Cinq ans après le Nord Wave, Clavia décline à nouveau sa fameuse gamme de synthés taillés pour la scène, débutée il y a bien longtemps. Le Nord Lead 4 pourra-t-il encore nous surprendre ?
Clavia a sorti son premier synthé en 1995, le Nord Lead, positionné comme une modélisation de Prophet-5, dont il reprenait une partie de l’architecture et des sons d’usine. La société suédoise s’est ensuite positionnée sur différentes gammes de synthés, claviers et pianos électroniques orientés scène, sans oublier les modules de percussions, avec lesquels elle avait d’ailleurs commencé sa carrière. Aujourd’hui, c’est sous la marque Nord qu’elle commercialise ses produits musicaux. On ne peut pas dire que les nouveautés soient légion, les produits les plus déclinés en étant à leur 4e évolution. On constate aussi que le Nord Lead 2, certes en version X, est toujours au catalogue. Nord a aussi fait sa réputation grâce au développement de nombreuses banques sonores gratuites pour ses différentes gammes, dont une formidable collection de multisamples pour ses lecteurs d’échantillons. Cette année à Francfort, nous avons pu tester le nouveau synthé de la marque, le Nord Lead 4, qui nous avait laissé une très bonne impression. Après un safari synthétique de plusieurs mois, nous en avons attrapé un et installé l’OS 1.1. Voyons si notre première impression se confirme…
Tradition classieuse
À part le Nord C2D qui fait un peu ovni, tous les produits Nord sont facilement identifiables du premier coup d’œil. Le Nord Lead 4 ne déroge pas à la règle : carrosserie en métal peint rouge avec aplat gris/noir, boutons gris, petit écran à diodes, rien que du classique… mais que du bon ! La construction est solide et les ajustements précis ; la peinture granuleuse et les flancs en bois peints ajoutent une jolie touche de classe. Les potards sont bien ancrés et inspirent parfaitement confiance. L’alimentation est interne, avec de petites grilles pour évacuer la chaleur, mais ça chauffe peu… tout cela pour à peine 6 kg et 86 cm de large (modèle clavier), le Nord Lead 4 est d’emblée une nouvelle bête de scène ! La machine existe aussi en module rackable 3U ; posé à plat, le panneau avant prend un angle idéal pour l’édition ; mis en rack, le panneau arrière oblique facilite les connexions, une évolution notable par rapport aux précédents modules de la marque, bien parallélépipédiques.
Le clavier de 4 octaves est dynamique mais insensible à la pression, ce qui est inadmissible dans cette gamme de prix. On se souvient du Nord Wave équipé d’aftertouch pas terrible en termes de feeling et limité en choix de destinations ; ici, la réponse générale est plutôt molle avec peu de résistance et les touches sont courtes (13 cm). Décidément pas le point fort du Nord Lead 4, surtout quand on tâte certains claviers de machines concurrentes dans la même gamme de prix !
Finger in ze nose
Comme d’habitude, la façade regroupe les commandes sur sa moitié gauche, un choix ergonomique qui peut s’expliquer par le principe arbitraire suivant : on joue de la main droite et on touille de la main gauche (Nord va d’ailleurs annoncer un Nord Lead 4G pour gaucher avec commandes à droite, disponible 17 jours après la Musikmesse 2014…). L’inconvénient avec ce type d’approche est que la densité de commandes est élevée et la taille des potards toujours petite, d’autant que le nombre de fonctions a grandi, comme nous le découvrirons plus tard. Du coup, la touche Shift est souvent utile (arpégiateur, bruit, effets).
Pour tripoter le Nord, il y a 29 potards, 2 encodeurs crantés et 34 boutons, assistés d’un tas de diodes rondes et triangulaires. Tout cela est assez logiquement organisé en façade (de gauche à droite : modulations, oscillateurs, filtre, ampli, effets), à part peut-être l’enveloppe de volume curieusement située au-dessus de la section filtres. Côté bonnes idées, les 2 boutons de transposition sur plus ou moins 2 octaves ou encore la fonction Chords permettant de mémoriser un accord et le rejouer en transposition. Il manque toutefois un bouton « compare » et les potards ne fonctionnent qu’en mode « saut ».
On retrouve avec plaisir le bâton de pitch en bois à ressort sans position centrale et de la molette de modulation en pierre granuleuse. Par contre, le généreux LCD du Nord Wave n’a pas survécu, c’est un petit écran à 3 diodes 7 segments + point qui fait un peu cheap dans cette gamme de prix. Il affiche les numéros de programmes, la valeur des fonctions en cours d’édition et permet de régler les paramètres globaux, sérigraphiés sur la moitié droite de la façade sur la version clavier et en partie inférieure de la façade sur le rack. On trouve un second afficheur de facture identique dans la section Oscillateur 1, pour faciliter la sélection des formes d’onde évoluées. Par rapport au Nord Lead 3 et au Nord Wave, l’ergonomie constitue un petit retour en arrière, même si la prise en main reste extrêmement aisée.
La connectique est regroupée à l’arrière et se compose d’une sortie casque, 4 sorties audio (2 paires stéréo ou 4 sorties individuelles), un duo MIDI (In et Out/Thru commutable via le menu), une prise USB (copie du MIDI), 2 prises pour pédales (maintien et modulation continue) et la borne pour cordon secteur avec son gros interrupteur bien protégé. Du classique, auquel il manque une entrée audio et un peu d’audio numérique…
Le grand son
Le Nord Lead 4 est un synthé à modélisation analogique polyphonique 20 voix et multitimbral 4 canaux. Il comprend 396 programmes et 99 performances de 4 programmes en mémoire interne. Un bibliothécaire gratuit pour PC/Mac est fourni pour gérer les sons. L’écoute des sons d’usine donne immédiatement le sourire. Le Nord Lead 4 est fidèle à la tradition du grand Nord : des sons chauds, gras, avec une patate extraordinaire. Les oscillateurs sont riches et musclés par rapport aux précédents Nord Lead : en plus des ondes « type analogique », le premier oscillateur offre des ondes numériques sur un cycle, comme les hybrides Korg DW ou SCI VS des années 80 : cloches, orgues, formants, pianos… la panoplie sonore n’en est que plus vaste. Les filtres sonnent vraiment bien et de nouveaux modes ont été ajoutés aux filtres classiques : modélisation de Minimoog et de TB-303 ; ils apportent un complément idéal, avec une saturation et une résonance oscillante prononcée pour le premier, une chaleur et une coloration acide non auto-oscillante pour le second. Vraiment une bonne idée qui donne des résultats musicaux très différents des autres profils de filtrage.
Les enveloppes sont rapides, garantissant des sons pêchus et claquants. Des effets sont présents : réduction de bit, saturation, compression, formants, filtre en peigne, délais et réverbes. Ces dernières sont un peu métalliques, il ne faudra pas trop pousser le dosage de brillance ! En bougeant la molette ou en jouant sur la vélocité, on peut faire du morphing entre différents profils de réglages (plus de détails plus tard), idéal en toute circonstance, sur les leads comme pour les nappes. Nouveauté intéressante par rapport aux précédentes productions Nord, une fonction Impulse permet de basculer immédiatement entre 7 réglages d’un même programme, avec encore plus de paramètres modifiables, génial ! Le Nord Lead 4 est d’une souplesse très grande, aucun territoire sonore ne lui échappe : imitations analogiques de différentes factures sonores, textures numériques FM/hybrides, nappes évolutives, percussions bien pêchues, effets spéciaux, drones… le niveau audio est très élevé et la qualité excellente : pas de souffle, pas d’aliasing intempestif tant qu’on ne tourne pas comme des malades les potards pilotant les modulations inter-oscillateurs (pitch, FM…). Sur le plan sonore, notre excellente première impression de Francfort est bien confirmée !
- Arpeg 00:31
- Bass 24dB 00:36
- Bass Impulsed 00:18
- Chord Pad 00:38
- Dark Angel 00:38
- Drives 00:42
- Impulse Hybrid 00:34
- Impulse Morph 00:20
- Piano FM 00:33
- Stabs 00:38
- Strings 00:39
- Talk 00:20
- ZPerf1 00:43
- ZPerf2 00:34
- ZPerf3 00:45
- ZPerf4 01:02
Synthèse à facettes
Avant de commencer à entrer dans la synthèse, ceux qui aiment le hasard ou les combinaisons génétiques pourront utiliser la fonction Mutator intégrée : grosso modo, on part d’un son existant auquel on afflige des mutations successives, soit en repartant toujours du son initial, soit de proche en proche, soit de manière aléatoire ; le niveau de mutation (d’écart entre chaque son) peut être spécifié selon 5 valeurs. Une fonction Undo permet de remonter les différentes mutations sur 10 niveaux pour retrouver son bonheur, sympa.
Pour ceux qui veulent entrer dans le détail, c’est parti : il y a 2 oscillateurs, 1 filtre, 1 ampli, 2 LFO et 3 enveloppes par voix. Le premier oscillateur est le plus costaud : outre les ondes basiques modélisées (sinus, triangle, dent de scie, impulsion variable modulée par le LFO1, carrée, impulsion fixe), il offre 92 ondes numériques élémentaires sur un cycle : ondes « analogiques », cloches, piano, formants, orgues… de quoi enrichir la palette sonore et sortir de la sempiternelle simulation de synthés analogiques. Aucun aliasing n’est à déplorer à ce stade.
Le second oscillateur reprend les mêmes ondes basiques modélisées, un générateur de bruit à couleur et résonance variables venant remplacer les ondes numériques. Le suivi de clavier de l’oscillateur 2 peut être désactivé, utile sur certains sons avec synchro ou FM. On peut désaccorder les oscillateurs par demi-ton (sur plus ou moins 5 octaves) ou plus finement (sur plus ou moins 50 %). L’oscillateur 2 peut moduler l’oscillateur 1 suivant 3 niveaux de FM linéaire ; l’oscillateur 1 peut aussi être synchronisé par un oscillateur virtuel maître suivant 2 niveaux de « dureté ». La quantité de modulation FM/synchro est paramétrable et modulable, c’est là qu’un peu d’aliasing apparait quand on module trop vite à la main. Le niveau des 2 oscillateurs est mélangé (potard de balance) avant d’entrer dans le filtre. Nous aurions préféré 2 niveaux ajustables séparément, avec possibilité de saturation des filtres à l’entrée. Hélas ce n’est pas le cas, mais certains modes de filtrage sont conçus pour saturer naturellement, comme nous allons le voir.
Nouveaux filtres
Le filtre du Nord Lead 4 est en grande partie responsable de la qualité sonore. On trouve des modes passe-bas 2 /4 / 8 pôles, un mode passe-bande, un mode passe-haut et deux filtres modélisés : celui du Minimoog et celui de la TB-303. Loin d’être des gadgets, ces nouveaux filtres remplissent parfaitement leur rôle et viennent élargir la panoplie sonore de la machine. Ainsi le filtre Minimoog sature en entrée et résonne de manière prononcée et instable. Pour sa part, le filtre TB sature dans les basses, avec une belle résonance acidulée colorante qui n’entre pas en auto-oscillation, contrairement à tous les autres filtres. Le mode passe-bas 8 pôles permet quant à lui de créer des sons bien sombres, il tient bien sa place.
La fréquence de coupure varie de 14 Hz à 21 kHz. Elle peut être modulée par le suivi de clavier (1/2 – 2/3 – 3/3) et une enveloppe ADSR dédiée ; cette dernière peut générer une modulation bipolaire contrôlable par la vélocité. En sortie de filtre, un circuit Drive permet de jouer sur la coloration générale, en conjugaison avec la coupure et surtout la résonance. Le signal passe ensuite de manière classique dans une section ampli, avec niveau réglable, enveloppe ADSR et modulation par la vélocité. Tout cela, c’était pour une voix du Nord Lead 4. La machine peut être jouée en polyphonie, à l’unisson polyphonique (voix désaccordées selon 3 modes plus ou moins larges) ou en mono/legato (enveloppes redéclenchées/non redéclenchées). Un Glide est également de la partie, mais il ne fonctionne hélas que dans les modes monodiques…
Nouveaux effets
A l’origine, les synthés Nord étaient plutôt dépourvus au rayon effets. Au fil du temps, les choses tendent à s’améliorer. En sortie d’ampli, le son passe par un effet d’insertion à choisir parmi 6 types : Bit Crusher (sons Lo-fi), Compresseur (réduction de dynamique), Drive (modélisation de lampe), Talk 1& 2 (2 générateurs de voyelles) et Comb (filtre en peigne). Un paramètre modulable permet d’animer les effets ; selon l’effet, cela peut être la réduction de bits, le ratio de compression, le niveau de saturation (du réchauffement subtil au sacrifice de goret), le type de voyelle ou la fréquence de coupure du filtre (permettant sur le filtre en peigne de générer des effets de phaser lorsqu’on balaye le paramètre avec un LFO triangulaire).
Mais ce n’est pas fini, puisque la résultante passe dans un effet d’ensemble, délai ou réverbe ; c’est donc bien fromage ou dessert, pas les deux ! La vitesse de délai (de type écho uniquement) peut être synchronisée à l’horloge interne ou MIDI suivant différentes divisions temporelles (notes droites, pointées, triolets, swing), à concurrence de la plage de réglages (20 à 1400 ms), sympa ! On peut aussi en doser le feedback (nombre de répétitions). La réverbe offre trois tailles de pièce (Room, Stage, Hall), un contrôle de brillance et une balance mouillé/sec. Comme déjà mentionné, elle est un peu métallique, donc mollo sur la brillance ! Évidemment, les effets peuvent être coupés grâce à un bouton idoine. Tiens au fait, on a perdu le chorus à 3 positions du Nord Wave ; dommage, il faisait vraiment bien le boulot…
Premières modulations
Pour moduler le son de manière basique, le Nord Lead 4 propose 2 LFO et 3 enveloppes. Le LFO1 offre 6 formes d’ondes (carré, 2 rampes, 2 dents de scie, triangle). La fréquence varie de 0,03 à 523 Hz et peut être synchronisée à l’horloge interne/MIDI, enfin ils l’ont fait ! On peut remplacer la forme d’onde par l’un des 60 patterns internes, pour des effets rythmiques plus complexes et moins répétitifs (cela nécessite de lire un peu le manuel pour comprendre comment ça marche…). Le LFO1 peut moduler l’une des 6 destinations suivantes : mixage des oscillateurs, intermodulation des oscillateurs, oscillateur 2, volume, largeur d’impulsion (le cas échéant) et coupure du filtre. La quantité de modulation est bipolaire. Le cycle peut être déclenché à l’appui de chaque note (ou laissé libre) ou par les touches Impulse (ou laissé libre, là encore). Le LFO2 diffère de son comparse uniquement par le choix des formes d’onde (carré, rampe, dente de scie, Sample & Hold, aléatoire lisse, triangle) et les destinations (oscillateurs 1 /2 /1+2, intermodulation des oscillateurs, filtre, panoramique et quantité d’effet d’insertion).
Le LFO1 peut être remplacé par un arpégiateur à la fois simple et original. Il se synchronise à l’horloge interne/MIDI et peut égrener les notes de 1 à 4 octaves suivant différents modes : haut, bas, alterné, aléatoire et polyphonique : dans ce dernier, les accords sont arpégés en basculement, très chouette. Comme pour les LFO, on peut faire appel à l’un des 60 patterns pour rythmer les arpèges. Les notes arpégées ne sont pas transmises via MIDI, du moins sur l’OS actuel (1.1). On trouve aussi un vibrato (3e LFO simplifié) que l’on peut déclencher avec la molette ou 2 niveaux de délai. Enfin, il y a 3 enveloppes sur le Nord Lead 4, cela devient une habitude ! Les 2 ADSR sont assignées dans le dur à la fréquence du filtre et au volume, on ne peut rien en faire d’autre. La troisième enveloppe, de type AD / AR, est assignable à l’une des 7 destinations suivantes : oscillateurs 1 / 2 / 1+2, intermodulation des oscillateurs, balance des oscillateurs, niveau d’effet d’insertion et quantité de modulation du LFO2 (on aurait préféré la vitesse, mais on va voir que l’on peut contourner ce problème aisément). La quantité de modulation est bipolaire et l’enveloppe peut être redéclenchée par les touches Impulse. Pour toutes les enveloppes, les temps sont compris entre 0,5 ms à 45 s pour les segments AD et 3 ms à 45 s pour le segment Release. Une section plutôt bien spécifiée à laquelle on ne peut reprocher que le routage fixe des 2 ADSR.
Morphing et Impulse
L’absence de véritable matrice de modulation sur le Nord Lead 4 est compensée par deux fonctions qu’on aimerait rencontrer plus souvent : (Continuous) Morphing et Impulse Morphing. Le morphing continu, déjà présent sur le Nord Wave, permet de passer progressivement entre deux ensembles de réglages de paramètres continus, à savoir ceux bénéficiant d’un potard (sauf le volume global) : vitesses/quantités des LFO, désaccordage des oscillateurs, intermodulations, mixage, fréquence du filtre, résonance, segments d’enveloppe, niveau de sortie, dosage d’effets… Le passage progressif d’un profil à l’autre se fait avec deux sources distinctes : vélocité et molette de modulation + pédale continue (ces 2 dernières ayant les mêmes destinations et réglages), avec respectivement 25 et 35 destinations (certaines en commun). Les paramètres affectés sont immédiatement visibles grâce à une diode verte qui s’affiche quand on appuie sur les deux boutons sources de morphing. Les réglages sont super simples à programmer : en maintenant l’un des deux boutons source, il suffit de bouger les potards désirés à la position souhaitée, puis de le relâcher, très intuitif ! On peut même copier un ensemble de réglages d’une source de morphing vers une autre (copier-coller).
Passons maintenant à la véritable nouveauté sur le Nord Lead 4, la fonction Impulse Morphing, c’est-à-dire la possibilité de passer brusquement d’un ensemble de réglages vers un autre, en appuyant sur un bouton. En fait, il y a 3 boutons dont les combinaisons permettent 7 ensembles de réglages différents par programme. Cette fois, la transformation touche quasiment l’ensemble des paramètres de synthèse (55 destinations), continus (comme pour le morphing) et discrets, à savoir : formes d’ondes des oscillateurs, types d’intermodulation, types de filtres, choix d’effets… des choses impossibles à faire avec le morphing continu. C’est comme cela qu’une basse anodine se transforme subitement en monstrueux accord. On peut mélanger deux profils d’Impulse par combinaison de touches (fonction Merge) ou créer des Impulses complètement différents. Nous aurions bien aimé une fonction « Hold Impulse » permettant de maintenir l’effet Impulse après relâchant des boutons correspondants, pour pouvoir jouer à deux mains : peut-être dans un futur OS si les utilisateurs se manifestent ? En tout cas une section très originale qui compense largement l’absence de matrice de modulation !
Performances à 4
Nous avions reproché au Nord Wave sa bitimbralité, le Nord Lead 4 pourrait nous réconcilier, puisqu’il permet de rassembler jusqu’à 4 programmes en mode Performance. Et quand on dit 4 programmes, on dit 4 programmes et tous les paramètres associés, y compris les Morphing, Impulse, arpèges, effets, super ! Pour activer plusieurs Slots, il suffit de maintenir un bouton Slot (ABCD) et d’appuyer sur un ou plusieurs autres ; idem pour muter un Slot, immédiat ! Pour changer l’un des 4 programmes d’une Performance, on maintient le bouton de Slot idoine et on choisit le programme désiré à l’aide de l’encodeur dédié. Pour éditer un programme, il suffit de sélectionner le Slot (la diode correspondante se met à clignoter) et de touiller le son, super intuitif ! Pour éditer un paramètre pour les 4 programmes en même temps, on maintient la touche Shift et on touille : les modifications se font alors relativement aux valeurs stockées (et non plus par saut de valeur). Dans une Performance, les programmes sont édités indépendamment des réglages des programmes d’origine, chacun conserve ses propres réglages dans son mode, bien vu !
C’est aussi en mode Performance qu’on crée des splits, couches et timbres multiples. Mais tout n’est pas rose : il n’y a qu’un seul point de split programmable autour duquel s’empilent les Slots AB et CD ; impossible de créer plus de deux zones, genre basse + nappe + solo. Lorsqu’on empile plusieurs Slots sans split, toute la tessiture est concernée. Pas très souple tout ça… Pour chaque Slot, on peut choisir la sortie audio (1, 2, 3, 4, 1 & 2, 3 & 4) et le canal MIDI. Si le canal MIDI du Slot est différent du canal global, le son du Slot est uniquement piloté en entrée MIDI/USB, le Nord Lead n’émettant que sur un seul canal (notes, CC, Sysex pour automation et dumps). Un Slot désactivé du clavier ou assigné à un canal MIDI autre que le canal global est toutefois piloté par l’entrée MIDI/USB. Cela rend le Nord Lead 4 multitimbral et multicanal. Il reçoit alors les données MIDI (notes, CC, Sysex) sur chaque canal MIDI, idéal pour l’automation à partir d’un séquenceur externe.
Pour tous !
Au final, le Nord Lead 4 renoue avec la tradition sonore et l’ergonomie des Nord Lead, Nord Lead 2 et Nord Lead 2X, dont les Nord Lead 3 et Nord Wave s’étaient à notre sens un peu écartés. Capable d’allier plusieurs types de synthèse (modélisation analogique, FM et ondes numériques), il nous a beaucoup plu par sa qualité et sa polyvalence sonore. Et quelle patate ! Les différents modes de morphing, le retour de l’arpégiateur et les nouveaux effets sont autant d’atouts, surtout qu’ils sont multitimbraux et indépendants sur 4 parties. Là où le Nord Lead 4 pêche, c’est sur le plan du clavier, pas au niveau pour cette gamme de prix, d’autant qu’il est privé d’aftertouch. Il manque aussi une entrée audio, des paramètres d’effets, un chorus et une gestion plus souple des zones multitimbrales. La prise en main immédiate plaira au débutant un peu argenté. Les possibilités de synthèse avancées le destinent également au sound designer expérimenté. Enfin, par sa construction robuste et légère, il est fait pour chanter au milieu d’un set de claviers de scène, furent-ils tous aussi rouges. Bref, de quoi plaire à tout le monde !
Merci à Thomann pour le prêt du matériel pour test.
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