Fondée en 2019, la marque chilienne DSM & Humboldt Electronics s’est placée sur le segment très confidentiel de la simulation d’amplis analogique avec son Simplifier. Après une très appréciée version Deluxe, la marque a passé son produit en version MK-II en avril dernier. C’est cette nouvelle édition que j’ai le plaisir de découvrir aujourd’hui.
Simple et efficace
Si la plupart des appareils de simulation d’amplis sont numériques et fonctionnent grâce à des puces DSP et des algorithmes, le Simplifier MK-II de DSM & Humboldt est une solution tout-en-un entièrement analogique. Ce segment regroupe pour l’instant des produits qui peuvent se compter sur les doigts d’une main et dont les circuits sont généralement équipés de lampes. On pense à l’Ampster de Carl Martin et au récent ReVolt de chez Two Notes Audio Engineering, déjà testé dans nos colonnes. Ces deux produits étant équipés d’une lampe de pré-amplification, leur taille respective est forcément assez imposante. Le fabricant originaire de la vallée de Santiago au Chili a pris le contre-pied inverse en proposant avec son Simplifier MK-II une solution tout en un analogique et extrêmement compacte. En effet, le produit ne fait que la taille d’une boîte de direct (12cmx7cmx4.5cm) pour un poids n’excédant pas 360 grammes. Qui dit mieux ? La marque a d’ailleurs bien mis en valeur son produit avec un packaging très soigné.
Le Simplifier MK-II est décrit par la marque comme un ampli complet stéréo de zéro watt avec réverbe. Bien qu’il s’agisse techniquement d’un préampli, dans son utilisation, il faut penser l’appareil comme un ampli complet. Car rien ne manque sur le Simplifier MK-II. Il a l’aspect d’une D.I très complète avec de nombreux réglages disposés sur le dessus. Ces réglages sont les suivants :
- Preamp Gain : permet d’ajuster le taux de saturation du préampli
- Preamp Type : switch à trois positions pour basculer entre ACBrit (Vox AC30), USA (Fender Bassman) et MSBrit (Marshall Plexi)
- Poweramp Type : switch à trois positions pour basculer entre ACBrit, USA et MSBrit
- Power Drive : permet d’ajuster le taux de saturation et de compression de l’ampli de puissance
- Tone Stack : égalisation à trois bandes
- Master : section qui rassemble des réglages de Master Volume, Presence et Résonance
- Stereo CabSim : section qui regroupe les différents réglages de simulation de haut-parleur : Speaker Color (potentiomètre continu pour changer de type de HP) et CAB Type (Combo, Twin ou Stack) pour chaque canal, Left et Right
Une LED rouge témoigne de la mise en tension de l’appareil et une autre LED rouge indique une saturation de l’ampli de puissance.
Toutes les différentes connectiques sont réparties sur les côtés de l’appareil. On trouve sur la façade avant l’entrée guitare, la boucle d’effets avec Return stéréo et le réglage de réverbe. Sur le côté opposé on trouve une sortie casque mini-jack stéréo avec son réglage de niveau indépendant, la sortie stéréo sur Jack et une entrée auxiliaire sur mini-jack. Sous la sortie gauche se trouve un switch qui permet de déterminer le rôle de cette sortie : Left ou Thru. Même principe sous la sortie droite où on peut basculer entre Right et Cab Bypass. Enfin, sur la façade supérieure du Simplifier MK-II si on le présente verticalement se trouvent les deux sorties directes sur XLR (DI Left et DI Right).
Simplifiez-vous la vie !
Sans même brancher le Simplifier MK-II, on est agréablement surpris par la qualité globale du produit. Tout est à sa place et le nouveau boîtier en Aluminium ultra-résistant est bien conçu. Les potentiomètres sont de bonne qualité, ils exercent une bonne résistance ce qui permet un réglage précis. Bien que le boîtier soit très chargé pour sa taille, chaque réglage est accessible. Même remarque pour les nombreuses fiches Jack et XLR qui sont toutes intelligemment disposées sur la surface de l’appareil. Sa taille très compacte lui permet d’être installé sans problèmes à la fin d’un Pedalboard, sa boucle d’effets permettant l’insertion d’effets temporels stéréo. Ses nombreuses sorties autorisent un nombre conséquent d’utilisations différentes. On peut par exemple utiliser les sorties XLR pour envoyer le signal vers une table de mixage et envoyer le signal provenant des sorties Jack vers un système de monitoring in-ear. Ces nombreuses options d’acheminement du signal sont un très bon point pour le Simplifier MK-II.
Après avoir installé le boîtier en fin de chaîne sur mon Pedalboard avec mon fidèle délai Maxon AD10 dans sa boucle, je commence le test armé de ma Fender Telecaster American Original ‘60s. Je confectionne un son clair très basique afin d’entendre les grains des différents types de préamplificateur et amplis de puissance. Bien que les noms utilisés par la marque renvoient à des modèles d’amplificateurs bien précis, le rendu sonore lui est moins évident. Les sonorités sont très bonnes tout comme les sensations de jeu, mais ne rappellent pas nécessairement tel ou tel ampli. L’égalisation à trois bandes est assez réactive et permet de tailler un peu le son si besoin. Je l’ai cependant laissée tout à midi pour la plupart des extraits audio dans la mesure où elle est très bien calibrée. Les réglages Présence et Résonance sont eux-aussi très bien calibrés et permettent des ajustements précis.
Le Simplifier MK-II est pensé pour remplacer votre ampli sans sacrifier quoi que ce soit. Il prend donc, aux dires de la marque, remarquablement bien les pédales d’effets. Toujours sur un son clair, j’en profite pour enclencher ma PFX Circuits Julius, overdrive légère typée BluesBreaker / Klon Centaur. C’est une très bonne surprise, l’appareil accepte en effet très bien les pédales de saturation. Le son change selon le préampli choisi et leur grain respectif devient plus évident avec de la saturation. J’augmente légèrement la valeur du réglage de Gain jusqu’à la position Driven. On obtient alors un très joli crunch, plus ou moins saturé selon le préampli choisi. Sur ce son crunch, je teste l’étendue du potentiomètre Power Drive. Ce réglage est, selon moi, le plus intéressant de l’appareil. Il permet réellement de donner un côté organique et vivant au son. Il apporte une saturation très particulière et une bonne dose de compression, comme une section de puissance à lampes. C’est très chouette et rappelle un peu le réglage Sagging des amplis Hughes & Kettner, en beaucoup mieux. Là encore, les trois types d’amplis de puissance possèdent leur caractère respectif qu’il est difficile d’associer à tel ou tel ampli. Pouvoir ajuster individuellement les sections préampli et ampli de puissance est un vrai plus ; on peut alors mélanger à volonté tel préampli et tel ampli de puissance, manipulation pas toujours simple avec de « vrais » amplis.
- Telecaster – Clean – Preamp USA – Poweramp USA00:49
- Telecaster – Crunch – Preamp AC – Poweramp AC01:00
- Telecaster – Lead – Preamp MS – Poweramp MS01:19
- Telecaster – Clean + PFX Julius -Poweramp AC:USA:MS + MAXON AD10 Loop01:35
- Telecaster – Crunch – CAB Sim TWEAK02:54
Je troque la Fender Telecaster pour l’Epiphone Dave Mustaine Flying V Custom et augmente un peu le gain jusqu’au bout de la position Driven. Le son s’épaissit davantage et on arrive sur un son saturé assez moustachu. Les réglages Preamp Gain et Power Drive interagissent avec l’égalisation. Ils n’interviennent pas seulement sur les taux de saturation et de compression mais aussi sur certaines fréquences. En augmentant le gain, un côté fizzy apparaît, un peu comme sur un « vrai » ampli. On peut facilement le faire disparaître ou l’atténuer en montant le niveau du réglage Power Drive ou en intervenant sur l’EQ et/ou les réglages Présence et Résonance.
Même si les simulations et modélisations numériques ont fait d’énormes progrès ces dernières années, elles n’arriveront jamais à émuler le comportement et le ressenti d’un appareil analogique. De la même manière, ces simulations numériques ne réagiront jamais aussi bien aux différentes de jeu et aux variations du potentiomètre de volume de la guitare. Dans ces différents domaines, le Simplifier MK-II excelle, notamment grâce à son conception 100% analogique.
Sur un son assez saturé, les différences entre les modèles de préamplis et d’amplis de puissance sont plus évidentes mais toujours pas faciles à rapproches de tel ou tel ampli. Seul le modèle ACBrit semble assez proche du son particulier du Vox AC30. Les deux autres modèles, Marshall Plexi et Fender Bassman, sonnent très bien, mais pas vraiment comme les amplis sus-nommés. Pour cette version MK-II, DSM & Humboldt a particulièrement travaillé sur l’étendue de la course du réglage de gain. Et c’est vrai qu’on peut passer, quel que soit modèle de préampli, d’un son clair cristallin à une distorsion assez énervée, ce qui est très chouette et rend l’appareil très polyvalent. Une polyvalence en demi-teinte cependant puisqu’aucun système de switch n’est au programme. On ne peut passer d’un son à l’autre rapidement. Avant de pousser le gain à fond, j’active mon Ibanez TS808 pour donner un peu de corps au son avec une petite dose de médiums qui ne fait jamais de mal. Très bonne surprise de nouveau ; le Simplifier MK-II réagit parfaitement et le son ne devient pas brouillon mais conserve au contraire toute sa précision. Je termine donc en plaçant le gain à fond et en adaptant le réglage Power Drive. Dès qu’on passe la position Hi sur le réglage de gain, on obtient une distorsion bien énervée. On sent vraiment que la marque a travaillé sur l’étagement de ce réglage de gain qui couvre en effet beaucoup de territoires sonores différents. Le caractère global de la distorsion change selon le modèle de préampli mais tous les sons sont agréables à entendre et à jouer. Le Simplifier MK-II est à utiliser comme un ampli mono-canal : on triture les différents réglages jusqu’au son idéal qui se mariera bien avec l’ensemble de vos pédales favorites. La marque a pensé à tout, vraiment à tout, et cet ampli stéréo de zéro watt est même équipé d’une réverbe ! Il s’agit d’un algorithme très réussi numérique d’une réverbe à plaques.
- Flying V – Clean – Preamp USA – Poweramp USA00:47
- Flying V – Crunch – Preamp AC – Poweramp AC01:28
- Flying V – Lead – Preamp MS – Poweramp MS01:18
- Flying V – Clean + PFX Julius – Poweramp AC:USA:MS – Maxon AD10 LOOP01:57
La simulation de haut-parleurs
Le Simplifier MK-II dispose d’une section Stéréo CabSim qui permet d’appliquer une simulation différente à droite et à gauche. C’est très pratique, simple à utiliser et bien pensé. Dans un mix, cela peut être sympa d’avoir un gros son de guitare avec deux simulations de HP différenciées. Ici on a droit à trois modèles d’enceintes : Combo (1×12), Twin (2×12) et Stack (4×12) avec chacun trois « couleurs » de haut-parleurs différentes, placées sur un potentiomètre continu : Black, Blue et Green. Chaque côté (Left et Right) dispose de sa série de réglages. Cette simulation de haut-parleurs sonne très bien et permet, derrière un aspect un peu simpliste, de trouver la sonorité idéale quel que soit le contexte.
Simplement
Le Simplifier MK-II jouit d’une conception et d’une fabrication très soignées. On sent que la marque a tenté une approche différente des autres en 2019 et qu’elle a pris le temps et la peine de la perfectionner jusqu’à cette version MK-II très aboutie. Malgré sa taille ultra compacte et son poids plume, l’appareil offre beaucoup et peut sans problème remplacer un ampli. Si les sons ne sont pas très typés, ils n’en sont pas moins très bons. Avec sa réverbe et sa boucle d’effets, rien ne manque à cet ampli stéréo de zéro watt. Ses nombreuses connectiques lui permettant une flexibilité extrême sont la preuve d’une conception intelligente. Si les simulations numériques vous lassent et que vous souhaitez essayer quelque chose de différent, jetez-vous sur le DSM & Humboldt Simplifier MK-II.