit plus sympathique, il sera possible de redimensionner aussi la largeur des voies de la console, avec les touches H et G, comme le zoom dans la fenêtre projet. On dispose ainsi de 22 largeurs différentes, contre deux auparavant. Pour la fenêtre projet, il existe d’ailleurs une nouvelle commande dénommée « MemZap », permettant de passer rapidement d’un état A à un état B de zoom. C’est plutôt pratique pour passer d’une vue globale à une vue détaillée (pour de l’édition, par exemple).
Gueule de rack
Le système de rack fait aussi son apparition, et c’est sur cette partie de la fenêtre que vous allez passer le plus clair de votre temps : il regroupe, pour chaque voie, le routing (entrée et sortie), les filtres, les inserts, l’égaliseur, le channel strip, les envois, les cues (retours casque), les contrôles instantanés et le panneau d’utilisateur. Évidemment, chacune de ces parties peut être développée ou non, afin de toujours optimiser l’affichage suivant la tâche du moment. Petit détail : quand vous ouvrez, par exemple, la partie EQ, cela le fait sur toutes les voies. Vous ne pourrez donc pas avoir des configurations différentes suivant le type de voies. Il faudra passer par le système de rappel de configuration en haut à gauche, mais avec 4 mémoires, on est rapidement limité. C’est peut-être un choix de l’éditeur, car il faut avouer que si chaque voie avait sa propre configuration, cela pourrait rapidement devenir illisible…
Côté inserts, le nombre affiché est dynamique et dépendra de la voie qui en possède le plus, +1, afin de ne pas afficher des slots vides pour rien. On note aussi la présence d’un moteur de recherche directement accessible quand on clique sur un insert vide, pratique pour trouver rapidement son plug-in. Aussi, certains slots pourront être post-fader, et un bouton A/B est désormais disponible systématiquement sur tous les plug-ins : bonne nouvelle.
Les paramètres de l’égaliseur sont aussi accessibles directement dans le rack, via des sliders ou en cliquant directement sur la courbe, mais on préfèrera y accéder en cliquant sur le « E » (comme éditer) de la voie afin d’afficher tout ce qui est en rapport avec la voie dans une nouvelle fenêtre (Channel Central) et profiter ainsi d’un plus grand espace. On pourra d’ailleurs garder cette fenêtre ouverte et passer d’une voie à une autre via un petit moteur de recherche, c’est assez pratique. L’égaliseur est très complet, avec ses 4 bandes paramétriques, ses 8 types de filtres, et son retour visuel du spectre du signal et de la courbe d’égalisation. Il n’a pas grand-chose à envier à certains plug-ins dédiés, il manque peut-être quelques détails d’ergonomie comme le fait de pouvoir modifier le facteur Q d’une bande avec la molette de la souris directement sur la courbe.
Le strip fait son apparition avec un gate, un compresseur, une saturation, un limiteur et un envelope shaper (transient designer). On pourra aussi placer l’égaliseur et les autres traitements où l’on veut dans la chaîne d’effets. Cela fait un ensemble vraiment très complet, dont les paramètres sont accessibles directement dans l’interface, pas besoin d’ouvrir une autre fenêtre. Enfin, le rack affiche l’envoi vers des voies auxiliaires, comme des effets (réverbe, écho).
La partie avec les faders reste assez classique, et on notera quand même l’apparition d’un mode « listen » qui est une sorte de solo, mais avec une atténuation des autres pistes réglable dans la partie « Control Room ». Ainsi, on fait un « focus » sur une voie tout en l’écoutant dans le contexte du mix. Intéressant.
Autre nouvelle petite douceur de cette MixConsole : le Q-Link. Cette fonction permet de lier momentanément plusieurs voies, afin de changer les paramètres de toutes ces voies en même temps, de manière absolue ou relative. Par exemple, si un fader est à –10 et l’autre est 0, si vous baissez en mode relatif le premier fader de 5dB, le second sera à –5. En mode absolu, la valeur du paramètre est appliquée à toutes les autres voies, quelle que soit la valeur initiale.
Control Room
On termine le tour de cette MixConsole avec la Control Room qui elle-aussi a été améliorée d’une belle manière. Cette partie vous permettra de gérer à la fois ce qui arrivera sur vos différentes paires d’enceintes (jusqu’à 4 paires), mais aussi ce que vous enverrez aux musiciens (jusqu’à 4 cues, un talkback), et enfin 6 entrées externes (lecteur CD ou autre). Le tout est plutôt bien fait et permettra de faire tout ce que l’on veut. Ainsi on pourra envoyer dans un cue (circuit pour musicien) : le mix, une entrée externe, le cue (dans la plupart des cas), le clic (avec réglage de niveau et de panoramique), et bien sûr le talkback.
La gestion des différentes paires de moniteurs est plutôt bien faite aussi, on pourra switcher d’une paire à une autre en un clic, régler les niveaux du signal pour chaque paire d’enceintes, mais aussi le niveau d’atténuation du circuit « listen », du « dim » et du « talkback ». Cerises sur le pompon : on pourra activer un niveau de référence calibré et y revenir en appuyant sur le bouton idoine, ainsi que régler le niveau d’écoute global, ce qui vous permettra de ne pas toucher au bus master et de garder la balance de niveaux entre vos différentes paires d’enceintes. À noter qu’il est aussi possible d’insérer des plug-ins sur tous les canaux de la Control Room, pour mettre par exemple un retour visuel ou encore un correcteur comme l’ARC d’IK Multimedia.
Mais Steinberg ne s’est pas arrêté là et a rajouté à la section Vumètre un « Loudness meter » qui vous donnera une indication sur le niveau de votre mix. Pour le « Master Meter », tous les standards de l’industrie sont gérés : Digital, DIN, EBU, British, Nordic, K-20, K-14 ou K-12, le niveau RMS, les peaks, l’AES 17… En plus de cela, si vous cliquez sur « loudness », vous aurez une indication en LUFS (Loudness Unit Full Scale) ou LU, pour ces valeurs : « momentary max » montre le niveau de loudness sur une période de 400ms, « short-term » sur une période de 3ms, « integrated » pour la mesure du début à la fin du morceau (il est possible de la réinitialiser à la demande), « range » pour connaître l’étendue de la dynamique de votre mix afin de savoir si ce dernier est trop ou pas assez compressé, et enfin « true peak » pour le vrai niveau maximum (normalement –1dB). Autant dire que ces mesures sont vitales pour bien réussir le mastering de son mix, et c’est un très bon point qu’elles soient intégrées au séquenceur. On regrette quand même qu’il n’y ait pas de gestion de projet regroupant plusieurs chansons comme dans Studio One, afin de masteriser un album dans son ensemble.
Je te courbe
Une autre surprise de ce Cubase 7, c’est l’intégration du plug-in tiers CurveEQ de Voxengo. Vu la réputation de l’éditeur, c’est une très bonne nouvelle pour les Cubasiens qui ont ainsi une corde de plus à leur arc sans débourser un centime. Le plug-in est plutôt destiné au mastering, même s’il n’est pas interdit de l’insérer sur une voie. Il intègre un analyseur de spectre et permet à la fois de faire des courbes douces ou de dessiner à la souris des pentes abruptes. L’une des principales caractéristiques de cet EQ et de proposer une fonction appelée « spectrum matching » permettant de calquer une balance spectrale sur une autre. Ainsi, on pourra rééquilibrer certains mix entre eux, ou en prendre un comme référence afin de corriger les autres et garder ainsi une homogénéité spectrale. Il est à noter que les filtres de CurveEQ peuvent être à phase linéaire ou pas. Ce petit bout de plug-in est donc assez complémentaire de celui équipant Cubase, et sachant qu’il vaut par ailleurs 90$ sur le site de Voxengo, c’est toujours ça de pris !
Comme un accord
Steinberg a profité de cette nouvelle mouture pour ajouter un nouveau type de piste dans son séquenceur, la Chord Track, ou piste accord en français. Cette piste aura plusieurs intérêts pour les compositeurs que nous sommes. Le premier est l’aide à la composition : vous donnez le premier accord (via un éditeur ou un contrôleur MIDI) et le gentil Cubase vous proposera d’autres accords via le « chord assistant » pour la suite de votre chanson, avec plus ou moins de complexité. Outil génial ou briseur de magie, à vous de voir. Quoi qu’il en soit, ça fonctionne très bien et on fait une progression d’accords tout à fait crédible en quelques clics et sans aucune notion de solfège. Et comme si ce n’était pas suffisant, le piste affiche en-dessous des accords la gamme associée… Tout est fait pour aider à la composition. Maintenant que le logiciel connait la grille d’accords et les gammes utilisées, il n’y a plus qu’à choisir les « voicings » (piano, guitare) avec différentes options (rock, pop, jazz) afin de donner des indications sur la manière de jouer les notes, et ensuite tout est permis. On pourra ainsi contrôler des pistes MIDI ou VariAudio avec la Chord Track pour qu’elles suivent automatiquement les accords et la gamme de la chanson, mais on pourra aussi faire l’inverse, c’est-à-dire demander à la Chord Track de puiser ses accords dans une piste MIDI importée ou préalablement jouée.
Une fois que la Chord Track est remplie, on peut donc demander à n’importe quelle piste MIDI ou piste audio avec VariAudio de la suivre. Ainsi, il devient facile d’écrire un lead dans la bonne gamme, ou encore de modifier/écrire des choeurs assez facilement et sans trop de connaissance en solfège.
Que dire d’autre sur cette Chord Track mis à part que c’est une très bonne idée, plutôt bien intégrée au séquenceur et qui servira autant aux débutants désirant une aide à la composition qu’aux musiciens confirmés voulant aller un peu plus loin (l’assistant peut proposer des progressions assez complexes et fourmille d’options) ou tout simplement garder une trace écrite de leurs progressions harmoniques directement dans leur séquenceur.
VariAudio, le retour
VariAudio, le Melodyne made in Steinberg, se voit lui aussi mis à jour et profite de la présence de la piste accord pour aider le musicien à écrire des harmonies vocales à partir d’une piste principale, tout en suivant les règles imposées par la progression harmonique. Ainsi, il devient aisé de créer des harmonies : clic droit sur le segment audio, on choisit le nombre de voix et on peut même réduire le vibrato. Cela a pour effet de lancer une analyse VariAudio, et ouvre ensuite l’éditeur audio. Là, surprise de la v2 de VariAudio, on aperçoit toutes les harmonies dans une seule et même fenêtre, pratique. Vous voulez changer un accord dans la Chord Track ? Pas de problème, les harmonies suivront.
Côté ergonomie, il n’y a rien à redire et on accède rapidement à des harmonies vocales complexes, toujours sans aucune connaissance nécessaire. On regrette juste les limites de l’algorithme zPlane, bien que mis à jour pour l’occasion, qui reste inférieur à celui de Melodyne, sans même évoquer la polyphonie. Il manque aussi quelques fonctions afin d’humaniser rapidement et facilement les harmonies (décalage temporel ou tonal), car le résultat peut rapidement sonner « artificiel ». Quoi qu’il en soit, même si les harmonies créées ne sont pas toutes exploitables directement, elles pourront faire gagner beaucoup de temps lors de l’écriture des arrangements. Libre à vous de faire ensuite rechanter les parties par un vrai ténor, soprano ou alto !
Le pur accordage
Une autre nouveauté est le « Pure tuning » reprenant le principe du Hermode Tuning et s’appliquant principalement à la musique électronique et aux sons de synthèse. Si certains instruments, comme les bois ou les cuivres, permettent aux musiciens d’adapter l’intonation, les claviers « bien tempérés » n’ont que douze demi-tons par octave. L’Hermode tuning permet de modifier à la volée l’accordage des instruments virtuels et la différence s’entendra surtout sur les intervalles comme la tierce et la quinte : le son aura plus de punch et de clarté. Le résultat est assez probant, mais attention cela ne fonctionne que sur les instruments VST3.
Pour les anglophones désireux d’approfondir le sujet, jetez un coup d’oeil sur le site d’Hermode, des exemples audio sont aussi disponibles. Un nouveau mode qui ravira donc les utilisateurs d’instruments virtuels qui lorgnaient devant cette fonction déjà présente dans Logic 9.
Connectez-vous
Les séquenceurs sont de plus en plus connectés à la toile, ce qui facilite les échanges entre les musiciens situés à des centaines voire des milliers de kilomètres. On a vu apparaitre des exports en MP3, favorisant les envois par mail, puis les exports vers des services tels que SoundCloud permettant d’héberger et streamer des fichiers audio pour enfin voir naître des séquenceurs, comme Ohm Studio des Français de Ohm Force, permettant de directement partager sa session et collaborer en ligne et en temps réel. Sans en arriver à ce stade-là, Cubase dispose désormais d’un petit outil permettant d’enregistrer un musicien à distance. Le principe est simple : le musicien, qui n’est pas obligé d’avoir une licence de Cubase, installe un petit logiciel gratuit lui permettant de communiquer avec le « maître de session » sous Cubase 7 via chat, talkback et webcam interposée. Pour l’utilisateur, VST Connect SE se présente sous forme de plug-in : VST Connect SE que l’on insèrera sur la piste à enregistrer et VST Connect SE Cue Mix sur le groupe qui servira de retour casque au musicien à distance. En se loguant, le home studiste se verra confier une clé qu’il donnera à son musicien afin de protéger la connexion. L’interface graphique n’est pas très jolie, mais tout est là : on pourra régler les niveaux du micro, du playback, du métronome, mais aussi faire une petite égalisation, compresser et ajouter une pointe de réverbe. C’est simple à mettre en place et ça marche plutôt bien !
Des sons et des grooves
Quoi ? Une nouvelle version de Cubase sans nouvel instrument VST ou sans banque de sons supplémentaire ? Impossible ! Évidemment, Steinberg a inclus la nouvelle extension hybride d’HALion Sonic SE qui propose pas moins de 300 sons d’instruments comme le piano, les choeurs des cordes et autres… Cela vient compléter l’offre déjà garnie du séquenceur de Steinberg, et ceux qui en veulent plus pourront upgrader pour la version complète d’HALion Sonic (article disponible ici) ou acheter d’autres instruments virtuels. Quoi qu’il en soit, c’est un bon point de départ. Les beatmakers seront aussi heureux de voir 30 nouveaux kits de batteries dans Groove Agent One, accompagnés de 150 grooves. Notons aussi l’ajout de boucles de construction MIDI.
Conclusion
La version 6.5 n’était qu’un avant-goût de la 7 qui offre un grand nombre de nouveautés, parfois pour se mettre à niveau par rapport à la concurrence, mais aussi pour proposer des fonctions inédites et très intéressantes. Ainsi, la nouvelle MixConsole a marqué les esprits et participe grandement à l’amélioration du Workflow dans le séquenceur. Le channel strip et CurveEQ va retarder l’échéance, peut-être indéfiniment, d’un éventuel achat de plug-in tiers pour les utilisateurs, et la nouvelle Control Room associée au Loudness Meter est exemplaire. On appréciera forcément l’ajout de la nouvelle piste accords apportant de nouvelles perspectives aux utilisateurs novices ou avancés et permettant indirectement de créer en quelques clics des harmonies vocales. Le système de session à distance est la cerise sur le gâteau, permettant d’enregistrer des musiciens sans se déplacer (mais n’oubliez pas : jouez, bougez). On regrettera que Steinberg n’ait pas suivi la concurrence sur certains points comme la gestion de projets dans Studio One 2 ou encore son intégration sans pareil de Melodyne qui reste un cran au-dessus de VariAudio 2. Si la mise à jour vaut le coup pour les utilisateurs des versions 6 et 6.5, on peut s’interroger sur le prix de la version complète qui reste légèrement supérieur à la majorité des concurrents.