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Test du Nord Lead 4 - La vie en rouge

8/10

Cinq ans après le Nord Wave, Clavia décline à nouveau sa fameuse gamme de synthés taillés pour la scène, débutée il y a bien longtemps. Le Nord Lead 4 pourra-t-il encore nous surprendre ?

Clavia a sorti son premier synthé en 1995, le Nord Lead, posi­tionné comme une modé­li­sa­tion de Prophet-5, dont il repre­nait une partie de l’ar­chi­tec­ture et des sons d’usine. La société suédoise s’est ensuite posi­tion­née sur diffé­rentes gammes de synthés, claviers et pianos élec­tro­niques orien­tés scène, sans oublier les modules de percus­sions, avec lesquels elle avait d’ailleurs commencé sa carrière. Aujour­d’hui, c’est sous la marque Nord qu’elle commer­cia­lise ses produits musi­caux. On ne peut pas dire que les nouveau­tés soient légion, les produits les plus décli­nés en étant à leur 4e évolu­tion. On constate aussi que le Nord Lead 2, certes en version X, est toujours au cata­logue. Nord a aussi fait sa répu­ta­tion grâce au déve­lop­pe­ment de nombreuses banques sonores gratuites pour ses diffé­rentes gammes, dont une formi­dable collec­tion de multi­samples pour ses lecteurs d’échan­tillons. Cette année à Franc­fort, nous avons pu tester le nouveau synthé de la marque, le Nord Lead 4, qui nous avait laissé une très bonne impres­sion. Après un safari synthé­tique de plusieurs mois, nous en avons attrapé un et installé l’OS 1.1. Voyons si notre première impres­sion se confir­me…

Tradi­tion clas­sieuse

Clavia Nord Lead 4

À part le Nord C2D qui fait un peu ovni, tous les produits Nord sont faci­le­ment iden­ti­fiables du premier coup d’œil. Le Nord Lead 4 ne déroge pas à la règle : carros­se­rie en métal peint rouge avec aplat gris/noir, boutons gris, petit écran à diodes, rien que du clas­sique… mais que du bon ! La construc­tion est solide et les ajus­te­ments précis ; la pein­ture granu­leuse et les flancs en bois peints ajoutent une jolie touche de classe. Les potards sont bien ancrés et inspirent parfai­te­ment confiance. L’ali­men­ta­tion est interne, avec de petites grilles pour évacuer la chaleur, mais ça chauffe peu… tout cela pour à peine 6 kg et 86 cm de large (modèle clavier), le Nord Lead 4 est d’em­blée une nouvelle bête de scène ! La machine existe aussi en module rackable 3U ; posé à plat, le panneau avant prend un angle idéal pour l’édi­tion ; mis en rack, le panneau arrière oblique faci­lite les connexions, une évolu­tion notable par rapport aux précé­dents modules de la marque, bien paral­lé­lé­pi­pé­diques.

Le clavier de 4 octaves est dyna­mique mais insen­sible à la pres­sion, ce qui est inad­mis­sible dans cette gamme de prix. On se souvient du Nord Wave équipé d’af­ter­touch pas terrible en termes de feeling et limité en choix de desti­na­tions ; ici, la réponse géné­rale est plutôt molle avec peu de résis­tance et les touches sont courtes (13 cm). Déci­dé­ment pas le point fort du Nord Lead 4, surtout quand on tâte certains claviers de machines concur­rentes dans la même gamme de prix !

Finger in ze nose

Clavia Nord Lead 4

Comme d’ha­bi­tude, la façade regroupe les commandes sur sa moitié gauche, un choix ergo­no­mique qui peut s’ex­pliquer par le prin­cipe arbi­traire suivant : on joue de la main droite et on touille de la main gauche (Nord va d’ailleurs annon­cer un Nord Lead 4G pour gaucher avec commandes à droite, dispo­nible 17 jours après la Musik­messe 2014…). L’in­con­vé­nient avec ce type d’ap­proche est que la densité de commandes est élevée et la taille des potards toujours petite, d’au­tant que le nombre de fonc­tions a grandi, comme nous le décou­vri­rons plus tard. Du coup, la touche Shift est souvent utile (arpé­gia­teur, bruit, effets).

Pour tripo­ter le Nord, il y a 29 potards, 2 enco­deurs cran­tés et 34 boutons, assis­tés d’un tas de diodes rondes et trian­gu­laires. Tout cela est assez logique­ment orga­nisé en façade (de gauche à droite : modu­la­tions, oscil­la­teurs, filtre, ampli, effets), à part peut-être l’en­ve­loppe de volume curieu­se­ment située au-dessus de la section filtres. Côté bonnes idées, les 2 boutons de trans­po­si­tion sur plus ou moins 2 octaves ou encore la fonc­tion Chords permet­tant de mémo­ri­ser un accord et le rejouer en trans­po­si­tion. Il manque toute­fois un bouton « compare » et les potards ne fonc­tionnent qu’en mode « saut ».

Clavia Nord Lead 4

On retrouve avec plai­sir le bâton de pitch en bois à ressort sans posi­tion centrale et de la molette de modu­la­tion en pierre granu­leuse. Par contre, le géné­reux LCD du Nord Wave n’a pas survécu, c’est un petit écran à 3 diodes 7 segments + point qui fait un peu cheap dans cette gamme de prix. Il affiche les numé­ros de programmes, la valeur des fonc­tions en cours d’édi­tion et permet de régler les para­mètres globaux, séri­gra­phiés sur la moitié droite de la façade sur la version clavier et en partie infé­rieure de la façade sur le rack. On trouve un second affi­cheur de facture iden­tique dans la section Oscil­la­teur 1, pour faci­li­ter la sélec­tion des formes d’onde évoluées. Par rapport au Nord Lead 3 et au Nord Wave, l’er­go­no­mie consti­tue un petit retour en arrière, même si la prise en main reste extrê­me­ment aisée.

La connec­tique est regrou­pée à l’ar­rière et se compose d’une sortie casque, 4 sorties audio (2 paires stéréo ou 4 sorties indi­vi­duelles), un duo MIDI (In et Out/Thru commu­table via le menu), une prise USB (copie du MIDI), 2 prises pour pédales (main­tien et modu­la­tion conti­nue) et la borne pour cordon secteur avec son gros inter­rup­teur bien protégé. Du clas­sique, auquel il manque une entrée audio et un peu d’au­dio numé­rique…

Le grand son

Clavia Nord Lead 4

Le Nord Lead 4 est un synthé à modé­li­sa­tion analo­gique poly­pho­nique 20 voix et multi­tim­bral 4 canaux. Il comprend 396 programmes et 99 perfor­mances de 4 programmes en mémoire interne. Un biblio­thé­caire gratuit pour PC/Mac est fourni pour gérer les sons. L’écoute des sons d’usine donne immé­dia­te­ment le sourire. Le Nord Lead 4 est fidèle à la tradi­tion du grand Nord : des sons chauds, gras, avec une patate extra­or­di­naire. Les oscil­la­teurs sont riches et musclés par rapport aux précé­dents Nord Lead : en plus des ondes « type analo­gique », le premier oscil­la­teur offre des ondes numé­riques sur un cycle, comme les hybrides Korg DW ou SCI VS des années 80 : cloches, orgues, formants, pianos… la pano­plie sonore n’en est que plus vaste. Les filtres sonnent vrai­ment bien et de nouveaux modes ont été ajou­tés aux filtres clas­siques : modé­li­sa­tion de Mini­moog et de TB-303 ; ils apportent un complé­ment idéal, avec une satu­ra­tion et une réso­nance oscil­lante pronon­cée pour le premier, une chaleur et une colo­ra­tion acide non auto-oscil­lante pour le second. Vrai­ment une bonne idée qui donne des résul­tats musi­caux très diffé­rents des autres profils de filtrage.

Les enve­loppes sont rapides, garan­tis­sant des sons pêchus et claquants. Des effets sont présents : réduc­tion de bit, satu­ra­tion, compres­sion, formants, filtre en peigne, délais et réverbes. Ces dernières sont un peu métal­liques, il ne faudra pas trop pous­ser le dosage de brillance ! En bougeant la molette ou en jouant sur la vélo­cité, on peut faire du morphing entre diffé­rents profils de réglages (plus de détails plus tard), idéal en toute circons­tance, sur les leads comme pour les nappes. Nouveauté inté­res­sante par rapport aux précé­dentes produc­tions Nord, une fonc­tion Impulse permet de bascu­ler immé­dia­te­ment entre 7 réglages d’un même programme, avec encore plus de para­mètres modi­fiables, génial ! Le Nord Lead 4 est d’une souplesse très grande, aucun terri­toire sonore ne lui échappe : imita­tions analo­giques de diffé­rentes factures sonores, textures numé­riques FM/hybrides, nappes évolu­tives, percus­sions bien pêchues, effets spéciaux, drones… le niveau audio est très élevé et la qualité excel­lente : pas de souffle, pas d’alia­sing intem­pes­tif tant qu’on ne tourne pas comme des malades les potards pilo­tant les modu­la­tions inter-oscil­la­teurs (pitch, FM…). Sur le plan sonore, notre excel­lente première impres­sion de Franc­fort est bien confir­mée !

Arpeg
00:0000:31
  • Arpeg 00:31
  • Bass 24dB 00:36
  • Bass Impul­sed 00:18
  • Chord Pad 00:38
  • Dark Angel 00:38
  • Drives 00:42
  • Impulse Hybrid 00:34
  • Impulse Morph 00:20
  • Piano FM 00:33
  • Stabs 00:38
  • Strings 00:39
  • Talk 00:20
  • ZPerf1 00:43
  • ZPerf2 00:34
  • ZPerf3 00:45
  • ZPerf4 01:02

Synthèse à facettes

Avant de commen­cer à entrer dans la synthèse, ceux qui aiment le hasard ou les combi­nai­sons géné­tiques pour­ront utili­ser la fonc­tion Muta­tor inté­grée : grosso modo, on part d’un son exis­tant auquel on afflige des muta­tions succes­sives, soit en repar­tant toujours du son initial, soit de proche en proche, soit de manière aléa­toire ; le niveau de muta­tion (d’écart entre chaque son) peut être spéci­fié selon 5 valeurs. Une fonc­tion Undo permet de remon­ter les diffé­rentes muta­tions sur 10 niveaux pour retrou­ver son bonheur, sympa.

Clavia Nord Lead 4

Pour ceux qui veulent entrer dans le détail, c’est parti : il y a 2 oscil­la­teurs, 1 filtre, 1 ampli, 2 LFO et 3 enve­loppes par voix. Le premier oscil­la­teur est le plus costaud : outre les ondes basiques modé­li­sées (sinus, triangle, dent de scie, impul­sion variable modu­lée par le LFO1, carrée, impul­sion fixe), il offre 92 ondes numé­riques élémen­taires sur un cycle : ondes « analo­giques », cloches, piano, formants, orgues… de quoi enri­chir la palette sonore et sortir de la sempi­ter­nelle simu­la­tion de synthés analo­giques. Aucun alia­sing n’est à déplo­rer à ce stade.

Le second oscil­la­teur reprend les mêmes ondes basiques modé­li­sées, un géné­ra­teur de bruit à couleur et réso­nance variables venant rempla­cer les ondes numé­riques. Le suivi de clavier de l’os­cil­la­teur 2 peut être désac­tivé, utile sur certains sons avec synchro ou FM. On peut désac­cor­der les oscil­la­teurs par demi-ton (sur plus ou moins 5 octaves) ou plus fine­ment (sur plus ou moins 50 %). L’os­cil­la­teur 2 peut modu­ler l’os­cil­la­teur 1 suivant 3 niveaux de FM linéaire ; l’os­cil­la­teur 1 peut aussi être synchro­nisé par un oscil­la­teur virtuel maître suivant 2 niveaux de « dureté ». La quan­tité de modu­la­tion FM/synchro est para­mé­trable et modu­lable, c’est là qu’un peu d’alia­sing appa­rait quand on module trop vite à la main. Le niveau des 2 oscil­la­teurs est mélangé (potard de balance) avant d’en­trer dans le filtre. Nous aurions préféré 2 niveaux ajus­tables sépa­ré­ment, avec possi­bi­lité de satu­ra­tion des filtres à l’en­trée. Hélas ce n’est pas le cas, mais certains modes de filtrage sont conçus pour satu­rer natu­rel­le­ment, comme nous allons le voir.

Nouveaux filtres

Clavia Nord Lead 4

Le filtre du Nord Lead 4 est en grande partie respon­sable de la qualité sonore. On trouve des modes passe-bas 2 /4 / 8 pôles, un mode passe-bande, un mode passe-haut et deux filtres modé­li­sés : celui du Mini­moog et celui de la TB-303. Loin d’être des gadgets, ces nouveaux filtres remplissent parfai­te­ment leur rôle et viennent élar­gir la pano­plie sonore de la machine. Ainsi le filtre Mini­moog sature en entrée et résonne de manière pronon­cée et instable. Pour sa part, le filtre TB sature dans les basses, avec une belle réso­nance acidu­lée colo­rante qui n’entre pas en auto-oscil­la­tion, contrai­re­ment à tous les autres filtres. Le mode passe-bas 8 pôles permet quant à lui de créer des sons bien sombres, il tient bien sa place.

La fréquence de coupure varie de 14 Hz à 21 kHz. Elle peut être modu­lée par le suivi de clavier (1/2 – 2/3 – 3/3) et une enve­loppe ADSR dédiée ; cette dernière peut géné­rer une modu­la­tion bipo­laire contrô­lable par la vélo­cité. En sortie de filtre, un circuit Drive permet de jouer sur la colo­ra­tion géné­rale, en conju­gai­son avec la coupure et surtout la réso­nance. Le signal passe ensuite de manière clas­sique dans une section ampli, avec niveau réglable, enve­loppe ADSR et modu­la­tion par la vélo­cité. Tout cela, c’était pour une voix du Nord Lead 4. La machine peut être jouée en poly­pho­nie, à l’unis­son poly­pho­nique (voix désac­cor­dées selon 3 modes plus ou moins larges) ou en mono/legato (enve­loppes redé­clen­chées/non redé­clen­chées). Un Glide est égale­ment de la partie, mais il ne fonc­tionne hélas que dans les modes mono­diques…

Nouveaux effets

A l’ori­gine, les synthés Nord étaient plutôt dépour­vus au rayon effets. Au fil du temps, les choses tendent à s’amé­lio­rer. En sortie d’am­pli, le son passe par un effet d’in­ser­tion à choi­sir parmi 6 types : Bit Crusher (sons Lo-fi), Compres­seur (réduc­tion de dyna­mique), Drive (modé­li­sa­tion de lampe), Talk 1& 2 (2 géné­ra­teurs de voyelles) et Comb (filtre en peigne). Un para­mètre modu­lable permet d’ani­mer les effets ; selon l’ef­fet, cela peut être la réduc­tion de bits, le ratio de compres­sion, le niveau de satu­ra­tion (du réchauf­fe­ment subtil au sacri­fice de goret), le type de voyelle ou la fréquence de coupure du filtre (permet­tant sur le filtre en peigne de géné­rer des effets de phaser lorsqu’on balaye le para­mètre avec un LFO trian­gu­laire).

Clavia Nord Lead 4

Mais ce n’est pas fini, puisque la résul­tante passe dans un effet d’en­semble, délai ou réverbe ; c’est donc bien fromage ou dessert, pas les deux ! La vitesse de délai (de type écho unique­ment) peut être synchro­ni­sée à l’hor­loge interne ou MIDI suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles (notes droites, poin­tées, trio­lets, swing), à concur­rence de la plage de réglages (20 à 1400 ms), sympa ! On peut aussi en doser le feed­back (nombre de répé­ti­tions). La réverbe offre trois tailles de pièce (Room, Stage, Hall), un contrôle de brillance et une balance mouillé/sec. Comme déjà mentionné, elle est un peu métal­lique, donc mollo sur la brillance ! Évidem­ment, les effets peuvent être coupés grâce à un bouton idoine. Tiens au fait, on a perdu le chorus à 3 posi­tions du Nord Wave ; dommage, il faisait vrai­ment bien le boulot…

Premières modu­la­tions

Clavia Nord Lead 4

Pour modu­ler le son de manière basique, le Nord Lead 4 propose 2 LFO et 3 enve­loppes. Le LFO1 offre 6 formes d’ondes (carré, 2 rampes, 2 dents de scie, triangle). La fréquence varie de 0,03 à 523 Hz et peut être synchro­ni­sée à l’hor­loge interne/MIDI, enfin ils l’ont fait ! On peut rempla­cer la forme d’onde par l’un des 60 patterns internes, pour des effets ryth­miques plus complexes et moins répé­ti­tifs (cela néces­site de lire un peu le manuel pour comprendre comment ça marche…). Le LFO1 peut modu­ler l’une des 6 desti­na­tions suivantes : mixage des oscil­la­teurs, inter­mo­du­la­tion des oscil­la­teurs, oscil­la­teur 2, volume, largeur d’im­pul­sion (le cas échéant) et coupure du filtre. La quan­tité de modu­la­tion est bipo­laire. Le cycle peut être déclen­ché à l’ap­pui de chaque note (ou laissé libre) ou par les touches Impulse (ou laissé libre, là encore). Le LFO2 diffère de son comparse unique­ment par le choix des formes d’onde (carré, rampe, dente de scie, Sample & Hold, aléa­toire lisse, triangle) et les desti­na­tions (oscil­la­teurs 1 /2 /1+2, inter­mo­du­la­tion des oscil­la­teurs, filtre, pano­ra­mique et quan­tité d’ef­fet d’in­ser­tion).

Le LFO1 peut être remplacé par un arpé­gia­teur à la fois simple et origi­nal. Il se synchro­nise à l’hor­loge interne/MIDI et peut égre­ner les notes de 1 à 4 octaves suivant diffé­rents modes : haut, bas, alterné, aléa­toire et poly­pho­nique : dans ce dernier, les accords sont arpé­gés en bascu­le­ment, très chouette. Comme pour les LFO, on peut faire appel à l’un des 60 patterns pour ryth­mer les arpèges. Les notes arpé­gées ne sont pas trans­mises via MIDI, du moins sur l’OS actuel (1.1). On trouve aussi un vibrato (3e LFO simpli­fié) que l’on peut déclen­cher avec la molette ou 2 niveaux de délai. Enfin, il y a 3 enve­loppes sur le Nord Lead 4, cela devient une habi­tude ! Les 2 ADSR sont assi­gnées dans le dur à la fréquence du filtre et au volume, on ne peut rien en faire d’autre. La troi­sième enve­loppe, de type AD / AR, est assi­gnable à l’une des 7 desti­na­tions suivantes : oscil­la­teurs 1 / 2 / 1+2, inter­mo­du­la­tion des oscil­la­teurs, balance des oscil­la­teurs, niveau d’ef­fet d’in­ser­tion et quan­tité de modu­la­tion du LFO2 (on aurait préféré la vitesse, mais on va voir que l’on peut contour­ner ce problème aisé­ment). La quan­tité de modu­la­tion est bipo­laire et l’en­ve­loppe peut être redé­clen­chée par les touches Impulse. Pour toutes les enve­loppes, les temps sont compris entre 0,5 ms à 45 s pour les segments AD et 3 ms à 45 s pour le segment Release. Une section plutôt bien spéci­fiée à laquelle on ne peut repro­cher que le routage fixe des 2 ADSR.

Morphing et Impulse

L’ab­sence de véri­table matrice de modu­la­tion sur le Nord Lead 4 est compen­sée par deux fonc­tions qu’on aime­rait rencon­trer plus souvent : (Conti­nuous) Morphing et Impulse Morphing. Le morphing continu, déjà présent sur le Nord Wave, permet de passer progres­si­ve­ment entre deux ensembles de réglages de para­mètres conti­nus, à savoir ceux béné­fi­ciant d’un potard (sauf le volume global) : vitesses/quan­ti­tés des LFO, désac­cor­dage des oscil­la­teurs, inter­mo­du­la­tions, mixage, fréquence du filtre, réso­nance, segments d’en­ve­loppe, niveau de sortie, dosage d’ef­fets… Le passage progres­sif d’un profil à l’autre se fait avec deux sources distinctes : vélo­cité et molette de modu­la­tion + pédale conti­nue (ces 2 dernières ayant les mêmes desti­na­tions et réglages), avec respec­ti­ve­ment 25 et 35 desti­na­tions (certaines en commun). Les para­mètres affec­tés sont immé­dia­te­ment visibles grâce à une diode verte qui s’af­fiche quand on appuie sur les deux boutons sources de morphing. Les réglages sont super simples à program­mer : en main­te­nant l’un des deux boutons source, il suffit de bouger les potards dési­rés à la posi­tion souhai­tée, puis de le relâ­cher, très intui­tif ! On peut même copier un ensemble de réglages d’une source de morphing vers une autre (copier-coller).

Clavia Nord Lead 4

Passons main­te­nant à la véri­table nouveauté sur le Nord Lead 4, la fonc­tion Impulse Morphing, c’est-à-dire la possi­bi­lité de passer brusque­ment d’un ensemble de réglages vers un autre, en appuyant sur un bouton. En fait, il y a 3 boutons dont les combi­nai­sons permettent 7 ensembles de réglages diffé­rents par programme. Cette fois, la trans­for­ma­tion touche quasi­ment l’en­semble des para­mètres de synthèse (55 desti­na­tions), conti­nus (comme pour le morphing) et discrets, à savoir : formes d’ondes des oscil­la­teurs, types d’in­ter­mo­du­la­tion, types de filtres, choix d’ef­fets… des choses impos­sibles à faire avec le morphing continu. C’est comme cela qu’une basse anodine se trans­forme subi­te­ment en mons­trueux accord. On peut mélan­ger deux profils d’Im­pulse par combi­nai­son de touches (fonc­tion Merge) ou créer des Impulses complè­te­ment diffé­rents. Nous aurions bien aimé une fonc­tion « Hold Impulse » permet­tant de main­te­nir l’ef­fet Impulse après relâ­chant des boutons corres­pon­dants, pour pouvoir jouer à deux mains : peut-être dans un futur OS si les utili­sa­teurs se mani­festent ? En tout cas une section très origi­nale qui compense large­ment l’ab­sence de matrice de modu­la­tion !

Perfor­mances à 4

Clavia Nord Lead 4

Nous avions repro­ché au Nord Wave sa bitim­bra­lité, le Nord Lead 4 pour­rait nous récon­ci­lier, puisqu’il permet de rassem­bler jusqu’à 4 programmes en mode Perfor­mance. Et quand on dit 4 programmes, on dit 4 programmes et tous les para­mètres asso­ciés, y compris les Morphing, Impulse, arpèges, effets, super ! Pour acti­ver plusieurs Slots, il suffit de main­te­nir un bouton Slot (ABCD) et d’ap­puyer sur un ou plusieurs autres ; idem pour muter un Slot, immé­diat ! Pour chan­ger l’un des 4 programmes d’une Perfor­mance, on main­tient le bouton de Slot idoine et on choi­sit le programme désiré à l’aide de l’en­co­deur dédié. Pour éditer un programme, il suffit de sélec­tion­ner le Slot (la diode corres­pon­dante se met à cligno­ter) et de touiller le son, super intui­tif ! Pour éditer un para­mètre pour les 4 programmes en même temps, on main­tient la touche Shift et on touille : les modi­fi­ca­tions se font alors rela­ti­ve­ment aux valeurs stockées (et non plus par saut de valeur). Dans une Perfor­mance, les programmes sont édités indé­pen­dam­ment des réglages des programmes d’ori­gine, chacun conserve ses propres réglages dans son mode, bien vu !

C’est aussi en mode Perfor­mance qu’on crée des splits, couches et timbres multiples. Mais tout n’est pas rose : il n’y a qu’un seul point de split program­mable autour duquel s’em­pilent les Slots AB et CD ; impos­sible de créer plus de deux zones, genre basse + nappe + solo. Lorsqu’on empile plusieurs Slots sans split, toute la tessi­ture est concer­née. Pas très souple tout ça… Pour chaque Slot, on peut choi­sir la sortie audio (1, 2, 3, 4, 1 & 2, 3 & 4) et le canal MIDI. Si le canal MIDI du Slot est diffé­rent du canal global, le son du Slot est unique­ment piloté en entrée MIDI/USB, le Nord Lead n’émet­tant que sur un seul canal (notes, CC, Sysex pour auto­ma­tion et dumps). Un Slot désac­tivé du clavier ou assi­gné à un canal MIDI autre que le canal global est toute­fois piloté par l’en­trée MIDI/USB. Cela rend le Nord Lead 4 multi­tim­bral et multi­ca­nal. Il reçoit alors les données MIDI (notes, CC, Sysex) sur chaque canal MIDI, idéal pour l’au­to­ma­tion à partir d’un séquen­ceur externe.

Pour tous !

Au final, le Nord Lead 4 renoue avec la tradi­tion sonore et l’er­go­no­mie des Nord Lead, Nord Lead 2 et Nord Lead 2X, dont les Nord Lead 3 et Nord Wave s’étaient à notre sens un peu écar­tés. Capable d’al­lier plusieurs types de synthèse (modé­li­sa­tion analo­gique, FM et ondes numé­riques), il nous a beau­coup plu par sa qualité et sa poly­va­lence sonore. Et quelle patate ! Les diffé­rents modes de morphing, le retour de l’ar­pé­gia­teur et les nouveaux effets sont autant d’atouts, surtout qu’ils sont multi­tim­braux et indé­pen­dants sur 4 parties. Là où le Nord Lead 4 pêche, c’est sur le plan du clavier, pas au niveau pour cette gamme de prix, d’au­tant qu’il est privé d’af­ter­touch. Il manque aussi une entrée audio, des para­mètres d’ef­fets, un chorus et une gestion plus souple des zones multi­tim­brales. La prise en main immé­diate plaira au débu­tant un peu argenté. Les possi­bi­li­tés de synthèse avan­cées le destinent égale­ment au sound desi­gner expé­ri­menté. Enfin, par sa construc­tion robuste et légère, il est fait pour chan­ter au milieu d’un set de claviers de scène, furent-ils tous aussi rouges. Bref, de quoi plaire à tout le monde !

Merci à Thomann pour le prêt du maté­riel pour test.

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

Notre avis : 8/10

  • La construction solide et légère
  • La prise en main immédiate
  • La qualité et la variété des sons
  • La section oscillateurs évoluée
  • Les filtres, avec deux nouvelles modélisations
  • Les enveloppes bien claquantes
  • Les fonctions Morphing et Impulse
  • Le retour de l’arpégiateur
  • Les nouveaux effets, bien venus
  • Les 4 couches sonores
  • L’indépendance Programmes/Performances
  • Le bibliothécaire fourni
  • Les banques sonores additionnelles gratuites
  • Le manque d’aftertouch
  • L’absence d’entrée audio
  • Les paramètres d’effets limités
  • Le chorus, passé à la trappe
  • La gestion des zones multitimbrales
  • Pas mal de recours à la touche Shift
  • Les commandes un peu serrées
  • La disparition du LCD

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