Minimonsta : derrière ce nom se cache l'émulation du MiniMoog faite par OhmForce pour GMedia. Quand on sait la part de légende attachée à la machine originale et la grande compétence des développeurs français, la chose a de quoi susciter l'intérêt.
Minimonsta : derrière ce nom se cache l’émulation du MiniMoog faite par OhmForce pour GMedia. Quand on sait la part de légende attachée à la machine originale et la grande compétence des développeurs français, la chose a de quoi susciter l’intérêt.
L’histoire de la musique éléctronique comporte quelques grands moments de création de la part de concepteurs géniaux. Comptant parmi ces génies, Robert Moog a, avec le MiniMoog, créé LE synthé monophonique de scène des années 70, au grain immédiatement reconnaissable. Sa présence sur des centaines de productions musicales mondialement connues, tous styles confondus, place assurément la machine au Panthéon des synthés analogiques ! Autant dire qu’il s’agit d’une pièce de choix que nombre de développeur aimerait répliquer en virtuel.
Depuis les débuts de la modélisation logicielle, 3 versions du Mini Moog sont sorties si l’on excepte le MiniMax de Creamware qui ne saurait se passer du hardware de la marque pour tourner : le Model-D de Steinberg, le MiniMoog V d’Arturia et le Minimonsta qui nous occupe aujourd’hui. Si le premier n’était pas une réussite, la version d’Arturia a été approuvée par Bob en personne. Reste à voir quel lapin les sorciers d’Ohmforce vont faire sortir de leur chapeau…
Dessine-moi un Moog…
Robert A. Moog est né en 1934 à New York. Dès l’age de 20 ans il fonde sa société R.A.Moog inc et vend surtout, entre deux cours d’ingénieur radio, des instruments appelés Thereminvox, créés en 1919 par le russe Leon Theremin. La bestiole comporte deux oscillateurs hautes fréquence, dont la fréquence (circuits oscillants) est modifiée par le passage de la main (principe de la FM qui sera découvert 60 ans plus tard !).
En 1961, devant le succès des ventes, il commercialise même un kit permettant d’en construire un soi-même ! Lors d’une démonstration du Theremin à des professeurs de musique, un de ceux-ci lui demande des précisions sur ce qui se faisait comme autres instruments électroniques :Moog rencontre ainsi Herbert A Deutsch.
Cherchant une réponse à la demande de ce dernier (des sons qui font « whooowhooowhooo », « whaaaaawhaaaawhaaaa »), il élabore dès 1964 des petits modules VCA et VCO et, par chance, présente son travail sur un stand inutilisé à l’AES. S’il est remarqué à cette occasion, ce n’est qu’en 1968 que ses modulaires (de plus en plus complexes) seront propulsés au devant de la scène avec « Switched on Bach », œuvre plébiscitée de Wendy (ex-Walter) Carlos qui reprend des pièces de Bach sur un Moog.
En 69–70 la production atteint 3 exemplaires par semaine et tout le monde veut le son Moog ! Cependant l’âge d’or des concerts de Keith Emerson, LE musicien « bêta-testeur » (Le modulaire IIIc sur scène avec l’ELP !) est de courte durée et la récession survient dès la fin 1970, due entre autre à la saturation du marché et la concurrence d’une nouvelle société, ARP.
C’est pourtant en 1970 que Bob met au point, en collaboration avec Jim Scott, un ingénieur de Berkeley, et de nombreux musiciens, les derniers circuits d’un nouveau modèle plus compact, pré câblé, léger et moins coûteux que les modulaires : le MiniMoog, dont les premiers modèles sont présentés à l’ AES cette année-là.
Sans possibilité de commercialiser son produit, Moog vend alors sa société à Bill Waytena de Musonics, repreneur professionnel. R.A.Moog devient ainsi Moog/Musonics, puis Moog Music, Inc debut 1971 parce que le nom est plus « bankable ». La production en masse du synthétiseur monophonique de scène le plus célèbre pouvait commencer…
Les photos illustrant cet article proviennent de l’excellent site The Lord of the Mini, qui retrace l’histoire du MiniMoog.
Le MiniMoog
Fabriqué à plus de 13000 exemplaires jusqu’en 1981, c’est un synthé monophonique dont le clavier, équipé de molettes de pitch bend et de modulation, couvre une étendue de 3 octaves plus une quinte (F1-D5).
Il est doté de 3 oscillateurs (VCO), regroupés dans une section appelée « oscillator bank », où l’on retrouve 6 formes d’ondes fixes : Triangle, dents de scie, triangulaire, dents de scie ascendante, carrée, rectangle large, rectangle étroit pour les deux premiers, la même chose et une dent de scie descendante à la place de la dent de scie triangulaire pour le dernier.
Les fréquences des VCO vont de 0.1Hz à 20 kHz par potentiomètre cranté de réglage d’octave (en pieds, 64', 32', 16', 8', 4', 2') et potentiomètre de désaccord (+/- 7 ½ tons) pour les VCO 2 et 3. Signalons au passage la possibilité pour l’oscillateur 3 de générer une fréquence fixe sur toute l’étendue du clavier, de même que la présence d’un générateur de bruit blanc/rose et d’un trigg de l’entrée audio par le clavier.
Une partie appelée « mixer » gère les commutations on/off et les volumes de tout ce petit monde avant de passer par le secteur « modifiers » où l’on retrouve VCF (filtre) et VCA (amplificateur). Le VCF du MiniMoog est de type passe bas, avec fréquence de coupure (le cutoff) de 20Hz à 20 kHz, résonnance (emphasis) et pente de 24 dB/oct. La fréquence de coupure est fonction de deux interrupteurs à deux positions (« keyboard control »), ce qui permet d’obtenir quatre variantes : pas de suivi (fréquence de coupure fixe), suivi normal (doublage de la fréquence à chaque octave), suivi diminué (coefficient 2/3 à chaque octave) et enfin suivi très diminué (coefficient 1/3 à chaque octave).
Une enveloppe ADS (attack, decay, sustain) vient ensuite moduler le comportement du filtre selon un taux d’action défini par le potentiomètre « amount of contour ». Juste en dessous de celle-ci on en trouve une seconde identique qui s’applique quant à elle sur l’amplitude du signal (VCA). Le relâchement (« release ») des deux enveloppes s’obtient par un interrupteur situé sur la gauche du clavier, près des molettes de bend et de modulation, appelé « decay ». Le temps de release prend alors les valeurs de decay.
Il n’y a pas de section LFO sur la machine, mais cette fonction est assurée par le troisième oscillateur, ce dernier étant débrayable. On peut commuter sa fréquence soit sur les deux premiers oscillateurs, soit sur le filtre, soit sur les deux en même temps. Le taux de modulation est alors déterminé par la molette.
Une balance de modulation peut être appliquée entre l’oscillateur 3 et le générateur de bruit (« modulation mix ») pour faire varier les plaisirs. Rappelons que dans des hautes fréquences, on fait de la FM avant l’heure avec la possibilité d’une modulation variable ou fixe (fonction de l’oscillateur 3). La molette de pitch bend, quant à elle, est un modèle de difficulté, puisqu’elle ne comporte pas de ressort et qu’un simple cran indique la position centrale de retour : bonjour les surprises !
Enfin, on trouve une façade orientable un générateur de 440 Hz, une led de saturation de l’entrée audio, une prise casque avec potentiomètre de volume, un commutateur de sortie audio on/off, une fonction glide avec dosage, un potentiomètre d’accord et deux entrées footswich jacks 6'35 pour le glide et le release viennent compléter la cavalerie.
Les photos illustrant cet article proviennent de l’excellent site The Lord of the Mini, qui retrace l’histoire du MiniMoog.
Top Modèle
Petit rappel pour ceux qui débarquent : GForce, c’est la collaboration de la société française OhmForce (OhmBoyz, PredatHom, QuadFroHmage, etc) et de la société anglaise GMedia. Si la qualité des précédentes modélisations GForce (impOSCAR, fait en angleterre ou Oddity, aussi réalisé par Ohmforce) n’est plus à démontrer, l’équipe française ne pouvait pas se permettre de décevoir après la sortie du MiniMoog V d’Arturia, son concurrent direct. Pour se faire, les petits plats ont été mis dans les grands et comme il ne saurait y avoir de bonne modélisation sans bon modèle, GForce s’est d’abord attaché à choisir le meilleur MiniMoog qui soit pour réussir son projet (pour ceux qui ne le sauraient pas, en matière de synthé analogique, il existe en effet de grandes différences sonores d’un exemplaire à l’autre, dues à leur fabrication d’une part mais aussi à la façon dont ils ont vieilli).
Mais revenons un peu en arrière et aux premiers modèles présentés à l’AES en 1970. Rappelez vous, les premières séries produites par la société R.A.Moog… Les composants utilisés pour la fabrication des oscillateurs étaient alors les mêmes que pour les modulaires (utilisation d’une source courante exponentielle et un transistor d’unijonction pour produire une forme d’onde en dent de scie). A cause de leur instabilité notoire liée à la température, combinée avec la richesse harmonique des transistors d’unijonction, le son de ces modèles reste à ce jour considéré comme le plus épais par les puristes.
Pour des raisons de coût, ces composants furent par la suite remplacés par d’autres, moins chers, à partir du premier millier fabriqué. Evidemment, la chose ne fut pas sans incidence sur le son et le comportement de la machine (filtre entrant en auto résonance plus tard, enveloppe moins vive…). Or, la bonne idée de GForce fut de modéliser l’un des premiers modèles de MiniMoog, devenus aujourd’hui très rare.
La mauvaise, c’est que la plus grande partie (env. 9000 pièces) des MiniMoogs d’époque (dont le mien) sont des modèles D, modifiés et fabriqués dès 1972 sous licence Moog Music Inc. Il devient donc ardu de comparer une vraie machine avec le soft, celle-ci étant très rare. Pour ce faire il m’a fallu chercher à l’oreille les réglages sur mon MiniMoog qui me permettraient d’obtenir des équivalences…
Les photos illustrant cet article proviennent de l’excellent site The Lord of the Mini, qui retrace l’histoire du MiniMoog.
Du Moog au Monsta
C’est bien connu, un petit tableau vaut mieux qu’un long discours. Voici donc l’essentiel des caractéristiques présentes sur l’instrument original et qui ont été reprises sur sa réplique logicielle.
Fonctions |
Moog MiniMoog
|
GForce MiniMonsta
|
Année de sortie |
1971
|
2005
|
Machine |
Synthétiseur analogique
|
Plug’in VST,RTAS, Audio Unit et application Stand Alone
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Type de synthèse |
Soustractive
|
Modélisation physique
|
Polyphonie |
1 voix
|
Illimitée
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Oscillateurs |
3 VCO (6 formes d’ondes).Commutateur et volume pour chaque.
|
Idem
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Filtres |
1 filtre passe bas 24dB/oct 4 pôles
|
Idem
|
Modulations |
2 enveloppes ADS VCA (Loudness) / VCF (Decay / Release par commutateur
|
Idem
|
LFO |
1 par commutation du 3ème VCO en basse fréquence
|
Idem
|
Bruit blanc |
Oui, par commutateur
|
Idem
|
Bruit rose |
Oui, par commutateur
|
Idem
|
ADSR |
2 ADS, Release par commutateur
|
Idem
|
Clavier |
Oui, 44 notes
|
Virtuel, C-1/C10
|
Effets |
Non
|
Oui, un délai intégré
|
Mode de jeu |
Legato, priorité à la note haute, l’enveloppe n’est pas re-déclenchée…
|
Poly, Mono, Legato, Unison
|
glide |
Oui, Par commutateur (durée réglable)
|
Idem
|
MIDI |
Non
|
Oui
|
Pitch-bend |
Oui par molette
|
Idem
|
Modulation |
Oui par molette
|
Idem
|
Entrées audio |
1
|
1
|
Entrée CV/GATE |
3 sur le VCO,VCF, VCA
|
Non
|
Sorties Audio |
3 (High/Low et sortie casque avec volume indépendant)
|
Stéréo
|
Accordeur |
Oui, par générateur de 440Hz commutable
|
Non
|
Mémoires |
Non
|
Illimitées
|
Cote |
De 1800 à 3000 euros selon état et modèle
|
199 € (Prix public)
|
Mais au delà de ce comparatif de caractéristiques, c’est sur la qualité de modélisation des filtres et oscillateurs qu’il va faloir juger de la pertinence du Minimonsta. Ce faisant, nous allons d’ailleurs voir que ce dernier s’est permis quelques originalités vraiment intéressante par rapport à son modèle.
Le Minimonsta
L’interface graphique du logiciel reproduit de manière assez précise celle du MiniMoog bien qu’elle reste un peu austère de par ses couleurs sombres et sa petite taille. A l’instar de l’Arturia, on aurait pu trouver le panneau supérieur rétractable pour gagner de la place… A quand également les possibilités de zoom sur certaines régions ? Messieurs les développeurs, je vous en prie…
Comme sur l’entrée audio de l’originale on peut transformer le Minimonsta en MoogerFooger (filtre software(Mac)/hardware Moog) en routant le son d’une piste audio de votre séquenceur favoris (dans le cas de la version « stand alone » on routera une entrée audio) sur l’entrée « side chain » du plug et en triggant à partir du clavier de contrôle.
Votre piste se transforme en oscillateur, il suffit alors de couper ceux du Minimonsta, d’enclencher « external input volum » et de tourner les potars, et on profite de la résonance en plus ! En effet sur le hardware, seul le cut off avait une action…
Pour la ré-injection du signal du MiniMonsta, on commutera avec le potard « feedback » sur la position « on ». On dispose également des molettes de pitchbend et modulation ainsi que des commutateurs de glide et decay/release, mais on y trouve en supplement un réglage d’amplitude pour le bend (de 2 à 24 ½ tons) et un bouton de tenue de note « hold », se substituant à la fonction de pédale de sustain.
L’interface du logiciel comporte bien sur d’autres sections supplémentaires, absentes sur l’original, comme un delay stereo par exemple. Ses paramètres sont simples (taux d’injection, feedback, retard Droite/Gauche lié, malheureusement…) mais le son très vintage : on regrettera seulement l’effet « analogique » de pitch lorsqu’on modifie les valeurs temporelles.
Un potard de volume et un potard de panoramique, stéréo oblige, achève de compléter la section « outpout »…
Au centre, on trouve un gestionnaire de patch très pratique, dont on peut faire varier la taille (bravo !) et qui permet de charger/sauver/classer vos créations en un clic de mulot dans les dossiers et endroits de votre choix.
Cependant, là où le MiniMonsta fait plus fort, c’est bien dans la puissance de sa matrice de modulation, qui permet de sortir du côté émulation stricte pour transformer ce bon vieux Moog en vrai synthé du troisième millénaire.
Détaillons un peu tout cela au travers des 4 sections du haut de l’interface :
Section LFO
C’est tout simplement le véritable LFO supplémentaire qui pouvait manquer à la machine d’origine (il fallait condamner le LFO 3 à cette tâche…). Il fonctionne de la manière suivante: on clique sur un potard, le paramètre s’affiche dans la fenêtre d’édition principale « main edit », avec sa valeur courante.
A gauche on règle les paramètres .On dispose de 10 formes d’ondes, modulables par 6 paramètres pilotés par des sliders verticaux. Amplitude,Temps,Retard, modulation par S&H,lissage, % de synchronisation au déclanchement du son.
Deux boutons « copy » et « past » suivent pour le copier/coller des valeurs pour moduler un paramètre de la même façon qu’un autre sans se retaper les réglages au mulot:pratique!On regrettera juste un bouton de reset (initialisation des 6 paramètres en même temps), ceci dit il suffit de copier et de coller un ensemble de valeurs nulles pour arriver au même résultat…
Seuls les paramètres continus du MiniMonsta sont pilotables par cette matrice et dès qu’un slider est engagé, un rétro-éclairage bleu entoure le potard de la fonction concernée : pratique et esthétique !…
Section XADSR
C’est une super enveloppe 5 paramètres (Attack, Decay, Sustain, Temps de Sustain, Release) réglable en taux et sensible à la vélocité par deux potards et assignable à chaque paramètre du Mini, de la même manière que le LFO : bonjour les possibilités de réaction différentes !…
Section MIDI
C’est la section où l’on peut relier chaque paramètre à un contrôleur MIDI de son choix. On sélectionne un paramètre dans la fenêtre « parameter name » et on lui attribue son contrôleur dans la fenêtre « Midi source ».
Dans la fenêtre « modulation preset » il est encore possible de moduler les valeurs données par le contrôleur MIDI par des fonctions de son choix ou de les router vers d’autres contrôleurs… Des courbes d’actions dans la fenêtre « curve » et un potard d’intensité viennent compléter la manière dont les contrôleurs MIDI agissent sur les paramètres qu’ils commandent…
A ce sujet, il faut bien penser à tourner dans un sens ou dans l’autre ce potar réglé de base sur une valeur nulle, si vous compter entendre une quelconque influence de votre contrôleur MIDI. La commutation se signale d’ailleurs par un rétro-éclairage rouge, cette fois-ci, de la fonction contrôlée… Signalons la présence d’une touche « Midi Panic » au cas ou votre Pentium 200 MMX sous Windows 95 viendrait à s’emballer…
Section SETTINGS
Cette section « Réglages » est destinée aux différents modes de jeu, aux voies de polyphonie affectées, au réglage du tempo et unité de découpage rythmique, ainsi qu’au réglage du canal MIDI global.
Les différents modes proposés sont les suivant :
- Un mode « mono » avec re-déclénchement des enveloppes.
- Un mode « polyphonique » qui transforme en théorie votre MiniMonsta en MemoryMoog (Sauf qu’entre la théorie et la réalité…).
- Un mode « legato » comme la machine d’origine, avec double priorité note haute et basse sans re-déclenchement d’enveloppe.
- Un mode « unison » avec un potar de « detune » des oscillos qui lui donne des airs de MemoryMoog (mais mono, hein…) tellement le son est énôôrme ! Miam !!!
My Moog is Melohman
Si toutes les nouveautés déjà évoquées suffisent déjà à donner un bon coup de jeune au vénérable MiniMoog, c’est peut-être en intégrant le système Melohman qu’Ohmforce a le plus fait évoluer l’instrument.
Déjà utilisée pour l’excellent synthé granulaire Symptohm, la technologie Melohman consiste à neutraliser une octave du clavier MIDI (soit douze touches) pour l’assigner au contrôle de divers paramètres ou faire du morphing de presets.
Une série de 12 réglages de position/modulation du panneau de contrôle entier peut en effet être sauvegardée à l’aide du pavé numérique présent sur la droite, juste en dessous de l’enveloppe du VCA (« Loudness Contour »). On clique dans le champ du nom pour renommer, on clique sur « MEM » pour se mettre en mode écriture, et enfin sur un des boutons du dessous, correspondant au mémoires utilisateur pour sauvegarder vos réglages.
Chacune correspond à une touche du clavier inversé comme les presets sur un B3 (touches noires à la place des blanches…) présent à gauche du clavier de l’interface.
Cette octave Melohman a une position régie par le potard « octave » situé à droite, qui va de C-1 à C8. Il suffit alors de rappeler les mémoires de patches dans n’importe quel sens en pianotant main gauche sur cette octave tout en jouant ses lignes de la main droite. Pas besoin de quitter le clavier des mains donc, même pour faire les pires modulations, ce qui est parfaitement impossible à réaliser sur un MiniMoog hardware, à moins d’être un poulpe géant… Et sachez que la vélocité est prise en compte : le passage d’un presets à l’autre se fait par un morphing qui sera plus ou moins progressif selon que vous avez pressé les touches avec force ou douceur.
Mais ce n’est pas tout, car l’octave Melohman permet bien plus de choses encore qu’un « simple » morphing de patchs. Son comportement est en effet défini par plusieurs modes (toujours à droite du clavier), sélectionnables par le bouton « mode » et une enveloppe (« time ») réglée sur l’horloge du séquenceur hôte (subdivision du tempo défini par le séquenceur dans la version plugin ou par vos soins dans la stand alone) dans la section « settings »(tout en haut) qui gère le temps d’action de ceux-ci.
Les différents modes sont :
Morphing : les paramètres du patch prennent la valeur de la mémoire lors de l’enfoncement et reste à cette valeur lors du relâchement de la touche.
|
Morph Back and Fourth : Al’enfoncement de la touche les paramètres du patch prennent la valeur des paramètres mémorisés, puis retournent à leur valeurs courantes lorsqu’on relâche la touche.La vitesse de passage d’une mémoire à l’autre ou aux valeurs courantes se règle avec le potard « time »(exprimé en fraction de durée de tempo du séquenceur hôte).
Morph Sequence : chaque touche fait défiler une série de mémoires à la vitesse réglée par « time »
comme les pas d’un séquenceur analogique classique, par exemple :
C:1–3
C#:1–3–5
D:1–3–5–6
D#:1–3–5–6–8–10
E:1–2–3–4–5–6–7–8
F:1–12
etc.
Mutate : si vous voulez faire varier aléatoirement en nombre et en intensité, un ensemble de paramètres. Création assurée avec ce mode qui devrait ravir les sound designers de l’extrême…
Partial mutate : Si vous voulez faire varier aléatoirement et indépendamment certaines sections du board comme le filtrage, les réglages d’oscillos, etc. Les variation sont évidemment moins brutales…
Bien pensé, proposant une foule d’améliorations par rapport à l’original, le Minimonsta a tout du MiniMoog de rêve. Reste à juger maintenant du degré de fidélité à son ancêtre de légende.
Comment ça sonne ?
Comparons les qualités essentielles de la bestiole en vis à vis de l’original et de son principal rival.
Filtre :
Le filtre étant modélisé sur les première série du modèle D, il n’a pas grand chose à voir avec celui de mon MiniMoog modèle D n°8226 dans la graduation des paramètres : à réglage de patch égale, on obtient des valeurs plus élevées sur le « cutoff »(fréquence de résonance), l’"emphasis"(le Q) et l’"amount of contour"(le taux d’enveloppe) .
Cependant il est possible de se rapprocher d’un patch fait sur le mien de manière suffisamment équivoque pour se laisser aller au rêve, comme vous l’entendrez un peu plus loin… En réalité, ce que Ohmforce à bien su faire c’est un filtre de Minimoog, très « fatty » et pêchu, ce qui est la caractéristique essentielle du Mini.
A patch égal, le son est plus éloigné que le travail d’Arturia sur le Minimoog V, qui semble avoir été modélisé sur une série comme la mienne… Il sait reproduire le « gras » analogique qui faisait souvent défaut dans ce genre de produit il y a peu (cf. le Modèle E de Steinberg par ex.), mais aussi les valeurs des paramètres de mon modèle D, ce qui est appréciable…
En revanche là où l’Arturia s’arrête (manque de précision dans les aigus, donc perte de pêche), le filtre du Minimonsta prend toute sa dimension: le son est là jusqu’au bout, les enveloppes et le filtre gras permettent comme sur le vrai d’arracher des basses énormes comme de ciseler des leads précis et cristallins …
Ex : MinimonstaFilter.wav et RealMoogFilter.wav
Ici je donnerais MiniMoog et MiniMonsta ex-aequo. L’Arturia est loin derrière…
Oscillos :
Voici les trois exemples pour l’onde rectangulaire, avec le glide en plus, à réglages de patch équivalent. Je vous laisse juges…Sachant que le MiniMonsta est assez éloigné pour les raisons que l’on connaît.
Ex : ArturiaGlideSquare.wav – MiniMonstaGlideSquare.wav – RealMoogGlideSquare.wav
Je donnerais 1er la vraie machine, l’Arturia en 2, puis le MiniMonsta.
Enveloppes :
Plus rapides sur les valeurs courtes et moins longues sur les valeurs max. pour le MiniMonsta, intermédiaires sur l’Arturia, et très longues sur la vraie machine.
Ex : EnveloppeMaxSawArturia.wav – EnveloppeMaxSawMinimonsta.wav – EnveloppeMaxSawRealMoog.wav
Patch :
Ce qui marque, c’est la ressemblance saisissante : ici j’ai réglé le Moog pour obtenir au plus près le même type de sonorité, les valeurs des paramètres n’ont bien sur rien à voir…
Le premier son est le MiniMonsta, le second la vraie machine…
Ex : switchMiniMonsta&Real.wav
A patch égal, on obtenait ceci sur le MiniMonsta…
Je n’ai pas réussi à obtenir le même résultat avec l’Arturia, le filtre n’étant pas à la hauteur, il est donc absent de ce test… Vraie machine et MiniMonsta sont ici quasi-identiques !…
In the Mix :
Voici enfin 3 exemples d’intégration dans l’interprétation d’un solo, avec un son lead, à patch égal, dans une section instrumentale. Les synthés virtuels sans processing (compresseurs, filtres, ect…) s’enfoncent pour la plupart dans les mixes, par effet de masque ou à cause d’un filtre pas assez efficace. Il faut bien admettre ce problème de punch à l’écoute d’un virtuel mixé, alors que le synthé tout seul, nous paraissait énorme et pèchu.
Ici je donnerais le MiniMonsta devant l’Arturia. Enfin, je vous laisse seuls juges mais pour ma part, la machine originale reste la plus vivante…
Ex: ArturiaMix.wav – MinimonstaMix.wav – RealMix.wav
NB : le fichier midi est le même pour tout le monde, pour le MiniMoog, il est traduit en cv/gate par un Kenton…
Verdict
Mon humble avis après ces tests : MiniMoog 20/20, MiniMonsta 18/20, MiniMoog V 15/20.
Pour en finir avec tout type de polémiques sur le sujet, je suis convaincu qu’une émulation, si fidèle et convaincante soit-elle, n’apportera jamais le plaisir procuré par un vieux coucou analogique. En effet, un instrument n’est pas qu’un son, mais un outil, un vecteur de l’alchimie qui s’établit entre la manière que peut avoir le musicien d’en jouer, sa lutherie et le son qui doit alors en sortir. Bref, le rapport physique à l’instrument est, selon moi, un élément essentiel dans la sensibilité d’une interprétation.
Reste qu’avec les performances du MiniMonsta, on est en droit de penser que la modélisation est à son apogée. Fidèle à son glorieux inspirateur, le synthé d’Ohmforce a en outre le bon goût d’innover et, au moyen de quelques ajouts bien sentis (octave Melohman, matrice de modulation), il parvient à tirer le son typé Moog vers des horizons neufs. De fait, si l’aspect émulation du plug-in laissera peut-être indifférent les heureux possesseurs d’un Modèle A, ils pourraient bien acheter le logiciel rien que pour les possibilités qu’il offre en terme de Sound Design.
Le clonage des vielles machines reste enfin une chose passionnante d’un point de vue éducatif, car bon nombre de musiciens ont rêvé d’un Moog sans jamais pouvoir en toucher un. Avec le MiniMonsta, il se payent une petite part d’histoire, et un moyen d’acquérir de bonnes bases sur la synthèse et le son en général… A moins de 200 €, il paraît donc difficile de faire mieux…
[+] Choix d’un modèle A comme base de travail.
[+] Qualité de la modélisation, en particulier celle du filtre qui surclasse la concurrence.
[+] Ergonomie bien pensée.
[+] Le son !
[+] Matrice de modulation et octave Melohman décuplant les possibilités sonores de l’engin.
[+] La possibilité d’entrer de l’audio dans le filtre.
[+] Le prix très agressif.
[-] Une émulation de MiniMoog ne sera jamais un MiniMoog.
[-] Pas de panneau rétractable.
[-] Pas aussi à l’aise dans le Mix qu’un vrai MiniMoog.
Merci à MoogFighter pour nous avoir permis d’utiliser certaines des illustrations issues du site The Lord of the Mini