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Test du Korg Electribe ES-1 - Retour aux sources II

Nouvelle venue sur la scène techno / dance, l’Electribe ES-1 enrichit la tribu binomiale des machines à groove signées Korg. Après avoir joué sur la complémentarité synthétiseur à modélisation et boîte à rythmes avec les modèles EA-1 et ER-1, c’est donc un Sampler qui débarque tout droit de l’autre bout du monde. Vite, ma jeep !

Produits repa­cka­gés ou nouveaux concepts, les musiques qui bougent ont généré une gamme d’ins­tru­ments issue de tech­no­lo­gies plus ou moins fraîches. La modé­li­sa­tion physique s’est vite tour­née vers l’imi­ta­tion de circuits élec­tro­niques, l’échan­tillon­nage s’est vu adjoindre des fonc­tions de décou­page en tranches, les arpé­gia­teurs se sont mis à foison­ner et les lecteurs d’échan­tillons se sont enri­chis de séquen­ceurs et d’ef­fets lo-fi à foison. Diffi­cile de se démarquer dans cette jungle en déve­lop­pe­ment anar­chique. Korg a tran­ché dans la brousse, en posi­tion­nant judi­cieu­se­ment ses deux premiers modèles d’Elec­tribe : l’EA-1 est un synthé­ti­seur à modé­li­sa­tion analo­gique à 2 canaux mono­pho­niques doté d’un séquen­ceur de boucles à 65.500 événe­ments, alors que l’ER-1 est une boîte à percus­sions poly­pho­nique 4 voix, capable de produire 4 timbres par synthèse, 2 voix par lecture d’échan­tillons et de mémo­ri­ser 35.700 événe­ments. L’Elec­tribe ES-1 appar­tient au même clan que ses consœurs et se destine à la même cible de musi­ciens DJ techno / dance. Cepen­dant, elle n’en­vi­sage nulle­ment leur faire d’ombre : c’est un véri­table échan­tillon­neur-séquen­ceur capable de travailler en temps réel sur les percus­sions et les boucles ryth­miques. En route ! 

Peau de léopard

Korg Electribe ES-1

Parta­geant le même boîtier de 30 × 20 centi­mètres à façade alumi­nium brossé que ses équi­pières, l’ES-1 est à ranger dans la caté­go­rie pygmée. L’ar­rière de la machine propose un inter­rup­teur marche / arrêt, une borne pour alimen­ta­tion externe 9V avec bloc prise à l’ex­tré­mité peu pratique, un trio Midi et quatre prises audio au format jack 6,35. Celles-ci comprennent une entrée stéréo TRS, deux sorties gauche / droite et une sortie casque TRS. L’en­trée audio est secon­dée par un sélec­teur de sensi­bi­lité micro / ligne et un poten­tio­mètre de gain d’en­trée. Enfin, une petite fente discrète laisse présa­ger une excel­lente nouvelle : l’ES-1 est capable de sauve­gar­der l’en­semble de ses données sur carte Smart­Me­dia. Bien joué, voilà une première amélio­ra­tion par rapport à ses prédé­ces­seurs !

Sur la façade avant, on retrouve un air de famille. A commen­cer par la section de contrôle en haut à gauche, avec poten­tio­mètre de volume, affi­cheur 3 diodes 7 segments, touche d’en­voi direct des entrées audio vers les sorties, enco­deur sous forme de molette cran­tée, touche « Write », matrice de commandes 5 lignes / 4 colonnes et commandes de trans­port du séquen­ceur. La matrice permet un para­mé­trage rapide des quatre modes de la machine (Pattern, Song, Sample et Global). Sur la partie droite, on trouve une section effets consti­tuée d’un multief­fets et d’un délai. Les commandes directes permettent de choi­sir le type d’ef­fet et d’en régler deux para­mètres en temps réel. En dessous, la section « Part » propose de mani­pu­ler les sons attri­bués aux pistes ryth­miques en temps réel : effet on / off, roule­ment auto­ma­tique, inver­sion, tona­lité, niveau, coupure du filtre et pano­ra­mique. Le choix de la piste s’opère très simple­ment grâce à douze touches réser­vées à cet effet. Tout en bas, on retrouve la section « pads » consti­tuée de seize touches asso­ciées à deux flèches < et >, une touche Shift et une touche Sampling / Pattern Set. Les 16 pads permettent d’ap­pe­ler 64 sets de Patterns défi­nis au préa­lable, d’en­re­gis­trer en mode grille et d’édi­ter séquences et échan­tillons en complé­ment de la matrice citée plus haut. Si aucune touche n’est sensible à la vélo­cité de frappe, toutes sont en revanche illu­mi­nées suivant leur statut et le mode de jeu. Voilà pour la peau de la bestiole, tache­tée de commandes.

Espèces proté­gées

Korg Electribe ES-1

Pour ceux que les Pads illu­mi­nés rebutent, l’ES-1 est équi­pée d’une inter­face Midi complète. A part l’ac­cent, chacune des pistes peut être affec­tée à un numéro de note Midi au choix. Il va sans dire que l’écran 3 diodes 7 segments se révèle d’une grande ergo­no­mie, surtout pour affi­cher « D#-1 » ! Passons… La machine n’émet et reçoit que sur un seul canal, ce qui n’est pas choquant étant donné son fonc­tion­ne­ment. Par ailleurs, il est possible de dumper tout ou partie de la mémoire d’évè­ne­ments via Midi. Mais pour ceux qui souhaitent tirer le mieux profit de la machine, une carte Smart­Me­dia fera l’af­faire. En effet, l’ES-1 est capable de sauve­gar­der et char­ger l’en­semble de sa mémoire (échan­tillons et évène­ments en même temps) sur ce support univer­sel. Une banque complète occupe envi­ron 4 Mo. Il convient pour cela de choi­sir des modèles 3,3 V de 4 à 64 Mo. Mieux, l’ES-1 recon­naît les échan­tillons Wave et Aiff stockés sur ce type de support, ce qui signi­fie qu’on peut trans­fé­rer (un par un) des sons créés et bidouillés sur ordi­na­teur sans le moindre mal. A ce propos, un petit éditeur aurait été le bien­venu ! Par ailleurs, tout mouve­ment des poten­tio­mètres de la face avant se traduit par l’émis­sion de messages de contrô­leurs Midi, merci. La réci­proque est vraie, ce qui permet de contour­ner les diffi­cul­tés lors d’en­re­gis­tre­ment de « Motions » multiples en mode « Song ». Signa­lons enfin que l’ES-1 trans­met et recon­naît les messages de Song Posi­tion Poin­ter, ce qui lui permet de suivre ses collègues partout, y compris pendant les pauses tech­niques.

Sampling Safari

Par l’in­ter­mé­diaire de ses pistes ryth­miques internes, l’ES-1 est capable de produire un maxi­mum de 8 échan­tillons diffé­rents simul­ta­nés, ce qui équi­vaut en quelque sorte à 8 voix de poly­pho­nie et 8 canaux de multi­tim­bra­lité. Sortie d’usine, la machine propose 53 échan­tillons de percus­sions, de basses, de boucles ryth­miques et d’ef­fets spéciaux en mémoire Flash, le tout réso­lu­ment orienté techno, ce qui ne trahit pas sa cible. Mais l’in­té­rêt, c’est tout de même d’échan­tillon­ner soi-même. Cela s’ef­fec­tue en mono et en stéréo. Dans ce dernier cas, une note consomme deux voix et deux pistes ryth­miques. La mémoire interne est de 95 secondes répar­ties entre 100 échan­tillons mono et 50 stéréo. La fréquence d’échan­tillon­nage est fixée à 32 kHz. Cela permet des résul­tats corrects pour l’uti­li­sa­tion escomp­tée, comme en témoigne le timbre bien respecté des sons à hautes fréquences (cymbales) et le bon compor­te­ment face à la trans­po­si­tion vers le bas, sans arte­fact métal­lique exagéré. Une fois en mode Sample, le bouton « Audio In Thru » permet le moni­to­ring du signal raccordé aux entrées idoines. Pour contrô­ler le niveau d’en­trée, une simple diode crête est du voyage, c’est bien peu. La capture s’ef­fec­tue le plus simple­ment du monde, à la volée et avec inter­rup­tion possible grâce aux touches de trans­port du séquen­ceur. Pour sauve­gar­der avant qu’il ne soit trop tard, la touche « Write » est à portée de tir.

Part du lion

Korg Electribe ES-1

L’édi­tion des échan­tillons sauve­gar­dés comprend les points de départ, de fin et de fade-out, ainsi que la tron­ca­ture, la norma­li­sa­tion, l’ef­fa­ce­ment et le décou­page. Toutes ces commandes sont hélas globales et il est bien diffi­cile de visua­li­ser certains para­mètres à sept chiffres avec les trois malheu­reuses diodes de l’écran. Au-dessus du lot, la fonc­tion « Slice » découpe un échan­tillon mono­pho­nique en échan­tillons de plus petite taille. Cela permet de modi­fier le tempo d’une boucle indé­pen­dam­ment de la tona­lité, ou de muter certaines portions dans la ryth­mique. Les échan­tillons décou­pés sont affec­tés à une piste spécia­le­ment réser­vée à cet effet au sein des Patterns. Pour cela, l’ES-1 fait corres­pondre une portion d’échan­tillon à chaque pas du Pattern suivant trois réso­lu­tions : 1/16 (double-croche), 1/32 (triple-croche) ou 1/16T (trio­let de double-croche). Une fois le tempo, la sensi­bi­lité de décou­page et le Fade Out des portions décou­pées déter­mi­nés, l’ES-1 calcule, calcule, calcu­le… pendant un certain temps non négli­geable. Pour obte­nir des résul­tats corrects, un peu de travail et de tâton­ne­ment est néces­saire, surtout sur les boucles qui swinguent. Heureu­se­ment, une fonc­tion du même nom permet de s’en sortir pas trop mal. Mais la bonne nouvelle, c’est que l’ES-1 est capable de rééchan­tillon­ner des sons, des patterns ou des morceaux avec ou sans effets, le plus simple­ment du monde. Bravo, beau morceau !

Pistes sauvages

Après avoir capturé et préparé ses échan­tillons, il ne reste plus qu’à les enchaî­ner au sein de pistes ryth­miques. L’ES-1 propose un séquen­ceur de boucles mélan­geant événe­ments de notes et de para­mètres. 128 motifs sont ainsi sauve­gar­dés en mémoire Flash pour un total de 35.700 évène­ments. Chaque motif possède jusqu’à 64 pas suivant la réso­lu­tion (1/16, 1/32 ou 1/16T). Cette faible réso­lu­tion s’ex­plique par la program­ma­tion tour­née vers un mode grille, dans lequel chaque pas est repré­senté par un Pad lumi­neux. Le tempo est mémo­risé dans chaque motif, mais l’en­chaî­ne­ment de motifs se fait à la perfec­tion et à tempo constant.

Au global, le séquen­ceur renferme douze pistes : une piste d’ac­cent global, une piste audio externe et dix pistes instru­men­tales conte­nant les échan­tillons. Ces dernières comportent quelques restric­tions : seules les quatre premières peuvent fonc­tion­ner en stéréo (un échan­tillon stéréo occupe deux pistes) et les pistes 6A / 6B – 7A / 7B sont mutuel­le­ment exclu­sives. Chaque piste instru­men­tale possède son propre échan­tillon et une série de para­mètres : pitch + ou – 2 octaves, coupure du filtre passe-bas, niveau, pano­ra­mique, marche / arrêt des effets, roule­ment (2, 3 ou 4 fois la divi­sion tempo­relle) et lecture inver­sée. La piste audio se contente de quatre para­mètres (pitch, filtre, niveau, pan) alors que la piste d’ac­cent se limite au niveau, ce qui permet tout de même de contour­ner l’ab­sence de dyna­mique des Pads.

Korg Electribe ES-1

L’ES-1 se programme à la volée ou en mode grille comme une TR ou une MC Roland, c’est-à-dire en allu­mant les Pads sur lesquels ont souhaite qu’un événe­ment se produise, clas­sique. Pour faire groo­ver l’ES-1, une fonc­tion « Swing » est prévue. Mais ce sont les « Motions » qui donnent le plus de fantai­sie. En fait, l’unité est capable de mémo­ri­ser les varia­tions d’un des para­mètres cités plus haut en même temps que les évène­ments de notes. Ceci peut se faire soit en mode doux (morphing), soit en mode abrupt (seuil). Dommage que les poten­tio­mètres ne fonc­tionnent qu’en mode « saut », ce qui limite leur utili­sa­tion en live. Par contre, une petite diode s’al­lume dès qu’une commande passe par sa valeur stockée. Par la suite, les valeurs des para­mètres peuvent être faci­le­ment éditées pas à pas grâce aux touches de Pads et à l’af­fi­cheur. Avant de partir, il convient de ne pas oublier la pres­sion sur la touche « Write » pour enre­gis­trer son œuvre, histoire de ne pas se perdre irré­mé­dia­ble­ment dans la brousse.

Hordes tribales

Tout comme ses condis­ciples, l’ES-1 est capable d’en­chaî­ner ses motifs au sein de morceaux, dans le mode « Song ». Au nombre de 16, chaque Song peut conte­nir 256 pas. Un pas repré­sente un motif complet, sans possi­bi­lité de répé­ti­tion ou de repro­duc­tion partielle, ce qui amène assez vite à une certaine surcon­som­ma­tion. L’édi­tion est des plus dépouillées : elle permet essen­tiel­le­ment d’in­sé­rer ou de suppri­mer un pas et de modi­fier le numéro de Pattern affecté à un pas déter­miné. Le meilleur reste à venir, puisque l’ES-1 est capable d’en­re­gis­trer le mouve­ment des commandes de la face avant au sein de ses morceaux. Nous n’al­lons donc pas nous faire prier pour program­mer de nouvelles « Motions », muter ou isoler chacune des pistes et déclen­cher de nouveaux samples, tout cela avec nos dix doigts ! En effet, l’en­re­gis­tre­ment des mouve­ments des poten­tio­mètres en mode « Song » se fait en une seule passe, donc tout ce qui bouge et rien que ce qui bouge en même temps est mémo­risé en rempla­ce­ment de ce qu’il y avait avant sur une piste donnée. Le mode « Over­dub » fait donc ici cruel­le­ment défaut, de quoi rugir de rage ! 

Couple de gazelles

Korg Electribe ES-1

Pour donner aux sons ampleur et légè­reté, l’ES-1 est équi­pée de deux effets communs à toutes les parties instru­men­tales. Le premier est capable de produire onze algo­rithmes diffé­rents : réver­bé­ra­tion à plaque, chorus / flan­ger, phaser, modu­la­tion en anneau, pitch shif­ter, compres­seur, distor­sion, déci­ma­teur, isola­teur de fréquence, filtre passe-bas réso­nant et wah-wah. Sur chaque algo­rithme, deux para­mètres essen­tiels sont acces­sibles. Là aussi, il est possible d’en mémo­ri­ser les varia­tions en temps réel grâce à la touche « Motion ». Celle-ci fonc­tionne cette fois sur les deux para­mètres à la fois mais unique­ment en mode morphing. Les effets propo­sés sont très bons, très utiles et très effi­caces : que dire de mieux ? Le second effet est un cross délai à deux para­mètres (profon­deur et temps), capable de se synchro­ni­ser au tempo. Là encore, les varia­tions des deux para­mètres offrent la possi­bi­lité de fonc­tion­ner en « Motion ». Si les départs effets sont une simple affaire de marche / arrêt sur chaque partie, leur inté­rêt réside surtout dans leur utili­sa­tion à volonté lors du rééchan­tillon­nage. A ce stade, il peut d’ailleurs s’avé­rer judi­cieux de resam­pler seule­ment avec les dix effets courts et de garder la réver­bé­ra­tion pour la touche finale. Ainsi, on préserve ses cartouches pour les futures captures.

Trophée de chasse

Avec son posi­tion­ne­ment d’échan­tillon­neur – séquen­ceur, l’Elec­tribe ES-1 est une heureuse addi­tion au couple EA-1 et ER-1. Plus proche que le modèle ER-1 du fait de son orien­ta­tion percus­sions mais bien plus musclée, elle complète intel­li­gem­ment la section PCM très limi­tée de sa petite sœur. De plus, elle va beau­coup plus loin sur ce point grâce notam­ment à ses facul­tés de rééchan­tillon­nage et à son inter­face Smart­Me­dia. Par ailleurs, la façade avant permet d’ac­cé­der instan­ta­né­ment au maxi­mum de para­mètres et d’ar­ri­ver assez vite aux résul­tats escomp­tés. Cepen­dant, L’Elec­tribe ES-1 traîne certains défauts inhé­rents à ses origines : poly­pho­nie et multi­tim­bra­lité limi­tées, gestion peu souple des messages de vélo­cité, édition des échan­tillons restreinte et affi­cheur trop petit. C’est bien normal, la machine ne joue pas dans la même cour qu’une MPC2000XL Akai ou qu’un ASRX­Pro Enso­niq. Pour la cible visée et le prix modéré, l’Elec­tribe ES-1 comblera les musi­ciens bran­chés techno / dance qui recherchent un échan­tillon­neur – séquen­ceur ryth­mique spon­tané, créa­tif et facile à comprendre. Une proie de choix !

Glos­saire

Norma­li­sa­tion : augmen­ta­tion auto­ma­tique du volume d’un sample avant écrê­tage de la plus grande ampli­tude conte­nue

Tron­ca­ture : élimi­na­tion des portions de signal situées avant le point de départ et après le point de fin de lecture

Cross délai : délai stéréo dans lequel les parties retar­dées des signaux gauche et droite sont envoyées sur les canaux oppo­sés.

  • La grande simplicité d’utilisation
  • La qualité sonore irréprochable
  • Le resampling, absolument complet
  • La section effets, bien ciblée
  • L’ensemble de la mémoire, non volatile
  • L’interface pour carte SmartMedia
  • La reconnaissance des formats Wave et Aiff
  • L’enregistrement du mouvement des potentiomètres
  • Le look, très réussi
  • L’écran limité à trois caractères
  • L’édition minimaliste des samples
  • Certains temps de calcul, trop longs
  • Les « sauts » des potentiomètres
  • Le mode « Overdub » ignoré en Motions
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