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Test du M de Waldorf - Le Maître de la table

8/10

Combinant une grande partie des fonctionnalités des Microwave 1 et 2, le M rassemble tables d’ondes numériques et filtres analogiques en un module généreux couvert de commandes. Fera-t-il oublier ses célèbres ancêtres hybrides ?

Test du M de Waldorf : Le Maître de la table

M_2tof 03.JPGEn 1989, la société Waldorf fait une entrée remarquée dans le monde de la synthèse, avec un petit module en rack 2U aussi sobre qu’in­tri­gant : le Micro­wave. Basé sur les tables d’ondes mises au point par Wolf­gang Palm dans les PPG Wave et des VCF/VCA signés Curtis, le synthé remet au goût du jour une synthèse très promet­teuse mais pas forcé­ment facile à appré­hen­der. On aime ou on n’aime pas, mais les textures évolu­tives qui s’en dégagent ont un côté envoû­tant, voire hypno­tique. Pas très gâté au plan des commandes, le Micro­wave passe en version 2 et perd au passage la partie analo­gique au profit d’un moteur entiè­re­ment numé­rique. Les tables peuvent enfin inter­agir et plusieurs filtres sont combi­nés, ce qui étend la pano­plie sonore tout en procu­rant un son plus propre. La version XT ajoute les commandes directes qui manquaient cruel­le­ment, ce qui en fait un synthé très recher­ché aujour­d’hui.

Un quart de siècle plus tard, la firme alle­mande, qui a entre­temps connu quelques péri­pé­ties busi­ness, est reve­nue au top avec le magni­fique Quan­tum, le must des synthés hybrides. Il est décliné en version entiè­re­ment numé­rique, l’Iri­dium, venant complé­ter une gamme deve­nue très hété­ro­clite, compo­sée de modules, petits analo­giques, moyens numé­riques, string machines modé­li­sées, gros numé­riques et logi­ciels… En 2021, Waldorf a annoncé un nouveau synthé hybride à tables d’ondes : le M. Est-il le digne succes­seur de la série Micro­wave ? Des PPG Wave ? Voyons tout cela avec un modèle en version 1.07.

 

Black and blue

Le M est un module clas­sieux, aux maté­riaux nobles et à l’es­thé­tique soignée. La façade est noire et bleue, les capu­chons des rota­tifs sont origi­naux, tout comme l’ar­ran­ge­ment des modules en tuiles hété­ro­gènes. La coque est tout en métal rigide et les côtés profi­lés placés légè­re­ment en retrait en compo­site souple, d’où les 5,7 kg pour 44 × 31 cm. Les commandes sont assez nombreuses et large­ment dimen­sion­nées : 23 enco­deurs, 20 poten­tio­mètres, 19 pous­soirs et un écran OLED couleur très lisible aux graphismes très soignés. La prise en main n’en est que plus agréable, avec des détails ergo­no­miques appré­ciables : 2 enco­deurs doubles pour sélec­tion­ner à la fois la table d’ondes (anneau cranté) et l’in­dex de lecture (centre lisse), diffé­rents boutons pous­soirs pour sélec­tion­ner les modules à éditer via le menu, un enco­deur-pous­soir pour navi­guer dans les diffé­rentes pages d’un module, 4 enco­deurs pous­soirs cran­tés contex­tuels pour éditer 4 para­mètres dans chaque page (en rangée infé­rieure), moyen­nant un petit travail psycho­mo­teur car ils sont déca­lés, l’écran étant moins large. Tiens, Waldorf a prévu les fonc­tions Init/Recall/Random, tant mieux ! Mais pas Compare, tant pis !

Le M est un module clas­sieux, aux maté­riaux nobles et à l’es­thé­tique soignée


M_2tof 01.JPGUn dernier enco­deur pous­soir permet de faire défi­ler / sélec­tion­ner les programmes Single / Multi, avec bouclage au sein d’une même banque (128->1 – 1<-128), merci. En mode de char­ge­ment direct, le défi­le­ment est un peu lent et éteint parfois l’écran, heureu­se­ment qu’on a la touche Shift pour augmen­ter le pas et deux touches pour appe­ler les 16 banques (oui, 16 × 128 sons !). Tout n’est pas idéal, car les 4 enve­loppes partagent leurs commandes. Fort heureu­se­ment, ce sont des enco­deurs (lisses), donc aucun problème de saut de valeur (pas de repère visuel non plus, mais l’écran vient à la rescousse, avec valeurs et courbes affi­chées en temps réel). On regrette aussi que certains para­mètres cruciaux ne soient pas en façade et néces­sitent de passer par le menu, même si cela va très vite. Bref, il a fallu faire des choix dans la pléthore de para­mètres de synthèse dispo­nible et Waldorf a été assez caté­go­rique.

La connec­tique, géné­reuse et vissée, occupe une bonne partie de l’ar­rière du module : sortie géné­rale gauche / droite (jacks 6,35 TS), 4 sorties sépa­rées stéréo (jack 6,35 TRS), sortie casque (jack 6,35 TRS, avec petit poten­tio­mètre de volume séparé), trio Midi DIN, prise USB 2 type B (Midi unique­ment, dommage !), lecteur de carte SD (archi­vage des programmes, import de tables d’ondes, mise à jour du système) et connec­teur mini-DIN pour l’ali­men­ta­tion externe, type bloc central 12V/3A (argh, sur un synthé de cette trempe). On salue les nombreuses sorties, mais on regrette l’ab­sence d’en­trée audio. Sur le fond du boitier, on remarque 4 file­tages permet­tant de fixer l’unité sur un support à la norme VESA, bien vu, puisqu’il n’est pas rackable. Le M peut égale­ment rece­voir une carte d’ex­ten­sion interne, portant la poly­pho­nie de 8 à 16 voix. On ignore encore tout de cette carte, dispo­ni­bi­lité et tarif. Elle s’em­bro­chera vrai­sem­bla­ble­ment sur les deux connec­teurs rouges qu’on aperçoit sur la carte mère, ce qui ne devrait pas poser de problème d’ins­tal­la­tion par l’uti­li­sa­teur. A suivre…

Retour aux sources

M_2tof 06.JPGLe M est un synthé poly­pho­nique 8 voix (exten­sibles à 16) et multi­tim­bral sur 4 parties, chacune béné­fi­ciant de sa sortie sépa­rée stéréo, c’est plus que luxueux et suffi­sam­ment rare de nos jours pour être souli­gné. Le niveau de sortie est très élevé, on sent la qualité des conver­tis­seurs, il faut souvent réduire les diffé­rents volumes internes pour ne pas coller les vumètres ou bargraphes. Pas de bruit de fond à l’ho­ri­zon, on sent que le soin a été apporté dans la concep­tion des circuits, en parti­cu­lier la partie analo­gique qui prend le relai des géné­ra­teurs numé­riques à partir du second filtre. La mémoire interne tota­lise 2.048 programmes Singles et 128 Multi, tous réins­crip­tibles. La moitié des programmes simples est occu­pée par la banque d’usine, élabo­rée par de nombreux déve­lop­peurs qui ont œuvré pour Waldorf à travers les temps. Ainsi, on retrouve des sons de PPG Wave 2.3, Micro­wave, Micro­wave 2, en plus de banques origi­nales.

Ce sont plus de 40 ans d’his­toire de la table d’ondes outre-rhinoise qui sont rassem­blés dans ce module.

D’ailleurs, le M est direc­te­ment compa­tible avec les programmes et banques de Micro­wave, qu’il ingère goulu­ment via Sysex.
Après, au plan quali­ta­tif, c’est aussi une affaire de goût, comme le design de la machine : étant proprié­taire des synthés origi­naux, c’est avec une certaine émotion que nous en retrou­vons certains programmes emblé­ma­tiques, mais aussi les pires. C’est donc une livrée à qualité inégale qui nous est propo­sée ; tant mieux, on va pouvoir faire les nôtres, il reste plein de place pour les stocker sans avoir à se prendre la tête pour savoir où les mettre. Concer­nant les Multi, Waldorf nous grati­fie de seule­ment 8 programmes, sérieux là… Sans surprise, le M est à l’aise dans les textures hybrides évolu­tives, les orgues ruti­lants, les voix éthé­rées, les basses métal­liques, les grosses synchro. Tout ce qui a fait la gloire de PPG et Waldorf. Ce sont plus de 40 ans d’his­toire de la table d’ondes outre-rhinoise qui sont rassem­blés dans ce module. Compa­ra­ti­ve­ment au PPG Wave, il n’a pas le côté cracra des géné­ra­teurs numé­riques mais le filtre – donc la colo­ra­tion sonore – est assez proche. A côté du Micro­wave (1A), on retrouve une filia­tion certaine dans les tables d’ondes (mode clas­sique) mais la colo­ra­tion du filtre est diffé­rente, surtout quand on pousse la réso­nance. Comparé au Micro­wave 2 enfin, le filtre analo­gique du M répond de manière beau­coup plus douce avec une réso­nance plus maîtri­sée, mais les filtres numé­riques du Micro­wave 2 apportent plus de variété (en atten­dant une mise à jour système qui devrait ajou­ter les trois filtres manquants) ; le son du Micro­wave 2 semble aussi plus large et géné­reux, notam­ment grâce aux effets internes que n’a pas le M.

M_1audio 01 Intro Wave
00:0000:38
  • M_1audio 01 Intro Wave00:38
  • M_1audio 02 Pluck Hybrid00:38
  • M_1audio 03 2144 Action00:47
  • M_1audio 04 Rich M00:43
  • M_1audio 05 Table Basse00:50
  • M_1audio 06 Choir Wave00:54
  • M_1audio 07 Church Time00:38
  • M_1audio 08 Arped Pulse00:55
  • M_1audio 09 PPG 7a00:24
  • M_1audio 10 PPG Dual00:49

 

Tables à rallonge

M_3capture 01.JPGLe M est un synthé hybride utili­sant des tables d’ondes numé­riques passées dans un VCF et un VCA. Chaque voix est produite par deux géné­ra­teurs de tables d’ondes, chacun pouvant utili­ser une table indé­pen­dante (un gros progrès par rapport à la série Micro­wave qui utili­sait une table unique pour les deux géné­ra­teurs), un bruit rose et une modu­la­tion en anneau des deux géné­ra­teurs. Le signal est ensuite mixé et passé dans un premier filtre numé­rique, puis converti en analo­gique pour attaquer le VCF multi­mode et le VCA stéréo. Dans chaque géné­ra­teur, on commence par sélec­tion­ner la table d’ondes parmi les 128 tables dispo­nibles (96 en Rom et 32 en Ram, à créer via un logi­ciel externe, hélas non fourni, puis à impor­ter via la carte SD, une mani­pu­la­tion un peu fasti­dieuse), puis la posi­tion initiale de lecture. Chacune compte 64 ondes courtes chai­nées les unes aux autres, consti­tuant 64 indexes.

Ce point de lecture est modu­lable par une enve­loppe dédiée, la vélo­cité, le suivi de clavier et deux sources assi­gnables (contrô­leurs physiques, modu­la­tions, CC Midi), ce qui fait l’ori­gi­na­lité de ce type de synthèse. La première source dispose d’une modu­la­tion laté­rale. On peut aussi régler la phase d’onde. Tradi­tion PPG/Waldorf, dans chaque table, les trois dernières ondes sont toujours des triangle / carré / dent de scie, afin de faci­li­ter la program­ma­tion quand on cherche une onde basique. Un astu­cieux réglage permet de contraindre l’éten­due de lecture aux 64 ondes, aux 61 premières ondes ou aux 3 dernières. Par contre, il n’y a pas de réglage de tran­si­tion ente les ondes, comme certains concur­rents le permettent. Les 96 tables four­nies intègrent les tables des PPG et Micro­wave : PWM, FM, cloches, orgues, voix, spectres, bruits… On peut les accor­der par octave, demi-ton et 64ème de demi-ton. Le pitch peut être modulé par deux sources (l’une avec modu­la­tion laté­rale, l’autre avec quan­ti­fi­ca­tion) et le porta­mento (linéaire ou expo­nen­tiel). Il peut aussi être figé (utile en synchro d’os­cil­la­teurs).

Il n’y a pas de réglage de tran­si­tion ente les ondes, comme certains concur­rents le permettent.

Klas­sisch oder modern ?

M_2tof 16.JPGLe M est capable de simu­ler le fonc­tion­ne­ment du Micro­wave (mode « clas­sique ») et du Micro­wave 2 (mode « moderne »). En mode clas­sique, le filtre anti-alia­sing est débrayé et on retrouve le côté brut 8 bits de l’an­cêtre (buzz, alia­sing…). Le compor­te­ment spéci­fique des ASIC du Micro­wave peut être activé, produi­sant un son métal­lique agres­sif quand les volumes des oscil­la­teurs dépassent une certaine limite. On peut égale­ment rempla­cer la table d’ondes de second oscil­la­teur par un échan­tillon PCM (une « tran­si­tion » en langage PPG Wave­term, un module de sampling qui pouvait être asso­cié au PPG Wave pour ajou­ter l’échan­tillon­nage), avec réglages des points de lecture, points de bouclage et sens de lecture. Il y a 64 empla­ce­ments pour impor­ter ces tran­si­tions (65K maxi, format WAV 16 bit/22kHz mono), la mani­pu­la­tion est très fasti­dieuse. Le construc­teur indique les banques Wave­term conver­ties par Hermann Seib comme bon point de départ.

Pour finir avec le mode clas­sique, signa­lons qu’on ne peut ni synchro­ni­ser les oscil­la­teurs ni les modu­ler en anneau.
En mode moderne, la réso­lu­tion des ondes est à la base de 16 bits. On peut toute­fois réduire le facteur de qualité jusqu’à 2 bits (!), pour un son aussi crado que mécon­nais­sable. On béné­fi­cie cette fois des inter­ac­tions des oscil­la­teurs (synchro et modu­la­tion en anneau), comme sur le Micro­wave 2. La quan­tité de modu­la­tion en anneau peut être modu­lée par une source au choix, avec modu­la­tion bipo­laire. Lorsqu’on est en mode Multi, seule la première partie peut utili­ser le mode moderne, vrai­sem­bla­ble­ment très gour­mand en calculs, les trois autres devront se conten­ter du mode clas­sique. Là où le système pour­rait progres­ser, c’est dans les menus qui proposent tous les réglages quel que soit le mode en cours, ce qui peut désta­bi­li­ser puisque certains sont inopé­rants selon le mode dans lequel on se trouve.

Filtres en série

M_2tof 15.JPGLes deux oscil­la­teurs, le bruit et la modu­la­tion en anneau (unique­ment en mode « moderne ») sont ensuite dosés dans un mélan­geur numé­rique. Un volume au-delà de 70% produit une satu­ra­tion légère dans le VCF, appor­tant un peu de chaleur dans ce monde métal­lique. Le niveau de chaque géné­ra­teur sonore est modu­lable par une source au choix, avec quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. Le signal ainsi sommé passe en premier lieu dans un filtre numé­rique multi­mode réso­nant. En mode clas­sique, on trouve les modes passe-bas, passe-bande et passe-haut 2 pôles, avec réso­nance douce, non auto-oscil­lante et réglage de compen­sa­tion de réso­nance. La fréquence de coupure est limi­tée à une bande passante de 10Hz-10kHz. En mode moderne, s’y ajoutent la plupart des filtres du Micro­wave 2 : réjec­tion 2 pôles, passe-bas 4 pôles, passe-bande 4 pôles, passe-haut 4 pôles, réjec­tion 4 pôles, sinus Wave­sha­per + passe-bas 2 pôles, double passe-bas/passe-bande 2 pôles et coupe-bande 2 pôles (réjec­tion à largeur de bande réglable). La fréquence de coupure peut être modu­lée par l’en­ve­loppe de VCF, le suivi de clavier et deux sources assi­gnables, la première avec modu­la­tion laté­rale. Ce filtre, absent du cahier des charges à l’ori­gine, a été ajouté et amélioré en cours de route par les déve­lop­peurs ; Ils prévoient même d’ajou­ter les trois filtres manquants du Micro­wave 2 dans une future mise à jour du système, parti­cu­liè­re­ment origi­naux (sinus>passe-bas, filtre FM et S&H>passe-bas), bravo pour cette écoute clients atten­tive ! Ce filtre numé­rique devenu sophis­tiqué est un bon complé­ment au VCF que l’on va retrou­ver juste après la conver­sion du signal en analo­gique, qui le restera ensuite jusqu’au bout de la chaine (ce qui signi­fie que le routage série des filtres est fixe).

Le VCF est généré par un circuit inté­gré SSI2144 (inspiré du SSM2044 qui équi­pait notam­ment les PPG Wave 2.2 et 2.3, donc de compor­te­ment diffé­rent de celui du Micro­wave 1 qui utili­sait des VCF+VCA CEM3389 puis CEM3387). Il s’agit d’un filtre passe-bas réso­nant 4 pôles en échelle, capable d’en­trer en auto-oscil­la­tion. La réponse en fréquence est douce, lisse, impec­cable. La fréquence de coupure est modu­lable par l’en­ve­loppe, la vélo­cité, le suivi de clavier et deux sources assi­gnables dont la première offre une modu­la­tion laté­rale. La réso­nance est égale­ment modu­lable par une source assi­gnable, merci. Nous lui trou­vons toute­fois moins de carac­tère (colo­ra­tion) que le SSM2044 qui équipe certains synthés du studio (Wave 2.3, Poly­six et K3m). Toute­fois, il fonc­tionne très bien avec les ondes numé­riques du M et est réglé pour satu­rer quand on pousse les niveaux dans le mixeur. Il n’est pas compensé, donc pous­ser la réso­nance écrase les basses, clas­sique. En sortie de VCF, le signal passe dans le VCA stéréo final, généré par un circuit SSI2164. Il est modu­lable par une enve­loppe, la vélo­cité, le suivi de clavier et deux sources assi­gnables, la première équi­pée d’une modu­la­tion laté­rale, comme pour le VCF. Le pano­ra­mique est égale­ment réglable et modu­lable par une source assi­gnable, super !

Modu­la­tions souples

Les synthés Waldorf sont toujours bien dotés en matière de modu­la­tions. Le M n’échappe pas à la règle. Nous avons vu qu’il fonc­tion­nait sous le prin­cipe des desti­na­tions plutôt qu’une page réser­vée à une matrice de modu­la­tion, ce qui le rend facile à confi­gu­rer. Dans chaque module, une ou plusieurs pages sont réser­vées à l’as­si­gna­tion des desti­na­tions de modu­la­tions pour les para­mètres dispo­nibles. On a vu cela en détail pour les tables d’ondes, les pitchs, les niveaux, les filtres, le volume et le pano­ra­mique. A chaque para­mètre, une liste dérou­lante de sources est propo­sée. Il suffit d’en choi­sir une, parfois une seconde source laté­rale (même liste) et de régler la quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. Rien de plus simple !


M_2tof 14.JPGLes sources sont compo­sées de contrô­leurs physiques (pitch­bend, modu­la­tion, numéro de note, vélo­cité initiale, vélo­cité de relâ­che­ment, pres­sion, pédales), modu­la­teurs calcu­lés (LFO, LFO global, enve­loppes, min, max, inver­sion, aléa­toire posi­tif, aléa­toire néga­tif) et CC Midi (8 à défi­nir globa­le­ment). Détaillons les LFO : il y en a deux par voix, avec seule­ment 2 poten­tio­mètres en façade (et une petite diode de pulsa­tion), le reste se faisant par le menu. On peut régler la fréquence suivant trois modes (0,012 à 1,54 Hz – 0,1 à 15,4 Hz – 0,49 à 61,6 Hz). Les formes d’onde sont les clas­siques sinus, triangle, impul­sion, aléa­toire et S&H, avec réglages de symé­trie et huma­ni­sa­tion (carac­tère aléa­toire dans la fréquence à chaque cycle). La fréquence et l’am­pli­tude du LFO1 sont modu­lables par des sources assi­gnables. De même, le LFO1 dispose d’une petite enve­loppe délai/attaque/déclin agis­sant sur son ampli­tude et dispo­nible comme source de modu­la­tion (rien ne se perd dans le M). Le cycle des LFO peut être lié à chaque note ou libre. Le cycle du LFO2 peut être calé sur le LFO1 et déphasé. Il existe un troi­sième LFO, global, repre­nant les para­mètres du LFO2, utile pour certaines modu­la­tions globales (genre faire varier la coupure du filtre en même temps pour toutes les notes ajou­tées à un accord). La fréquence du LFO global peut être synchro­ni­sée à l’hor­loge Midi.

On termine cette section modu­la­tion par les enve­loppes, au nombre de quatre. Trois sont préas­si­gnées à la table d’ondes, aux deux VCF et au VCA, mais peuvent très bien affec­ter d’autres desti­na­tions. Les enve­loppes de VCF et VCA, de type ADSR, sont les plus simples. L’en­ve­loppe de VCF ajoute un segment de délai. Les temps et niveaux sont indé­pen­dam­ment modu­lables par des sources au choix, puis­sant. L’en­ve­loppe de table d’ondes est plus complexe, avec 8 temps et 8 niveaux. Les temps et niveaux sont globa­le­ment modu­lables par une source au choix. L’en­ve­loppe d’onde peut être bouclée entre deux points à défi­nir. La dernière enve­loppe, libre d’as­si­gna­tion, offre 4 temps et 4 niveaux. Les réglages sont iden­tiques à l’en­ve­loppe de table d’ondes, auxquels s’ajoute une boucle de relâ­che­ment, pour les amateurs de drones… Ces enve­loppes ont des ampli­tudes de temps très larges, du plus claquant au plus lent. Elles se comportent comme les deux versions de Micro­wave dans leurs modes respec­tifs clas­sique / moderne (par multi­pli­ca­tion / addi­tion de la modu­la­tion), ce qui conduit à des réponses diffé­rentes quand on bascule d’un mode à l’autre.

on est très loin des 16 arpèges simul­ta­nés du petit Blofeld !

Arpèges limi­tés

M_2tof 05.JPGLe M est équipé d’un petit arpé­gia­teur. L’ar­pège peut être joué tant que des notes sont main­te­nues, après relâ­che­ment ou sur un seul cycle, utile pour se synchro­ni­ser en live. On peut choi­sir l’ordre des notes arpé­gées : haut, bas, alterné vers le haut et alterné vers le bas. On peut aussi trans­po­ser les arpèges sur 1 à 9 octaves (!). Pour rompre avec la mono­to­nie, Waldorf a prévu 16 motifs ryth­miques qui gèrent le timing des notes, allant d’in­ter­valles régu­liers à des ryth­miques synco­pées. La vélo­cité jouée est prise en compte. Les notes arpé­gées peuvent être trans­mises en Midi. Il manque à cet arpé­gia­teur quelques fonc­tions pour­tant deve­nues clas­siques, telles que motifs aléa­toires, Ratchets, temps de Gate, swing… En mode multi­tim­bral, nous n’avons pas réussi à faire fonc­tion­ner l’ar­pé­gia­teur correc­te­ment, à part sur le canal Midi global (et encore, l’hor­loge se comporte parfois étran­ge­ment en détec­tion auto­ma­tique). Bref, le M doit encore progres­ser dans ce domaine, on est très loin des 16 arpèges simul­ta­nés du petit Blofeld !

Multi­mode à quatre

M_2tof 07.JPGLes synthés multi­tim­braux sont de plus en plus rares, parfois-même dans le haut de gamme. Il n’en est rien pour le M, qui offre quatre parties multi­tim­brales, chacune pouvant dispo­ser de ses propres sorties stéréo, comme déjà évoqué. C’est le mode idéal pour créer des arran­ge­ments complexes, Splits, empi­lages, ou utili­ser un séquen­ceur externe. Par partie, on peut mémo­ri­ser le canal Midi de récep­tion, le numéro de programme assi­gné, le volume, le pano­ra­mique, la modu­la­tion du pano­ra­mique (acti­va­tion/désac­ti­va­tion des réglages du mode programme), la sortie audio, la tessi­ture, la fenêtre de vélo­cité, la trans­po­si­tion, l’ac­cor­dage fin, la courbe de vélo­cité et l’ac­ti­va­tion simul­ta­née des réglages de VCF (pour éditer toutes les parties acti­vées en même temps).

La sauve­garde prend à chaque fois en temps fou, que ce soit pour les programmes Single ou Multi.

Les voix sont allouées par prio­rité (la partie 1 est prio­ri­taire sur la partie 2, etc.), mais on peut défi­nir une réserve de voix et auto­ri­ser le vol de voix, ce qui est utile compte tenu de la poly­pho­nie de base limi­tée à 8 voix. Il manque des réglages de filtres de contrô­leurs physiques ou Midi pour être vrai­ment complet. Pour l’édi­tion, on peut faci­le­ment passer d’une partie à l’autre avec les deux touches dédiées et éditer les programmes dans leur contexte de Multi, sans oublier d’al­ler les sauve­gar­der en mode programme, puisqu’un Multi n’en­re­gistre que les réglages des parties (dont le numéro de programme, mais pas le programme lui-même). On a 128 mémoires, cela peut paraitre peu à côté des 2.048 mémoires de programmes, mais c’est tout à fait hono­rable, d’au­tant qu’on peut archi­ver tout cela sur la carte SD. La sauve­garde prend à chaque fois en temps fou, que ce soit pour les programmes Single ou Multi.

Le M est en quelque sorte le bary­centre sonore de ses ancêtres.

Conclu­sion

M_2tof 10.JPGLe M est un synthé hybride à tables d’ondes et filtres analo­giques, héri­tier des PPG Wave et Waldorf Micro­wave, dont il reprend une bonne partie des fonc­tion­na­li­tés. Il est notam­ment capable d’im­por­ter des tables d’ondes et des samples courts. A ces concepts deve­nus des clas­siques, il ajoute la capa­cité d’uti­li­ser deux tables d’ondes distinctes par programme, ainsi qu’une combi­nai­son de filtres numé­riques et analo­giques. Ses modules sont conçus pour imiter tour à tour le Micro­wave 1 et le Micro­wave 2. Son filtre est plutôt inspiré du PPG Wave. Il ne remplace pas tous ces instru­ments à la fois. Pris indi­vi­duel­le­ment, les ancêtres ont plus de carac­tère distinc­tif à nos oreilles, chacun dans leur domaine d’ex­cel­lence. Le M est en quelque sorte le bary­centre sonore de ses ancêtres.

Toute­fois, il apporte une ergo­no­mie bien supé­rieure (seul le Micro­wave XT ne s’en tire pas trop mal en compa­rai­son), grâce à des commandes directes plus four­nies et une navi­ga­tion bien pensée, asso­ciée à un écran couleur OLED utilisé à bon escient. Mais le M (en système 1.07) doit encore progres­ser : réac­ti­vité et flui­dité de l’af­fi­chage, gestion des imports, amélio­ra­tion de l’ar­pé­gia­teur, éditeur externe pour créer les tables d’ondes utili­sa­teur. On sent que le déve­lop­pe­ment est fasti­dieux et se fait à ressources réduites, mais l’équipe est très à l’écoute des utili­sa­teurs. Le M a pas mal évolué depuis sa mise en service pour­tant récente, mais si on le prend pour ce qu’il fait à ce jour (1.07), on a déjà un très bon synthé qui ravira les amateurs du son de ses ancêtres, le plai­sir de program­mer confor­ta­ble­ment en plus.

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Notre avis : 8/10

  • Héritage sonore des PPG et Microwave
  • Modes Microwave 1 et 2
  • Deux tables d’ondes indépendantes par voix
  • Import de tables d’ondes et samples via carte SD
  • Grande souplesse dans les modulations
  • Ergonomie bien pensée
  • Ecran clair et graphismes agréables
  • Multitimbralité sur 4 parties
  • Enorme mémoire de programmes
  • Compatibilité avec les banques Sysex Microwave
  • Qualité de construction
  • Sorties stéréo individuelles par partie
  • Possibilité d’étendre la polyphonie de 8 à 16 voix
  • Pas de réglage de transition d’ondes
  • Impossibilité de modifier l’ordre des deux filtres
  • Aucun effet intégré
  • Certains paramètres essentiels cachés dans les menus
  • Arpégiateur très perfectible
  • Réactivité et fluidité d’affichage en sélection de Multi ou samples
  • Pas d’entrée audio
  • Alimentation externe, à ce tarif !
  • Pas de logiciel fourni pour l’édition des tables d’ondes
Pays de fabrication : Allemagne

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