Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
10 réactions

Test de l'AAS Chromaphone - Percussions créatives

Nouvelle production des Canadiens AAS, Chromaphone, reposant sur leur technologie de modélisation, est consacré aux lamellophones et autres bois et métaux résonants. Entre autres. Revue de ce synthé de «percussions créatives» selon le nom donné par l’éditeur.

Devant la masse d’édi­teurs se consa­crant, à des degrés divers de réus­site, à l’échan­tillon­nage, basant de ce fait tout sur la « photo­gra­phie » d’un instru­ment réel, ceux qui se dédient unique­ment à la modé­li­sa­tion semblent bien isolés. Lais­sons à part les modé­li­sa­tions de synthés analo­giques, ainsi que les « ancêtres » physiques, Yamaha VL, Korg Prophecy, Z1 et plus récents Oasys, Clavia G2, Alesis Fusion et autres Hart­mann Neuron (siou­plé, m’ssieurs les déve­lop­peurs, repre­nez le Neuron VS et mettez-le à jour pour nos plates-formes récentes !) et regar­dons les éditeurs qui se consacrent ou se sont consa­crés à la modé­li­sa­tion physique : Modartt et ses pianos, ainsi que ses exten­sions dont une dédiée aux vibras, xylos et marim­bas, cloches et autres Chro­ma­tic Percus­sion, Wallan­der, Artu­ria avec Brass (aban­donné ?), Max/MSP, la série co-signée AAS pour Live, les plugs inclus dans Logic (dont Sculp­ture, synthé inté­res­sant mais abscons), quelques modules et synthés issus de Reak­tor et Applied Acous­tics Systems, depuis l’aîné Tass­man et ses déri­vés. Et déboule aujour­d’hui Chro­ma­phone.

Intro­du­cing Chro­ma­phone

AAS Chromaphone

Avan­tage de la modé­li­sa­tion par rapport aux échan­tillons, le programme ne pèse quasi­ment rien au télé­char­ge­ment (moins de 15 Mo), pas plus qu’une fois installé sur le disque dur (2,8 Mo pour le stan­da­lo­ne…). Depuis sa sortie, l’ins­tru­ment est en version 1.0.2, et est devenu compa­tible avec la majo­rité des formats de plug-ins, à l’ex­cep­tion du tout récent AAX, a gagné une version auto­nome, et reste bien entendu compa­tible Mac et PC, et 64 bits, youpi.

On télé­charge le logi­ciel depuis le site de l’édi­teur, et à l’ou­ver­ture du logi­ciel, celui-ci récla­mera le numéro de série, qui sera envoyé au site pour la routine d’au­to­ri­sa­tion, c’est trans­pa­rent (rela­ti­ve­ment, on ne sait pas ce qui est envoyé) et surtout rapide, et l’on peut commen­cer à travailler quelques dizaines de secondes après avoir installé Chro­ma­phone.

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz
OS 10.6.8
Logic Pro 9.1.6
Chro­ma­phone 1.0.2

 

Pas de manuel papier, bien sûr, mais un manuel PDF assez complet dispo­nible par la fenêtre d’in­for­ma­tion acces­sible via la double flèche en haut de l’in­ter­face. La bonne nouvelle est que l’on béné­fi­cie de deux auto­ri­sa­tions, renou­ve­lables en cas de chan­ge­ment d’or­di­na­teur, de disque dur, etc.

 

Sous le capot

Gestion nickel

Le logi­ciel offre deux menus d’ac­cès aux présets, Bank et Program. Petit détail graphique, les flèches de navi­ga­tion appa­raissent lorsqu’on les survole. En cliquant sur le champ Manage, le plug affiche l’autre fenêtre dispo­nible, nommée Bank Mana­ger. On dispose alors d’ou­tils pour renom­mer, créer, sauve­gar­der, effa­cer, dépla­cer, copier banques et/ou programmes, rensei­gner l’au­teur du préset et ajou­ter des infor­ma­tions.
Le tout est clair, net et fonc­tion­nel, bien vu AAS.

Toutes les commandes du logi­ciel tiennent prin­ci­pa­le­ment dans une seule fenêtre, on ne quitte cette dernière que si l’on souhaite gérer les présets (voir enca­dré). Le logi­ciel utilise une nouvelle tech­no­lo­gie déve­lop­pée par AAS, la « Coupling Tech­no­logy » (voir plus avant).

La partie supé­rieure du logi­ciel offre l’ac­cès aux diverses banques, 12 diffé­rentes, présen­tant les atten­dues Mallets, Percus­sions, Kits, Chimes and Bells et les plus surpre­nantes Plucked Strings, Basses, Keys, Strings and Pads, Synths, Organs and Pipes, Sound­scapes and Textures, Effects. On le voit, le plug ne prétend pas se limi­ter aux seuls sons de percus­sions, nous verrons plus tard si les autres familles sont là pour remplir ou si elles présentent un réel inté­rêt. Les présets les plus nombreux sont cepen­dant regrou­pés dans les familles présen­tant des éléments percus­sifs.

On dispose de plusieurs réglages globaux (mix réverbe, volume, accord, nombre de voix, ce dernier impor­tant en termes de consom­ma­tion CPU) et indi­ca­teurs (crête-mètre, témoin d’ac­ti­vité Midi) et d’un très pratique History, permet­tant de navi­guer parmi les chan­ge­ments effec­tués sur le synthé. L’édi­teur a poussé le raffi­ne­ment jusqu’à faire appa­raître l’heure de la modi­fi­ca­tion… D’autre part, après chaque modi­fi­ca­tion, un bouton Comp pour compa­rai­son appa­raît, permet­tant de reve­nir instan­ta­né­ment à l’avant-dernier réglage. Bravo.

AAS Chromaphone

La partie infé­rieure regroupe enve­loppe et effets. La première, Noise Enve­lope, offre une clas­sique ADSR, précé­dée d’un retard, Delay. Il est évident qu’une enve­loppe pour un synthé percus­sif se doit d’être extrê­me­ment rapide, même si son utili­sa­tion réser­vée au module Noise est plus subtile. On appré­ciera donc les temps propo­sés, de 0,005 seconde à 10 secondes. On trouve ensuite un vibrato, avec vitesse, retard et taux d’ac­tion ainsi qu’une four­chette d’ac­tion de la molette de modu­la­tion. On notera la belle qualité graphique des réglages, que l’on retrou­vera sur toutes les sections du logi­ciel.

Viennent ensuite un LFO avec possi­bi­lité de synchro, cinq formes d’ondes, vitesse, retard, offset et largeur. Quand on bascule en mode Sync, Rate bascule de l’af­fi­chage en Hz à un affi­chage en valeurs de note. Et l’on finit par un double multief­fet (un seul à la fois dans chaque) avec réverbes, chorus, flan­gers, wah wah, EQ, distor­sion, over­drive, délais et tremo­los, et possi­bi­li­tés de synchro. Les trois boutons changent suivant le type d’ef­fet. Ces trois dernières sections peuvent être désac­ti­vées. Les petites flèches reviennent quand on survole les menus.

Petites et grandes frappes

AAS Chromaphone

Bien entendu, les fonc­tions vues précé­dem­ment ne servent à rien si l’on n’a pas de modules de produc­tions sonores. Ces derniers sont réunis au centre de l’in­ter­face, en gris clair tran­chant avec le noir de l’in­ter­face. Un petit mot sur les réglages et leur lecture sur l’in­ter­face : la plupart des rota­tifs du synthé affichent deux lignes colo­rées, bleue et rose. Il s’agit là des four­chettes d’ac­tion bipo­laires et réver­sibles sur le para­mètre du rota­tif de deux sources, la hauteur de note (suivi de clavier, Key sur l’in­ter­face) et la vélo­cité (Vel). Il suffit de cliquer/main­te­nir/tirer sur l’une des deux pastilles colo­rées pour faire varier les para­mètres, qui s’af­fichent en lieu et place du nom du rota­tif. D’autres sources sont aussi dispo­nibles suivant les réglages, comme Env, LFO et RDM (aléa­toire).

Comme dans la plupart des synthés à modé­li­sa­tion physique, il faut un « exci­teur », quelque chose qui fera entrer en réso­nance les éléments sonores modé­li­sés (les réso­na­teurs). À cet effet, AAS a implanté deux de ces exci­teurs, l’un nommé Mallet, l’autre Noise. Le premier repro­duit l’ef­fet d’une frappe d’un réso­na­teur par une mailloche, dont la force d’im­pact et la dureté sont déter­mi­nées par les para­mètres Volume et Stiff­ness.

Voici quelques exemples de modi­fi­ca­tions du para­mètre, que l’on enten­dra seul, grâce au curseur de volume dédié, Direct :

00:0000:00

 

AAS Chromaphone

L’in­ter­ac­tion de ce para­mètre et du Volume, tous deux comman­dés par la vélo­cité et le suivi de clavier seront une garan­tie de réalisme et de subti­lité dans le jeu. On peut aussi y ajou­ter un bruit, grâce au rota­tif Noise, dont on déter­mi­nera le type grâce à Color, ce qui permet encore plus de variété. Bug ou pas, le crête-mètre a du mal à indiquer les niveaux moyens, on ne voit qu’une seule ligne figu­rant la crête.

 

00:0000:00

Évidem­ment, tout prend son sens à partir du moment où l’on utilise au moins un Reso­na­tor. Ici, un marimba simple avec les para­mètres les plus basiques possible, et diffé­rents mouve­ments des para­mètres de Mallet. Le crête-mètre remplit norma­le­ment son office, donc bug (voir plus haut).

00:0000:00

 

AAS Chromaphone

Autre exci­teur, le module Noise, inté­grant géné­ra­teur de bruit blanc passant dans un filtre multi­mode réso­nant, à choi­sir entre LP, HP, BP et LP/HP en cascade. Très impor­tant, le dernier rota­tif, Density, agit comme une sorte de porte lais­sant passer de manière aléa­toire plus ou moins de « matière sonore ». L’exemple suivant montre le bruit passant par un LP, et l’ac­tion de Density, tout en modi­fiant cutoff et reso­nance, ainsi que l’en­ve­loppe dédiée déjà évoquée.

00:0000:00

On compren­dra tout l’in­té­rêt de ces deux exci­teurs, d’au­tant que l’on peut les mélan­ger très préci­sé­ment, et dispo­ser de nombreuses modu­la­tions indé­pen­dantes bipo­laires et réver­sibles. Par exemple, en repre­nant simple­ment le module Marimba précé­dent, et en le déclen­chant via Noise+­Den­sity, tout en modi­fiant les diffé­rents para­mètres.

00:0000:00

Une première section très perfor­mante, et offrant de nombreux débou­chés sonores.

Réso­nances couplées

AAS Chromaphone

Après ces exci­teurs, voici les Reso­na­tors, deux, pouvant être confi­gu­rés en paral­lèle, mais aussi suivant le nouveau prin­cipe déve­loppé par AAS, en mode « couplé ». C’est-à-dire que le premier réso­na­teur entre en action puis l’éner­gie ainsi créée se diffuse dans le deuxième réso­na­teur, les deux inter­agis­sant alors, ce qui permet de créer de nouveaux objets sonores, comme une corde-poutre. Oui, bon…

Voyons d’abord ce que recèlent ces deux modules. Reso­na­tor A et B partagent de nombreuses fonc­tions, comme le choix du… réso­na­teur, de la corde au tube clos, en passant par une poutre, une lamelle façon marimba, une plaque rectan­gu­laire, une membrane de type peau de tambour, un tube ouvert et un mode Manual, permet­tant de régler les fréquences de jusqu’à quatre partiels. Un para­mètre Quality repré­senté par quatre points à acti­ver/désac­ti­ver permet de choi­sir le nombre de modes propres pris en compte (4, 16, 40 ou 70), augmen­tant ainsi la qualité de la synthèse et la richesse du son (atten­tion au CPU…). Pour plus d’in­fos, le manuel est assez complet, et on peut aussi se réfé­rer à cette page sous réserve d’er­reurs. Parta­gés aussi, les Pitch, Key (suivi de clavier), Decay (qui peut être piloté par le suivi de clavier) et Release. Ensuite, selon le réso­na­teur, on trou­vera Mate­rial (permet­tant de modi­fier la chute du volume des partiels), Radius pour les tubes, Tone et Hit Pt, pour point de frappe, qui peut être déter­miné par le suivi de clavier, la vélo­cité ou de façon aléa­toire. Ou les trois à la fois. Reso­na­tor A dispose aussi d’une enve­loppe de pitch, idéale pour les effets de Talking Drum ou de Timbale par exemple.

Prenons la Membrane, exci­tée par une mailloche dure, et faisons varier les diffé­rents para­mètres du Reso­na­tor, y compris en passant le Hit Point en aléa­toire.

00:0000:00

Aucun effet, et on l’en­tend, les possi­bi­li­tés sont déjà très nombreuses. Essayons main­te­nant avec une Plate en Reso­na­tor B, en mode coupling.

00:0000:00
AAS Chromaphone

Le champ de synthèse se révèle alors très vaste, et les inter­ac­tions possibles entre Mallet/Noise et les réso­na­teurs, en paral­lèle comme en « coupling » sont assez impres­sion­nantes et sources de nombreuses surprises. On pourra aller écou­ter diffé­rentes démos sur le site de l’édi­teur, afin de se faire une idée de quelques esthé­tiques possibles, sur cette page.

 

Bilan

Ce Chro­ma­phone est une bonne petite surprise. Très riche en possi­bi­li­tés, il permet de produire des sons à mi-chemin entre réalité et fiction sonore (pour autant que le terme exis­te…), tout en ayant une qualité « vraie » quasi toujours présente.

Peu de reproches à vrai dire, mais une incom­pré­hen­sible absence, en 2012, de pitch-bend et l’im­pos­si­bi­lité d’as­si­gner des contrô­leurs Midi aux para­mètres du synthé. L’au­to­ma­tion est cepen­dant acces­sible via celle de l’hôte quand le logi­ciel est utilisé sous forme de plug-in, mais cela veut dire aucune solu­tion avec le stan­da­lone. Éton­nant…

Bref. Vendu l’équi­valent de 150 euros, Chro­ma­phone remplit sa mission, en offrant à des sono­ri­tés fami­lières (rien qui ne soit acces­sible à un bon synthé multi­syn­thèse en termes de type de son) une patte unique, celle de la modé­li­sa­tion qui donnera toujours un supplé­ment de réalisme à des sons se voulant tels, et un supplé­ment d’étran­geté par son rappel de sons réels à des sono­ri­tés se voulant plus synthé­tiques.

N’hé­si­tez pas à télé­char­ger la version de démo qui vous permet­tra de vous faire une idée très rapi­de­ment quant aux possi­bi­li­tés de ce sympa­thique logi­ciel.

  • Son
  • Légèreté
  • Puissance des réglages
  • Très simple à mettre en œuvre
  • Nombreux modèles de résonateurs
  • Section Mallet/Noise très performante
  • Avantages de la modélisation en termes de continuité sonore
  • Excellente réponse à la vélocité
  • Intéressantes possibilités de modulation
  • Nombreux effets
  • Ergonomie et graphisme réussis
  • Nombreux présets
  • Autorisations pour deux machines
  • Pas de pitch bend
  • Automation uniquement via hôte
  • Pas de possibilités d’assigner des Midi CC
  • Peut être très gourmand
  • Petit bug sur le crête-mètre ?

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre