Entre la mode des simulateurs de bande magnétique et celle des traitements à base d’Intelligence artificielle, Baby Audio nous propose un simulateur de bande magnétique basé sur de l’intelligence artificielle. La recette du succès ?
Dans le petit monde de l’audio, le terme d’intelligence artificielle est bien souvent galvaudé à des fins marketing pour mettre en avant des fonctions de détection de problèmes ou de suggestion de solution. Pas un plug-in pourtant qui ne soit capable de passer le test de Turing et pas un plug-in non plus pour faire du « Machine learning » réellement. Autant dire que dans ce contexte, voir débarquer une nouvelle simulation de bande magnétique labellisée « IA » a de quoi laisser sceptique.
Pour le coup, c’est pourtant bien du « machine learning » qui semble au coeur de TAIP. L’idée retenue pour sa conception est en effet d’utiliser le principe de boîte noire : on file à un programme une multitude d’extraits audio non traités, on lui file les mêmes extraits audio enregistrés sur bande magnétique, et on laisse à un programme capable des générer et corriger ses propres algorithmes(le fameux « machine learning ») le soin de faire correspondre les uns aux autres. Nous ne sommes donc pas ici dans le cas de l’émulation d’une machine précise où un humain aurait veillé à la modélisation de chaque composant et au respect d’un synoptique, mais bien face à un ordinateur qui se débrouille pour passer du rouge au bleu avec sa propre logique sans doute bien différente de la logique humaine. De fait, on peut bien parler d’intelligence artificielle dans ce cas, sachant que les algos de TAIP ont été réalisés comme cela. Reste à voir ce que cela donne en termes de résultats.
On rembobine la TAIP
Chef de bande
L’interface du logiciel vaut autant par son esthétisme que sa simplicité et son organisation : dans la partie haute, deux grosses orbes DRIVE et OUTPUT nous proposent de régler la saturation de la bande et le niveau de sortie du plug, avec possibilité de compenser le gain et de doser l’impact du traitement (MIX). Dans la partie basse, on trouve 6 sliders et 4 boutons : de gauche à droite, on va pouvoir régler le pleurage de la bande (WEAR), le niveau de bru!t (NOISE) et la compression typique de la bande magnétique (GLUE), puis choisir entre deux niveaux d’entrée saturant plus ou moins (NORMAL et HOT), et entre deux modélisations : un magnéto seulement (SINGLE), ou deux magnétos en série avec le drive poussé à moitié pour chacun (DUAL). Pour finir, on dispose enfin de trois réglages pour agir sur le spectre : HI-SHAPE et LO-SHAPE régleront la distorsion sur l’axe grave aigu, tandis que PRESENCE rajoutera au besoin des aigus, sachant que la simulation de bande a tendance a inhiber ces derniers.
Viennent compléter cela un gestionnaire de presets en proposant 135 de base, un sélecteur pour passer l’interface en trois couleurs (noir, gris ou blanc) et la possibilité de redimensionner simplement la fenêtre via cliquer-glisser : il ne manque qu’un système de comparaison A/B et une organisation en menus des 125 presets pour que ce soit parfait… Voyons à présent comment sonne le biniou…
La chose très agréable avec TAIP tient dans son apparente simplicité : on n’est pas perdu dans les paramètres extrêmement techniques dont s’enorgueillissent certaines émulations (U-He Satine par exemple). On entend aussi distinctement à quoi sert chaque réglage qu’on pourra utiliser avec parcimonie en mode « traitement » ou de façon bourrine en mode « effet » en sachant que même avec des paramètres poussés au max, le plug demeure toujours très musical… et surtout crédible ! Voyez les extraits audio ci-dessous pour vous en convaincre.
- DRUMSdry00:04
- DRUMSsubtle00:04
- DRUMSdestroyed00:04
- DRUMSbusglue00:04
- DRUMShot00:04
- GUITARdry00:04
- GUITARparallelheat00:04
- GUITARfuzz00:04
- GUITARindie00:04
- EGUITARdry00:04
- EGUITARwowflutter00:04
- EGUITARod00:04
- EGUITARwarmth00:04
- SYNTHdry00:04
- SYNTHcolor00:04
- SYNTHdestroy00:04
Il est en tout cas assez agréable d’utiliser TAIP car on n’a jamais ce sentiment de manipuler un bouton sans être trop sûr d’entendre ce sur quoi il agit. On découvre en outre à l’usage la grande interaction qui existe entre tous les paramètres : en poussant le pleurage et en jouant sur le dosage dry/wet de l’effet, on accède naturellement au flanging…
- GUITARflange00:04
- SYNTHdirtyflange00:04
Précisons-le toutefois : même si TAIP peut dégrader le signal de forte et belle manière, il ne couvre pas tout le domaine de la simulation d’effets Lo-Fi : pas de simulation de réduction de vitesse de bande, pas de gestion avancée des Wow & Flutters, pas d’effet Tape/Stop. De fait, il sera parfaitement complémentaire d’un Wavesfactory Cassette, d’un Aberrant DSP Sketch-Cassette 2 ou des multieffets orientés Lo-Fi qu’on trouve chez Yum Audio ou XLN Audio. Pour le reste, il s’avère convaincant, sachant saturer plus ou moins gentiment la bande, apporter une compression typique de cette dernière et qui fait merveille pour « gluer » un bus, apporter du mouvement via des fluctuations, épaissir le bas comme il faut et enfin apporter ce côté organique à une piste qui la rend immédiatement plus vivante… Bref, ça marche leur truc.
Conclusion
Il n’y a pas grand-chose à reprocher à la proposition de Baby Audio : qu’importe ce qu’il se passe dans le flacon (IA ou pas importe peu), on se retrouve avec un outil qui sonne bien, très polyvalent et simple à comprendre et manipuler, ce qui change de certaines émulations trop techniciennes. De quoi en faire votre « Go-to Tape Simulator » auquel ne manque qu’une fonction de comparaison A/B, sachant que le plug-in a en outre le bon goût de ne pas être hors de prix, loin de là, ce qui lui vaut un Award… Well done, Baby!