Annoncés en grande pompe au mois de mai 2022, les ReVolt Guitar et ReVolt Bass sont présentés par la marque comme de véritables solutions « tout en un » révolutionnaires. Voyons ce qu’il en est en faisant le tour du ReVolt Guitar
On fait chauffer la lampe !
Le ReVolt Guitar m’a été livré dans son très beau packaging, largement inspiré de ce que propose la marque Apple. L’appareil repose sagement dans son coffret en carton noir portant le logo de Two Notes, aux côtés de son alimentation. Le ReVolt Guitar fonctionne sous 12 Volts à 600mA. Le produit est excellemment bien fini, chaque fiche jack, switch et potentiomètre est à sa place. Le ReVolt Guitar est un simulateur d’ampli analogique à trois canaux, Clean, Crunch et Lead. Chaque canal possède son foot switch d’activation et ses réglages de Volume et Gain. Le canal Clean possède une égalisation à deux bandes (on aurait aimé disposer d’un réglage dédié aux fréquences médiums, j’y reviendrai) et les canaux Crunch et Lead partagent une égalisation à trois bandes. Un circuit de Boost est également au programme, muni de son unique contrôle de niveau. On peut appliquer ce Boost à chacun des trois canaux, il suffit pour cela d’appuyer une fois sur le foot switch du canal sélectionné.
À l’avant du ReVolt se trouvent deux switches qui permettent respectivement d’activer/désactiver la méthode 4 câbles et d’activer/désactiver la simulation analogique d’enceinte. Aux côtés de ces deux petits switches se trouvent une fiche mini-jack 3.5mm qui permet d’insérer une source audio externe (Aux IN) et une autre fiche mini-jack 3.5mm qui accueille un casque pour jouer en silence. Le panneau arrière accueille l’entrée guitare, la boucle d’effets et la sortie, toutes sur fiches jack 6.35mm. Viennent ensuite les fiches MIDI IN et MIDI OUT sur fiches mini-jack 3.5mm. La sortie directe sur XLR et son switch de mise à la terre (Ground Lift) parachèvent la liste des connectiques aux côtés de la fiche d’alimentation.
Le circuit du préampli s’articule autour d’une lampe 12AX7 alimentée en 200 volts et qui fournit, aux dires de la marque, une chaleur caractéristique et de belles harmoniques. Le tout, couplé à la DI intégrée au ReVolt produit un résultat « révolutionnaire » nous dit Two Notes Audio Engineering. S’il s’agit effectivement d’une révolution, elle est entamée depuis un bon moment puisque la marque propose depuis 2015 une série de préamplificateurs équipés d’une lampe 12AX7, les Le Clean, Le Crunch, Le Lead et Le Bass.
Dès l’alimentation du ReVolt Guitar, on voit la lampe commencer à chauffer. Une LED rouge située juste en-dessous l’illumine quand on active le Boost.
Re-200Volt
Comme dit plus haut, la marque française n’en n’est pas à son coup d’essai en matière de préamplificateur analogique. Pour ce test, Doomfred a eu la gentillesse de me confier son Le Crunch afin que je compare les deux produits. Il n’y a effectivement pas photo, la marque a effectué un travail remarquable sur le ReVolt qui, selon moi, enterre totalement le Le Crunch. La simulation de haut-parleur analogique génère un bien meilleur son et le circuit en lui-même est beaucoup plus ouvert, beaucoup moins compressé et plus organique. On peut jouer avec le potentiomètre de volume de la guitare pour varier l’intensité de la saturation, sur les trois canaux, c’est très chouette. Après avoir fait le tour des spécificités techniques du ReVolt, entrons dans le vif du sujet. J’allume la bestiole et commence par le canal Clean, calqué sur un Fender Bassman du début des années 70.
On reconnaît effectivement le grain et le caractère des amplis Fender de cette époque. Le son est assez creusé dans les médiums, creux qu’on ne pourra pas « corriger », le canal Clean ne disposant malheureusement pas de réglage de médiums. Fidèle à ce que la marque annonce, le réglage de Gain du canal Clean épaissit le son et ajoute une légère touche de compression, mais finalement très peu de saturation. Il faut fournir une attaque assez franche sur les cordes pour faire cruncher ce canal très Fenderien. En appliquant le Boost sur ce circuit de Bassman, on retrouve effectivement des sonorités assez familières qui seront idéales pour du Blues, de la Country, du Rockabilly, du Rock Vintage type Rolling Stones ou Beatles. L’égalisation, bien que trop légère à mon goût, est centrée autour de fréquences assez musicales si bien que je n’ai pas réussi à trouver un seul « mauvais » réglage. Toutes les positions des deux potentiomètres sonnent bien. Avant de changer de canal, j’enclenche quelques-unes de mes pédales d’effets préférées afin de tester la réaction de ce canal.
Comme tout bon Bassman qui se respecte, le canal Clean a très bien accepté les différentes pédales, qu’il s’agisse d’effets de saturation ou de spatialisation ou encore d’effets temporels. La boucle d’effets s’est également montrée très efficace pour l’insertion d’un délai ou d’une réverbe.
- Clean + Boost – Stratocaster01:47
- Clean + Klon Centaur + TC Electronic Chorus – Stratocaster02:39
Sans plus attendre, je passe sur le canal Crunch, calqué sur un Marshall 1959 SLP.
C’est le canal qui m’a le plus enthousiasmé, notamment par sa polyvalence. Comme sur un vrai Marshall Plexi, on peut partir d’un (très beau) son crunch, obtenir un joli son clair en baissant le volume de sa guitare et passer sur un son solo en activant le Boost. La course très étendue du réglage de Gain de ce canal lui permet cette belle polyvalence. On peut passer d’un son de Plexi très calme à un son de JCM800 « moddé » et se prendre pour Slash, George Lynch ou encore Mick Mars. L’égalisation à trois bandes, commune aux canaux Crunch et Lead, est très efficace sans en faire trop. Les valeurs extrêmes sont presque quasiment toutes utilisables. Cependant, avec tous les réglages (bass, middle, treble) placée à midi, on obtient déjà un très beau son, ce qui atteste d’une conception soignée et intelligente. Que ce soit avec une Fender Stratocaster vintage ou une Gibson SG, ce canal Crunch a montré des qualités très musicales et une polyvalence assez redoutable. Si je ne devais utiliser qu’un seul canal sur les trois, ce serait celui-ci.
Je passe enfin sur le canal Lead qui reproduit les sonorités d’un ampli Soldano SLO (Super Lead Overdrive, pour les intimes). Là encore, on retrouve bien le caractère de l’ampli qui a inspiré Two Notes Audio Engineering. La saturation est épaisse, riche et très dense avec de belles harmoniques. L’égalisation très précise permettra de passer d’un son assez tranchant à quelque chose de plus velouté. L’étendue du réglage de Gain est assez importante mais passé les deux tiers de sa course, le son perd en précision et le côté incisif disparaît. C’est un caractère qu’on remarque également sur le Soldano SLO original. On préférera activer le Boost pour davantage de saturation, ce dernier aidant beaucoup à resserrer les basses. Ce Boost fournit jusqu’à 20dB de boost, centré à 1.1kHz.
- Lead – EQ Tweak – Gibson SG02:39
- Lead + Boost – Gibson SG02:04
- Lead – Guitar Volume Roll Off – Stratocaster02:06
- LeCrunch – Gibson SG00:56
Entièrement analogique
On connaît plutôt la marque Two Notes Audio Engineering pour ses solutions multiples de simulations d’enceintes guitare et basse qui occupent une place de choix sur le marché. Les produits du fabricant sont utilisés par de nombreux artistes, sur scène ou en studio. Avec la série des pré-amplis ReVolt, Two Notes s’engage à nouveau sur le terrain analogique. Le circuit du pré-ampli l’est entièrement, comme la simulation d’enceinte.
Two Notes propose en effet dans le ReVolt une unique simulation d’enceinte Marshall 4×12 Slash Signature. Si ce choix peut sembler intéressant pour les canaux Crunch et Lead, il l’est beaucoup moins pour le canal Clean selon moi. J’aurais préféré, comme sur l’Iridium de Strymon, que l’utilisateur puisse basculer entre trois simulations, une par canal. C’est dommage d’autant que c’est la spécialité de la marque française.
Pendant que j’aborde les petites déceptions du ReVolt, je ne peux m’empêcher de mentionner le manque de réverbe. Le produit est très complet et peut être une solution autonome, sauf que la marque n’a pas pensé à un petit circuit de réverbe. Ce n’est évidemment pas rédhibitoire et ne remet absolument pas en question les points excellents du ReVolt, mais c’est un réel manque. D’autant qu’il y a encore pas mal de place sur le châssis de l’appareil Pour profiter de plusieurs simulations d’enceintes et d’une réverbe, il faudra obligatoirement utiliser le ReVolt avec un autre produit de Two Notes, le C.A.B M+ par exemple. Mais on sort du cadre de la solution tout-en-un …
En bref
Avec le ReVolt Guitar, Two Notes signe un produit très abouti et attachant. Son extrême polyvalence, aussi bien au niveau des sons qu’en termes d’utilisation, le rend presque indispensable. On sent qu’il s’agit de l’aboutissement de plusieurs années de travail tant la qualité sonore est supérieure aux anciens pré-amplis de la marque comme Le Crunch. L’ergonomie est parfaite, tous les réglages sont accessibles, le produit est robuste et bien pensé, pour un usage domestique ou sur scène. Disposer d’une pré-amplification à lampe dans une petite bestiole compacte d’à peine 830 grammes est également un vrai plus à l’heure des processeurs numériques. Two Notes propose une solution (presque) tout-en-un avec trois sons excellents, une égalisation et un Boost très efficaces et une connectique plus que complète. On aurait adoré une interface Torpedo Captor-X intégrée afin de pouvoir profiter d’un choix conséquent de simulations d’enceintes et du parc d’effets très complet proposé par la marque. Affiché au tarif de 399 €, le ReVolt, malgré ses quelques manques, offre un rapport qualité/prix excellent. Bravo Two Notes !