Annoncée au Dancefair 2014, la série AIRA compte pour le moment 4 instruments : la TR-8 (boîte à rythmes), la TB-3 (séquenceur basse), le VT-3 (processeur vocal) et le System-1 (synthé hôte pour instruments virtuels). Nous venons de recevoir la TB-3. Contact !
Positionnée pour les musiciens / DJ nomades avec une forte orientation Dance, la série AIRA revisite les gloires du passé des marques Roland / Boss, dont la cote ne cesse de s’envoler : il faut aujourd’hui compter plus de 1500 euros pour une TB-303 et plus de 2000 euros pour une TR, fut-elle 808 ou 909. On ne pourra donc pas reprocher à Roland de proposer une version moderne – avec des composants actuels – de ces machines qui ont marqué l’histoire, bien des années après leur sortie, il faut bien l’avouer. On peut ainsi apparenter la TB-3 à une version contemporaine cent pour cent numérique de la TB-303… contemporaine et repackagée, car un large pad lumineux est apparu… alors, allumons !
Vert pomme
La TB-3 est embarquée dans un boîtier en plastique avec façade métallique noire entourée d’une bande vert pomme immanquable. Elle est légère, mais ne semble pas spécialement fragile, boutons, diodes et potards sont bien attachés au PCB et restent dans l’axe. Résolument moderne, le design est en rupture totale avec celui-là machine originelle : tout en haut, une rangée de 16 diodes lumineuses proéminentes indique le pas en cours.
Juste en dessous, on trouve 6 potards (volume, coupure, résonance, accent, effet), évoquant à peine l’ancêtre ; sur la même ligne, une touche Tempo (avec fonction Tap et Shuffle par combinaison de touches), un écran Sound (3 diodes 7 segments) et un encodeur Value, bienvenu dans le monde numérique. En dessous, des commandes de sélection, de mode de jeu, d’enregistrement et de transport (simple interrupteur lecture/arrêt) surplombent le grand pad lumineux, qui couvre la moitié inférieure de la façade (plus de détails ci-après).
La connectique est située à l’arrière : prise casque stéréo, sorties gauche / droite (toutes 3 au format jack 6,35), duo MIDI (In / Out convertible en Thru), prise USB 2, borne pour alimentation secteur externe (fournie et de type bloc à l’extrémité), interrupteur et port antivol. Outre la possibilité d’alimenter la TB-3, la prise USB 2 permet de véhiculer les signaux MIDI et audio en bidirectionnel, pour communiquer avec un ordinateur ; il faut pour cela installer un driver PC (XP / Vista / Windows 7 / 8 / 8.1) ou Mac (OSX 10.6.8 / 10.7 / 10.8 / 10.9), téléchargeable sur le site du constructeur. Bien vu !
Fête du pad
Dans TB-3, le TB ne signifie pas Transistor Bass, mais Touch Bass. Élément central pour le jeu et l’enregistrement, il est constitué de 2 lignes de 10 zones virtuelles rectangulaires rouges ou vertes, éclairées plus ou moins fortement suivant le statut. Il est mono-tactile et apprécie assez peu qu’on le déclenche à plusieurs endroits en même temps. Il permet 5 modes de jeu : clavier (un mini-clavier virtuel d’une octave apparait sur le pad), XY (Pitch à l’horizontale / volume à la verticale), modulation par l’enveloppe (filtre / déclin), sélection des Patterns et profondeur de l’effet Scatter (de 1 à 10). En mode XY, presser sur le pad crée une modulation additionnelle, pas facile à contrôler, même si la sensibilité à la pression est réglable globalement.
L’ergonomie est bien meilleure que sur la TB-303 de 1981, où il y a des commandes partout, disposées avec une logique pas vraiment implacable. Ici c’est clair, les commandes sont bien rangées et facilement identifiables. Changer de son ou de Pattern est immédiat. Enregistrer ou créer des modulations est tout aussi facile, l’écran et le pad lumineux se montrant d’une aide précieuse. Difficile, donc, de se perdre. Le tout petit mode d’emploi sous forme de feuillet est suffisant, vu le nombre limité de fonctions (pas comme sur la TR-8). D’ailleurs, 99 % d’entre elles sont directement accessibles en façade, la grande majorité sans combinaison de touches.
Banque sonore
La TB-3 est 100 % numérique. La génération sonore est basée sur 4 oscillateurs, avec filtres et effets intégrés. Il y a 134 Presets répartis en 4 banques : la première est dédiée aux sons de TB-303 (26), la deuxième aux basses (51), la troisième aux leads (40) et la quatrième aux effets spéciaux (17). L’OS 1.10 ajoute 16 banques sons utilisateur, une bien bonne nouvelle !
Le territoire sonore couvert est vaste et bien choisi, allant de timbres vintage acidulés à des empilages désaccordés très actuels. La TB-303 est correctement simulée, la coloration sonore et le comportement sont très proches, sans égaler l’ancêtre qui a une profondeur et une présence un peu plus marquées. Nous avons particulièrement apprécié la reproduction fidèle des ondes dent de scie / carrée, ainsi que la saturation naturelle et la réponse en douceur du filtre 3 pôles en échelle, même à résonance élevée, qui n’écrase pas les basses fréquences.
Les effets contribuent à varier les couleurs et les styles couverts : on trouve différents types de réverbes, délais, chorus, phaser, distorsions… plus ou moins subtils ! La mauvaise nouvelle, c’est qu’il est impossible de modifier ou sauvegarder les sons en profondeur ; on peut juste les modifier en direct avec les potards idoines (Cutoff / Résonance / Accent / Effet), qui restent toujours globales, ou les fonctions du pad (Pitch, Volume, Enveloppe). Ces commandes émettent et reçoivent des CC MIDI, avis aux amateurs d’automation via leur DAW externe préférée.
- 1 303 Saw 00:53
- 2 303 Square 00:50
- 3 303 SupSaw 00:57
- 4 303 Fuzzes 00:44
- 5 Basses 01:40
- 6 Leads 01:37
- 7 FXes 00:50
Lignes de basse
La TB est une basse line, capable d’enregistrer 64 Patterns (8 banques de 8) de 1 à 32 pas (16 par défaut), avec une grille à la double-croche ou au triolet de croche. En lecture, on peut transposer à la volée ou rejouer par-dessus la séquence avec le pad. Il est possible d’enchaîner plusieurs Patterns consécutifs d’une même banque en glissant le doigt sur le pad, mais il n’y a pas de mode Song permettant de programmer des enchaînements, c’est bien bête ! Comme pour la TR-8, cela limite la TB-3 aux musiques qui tournent en boucle. Les sons et les Patterns sont totalement indépendants, impossible de les lier, dommage.
La grande force de la TB-3 est de pouvoir être jouée et programmée aussi bien en pas à pas qu’en temps réel, sans stopper le flux créatif. En mode pas à pas, on peut entrer des notes, silences, accents, Slides et notes liées. Tout cela s’opère entièrement au pad qui joue le rôle de clavier virtuel (avec transposition d’octave) et d’entrée de modulations. En pas-à-pas, on peut programmer avec le Pattern qui tourne ou arrêté.
En temps réel, on peut entrer / effacer les notes à la volée via le mini-clavier virtuel du pad (toujours avec transposition d’octave), mais pas les autres modulations (accents, Slides, notes liées) ; cela nécessite de rebasculer en pas-à-pas, ce qui se fait fort heureusement sans interruption du flux créatif. Pour ceux qui aiment le hasard, la TB-3 dispose d’un générateur aléatoire de Patterns (total ou limité aux modulations). On peut aussi copier et supprimer des Patterns… depuis l’OS 1.10, on peut sauvegarder et restaurer les mémoires internes via USB (gestion de fichiers), mais ce n’est pas un véritable dump MIDI, oups !
L’effet Scatter, que l’on retrouve sur la TR-8, permet de mélanger numériquement l’ordre et le sens de lecture de portions de Pattern, suivant 10 algorithmes. Un peu comme si on découpait en tranches une boucle audio et qu’on la recomposait. L’effet peut être plus ou moins prononcé et inattendu, prenant tour à tour la forme de bouclage de phrase, d’inversion de lecture ou de grains synthétiques, avec des résultats pas toujours exploitables.
Conclusion
La TB-3 (299€) est positionnée comme la version moderne de la TB-303. Elle en modélise le son et le comportement de manière assez convaincante. Certes, les puristes et les accros au machines vintage se tourneront plutôt vers un clone analogique. En revanche, l’interface utilisateur est plus rationnelle que celle de la TB-303 et les possibilités MIDI / USB surpassent tout ce qu’une TB-303 pourrait rêver, fût-ce elle modifiée en Devil Fish. Au-delà du son, il faut donc prendre en considération l’ergonomie et l’interfaçage. Nous aurions quand même aimé que Roland profite du tout numérique pour ouvrir le moteur de synthèse. Voici donc un bon module pour qui aime envoyer des lignes de basse avec une collection de sons acidulés et une interface originale pour les touiller en direct.
Téléchargez les fichiers sonores (format FLAC)