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Test du Polyend Synth - Three Party

8/10

On n'arrête plus Polyend. Au milieu de séquenceurs, de grooveboxes et même d’effets, l’entreprise polonaise nous propose un petit synthétiseur multitimbral trois parties étonnant. Découvrons de quoi il retourne.

Test du Polyend Synth : Three Party
Polyend Synth
Polyend Synth
479 à 543 €
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Fondée en 2016, Poly­end est une petite entre­prise polo­naise qui a su se faire un nom grâce à son dyna­misme, la perti­nence de ses propo­si­tions et des prix toujours bien posi­tion­nés. Cela n’a pour­tant pas été sans embûches, notam­ment après la crise du COVID, qui a entraîné des diffi­cul­tés d’ap­pro­vi­sion­ne­ment en compo­sants, lais­sant certains utili­sa­teurs déçus. Pour en savoir plus, vous pouvez (re)lire notre test du Play+.

Prin­ci­pa­le­ment connue pour ses groo­ve­boxes et séquen­ceurs, l’ar­ri­vée de ce Synth est une petite surprise. Ce n’est pour­tant pas sa première incur­sion dans le domaine, puisqu’en colla­bo­ra­tion avec Dread­box, l’en­tre­prise avait déjà lancé le Medusa, un synthé­ti­seur hybride combi­nant tech­no­lo­gie analo­gique et numé­rique.

Cette fois, entiè­re­ment conçu par Poly­end, il s’agit ici d’un tout autre animal. Le Synth est un synthé­ti­seur, tota­le­ment numé­rique, à trois parties et huit voix de poly­pho­nie, repre­nant quatre moteurs de synthèse déjà aperçus sur le Play+ et le Tracker+ et en ajoute quatre nouveaux. Le tout à un tarif très compé­ti­tif : 499 € au moment de l’écri­ture de ce test.

Le tour du proprié­taire : une présen­ta­tion claire et flat­teuse

Adop­tant le même form factor que les Play+ et Tracker+, le Synth se présente sous la forme d’un rectangle noir aux coins arron­dis, mesu­rant 28,2 × 20,7 × 3,3 cm pour un poids de 1,2 kg. Son panneau de contrôle est bien orga­nisé, de manière claire et ergo­no­mique. Malgré son prix très attrac­tif, le Poly­end Synth fait bonne impres­sion : il ne donne abso­lu­ment pas l’im­pres­sion d’être un instru­ment cheap. Tout semble bien conçu et solide, avec des enco­deurs bien ancrés et un contact agréable avec les diffé­rents éléments de l’in­ter­face. On retrouve avec plai­sir les switchs habi­tuels de Poly­end, égale­ment présents sur le Tracker+ par exemple, offrant un clic parti­cu­liè­re­ment agréable.

Polyend Synth Angle2En haut, de gauche à droite, on trouve d’abord un bouton dédié aux pages Mixeur et Effets, suivi d’un autre pour les Scènes et les presets, et juste en dessous, un enco­deur cliquable de navi­ga­tion. Vient ensuite un écran LCD couleur, clair et de taille confor­table, sous lequel trônent trois boutons permet­tant de bascu­ler entre les trois parties, ainsi qu’à effec­tuer des sélec­tions contex­tuelles en fonc­tion de ce qui s’af­fiche à l’écran.

À droite de l’écran, trois enco­deurs assurent le contrôle du volume, du tempo et du pitch bend. Ils sont suivis de trois enco­deurs macro, puis de neuf autres, orga­ni­sés en trois rangées, dédiés à l’édi­tion des diffé­rentes pages de l’écran.

Enfin, tout à droite, six boutons complètent l’in­ter­face : quatre permettent d’ac­cé­der aux pages d’édi­tion des moteurs de synthèse, un cinquième sert à navi­guer entre le séquen­ceur, l’ar­pé­gia­teur et la matrice de modu­la­tion, ainsi qu’un bouton Shift, utile pour les fonc­tions secon­daires.

Dans la partie infé­rieure, on découvre l’une des parti­cu­la­ri­tés du Poly­end Synth : à moins d’être proposé sous forme de desk­top ou de rack, la grande majo­rité des synthé­ti­seurs commer­cia­li­sés aujour­d’hui intègrent un moyen de jeu et d’ex­pres­sion sous la forme d’un clavier musi­cal (qu’il soit lesté, semi-lesté ou à membrane).

Pour le Synth, la marque a fait d’une matrice confi­gu­rable de 60 pads RGB, sensibles à la vélo­cité et à la pres­sion poly­pho­nique. Ce n’est pas la première fois qu’un synthé­ti­seur intègre une matrice de pads, on pense notam­ment à l’Hy­dra­synth Desk­top, mais celle du Synth présente des parti­cu­la­ri­tés inté­res­santes. Nous y revien­drons.

Polyend Synth Angle4Sur la tranche arrière, on retrouve le bouton de mise en marche, un switch de Reset et un port USB-C, utilisé à la fois pour la connexion à un ordi­na­teur et l’ali­men­ta­tion. Cette dernière peut être assu­rée par le secteur, un ordi­na­teur ou une batte­rie externe. Au passage, signa­lons qu’il n’y a pas de trans­fert de données audio via USB. Contrai­re­ment au Play+, le Synth ne peut pas servir d’in­ter­face audio. On trouve égale­ment un empla­ce­ment pour une carte MicroSD de 16 Go, permet­tant de stocker des tables d’ondes, des projets, des packs d’ac­cords, des presets, etc. Elle sert de plus aux mises à jour du firm­ware. À noter que le Synth refuse de fonc­tion­ner si la carte n’est pas insé­rée.

Toute la connec­tique, entiè­re­ment regrou­pée à l’ar­rière, est l’un des aspects où l’on perçoit les compro­mis faits pour main­te­nir un prix bas. Elle se limite à une sortie stéréo ainsi qu’à une entrée et une sortie MIDI, toutes au format mini-jack. Heureu­se­ment, l’ap­pa­reil est livré avec un adap­ta­teur stéréo mini-jack vers deux mono-jacks 6,35 mm, ainsi qu’un adap­ta­teur mini-jack vers MIDI DIN.

L’em­bal­lage comprend égale­ment un câble USB-C vers USB-A de 2 m, une carte MicroSD de 16 Go, un adap­ta­teur de cartes MicroSD vers USB-A, plusieurs adap­ta­teurs d’ali­men­ta­tion pour les diffé­rents stan­dards, ainsi qu’un manuel de prise en main au format A4 de 48 pages. Le mode d’em­ploi complet est quant à lui télé­char­geable sur le site de Poly­end. On en profi­tera pour véri­fier que l’ins­tru­ment dispose bien du dernier firm­ware et, si néces­saire, de procé­der à sa mise à jour. L’opé­ra­tion est simple et ne pose aucun problème parti­cu­lier.


À ce sujet, le Synth a été livré avec le firm­ware 1.0.1. Lorsque le proces­seur était forte­ment solli­cité, par exemple, lors de l’uti­li­sa­tion de plusieurs moteurs de synthèse gour­mands (comme les moteurs granu­laires), des craque­ments pouvaient se faire entendre. Ce problème a été corrigé avec l’ins­tal­la­tion du firm­ware 1.1.

Prise en main : une ergo­no­mie sans faille

Synth 1Dès le démar­rage, l’écran, parfai­te­ment lisible, affiche le logo Poly­end, tandis que les pads s’illu­minent de leurs jolies couleurs. Le Synth est alors immé­dia­te­ment opéra­tion­nel, repre­nant la dernière scène ouverte. Il est livré avec un ensemble de scènes et de presets (aussi bien pour les moteurs de synthèse que pour les effets), parfai­te­ment réali­sés par une sélec­tion de sound desi­gners. Ce set de démar­rage consti­tue une très bonne base pour commen­cer. On peut même parier que beau­coup s’en conten­te­ront, se limi­tant à quelques ajus­te­ments pour l’adap­ter à leurs besoins. Majo­ri­tai­re­ment orienté élec­tro, musique urbaine et ambient, il met rapi­de­ment en évidence la qualité des moteurs de synthèse et des effets embarqués, en parti­cu­lier une très jolie réver­bé­ra­tion. Le son offre une belle ampleur, avec un bon niveau de sortie. Cepen­dant, on note un léger manque de présence dans le bas du spectre, quelle que soit la synthèse utili­sée. Ce n’est en rien rédhi­bi­toire, mais c’est un point à prendre en compte.

Synth Audio StructureL’ar­chi­tec­ture du Synth se compose en premier lieu des préfé­rences système, telles que les réglages MIDI, par exemple pour confi­gu­rer le canal MIDI de chaque partie, les préfé­rences sur la vélo­cité et l’af­ter­touch, qui peut être poly­pho­nique.

Viennent ensuite les scènes, qui regroupent les infor­ma­tions de tempo et d’hor­loge, la confi­gu­ra­tion de la matrice de pads, les réglages des trois parties de synthèse avec leur séquen­ceur/arpeg­gia­teur, leurs commandes macros, ainsi que la section mixer et les effets.

Le partage de voix est égale­ment sauve­gardé avec les scènes. On peut, par exemple, affec­ter quatre voix à la première partie synthé­ti­seur pour les nappes, trois voix à la deuxième pour les motifs, et une à la troi­sième pour jouer la basse.

Enfin, au dernier niveau de l’ar­chi­tec­ture, on trouve les parties synthé­ti­seurs, avec leurs presets.

La prise en main est immé­diate, grâce à une ergo­no­mie très bien conçue. Les neuf enco­deurs contex­tuels permettent d’édi­ter les pages affi­chées à l’écran, acces­sibles pour la plupart via un bouton d’ac­cès direct, ou, pour certaines pages secon­daires, en combi­nant avec le bouton Shift. Tout se fait très rapi­de­ment, et on arrive vite à ce que l’on veut.

Les enco­deurs ont un effet d’ac­cé­lé­ra­tion bien­venu. Les trois macros peuvent contrô­ler jusqu’à cinq para­mètres chacun. Dommage qu’il n’y ait aucun moyen de réini­tia­li­ser indi­vi­duel­le­ment les valeurs des para­mètres (je n’en ai pas trouvé en tout cas).

Grid Layout exemplesLa matrice de pads fera le bonheur des habi­tués de ce type d’in­ter­face de jeu, et les adeptes de Push seront en terrain conquis. Les clavié­ristes, eux, pour­ront bran­cher un clavier afin d’uti­li­ser le Synth comme un expan­deur. La matrice peut être confi­gu­rée de diffé­rentes manières pour s’adap­ter au jeu, aux préfé­rences et aux envies de l’uti­li­sa­teur. Il est égale­ment possible d’en affi­cher qu’une partie et de choi­sir la couleur, offrant ainsi la possi­bi­lité d’avoir un synthé­ti­seur à une seule partie de huit voix.

L’une des parti­cu­la­ri­tés inté­res­santes de la matrice est sa capa­cité à gérer des sets d’ac­cords. De plus, il est possible de la confi­gu­rer pour que les accords des trois parties se suivent. En appuyant, par exemple, sur un pad d’une partie, la note s’adapte auto­ma­tique­ment sur l’une ou les deux autres parties. Cela faci­lite gran­de­ment le jeu, et les musi­ciens ayant peu de connais­sances en harmo­nie seront comblés. Le Synth est livré avec une belle collec­tion de packs d’ac­cords, mais il est égale­ment possible de confi­gu­rer les siens. Ceux qui ne sont pas fami­liers avec ce type de jeu devront s’adap­ter un peu, mais on s’y fait très vite.

Les pads sont agréables et réagissent à la pres­sion poly­pho­nique ainsi qu’à la vélo­cité. Malheu­reu­se­ment, la réponse sur ce dernier point manque de progres­si­vité. Il est toute­fois possible de leur affec­ter une valeur fixe. Une petite chose sympa­thique et bien utile : les pads servent de clavier alpha­nu­mé­rique lors de l’édi­tion d’un nom (pour une sauve­garde, par exemple).

Les moteurs de synthèse : une poly­va­lence bien­ve­nue

Jetons main­te­nant un œil aux huit moteurs de synthèse propo­sés, dont les quatre premiers étaient déjà présents sur le Play+, le Tracker+ et le Tracker Mini.

01 – Synth – ACD – Dark­Bass
00:0000:31
  • 01 – Synth – ACD – Dark­Bass00:31
  • 02 – Synth – ACD – Driift00:35
  • 03 – Synth – ACD – Square Acid00:48
  • 04 – Synth – FAT – Lotus­Pad01:26
  • 05 – Synth – FAT – Key00:59
  • 06 – Synth – VAP – Eutow01:17
  • 07 – Synth – VAP – Dream­chime01:00
  • 08 – Synth – ACD-VAP – Drum­box00:23
  • 09 – Synth – WTFM – Badland00:59
  • 11 – Synth – WAVS – Dinky­Bells01:42
  • 12 – Synth – PMD – Empty Pipe00:58
  • 13 – Synth – PMD – Genra­tor Room01:42
  • 15 – Synth – PHZ – Bright Sawtooth01:05
  • 16 – Synth – GRAIN – Castle atmos01:42

 

Motor - ACDTout d’abord, le moteur ACD, au nom expli­cite et de type virtual analog, s’ins­pire ouver­te­ment des synthés mono­pho­niques bass-lead, tels que le Roland SH-101 et la TB-303. Bien qu’il soit effec­ti­ve­ment possible d’ému­ler numé­rique­ment ces deux modèles, son archi­tec­ture est toute­fois plus proche du premier, avec un oscil­la­teur offrant les ondes Saw et Square, dont la largeur est modu­lable par une enve­loppe et le LFO. Un Sub, une ou deux octaves sous l’os­cil­la­teur maître, est égale­ment présent, propo­sant au choix un carré, une impul­sion ou un triangle, suivi d’un Noise. Le filtre est un clas­sique passe-bas à trois posi­tions : SV12, SV24 et RD3, chacun avec sa propre person­na­lité, un peu numé­rique tout de même. Seul le SV24 permet vrai­ment d’en­trer en auto-oscil­la­tion, tandis que le RD3 évoque les saveurs du filtre de la TB-303.

Côté modu­la­tion, ce moteur dispose de deux enve­loppes ADSR, l’une pour l’am­pli­fi­ca­tion et l’autre pour le filtre, ainsi que d’un LFO capable de modu­ler le pitch, la largeur d’im­pul­sion et le cutoff du filtre. Ce LFO propose les formes d’onde suivantes : Triangle, Sine, rampe descen­dante et ascen­dante, Square et Random Sample & Hold. Préci­sons qu’un glide poly­pho­nique à plusieurs modes est présent, comme sur chaque moteur de synthèse proposé (celui du GRAIN est mono­pho­nique, cepen­dant).

Motor - FATLe moteur FAT, toujours de type virtual analog, mais avec trois oscil­la­teurs, propose quant à lui de retrou­ver l’es­prit des gros synthé­ti­seurs poly­pho­niques vintages. S’il excelle dans les pads, cuivres, claviers, gros leads et tout ce que l’on peut espé­rer de ce type de synthé­ti­seur, le grain reste toute­fois rela­ti­ve­ment numé­rique. Comme pour chaque moteur, l’alia­sing est cepen­dant très bien maîtrisé. Les deux pages Engine permettent de contrô­ler les trois oscil­la­teurs. Malheu­reu­se­ment, ceux-ci ne peuvent pas être confi­gu­rés indé­pen­dam­ment, et il faudra par exemple se conten­ter d’un para­mètre Timbre pour contrô­ler les formes d’ondes avec un morphing de dent de scie à carré.

Le filtre propose trois modes : un clas­sique Ladder passe-bas 24 dB par octave, émula­tion du filtre en échelle de tran­sis­tor de Mougue, euh, Mogue, enfin Moog, alors que les deux autres modes, OB12 et OB24, toujours passe-bas, puisent leur inspi­ra­tion chez Oberheim. Côté modu­la­tions, on retrouve deux enve­loppes ADSR et le même LFO que celui du moteur ACD.

Motor - VAPLe moteur VAP, lui aussi de type virtual analog, s’ins­pire des Oberheim OB-8 et Sequen­tial Prophet. Chacun de ses deux oscil­la­teurs permet un morphing entre les formes d’onde triangle, dent de scie et carré. Dans cette dernière posi­tion, la largeur d’im­pul­sion est réglable et modu­lable via la matrice de modu­la­tion. On revien­dra sur cette dernière un peu plus loin.

De plus, chaque oscil­la­teur possède son propre réglage d’ac­cor­dage sur sept octaves, par pas d’un demi-ton, tandis que le réglage fin s’ef­fec­tue, de manière surpre­nante, sur le mix des deux. Un detune est présent, ainsi qu’une synchro­ni­sa­tion (sync). Un Noise complète cette section Engine.

Le filtre, fort de ses 15 types (Low Pass MG 24 dB, Low Pass OB 24 dB, Low Pass OB 12 dB, Low Pass SVF 24 dB, Low Pass SVF 12 dB, Hi Pass OB 24 dB, Hi Pass OB 12 dB, Hi Pass SVF 24 dB, Hi Pass SVF 12 dB, Band Pass OB 24 dB, Band Pass OB 12 dB, Band Pass SVF 24 dB, Band Pass SVF 12 dB, Notch SVF 24 dB, Notch SVF 12 dB), offre une grande flexi­bi­lité et parti­cipe à faire de ce moteur l’un des plus poly­va­lents du Synth. Trois enve­loppes ADSR (Filter, Amp et Aux) ainsi que deux LFO viennent ensuite. En plus des réglages vus dans les moteurs précé­dents, ces LFO ajoutent une synchro­ni­sa­tion au tempo. 

Motor - WTFMVient ensuite le WTFM, un moteur FM à l’ar­chi­tec­ture rela­ti­ve­ment simple. Cette appa­rente simpli­cité pour­rait lais­ser penser à une variété de timbres réduite. Il n’en est rien, car malgré ses deux opéra­teurs seule­ment, et malheu­reu­se­ment sans enve­loppe dédiée, chacun fonc­tionne avec des tables d’ondes et possède son propre circuit de feed­back. Un over­sam­pling est égale­ment présent dans la section engine.

À cela s’ajoute le même filtre que celui du moteur VAP, avec ses 15 modes, ainsi que trois enve­loppes ADSR (Filter, Amp et Aux) et deux LFO. En plus des timbres carac­té­ris­tiques de la FM (pianos élec­triques, cloches, basses élec­triques, sons métal­liques…), ces possi­bi­li­tés permettent d’étendre ce moteur bien au-delà, pour explo­rer des sono­ri­tés numé­riques, par exemple rêveuses, ou au contraire agres­sives.

Motor - WAVSLe moteur WAVS est un modèle à tables d’ondes doté de deux oscil­la­teurs et d’un géné­ra­teur de bruit. Il est possible de morpher entre les deux oscil­la­teurs, chacun dispo­sant de réglages de posi­tion et de warp, modu­lables par l’une des enve­loppes ou l’un des LFO via la matrice de modu­la­tion. Chaque oscil­la­teur offre un réglage d’ac­cord couvrant sept octaves, ainsi qu’un para­mètre de detune. Comme pour le moteur VAP, l’ac­cord fin s’ef­fec­tue sur le mix des deux oscil­la­teurs.

Un mode Retro est égale­ment dispo­nible, alté­rant légè­re­ment le carac­tère sonore du synthé. Cepen­dant, il ne permet pas de modi­fier la tran­si­tion entre les ondes d’une table, celle-ci restant toujours fluide et progres­sive. Ainsi, il est impos­sible d’ob­te­nir les tran­si­tions abruptes typiques des premiers synthé­ti­seurs à tables d’ondes. Toute­fois, en rusant avec la matrice de modu­la­tion, il est possible de contour­ner cette limi­ta­tion pour obte­nir des effets proches.

Les tables d’ondes sont stockées sur carte microSD au format WAV 16 bits mono, indé­pen­dam­ment de la fréquence d’échan­tillon­nage, et l’im­por­ta­tion de ses propres tables est possible.

Enfin, ce moteur béné­fi­cie des trois enve­loppes ADSR, des deux LFO et du filtre à 15 modes, iden­tique à celui du moteur VAP.

Motor - PMDLe moteur PMD repose sur la modé­li­sa­tion physique. L’Ex­ci­ter, acces­sible via le bouton Engine, repré­sente la manière dont un instru­ment est joué. Il peut s’agir d’un coup de baguette, d’un pince­ment de corde ou de tout autre mode d’ex­ci­ta­tion sonore. Cette partie influe direc­te­ment sur l’at­taque et l’éner­gie du son généré. Acces­sible via le bouton Filter, le Reso­na­tor, quant à lui, simule la struc­ture réso­nante de l’ins­tru­ment, comme une corde vibrante, une membrane de percus­sion ou un tube réso­nant. Il façonne le timbre et la dyna­mique du son, en défi­nis­sant comment l’éner­gie trans­mise par l’Ex­ci­ter est filtrée et ampli­fiée. L’en­ve­loppe de l’Ex­ci­ter est spéci­fique à ce moteur et varie en fonc­tion de la confi­gu­ra­tion du géné­ra­teur. Une enve­loppe auxi­liaire et un LFO complète ce moteur.

Habi­tuel de ce type de synthèse, le moteur PMD permet d’ex­plo­rer des sono­ri­tés “orga­nico-numé­riques”, allant des percus­sions réso­nantes aux cordes pincées, en passant par des textures plus abstraites et expé­ri­men­tales. 

Motor - PHZLe moteur PHZ repose sur la distor­sion de phase, une tech­nique de synthèse peu répan­due mais pour­tant inté­res­sante. Prin­ci­pa­le­ment utili­sée sur les Casio CZ des années 80, cette synthèse visait à offrir une alter­na­tive à la synthèse FM des Yamaha DX7. Elle a été appré­ciée pour sa simpli­cité de mise en œuvre, bien plus intui­tive que celle de la FM des Yamaha.

En plus de textures qui s’ap­prochent de certains domaines spéci­fiques de la synthèse FM, il est égale­ment possible d’ob­te­nir des sons rela­ti­ve­ment proches de la synthèse analo­gique sous­trac­tive, par exemple des basses synthé­tiques.

Ici encore, les deux oscil­la­teurs reposent sur des tables d’ondes. Ils peuvent tous deux être modu­lés via une matrice de modu­la­tion X/Y. La section filtre, enve­loppes et LFO est la même que celle du moteur VAP.

Motor - GRAINAvec GRAIN, c’est un vrai plai­sir de décou­vrir un moteur granu­laire, bien diffé­rent de celui du premier Tracker (heureu­se­ment). Pour rappel, la synthèse granu­laire consiste à scan­ner des fichiers audio pour géné­rer de petits « grains » sonores, qui peuvent ensuite être mani­pu­lés, accor­dés et modu­lés afin de créer des textures origi­nales et évolu­tives. Les échan­tillons sont stockés sur la carte MicroSD au format WAV 16-bit mono, 44.1 kHz.

La page Engine permet de choi­sir le sample de base, puis il est possible de défi­nir, par exemple, la densité des grains, leur taille, de rando­mi­ser leur géné­ra­tion et leur place­ment dans l’es­pace stéréo, etc… Ce moteur très complet invite à plon­ger dans ses abîmes et à expe­ri­men­ter.

Le filtre propose les modes Low Pass SVF 12 dB, Hi Pass SVF 12 dB, Band Pass SVF 12 dB et Notch SVF 12 dB. Pour finir, trois enve­loppes (Filter, Amp et Aux) et trois LFO sont dispo­nibles.

Chaque partie dispose d’une matrice de modu­la­tion à six cordons. Si celle-ci se révèle bien utile, le nombre de sources et de desti­na­tions, propres à chaque moteur, reste limité. Les sources se résument notam­ment aux enve­loppes et aux LFO. Quant aux desti­na­tions, elles sont plus nombreuses, mais certains manques sont regret­tables, comme l’ab­sence de la réso­nance des filtres.

Tous ces moteurs et leurs multiples possi­bi­li­tés sont enga­geants et stimulent la créa­ti­vité. On prend un vrai plai­sir à les explo­rer et à les program­mer. Malheu­reu­se­ment, la puis­sance du proces­seur vient parfois ternir l’ex­pé­rience. Lors de l’uti­li­sa­tion de moteurs gour­mands, tels que le WAVS ou le GRAIN, il n’est pas rare de voir appa­raître une alerte CPU à l’écran.

Effets, arp & séquen­ceur

Synth 3Une petite section d’ef­fets est présente, regrou­pant un effet de modu­la­tion, un délai et une réver­bé­ra­tion. L’ef­fet de modu­la­tion permet de créer les clas­siques chorus, flan­ger et autres, tandis que le délai propose plusieurs modes : Single, Dual Tap, Triple Tap, Stéréo et Ping Pong. La réver­bé­ra­tion, quant à elle, intègre les algo­rithmes Natu­ral, Plate et Warp. Chacun de ces effets dispose de suffi­sam­ment de para­mètres, huit pour l’ef­fet de modu­la­tion et neuf pour le délai et la réver­bé­ra­tion. De plus, chaque effet est accom­pa­gné d’une belle sélec­tion de presets (acces­sibles par Shift+En­gine), et il est possible de sauve­gar­der ses propres réglages. Si ces effets sont d’une très bonne qualité, en parti­cu­lier la réver­bé­ra­tion qui offre une belle profon­deur, il est dommage qu’il n’y en ait pas davan­tage. Une distor­sion ou un compres­seur, par exemple, auraient été des ajouts bien­ve­nus.

Le dosage des effets se fait dans la section Mixeur, à la manière d’un effet send, pour chaque partie. 

Pour animer tout cela, le Poly­end Synth embarque, au choix, un arpé­gia­teur ou un séquen­ceur pour chaque partie. L’ar­pé­gia­teur propose les clas­siques du genre, comme la plage d’oc­tave et la synchro­ni­sa­tion au tempo interne ou externe (1/1, 1/2, 1/4, 1/8, 1/16, 1/32, 1/64). En plus des habi­tuels Up, Down, Up/Down, Down/Up, Order Play et Random, il offre égale­ment les modes Chord, Dyad, Triad, Inside Out, Outside In, Weave, Return, Double Return, auxquels s’ajoutent des para­mètres pour le swing, l’hu­ma­ni­sa­tion et la gate.

Le séquen­ceur, quant à lui, reste rela­ti­ve­ment limité. Bien que l’ins­tru­ment ne reven­dique pas être une groo­ve­box, l’im­pos­si­bi­lité d’édi­ter les notes après avoir entré une séquence reste frus­trante. Lorsque l’on connaît l’ex­per­tise de Poly­end dans le domaine des séquen­ceurs, on ne peut que le regret­ter.

FAQ

1. Qu’est-ce que le Poly­end Synth apporte par rapport aux autres synthé­ti­seurs numé­riques ?

Le Poly­end Synth se distingue par sa concep­tion trois parties multi­tim­brale, ses huit moteurs de synthèse, sa matrice de pads confi­gu­rable et une inter­face pensée pour une prise en main rapide.

2. Quels types de sons peut-on créer avec le Poly­end Synth ?

Grâce à ses huit moteurs, il couvre un large spectre sonore : basses analo­giques, pads riches, leads tran­chants, sons granu­leux et modé­li­sa­tions physiques expé­ri­men­tales.

3. Peut-on utili­ser le Poly­end Synth en tant qu’in­ter­face audio USB ?

Non, contrai­re­ment au Poly­end Play+, le Synth ne prend pas en charge l’au­dio via USB, limi­tant son usage aux sorties audio clas­siques.

4. Le Poly­end Synth est-il adapté à la scène ?

Oui, avec son format compact, ses commandes intui­tives et sa matrice de pads dyna­mique, il est conçu pour une utili­sa­tion en live.

5. Quels sont ses prin­ci­paux défauts ?

Sa connec­tique limi­tée (une seule sortie audio), un proces­seur parfois juste pour les moteurs les plus gour­mands, et l’im­pos­si­bi­lité d’édi­ter les notes après enre­gis­tre­ment sont ses prin­ci­paux points faibles.

Carac­té­ris­tiques tech­niques

Synthèse : 8 moteurs de synthèse

Poly­pho­nie : 8 voix

Multi­tim­bra­lité : 3 parties

Contrôle : Matrice de 60 pads RGB sensibles à la vélo­cité et à la pres­sion

Écran : LCD couleur

Effets : Modu­la­tion, délai, réver­bé­ra­tion

Arpé­gia­teur & Séquen­ceur : Dispo­nibles avec plusieurs modes

Connec­tique : 1 sortie stéréo mini-jack, 1 entrée MIDI mini-jack, 1 sortie MIDI mini-jack, Port USB-C pour alimen­ta­tion et connexion PC (pas d’au­dio USB), Port microSD (16 Go four­nie)

Alimen­ta­tion : USB-C (secteur, ordi­na­teur, batte­rie externe)

Dimen­sions : 28,2 × 20,7 × 3,3 cm

Poids : 1,2 kg

Notre avis : 8/10

Synth 7Avec le Synth, Polyend frappe fort en proposant, pour moins de 500 euros, un synthétiseur multisynthèse à huit voix, multitimbral sur trois parties, doté d’effets de bonne qualité, d’un arpégiateur, d’un petit séquenceur, d’une matrice de pads intelligente, ainsi que d’une ergonomie et d’une prise en main impeccables. Tout cela, accompagné d’une finition soignée et d’une présentation flatteuse. Le Synth s’adresse aussi bien aux musiciens cherchant leur premier synthétiseur polyphonique hardware qu’à ceux qui souhaitent enrichir leur setup avec un module numérique polyvalent et une matrice de pads intelligente. Plus particulièrement, il trouvera une place de choix sur scène, où son encombrement et son poids réduits, ainsi que son workflow ingénieux, feront des merveilles.

Côté son, il se montre ample et bien défini, avec une identité résolument numérique. Ce n’est en aucun cas un défaut, mais plutôt une couleur qui lui donne sa personnalité. Bien que ses moteurs à modélisation analogique s’inspirent de grands classiques de la synthèse, ceux qui espèrent retrouver fidèlement leurs sonorités pourraient être déçus.

J’aurais apprécié une connectique plus complète, notamment des sorties séparées ou l’audio USB comme sur le Play+, mais à ce prix, des compromis étaient inévitables. De plus, bien que le Synth ne soit pas présenté comme une groovebox, son séquenceur souffre de certaines limitations frustrantes, comme l’impossibilité d’éditer une note. Le principal point faible reste cependant la puissance du processeur, parfois un peu juste pour faire tourner l’ensemble. Lorsqu’on utilise plusieurs moteurs gourmands, cela peut poser problème. Si la dernière mise à jour a corrigé les craquements, des alertes CPU continuent néanmoins d’apparaître à l’écran.

Ces quelques réserves mises à part, difficile de ne pas saluer la proposition de Polyend. Avec un prix agressif et des fonctionnalités bien pensées, le Synth s’impose comme un choix pertinent et attractif.

  • 8 moteurs de synthèses
  • 3 parties
  • Ergonomie et expérience utilisateur
  • Finition
  • Qualité des effets
  • Matrice de pads ingénieuse
  • Prix

  • Cpu un peu juste
  • Impossibilité d’éditer les notes d’une séquence
  • Une seule sortie audio
  • Certains paramètres non modulable
  • Progressivité de la vélocité
  • Son qui manque de bas
  • Nombre d’effets
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